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L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

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par Axel Patinet
IEP de Lille - Master de communication publique 2006
  

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B) Les aspects militaires et logistiques

Nous aborderons dans cette partie les moyens militaires mis en place et insisterons ainsi surtout sur le rôle joué par le ministère de la défense et le ministère de l'intérieur.

Notre analyse se fondera ici sur les organes principaux du ministère de la défense ; à savoir l'état major des armées en coordination avec le ministère de l'intérieur pour la mise en place de la MASC (mission d'appui de la sécurité civile) et la marine nationale .Cependant, il faudra garder en mémoire que l'implémentation au niveau militaire et logistique a été le fait d'une multiplicité d'acteurs. La force Baliste militaire n étant qu'un échelon de la chaîne.

Les ressortissants ont été de Beyrouth vers Larnaca (Chypre) ou Mersin (Turquie). Ils devaient encore être acheminés ensuite vers Roissy. Plusieurs administrations ont donc participé à ces opérations. Ce travail était assez complexe. Par exemple, l'une des contraintes était l'interdiction de rapatrier des ressortissants sur Roissy le week-end. Il a donc fallu s'adapter. Si les départs avaient été prévus le jeudi ou le vendredi, les personnes évacuées auraient dû rester sur les navires pendant plusieurs jours. Il en résultait une marge de manoeuvre plus réduite. Pour contenter les différents acteurs, il a fallu organiser le transit essentiellement de nuit. Les civils ont donc dû dormir à bord. Sur un bâtiment comme le Mistral, (cf. annexes 8,9) conçu pour recevoir 650 militaires, jusqu'à 1 400 passagers civils ont été accueilli. Ces personnes étaient en état de choc. Il n'était donc pas évident de faire dormir des ressortissants dans des conditions difficiles. Il a fallu développer sur les bateaux un accueil spécifique pour des personnes souvent traumatisées et donc de leur donner le minimum nécessaire vital (notamment leur fournir de la nourriture, de quoi se laver).

L'Etat Major des Armés a eu un rôle essentiel dans la préparation et la conduite de l'opération baliste. Les actions décidées par l'EMA reflètent la philosophie édictée dans le livre blanc sur la défense publié en 1994. Celui-ci mettait en avant les objectifs que se devait de respecter l'armée. Il s'agissait notamment comme le déclarait Jacques Chirac en 1995  « (...) qu'elles (les armées françaises) garantissent la protection de ses intérêts vitaux et qu'elles respectent ses engagements internationaux ».Ces engagements ont donc constitué une ligne directrice de la politique de défense française depuis le milieu des années 90 et s'applique donc dans le cadre de l'opération de rapatriement.

Dès le début de la crise au Liban, l'action de l'Etat Major des Armées(E.M.A) et du Chef d'Etat Major des Armées(C.E.M.A) a été primordiale. L'E.M.A est chargé du commandement des missions et dispose ainsi en son sein du Centre de Planification et de Contrôle des Opérations (CPCO) .Ce centre a été également très important dans la mise en oeuvre de l'opération baliste puisqu'il constitue le centre nerveux de la chaine de commandement opérationnelle française. Il a eu pour mission principale notamment de proposer des options stratégiques militaires en assurant la conduite de l'opération Baliste. Le CPCO constitue un pole d'excellence dans la gestion de ce que l'armée appelle les OPEX 59(*)(opérations extérieures).Le vice -amiral, Jean Pierre Teule60(*) qui commande le CPCO a souligné certains éléments qui lui paraissent essentiels à la réussite de la mise en oeuvre de l'opération baliste. Il importe tout d'abord de procéder à un renforcement des synergies interarmées comme cela peut être possible avec les mutualisations à l'échelle européenne. Cependant, le vice amiral souligne que pour l'opération baliste, « on ne peut pas tout attendre des solutions européennes face aux difficultés ».De plus, il met en avant le fait que c'est la finalité opérationnelle qui doit rester au coeur de toutes les réflexions pour la mise en oeuvre de l'opération. Dans ce but des moyens militaires très importants ont été mis en place ; il s'agit à la fois d'un dispositif aérien et naval.

On peut distinguer trois grands acteurs impliqués dans le dispositif militaire : la Marine Nationale, l'Armée de Terre et l'Armée de l'Air. La Marine Nationale avait en charge tout le dispositif naval .Celui ci comprend deux frégates, le Jean de Vienne arrivé sur zone le 19 juillet et la frégate anti-aérienne Jean Bart arrivée sur zone le 21 juillet. Il comprend également le transport de chalands de débarquement (TCD) Siroco qui est arrivé sur zone le 20 juillet et dispose de capacités de protection, de transport héliporté, médicale et peut accueillir environ 750 personnes à son bord. Enfin il y a le bâtiment de projection et de commandement Mistral qui a rejoint la zone le 22 juillet. Ce navire dispose d'importantes capacités médicales, amphibies, de transport héliporté, de reconnaissance et de protection ; il peut accueillir jusqu'à 2500 personnes à son bord. Au niveau aérien, l'E.M.A a également déployé en lien avec l'Armée de l'Air, 3 hélicoptères Cougar et le groupement de transport opérationnel basé à Akrotiri(Chypre) depuis le 17 juillet qui comporte trois EC 72561(*) et deux avions de transport tactique C160 Transall.62(*)(cf. annexe 13)L'Armée de Terre a elle aussi joué un rôle important dans l'organisation du rapatriement grâce au déploiement d'un Centre de Regroupement et d'évacuation des ressortissants(CRER).Ce centre a développé une logique spécifique en débarquant sur les quais un grand nombre de militaires.

