La gestion des programmes et projets axés sur les résultats: outils et mécanismes de mise en oeuvre; expérience du bureau du PNUD au Tchad( Télécharger le fichier original )par Emmanuel Nguéyanouba Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2 Développement et management des Projets 2007 |
neUNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE Faculté de Sciences Sociales et de Gestion Master professionnel en Développement et Management des Projets en Afrique Mémoire présenté et soutenu en vue de l'obtention du master professionnel en Développement et Management des Projets en Afrique Emmanuel NGUEYANOUBA, Sous la direction de Claude ABE Maîtrise en Sciences Sociales Chargé de cours option Socio-Anthropologie
Yaoundé, mai 2007 Sommaire SOMMAIRE II SIGLES ET ABRÉVIATIONS IV REMERCIEMENTS XI INTRODUCTION 1 I.CADRE THEORIQUE DE L'ÉTUDE 1 I.1. LE CONTEXTE DE LA MISE EN oeUVRE DE L'APPROCHE GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS (GAR) 1 I.2. OBJET ET JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE 3 I.3. INTÉRÊTS 4 I.4.PROBLÉMATIQUE 5 I.5. HYPOTHÈSES 8 II. MÉTHODOLOGIE 9 II.1. OBSERVATION PARTICIPANTE: CAS PRATIQUE D'ÉLABORATION D'UNE MATRICE DE LA GAR ET DE CANEVAS DE SUIVI ÉVALUATION AXÉS SUR LES RÉSULTATS 9 II.2. RECHERCHE DOCUMENTAIRE 10 II.3.LES ENTRETIENS 10 CHAPITRE I : AUX ORIGINES DE L'APPROCHE GESTION AXEE SUR LES RESULTATS 11 I. LA GESTION AXEE SUR LES RESULTATS A L'AGENCE CANADIENNE DE DEVELOPPEMENT INTERNATIONAL 11 0I.1.CONTEXTE DE LA GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS 12 I.2. HISTORIQUE DE LA GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS 13 II. DEFINITION ET FONDEMMENTS THEORIQUES DE L'APPROCHE DU DEVELOPPEMENT PAR LA GAR 15 II.1. DÉFINITION 15 II.2. FONDEMENTS DE LA GAR 18 III. LA GAR ET QUELQUES METHODES DE GESTION DE PROJETS : LA MÉTHODE DU CADRE LOGIQUE (MCL), LA GESTION DU CYCLE DE PROJET (GCP) ET LA PLANIFICATION PAR OBJECTIFS (PPO) 19 III.1. LA MÉTHODE DU CADRE LOGIQUE (MCL) 20 III.2. LA GESTION DU CYCLE DE PROJET 25 III.3. LA PLANIFICATION PAR OBJECTIF 26 III.4. LES LIMITES DE LA GAR 30 CHAPITRE II : LA GESTION AXEE SUR LES RESULTATS AU SEIN DU SYSTEME DES NATIONS UNIES ET AU PNUD 31 I.CONTEXTE DE LA GAR AUX NATIONS UNIES 31 II. DÉFINITION ET FONDEMENTS DE LA GAR AU SEIN DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES 32 II.1. DÉFINITION 32 II.2. FONDEMENTS DE LA GAR AU SEIN DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES 33 III.LA GAR AU BUREAU DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT AU TCHAD 38 III.1.LE BUREAU DU PNUD AU TCHAD 38 III.2.L'EXPÉRIMENTATION DE L'APPROCHE GAR PAR LE BUREAU DU PNUD AU TCHAD 39 CHAPITRE III : LES PROJECTIONS DE LA GAR AU BUREAU DU PNUD AU TCHAD : LES OUTILS ET LEURS MECANISMES D'ELABORATION 41 I. LES OUTILS DE L'APPROCHE GESTION AXÉE SUR LES RÉSULTATS AU BUREAU DU PNUD AU TCHAD 41 I.1. LE COMMON COUNTRY ASSESSMENT ET SES MÉCANISMES D'ÉLABORATION 42 I.2. LE PLAN-CADRE DES NATIONS UNIES POUR L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT ET SES MÉCANISMES D'ÉLABORATION 43 I.3. LE COUNTRY PROGRAMME ACTION PLAN (CPAP) ET SES MÉCANISMES D'ÉLABORATION 46 II. ANALYSE DE LA SITUATION DE DÉVELOPPEMENT DU PAYS 50 II.1. DONNÉES SOCIOÉCONOMIQUES ET POLITIQUE DE BASE SUR LE TCHAD 51 III. PRINCIPAUX DÉFIS DE DÉVELOPPEMENT 53 III.1. LE DÉFI DE LA PAUVRETÉ 53 III.2. LA FAIBLESSE DES CAPACITÉS DE RÉPONSE À LA PAUVRETÉ. 54 III.3. LES CONTRAINTES STRUCTURELLES AU DÉVELOPPEMENT HUMAIN. 55 CHAPITRE IV. LES REALITES DE LA MISE EN OEUVRE DE LA GAR : LA GESTION DU PROGRAMME 58 I. LE SOUS-PROGRAMME GOUVERNANCE 59 II. LE SOUS PROGRAMME LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ 60 III. GESTION DU PROGRAMME 61 III.1. MISE EN oeUVRE DU PROGRAMME ET MODES D'EXÉCUTION 62 III.2. STRUCTURE GLOBALE DE GESTION DU BUREAU 65 III.3 SUIVI ÉVALUATION ET DISPOSITIONS FINALES DU PROGRAMME 66 CONCLUSION 71 ANNEXES 76 BIBLIOGRAPHIE 83 TABLE DES MATIÈRES 86 Sigles et Abréviations ACDI : Agence Canadienne de Développement International (Voir CIDA) ACL : Approche (ou Analyse) du Cadre Logique ACT : Assisting Communities Together AGAR : Approche Gestion Axée sur les