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L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.

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par Axel Patinet
IEP de Lille - Master de communication publique 2006
  

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2) L'opinion publique : le rôle d'une histoire commune et des organisations libanaises en France.

L'opinion publique joue elle aussi un rôle important dans la mise en place d'un problème sur l'agenda politique. Nous nous éloignerons ici de la perspective de Snyder, Bruck et Sapin qui soulignent le fait que « seuls les détenteurs de responsabilités officielles au sein d'un gouvernement doivent être considérés comme décideurs ou acteurs. »27(*)Ceux-ci émettent une distinction entre les acteurs majeurs (« senior players ») et les acteurs mineurs (« junior players ») qui sont les groupes d'intérêt, l'opinion publique. Pour ces auteurs, seuls les « seniors players »(les autorités publiques légitimes) ont une véritable influence dans la reconnaissance d'une crise. Ce postulat réaliste du non prise en compte de l'opinion publique en politique étrangère est donc à réfuter. Si nous partons de l'hypothèse que les gouvernants souhaitent rester au pouvoir, il apparait qu'ils ne peuvent ignorer l'opinion publique. Les études de K.Gaubatz et de J.Mueller28(*) soulignent le fait que le président doit tenir compte du contexte international mais aussi de l'environnement politique et de son environnement personnel (niveau de soutien de l'opinion publique, image du chef de l'Etat) Cette analyse se vérifie dans la réalité notamment dans le cadre de notre analyse de l'opération baliste. Il apparait, en effet, que les choix de la France à travers principalement les choix de Jacques Chirac et Philippe Douste Blazy ont été influencés orientés par l'opinion publique française.

Comment celle-ci s'est elle structurée ? Celle ci est apparue déterminée en grande partie par deux facteurs : l'histoire mutuelle des deux pays en tant que matrice inconsciente et modelant la reconnaissance de crise (vitesse de réaction, ampleur de celle-ci) et l'organisation de la communauté libanaise en France à travers des associations s'exprimant sur des blogs et des forums. Il faut souligner tout d'abord la spécificité des rapports entre la France et le Liban. Cette spécificité est due à une longue histoire commune et comme le déclarait le général de Gaulle" Les Libanais sont le seul peuple dont jamais, à aucun moment, le coeur n'a cessé de battre au rythme de celui de la France » En effet, les relations entre la France et le Liban sont beaucoup plus que des relations amicales entre deux nations proches culturellement et historiquement. Ce sont des relations quasiment charnelles. Sans même remonter au roi Saint Louis ou même à Napoléon Bonaparte qui accueillit une délégation libanaise en s'exclamant : « Vous êtes Français de temps immémorial », il suffit de rappeler qu'en mai 1940, lors de l'effondrement de l'armée française face au blitzkrieg allemand, les cloches ont retenti à travers le Mont-Liban pour exprimer le chagrin du peuple libanais.

L'opinion publique française a donc de manière générale une tendance à se sentir concerné par les problèmes pouvant survenir au pays du Cèdre. Il existe une réactivité plus grande à l'égard de ce pays si proche de la France. La spécificité de ces rapports peut s'expliquer aussi par l'importance de la communauté libanaise en France. Celle-ci a joué un rôle non négligeable dans la prise de conscience de la crise dans l'opinion publique en France. Selon certaines estimations, la communauté comprendrait entre 200 000 et 250000 membres.29(*)Ce chiffre se fonde sur la prise en compte de la simple immatriculation dans les consulats de Paris et Marseille .Cependant, il est certain que si on inclut de nombreux double nationaux non immatriculés sans compter ceux ayant peut pris quelques distances avec leurs origines, la réalité est sans doute plus proche de l'estimation haute. La majorité de la communauté libanaise (plus de 50%) se concentre dans la région parisienne suivi par la région PACA avec environ 15% puis par la région Rhône -Alpes autour de 10%.La communauté apparait assez structuré de par ses nombreuses associations et a permis ainsi de relayer la voix des libanais de France à propos du conflit et du rapatriement des ressortissants. Il faut garder en mémoire en effet que près de 70 % des personnes rapatriés étaient des binationaux ayant la double nationalité française et libanaise. La voix de la communauté libanaise s'est exprimée principalement à travers plusieurs canaux associatifs. Il faut ainsi citer le Groupement Interprofessionnel Franco-Libanais (GIPFL), l'AULF (Association des Universitaires Libanais en France), l'Association Médicale Franco-Libanaise et le RPL (Rassemblement Pour le Liban) .Le RPL mouvement créé en 2005 se fixe comme engagement notamment de renforcer les liens séculaires entre les deux pays et de soutenir le développement de la francophonie. Cela n'a pas empêché cette association d'être très critique à l'égard du gouvernement français pointant les retards et hésitations Jacques Chirac au début de la crise.

L'association a ainsi souligné a multiples reprises sur ses forums et communiqués « l'urgence de la situation » et la nécessité d'un rapatriement « massif et rapide de tous les français et libanais encore présent sur place et étant en véritable danger »30(*).Le GIPFL abondait lui aussi dans ce sens a travers ses communiqués sur le site BSS(Beyrouth Sur Seine) en rappelant la longue tradition française en matière de politique étrangère dans les pays arabes et en particulier au Liban. Jouant sur l'emphase et le lyrisme, les communiqués du site au début de la crise rappelaient la nécessité d'une intervention française pour préserver « la grandeur millénaire de la France et du Liban. »31(*)

L'AULF a sans doute présenté les critiques les plus vives à l'égard du gouvernement Français. Pour beaucoup de ces étudiants libanais, le gouvernement français a manifesté un trop vif parti pris à l'égard d'Israël en légitimant l'intervention de Tsahal au sud -Liban. Sur les forums de discussion, on accusait ainsi souvent la France de se situer dans le sillage de la politique étrangère de G.W.Bush au Proche Orient. Ce sont surtout les déclarations de Nicolas Sarkozy le 17 juillet 2006 qui ont provoqué la colère de nombre d'internautes sur le forum de l'AULF .Le ministre de l'intérieur avait alors déclaré sur TF1 que dans le conflit entre le Liban et Israël, « il y a un agresseur », ajoutant, « cet agresseur, c'est le Hezbollah qui se comporte de manière invraisemblable ».Cette déclaration avait été comprise alors par beaucoup d'étudiants libanais comme une prise de position claire en faveur d'Israël.

Il apparait intéressant de noter que seule cette association a très peu évoqué le rapatriement des ressortissants français mais s'est en fait plus focalisé sur le conflit Israélo-libanais en lui-même.

De manière générale cependant, la communauté libanaise est apparue assez mobilisée sur la question du rapatriement rappelant sans cesse les liens forts qui prévalaient entre les deux nations. Elle a ainsi profondément influencé la perception de la crise dans l'opinion publique. L'aspect affectif et émotionnel s'est retrouvé dans nombre de discours officiels français. Nous allons analyser plus en détail le contenu de ces discours dans notre troisième point.

* 27 R.Snyder, H.Bruck et B.Sapin, Foreign Policy Decision Making. An approach to the Study of International Politics, New York, the Free Press, 1962.

* 28 K.Gaubatz, Elections and war, Stanford, Stanford University Press, 1999.

J.Mueller, War, Presidents and Public Opinion, New York, Wiley, 1973.

* 29 Source :www.libanvision.fr

* 30 Source :www.rplfrance.org

* 31 Source : www.beyrouthsurseine.com

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams