UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET
POLITIQUES
DEPARTEMENT DES SCIENCES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
B.P. 127 KIN XI
LE SYNDICALISME ENSEIGNANT DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET UNIVERSITAIRE
ET
POUVOIR POLITIQUE
(1990-2008) : CAS DE L'APUKIN
Travail de fin
d'études présenté et défendu en vue de l'obtention
du titre de licencié en sciences politiques et administratives
NDALA LUZOLO Hermès
Directeur : ABEMBA BULAIMU
Professeur ordinaire
Encadreur : KALALA KANKONDE
Chef de travaux
ANNEE ACADEMIQUE 2007-2008
EPIGRAPHE
« ...nous décernons ce titre
à un natif et collègue professeur, pour nous venger du pouvoir
politique qui s'est délaissé de l'université mais
distribue des richesses aux musiciens et
comédiens... »
Tiré de l'allocution du recteur de l'Université
de Kinshasa, Bernard LUNTUTALA MUMPASI, lors de la cérémonie du
décernement du titre honorifique de docteur Honorius causa au
professeur ELIKIA MBOKOLO.
DEDICACE
A mon père et à ma
mère
NDALA NZITA et NGOMA MUILA ;
A mon frère et mes soeurs
Mathy, Morena, Deborah et abondance
NDALA
A tous ceux qui, portés par la plume,
ont exploré et repoussé les limites de la
connaissance humaine
AVANT-PROPOS
Notre
trajectoire sociale et passage à l'UNIKIN, nous ont
prédisposé à la frustration face au pouvoir politique qui
a torpillé l'Université. Cinq ans après, au terme de notre
deuxième cycle, nous avons entrepris l'étude des relations
politiques et concurrentes entre le pouvoir politique et le corps enseignant de
l'UNIKIN. Une politique dont la facette syndicaliste de l'APUKIN n'est qu'une
des manifestations. Une lutte ou un grand corps de l'Administration publique se
révèle un ambitieux agent et producteur culturel concurrent du
pouvoir politique. Ce dernier, conduit par un habitus de méfiance
dépassé, limite l'accès du corps enseignant aux ressources
et capitaux nécessaires et déterminants les rapports de forces
politiques.
Ce
travail ne serait, cependant, pas rendu possible sans les investissements
affectif et mental, matériel et financier de nombreux êtres chers
que nous ne pourrons lister dans ce travail académique. .Relevant,
néanmoins que la compétence, les avis critiques et encouragement
du directeur et professeur ABEMBA BULAIMU nous ont été
indispensables dans l'aboutissement de ce mémoire. Nous sommes aussi
redevable à l'encadreur et chef des travaux KALALA KANKONDE ,
secrétaire du département chargé de l'enseignement qui,
sans condition, nous a largement ouvert une documentation de haute facture et
prodiguer des remarques ouvrant à nos premiers pas les sentiers de la
foret de la recherche scientifique.
Nos
remerciements vont autant au centre d'étude politique (C.E.P.) de
l'UNIKIN, à son permanent, monsieur YAF et ses membres qui nous ont
documentés et accueilli sans dédain ; en particulier les
chefs des travaux Dona MUSA et TSAMBU BULU.
Que notre ami Bruce MATADI MAKENGELE trouve ici sa place
moins pour ses nobles services de bureautique que son amitié sans
poignard qui nous a soutenu durant ce travail. Merci sans farce à,
tonton Jean Robert MBAMBI, Teddy MATADI, maman LANDU MASAKA qui nous ont fait
confiance et largesse. Nous remercions nos amis de promotion dont les
encouragements nous ont été édifiants Christian NDOMBO.
Enfin,
nous nous devons d'assumer notre trajectoire dans le champ intellectuel. Ainsi,
nous ne pouvons taire le prosternement de notre âme devant Jésus -
Christ d'avoir béni travail intellectuel par un renouvellement de la
vigueur de notre esprit dans les derniers coups de limes de cette étude.
De plus, son illumination sur la doctrine paulinienne de « l'homme
intérieur » (1(*)), vielle de vingt siècles, très
similaire mais non identique à la notion d'habitus, nous a permis de
mieux utiliser ce dernier instrument heuristique dans ses dimensions tant
complexes que controversées. Si l'habitus est à l'interface entre
l'individu et l'espace social, « l'homme intérieur »
en est entre l'individu et ses deux espaces : espace spirituel et espace
social.
ABREVIATIONS
1)
A.P.U.KIN. : association des professeurs de l'université de
Kinshasa
2)
E.S.U. : Ministère de l'enseignement supérieur et
universitaire
3)
D.E.A. : diplôme d'étude approfondie
4)
D.E.S. : diplôme d'étude supérieure
5)
F.S.E.G. : faculté des sciences économique et de gestion
6)
F.S.S.A.P. : faculté des sciences sociales, administratives et
politiques
7)
G3 : troisième année de graduat
8)
L1 : première année de licence
9) R.D.
CONGO : République Démocratique du Congo
10)
S.P.A. : département des sciences politiques et administratives
11)
U.NA.ZA : université nationale du zaïre
12)
UNI.KIN. : Université de Kinshasa
13)
UNI.LU. : Université de Lubumbashi
INTRODUCTION GENERALE
1. Etat de la question
Parmi les écrits soumis à notre examen (2(*)) touchant les relations entre
les professeurs et la vie politique, nombreux se veulent normatifs et versent
dans un plaidoyer ou un réquisitoire de la responsabilité du
« professeur » au point d'accorder peu d'attention à
l'explication du statut et rôle complexe du professeur dans la vie
politique tant dans une action singulière que corporative.
Néanmoins, dans son article « processus d'émergence
d'une nouvelle conscience politique et sociale au sein du corps
professoral de l'Université de Kinshasa (3(*)), SABAKINU KIVILU fait une lecture du rôle
« politique » du professeur en le situant dans son contexte
explicatif global et sociohistorique. Toute fois, attribuer au corps
professoral « le rôle de critique de toutes formes de
dénomination (...), de conscience, de veilleur dans sa
société et teint de neutralité » relève de
l'ethnocentrisme de classe. Cette perception consacre une prétendue
« neutralité politique » du professeur pendant que
ce dernier occupe une position de privilégié dans les rapports de
production culturelle et, donc, politique. De part ses ressources culturelles,
il est « jeté » (au sens sartrien) dans le champ
politique.
La politique, comme le note ABEMBA (4(*)), étant fait des
intérêts, nécessite des ressources ; capitaux
nécessaires qui sont des enjeux de lutte entre groupes ou individus.
Professeur, loin d'un arbitre neutre de sa société est
happé, de grée ou de force, par les nécessités du
champ politique ou les stratégies concurrentes du pouvoir politique.
Happé dans la lutte pour des ressources nécessaires ou profits
spécifiques du champ politique : « postulat » de
notre lecture. Cette dernière perception est celle empruntée dans
la présente étude qui, par ailleurs, veut élucider le
poids politique d'un mouvement social « élitiste »
qui n'opère pas par le grand nombre, d'une force sociopolitique qui ne
recourre à la raison des canaux face au pouvoir politique. Car la lutte
politique du corps professoral revêt des formes particulières,
spécifiques, loin des armes ou de la violence physique propre, loin des
gigantesques appareils d'organisation des masses des partis politiques, loin
des grandes finances des entrepreneurs et banquiers...
Par ailleurs, la prise en compte des nécessités
sous laquelle agissent les enseignants, d'une part, nous préserve de
l'intellectualisme qui « consiste à prendre son propre rapport
à l'objet d'analyse pour le rapport de l'agent à l'action
(4(*)) et, d'autre part,
nous écarte d'une étude normative ou de la dichotomie
plaidoyer/réquisitoire, aux antipodes de la vocation de la
sociologie.
2. Problématique
De par la politique coloniale de refus de l'éclosion
des élites intellectuelles autochtones, une carence de ces
dernières s'est vite ressentie au lendemain de l'indépendance, la
« surenchère » des évolués pour le
fonctionnement de l'Etat en 1960, le gouvernement des collèges des
commissaires constitué des jeunes universitaires et les agitations
politiques des milieux universitaires aux années 60, ont
aiguisé la nécessité du contrôle, sinon, de la
manipulation de l'univers du politiquement dicible ou indicible.(5(*))
Cette nécessité du pouvoir politique a conduit
le régime dictatorial et monolithique de la deuxième
République à un contrôle sans quartier des foyers de
production d'idée, critique au début des années 1970 et,
surtout, à la fidélisation des uns ou à l'affaiblissement
des autres producteurs concurrents. Parmi ces producteurs des conceptions de la
société, de discours et programme sociopolitiques, figure une
catégorie privilégiée : les enseignants de
l'enseignement supérieur et universitaire. N'est-ce pas qu'en 1971, le
sens critique et les alternatives éveillées dans l'enseignement
supérieur portaient ombrage au pouvoir qui jugea nécessaire pour
sa survie de nationaliser l'éducation (6(*)).
Bourdieu relève que la domination de l'Etat (à
moins de recourir exclusivement et continuellement à la force
armée) s'exerce par un pouvoir symbolique au moyen des discours, des
normes dont il est grand producteur (7(*)). Les enseignants de L'E.S.U., en position
privilégiée dans les rapports de production culturelle (discours,
normes...) en général, et ceux de L'UNIKIN, au rôle
politique historique, en particulier se retrouve
« jetés »dans le champ politique.
Si pas la direction de la société (fonctions
politiques ou administratives), son influence par ses critiques ou alternatives
politiques constitue des profits politiques pour la personne de l'enseignant.
Ces profits nécessitent pour leur réalisation, l'accès
à des ressources diverses ou capitaux (moyen financier, liberté
d'expression, mobilisation sociale...) dont le pouvoir politique tant à
limiter ou accaparer dans la lutte pour cesdits profits ou ressources
nécessaires, ce qui ne peut être atteint dans une logique
singulière commande par un sens pratique, le recours à une
solidarité dont l'organisation syndicale est une des formes plus
affinées pour le corps enseignant.
Cependant le pouvoir politique de la deuxième
République a longtemps limité et endigué les
stratégies de lutte du corps enseignant du fait de la concentration des
armes ou ressources politiques qui y a prévalu
délibérément : purge, délation, assassinat ou
accaparement des médias ou encore tutelle écrasante sur L'E.S.U.
... ont contribué à museler le corps enseignant.
Lorsqu'en 1990, par effet du champ politique international,
intervient la déconcentration des armes ou ressources
politiques(8(*)), le corps
enseignant monte en force dans une lutte acharnée contre le pouvoir
politique pour reconquérir, accumuler, maximiser, les ressources ou
capitaux nécessaires du champ politique afin de réaffirmer
pleinement un rôle politique et historique que ILUNGA KABONGO
idéalise en « mission de dire vrai dans la nation ou
d'éclairer le pouvoir et le peuple sur son passé, son
présent et son avenir (...) d'influer à temps sur les
mécanismes régulateurs de la société ou que BANYAKU
LUAPE ramène sans détours à « la critique des
toutes les formes de domination sociale ».(9(*))
Cette lutte nous pousse à chercher des réponses,
particulièrement dans le débat de la contre influence de
l'Administration ou ses forces sociales sur le pouvoir politique, aux questions
ci-après : quelles sont les conditions sociales de la recrudescence
et d'acuité de la lutte entre corps enseignant et pouvoir
politique ? Quelles ressources (ou capitaux) seraient en jeu dans cette
lutte ? Comment se définissent les différentes
stratégies mobilisées par les concurrents précités
dans le champ politique congolais ?
3. Hypothèses de
travail
L'hypothèse, telle que définie par SHOMBA K et
TSHUNDOLELA (10(*)) est
« une série de réponses qui permettent de
prédire la vérité scientifique vraisemblable au regard des
questions soulevées par la problématique et dont la recherche
vérifie le bien fondé ou le mal fondé ». Patrice
BONNEWITZ précise que ces réponses sont « une
explication provisoire de la nature des relations entre deux ou plusieurs
phénomènes » (11(*))
L'hypothèse la plus plausible ayant réellement
guidé notre investigation est que la recrudescence et l'acuité
de la lutte entre corps enseignant et pouvoir politique résulte de la
convergence entre la libéralisation de la vie politique et
l'impératif pour le corps enseignant de reconquérir contre le
pouvoir politique une distinction sociale nécessaire à sa
position d'acteur ou mieux d'agent historique, producteur des produits
politiques (problèmes, programmes, analyses, concepts, discours,
conceptions de la société...)
4. Méthodologie
4. 1. La méthode
Puisque le sens des actions les plus personnelles et les plus
transparentes n'appartient pas au sujet qui les accomplit mais au
système complet des relations dans les quelles elles s'accomplissent
(12(*)), cela nous a
conduit à réfuter la « neutralité »
sociale du corps enseignant. Le percevoir comme détenteurs
privilégiés du capital culturel et, de là, des agents
concurrents du pouvoir politique dans la vie politique ; bien que moins
privilégié quant au volume global des ressources ou capitaux
nécessaires de la lutte contre le pouvoir politique (qui
détermine la gestion salariale, le degré d'autonomie
universitaire ...), nous situe d'ores et déjà dans la
théorie des champs. Ainsi, nous optons pour le constructivisme
structuraliste que pierre Bourdieu définit en ces termes :
« Par structuralisme ou structuraliste, je veux
dire qu'il existe dans le monde social lui-même des structures
objectives, indépendantes de la conscience et de la volonté des
agents, qui sont capables d'orienter et de contraindre leurs pratiques ou leurs
représentations. Par constructivisme, je veux dire qu'il y a une
genèse sociale d'une part de schèmes de perception, de
pensée et d'action qui sont constitutifs de ce que j'appelle habitus et
d'autre part des structures sociales, et en particulier de ce que j'appelle des
champs et des groupes, notamment de ce qu'on nomme d'ordinaire les classes
sociales» (13(*))
Trois moments heuristiques, pour emprunter l'expression de
TSAMBU BULU, permettront l'opérationnalisation de ladite méthode
(14(*)) avec
priorité que de principe, et non pratique, du moment
objectiviste :
a) Le Moment Objectiviste
Il s'agirait de construire en sociologie les structures
objectives (en écartant les représentations subjectivistes des
agents) qui sont le « fondement des représentations
subjectives et constituent les contraintes structurelles qui
pèsent sur les interactions».
Plus précisément, il s'agirait de saisir les
normes, pratiques, conditionnements, étant produits de luttes
historiques, qui influent sur les luttes actuelles. Ces dernières sont
donc déterminées (historiquement ou inconsciemment) et
situées au point qu'elles n'émergent pas ex-nihilo mais
s'inscrivent dans la tradition tout en épousant des formes
spécifiques, de situation, de conjonctures.(15(*))
b) Le Moment Subjectiviste
« Puisque les représentations, affirme
Bourieu cité par Philippe CORCUFF, permettent de rendre compte des
luttes sociales (16(*)),
il faudrait procéder à la genèse des schèmes de
perception, d'action, de jugement, de style de vie en recourant à
l'histoire d'une « classe déterminée » qu'est
le corps enseignant de l'UNIKIN, au cours de laquelle elle intériorise
les normes, pratiques et mécanismes du champ politique ; se
constituant un « habitus de classe».
c) Le Moment Scientifique
Il s'agirait de « la jonction de l'objectif et du
subjectif pour trouver l'explication scientifique de la lutte entre les
protagonistes car la réalité sociale procède de la
somme des lois objectives du monde et des représentations que les
individus s'en font » (17(*)).
Le corps enseignant lutte contre le pouvoir politique pour
l'obtention ou l'élargissement des libertés académiques et
des ressources financières, matérielles ou symboliques mais en
position peu privilégiée. « Ils se font des
représentations mentales, mobilisent les stratégies à
partir d'habitus structurant leurs pratiques (actions) mais sont aveuglement
gouvernés par des propriétés ou lois objectives du champ
politique où ils s'insèrent et jouent, inconsciemment, et par la
force des choses la comédie de leur champ. » (18(*))
4. 2. Les techniques
PINTO et GRAMWITZ définissent les techniques comme
étant des « outils mis à la disposition de la recherche
et organisés par la méthode pour ce but » (19(*)). L''objet de notre recherche
nous a poussé à utiliser deux techniques essentiellement :
l'observation documentaire et l'interview essentiellement. Cependant, nos
souvenirs nous ont autant secouru.
Quant à l'organisation desdits outils, l'approche
bourdisienne préconise la démarche
hypothético-déductive : « partant des congestives
théoriques déjà exprimées dans l'hypothèse
de travail pour enfin déduire les conséquences logiquement
nécessaires entre hypothèses et conclusion, leur validité
devra être empiriquement confirmée ou infirmée
»(20(*))
5. Choix et
intérêt du sujet
5.1. Choix du Sujet
L'opinion publique, à l'aube de la
démocratisation en 1990, a souvent associé les enseignants de
l'UNIKIN aux dirigeants pendant que certains milieux intellectuels
reconnaissent en eux des veilleurs, des sentinelles de la
société. Cependant, 18 ans après, leur poids sur le
devenir de la nation reste décevant pour l'imaginaire populaire et
discret, sinon silencieux pour nombreux auteurs. Dès lors, il s'est
avéré utile de reconsidérer les aspects complexes de la
situation du corps enseignant et ses multiples interactions d'avec le pouvoir
politique.
5.2. Intérêt du Sujet
5. 2. 1. Intérêt Scientifique
En plus du contours sémantique autour des concepts de
capital social et capital académique, l'intérêt de ce
travail pour la communauté des scientifiques réside
précisément dans l'éclairage sur les moyens d'influence ou
de contre influence autonomiste d'une administration publique spécifique
(E.S.U.) sur le pouvoir politique et ce, dans des prises où la
délimitation des frontières substantielles et organiques
mêmes entre ces deux entités peuvent être mise en jeu (qui a
le droit d'y participer?...) ; s'y développe une lutte où le
corps enseignant, typique « d'un grand corps » ou
« des hauts fonctionnaires » s'affirment en recourant
à diverses ressources bien au-delà des pouvoirs traditionnels de
l'administration publique (l'information, la préparation des
décisions, l'exécution).