Résultats APD : Aide Publique au Développement ASDI : Agence Suédoise de Développement International AUSAID: Australian Agency for International Development AWP: Annual Work Plan (Voir PTA) BCP : Bilan Commun de Pays (voir CCA) BCR : Bureau Central du Recensement BEDPP : Bureau des Evaluations et Division de la Politique et de la Planification BVGC : Bureau du Vérificateur Général du Canada CAD : Comité d'Aide au Développement CCA : Common Country Assessment (Voir BCP) CIDA : Canadian International Development Agency (Voir ACDI) CLAR : Cadre Logique Axé sur les Résultats CPAP: Country Programme Action Plan (Voir PAPP) CPD: Country Programme Document (Voir DPP) CRS : Cadre de Résultats Stratégiques DCAP : Direction de la Coordination des Activités en matière de Population DEX: Direct Execution DFID: Department For International Development DPP: Document de Programme Pays (CPD) DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DURAH : Développement Urbain et Amélioration de l'Habitat. EP : Equipe Pays FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcée FNUAP : Fond des Nations Unies pour les Activités en matière de la Population (Voir UNFPA) FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance FSSG : Faculté de Sciences Sociales et de Gestion GAR : Gestion Axée sur les Résultats (Voir RBM) GCP : Gestion du Cycle de Projet GICP : Gestion Intégrée du Cycle de Projet. GNUD : Groupe des Nations Unies pour le Développement GOPP : Goal Oriented Project Planning IDH : Indice de Développement Humain Km : Kilomètre MCL : Méthode du Cadre Logique MDG : Millenium Development Goals MDMPA : Master en Développement et Management des Projets en Afrique MFR: Managing For Results MYFF: MyltiYear Fund Framework NEX: National Execution NORAD: Norvegian Agency for Developpement OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques OIT: Organisation Internationale du Travail OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONG : Organisation Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nation Unies PAM : Programme Alimentaire Mondial PAPP: Plan d'Action de Programme Pays (Voir CPAP) PCM: Project Cycle Management PFP : Plan de Financement Pluriannuel (Voir MYFF) PIB : Produit Intérieur Brut PIPO: Planification des Interventions Par Objectifs PMSU : Programme Management Support Unit PNUAD : Plan-Cadre des Nations Unies pour l'Aide au Développement (Voir UNDAF) PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement (Voir UNDP) PPO: Planification des Projets par Objectifs PPOO: Planification des Projets Orientés Objectifs PPPO: Planification Participative de Projet par Objectifs PSER : Planification Suivi Evaluation Réalisations PTA : Plan de Travail Annuel (Voir AWP) RBM: Results-Based Managment (Voir GAR) RCA : République Centrafricaine RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat SBAA : Standard Basic Assistance Agreement SDC : Agence de Coopération Suisse SEPO: Succès - Echecs - Potentialités - Obstacles (Voir SWPO) SIDA : Syndrome D'immunodéficience Acquis SMART: Specific, Measurble, Attainable, Relevant, Trackable ou encore, Specific, Measurable, Accurate ou Approuved, Realistic, et Timebound SNU : Système des Nations Unies SWPO : Success - Weaknesses - Potentials - Obstacles (Voir SEPO) TDR : Termes de Référence TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée UCAC : Université Catholique d'Afrique Centrale UE : Union Européenne UNDAF: United Nations Development Assistance framework (Voir PNUAD) UNDP: United Nations Development Programme (Voir PNUD) UNESCO: United Nations' Organisation for Education, Science and Culture (voir Organisation des Nations Unies pour l'Education la Science et la Culture) UNFPA: United Nations Fund for Population's Activities (Voir FNUAP) UNICEF : United Nations International Children's Emergency Fund (voir Fond des Nations Unies pour l'Enfance) UNMAS : Service de déminage des Nations Unies UPS : Unité des Politiques et Stratégies USAID: United State Agency For International Development VIH : Virus d'Immunodéficience Humaine VNU : Volontaires des Nations Unies ZOPP : Ziel Orientierte Project Planung Á ma mère DADEMADJE