Impact de la publicité sur le changement d'attitudes des individus envers le sida( Télécharger le fichier original )par Pierre Kamtchouing Noubissi Ecole Superieure des Sciences Economiques et Commerciales de l'Universite de Douala - Diploôme d'Etudes Superieures Approfondies en Gestion Marketing 2001 |
En ce qui concerne l'énoncé 8, nous remarquons que 17% des répondants se situaient dans la catégorie faiblement enthousiaste lors de la première mesure alors que ceux-ci représentaient 10.3% lors de la deuxième mesure..Au niveau des énoncés 5, 6 et 7 on observe une réelle augmentation du niveau d'enthousiasme des répondants. En effet, l'item enthousiasme fort est passé de 51.3% à 77,6% pour l'énoncé 7 ceci entre les deux traitements. Cette remarque peut-être également fait pour les énoncés 5 et 6 où on est passé de 5.1% à 15.5% pour le premier et de 35.6 à 96.2 pour le second. Pour ce qui a trait à l'énoncé 1, on remarque une diminution d'enthousiasme entre la première et la deuxième mesure. En effet, on est passé de 84 % de répondants manifestant un fort enthousiasme lors de la première mesure à 74.1% à la deuxième mesure. Si on s'en tient à cette analyse, on peut dire que le comportement a changé positivement entre les deux mesures. Mais, la comparaison faite avec l'analyse de la moyenne montre plutôt le contraire. En effet, on observe globalement une diminution du score moyen de mesure de comportement entre les deux mesures. Cette contradiction peut s'expliquer par les grandes valeurs présentes dans la première mesure qui ont tiré la moyenne vers le haut.
Au cours de l'expérimentation, nous avons pu constater que les moyennes obtenues sur les deux mesures de comportement furent respectivement de 24.5763 et 24.0345 avec des écarts types de 3.7056 et 5.7673, alors que la moyenne théorique de l'échelle était de 24. Ainsi, nous pouvons dire que les répondants démontrent une baisse d'enthousiasme. Nous notons une diminution de celle-ci entre les deux traitements. Afin de vérifier si cette différence est significative, nous avons utilisé un test permettant de faire des comparaisons entre les deux moyennes obtenues sur les sous échantillon test et de contrôle de notre échantillon. Les résultats (T-Test pair) démontrent que la différence entre ces deux mesures n'est pas significative (t= -0.606 donc P= 0.5456) Nous pouvons affirmer que le comportement mesurée au cours de la première expérimentation n'est pas très différente de celui mesuré au cours de la deuxième expérimentation Par conséquent, nous rejetons l'hypothèse 1 qui suggérait une augmentation du score moyen de mesure de comportement entre la première et la deuxième mesure. L'exposition au message publicitaire n'a pas une influence positive et significative sur le comportement de l'individu envers les Sida. Il est difficile à ce niveau de faire une analyse d'inférence sur les déterminants ayant influencé cette variation. Cette faible variation peut être due à la présentation de l'affiche et à la connaissance du Sida. Cette faible variation peut aussi avoir été provoquée par l'évocation du thème Sida dans l'étude. En effet lors du premier traitement, les répondants ne savaient pas que la problématique était reliée au Sida. Par contre lors de la deuxième mesure de comportement, les personnes interrogées ont été informées du sujet de l'étude avant de remplir le questionnaire. Bien que cet effet ne soit pas quantifiable, nous croyons que celui-ci a pu avoir un faible impact sur les résultats. Le calcul de la fiabilité de l'échelle grâce au coefficient Alpha de Cronbach a donné les valeurs de 0.68 pour l'échantillon test et 0.13 pour l'échantillon de contrôle. § 4- Connaissance du Sida Les répondants ont généralement une bonne connaissance du Sida, ceci est illustré par les résultats présentés dans le tableau 4.6. En effet, après de nombreuses années de campagne portant sur la prévention du Sida, les personnes interrogées savent que le Sida existe bel et bien dans notre environnement (91.4%), les moyens qui permettent de se prémunir contre la maladie (89.7%), la façon dont le virus est transmis (70.7%) et le fait que les hétérosexuels sont également concernés par cette pandémie (70.7%) Par ailleurs les répondants démontrent une bonne connaissance en ce qui concerne la transmission du virus par contact social (énoncés 6 et 7) puisque 81% des répondants ont donné une bonne réponse à l'énoncé 6 et 93.1% à l'énoncé 7. Néanmoins le taux de réponses correctes diminue lorsque les énoncés portent sur les modes de transmission nécessitant une interaction directe avec le sang contaminé : 38 réponses exactes sur l'énoncé « le Sida peut être transmis par transfusion sanguine » soit 65.5% et 27.6% des répondants ont donné une mauvaise réponse. Ce résultat pourrait être attribuable à la compréhension que les répondants ont eu du terme « transfusion ». 12.1% des répondants n'ont pas donné une bonne réponse à l'énoncé 15 « le guérisseur traditionnel soigne le Sida », il apparaît un certain manque d'information ou l'existence d'informations erronées sur le sujet. Il en est de même pour l'énoncé 2 où 5.2% des répondants pense que le Sida est un syndrome inventé pour décourager les amoureux. Mais, dans l'ensemble, on peut affirmer que ce tabou se perd progressivement car, 91.4% des répondants soit (33 personnes) ont donné la bonne réponse. Tableau 4.7 : Distribution des réponses sur l'échelle de connaissance du Sida
Source : Nos recherches § 5- Les variables socioculturelles En ce qui concerne les variables socioculturelles, la question concernant le niveau d'éducation des répondants a montré que 98.2% de personnes interrogées (soit 56 personnes) avaient été à l'école. 57.9% des répondants (soit 33 personnes) avaient un niveau universitaire et 35.1% (soit 3 personnes) avaient un niveau du primaire. Pour ce qui est de la religion 47.4% des répondants (soit 27 personnes) étaient de religion catholique. 33.3% (soit 19 personnes) étaient de religion protestante alors que 5.3% (soit 3 personnes) étaient de religion musulmane et 14% (soit 8 personnes) d'autres religions. § 6- commentaires sur l'étude Etant donné que le but de notre étude était de voir dans quelle mesure une publicité sur le Sida pouvait influencer le comportement des individus envers le Sida, nous avons choisi de restreindre notre analyse aux seuls commentaires faits sur l'affiche publicitaire. A cette fin, nous allons classer les réponses obtenues selon deux catégories : les réactions au message et les réactions concernant les aspects visuels utilisés dans cette publicité. Il faut en outre noter que le message publicitaire utilisé avait été diffusé à très faible échelle bien avant la réalisation de l'étude.
Premièrement, en ce qui concerne l'information véhiculée par cette affiche, les résultats suivants ont été observés : En premier lieu 12 personnes ont trouvé que le Sida était une réalité au Cameroun. - Le Sida est une réalité, Ce n'est pas seulement ce que les gens racontent. - Le message est d'actualité et le mot « KONGOSSA » qui signifie commérage colle bien avec la réalité camerounaise. Ces réactions permettent de confirmer certaines réponses sur les énoncés concernant les tabous et rumeurs sur le Sida. En effet 91.4% des répondants ont donné une bonne réponse à la question « le Sida est un syndrome inventé pour décourager les amoureux » Deuxièmement nous avons noté que la bonne compréhension du message a généralement conduit à porter des commentaires positifs ou négatifs, « la publicité a tout de suite retenue mon attention » ou « la publicité n'est pas bonne ». Ce résultat nous apparaît être pertinent. En effet, lorsqu'une personne ne comprend pas le message publicitaire véhiculé, elle n'évaluera pas la publicité de façon positive et inversement. Cette explication est renforcé par les travaux de Mitchell115(*) , de Petty, Cacioppo et Schumann116(*), Luz, Mackenzie et Belch117(*) ainsi que corinne Berneman et Pascale Lassagne 118(*). En effet, ces auteurs s'entendent pour dire que la façon dont la publicité est réalisée (« ad exécution ») va avoir une influence sur l'attitude envers le Sida.