En outre, cette étude se veut une alternative plus
pertinente (21(*))
à un présupposé méthodologique au coeur des
analyses du rapport entre Etat et syndicat de l'administration publique. Il
s'agit de la prédominance des éléments matériels et
physique (la force armée ou violence physique) peignant l'Etat comme
« l'instance régulatrice capable de contraindre sans limites
les comportements des individus » engagés dans des
infructueuses luttes syndicales et de les exploiter. Cette conception,
héritée de la tradition marxiste et véhiculée par
le matérialisme dialectique, occulte comme le dit Bourdieu (22(*)) la virulente `'violence
symbolique de l'Etat'' et la complicité des structures subjectives des
individus qui, par conditionnement du champ en viennent à adhérer
et à participer à leur exploitation.
De même, l'actionnalisme de TOURAINE conduit à
l'amer constat de l'insuccès des luttes syndicales tout en exposant
l`explication (par la corruption, l'ethnicité) à la
spontanéité. Car Sa notion d'historicité méprise le
fait que les forces syndicales peuvent entretenir un système
d'autodestruction du fait d'un habitus parfois inculqué par le
comportement du pouvoir politique. Pleines de finalisme, les études qui
y ont recouru méconnaissent les formes des souffrances et de
sociabilité qui travaillent la subjectivité des syndicalistes et
syndiqués ; qui finissent par renforcer et à reproduire le
système d'exploitation qui était pourtant déploré
au point que, pour paraphraser LENINE, les luttes syndicales sont devenues la
lente et douloureuse mort des fonctionnaires.
5. 2. 2. Intérêt pratique
Ce travail entend renforcer la capacité de l'action
historique du corps enseignant conforme à l'appel d'Alain Touraine pour
une sociologie engagée, sans ombrager la vocation explicative de
l'étude sociologique. En effet, les résultats de cette analyse
sociologique sont susceptibles d'une réappropriation par le corps
enseignant pouvant y déceler les conditions dans lesquelles ses
structures subjectives et les présupposés implicites du champ
politique limitent la perception et la portée de son action. Loin d'un
usage cynique de résultats de cette étude que récuserait
Bourdieu, K. Marx, ne disait-il pas que les philosophes (entendez les
intellectuels) de notre siècle devaient transformer le monde.
6. Délimitation du
sujet
6. 1. Délimitation dans
l'espace
Ce travail d'analyse des rapports entre le corps enseignant de
l'E.S.U. et le pouvoir politique braque ses regards sur le corps enseignant de
l'UNIKIN organisé au sein de l'APUKIN. Sans verser dans une
généralisation abusive et totalisante, admettons cependant qu'il
s'agit d'un corps typique de l'E.S.U. dont la situation éclairerait
celles similaires des autres corps des universités.
6. 2. Délimitation dans
le temps
Etudier le cas de l'APUKIN, nous situe aux années 1990.
Cette association fut créée le 21 juillet 1991 dans l'amorce du
processus de démocratisation en R. D. Congo. L'étude
s'étend de 1990 à nos jours. Au fait, la libéralisation de
la vie politique fut une condition objective favorable dont le capital le plus
important de lutte est d'ordre culturel : idées critiques et
alternatives sur la direction de sa société, son passé,
son présent et son avenir. Si « la lutte pour le monopole de
la représentation légitime de sa société, lutte des
classements, est une dimension de toute espèce de classes
sociales » (23(*)), il est plus au moins probable de mener plus
librement la lutte dans un champ politique quadrillé tel sous la
2ème République ? MBATA B. note la
corrélation étroite entre le vent de la démocratisation en
Afrique et la montée de la revendication des libertés
académiques. (24(*))
7. Subdivision du
travail
outre l'introduction et la conclusion, ce travail comporte
cinq chapitres : le premier porte sur les cadres théorique et
conceptuel afin d'en spécifier l'opérationnalisation ; le
deuxième sur le contexte social de lutte afin d'en éclairer les
conditions objectives et subjectives ; le troisième sur les enjeux
de la lutte afin d'identifier les ressources politiques en jeu et en relever
l'importance ; le quatrième sur les actions du corps enseignant de
l'UNIKIN, donc de modalités d'accès, de conquête ou de
reconquête des ressources afin d'en reconstituer les
stratégies ; le cinquième sur l'étude du cas de la
grève de janvier 2008 de l'APUKIN.
8. Difficultés
rencontrées
Au terme de ce travail, trois principaux écueils
méritent mention. Le premier tient à la grande difficulté
de récolte des données pour un sujet d'actualité
politique. L'APUKIN, ne nous ouvrant aucune source éloquente, nous a
désillusionné.
Le deuxième a été la difficulté,
sans s'abandonner à la sérendipité, de trouver des
ouvrages opérationnalisant l'approche bourdisienne dans le champ
politique. Le mémoire de D.E.S. du chef de travaux TSAMBU BULU nous a
démesurément éclairé. Toutefois, Bien que c'est
plus spécifiquement le champ musical et non celui politique qui y est
sous étude, nous y avons puisé des riches considérations
épistémologiques ou méthodologiques et les
propriétés globales de l'espace social ou générales
des champs sociaux. D'ailleurs, ABEMBA BULAIMU ne note-il pas que le champ
politique est macroscopique ?
Tout dernier écueil fut, notre propre situation sociale
d'étudiant de l'UNIKIN. Combien effrayant pour soi que de
prétendre reconstituer, le sens des actes de ses maîtres et
jurés ou, pour utiliser comme Bourdieu l'expression de Francis PONGE,
`'de les nécessiter'', d'éclairer la nécessité sous
laquelle ils agissent. Comment éclairer une lutte sociopolitique dont on
partage le préjudice aux cotés de ces enseignants, dont on
constituerait un public contre le pouvoir politique sans une prise de position
partiale et, donc, partielle ? L'urgence fut donc d'une socio - analyse
préalable : d'une prise de conscience qui nous permettrait d'avoir
prise sur les dispositions intériorisées, du fait de notre
d'étudiant, susceptibles d'imposer des présupposés et
limitations à notre pensée pensante ou de nous conduire à
une ethnométhodologie de classe.
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
E. Durkheim, cité par TSAMBU BULU, soulignait
« l'importance pour le chercheur de s'éloigner de la langue
usuelle pour une langue élaborée, si non, on risque de distinguer
ce qui doit être confondu ou de confondre ce qui doit être
distingué » (25(*))
Ainsi, bien avant de circonscrire la théorie sous
jacente de notre étude, un regard a été porté sur
les principaux concepts qui ont participer à la formulation de notre
intitulé du mémoire et de notre hypothèse.
I. 1. Cadre Conceptuel
il est admit que un concept évite de trop embrasser
pour mieux éteindre (26(*)). Ainsi, nous délimiterons les contours
et spécifierons cinq concepts : action syndicale / action
politique, capital, distinction, le pouvoir politique, syndicalisme
I. 1. 1. Action syndicale/
Action politique
Action syndicale
KANYINDA, cité par NGOMPER ILUNGA, définit toute
action syndicale comme action socio professionnelle c'est-à-dire
«l'agir d'une association de personnes morales ou physiques ayant pour
objet la représentation et la défense des intérêts
communs » (27(*))
Cependant J. ABEMBA et H. BULAIMU notent que la
frontière entre action syndicale et action politique n'est pas
tranchée (28(*))
Ainsi, une action corporative de l'APUKIN peut dans ses objectifs comme dans
ses répercutions revêtir une connotation politique.
Action politique
Dores et déjà, notons que nous nous inscrivons
dans la conception minimaliste du concept politique en nous
référant à l' Etat que SAMBA KAPUTO entend comme la forme
à laquelle se confond l'organisation politique universellement
(29(*)). Une action
politique ; dans l'approche bourdisienne, peut être entendue comme
celle qui vise « le maintien ou la transformation des rapports de
force entres producteurs du champs politique ». Pour avoir l'avantage
sur l'adversaire ou supériorité sur lui, un
« producteur devra limiter sa marge de manoeuvre, le neutraliser,
l'empêcher d'avoir accès aux ressources (capital, moyens armes)
qui permettent d'accéder à la direction du groupement politique
ou l'influencer (...).
Cependant, le sens des actions
les plus personnelles et les plus transparentes, dit Bourdieu, n'appartient pas
au sujet qui les accomplit mais au système complet des relations dans
les quelles elles s'accomplissent(30(*)). De plus, il est utile de noter à la suite
des réflexions de Pascal DELWIT (31(*)), que la détermination concrète d'une
relation (sociale) comme politique ne peut surgir que de la comparaison d'une
perception subjective qui est le fait des agents politiques et d'une situation
objective fournie par le rapport de forces qu'elle représente dans un
contexte donné et dans les perceptions de l'ensemble d'agents
concernés.
Par ailleurs, conformément à la
définition du concept politique de MAX WEBER, une action politique
ferait aussi référence à la mise en oeuvre de l'exercice
de la direction politique, des capacités institutionnelles, d'une part
ou à l'influence sur cet exercice d'autre part. (32(*)).
I.1. 2. Le capital
Le concept capital n'est, ici, ni économiste
(patrimoine), ni matérialiste (marxiste), ni positiviste (juridique),
mais dans l'approche bourdisienne, toute forme d'énergies
nécessaires dans la lutte de concurrence sur l'espace social qui
constituent autant d'intérêt que d'enjeux dans les rapports de
forces entre agent individuel ou collectif. (33(*))
Il peut y s'agir de capital économique (avoirs
financiers, salaire, conditions matérielles de travail), de capital
culturel (titre académique ou expertise...), de capital social
(réseau des relations mobilisables), de capital symbolique (prestige
intellectuel, ascendance, d'autorité universitaire, d'autorité de
tutelle...). Ces trois types derniers méritent mention
particulière.
Le capital culturel peut se trouver à l'état
objectif de titre académique ou scolaire, à l'état
incorporé comme une expertise, une capacité expressive des
intéréts ou problèmes et à l'état
matériel de livres, documents...
Pour Bourdieu, le capital social procure des profits
matériel et symbolique dans des luttes pour des enjeux
spécifiques entre concurrents. Il est, donc un bien compétitif.
Putman oppose l'usage compétitif (Bourdisien) de ce terme à
l'usage coopératif, privilégiant le concours du capital social
à l'efficacité des politiques publiques. Le présentant
comme un bien public (34(*))
Notons, cependant, que le fait de privilégier tel ou
tel autre usage, qui n'ont que valeur d'idéal - type, ne devrait pas
pousser à une opposition exclusive (sans doute une
continuité de l'opposition idéologique entre l'intellectuel
favorable (conservateur) au système dominant et le réformateur,
progressiste). ABEMBA BULAIMU ne note - il pas que la politique est à
la fois dans la société, effort d'intégration et de
domination (35(*)). Il en
résulte que dans le champ politique, une politique publique même
réalisant l'intégration ne supprime pas la hiérarchie
sociale entre ceux qui se disputent le pouvoir politique (les dominants) et
ceux qui le subissent (la population), mais plutôt la renforce et
concours au positionnement des premiers.
Dans un autre sens, le positionnement entre dominants
(opposition politique contre responsable gouvernemental) tient autant à
l'efficacité des actions et politiques publiques. N'est ce pas que
l'efficacité ou l'efficience d'une politique publique est un enjeu entre
groupes politiques. Ce que le même capital social qui a servi à
l'efficacité d'une politique publique (usage coopératif), a
concouru au maintien d'un groupe politique (usage compétitif), ce que
nous avons observé pour la masse estudiantine face au pouvoir
politique.
Du reste, l'adhésion ou l'implication d'un groupe ou de
la population à une politique publiques peut procéder par pouvoir
symbolique de l'Etat comme par camouflage et servir des intérêts
et profits égoïstes inaperçus comme non avoués de
certains agents politiques individuel ou collectif .
Quant au capital symbolique, il est de l'avis de Bourdieu,
tout espère de capital (économique, social, culturel...) mais
cependant connu et reconnu selon les catégories de perceptions (...) qui
sont, au moins, pour une large part les produits de l'incorporation des
structure objectives du champ considère (36(*)). Ainsi une confiance, un
prestige, une identification sociale peuvent être dévolue au
porteur des signes extérieurs des richesses ou meneur d'hommes, leader
d'opinion ou encore au détenteur du titre de professeur
d'université, à qui capable d'exprimer, de formuler certains
problèmes parce qu'ils sont perçus d'une certaine
manière.
I.1. 3. La distinction
Pierre Bourdieu défend que toute pratique est visible,
« qu'elle ait été ou non accomplie afin d'être
vue » et distinctive, qu'elle ait été ou non
inspirée par l'intention de se faire remarque, de ce singulariser, de se
distinguer ou d'agir avec distinction. A ce titre, elle est vouée
à fonctionner comme signe distinctif et, lorsqu'il s'agit d'une
différence reconnue, légitime, approuvée, comme signe de
distinction, voire de domination. Il reste que, étant capable de
percevoir, comme distinctions signifiantes, les différences
« spontanées » que leur habitus le portent à
tenir pour pertinentes, les agents sociaux son aussi capable de redoubler
intentionnellement ces différences spontanées de styles de vie.
C'est la « stylisation de vie de Max Weber » (37(*))
L'APUKIN élève haut son assiette salariale
instiguée par la hausse scandaleuse des salaires du personnel
gouvernemental et législatif par souci de distinction. Les enseignants
« appartiennent » à une catégorie
supérieure de la société à la
rémunération hors échelle. De la sorte, ce capital
économique leur permet de se maintenir dans une situation
privilégiée dans la société.
I.1.4. Le pouvoir
politique
Le pouvoir politique, tel que présenté par Max
weber, se réfère à la capacité de s'imposer dans la
direction du groupement politique par violence légitime d'ordre
physique. Cependant, à la contrainte physique, Bourdieu ajoute
« la virulente violence symbolique de l'Etat qui est de l'ordre du
sens de la connaissance : l'Etat est le constructeur des catégories
officielles selon lesquelles sont structurés et les populations et les
esprits ». Pour obtenir un comportement conforme à ses
objectifs, « il lui suffirait de présenter un discours, de
concocter les événements de façon à manipuler les
structures ou dispositions inculquées ». Ainsi, il extorque
des « soumissions qui ne sont même pas perçues
comme telles parce que passées pour naturelles, nécessaires et,
donc légitimes ». (38(*))
Cependant, une autre terminologie, plus de conception
juridique, de BENSILVE A. (39(*)) oppose « pouvoir politique » au
singulier et « pouvoirs politiques » au pluriel. Au
singulier, l'on désigne l'Etat perçu comme puissance publique
dans son rôle de maintien de l'ordre ou de répression tandis
qu'au pluriel, toutes les institutions publiques détentrices du pouvoir
politique c'est à dire de « la capacité de prendre des
mesures et d'édicter des règles qui s'imposent sur l'ensemble du
territoire national d'une part, et de recouvrir, d'autre part, en cas de
résistance, à la contrainte légitime. »
Il s'agit, donc, dans ce contexte de l'assemblée
national, du sénat, de la présidence de la république, du
gouvernement de la république et de la cours suprême de justice
sans nous situer dans le contre poids de Montesquieu. Bourdieu ne
dénonçait-il pas l'illusion démocratique en disant qu'on
croit que le pouvoir législatif arrête l'exécutif pendant
que la majorité accaparait le réel pouvoir (40(*)). Ainsi, une majorité
sociologique, pas nécessairement numérique, peut selon des
contextes régenter ces dites institutions publiques
I.1.5. Le syndicat/
syndicalisme
S'accordent avec NGOMPER ILUNGA, entendons le syndicat comme
une organisation libre, indépendante et démocratique crée
par les membres (travailleurs) en vue de constituer une force sociale
susceptible d'assurer la représentation et la défense de leurs
intérêts face à l'employeur (l'Etat). (41(*))
Cependant, historiquement situé dans un contexte social
et politique, le succès du syndicat n'est pas isolé du sort des
autres forces sociales ou politiques et des conditions globales de la
société. Dès lors, plus qu'une simple organisation
professionnelle, il peut dans ses déploiements viser ou entraîner
dans les répercussions de son action la transformation de l'ordre
social. Ainsi, GUSSANA MUHIRWA (42(*)) énonce que le syndicalisme peut s'entendre un
mouvement social. Alain TOURAINE ne notait - il pas que « le
rôle du syndicalisme dévient un des principaux acteurs de la
scène politique, il est de moins en moins un mouvement
social ». Le corps enseignant de l'UNIKIN organisé au sien de
l'APUKIN peut autant être situé sur la scène politique
par trois critères s'inspirant des trois principes d'Alain TOURAINE
(43(*)) :
Ø le principe d'identité : la position
occupée dans les rapports de production culturelle structure la
subjectivité des professeurs, leur inculquant un habitus de
classe ;
Ø Le principe d'opposition : l'adversaire de ses
luttes est identifié : le pouvoir politique ;
Ø Le principe de totalité : non seulement
que ses revendications peuvent entraîner un effet de chaîne par
imitation ou alliance avec d'autres forces sociales mais des problèmes
non corporatives peuvent être l'objet de ses constructions et
déconstructions des visions de la société. Une
spécifité de la lutte du corps enseignant
Ainsi, loin de simples préoccupations corporatives, la
prétendue mission et les déploiements de l'APUKIN peuvent
embrasser une dimension globale de la société congolaise et donc
politique.