Marie REMERCIEMENTS Au seuil de ce mémoire, il est de bon ton de formuler mes remerciements aux personnes et institutions dont les services m'ont permis de commettre cette étude. Je nomme en premier lieu, le Dr. Claude ABE qui m'a réitéré sa confiance en mettant à mon profit pour une deuxième fois1(*) sa disponibilité en conduisant cette étude. A travers lui, j'exprime mes remerciements à toutes les enseignantes et tous les enseignants de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion (FSSG) qui ont contribué chacune et chacun dans sa discipline à ma formation. Je m'en voudrais de manquer de reconnaissance à mes deux encadreurs de stage, Mlle MONTEMURRO Marzia et M. NGUEBETAN TOTINON Merlin qui ont consacré leur temps considéré comme très précieux dans cette organisation pour non seulement m'initier au travail professionnel mais aussi pour baliser les préoccupations académiques à certains égards trop ambitieuses que j'ai nourries au départ de cette étude. Les orientations que je reçus de M. ADAMA Toé, Représentant Résident adjoint du Bureau du PNUD au Tchad sont sans doute celles qui ont le mieux conforté et rendu décisives les préoccupations de mon étude. Je lui formule à cet égard mes francs remerciements. Que l'ensemble du personnel du PNUD veuille bien trouver ici l'expression de ma gratitude pour tous les apports dont ils peuvent se prévaloir dans ma formation professionnelle. Hors du cadre académique, je ne saurais faire économie de ma reconnaissance à l'égard de toutes les personnes (parents et amis) qui m'ont fourni des aides financières, morales et affectives nécessaires me permettant de braver les difficultés extra-académiques que j'ai rencontrées au cours de ce travail. J'épargnerais aux lecteurs l'exposé d'une liste interminable de personnes qui, au demeurant, se reconnaîtront comme destinataires de ce sentiment. INTRODUCTION I.CADRE THEORIQUE DE l'ÉTUDEI.1. Le contexte de la mise en oeuvre de l'approche Gestion Axée sur Les Résultats (GAR)La performance des organisations de développement est aujourd'hui au coeur des systèmes de gestion des programmes/projets et des finances tant publics que privés dans la plupart des pays du monde mais surtout dans les pays en voie de développement. Aujourd'hui, les contribuables, les partenaires et les bailleurs de fond qui financent l'action de développement sont de plus en plus exigeants quant aux retombées de leurs contributions au développement. Leur attention s'est graduellement déplacée des « produits » de développement vers les « résultats » depuis le début des années 90. A l'opposé, et comme le relève fort bien Hédia Hadjaj Castro (2004 :21) « certaines ONG [de développement] revendiquent une sorte de management par opportunisme qu'elles opposent au management par les résultats. » Les approches, les méthodes, les outils et les méthodologies utilisés lors des interventions de développement sont considérés comme des éléments très déterminants de la performance des organisations de développement. C'est probablement entre autre chose, cette idée qui a justifié - heureusement ? - le dynamisme du management organisationnel en perpétuel changement. En effet, le changement managérial est marqué par la production d'une série de méthodes et outils de gestion qui sont autant d'éléments d'approches et de méthodologies différentes de l'intervention en développement. Toute chose qui a pour finalité, selon les époques et les organisations, de réaliser des produits de développement, des objectifs de développement...des résultats de développement. La Gestion Axée sur les Résultats s'inscrit dans cette mouvance, mais c'est sans doute une approche de référence actuellement dans la plupart des organismes de développement à en croire l'Agence Canadienne de Développement International (l'ACDI) qui relève qu'elle est adoptée par une gamme de pays de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et plusieurs agences de coopération au développement2(*). C'est au sein des Etats membres de l'OCDE que se situe le contexte institutionnel de la GAR. En effet, le secteur public de nombreux pays - membres pour la plupart de l'OCDE - a fait l'objet