En ce qui concerne les aspects visuels de la publicité, les commentaires portent généralement sur le point d'exclamation représentant un préservatif. Deux personnes ont fait les commentaires suivants :
Tableau 4.10 : Contingence entre l'âge et le comportement des répondants
Source : Nos recherches L'analyse de ce tableau montre que toutes les cellules ont des fréquences théoriques supérieures à 5. Pour permettre à cette hypothèse d'être vérifiable, les cellules de certaines lignes et colonnes du tableau de contingence originel ont été regroupées. Le résultat du test d'association à l'aide de la statistique du khi deux est présenté au tableau ci-dessous. Tableau 4.11 : Mesure d'association entre le comportement et les variables socio-démographiques
Source : Nos recherches Contrairement à ce qui était supposé, nous n'obtenons pas de différence statistiquement significative entre le comportement et l'âge des répondants, nous rejetons l'hypothèse 2.3.
des individus envers le Sida. § 2 - réaction face à la Publicité et attitude envers cette dernière
Les résultats obtenus sur le modèle général (soit la relation entre le comportement, la connaissance du Sida et l'attitude) nous donne une valeur de Fisher de 19.279 (P= 0.00) alors que la valeur théorique à un seuil de confiance de 95% et à des degrés de liberté de 2 et 55 est de 3.23. Ce résultat est donc significatif. De plus si nous regardons les coefficients de corrélation des deux variables indépendantes avec le comportement, nous obtenons les résultats suivants :
L'hypothèse 4 selon lequel l'attitude et la connaissance du Sida ont une influence sur comportement envers la publicité n'est donc pas rejeté. Cependant la corrélation entre l'attitude et le comportement est significative et positive, c'est à dire que lorsque l'attitude augmente, le score moyen de mesure de comportement augmente également. De plus si nous nous attachons au coefficient de régression, nous notons que pour l'attitude, ce coefficient va dans le sens attendu (coefficient de régression = 0.662). En revanche, en ce qui concerne la connaissance du Sida, le coefficient de régression est négatif (-0.064). Dès lors, ce résultat suggère que plus la connaissance du Sida augmente, plus le score moyen de mesure de comportement diminue. Ce résultat est contraire à celui que nous attendions. Nous pouvons également noter que les deux variables n'expliqueraient que 39.1% de la variance (R2 = 0.391). § 4 - Le comportement et les variables Socioculturelles En ce qui concerne les courants socioculturels et le comportement, nous avons essayé de mettre en exergue les relations existantes entre la religion et le comportement d'une part, le niveau d'éducation et le comportement d'autre part. La mesure de l'association entre ces variables grâce à la statistique du khi deux à un seuil de confiance de 95% a donné les résultats suivants :
CONCLUSION PARTIELLE Cette partie nous permis de mettre en exergue l'impact que la publicité peut avoir sur le changement d'attitudes des individus envers le Sida. Le message publicitaire testé n'a modifié que virtuellement l'attitude des individus envers le Sida mais, plusieurs autres hypothèses qui avaient déjà été testées par un certain nombre d'auteurs ont pu être vérifiées. Cette étude apporte une modeste contribution à la lutte contre le Sida au Cameroun et dans le monde. Elle montre la place que peut occuper la publicité dans la résolution des problèmes sociaux, surtout en ce moment où la bataille contre la protection de l'environnement, la santé pour tous et la sécurité sont des mots qui dirigent notre quotidien CONCLUSION GENERALE
Les résultats obtenus dans cette étude nous ont permis de constater une diminution apparente du score moyen de mesure de comportement après exposition au message publicitaire, l'existence d'une relation entre la réaction face à la publicité et l'attitude développée envers cette dernière d'une part et d'autre part celle existante entre le comportement, la connaissance du Sida et l'attitude envers cette dernière. Toutes les autres hypothèses ont été rejetées. Ces résultats bien que décevant à priori, trouvent leurs explications dans les limites d'ordres méthodologiques et conceptuelles. Les limites liées à la méthodologie portent à la fois sur l'instrument de