I.2. Cadre
Théorique
I.2.1. Les champs sociaux
La théorie des champs sociaux entrevoit l'espace social
en divers champs ou sphère de vie sociale qui se sont
« progressivement autonomisées à travers l'histoire
autour des relations sociales. Les gens ne courent ainsi pas pour les
mêmes raisons dans les champs économique, artistique, sportif,
journalistique, politique » (44(*)). « Chaque champ est alors à
la fois un champ de forces, il est marque par une distribution inégale
des ressources et donc un rapport des forces entre dominant et dominés
et un champ de lutte entre agents sociaux individuels et collectifs pour la
conquête, la conservation, l'accumulation ou la maximisation des capitaux
ou ressources » (45(*))
Pour Bourdieu, « la définition même du
champ et la délimitation de ses frontières (qui a le droit d'y
participer ? Etc.) peut être aussi en jeu (les passages d'un champ
à un autre) dans ces luttes dans lesquelles les agents
développent inconsciemment des stratégies à partir
d'habitus individuel ou collectif. « Les agents tombent en quelque
sorte sur la pratique qui est la leur plutôt qu'ils ne la choisissent
dans un libre projet ou qu'ils n'y sont poussées par une contrainte
mécanique », disait Bourdieu. (46(*))
I.2.2. L'habitus
Cet habitus, Bourdieu la définit comme un
système des dispositions durables et transposables ;
« dispositions, c'est-à-dire des inclinaisons à
percevoir, sentir, faire et penser d'une certaine manière,
intériorisées et incorporés, le plus souvent de
manière non consciente par chaque individu du fait de ses conditions
objectives d'existence et de sa trajectoire sociale » mais aussi
structures structurantes, (c'est-à-dire) en tant que principes
générateurs et organisateurs des pratiques et des
représentations qui peuvent être objectivement adaptés
à leurs but sans supposer la visée consciente de fins de la
maîtrise expresse des opérations nécessaires pour les
atteindre, objectivement « réglées » et
« régulière » sans être en rien le
produit de l'obéissance à des réglés et,
étant tout cela, collectivement orchestrées sans être le
produit de l'action organisatrice d'un chef d'orchestre.(47(*))
Cependant, un agent collectif peut aussi porter un habitus
donné. En effet, CORCUFF relève que si les habitus
individuels sont singuliers, ils donnent lieu à de classes d'habitus
(des habitus proches en terme de conditions d'existence et de trajectoire du
groupe social d'appartenance). Il en résulte donc un habitus de classe.
(48(*))
Le corps enseignant a intériorisé des
dispositions de classe par lesquelles il s'aperçoit, agit et
aperçoit les autres agents du champ politique et même
universitaire. Il lui suffit de se laisser « aller à sa
nature, comme noterait TSAMBU BULU, à ce que l'histoire a fait de lui,
pour être comme « naturellement » ajusté au
monde historique auquel il est confronté, pour faire ce qu'il faut, pour
réaliser l'avenir potentiellement inscrit dans ce monde où il est
comme un poisson dans l'eau » (49(*))
I.2.3. Le champ politique
Le champ politique est celui où s'engendre dans la
lutte, la concurrence entre agents (les privilégiés ou dominants
en capital spécifique des différents champs) qui s'y trouvent
engagés, des produits politiques, problèmes, programmes,
analyses, commentaires, concepts, événements entre lesquels les
citoyens ordinaires, réduit au statut des consommateurs, doivent choisir
avec des chances ou malentendus d'autant plus grands qu'ils sont
éloignés du lieux de production. C'est un champ de lutte pour le
pouvoir entre détenteurs des pouvoirs ou pouvoirs différents
(50(*)) que ABEMBA BULAIMU
qualifie donc, de champ macroscopique.
A la suite de Guy ROCHER (51(*)), reconnaissons que la vie politique est
profondément structurée par une dimension symbolique ; les
discours étant des symboles qu'emploient les concurrents politiques pour
conserver ou s'attirer par résignation ou participation, le choix des
citoyens et l'adhésion de l'opinion publique. Un symbolisme propre
à la vie politique à travers lequel se structurent les rapports
entre concurrents comprend des symboles issus des facteurs divers, concepts,
discours ou des lois, pratiques, événements ou encore de
position dans l'espace social et ses différents champs, de rôle,
prestige, autorité ... Les rapports des sens en résultant,
agissent sur les rapports de domination. L'efficacité de ces symboles,
de ces représentations est, pour Bourdieu, largement conditionné
par l'existence des structures subjectives et objectives favorables
c'est-à-dire de l'habitus et des propriétés du champ
considéré (52(*))
Chacun de ces facteurs, relevant déjà d'une
perception donnée de la société, accompli ou non afin
d'émettre ou de renforcer un symbole, sont plus
généralement symbolique pour les agents en présence. Ainsi
étant à même de percevoir comme symboles signifiantes les
rapports de sens « spontanés » que leurs
catégorie de perception les portent à tenir pour pertinentes,
« les agents politiques sont capables de redoubler intentionnellement
les rapports de sens spontanées par ce que Weber, cité par
Bourdieu, entendrait généralement par « stylisation de
la vie » (53(*)). Et ce, en manipulant et combinant plus d'un
facteur.
Bourdieu explique qu'au fondement de la domination du pouvoir
politique sont la violence physique mais aussi, et plus virulente, la violence
symbolique par son travail de codification qui produit des catégories
officielles de perception et des termes nouveaux pour désigner la
réalité. Imperceptiblement, « ils rentrent dans le
langage quotidien et semble disposer de la force de l'évidence ;
deviennent, comme plusieurs de ses institutions, actions et usages officiels,
légitimes ». Légitime : c'est-à-dire
`'qu'ils produisent l'essentiel de ses effets [de domination] en ayant l'air de
ne pas être ce qu'il est''. Il extorque, de la sorte, `'des soumissions,
qui ne sont même pas perçues comme telles, en s'appuyant sur des
attentes collectives, des croyances socialement inculquées ''.
Dès lors, inculquer des dispositions (habitus) ou les manipuler, les
exploiter en manipulant les facteurs de productions des produits symboliques
(ces facteurs étant en eux-mêmes symboliques) devient un enjeu
sans moindre importance. (54(*))
Ce champ symbolique n'en est pas moins investi par le corps
enseignant, doté pour utiliser une expression chère à
Bourdieu, d'une grande `'capacité expressive'' à même
créer ou modifier les manières légitimes de voir la
société en terme de capital culturel. Néanmoins, à
lui seul ce capital est inconsistant dans le champ politique, un plus grand
volume global des plusieurs capitaux est nécessaire. Il faut y joindre
de l'argent (pour l'accès aux medias ou l'indépendance
morale...), de confiance près de l'opinion ... il en résulte
entre lui et le pouvoir politique des stratégies et contre
stratégies pour l'accès à ces ressources ou capitaux
divers.
De plus, outre les ressources, la position de l'enseignant le
prédispose à la quête de l'exercice de la direction
politique et, surtout, à l'adhésion à des
présupposés du champ politique, confortables autant pour lui que
pour les autres concurrents politiques du champ, y compris le pouvoir
politique. C'est ce que Bourdieu qualifie de foi pratique, « le droit
d'entrée qu'imposent tacitement tout les champs, non seulement en
sanctionnant et en excluant tous ceux qui détruisent le jeu, mais en
faisant en sorte, pratiquement, que les opérations de sélections
et formations des nouveaux entrants soient de nature à obtenir qu'ils
accordent aux présupposés fondamentaux du champ
l'adhésion indiscutée, préssuposée, naïve,
native. » Pour lui, `'savoir et faire savoir ses
représentations légitimes de la société (ou
inversement), les cacher ou se les cacher'' sont liés par tous ces
intérêts précités (55(*)). Il n'est donc pas un agent neutre mais politique,
donc, intéressé.
CHAPITRE II : CONTEXTE SOCIAL DE LA LUTTE
Les luttes politiques n'émergent pas du néant
mais sont «tributaires des structures objectives (du moment de leur
manifestation) et des structures subjectives (systèmes de
représentations et perceptions qu'a forgé le cours de l'histoire
dans les agents » (56(*)). Ainsi, quand on veut répondre à la
question quelles sont les structures dans les quelles se manifestent ces
luttes, on retrouve non seulement des normes et des pratiques, des tendances du
champs politique et universitaire considérées au moment de la
manifestation des luttes et des dispositions intériorisées au
cours de l'histoire.
Dans ce chapitre, nous évoquerons l'héritage
symbolique du corps enseignant de l'UNIKIN, la démocratisation des
années 1990 et la naissance et l'esprit de la mission de l'APUKIN. Ceci
afin d'éviter le danger de l'anachronisme en restituant fondamentalement
l'action politique dans son contexte (57(*)).
II.1. Héritage symbolique du corps enseignant de
l'UNIKIN
En 1990, le corps enseignant est dans une situation complexe
à la fois dans sa cohésion que dans ses rapports vis-à-vis
de la population et du pouvoir politique. `'A son lancement, note MABI MULUMBA,
le 24 avril 1990, la transition politique congolaise a hérité
d'une économie exsangue '' (58(*)) que l'insécurité et autres maux
culturels ont comblé, consacrant dans la perception populaire
l'échec des dirigeants de la 2ème République.
Dans la misère qui frappe cette population, seule, cependant, la
catégorie des dirigeants est perçue exemptée ;
d'où frustrations populaires.
Le corps enseignant que, selon ILUNGA KABONGO (59(*)), l'imagerie populaire associe
en bloc aux dirigeants politiques, partageaient autant la
responsabilité de cet échec politique. Il en résulta un
divorce d'avec l'opinion publique et, pour paraphraser G. - Villers et
OMASOMBO, `'des congolais moyens '' (60(*)) jugeant qu'il se bat pour des honneurs et les
prébendes, comme toute l'opposition politique mais sous la soutane de
la vérité scientifique. La preuve en vient des attitudes
mêmes de cette population face aux grèves des enseignants
perçues comme un dérangement, une affaire des professeurs pendant
qu'en 1971, De Saint Moulin relève que la simple nationalisation de
l'Education attira la désapprobation du pouvoir politique dans l'opinion
publique.(61(*))
Quant au pouvoir politique de la 2ème
république, en carence de légitimité électorale et
démocratique, il s'entourait, selon MUABILA MALELA,
« fièrement des professeurs » (62(*)). Ce, pour capitaliser les
diverses légitimités, y comprise celle des intellectuels
(à l'opposé de celle traditionnelle) surtout nécessaire
par l'effet du clivage tradition - modernité et la faible
capacité expressive de la majeur partie de la population dans le
rapports de production culturelle et, donc, politique.
En outre, plus qu'un simple recrutement d'une poignet de ce
corps, le pouvoir s'évertuait à charmer par des consultations,
des gratifications symboliques et matérielles le corps entier, une
nécessité de l'impératif de la politique de `'rupture''
contenue dans l'authenticité et zaïrianisation. Il y eut le besoin
d'une production culturelle variée et qualitative, cette ressource
culturelle rare et réduite qu'incarnait le corps enseignant tant pour la
conception que la justification monocorde de ses idéologies. Ce fut
l'origine de l'image des dirigeants politiques dans la perception
populaire ; image qu'a maintenu par la suite le clientélisme d'une
faction par l'effet des medias d'une part, et le musellement auquel fut soumis
la majorité dudit corps, victime d'une méfiance
intériorisée, d'autre part. l'effacement de la majorité a
majoré la voix de la minorité.
Cependant, les frustrations populaires dues aux échecs
cuisants des politiques économiques et des plans de
l'authenticité ont concouru la lente distanciation de la majeur partie
de ce corps, tel qu'admet des auteurs, d'une part, et l'incursion de la tutelle
économique et, donc, culturelle (idéologie) des institutions de
Brettons Wood, d'autre part. ce fut le début du divorce, amplifié
par l'image contestatrice des milieux universitaires (63(*)). Ce corps et
l'université furent soumis à des politiques et pratiques
destructrices que, par conditionnement des champs politique et universitaire,
le corps enseignant et les étudiants ont fini par reproduire et
entretenir en système d'autodestruction très virulent.
II.2. La démocratisation des années 1990
ABEMBA BULAIMU note que des situations sociales peuvent
concentrer ou disperser automatiquement les armes et moyens d'actions des
concurrents politiques (64(*)). C'est ce qui s'observe lors du vent de la
démocratisation résultant des modifications du champ politique
international. Diverses contraintes pesant sur le pouvoir ont, en
libéralisant la vie politique, modifié les modalités
d'accès ou de reconquête de plusieurs capitaux nécessaires
du champ politique. Ce coup rude au pouvoir monolithique de la 2éme
république, favorisait la libre expression et manifestation des
idées et désengagement du contrôle politique et
idéologique des plusieurs institutions socioculturelles.
La libre expression et manifestations des idées est
aussi l'une des libertés académiques les plus en vue.
Nécessaire à la production autonome des connaissance
académique surtout pour les sciences de l'esprit quand bien même
la transmission de toute connaissance, écrit Michel FREITAG,
« n'est inséparable d'une vue d'ensemble critique de ce que
serait une société bonne ou non » (65(*)). Ne pose-t-elle pas donc
déjà le problème de la délimitation du champ
d'autonomie de l'université et, ainsi, des ses principaux animateurs que
constitue le corps enseignant ?
Les libertés académiques, que le pouvoir
politique entendrait autant « libertés politiques »
que « pouvoirs académiques » furent précaires
pour l' UNIKIN. Le pouvoir politique, sous l'effet de la tendance
étatiste coloniale, réfutait comme le note Benoît
Verahegen, « de laisser sur son territoire en son sein des forces ou
des institutions antagonistes ou tout simplement autonomes par rapport à
ses objectifs politiques, surtout s'il finance la plus grande partie de leur
dépense ». (66(*))
De la sorte, le désengagement du contrôle
politique et idéologique sur l'UNIKIN s'avérait un des
préalables à l'efficacité de la lutte politique du corps
enseignant de l'ESU, en générale et de celui de l'UNIKIN, en
particulier. Les conditions objectives favorables de quête des
ressources s'offrirent au corps enseignant à l'avènement de la
démocratisation. Cette dépolitisation n'est pas à
confondre à une simple décentralisation de l'ESU, disait
Benoît VERAHEGEN (67(*)). En 1981, une reforme universitaire
décentralisa déjà l'U.NA.ZA sans la dépolitiser
elle fut démantelé en trois réseaux
d'établissements coiffés chacun par un conseil d'administration
propre : les universités, les instituts supérieurs
pédagogiques, les instituts supérieurs techniques (comprenant les
instituts des arts et du développement). En 1989, à la veille de
la démocratisation, était doté de son conseil
d'administration propre. (68(*))
II.3. L'APUKIN : naissance et esprit de sa mission.
La création de l' APUKIN est une recommandation de la
table ronde des professeurs de l'Université de Kinshasa sur le
thème « université de Kinshasa à l'aube de la
3éme république. Diagnostics et perceptives ». Ces
assises ont inspiré l'objet de l'Apukin qui, 111 jours après,
comportait quatre grands axes en ces termes :
Ø Défendre les intérêts de la
corporation des professeurs de l'unikin ;
Ø Créer et consolider les liens entre
pairs ;
Ø Cultiver les valeurs morales par la promotion de
l'excellence, de la noblesse de la profession ;
Ø Développer et diffuser de manière
continue la culture, la science et la technologie (69(*)).
Plus que des simples intérêts corporatifs, il y
s'agit des ressources politiques nécessaires à la
plénitude du pouvoir du corps enseignant dans le champ politique. C'est
ce qui transparaît davantage dans la lecture des conditions
d'organisation de la table ronde et de ses objectifs ; organisée du
22 au 25 avril 1991 qui étaient :
Ø Une autocritique de l'université et des
propres pratiques académiques, scientifiques et
administratives ;
Ø Une redéfinition des stratégies la
rendant plus capables d'assumer ses responsabilités dans le
développement de la société ;
Ø Une critique des pratiques sociales des professeurs
dans le processus de démocratisation et ;
Ø Une élaboration des stratégies
d'actualisation des alliances avec la société pour une meilleure
participation à l'édification de la troisième
République (70(*)).
Ces objectifs démontrent la vision politique de cet
engagement de la corporation dont l'APUKIN est le relais et la
manifestation ; l'engagement dans une lutte historique et politique,
à la faveur de la démocratisation. Lutte qui passe au vrai par
un meilleur repositionnement face aux ressources et énergies
nécessaires, dictée par le sens de sa place et
l'acquisition d'un cadre associatif autonome de lutte. L'APUKIN offre une zone
de repli en autonomie pour le corps enseignant comparativement à
l'UNIKIN sous tutelle du gouvernement (arsenal des contraintes explicites ou
symboliques). L' APUKIN ne peut, cependant, ni mépriser ni ignorer
d'autres forces et corps autant adjuvants que concurrents selon les
intérêts du moment. Il s'agit donc :
Ø Du comité de gestion de l'UNIKIN,
régenté par le recteur. Comité nommé et
révoqué par le pouvoir politique ;
Ø Des masses estudiantines qui peuvent se mouvoir en
dehors ou contre la coordination estudiantine. Cet organe contrôlé
à sa tête le plus souvent par le pouvoir politique et
divisé dans les moments des grands enjeux ;
Ø Le corps scientifique comprenant les assistants du
1er et 2ème mandat ainsi que les chefs des
travaux ;
Ø Le corps administratif incluant le personnel
administratif et technique ou ouvrier.
Par ailleurs, ce corps enseignant n'est pas un `'corps''.
Etant un corps social et non un corps biologique, sa logique n'est pas
linéaire car il fonctionne comme un champ où des luttes peuvent y
opposer ses membres. Un corps biologique comme un appareil semble
programmé pour un but en pleine cohésion et unification
(71(*)).Le terme corps
relève, néanmoins, une position commune face à une
ressource pouvant structurer la subjectivité de ses membres, la
perception des autres agents sociaux et leur rôle dans les sphères
sociaux.