de vastes réformes en réponse à des pressions économiques, sociales et politiques. Selon différentes sources notamment le document de synthèse du rapport en trois parties sur la gestion axée sur les résultats dans le Système des Nations Unies (2004 :3 ), « les déficits publics, les problèmes structurels, l'augmentation de la concurrence, la mondialisation, le manque de confiance dans l'Etat et la demande croissante de services plus efficaces et mieux adaptés aux besoins, ainsi que les nouvelles exigences en matière de responsabilité et de transparence, sont autant de facteurs qui ont contribué à cette évolution.» Ceci justifie l'urgence d'une stratégie permettant l'accroissement de l'efficacité des programmes et politiques de développement des Etats. Plus généralement encore, l'ACDI (2006 :2) écrit que « ces dix dernières années, les gouvernements du monde entier ont subi des pressions de plus en plus fortes pour démontrer qu'ils utilisent efficacement les ressources publiques. Les préoccupations du public relatives à la réduction de la dette nationale, la baisse de la confiance dans le leadership politique, la mondialisation de l'économie, le libre-échange et, par conséquent, une concurrence accrue sur le marché libre, ont tous été des facteurs importants. Ces pressions mondiales ont contribué à l'apparition de démarches de gestion axée sur le rendement et les résultats dans le secteur public. « Réinventer le gouvernement », « faire plus avec moins », « démontrer des résultats souhaités par les citoyens » sont devenus des slogans populaires pour décrire la transition vers la nouvelle gestion du secteur public qui prévaut dans des pays de l'OCDE comme la Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. » Et c'est en réaction à cet impératif que la Gestion Axée sur les Résultats a été inventée par l'ACDI et utilisée par les pouvoirs publics de nombreux Etats. A cela, il convient d'ajouter la diminution des ressources financières destinées aux actions de développement ces dernières années. Cette difficulté financière est l'un des éléments du contexte qui justifie ici comme dans le Système des Nations Unies l'adoption de la Gestion Axée sur les Résultats. On peut lire au niveau de l'Organisation mère même que «depuis plusieurs années, l'ONU se trouve dans une situation financière globalement précaire du fait que de nombreux Etats membres continuent de ne pas acquitter intégralement et dans les délais leurs contributions obligatoires. »(ONU ; 2006 :23). En revanche, pour garder la confiance des contribuables et des bailleurs de fonds, les organisations doivent faire preuve d'efficacité et d'efficience plus probantes. Ce qui s'est traduit - à titre d'exemple tel que nous venons de le mentionner dans les paragraphes ci-dessus - par l'invention et l'utilisation de l'approche « Gestion Axée sur les Résultats » communément abrégée « GAR » par le gouvernement canadien pour la gestion des programmes et politiques de développement du secteur public et, de manière générale la gestion des dépenses publiques de sorte à rendre compte aux contribuables canadiens de plus en plus exigeants sur les résultats des dépenses publiques. Mais la GAR n'est pas restée cloisonnée dans l'administration publique de l'Etat canadien. Elle a été rapidement empruntée par les entreprises privées qui l'ont adoptée comme approche de gestion ainsi que certains États membres de l'OCDE comme indiqué ci-dessus. En 1999, son adoption par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) fait partie - là aussi - d'une plus grande reforme de l'administration de ce Programme (PNUD ; S.D : 3). La préoccupation majeure qui guide cette étude est un questionnement sur l'expérience de la mise en ouvre de cette approche par un bureau du PNUD en l'occurrence celui du Tchad. * 1 Le Dr. Claude Abé a co-dirigé avec le Pr. Louis de Vaucelles mon mémoire de maîtrise en Sciences Sociales option socio-anthropologie portant sur Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures ménagères à N'Djaména (Tchad), décembre 2004, Yaoundé * 2 Voir infra page 15, premier paragraphe. |
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