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Impact du pyrène en microcosmes aquatiques

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par Nicolas Cauzzi
Université de Metz - DEA 2002
  

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2-2-2-2- Facteurs biotiques

La pénétration des HAPs dans les organismes aquatiques implique que ces composés puissent traverser diverses membranes biologiques, ce qui exclut la présence de complexes avec la matière organique en suspension ou dissoute. La faible réactivité des HAPs à des variations physicochimiques du milieu environnant place les habitudes écologiques et les caractéristiques biologiques des organismes aquatiques au premier rang des facteurs influant sur la bioaccumulation de ces composés. Le mode d'activité trophique des organismes influence de manière prépondérante le niveau de bioaccumulation des HAPs et le transfert de ces composés au sein des chaînes trophiques. Pour les organismes benthiques dont l'activité trophique inclut l'ingestion de particules sédimentaires, l'absorption et le trajet de la matière organique issue des sédiments le long du tractus alimentaire représentent la principale voie de bioaccumulation de composés hydrophobes (Landrum et Scavia, 1983 ). La dose accumulée observée dans ce cas est directement corrélée avec le niveau de contamination du sédiment. Les autres voies sont alors additives (Jarvinen et Tyo, 1978). La quantité de nourriture carbonée disponible au sein du sédiment influence à la fois la biodisponibilité et la bioaccumulation des HAPs. Lake (1990) a montré que le volume de particules sédimentaires ingérées par Arenicola marina et Lumbriculus variegatus est inversement proportionnel à la quantité de matière organique contenue dans le sédiment. Dans un sédiment possédant un faible taux de matière organique, la forte biodisponibilité des HAPs est amenée à un niveau supérieur par l'ingestion d'un volume important de particules sédimentaires, ce qui a pour conséquence d'augmenter le volume de la fraction absorbable des HAPs le long du tractus alimentaire. Les HAPs d'un poids moléculaire inférieur à 700 et présentant une hydrophobicité moyenne seront préférentiellement absorbés à ce niveau (Bates et al., 1993) ce qui correspond au cas du pyrène. La dose accumulée par des organismes filtreurs est quant à elle indépendante du niveau de contamination des sédiments (Kaag, 1998). Ces organismes vont principalement bioaccumuler les polluants hydrophobes par le biais de la filtration d'éléments carbonés dissous ou en suspension en phase aqueuse. A ce niveau, le facteur de bioconcentration est influencé à la fois par la quantité de matière organique présente en suspension mais également par le temps de contact entre les HAPs dissous en phase aqueuse et les éléments carbonés susceptibles d'être prélevés par les organismes.

Les téguments représentant une barrière difficilement franchissable, les organes respiratoires (branchies pour la plupart des organismes aquatiques) représentent un site d'absorption préférentiel pour les HAPs dissous en phase aqueuse (Connell, 1988). La contribution des organes respiratoires à la bioaccumulation est dans ce cas très importante. Comme les organes digestifs, ces organes possèdent des caractéristiques qui vont favoriser l'absorption et la diffusion des contaminants présents en phase aqueuse : une ventilation importante, une large surface d'absorption, une faible distance de diffusion entre la phase aqueuse et le sang, un débit sanguin important (Hayton et Barron, 1990). La diffusion de polluants hydrophobes à travers les épithéliums est généralement réduite à cause de l'épaisseur des structures tissulaires et ne semble réellement influente que pour des organismes de petite taille (Saarikoski et al., 1986).

La distribution tissulaire des contaminants hydrophobes dépend principalement de trois phénomènes physiologiques : la fixation et la partition au sein des différents fluides tissulaires, le débit sanguin caractéristique des organismes et des tissus biologiques, la traversée des membranes biologiques (Hawker et Connell, 1986). Généralement, les HAPs vont traverser les tissus en diffusant à travers les cellules, entraînant par la même occasion une modification de l'intégrité des membranes cellulaires. Cette diffusion se fait par paliers, chaque membrane biologique agissant différemment sur l'élimination et la bioaccumulation des composés. A ce niveau, la diffusion des molécules peut être réduite par l'encombrement stérique due à leur taille. Opperhuizen et al. (1985) ont suggéré que la structure des membranes phospholipidiques pourrait réduire la diffusion des composés hydrophobes à longue chaîne ou présentant une large section moléculaire. Les molécules présentes dans le volume sanguin constituent la fraction de contaminants bioaccumulables sensu stricto. Cette fraction présente un volume réduit par rapport à la fraction biodisponible dans le milieu car des mécanismes d'élimination présystémiques vont entraîner l'excrétion d'une partie des molécules avant leur entrée dans la circulation sanguine (Barron,1989). L'excrétion des HAPs par les organismes aquatiques fait intervenir trois modes d'élimination :

- une excrétion passive via la diffusion des contaminants du milieu intérieur des organismes vers le milieu aqueux environnant

- une excrétion active via les fécès

- une élimination active qui passe par l'activation des systèmes de détoxification

Dans ce système d'élimination, la diffusion passive des contaminants ne va entrer en compte que d'une manière très limitée. La présence, dans les tissus biologiques, de ligands à forte affinité pour les composés apolaires restreint ce phénomène et ne permet qu'une diffusion très limité des HAPs vers le milieu extérieur. Au sein des organismes, les sites permettant ce type d'élimination sont associés à une faible distance de diffusion : ce sont principalement les organes respiratoires et les épithéliums du tractus alimentaire. En toxicologie aquatique, la fixation au niveau du pool lipidique des organismes est considérée comme le principal facteur de bioaccumulation de contaminants hydrophobes (Barron et al., 1990). Les lipides constituent un compartiment de stockage important pour les HAPs car ils sont largement distribués au sein des tissus et présentent une forte affinité pour les composés apolaires. Les variations quantitatives interspécifiques de ce pool de lipides expliquent partiellement les différences du niveau de bioaccumulation des HAPs entre différents organismes (Khan et al., 1978). La quantité de lipides corporels d'un organisme peut varier d'un facteur dix suivant l'espèce considérée (Rainbow et White, 1990). Pour un même organisme, ce paramètre peut subir d'importantes variations saisonnières, liées notamment au cycle biologique.

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