A ce sujet, SABAKINU KIVILU (professeur de l'UNIKIN,
président de la table ronde du 22 au 27 avril 1991, vice -
président de l'APUKIN en juillet 1991 puis président a.i)
reprend à son compte déjà l'écartèlement du
corps entre les privilégiés et les marginaux par rapport au
recrutement à la gestion politique. Ceux qui étaient
privilégiés, associés ou responsables de la direction
politique, prenaient `'des distances vis-à-vis des anciens
collèges trop peu conformiste. Il ne témoigne plus
d'intérêt actif à la vie de la faculté pour ne pas
se compromettre'' (72(*)).
L'APUKIN, à sa naissance ne se révélait
pas qu'un instrument de lutte contre le pouvoir politique mais aussi celui
punitif des privilégiés ou protégés du pouvoir
politique au sein du corps enseignant. Ainsi, pour les statuts même de
l'APUKIN, l'acquisition de l'autonomie de l'université face au
gouvernement passer pour une exigence préalable au voeux de
`'l'épuration du corps enseignant par la disqualification des membres ne
répondant pas aux exigences morales, scientifiques et académiques
(73(*)). Par exemple,
l'attribution des charges horaires et des cours est un instrument de discipline
interne de ce corps qui échappe au pouvoir politique détenant
celui de la nomination (acte de nomination au grade de professeur). N'est ce
pas que nous nous trouvons devant une organisation qui dépasse un
certain seuil de complexité.
CHAPITRE III : LES ENJEUX DE LA LUTTE
Le champ politique comme tout autre (74(*)) est marqué par une
distribution inégale des ressources ou capitaux entre
privilégiés et non privilégiés, consacrant un
rapport de forces entre agent. Ainsi, le rapport de force entre corps
enseignant et pouvoir politique est déterminé par l'accès
aux ressources politiques. D'où pour nous l'importance de relever ces
dites ressources et d'en démontrer la nécessité pour le
corps enseignant dans la forme spécifique de sa lutte que nous
évoquerons préalablement.
III.1. Lutte singulière ou lutte corporative
Bien avant, puisqu'il s'agit d'une lutte qui engage des
enseignants de l'UNIKIN, il sied de préciser que la lutte corporative,
portée par la solidarité corporative, ne supprime pas la lutte
singulière qui recours à d'autres types de solidarité en
dehors ou contre la solidarité corporative (solidarité scolaire,
ethnique, amicale, association...) pour emprunter l'expression de ABEMBA B. et
NTUMBA T. (75(*)).
Si le profit politique spécifique du champ du pouvoir
peut se résumer à des profits liés à la
direction de l'Etat ou à l'influence sur cette direction (76(*)), requérant des
ressources données qui peuvent autant constituer des fins en soi,
l'accessibilité éventuelle à ces profits et ressources
tranches plus significativement sur le degré d'adhésion et
l'opportunité d'une lutte corporative ou celle singulière. C'est
là le noeud de la complexité de la situation du professeur.
Dès lors, le syndicalisme, forme affinée de la
lutte corporative apparaît comme une ceinture de sûreté pour
accéder en corps aux profits et ressources qui ne peuvent être
réalisé ou conservé par une lutte singulière sans
exclure, cependant, cette seconde voie. La lutte corporative est celle
privilégiée dans cette étude. De par sa position dans le
rapport de production culturelle et sa trajectoire dans l'histoire nationale,
ce `'corps'' n'a-t-il pas intériorisé ce que Kessler appellerait
`'un noyau de croyances collectives et stéréotypes
répétitifs'' (77(*)). Ces dites croyances lui indiqueraient sa place
historique « de veilleur, de conscience intellectuel » dans
la société, d'une part, et sa bonne part dans la redistribution
des richesses nationales, d'autre part.
Ainsi, la lutte de l'APUKIN ne se résume pas à
un syndicalisme qui, si il s'observait, ne serait que une des formes de lutte
politique entre détenteurs des pouvoirs différents, le corps
enseignant de l'UNIKIN et le pouvoir politique. L'APUKIN, elle-même,
réfutait le statut restrictif de syndicat au profit de celui de
l'association corporative pour laisser libre cours à ses luttes pour
l'imposition des représentations légitimes de la
société à travers des critiques et alternatives politique.
Les statuts de la fonction publique ne reconnaît-il pas le droit syndical
dans son article 21 ? (78(*))
Voilà le moyen de son influence sur la
société qui joint aux ressources politiques nécessaires
de lutte (entendez intérêts corporatifs si vous voulez)
constituent des enjeux plus accessibles dans la lutte corporative. La direction
de l'Etat, par contre, est perçue échappant à la lutte
corporative. Elle constitue une gamme de « profits
individuels » du champs politique, non assimilables à un droit
corporatif. Qu'il s'agisse de la nomination aux fonctions gouvernementales, de
conseil politique, des distinctions officielles, d'autorité
académique ou d'autres postes officiels à l'intérieur ou
extérieur du pays (...), riche en capital économique et en
prestige. Ils sont autant des « récompenses individuelles ou
compétitives », comme les qualifieraient A. Blanche et A.
Trognon, détenu par le pouvoir politique qui « exercent une
réelle contrainte à même d'affecter la cohésion du
groupe » (79(*)). Car, les profits individuels peuvent, vu leur
accessibilité, l'importer sur la solidarité corporative.
Gardons en vue, cependant, que la lutte corporative peut, pour
le responsable ou dirigeant de la lutte (le président de l'APUKIN ),
camoufler ou se muer en une lutte égoïste, individuelle pour la
direction politique ou des pots de vin au grand dame du corps. Ce que son
accessibilité à la direction politique s'y est trouvée
accrue.
III.2. Quels enjeux culturel, économique, social et
académique ?
Si le champ politique est le lieu d'affrontement entre
détenteurs des pouvoirs différents, le capital culturel est le
pouvoir privilégie du corps enseignant parmi tous les capitaux
nécessaires du champ politique. D'où, sa priorité dans
cette section sur les capitaux économique, social ou
académique ;
III.2.1. Le capital
culturel.
Trois formes de ce capital peuvent être relevées
comme ressources politiques : le titre de professeur d'université,
son expertise et le titre de docteur Honorius causa qui, vu sa dimension
symbolique serait traité dans la section suivante.
Le titre de professeur de l'université de Kinshasa
confère une position privilégiée dans une institution
culturelle que la légitimité de l'histoire et sa situation
politico - administrative dans la capitale a hissé en symbole de
contestation et d'alternative politique. En outre, son détenteur
accède à une position symbolique d'autorité et
d'exemplarité, non seulement vis-à-vis de la population mais
surtout face à la masse estudiantine. Cette dernière est un enjeu
important dans la lutte d'imposition de représentation légitime
de la société.
Rien d'étonnant, dès lorsque, en outre de
l'accès par carrière académique, le pouvoir politique
s'est réservé le droit de nommer à ce titre des personnes
qui n'aurait suivi le cursus académique largement contrôlé
par le corps enseignant comme il est dans toute institution
universitaire : le parrainage scientifique, la composition et les
délibérations des jury et autres, sont autant des leviers de
contrôle et d'influence interne.
Quant à l'expertise « savante ».
Expressément, le qualificatif insiste sur la position de ses producteurs
(professeur) dans une nation où la colonisation et les politiques
d'enseignement ensuite, ont, la première, combattu et, les secondes,
comprimé le développement de l'enseignement national. L'expertise
tient à la très forte capacité expressive du corps
enseignant dans la lutte d'imposition de conception légitime de la
société. Guy Rocher parle de la part prise dans la
définition de la conscience claire ou fausse qu'une communauté a
d'elle-même, de ce qu'elle est et de ce qu'elle veut être
(80(*)). Il s'agit aussi,
pour le corps enseignent de sa capacité de formuler et de justifier les
décisions et politiques publiques ou, inversement, à les
critiquer.
Cette expertise peut être, aussi, une ressource pour le
pouvoir politique dans sa lutte tournait dans le champ politique international
comme dans le champ politique national. La conception, la justification autant
que l'évaluation idéologies politiques et des politiques
publiques et requièrent une expertise transversale. Relevons en passant
qu'une étroite corrélation s'observe entre une radicalisation
autonomiste de la politique étrangère et la valorisation de
l'expertise savante locale en République démocratique du
Congo : les politiques d'authenticité de Mobutu et la
coopération Sud -Sud de Laurent KABILA en sont des illustrations.
III.2.2. Le capital
économique
Bien qu'ayant essuyée nombreuses critiques, la pyramide
des besoins de MASLOW (81(*)) éclaire la place des besoins primaires pour
l'efficacité du travail. Ardu est-il, le travail de l'esprit, serait un
suicide sur l'autel de la vérité en s'accomplissant sans salaire.
Un maigre salaire ! N'est-ce pas un moyen pour le pouvoir politique de le
sacrifier et de s'en débarrasser sans se souiller dans l'assassinat ou
l'empoisonnement.
Bien plus, une assiette salariale appréciable est une
marge financière indispensable de l'autonomie morale dans la production
culturelle face au pouvoir politique. Le financement des assises et travaux
intellectuelles n'est - il pas un enjeu pour le pouvoir politique ? De
plus, sans salaire, l'enseignant est forcé soit à l'exil ou
à la débrouillardise, soit à l'immoralité
professionnelle ou à l'immoralité politique.
Enfin, le confort social du professeur est une composante
majeure de son prestige et de sa dignité dans une société
où, aux dires de MWABILA MALELA, l'avoir matériel est
intériorisé comme le principal critère de valorisation
sociale» (82(*)).
L'exemplarité du « professeur » aux yeux de la
population ne tient pas qu'aux critères moraux mais aussi à sa
distinction sociale liée au confort matériel.
III.2.3 le capital social
Le capital social tient au réseau des relations
mobilisables par un agent concurrent dans la lutte pour des profits et
ressources (83(*)). Le
corps enseignant de UNIKIN se souciait déjà à la table
ronde d'avril 1990 « des types des rapports qui ont
prévalu au Zaïre entre l'Université et la
société globale (...) et des formes d'actions à
entreprendre comme les alliances nouvelles à établir pour des
relations et des services mutuels plus efficaces et plus
féconds » (84(*)).
L'une des formes de ce capital est le ralliement de l'opinion
publique dans la lutte, un enjeu de taille. Les représentations
légitimes de la société produites n'ont de consistance que
si elles s'infiltrent dans le langage et les pratiques de population. Le corps
enseignant n'a pas manqué des recourir aux masses média afin de
capitaliser, une opinion à la fois, pour paraphraser DE MONTBRIAL T. et
KLEIN J., enjeu et arbitre, chaque camp s'efforçant de l'accaparer dans
un combat pour l'essentiel politico - symbolique (85(*)).
Une autre forme en est l'adhésion des masses
estudiantines qui peuvent autant se mouvoir contre tous selon « les
problématiques sociales». Le ralliement de ses masses prête
la violence à un corps par essence élitiste, dépourvu du
grand nombre et, donc, de la violence physique dans son combat politique.
Ainsi, dans la lutte de construction et déconstruction des visions
sociétales ou de revendications corporatives, son adhésion est un
facteur exponentiel de la force politico - symbolique du corps enseignant.
Une troisième forme à relever est la
cohésion de ce propre corps ou tout au moins de sa majorité
numérique. GUGLIELMI et HAROCHE soulignent que pour que le corps soit
puissant, il faut développer un esprit corps que KESSLER qualifié
« d'un noyau de croyances collectives et des
stéréotypes répétitifs » (86(*)). Ces perceptions
résultent de l'interaction entre habitus de classe et la dynamique du
champ politique face à une problématique sociale
déterminée. Le degré d'engagement et la portée de
la lute en dépendent largement.
Si l'esprit corps est atteint selon une problématique
sociale, le corps enseignant peut constituer un segment institutionnel informel
parce que ses membres peuvent essaimer grandement au-delà de leurs
attributions au sein des organes et institutions politiques. Ils y sont en ce
qui concerne les législations ou politiques publiques
« tantôt promoteurs (responsable politique d'un projet),
tantôt concepteurs (responsable intellectuel du projet), tantôt
passeurs (responsable administratif du projet face aux
exécutants) » (87(*)). Le lecteur peut réaliser que cette
cohésion si elle est favorable à une politique publique peut
s'offrir en usage coopératif.
Une quatrième forme de ce capital est le
compagnonnât des corps administratif et scientifique de L'UNIKIN. Le
positionnement de ces corps dans la lutte peut accélérer ou
ralentir l'action du corps enseignant sans l'annuler. Il en est de même
pour les différents corps des établissements de formation de
l'E.S.U.
En cinquième lieu, les entreprises économiques
ou socio culturelles peuvent de même servir d'allier au corps enseignant.
Autant pour le financement de ses assises que la mise en valeur ou en pratique
de son expertise. Et pourquoi par des dons et legs.
Enfin, les organisations internationales représentent
une forme de capital social spécifique. Mais il faut nous demander si
c'est le corps enseignant qui se les met à la remorque ou l'inverse.
Quoiqu'il en soit, emprunter le ton des organisations précitées
peut être un facteur de force politico - symbolique à l'encontre
du pouvoir politique.
III.2.4. Le capital
académique
Par capital académique, nous entendons arbitrairement
les libertés académiques strictement nécessaires à
la construction ou déconstructions des représentations
légitimes de la société pour le corps enseignant.
Nous en relèverons deux : l'autonomie Universitaire et la
« liberté scientifique ».
L'autonomie Universitaire englobe la démocratisation
(élections des autorités Universitaires par leurs pairs et parmi
le corps professoral), la privatisation (non - imbrication dans les structures
de l'Etat), la dépolitisation (plus sociologique que juridique, elle
réfute l'instrumentalisation de l'université aux objectifs du
pouvoir politique). Chacune de ces formes peut se situer à divers
degrés.
La liberté scientifique désigne dans le jargon
Universitaire le droit, pour un enseignant, de ne point être poursuivi
pour ses idées et opinions émises dans le cadre de ses
enseignements et activités académiques. Elle est intimement
liée aux droits plus généraux de liberté
d'expression et de manifestation d'opinion. (88(*))
A la suite de BRIGTMAN, Raymond BOUDON a relevé combien
dans la communauté scientifique, la critique autant que la
théorie, a contribué au progrès des sciences. (89(*)). La critique apparaît,
plus qu'un garde-fou contre le dogmatisme ou une pierre de touche des exploits
d'actualisation de connaissance comme une disposition
intériorisée de la communauté. Cependant, cette critique,
indispensable à la production des connaissances scientifiques ne peut
« se soustraire, comme relève FREITAG, d'une vue
d'ensemble de la société, de la réflexion sur une
société acceptable ou non ». (90(*)). L'Université
où elles sont produites, n'est -elle pas située et
datée ?
De la sorte, le capital académique est bridé par
des mécanismes structurels tels que la nomination des autorités
Universitaires ou académiques, la détermination du contenu et
programme d'enseignement ou recherche, les modalités de financement de
l'Université d'une part, et des pratiques politiques
criminelles (intimidations, empoisonnement, éliminations) ou
récompenses politiques (promotion à des distinctions honorifiques
officielles la nomination à des fonctions politiques) d'autres part.
Cette dernière est très virulente d'autant plus que la fonction
académique est souvent perçue comme antichambre à la
fonction politique.
III.3. Quels enjeux politico - symboliques
Le capital symbolique est de l'avis de Bourdieu, tout
espère de capital mais cependant connu et reconnu selon les
catégories de perception (...) qui sont, au moins, pour une large part
les produits de l'incorporation des structures objectives du champ
considère (91(*))
nous relèverons ici le capital symbolique contenu dans
l'exemplarité du corps enseignant, dans son expertise et dans le titre
honorifique de docteur Honorius causa.
III.3.1. L'exemplarité
L'exemplarité du corps enseignant, que Guy ROCHER
(92(*)) reconnaît
comme l'un de mode d'influence des intellectuels englobe son prestige et sa
dignité : « l'attrait exercé sur un individu un
groupe ou une communauté en tant que symboles vivants de penser,
d'être et d'agir ».
Ces deux composantes sont nécessaires à la
sensibilisation, la mobilisation et l'identification de l'opinion et autres
forces sociales au discours du corps enseignant. Sinon, la perception populaire
négative de l'image du « professeur » peut
entraîner un rejet ou un mépris de son discours. N'est - il pas
admis en communication que l'image du transmetteur d'un message peut en faucher
le bon contenu ou en édulcorer le mauvais.
Le prestige tient à des critères
réputationnels et matériels. Il est, donc, procuré par le
capital économique. Dans une société qui a
intériorisé les avoirs matériels comme critère
principal de valorisation sociale, la pensée et l'agir du professeur ne
peut plus efficacement s'entendre que si ce dernier échappe à
la « mendicité » au quelle l'a soumis le
pouvoir politique. Son prestige tient au confort social.
Par contre, la dignité du professeur n'est
inséparable de son prestige, mais elle englobe beaucoup d'autres
considérations de morale social et politique. La lutte pour la
démocratisation à laver en grande partie, l'image de
« co-destructeur de la république » que portait le
corps enseignant en 1990. Cette image peut priver l'adhésion populaire
au discours du corps enseignant. L'histoire rapporte que le président
MOBUTU n'hésita pas à le renforcer dans l'imagerie populaire en
riposte à des critiques du corps enseignant, médiatisées,
alors, contre son régime lors du colloque des professeurs de l'UNIKIN
sur la crise de l'économie zaïroise en 1987 (93(*)). Une guerre
politico-symbolique s'y observait dans les termes de moral politique.
La dimension de la morale sociale n'est pas autant à
négliger car aujourd'hui le champ politique est investit par une
pléthore d' « élites » qui fusent de toute
part, portés par la raison des armes et des arrangements oligarques. De
plus, le profil intellectuel en est tellement au rabais quelques fois au point
que le mythe d'un corps enseignant « co-destructeur », que
produisait « le fameux gouvernement des professeurs, s'est davantage
étiolé. Il n'est plus vif parce que chassé par les
frustrations sociales de la gestion des gouvernements Rebelles et oligarques.