mesure utilisé, l'affiche publicitaire, le traitement effectué et le choix de l'échantillon. En effet dans le questionnaire soumis aux répondants, la variable d'intérêt principal était une échelle mesurant l'enthousiasme or, celle-ci était reprise des échelles utilisées dans un contexte général de mesure d'empathie humaine et n'était donc pas spécifique à une échelle mesurant l'enthousiasme des individus envers le Sida. Nous pensons qu'il s'agit là d'un manquement indéniable à cette étude. L'instrument de manipulation que nous avions utilisé était une affiche publicitaire qui avait déjà été diffusée par l'OMS et le ministère de la santé mais, à très faible échelle. Il se pourrait donc qu'elle a eu une influence sur les répondants. En outre, nous avons noté que plusieurs répondants n'ont pas compris le sens ou les intentions de l'affiche. Ce manque de compréhension peut-être dû non seulement au terme utilisé dans la communication « KONGOSSA » mais aussi au traitement auquel les répondants ont été soumis, étant donné qu'ils n'ont peut-être pas été exposés à l'affiche plusieurs fois et de façon certaine une seule fois, ce qui n'était peut-être pas suffisant pour engendrer des réactions affectives que nous souhaitions mesurer. Finalement, le choix de l'échantillon était loin d'être parfait, non pas parce qu'il était non probabiliste, mais plutôt parce que sa composition n'était pas très homogène. Par conséquent, l'élaboration d'un échantillon représentatif aurait pu avoir une influence sur le résultat des hypothèses où l'on tentait de mesurer l'influence de ces variables sur le comportement de l'individu. De même les résultats concernant la connaissance du Sida étaient particulièrement bons ce qui nous a néanmoins permis de mesurer adéquatement la relation entre la connaissance du Sida et les attitudes envers la publicité. Le choix d'un échantillon restreint et non probabiliste ne permet pas de généraliser les résultats obtenus à l'ensemble de la population. En ce qui concerne les limites de l'étude, nous nous devons de dire que plusieurs variables ont été omises de l'étude alors qu'elles auraient dû être considérées, notamment, les variables relatives au degré d'implication de l'individu, à la crédibilité de la publicité, de l'humeur des répondants au moment de l'exposition au message publicitaire... Compte tenu de la rareté d'études visant à mesurer les réactions face aux publicités sur le Sida au Cameroun, on ne peut qualifier cette étude que d'exploratoire. Le manque de résultats probants engendre des recherches futures intéressantes. Celles-ci devraient en premier lieu remédier aux limites que nous avons évoquées plus haut. Dans un deuxième temps, nous pensons qu'elles devraient être orientées vers la recherche du message publicitaire le plus efficace en comparant les réactions affectives d'une même population face à plusieurs messages publicitaires ou alors les réactions affectives de deux ou plusieurs populations face à un message publicitaire. Cette étude permet d'ouvrir un pan de voile sur la participation des hommes de marketing à la résolution des problèmes sociaux qui se posent dans notre pays et particulièrement celui du Sida. Les chercheurs qui vont se lancer dans ce domaine dans l'avenir pourront non seulement refaire l'expérimentation avec un échantillon de taille plus grande et l'utilisation de plusieurs types de médias, mais aussi l'orienter vers un autre aspect du problème qui pourrait être l'impact que la publicité peut avoir sur l'empathie développée envers les personnes malades du Sida. * 115 Mitchell Andrew A. et Olon C. Jerry, « Are product Attribute beliefs the only mediators of Advertising effects on brand Attitude ? », Journal of Marketing Research, vol 18, August 1981, p 318 - 543 * 116 Luz J. Richard, Mackenzie B. Scott et Belch George, «Attitude toward the Ad as mediator of advertising effectiveness : Determinants and consequences » dans Corinne Berneman et Pascale Lassagne ; op. Cit. * 117 Petty Richard, Caccioppo T. John et Schumann David, « Centraland Peripherical Routes to Advertising : the Moderating roles of Iinvolvement », Journal of Consumer Research, vol 10, September 1983, p 135 à 146. * 118 Corinne Berneman et Pascale Lassagne ; op. Cit.
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