L'analyse de l'opération de rapatriement ou opération baliste pendant la crise israélo-libanaise de 2006.( Télécharger le fichier original )par Axel Patinet IEP de Lille - Master de communication publique 2006 |
I) Aux origines de l'opération baliste : identification de la criseEn inscrivant notre analyse sur l'opération baliste dans une optique d'analyse en termes de politique publique, il apparaissait essentiel de commencer notre exposé par l'identification de la crise. Pour quelles raisons et à la suite de quelles conditions le gouvernement français a t'il été conduit à mettre en place l'opération Baliste ? Cette phase correspond à celle définie par Charles O.Jones dans ses travaux sur l'élaboration d'une grille d'analyse séquentielle d'une politique publique.25(*)Cette phase correspond à l'identification d'un problème par le système politique qui exige un traitement spécifique et s'inscrit sur l'agenda d'une autorité publique. Le cadre de référence d'une analyse en termes de politiques publiques ne devra pas être néanmoins appréhendé de manière trop linéaire et rigide ; l'utilité de la grille de Jones est qu'elle correspond à un processus de cycle fonctionnant de manière plus ou moins bouclé sur lui-même. Nous distinguerons trois types d'acteurs dans la reconnaissance de la crise : les médias, l'opinion publique à travers le rôle joué notamment par les associations libanaises en France et enfin les autorités publiques françaises. La constitution d'un référentiel de crise n'est pas le seul fait du chef de l'Etat puisque la presse, l'opinion publique, les groupes d'intérêt, les experts jouent un rôle significatif dans l'élaboration d'une « matrice cognitive et normative ».26(*)Celle ci permet ainsi une reconnaissance de la crise et par la suite suggèrent des types d'action souhaitables. A) Reconnaissance d'une situation problématique (celles des ressortissants français au Liban)Nous allons voir tout d'abord le rôle joué par les médias dans l'identification de la crise au Liban et l'influence qu'ils ont pu avoir sur la mise en place de l'événement sur l'agenda politique. Sous le terme de « médias », nous n'étudierons en fait ici que la presse écrite à travers des articles publiés dans la presse quotidienne nationale ainsi que ceux publiés dans la presse hebdomadaire nationale (L'Express, Le Point, Marianne). 1) Les médias : retransmission des événements et informations sur la situationNous aurons recours ici à l'analyse d'articles de journaux de la presse quotidienne nationale française (Le Monde, Le Figaro, L'Humanité) des hebdomadaires français ainsi que du seul journal francophone du Liban : l'Orient, le jour. Il faudra souligner ici les points communs et les divergences qui existent entre ces journaux de tendances politiques différentes. La presse Française a en fait peu relayé les événements dramatiques qui se sont déroulés au Liban à partir de Juillet 2006 ; les préoccupations d'ordre national apparaissaient alors plus importantes et l'opération baliste en tant que tel avec le rapatriement des français n'a pas été fortement médiatisée. Un tournant dans le traitement de l'information est cependant perceptible après le bombardement de Cana, le 30 juillet 2006 .La souffrance de la population civile libanaise et du sort des rapatriés a été enfin décrite et l'accent sur l'aspect humanitaire déjà mis depuis quelques jours par certains médias français a été renforcé(la une de Libération titrait ainsi le 20 juillet : « le Liban appelle au secours »).La diplomatie française était également présente et analysée dans un processus de reconnaissance de la crise. Ainsi, Libération titrait le 18 juillet « Villepin, opération Beyrouth »et le Monde faisait sa une le même jour sur « Paris affiche sa solidarité avec le Liban ».Mais le problème est que la guerre du Liban et le rapatriement des ressortissants français intervient en plein milieu de l'été et les journaux français n'entendaient pas bouleverser leur couverture estivale. Début d'aout, l'Express sur « vacances de gauche, vacances de droite ».Seule l'hebdomadaire, Marianne a pris le risque de titrer : « Israël, Les conséquences d'une catastrophe. » Cependant, on peut trouver traces dans les journaux d'informations sur cet événement. Il apparait que dans le recensement des articles de journaux que nous avons effectués, le quotidien Le Monde est celui qui accorde le plus d'articles à la crise israélo-libanaise et aux dangers auxquels sont confrontés les ressortissants français présents au Liban. Cependant, il faut relativiser cette large couverture médiatique par le fait que Le Monde soit le principal quotidien français d'actualité ce qui peut expliquer le plus grand nombre d'articles consacrés au sujet par rapport aux autres quotidiens. ...................... Enfin, nous verrons dans la partie suivante un nouveau traitement de l'actualité par internet avec l'émergence des blogs, articles et forums d'associations de libanais en France. Ceux ci constituent autant de témoignages de citoyens libanais résidant en France qui contribue à la reconnaissance de la crise d'une manière différente et complémentaire de celle donnée par les médias classiques. * 25 C.O.Jones, An introduction to the Study of Public Policy, Belmont, Duxbury Press. La grille analytique que propose Jones demeure à ce jour la référence ; en effet elle apparait être la plus facile à manier et constitue l'un des outils heuristiques offerts par la littérature scientifique qui laisse le plus de place à la découverte de faits pertinents. * 26 P.Muller, Y.Surel, l'analyse des politiques publiques, Montchrestien, coll. Clefs, Paris, 1970 |
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