Cependant, l'Etat du fonctionnement et l'entretien de L'UNIKIN, rejaillit
fortement sur la cotte morale du corps enseignant que la population
perçoit en définitif comme détenteur de
d'effectivité de l'administration de L'UNIKIN. De nos jours, cette tache
noire de la morale sociale affecte le plus la dignité et
l'exemplarité du « professeur ».
III. 3. 2. valeur de
l'expertise du corps enseignant
Venons en à l'expertise du corps enseignant dont le
poids symbolique résulte de la convergence entre le niveau d'exigence
qualitative perçu dans un problème de gouvernement ou de
société, et le nombre des producteurs culturels susceptibles de
répondre à cette exigence. L'élévation du niveau
entraîne la valorisation de l'expertise rare du corps enseignant.
Cependant, ce corps à d'autres producteurs concurrents, quelque fois
peu qualitatif, auxquels se tourne le plus souvent, par habitus de
méfiances dépassées, le pouvoir politique : la
diaspora, les conseils politiques des cabinets... Ce que le Congo culturel
d'aujourd'hui n'est pas celui de 1990 ni de 1960 en terme des producteurs
culturels nationaux.
En outre, relevons que bien que la tutelle économique
et donc, culturelle des institutions des BRETTON WOODS ne peuvent pas justifier
somme toute l'Indifférence du pouvoir politique face à
l'expertise du corps enseignant, le pouvoir tant à se rapprocher de ce
corps en cas d'affirmation autonomiste de ses politiques face à ces
instances internationales.
Toute fois, le pouvoir politique n'est pas le seul à
s'intéresser au capital culturel précité.
L'adhésion de la population des forces sociales et économiques
peut autant valoriser son expertise. A moins de se disséminer dans le
langage et discours ou pratiques sociaux, cette expertise ne
déconstruira durablement pas les représentations officielles de
la société.
III.3.3. Titre honorifique de
docteur Honorius causa
Le troisième capital qui tient aux ressources
culturelles est la distinction propre aux milieux académiques de DOCTEUR
HONORIUS CAUSA. Il représente un pouvoir symbolique, normatif
créé par la communauté scientifique et détenu par
le corps enseignant dans sa société loin d'une tutelle quelconque
du gouvernement. Le déclin de ce capital tient à celui de
l'institution universitaire elle-même dans la société.
N'est-ce pas un transfert de prestige entre l'Université de Kinshasa et
son bénéficiaire qui s'y accompli ? L'UNIKIN, son symbole
de 1960 ou 1970, n'a-t-elle rien de commune mesure à celle
d'aujourd'hui ? Et ce, non seulement du fait de la prolifération
des universités dans la capitale de Kinshasa mais aussi, et surtout de
l'incursion des anti-valeurs de la société, finalement reproduits
en système d'autodestruction en son sein. Aux années 1960,
TSHOMBE pouvait arracher à L'UNILU cette distinction que L'UNIKIN
décerna en premier lieu KASA-VUBU.
En outre, son déclin tient aussi à celui plus
général, de l' « intellectuel -
diplômé ». Le chômage et l'exiguïté du
marché de l'emploi ont fini par éroder l'image de l'intellectuel
- diplôme dans une grande frange de la population congolaise où la
valorisation sociale procède des critères matériels. De la
sorte, le poids politico - symbolique de ce capital dans les rapports de forces
politiques est réduit.
CHAPITRE IV : LES ACTIONS DU CORPS ENSEIGNANT DE
L'UNIKIN
Depuis le 22 avril 1991, date du début de la table
ronde matrice de L'APUKIN, les actions du corps enseignant de L'UNIKIN portent
autant sur une vue d'ensemble critique de la société que sur les
enjeux de la corporation ; qui sont des ressources nécessaires
à son action historique et, donc politique. Ce chapitre brosse lesdites
actions pendant que le dernier chapitre traitera de la grève de janvier
2008.
IV.1. Actions axées sur les représentations
légitimes de la société
Si la violence symbolique de l'Etat tient au fait qu'il
détient la faculté de créer ou de modifier des
catégories de perception par les discours, programmes et
législation, nombre de groupes et institutions (organes de sondage,
spécialistes des médias...) (94(*)), parmi lesquelles le corps enseignant ou l'APUKIN,
lui sont concurrents. Ce corps, au capital spécifiquement culturel, n'a
pas manqué de se rattacher au processus de démocratisation. Les
frustrations résultant de la marginalisation du pouvoir politique de la
deuxième république à l'endroit d'un corps ayant
intériorisé son rôle dans l'histoire et sa maigre part
dans la redistribution des richesses nationales en furent pour beaucoup.
Les contraintes de la démocratisation où le
pouvoir procède de l'arme de la raison, du ralliement de l'opinion ou de
la sanction de l'électorat fut viscérale pour un pouvoir
politique fondé et prédisposé à la raison des armes
ou des arrangements oligarques pour la dévolution du pouvoir. Rien
d'étonnant que le financement de ces activités ait
échappé au pouvoir politique au profit des fonds des associations
internationales à idéologie démocratique ou des ressources
autonomes du corps enseignant de l' UNIKIN. La lutte pour la
démocratisation y est une stratégie subversive pour un meilleur
positionnement du corps enseignant face aux ressources politiques.
Dans ce contexte, l'opinion nationale a largement était
en contact des représentations de la société, produites
par le corps enseignant de L'UNIKIN. Elle constitue un facteur politico -
symbolique exponentiel du discours du corps enseignant, à défaut
d'être reconnu par le pouvoir politique ou des grandes puissances
occidentales. Sans prétendre à l'exhaustivité, nous
relèverons quelques activités :
Ø Déclaration des professeurs de L'UNIKIN sur le
processus de démocratisation du zaïre. Kinshasa le 24 avril 1991
Ø Conférence de presse des professeurs de
L'UNIKIN relative à la situation politique, économique sociale
prévalent dans le pays au lendemain de l'ouverture de la
conférence nationale souveraine, Kinshasa, le 30 avril 1991
Ø Déclaration des professeurs de L'UNIKIN
relative à la constitution d'un gouvernement de crises, Kinshasa, le 08
octobre 1991
Ø Message des professeurs de L'UNIKIN aux travaux de la
conférence nationale souveraine. Kinshasa, le 16 juin 1992.
Ø Séminaire sur le thème « les
universitaires de Kinshasa en quête de démocratique et de paix
pour la république Démocratique du Congo »
organisé par l'APUKIN du 22 au 25 septembre 1999.
Ø Séminaire sur le thème
« Elites et démocratie en République
Démocratique du Congo » organisé par l'APUKIN du 11 au
15 mai 2000.
Ø La déclaration du conclave de Mont - Amba sur
les élections, la paix et le développement de la R. D. Congo:
prise de position de l'Université Congolaise du 13 au 15 septembre
2006.
IV.2. Les actions
axées sur des ressources du champ politique.
Pour le corps enseignant, l'influence sur la direction ou le
devenir de la société par la production des conceptions de la
société ou de son fonctionnement passe inévitablement par
l'accès aux diverses ressources économique, sociale et
symbolique, académique, voire politique. La nécessité est
de constituer un volume global important des capitaux. Cependant, bien de ces
ressources se prêtent à une meilleure conquête par la
solidarité corporative, du fait du contexte favorable de leur
accessibilité en corps.
IV.2.1. Accès au capital économique
Pour reconquérir un capital économique minimal
ou le maximiser, le corps enseignant de l'UNIKIN a été conduit
à recourir à plusieurs partenaires. La première approche
fut le recours aux personnalités et autres privés par la
création d'une commission de survie des
professeurs « chargée de solliciter des dons en nature
auprès des hommes de bonne volonté (1992-1993) ». Le
non paiement des professeurs les réduisait à l'insignifiance
politique que SABAKINU évoquait en termes tranchés
« d'inutilité à la société »et
« à la mendicité ». (95(*)). Cette approche ne fut pas
structurée mais, bien, ponctuelle.
Outre ces privés, les bénéficiaires
directs de la formation (étudiants) devaient participer au financement
de l'Université dans une approche structurelle. Le corps enseignant
attendait du moins de la part du gouvernement la fixation du taux de
participation financière des étudiants. Il s'agit ici plus
essentiellement de contribuer au capital économique du corps enseignant.
Le mécanisme structurel est encore effectif jusqu'à ce jour. On
peut observer que le peuple étudiant s'offre en Usage coopératif,
sous un angle, à l'efficacité d'une politique publique de
financement de l'Université, tout en renforçant, sous un angle
compétitif, le capital économique du corps enseignant.
Par ailleurs, le corps enseignant a envisagé lors de sa
table ronde la participation aux actions des entreprises privées ou
publiques de l'Université de Kinshasa et la réalisation des
projets générateurs des recettes (96(*)).
Le tour de force, cependant, demeure dans le financement
publique du pouvoir organisateur de L'E.S.U. La réduction infernale des
allocations budgétaire à l'éducation ne procède pas
d'un manque de ressources étatiques contrairement à ce qui est
largement admis dans l'opinion et dans L'E.S.U., qui relève d'ailleurs
de la violence symbolique et conditionnement du champ politique. MABI MULUMBA
notait que « les dépenses de l'Education se sont maintenu
à environ 0,1% du PNB entre 1990 et 1998, alors que la moyenne
sub-saharienne s'est chiffrée à 5,0 % du PNB en 1998 »
(97(*))
Comment expliquer que la guerre et le remboursement de la
dette justifient dans le discours officiel la réduction drastique des
dépenses de l'éducation pendant que la vitesse de
l'enrichissement des animateurs des institutions politiques franchit la limite
du tolérable. Une telle justification relève de la violence
symbolique et s'avère efficace face à une population qui a
intériorisé la débrouillardise. Et ce, même pour des
charges qui relèveraient de l'Etat parce que l'Etat c'est
« eux, comme dirait MWAYILA TSHIYEMBE, ces ancêtres et gardiens
de la terre d'autre fois ». (98(*)) ; Débrouillardise de survie et mort
social d'un Etat, quoique bourreau, que des décennies de souffrance et
des discours officiels ont travaillé et inculqué sont favorables
à une faible perception d'exigence d'efficacité et d'efficience
de la gestion gouvernementale.
A cela, se joint, plus précisément, pour le
corps enseignant des frustrations à des longues luttes peu fructueuses,
entretenu en définitif par un système d'autodestruction fait des
principes d'ethnicité et gain immédiat des responsables
syndicaux. Il en est résulté un faible niveau de perception des
exigences d'engagement collectif après ajustement entre
espérances et chances objectives de victoire syndicale.
Espérances et chances, du reste, perçues d'une certaine
manière.
Relevons, au terme des lignes retraçant l'accès
au capital économique, quelques revendications et grèves ayant
jalonné le parcours de l'APUKIN :
Ø La revendication de 1999, portant amélioration
de condition de vie et travail
Ø Les grèves déclanchés
respectivement en 2002, en avril 2003, en novembre 2004 et novembre 2007
portant principalement sur l'amélioration des conditions de travail et
l'augmentation salariale.
Ø La participation d'une délégation de
l'APUKIN en 1999, avec les ministres des finances et de l'éducation
nationale dont l'objet fut la finalisation de projet de barème
salariale à soumettre au pouvoir politique.
Ø L'implication de l'APUKIN dans la fixation et la
gestion de frais d'études perçus des étudiants.
La littérature sur les actions syndicales
différencierait les deux premiers cas ci - haut évoqués
comme actions de contestations et les deux dernières comme actions de
participation. Cependant relevons, comme NGOMPER, que la participation
même n'élimine pas la lutte parce qu'elle s'insère dans un
cadre de combat (99(*))
pour l'APUKIN.
Bien au delà d'un capital économique,
l'augmentation salariale et les meilleures conditions de vie, de travail ont
été une voie obligée de la reconquête de la
dignité et du prestige du professeur, capital symbolique. Une ressource
non la moindre, la perception populaire de la valeur sociale et de
l'exemplarité du « professeur » en dépendait.
Dès lors, le renforcement de la distinction matériel et, donc,
sociale du « professeur » s'imposait comme
nécessaire au corps enseignant. Face à l'insignifiance des
salaires et des piètres conditions de travail, des voies de
substitutions s'imposaient nécessaires.
IV.2.2 Accès au capital social
La solidarité des entreprises et la participation des
étudiants au financement de l'Université, sus
évoqués, ont été une condition objective favorable
au rapprochement de la société et du corps enseignant face
à la démission totale du pouvoir politique dans le financement de
L'UNIKIN. Il s'agit là du fondement d'une union pour
« sauver » l'université aux bénéfices
partagés (trame de survie ou de valorisation sociale du corps
enseignant et trame de formation ou de valorisation sociale de
l'étudiant, voire, sa famille) ; le
« bourreau » de l'université étant le pouvoir
politique. Une frustration sociale exacerbée, pour paraphraser Dewey,
« a ainsi entraîné a douté des croyances jusque
là admises » (100(*)) qui dans l'imagination populaire tenaient le
professeur comme co- responsable de l'échec politique de la
deuxième république, le dépouillant de sa dignité
nécessaire à la sensibilisation populaire.
En même temps, le grand nombre de prise de position et
déclaration politique en faveur de la démocratisation ont
contribué à clarifier l'image du corps enseignant dans la
perception populaire. Cette population, longtemps frustrée par la
dictature et ses échecs économique et social, accueillait avec
enthousiasme le discours de la démocratisation et sa panacée.
Cependant, le plus délicats à rallier à
sa lutte fut les corps scientifique et administratif. Déjà, ces
corps sont autant que le corps enseignant, atteint d'un faible niveau de
perception des exigences d'engagement collectif dans la lutte syndicale.
Cependant, la précarité de ces compagnons de lutte tient au type
de conflit propre à l'organisation professionnelle où le
personnel d'appoint et les professionnels sont en perpétuelle lutte pour
la distribution du pouvoir et la redistribution des bénéfices
résultant de l'organisation.( 101(*)) En effet, l'autorité gouvernementale
destinataire des revendications pouvait se jouer de la cohésion des
corps enseignant, scientifique et administratif, si pas jouer à
l'arbitre, lorsqu'au cours des négociations les bénéfices
respectifs des corps issus de l'action concertée se présageaient
inégaux.
Quant aux corps divers des différents
établissements de l'E.S.U, leur cohésion et ralliement au corps
enseignant de L'UNIKIN, contre le pouvoir politique, ont été plus
minables. Leur faible niveau de perception des exigences de l'engagement
collectif a été autant renforcé par le régionalisme
et favorisé par la dissémination dans les diverses institutions
de formation universitaire ou supérieure de l' E.S.U. Un plus grand
nombre d'interlocuteurs relativement autonomes ouvre largement la voie à
la manipulation, la corruption de la par du pouvoir politique partant de
l'habitus des syndicalistes (clivages ethniques, profits financiers
immédiats ...).
Pour finir avec les masses estudiantines, alliées de
condition, la mobilisation de celles - ci pour les revendications du corps
enseignant a été d'une influence politico symbolique
significative sur le comportement du pouvoir politique. Il sied de noter que
ces masses, peuvent autant se dresser contre le corps enseignant selon des
problématiques sociales spécifiques. Elles se ralliaient le plus
souvent en dehors de la coordination estudiantine. Ce que les réseaux
informels et leaders de mobilisation des masses estudiantines ne sont pas
étrangers aux meneurs du corps enseignant. Mais l'étudiant, en
partie, c'est aussi la ressource financière (capital social
compétitif) du corps enseignant, en substitution au pouvoir politique
et, en même temps, participant à la politique de financement de
l'université (capital social coopératif). Toutes ces voies ou
stratégies d'alliances confortent la position du corps enseignant dans
les rapports de forces politiques.
IV.2.3. Accès au capital culturel
Le capital culturel, qui est un capital
privilégié du corps enseignant, été l'objet des
nombreuses actions. Relevons-en en premier lieu les revendications liées
à "une séparation du statut du professeur d'Université du
statut des professeurs d'instituts supérieurs qui ne font pas de la
recherche fondamentale » (102(*)). Il s'agit d'une stratégie de revalorisation
symbolique du capital culturel du corps enseignant pour échapper
à un effet de surproduction dont souffrirait symboliquement son titre
dans le marché culturel politique.
En effet, la valeur symbolique de son expertise tient à
la fois à la perception niveau d'exigence qualitative d'un besoin et le
nombre des agents producteurs perçus comme capable de satisfaire cette
exigence. Plus les producteurs sont, selon certaines perceptions, nombreux
mieux le pouvoir politique peut les interchanger. Cela conduit à une
dévaluation du bien culturel du corps enseignant comme en tant de crise
de surproduction où la saturation d'un bien sur le marché
entraîne sa dévalorisation (103(*)).
En outre, la valorisation de son discours doit aussi beaucoup
à la force des médias et au ton démocratique propre
à ses nouveaux partenaires internationaux telle que la fondation Konrad
Aden Auer d'Allemagne (financière des séminaires et publications
du corps enseignant). N'est ce pas que un habitus dépassé de
méfiance dressait le pouvoir politique contre l'expertise du corps
enseignant et qu'il fallait en trouver d'autres voies de valorisation vers
l'opinion publique ou internationale ?
Enfin, le pouvoir académique (entendez distinction
académique si vous voulez) de docteur Honorius Causa a
été l'objet d'une stratégie de revalorisation. Bien que
par la force de l'histoire nationale il a perdu en valeur symbolique dans la
lutte symbolique du champ politique Congolais, son usage contre le pouvoir
politique s'observe dans l'absence des autorités politiques de la liste
des bénéficiaires depuis 1990. Le Recteur de L'UNIKIN
s'écriait sans retenu en 2008 que le choix d'un natif et collègue
professeur d'Université à cette distinction procédait
d'une vengeance contre le pouvoir politique en présence des très
proches collaborateurs du chef de l'Etat. (104(*)). Mais on peut aussi s'interroger si ce n'est pas sa
dévaluation qui a conduit le pouvoir politique à s'en passer.
En passant, notons qu'il s'observe dans le chef du recteur
LUTUNTALA MUMPASI un comportement clivé résultant de la
convergence entre les nécessités manageriales contradictoires
dues à ses fonctions politico-administratives à la tête de
l'UNIKIN (exemple du respect du calendrier académique menacé par
les grèves radicales de l'APUKIN, d'une part temporairement peu stable,
et la nécessité du rayonnement de son propre corps et, donc de
lui-même, d'autre part à stabilité plus durable). Celui qui
hier, à contre courant de l'APUKIN, militait pour la levée de la
grève fustige sans merci le pouvoir politique en plein mandant. Quelques
mois après, la procédure sommaire, atypique de sa
révocation n'avait commune mesure avec l'ovation de la foule des
enseignants, des scientifiques, des administratifs et des étudiants
ayant couronné ce coup de langue.
IV.2.4. Accès au capital académique
Fait des libertés ou pouvoir strictement
nécessaires à l'activité académique du corps
enseignant, nous y spécifions le cas du degré d'autonomie de
l'UNIKIN et, donc aussi, de ses principaux agents, que constitue le corps
enseignant, face au pouvoir politique. (105(*))
A la faveur de la démocratisation, la
libéralisation de la vie politique, rompant avec l'instrumentalisation
des services publics sociaux par le pouvoir politique, fut une condition
favorable pour le corps enseignant de se dégager du pouvoir de
nomination des responsables et autorités académiques. Il s'agit
là de la démocratisation de l'Université. Ces nominations
imposaient de réelles contraintes et idéologiques d'une part, et
fissuraient la cohésion du corps enseignant d'autre part.
Le pouvoir politique n'a pas hésité à
rejeter et réfuter le tout premier et unique Recteur élu en 1991
par et parmi les professeurs d'Université. Mais plus fatal pour lui est
que ce corps envisageait « l'étude des modalités d'une
privatisation de l'Université » ; un couronnement de
l'autonomie du corps enseignant. (106(*)) Que NGONDO a PITSHANDENGO n'hésite pas de
qualifier du « noeud de la guerre froide ». Ce que le
contexte politique critique des années 1990 était favorable
à des telles revendications.
CHAPITRE V : ETUDE DE CAS : LA GREVE DE JANVIER 2008
DE L'APUKIN
Nous désignons cette grève ainsi à partir
de Janvier pour souligner ce moment où tous les corps de l'E.S.U
abandonnèrent la lutte. L'APUKIN étaient, donc, restée la
seule face au gouvernement. Les revendications salariales qui relèvent
de son capital économique ont nécessité des
stratégies de lutte diverses. Les résultats
« anhistoriques » de cette grève mérite qu'on
s'y arrête, car une première dans le cours de ses luttes.
V.1. Genèse de la grève.
La genèse de cette grève procède d'une
distinction. Le corps enseignant de l'E.S.U qui a intériorisé son
rôle d'un des « faiseurs » de l'Etat (par la
formation de ses cadres) s'est retrouvé marginalisé dans un champ
politique où une part considérable de richesse est sensée
être rétribuée à ceux qui constituent « la
catégorie des dirigeants »parmi lesquels se retrouvent les
parlementaires, le corps gouvernemental, les « mythiques
professeurs »...
Cependant, bien que faisant partie de cette catégorie
virtuelle, le corps enseignant voit son assiette salariale se rabougrir par la
dévaluation de la monnaie nationale pendant que le salaire des
députés et sénateurs triple scandaleusement bien que
déjà démesuré. Au même instant, des avantages
matériels énormes sont conquis par un gouvernement autant
hautement rémunéré que responsable des flagrants
détournements impunis des fonds publics.
De la sorte, le corps enseignant a été conduit
à revendiquer une rémunération hors échelle par
rapport à ce que perçoit le personnel de la fonction publique. Le
21 et 28 mars, l'APUKIN s'en tenait encore à 2500 USD pour un professeur
ordinaire comme minimum. Cependant, le caractère disparate et le grand
nombre des représentants syndicaux de l'ESU, tous indépendants
dans les négociations, contre le pouvoir politique étaient
exploité par le gouvernement. Le profit matériel et individuel
auquel ouvre, par voie de corruption, ces négociations de crise ainsi
que les principes d'ethnicité et de clientélisme politique qui
concoururent à dépouiller l'APUKIN de ses compagnons. Ces
principes étant habilement manipulé par le pouvoir politique.
Dès lors, autant pour les bénéfices de
tout l'ESU, l'APUKIN faisait seule sa lutte. Il sied donc de relever que cette
pratique de mener une lutte en solo tient à la perception que se fait
d'elle-même l'APUKIN et à sa position dans le champ de
l'enseignement universitaire. Image de supériorité face aux
enseignants de l'E.S.U due au vertige socio - politique de l'UNIKIN mais aussi
principal formateur dans nombreuses Universités tant publiques que
privées. Ainsi, le 29 février, l'APUKIN et le gouvernement ont
amorcé une des plus longues négociations.
V.2. Quels capitaux
mobilisés dans la lutte ?
Le corps enseignant de l'UNIKIN a pu mobiliser
certaines ressources entre autres sa cohésion, l'opinion, une masse
estudiantine et les corps scientifique et administratif de l'UNIKIN, dans une
certaine mesure ; tout en étant opposé au comité de
gestion de l'UNIKIN, nommé par le pouvoir politique.
V. 2. 1. La cohésion du corps
enseignant
Sa cohésion, favorisée en large partie par le
contexte démocratique, des élections et institutions y
afférentes, où la garantie des fonctions et le carriérisme
politiques ne tiennent pas toujours, dans l'ensemble, à des
arrangements oligarques ou au clientélisme politique. Il s'y impose une
nécessité de maximiser sa sécurité
financière même pour ceux du corps enseignant évoluant au
sein du parlement et du gouvernement. Révolue est, donc, dans ce
pluralisme de formations politiques concurrentes au parlement et au
gouvernement, la tendance à une opposition, à un antagonisme
tranché entre corps enseignant au pouvoir et corps enseignant non
associé à la direction politique comme sous la deuxième
République.
Ainsi, son niveau d'exigence de l'engagement collectif, si
haut poussé, a renforcé la portée de sa lutte corporative.
Des voies de soutien autant au parlement qu'au gouvernement ont donné
à ce corps la dimension d'un « segment institutionnel
informel ». De par son capital culturel, ce corps se retrouve
disséminé dans les organes et institutions politiques, dans le
processus des décisions politiques et capable d'essaimer au-delà
de frontières substantielles des institutions.
V. 2. 2. L'opinion publique
L'opinion publique pris à la fois comme enjeu et
arbitre dans une lutte politico symbolique (107(*)) a été glané par un recours
intensif aux médias. La responsabilité d'une éventuelle
année blanche pesait sur le pouvoir politique. Le gouvernement est
perçu autant incompétent que injuste `'refusant un salaire
confortable au grand corps, ces dirigeants à qui l'imagerie populaire
consent ce droit » ; pendant que la vitesse de l'enrichissement
facile par voie de salaire hors échelle d'autres dirigeants soit au
parlement soit au gouvernement scandalisent les consciences populaires.
En outre, l'APUKIN suspend interminablement sa grève,
maintient une pression continue tout en esquivant, n'ayant pas levé la
grève, les longueurs de la procédure d'une reprise
éventuelle de grève ; Ces longueurs de la procédure
étant susceptible de ramollir la pression psycho-symbolique sur
l'opinion et ramener cette dimension de la lutte à zéro.
Bien plus, le corps enseignant est conduit à
éviter que cette dimension symbolique de la lutte se retourne contre
lui. Car après quelques concessions satisfaisantes du pouvoir politique,
il est conduit à saper les procédures de
délibérations régulières des jurys puis à
proclamer la rentrée de l'année académique nouvelle
(2008-2009) rien que pour les classes débutantes. La
nécessité en étant que les autorités politiques
menacées d'une mesure d'année blanche si l'année
académique nouvelle n'était reouverte avant fin janvier 2009.
Dans cette situation, la responsabilité incomberait au corps enseignant,
disposant selon l'imagerie populaire de l'effectivité du pouvoir de
gestion académique de l'UNIKIN.
V. 2. 3. la masse estudiantine
Une composante significative de ce capital social, est aussi
la masse estudiantine ; ce taureau aux glissantes cornes, dont la
capacité à semer la pagaille par sa violence est autant
profitable que redoutable pour le corps enseignant selon les enjeux sociaux
divers. Devant la division de hauts managers de la coordination estudiantine de
l'UNIKIN, l'APUKIN a recouru à divers leaders de ladite masse pour
l'intégrer à sa lutte.
Ces masses partageaient une communauté de
préjudices d'avec le corps enseignant du fait de la
nécessité de poursuivre l'année académique. La
formation universitaire constitue une ressource sociale non la moindre pour
l'étudiant et sa famille. Cette masse qui a intériorisé
son rôle contestateur au prix de la violence n'a pas hésité
de porter son soutien à l'APUKIN d'autant plus que aucune entrave dans
le champ politique ne pouvait compromettre le succès de son action
contestatrice.
La marche des étudiants n'a pas manqué de
conforter la position de l'APUKIN face au pouvoir politique dans le processus
de négociations qui déjà stagnait. Pour redoubler
intentionnellement le sens de cette intégration de la masse estudiantine
dans sa lutte, le président de l'APUKIN fut conduit à remercier
les étudiants de leur geste de solidarité. Exhibant ainsi le
profit politico symbolique offert par les étudiants.
V. 2. 4. Les corps scientifique et administratif de
l'UNIKIN
Pour finir ce point, disons un mot sur le poids des corps
scientifique et administratif. Le compagnonnât fut bon aussi longtemps
qu'il s'agissait de pousser le gouvernement à concéder à
l'ensemble de revendications. Cependant, lorsque cet adversaire a
concédé avec des aménagements respectifs pour chaque
corps, la cohésion a cédé parce que l'arbitre des
bénéfices de l'ensemble de l'enveloppe disponible n'était
plus que ce même pouvoir politique. Fort de sa position
privilégiée dans le champ universitaires et les institutions
politiques, le corps enseignant s'est taillé gros. Malgré
frustrations et ramollissement de ces deux autres corps, la lutte a bel et
bien évolué du fait de la position privilégiée du
corps enseignant dans le champ universitaire qu'est l'UNIKIN. Le professeur
DIUR KATOND n'hésita pas du haut de la tribune de l'assemblée
nationale, à laquelle il appartenait, de clamer que `'l'UNIKIN pouvait
fonctionner sans les cadres scientifiques''. Le corps scientifiques n'a
même pas pu faire pression sur l'APUKIN.
V.3. Les conséquences de la grève
Cette grève fut une stratégie de
reconquête d'un capital économique. Cependant, certaine de ses
conséquences échappent à la dimension matérielle
pour nous situer dans une dimension politico-symbolique non la moindre.
V.3.1. Dimension historique dans la politique salariale de
l'E.S.U.
Une première dans l'histoire, le volume de l'assiette
salariale du corps enseignant n'a jamais été reconquis comme
telle depuis 1990. Bien plus, la lutte a été remportée
dans un contexte structurel de réglementation. Il n'y s'agit pas d'une
concession ponctuelle, donc, sujette à l'arbitraire et à
l'improvisation du pouvoir politique. Le fameux `'document de garantie'' que le
gouvernement évitait de signer et de délivrer manifeste le danger
évité que représentait les satisfactions ponctuelles du
gouvernement. ROUBAN Luc ne note - t - il pas que si « les
négociations ne reposent pas sur un droit mais sur une pratique, alors
il y a absence de toute obligation pour le gouvernement ? »
(108(*))
Plus que éphémères, les concessions
ponctuelles du pouvoir politique affectaient indépendance morale du
corps enseignant. Très souvent, elles ont été
accordé, non au sens d'un droit légitime mais comme une faveur,
un signe d'attention le plus souvent de la Présidence de la
République et ce, dans un théâtre où le sens
paternel du Président de la République en était
renforcé dans le champ politico-symbolique de la société.
Il y s'agit de la manifestation de ce qu'on qualifierait de
« patrimonialisme républicain ». Déjà
Michalon T. déplorait, en R. D. Congo comme en Afrique, « le
fait d'occulter les institutions derrière la personne du chef et
à faire apparaître celui-ci comme légitime maître des
biens publics » (109(*)) ; une continuité d'une des dimension du
patrimonialisme traditionnel. Ainsi, l'autorité publique étant
perçue comme maître des biens et services publics (faveur
paternelle et non un droit socio-économique), il en résulte que
le contrôle populaire et son évaluation politique en sont
influencés.110(*)
Par le truchement du ministre de l'ESU, de celui du budget et
des finances, le gouvernement à concéder de façon
structurelle une augmentation sans pareil du volume de l'assiette salariale du
corps enseignant de l'ESU dans son ensemble. Cependant, notons que le
barème de rémunération portait sur les trois corps
académiques, scientifique et enseignant.
Tableau du barème de
rémunération du personnel académique applicable au mois de
juillet 2008 (en F.C
N°
|
Grade ou fonction
|
Base
|
Transport
|
Loge
ment
|
Prime diplôme
|
Prime fonction scientifique
|
Net à payer
|
1
|
Professeur ordinaire
|
33.544,00
|
0,00
|
0,00
|
5.507,00
|
572.940,50
|
612.000,50
|
2
|
Professeur
|
3.2905,00
|
0,00
|
0,00
|
|
506557,40
|
544409,40
|
3
|
Professeur associé
|
32665,00
|
0,00
|
|
4847,00
|
461987,40
|
499499,40
|
.SOURCE : APUKIN,
mémorandum d'information n° 05 / 08
V.3.2. Dimension politico-symbolique
Les conséquences politico symboliques de la
grève de janvier 2008 de L'APUKIN tournent autour de la dignité
et crédit du pouvoir politique, d'une part, et de la violence symbolique
à large spectre du pouvoir politique contre les luttes syndicales. Ce,
dans la mesure où les discours, les événements sont
porteurs des symboles, des représentations non négligeables dans
la lutte politique ?
Les dénouements de la grève n'ont pas
manqué d'éclabousser le pouvoir politique. Déjà
toute revendication au sein de l'ESU d'ordre salarial est perçue comme
une attaque au pouvoir politique, pouvoir organisateur et mauvais patron,
démontrant son incapacité à venir à bout des
besoins sociaux de ses employés.
Plus précisément, cependant la mise à nue
de l'existence des postes budgétaires vides, lesquels sont
alloués à l'enseignant de l'ESU mais détournés
à des fins privées. Les malversations et détours enfantins
du pouvoir politique dans la disparition prétendue et
médiatisée de 18 milliards des francs congolais ont
affecté le crédit du pouvoir politique. Le 18 avril 2008,
l'exigence d'un document de garantie fut posée par l'APUKIN et
radicalisée dans la suite. Malgré des promesses
médiatisées du pouvoir politique, la suspension de la
grève à traîner par manque de la délivrance du
fameux document et du manque de sérieux (crédibilité) du
gouvernement.
Quant à la violence symbolique du pouvoir politique,
entendons comme dit Rocher « le terme violent au sens le moins
violent que possible » (111(*)). Il a été manifeste que le discours
de la justification de la réduction drastique des crédits
alloués à l'éducation, en général, et au
corps enseignant de l'ESU, en particulier, ne révélait que d'une
simple construction d'esprit devrant endormir les conscience et rendre
agréable la mort lente et douleur de ce personnel. De même,
l'attente d'une nouvelle session budgétaire du parlement pour pouvoir
intégrer les revendications socio - professionnelles, prétextes
souvent évoqués avec succès par le gouvernement contre les
syndicats de l'administration y sont dénudés. Au fort même
de la lutte, des commissions mixtes, composées des
délégués de l'APUKIN, des représentants du
gouvernement et de l'assemblée nationale, l'autorité
budgétaire, ont permis l'obtention des crédits additionnels.
Il nous convient à ce point des conséquences
politico symboliques, de rappeler la remarque de Bourdieu que
l'efficacité de ces symboles politiques, de ces représentations
sur la réalité sociale est largement conditionnée par
l'existence des structures subjectives et objectives favorables
c'est-à-dire de l'habitus et des propriétés du champ
considéré.
Quelle efficacité aurait l'image peu crédible du
pouvoir politique dans une société où le sens de la parole
donnée est en déclin. Quelle efficacité dans une
société où le profit personnel maximal et immédiat,
dès l'accession à la direction politique, est consacré et
intériorisé, où les détournements des fonds publics
passent comme des simples accotés négligeables du chef.
La violence symbolique des justifications officielles,
sera-t-elle perçue significativement si les forces syndicales de
l'administration continuaient à trouver dans la lutte de l'Apukin, une
lutte qui leur est étrangère ; une lutte des professeurs,
des dirigeants politiques contre des dirigeants politiques. Et, donc, une lutte
aux résultats inaccessibles pour elles-mêmes. Autant des
considérations qui militent pour une socio analyse au sien des forces
syndicales dans l'administration publique, d'une prise de conscience sur des
dispositions qui limitent leurs espérance et engagement dans les
luttes.
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
MUKOKA N'SENDA relève que la conclusion n'est pas
seulement le moment de commémoration mais aussi de dépassement.
Cependant, un troisième moment de cette partie reposera sur les
suggestions utiles après l'étude des relations entre le
syndicalisme enseignant et le pouvoir politique. En ce dernier moment, le
lecteur souffrira que notre casquette de chercheur prête la place
à celle d'un expert, engagé et préoccupé pour la
solution et pas coûte que coûte la vérité.
(112(*))
La situation controversée du corps enseignant de l'ESU,
en général et de l'UNIKIN en particulier a été
à l'origine de cette étude, tant sa situation sociale liée
grandement à la politique salariale du pouvoir politique que son
crédit dans l'imaginaire populaire, tant ses relations ambiguës
avec le pouvoir politique que la responsabilité lui imputé dans
certaines littératures. L'emphase a été portée sur
l'APUKIN, une des formes les plus affinées d'expression du corps
enseignant de l'UNIKIN
Posant préalablement que le corps enseignant n'est pas
un corps neutre, veilleur ou arbitre désintéressé de sa
société en raison de sa situation privilégié dans
le rapport de production culturelle et donc politique. Il est
« jeté » dans une lutte essentiellement politico
symbolique de construction et de déconstruction de vision et conception
de la société. Cette lutte est manifeste dans les discours,
réglementation, législation, pratique, rôle et
événement. Il en résulte qu'il est aux prises avec le
pouvoir politique et autant attiré par des profits spécifiques du
champ politique que des ressources qui les conditionnent.
Quelles sont donc les conditions sociales de recrudescence et
d'acuité de cette lutte depuis 1990. Quels en sont les enjeux et
stratégies. Tel est le questionnement qui a conduit à
vérifier et à confirmer que la recrudescence de cette lutte
résulte de la convergence entre la libéralisation de la vie
politique et l'impératif par le corps enseignant de reconquérir
une distinction social nécessaire à sa position et sa conception
d'acteur ou mieux d'agent historique producteurs de représentation
légitimes de la société. Néanmoins, un léger
écart entre notre hypothèse et notre étude s'observe. Il
s`agit du poids d'une structure subjective non sans importance dans le
comportement politique du corps enseignant de l'UNIKIN ; il a
intériorisé une conception d'un grand corps de l'Etat et d'une
des catégories des dirigeants politiques ne pouvant être
sevrée de sa grande part dans la redistribution des richesses
nationales.
Les conditions de lutte lui ont été davantage
favorables en temps de déconcentration des ressources politiques. Dans
une société où la valorisation sociale procède plus
des critères matériels, la distinction sociale et
l'exemplarité du corps enseignant de l'UNIKIN passe par la
reconquête d'un haut capital économique en terme de salaire,
avantages matériels et le blanchiment de son image dans la perception
populaire. Le corps a en outre combiné, pour plus d'efficacité,
plusieurs ressources contre le pouvoir politique. Ce dernier, conduit par un
habitus dépassé de méfiance s'attelle à
réduire l'accès du corps enseignant au volume global des
ressources du champ politique.
Le titre de professeur d'université comme son expertise
`'transversale'' constitue une ressource culturelle ; le salaire et
avantage matériel, une ressource économique ; la
mobilisation des masses estudiantines et divers corps sociaux de l'ESU ou
UNIKIN, une ressource sociale autant que les organisations internationales et
entreprises de la place ; l'autonomie universitaire et la liberté
scientifique, une ressource académique ; la ressource symbolique
étant son exemplarité (prestige et dignité) et le titre
honorifique de docteur honoris causa. Mais, les stratégies furent autant
nombreuses : stratégies de revalorisation, de diffamation,
d'alliance, de substitution, de subversion ...
Quant aux préoccupations d'ordre théorique et
méthodologique. L'explication des phénomènes a
été sous-tendue par la théorie des champs et
encadrée par le constructivisme structuraliste de pierre bourdieu.
Cependant, dans l'analogie du marché, Bourdieu entrevoit la
participation des citoyens sous les contraintes similaires au choix des
consommateurs sans beaucoup abonder sur le comment de la mobilisation des
individus ou groupes pour des problèmes sans intérêts
directs. BEEKER H. ne décrivait-il pas que nous observons souvent dans
les limites de nos théories ? (113(*)) Ainsi, des éléments d'explication ont
été emprunté à la théorie pragmatique de
l'action collective de John dewey. Cependant, refondus, travaillés et
encadrés par le dispositif constructiviste structuraliste, ces
éléments ont permis la construction d'une
« responsabilité sociale par défaut » en
démarcation à un simple problème historique et social,
piège de la sociologie spontanée.
En outre, il a été observé des formes de
contre influence d'un `'grand corps'' spécifique au sein de la fonction
publique et de l'Administration de l'Education qui opère par des
ressources ou capitaux précités dans une lutte où le
pouvoir politique et l'administration peuvent s'infiltrer. Car, en
privilégiant les individus et non les organes, l'on s'aperçoit
que les membres dudit corps peuvent constituer, à la faveur de leur
cohésion un segment institutionnel informel. Ce que la frontière
étanche et organique héritée du droit public entre pouvoir
politique et administration y est remise en cause. Le pouvoir politique
infiltre le corps enseignant qui en fait autant.
Enfin, relevons que la violence symbolique du pouvoir
politique sévit encore contre plusieurs forces syndicales de
l'administration. La grève de janvier 2008 en a déshabillé
les subtilités contenues dans les discours et prétextes du
pouvoir politique, démontrant que l'alternative était possible
aux justifications qui, déjà, allaient de soi et étaient
reconnues comme nécessaire au bon fonctionnement de la
société. Mais ces prétextes ne servaient qu'à
conduire les forces syndicales à coopérer à leur propre
marginalisation, voire aliénation.
Néanmoins, un dépassement de ce travail
s'impose. L'humilité nous astreint à reconnaître que cette
étude ne couvre pas toutes les dimensions de la complexe situation
politique du corps enseignant : la lutte singulière a
été, par exemple, ombragée par la lutte corporative ou
encore des nombreuses actions dudit corps n'ont pu faire l'objet d'étude
des cas spécifique, l'étude comparative de l'évolution du
champ politique congolais et de ses retombés sur les stratégies
des luttes du corps enseignant n'a pas été
couverte .Espérons que une étude ultérieure pourrait,
dans la mesure du possible, combler la mesure qu'ont limité le temps
imparti aux travaux académiques et l'étroitesse des informations
à notre possession.
Venons en au troisième moment et suggestion en trois
points. Le premier est, pour l'APUKIN, la nécessité de renforcer
le contrôle sur son président puisque cette position accroît
son accessibilité aux récompenses individuelles et
compétitives du pouvoir politique : direction politique ou
enrichissement. Un mécanisme possible d'écourter un mandat,
même au fort d'une crise, peut servir à encadrer les
appétits égoïstes susceptibles de compromettre en certain
moment la lutte corporative.
Deuxièmement, il s'observe que la reconquête de
la dignité du corps enseignant et, donc, de son exemplarité passe
aujourd'hui plus par la revitalisation du rayonnement de l'université de
kinshasa. Les luttes pour une société démocratique,
associée à la profusion des élites intellectuelles et la
dévolution du pouvoir par les armes, ont amoindri le poids de sa
coresponsabilité dans l'échec du leadership politique congolais
aux yeux de la population.
De plus, la perpétuation des pratiques irrationnelles
ou amorales, à l'origine, favorisées par le pouvoir politique,
atteste que les principales catégories de l'UNIKIN (corps enseignant
surtout et étudiant) ont intériorisé des dispositions qui
font d'elles des agents reproducteurs d'un système d'autodestruction. Si
déjà l'imaginaire populaire voit dans le professeur le
détenteur de l'effectivité du pouvoir au sein de l'UNIKIN, il est
plus que temps au corps enseignant de s'engager dans la rénovation
possible de l'UNIKIN. Ce n'est pas sans nécessité que la table
ronde de 1991 plaider pour l'auto - critique de l'université et des ses
propres pratiques académiques, scientifiques et administratives.
La dernière de suggestions se réfère au
poids, dans le champ politique de représentation et conceptions
produites par l'APUKIN face à celle du pouvoir politique et des milieux
internationaux. Il nous faut reconnaître qu'elles n'influeront
significativement dans le cours de l'histoire nationale que si elles sont
disséminées dans le langage et classifications populaires ou ses
diverses autres figures exemplatives, symboles vivant de pensée,
d'être et d'agir comme dirait ROCHER G. Il se pose donc la question de
l'adéquation d'alliance ou des canaux de vulgarisation de l'APUKIN pour
une réactualisation des alliances avec la société
globale.
Fort est de constater que dans notre pays, le débat
académique n'est pas encore devenu comme dans certaines
sociétés occidentales (114(*)) un débat populaire ni une culture de masse.
L'insignifiance du nombre et la fréquentation des clubs scientifiques,
l'étroitesse du marché du livre et revue scientifique, la
précarité de la vente des journaux sont quelques indicateurs
indéniables. Cette particularité commande la quête d'autres
voies de sensibilisation et d'influence plus efficace dans notre
société.
La médiatisation des déclarations politiques ou
autres activités de production d'idées (colloques,
conférence...) est à encourager mais il faudrait plus loin
pousser l'effort et dépasser la factice opposition entre connaissance
savante et connaissance populaire (115(*)) et leurs différents producteurs ou
transmetteurs. Il faudrait s'allier ou prêter sa voix à ceux qui
influencent autant efficacement cette population et peut être même
le plus : les artistes musiciens et comédiens d'une part et le
clergé congolais d'autre part.
Des artistes musiciens, TSAMBU BULU relève combien ils
ont contribué à la construction de l'identité nationale
(pour après envenimer les clivages ethniques), à la
création langagière, du système de représentation
symbolique de soi ou du monde et à l'affirmation de notre
identité dans le concert de nations (116(*)).
Quant aux clergés, Max WEBER ne relevait-il pas
l'influence du clergé protestant dans le sort du capitalisme ?
Paramètre ou déterminant social, prépondérant ou
simple facteur selon les auteurs critiques, il en reste que cette influence est
unanimement admise. SHOMBA KINYAMBA (117(*)) n'hésite pas à attribuer à une
partie des clergés congolais, la responsabilité sociale de
l'obscurantisme et de l'absence du sens critique ou rationnel. Sans partager
entièrement cette assertion (118(*)), il s'agit bien d'une classe sociale à
même d'agir dans le champ symbolique national.
Plutôt que porteur de l'obscurantisme, certaines
églises de réveil sont, autant que d'autres instances sociales
congolaises (familles, école, églises traditionnelles...)
victimes et auto - reproducteur d'un habitus au fondement de l'obscurantisme
hérité de la tradition africaine où la connaissance est
l'apanage du vieillard et du sorcier ; renforcé par le colon qui
trouvé dans le noir l'imbécile à tout apprendre
(même l'aisance dans sa toilette). Nous conviendrons que l'obscurantisme
ne s'observe pas que parmi les adeptes de cesdites églises. Le
clergé ne serait-il pas mieux outillé que le scientifique dans la
formation des attitudes ? Le scientifique ne serait-il pas mieux
outillé pour la dotation des aptitudes ? Le sociologue ne serait
pas mieux outillé pour la correction des habitus ?
Des modalités d'alliance (participation à des
activités académiques de diagnostiques et propositions sociales
ou politiques...) et des liaisons d'objectifs possibles (attitudes populaires
communes sinon conciliées), en toute indépendance, quant aux
moyens, sont nécessaires. Le Congo culturel des années 2000 n'est
celui de 1970, la saturation des producteurs des produits politiques, les
erreurs inévitables du parcours du corps enseignant et bien d'autres
considérations interpellent à l'alliance. N'est ce pas qu'on
remonte pas l'histoire !
BIBLIOGRAPHIE
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11) DE VILLERS Gauthier, OMASSAMBO TSHONDA, Zaïre, la
transition manquée, 1990-1997, CEDAF et Harmattan, 1997
12) FREITAG Michel, le naufrage de l'université et
autres essais d'épistémologie politique, Paris, la
découverte, 1995
13) GASSANA MUHIRWA, le syndicalisme et ses incidences
socio politiques en Afrique, cas de L'U.N.T.Z.A, Kinshasa, PUZ, 1982
14) HOWARD Jean, JACQUEMAIN Marc (Eds) (sous la dir.),
capital social et dynamique régionale, Bruxelles, De Boeck,
2006
15) KABANGE NTABALA C. droit administratif, tome II, statut
de la fonction publique en R.D. Congo. Genèse, évolution,
problèmes et solutions proposées. Kinshasa. Ed.
Université de Kinshasa, 2000
16) MULUMBA KABWAYI WA BONDO, la responsabilité des
intellectuels dans la crise en République Démocratique du
Congo, Kinshasa, Ed. le potentiel
17) NDAYWEL E NZIEM I., histoire générale du
Congo : de l'héritage ancien à la république
démocratique, paris, Ed. Duculot, 1998
18) PINTO R. et GRAWITZ M., méthodes de recherche en
sciences sociales, Paris, Dalloz, 1971
19) ROCHER Guy, introduction à la sociologie.
L'organisation sociale. Ed. HMH, 1968
20) ROUBAN Luc, la fonction publique, Paris. Ed. la
découverte, coll. Repères, 2004
21) SHOMBA K. et TSHUNDOLELA, Méthodologie de
recherche en sciences sociales. Etapes, contraintes et perceptives,
Kinshasa, MES, 2003
22) VERHAEGEN Benoît, l'enseignement universitaire au
Zaïre. De Lovanium à L'UNAZA (1958-1978)
23) WEBER Max, le savant et le politique, Ed 10/18,
Département de poche, 1963
II. ARTICLES
1. DE SAINT MOULIN Léon, « élite et
action historique en R.D. Congo : qui peut changer la
société ? » in élites et
démocratie en République Démocratique du Congo, (sous
la dir.) SABAKINU KIVILU, Kinshasa, PUK, 2000
2. MABI MULUMBA, « bilan économique de la
transition », in la transition en République
Démocratique du Congo : bilan, enjeux et perspectives, (sous la
dir.) MWAYILA MABELA TSHIYEMBE, paris, harmattan, 2005
3. MBATA BETUKUMESU A., « libertés
académiques et responsabilité des universités en
République Démocratique du Congo », in
université et libertés académiques en République
Démocratique du Congo, (sous la dir.) MBATA BETUKUMESU A,
Kinshasa, 2005
4. MICHALON Thierry, « l'Afrique au défi de
l'Etat », in le monde diplomatique, décembre 2003
5. MWABILA MALELA, « quelle élite pour la
République Démocratique du Congo » ? in
élites et démocratie en République Démocratique
du Congo, (sous la dir.) SABAKINU KIVILU, Kinshasa, PUK, 2000
6. MWAYILA TSHIYEMBE, « au-delà de la
transition quel Etat et quelle gouvernance ? » in la
transition en République Démocratique du Congo : bilan,
enjeux et perspectives, (sous la dir.) MWAYILA MABELA TSHIYEMBE, paris,
harmattan, 2005
7. SABAKINU KIVILU, « processus d'émergence
d'une nouvelle conscience politique et sociale au sein du corps professoral
de l'université de Kinshasa » in élites et
démocratie en République Démocratique du Congo, (sous
la dir.) SABAKINU KIVILU, Kinshasa, PUK, 2000
8. SHOMBA KINYAMBA, « au-delà de la
transition, quel défi culturel pour la République
Démocratique du Congo », in la transition en
République Démocratique du Congo : bilan, enjeux et
perspectives, (sous la dir.) MWAYILA MABELA TSHIYEMBE, paris, harmattan,
2005
III. TRAVAUX ACADEMIQUES
1. NGOMPER ILUNGA, syndicats et actions politiques dans
l'Administration publique congolaise. Essai de sociologie des groupes de
pression, mémoire de D.E.S/F.S.S.A.P./UNIKIN, (2003-2004)
2. TSAMBU BULU, l'enjeu du leadership sur l'espace de la
musique populaire de Kinshasa (1990-2005), mémoire de D.E.S/
F.S.S.A.P./UNIKIN (2006-2007)
IV. NOTES DES COURS
1. ABEMBA BULAIMU J., séminaire de sciences
politiques, L1 SPA/FSSAP/UNIKIN (2006-2007), cours
inédit.
2. MUBAKE MUNENE, histoire économique,
G3, ECONOMIE/FSEG/UNIKIN (2003-2004), cours inédit
3. MUKOKA N'SENDA, Théorie des organisations, G3
SPA/FSSAP/UNIKIN, (2005-2006), cours inédit
4. MUKOKA N'SENDA, Méthodes et
épistémologie en sciences administratives, L1
SPA/FSSAP/UNIKIN (2006-2007)
5. SAMBA KAPUTO, Introduction à la science
politique, G1 SPA/FSSAP/UNIKIN (2003-2004), cours inédit
V. AUTRES SOURCES
1. APUKIN, Feuille de liaison n° 002/Mars 2000
2. APUKIN, Statuts de l'association de professeurs de
l'université de Kinshasa,
3. APUKIN, Mémorandum d'informations, N° 05/08
4. LUNTUTALA MUMPASI, Allocution du recteur de
l'Université de Kinshasa lors de la cérémonie de
décernement du titre honorifique Honorius causa au professeur ELIKIA
MBOKOLO
VI. INTERNET
1. LE BREF Christian, Introduction à la science
administrative, consulté sur
www.web.upmf-grénoble.fr,
le 22 mai 1996
2. LE BREF Christian, le corps de contrôle,
consulté sur
www.web.upmf-grénoble.fr,
le 22 Mai 1996
3. DE VALLIERE Dimitri, la théorie pragmatique de
l'action collective de John Dewey. Le public et ses problèmes.
consulté sur
www.revue-interrogations.fr,
le 07 Février 2008
4. ROCHER Guy, la gouvernance des différents types
de réformes, Montréal, Ed. centre de recherche en droit
publique, 2005, consulté sur
www.depot.erudit.org/002577dd
5. CORCUFF Philippe, les nouvelles sociologies. Le
constructivisme structuraliste. éd. Nathan université.
consulté sur www. Sociol-chez.com, le 05 Juin 2007
6. DESANTI Raphaël, (sous la dir.), lexique
bourdisien, fév. 2002 consulté sur
www.homme-moderne.com, le 25
Avril 2008
7. VAILLANCOURT Jean-guy, mouvement ouvrier et nouveaux
mouvements sociaux : l'approche d'Alain TOURRAINE, 1991.
consulté le 05 septembre 2008 sur
www.uqac.ca le 10 Mai 2007.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE
i
DEDICACE
ii
AVANT-PROPOS
iii
ABREVIATIONS
iv
INTRODUCTION GENERALE
1
1. Etat de la question
1
2. Problématique
2
3. Hypothèses de travail
3
4. Méthodologie
4
4. 1. La méthode
4
4.1. Les techniques
5
5. Choix et intérêt du sujet
6
5.1. Choix du Sujet
6
5.2. Intérêt du Sujet
6
6. Délimitation du sujet
7
6. 1. Délimitation dans l'espace
7
6. 2. Délimitation dans le temps
7
7. Subdivision du travail
8
8. Difficultés rencontrées
8
CHAPITRE I CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
9
I. 1. Cadre conceptuel
9
I. 1. 1. Action syndicale/ Action politique
9
I.1. 2. Le capital
10
I.1. 3. La distinction
11
I.1.4. Le pouvoir politique
12
I.1.5. Le syndicat/ syndicalisme
12
I.2. Cadre théorique
13
I.2.1. Les champs sociaux
13
I.2.2. L'habitus
14
I.2.3. Le champ politique
14
CHAPITRE II : CONTEXTE SOCIAL DE LA LUTTE
17
II.1. Héritage symbolique du corps
enseignant de l'UNIKIN
17
II.2. La démocratisation des années
1990
18
II.3. L'APUKIN : naissance et esprit de sa
mission.
19
CHAPITRE III LES ENJEUX DE LA LUTTE
22
III.1. Lutte singulière ou lutte
corporative
22
III.2. Quels enjeux culturel, économique,
social et académique ?
23
III.2.1. Le capital culturelle
23
III.2.2. Le capital économique
24
III.2.3 le capital social
25
III.2.4. Le capital académique
26
III.3. Quels enjeux politico - symboliques
27
III.3.1. L'exemplarité
27
III. 3. 2. valeur de l'expertise du corps
enseignant
28
III.3.3. Titre honorifique de docteur Honorius
causa
29
CHAPITRE IV. LES ACTIONS DU CORPS ENSEIGNANT DE
L'UNIKIN
30
IV.1. Actions axées sur les
représentations légitime de la société
30
IV.2. Les actions axées sur des ressources
du champ politique.
31
IV.2.1. Accès au capital
économique
31
IV.2.2 Accès au capital social
33
IV.2.3. Accès au capital culturel
34
IV.2.4. Accès au capital
académique
35
CHAPITRE V. ETUDE DE CAS : LA GREVE DE JANVIER
2008 DE L'APUKIN
36
V.1. Genèse de la grève.
36
V.2. Quels capitaux mobilises dans la
lutte ?
37
V.3. Les conséquences de la grève
39
V.3.1. Dimension historique de la politique
salariale de l'E.S.U.
39
V.3.2. Dimension politico symbolique
40
CONCLUSION ET SUGGESTIONS
42
BIBLIOGRAPHIE
46
Table des matières
49
* 1 PAUL (I° S après
J.-C), auteur des plusieurs épîtres de la Bible des
chrétiens
* 2 F. MULUMBA KABAYI WA
BONDO, La responsabilité des intellectuels dans la crise en R.D.
Congo, Kinshasa, éd. le potentiel, Kinshasa et CERDAC et SOHIZA,
synthèse des actes du colloque sur le rôle des élites
congolaises du 14 au 17 Mai 1979 à Lubumbashi.
* 3 SABAKINU KIVILU,
« processus d'émergence d'une nouvelle conscience politique et
sociale au sein du corps professoral de l'Université de
Kinshasa », in élites et démocratie en R.D.
Congo, (sous la dir.) de SABAKINU KIVILU, Kinshasa, P.U.K., 2000
4 ABEMBA BULAIMU, séminaire des sciences
politiques, L1, S.P.A., FSSAP/UNIKI, 2006-2007, (inédit)
p.11
* 4 CORCUFF Philippe, les
nouvelles sociologies. Le constructivisme structuraliste, Ed. Nathan
université, consulté sur
www.sociol-chez.com le 05
janvier 2008
* 5 Lire BUSUNGUTSULA GANDAYI
GABUDISA, politiques éducatives au Congo - zaïre. De
Léopold II à Mobutu, Paris, Harmattan, 1997, p. 221
* 6 DE SAINT MOULIN Léon,
« élite et action historique en République
Démocratique du Congo » : qui peut changer la
société ?in élites et démocratie en
république démocratique du Congo, SABAKINU KIVILU (sous la
dir.), Kinshasa, PUK, 2000
* 7 DESANTI Raphaël (sous
la dir.), lexique bourdisien, février 2002 ; consulté
sur www.homme-moderne.com le 13 décembre 2007.
* 8 Lire ABEMBA BULAIMU, op.
cit. , p. 32
* 9 SABAKINU KIVILU, op. cit. ,
p. 112
* 10 SHOMBA KINYAMBA ET
TSHUNDOLELA, méthodologie de la recherche en sciences sociales.
Enjeux, contraintes et perspectives. Kinshasa, M.E.S, 2003, p. 41
* 11 BONNEWITZ PATRICE,
premières leçons sur la sociologie de Pierre Bourdieu,
paris, P.U.F, 2è éditon, 1998, p.27
* 12 BONNEWITZ Patrice,
op. , cit. , p. 22
* 13 CORCUFF Philippe, op.
cit.
* 14 TSAMBU BULU, l'enjeu de
leadership sur l'espace de la musique populaire à Kinshasa
(1990-2005), Kinshasa, mémoire de D.E.S/ F.S.S.A.P. / UNIKIN,
2006-2007, p. 20
* 15 ibidem
* 16 CORCUFF Philippe, op.
cit.
* 17 TSAMBU BULU, op. cit. ,
p.21
* 18 Idem
* 19 PINTO R. et GRAWITZ M.,
méthodes de recherche en sciences sociales, paris, Dalloz, 1971,
p. 318
* 20 BONNEWITZ Patrice, op.
cit. , p. 27
* 21 Alternative plus
pertinente et non réfutation parce que, tel qu'il est d'ailleurs admis,
rien n'est faux dans une démarche intellectuelle.
* 22 CORCUF Philippe, op.
cit.
* 23 Bourdieu cité par
DESANTI Raphaël, op. cit.
* 24 MBATA BETUKUMESU,
« libertés académiques et responsabilité des
universités en Républiques Démocratiques du
Congo », in universités et libertés
académiques en république démocratique du Congo, (sous
la dir.) MBATA BETUKUMESU, Kinshasa, 2005, p. 2
* 25 TSAMBU BULU, op.
cit. , p . 20
* 26 HOWARD Jean et JACQUEMAIN
Marc (Eds) (sou la dir.), capital social et dynamique régional,
Bruxelles, de Boeck, 2006, p. 6
* 27 NGOMPER ILUNGA,
syndicat et actions politiques dans L'administration publique
congolaise. Essai de sociologie des groupes de pression, mémoire de
DES, F.S.S.A.P. , UNIKIN, 2003-2004, (inédit)
* 28 ABEMBA BULAIMU et NTUMBA
LUKUNGA, mouvements étudiants et évolutions politiques en
république démocratique du Congo, tome 1 : 1971-1991, p.
6
* 29 SAMBA KAPUTO,
introduction à la science politique, G1 S.P.A., F.S.S.A.P.,
UNIKIN, 2003-2004, (inédit)
* 30 BOURDIEU cité par
BONNEWITZ Patrice, op. , cit. , p. 22
* 31 DELWIT Pascal,
Introduction à la science politique, Bruxelles, PUB, cours -
librairie, 2003, p.16
* 32 WEBER Max, le savant et
le politique, Editions 10/18, département d'univers poche, 1963, p.
124
* 33 Ce paragraphe est un
résumé tiré de TSAMBU BULU, op. cit. p. 36
* 34 HOWARD Jean et JACQUEMAIN
Marc (Eds) (sou la dir.) ,op. , cit. pp. 7-8
* 35 ABEMBA BULAIMU, op. cit.
p. 8
* 36 BOURDIEU cité par
DESANTI Raphaël, op. , cit.
* 37 CORCUF Philippe, op. cit.
* 38 BONNEWITZ Patrice, op.
,cit. , pp .21 & 38 et SAMBA KAPUTO, op. , cit. , (Inédit)
* 39 BENSILVE André,
dictionnaire de philosophie, paris, Larousse, 1989, p. 153
* 40 BOURDIEU Pierre,
l'illusion démocratique, consulté sur sociol-chez.com, le
24 avril 2006
* 41 NGOMPER ILUNGA, op. , cit.
* 42 GASSANA MUHIRWA G., le
syndicalisme et ses incidences sociopolitiques en Afrique, cas de
l'U.N.T.Z.A., Kinshasa, PUZ, 1982, p. 22
* 43 VAILLANCOURT Jean-guy,
mouvement ouvrier et nouveaux mouvements sociaux : l'approche d'Alain
TOURAINE, 1991. Consulté sur www.uqac.ca, le 10 mai 2007
* 44 CORCUFF Philippe, op. ,
cit.
* 45 TSAMBU BULU, op. cit. p.
56
* 46 CORCUFF Philippe, op. ,
cit
* 47 TSAMBU BULU, op. cit. p.
56
* 48 CORCUFF Philippe, op. ,
cit
* 49 TSAMBU BULU, idem
* 50 CORCUFF Philippe, op. ,
cit
* 51 ROCHER Guy,
introduction à la sociologie. L'organisation sociale. Ed. HMH,
1968, p. 258
* 52 CORCUFF Philippe, op. ,
cit
* 53 Idem
* 54 BONNEWITZ Patrice, op.
,cit. , pp .21 & 38 et SAMBA KAPUTO, op. , cit. , (Inédit)
* 55 BONNEWITZ Patrice, op. ,
cit. , p. 24
* 56 TSAMBU BULU, Op. Cit.
p74
* 57 DELWIT Pascal, op. cit,
p.16
* 58 MABI
MULUMBA, « Bilan économique de la transition »,
in la transition en République Démocratique du
Congo : « bilan, enjeux et perspectives » (sous la
dir.) MWAYILA TSHIYEMBE, Paris, Harmattan, 2005, p.53
* 59 ILUNGA KABONGO cité
par MWABILA MALELA, « Quelle élite pour la République
Démocratique du Congo », in élites et
démocratie. Op. Cit. p.194 et 196
* 60 De VILLERS Gautier et
OMASSOMBO TSHONDA, Zaïre, la transition manqué, 1990-1997,
CEDAF et Harmattan, 1997, p. 17
* 61 DE SAINT MOULIN
Léon, op. cit ; p.12
* 62 MWABILA MALELA, op. cit. ,
p. 196
* 63 Lire ABEMBA BULAIMU ET
NTUMBA LUKUNGA, op. cit.
* 64 ABEMBA BULAIMU, op. cit. ,
p. 32
* 65 FREITAG Michel, le
naufrage de l'université et autres essais d'épistémologie
politique, paris, Ed. sLa découverte, 1995, p. 30
* 66 VERAHEGEN Benoît,
l'enseignement universitaire au zaïre. de Lovanium a l'U.NA.ZA. ,
(1958-1978), p. 32
* 67 Idem, p. 126
* 68 NDAYWEL E NZIEM I,
histoire générale du Congo, de l'héritage ancien
à la république démocratique, paris, Ed. Duculot,
1998, p. 724
* 69 APUKIN, statuts des
professeurs de l'université de Kinshasa, 15 juillet 1991
* 70 SABAKINU KIVILU, op. cit.
, p. 116
* 71 Bourdieu cité par
DESANTI Raphaël (sous la dir.), op. cit.
* 72 SABAKINU KIVILU, op. cit.
, p. 114
* 73 Idem , p. 177
* 74 CORCUFF Philippe, op.
cit.
* 75 ABEMBA BULAIMU et NTUMBA
LUKUNGA, op. cit , p. 131
* 76 WEBER Max, op. cit. , p.
124
* 77 KESSLER cité par LE
BREF Christian, introduction à la science administrative,
consulté sur
www.web.upmf-grenoble;fr,
le 22 mai 1996
* 78 Statuts en annexe in
KABANGE NTABALA, droit administratif. Tome II les statuts de la fonction
publique en république démocratique du congo. Genèse,
évolution e, problèmes et solutions proposées,
Kinshasa, Ed. Université de Kinshasa, 2000
* 79 BLANCHET Alain et TROGNON
Alain, la Psychologie des groupes, Paris, Armand Colin, 2005, P. 86
* 80 ROCHER Guy cité par
MWAYILA MALELA, op. cit. , p. 195
* 81 MUKOKA N'SENDA,
théorie des organisations, G3 S.P.A./F.S.S.A.P./UNIKIN,
(2005-2006), (inédit)
* 82 MWABILA MALELA, op.
cit. . , p. 192
* 83 TSAMBU BULU, op. cit. ,
p. 43
* 84 Rapport
générale de la table ronde des professeurs d l'université
de Kinshasa du 22 au 27 avril 1991, p.4
* 85 DE MONTBRIAL Thierry et
KLEIN Jean, dictionnaire de stratégie, paris, PUF, 2000
* 86 Cité par Le Bref
Christian, les corps de contrôle, consulté sur
www.web.umpf-grenoble.fr,
le 22 mai 1996
* 87 ROCHER Guy, la
gouvernance des différents types des réformes,
Montréal, éd. Centre de recherche en droit publique, 2005,
consulté sur
www.depot.erudit.org/002577dd
* 88 Certains
spécialistes entendent par libertés académiques
« des libertés strictement nécessaires à
l'activité académique » se rapportant aux divers corps
et personnels impliqués dans la vie et le fonctionnement de
l'université
* 89 BOUDON Raymond,
introduction à l'ouvrage dictionnaire critique de sociologie,
BOUDON Raymond et BAURICAUD François, paris, PUF, 2006
* 90 FREITAG Michel, op. cit. ,
p.31
* 91 BOURDIEU, cité par
NSANGU TABU, Op. Cit.P43
* 92 ROCHER Guy, Cité
par MWABILA MALELA, Op.Cit, p. 190.
* 93 SABAKINU KIVILU, op. cit.
, p. 115
* 94 DESANTI Raphaël (sous
la dir.), op. cit.
* 95 SABAKINU KIVILU op. cit. ,
pp. 117 & 122
* 96 Rapport
général de la table ronde des professeurs de l'université
de Kinshasa du 22 au 27 avril 1991 p.5
* 97 MABI MULUMBA, op.
cit . , p. 68
* 98 MWAYILA TSHIYEMBE,
« au delà de la transition ; quel Etat et quelle
gouvernance », in la transition en République
Démocratique du Congo : bilan, enjeux et perspectives (sous la
dir.) MWAYILA TSHIYEMBE, paris, harmattan, 2005 p. 126
* 99 NGOMPER ILUNGA, op.
cit.
* 100 DE VALLIERE Dimitri,
la théorie pragmatique de l'action collective DEWEY John. Le public
et ses problèmes. Consulté sur www.revue -
interrogations.org, le 07 janvier 2008
* 101 MUKOKA N'SENDA,
théorie des. Op. cit. , (Inédit)
* 102 Rapport de la table
ronde des professeurs. , op . cit ., p. 8
* 103 MUBAKE MUMEME,
histoire économique, G3 ECONOMIE/F.S.E.G./UNIKIN, 2005-2006,
p.118
* 104 LUTUNTALA MUMPASI,
allocution du recteur de Kinshasa lors de la cérémonie de
décernement du titre de Docteur Honorius Causa au professeur
ELIKIA MBOKOLO.
* 105 Certains
spécialistes entendent par libertés académiques les
libertés strictement nécessaires à l'activité
académique, comprenant tous les corps et personnes associées
à l'activité scientifique.
* 106 Cité par SABAKINU
KIVILU, op. cit.
* 107 DE MONTBRIAL Thierry et
KLEIN Jean, op. cit
* 108 ROUBAN Luc, la
fonction publique, Paris, la Découverte, 2004, p. 28
* 109 MICHALON Thierry,
l'Afrique au défi de l'Etat, in le monde diplomatique, n°16,
décembre 2003, p. 16
* 110 Ce type patrimonialisme
s'observe même dans la relation entre électeurs et élus.
Nombreux des parlementaires doivent en grande partie leur siège et
l'évaluation populaire de leur mandant à des prestations sociales
avant ou durant la campagne électorale.
* 111 ROCHER Guy, la
gouvernance. Op. cit ;
* 112 MUKOKA N`SENDA,
méthode et épistémologie en science administrative, L1
S.P.A./F.S.S.A.P./UNIKN, 2006-2007 (inédit)
* 113 BECKER Howard,
comment mener sa recherche en sciences sociales. Les ficelles du
métier, Ed. La découverte, 1998, p. 8
* 114 CHEBEL D'APPOLONIA
Ariane, Histoire politique des intellectuels en France, 1944-1954, tome
II, Bruxelles, Ed. complexe
* 115 MUKOKA N`SENDA, op.
cit.
* 116 TSAMBU BULU Op. Cit. ,
pp. 227-228
* 117 SHOMBA KINYAMBA, op.
cit. , p. 175
* 118 Du reste, le concept
« églises de réveil » embrasse tellement au
point de ne plus étreindre ; concept vaguement défini par
des éléments extérieures des groupes religieux ou par une
fourchette de temps d'apparution au mépris de l'ensemble des normes,
sens véhiculés, d'une part, et de leur dynamisme interne dans un
groupe donné, d'autre part. En illustration, observons que le
développement du mouvement charismatique au sein de l'eglise catholique
défie significativement l'opposition entre église de
réveil et eglise traditionnelle.
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