Le système est basé sur une répartition précise des rôles de chaque militaire. Ainsi, un groupe de militaires dispose d'armes pour protéger les personnes à évacuer alors que le deuxième groupe organise et régule les files d'attente destinées à vérifier les identités avant de faire monter les civils à bord des bâtiments. Selon le contre amiral Xavier Magne de la force d'action navale ce dispositif « rassure les civils et leur donne l'impression que leur destin est pris en main et qu'ils ne sont pas complètement perdus ».

L'ensemble de ce dispositif du rapatriement s'est effectué par un système de rotation fréquent. Ainsi, le 27 juillet le TCD a accosté le matin à Larnaca pour y débarquer 180 ressortissants Français et étrangers évacués de Naqoura (situé au sud Liban).Le TCD Siroco (cf. annexes 10, 11,12) avait déjà effectué une première rotation le 21 juillet entre Beyrouth et Larnaca avec 330 ressortissants à bord. Des rotations ont également été effectué quotidiennement entre les mêmes villes afin d'évacuer les ressortissants dont l'état de santé ne permet pas une traversée par voie maritime. Ces rotations par voie aérienne ou navale seront ainsi répétées à intervalles réguliers jusqu'au milieu du mois d'aout. Ainsi le 12 aout, plus de 13600 personnes auront été rapatriés par les autorités françaises dont près de 10500 ressortissants français.

Nous constatons donc que le rapatriement a pu développer des modalités différentes selon les besoins des ressortissants en prenant en compte les plus fragiles physiquement.

De plus, au simple dispositif de transport s'est ajouté un système pour sécuriser les zones de rapatriement qui pouvait subir des dommages collatéraux de Tsahal ou du Hezbollah. Le risque principal évalué par les militaires français étant la possibilité d'une attaque terroriste ainsi que d'une menace missile avérée. Une corvette israélienne a ainsi été touchée par un missile. 63(*)Les autorités israéliennes ont par la suite très peu communiqué sur cet incident. Il apparaissait donc difficile pour les autorités françaises de vérifier l'exactitude de l'information. Par précaution, il a été décidé par les forces françaises de prendre des dispositions pour protéger leurs ressortissants. Ainsi, lorsque les bâtiments quittaient Beyrouth, les civils étaient sur les ponts d'envol pour éviter qu'ils ne soient piégés à l'intérieur des bâtiments au cas où ceux-ci auraient été touchés. Au niveau du dispositif de sécurité, deux bâtiments ont été prévus pour le dispositif de sécurisation de la zone de rapatriement .Il s'agit de la frégate Jean Bart qui assurait la sécurité du Siroco et la frégate Jean de Vienne assurant la sécurité du Mistral.

* 59 Ces opérations extérieures correspondent aux opérations militaires en dehors du territoire national. Dans un communiqué du conseil des ministres de juillet 2006, il est rappelé que ces opérations « permettent à la France d'être à la hauteur de ses responsabilités, de promouvoir ses valeurs, de réaffirmer constamment son engagement en faveur de la stabilité mondiale et de la paix. »

Source : www.rp-france-otan.org

* 60 Il a pris les fonctions de sous-chef d'état-major " opérations-logistique " de l'état-major de la marine le 1er juillet 2005. Depuis le 1er juillet 2006, il est chef du centre de planification et de conduite des opérations (EMA/CPCO).Source :www.defense.gouv.fr

* 61 L'EC 725 est entré en service opérationnel dans l'armée de l'air en 2005.Cet hélicoptère signé Eurocopter offre à la France une nouvelle capacité d'intervention dans le domaine des opérations spéciales. Source : www.safran.fr

* 62 Le Transall C-160 est un avion de transport militaire bimoteur à moyen rayon d'action. Sa configuration " ailes hautes " et la robustesse de son train d'atterrissage lui confèrent des performances Adac (aptitude au décollage et à l'atterrissage court) sur des pistes sommairement aménagées.

Source : www.defense.gouv.fr

* 63 Le 14 juillet, deux missiles ont été tirés depuis la terre par le Hezbollah sur la corvette lance-missiles israélienne Hanit.Un des missiles a touché sa cible, tuant quatre marins. La corvette a toutefois pu regagner Haïfa.

www.frstrategie.org

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius