Mémoire DESS-Institut de travail et des etudes
sociales
Mémoire « représentations
des etudiants-futurs animateurs a l'égard de leur future
profession »
Elaboré par : Salem( ben lazher)
OMRANI
Les objectifs de la recherche :
· Sonder les représentations des
étudiants futurs animateurs vis-à-vis de leur cursus.
· Montrer l'importance cruciale des
représentations comme facteur déterminant d'un choix
professionnel.
· Mettre l'accent sur la fonction des
représentations comme élément déterminant de la
conduite de l'étudiant en cours de formation.
· Montrer la relation dialectique entre les
représentations et la construction de l'identité
professionnelle.
· La nécessité d'identifier les
priorités de formation dans le domaine de l'Animation Socioculturelle et
la détermination des critères de ce choix en fonction des
exigences et compétences requise pour l'exercice ce
métier.
Introduction :
Notre intérêt pour la question des
représentations est fondé sur une conviction scientifique
partagée par toute une communauté des scientifiques et toute une
littérature qui vont dans le sens d'affirmer une vérité
qui veut dire que le monde que nous avons devant les yeux, n'est pas le vrai
monde; C'est une représentation qui n'existe que dans son rapport avec
un être qui est l'homme lui même.
La recherche sur les représentations sociales
présente un caractère à la fois fondamentale et
appliqué et fait appel à des méthodologies
différentes: analyse des discours et des documents observation
participante, enquêtes par entretiens et questionnaire etc....) Elle
touche à des sujets et objets divers tels que le domaine de
l'éducation et le domaine du travail.
Notre Choix pour la catégorie des jeunes
étudiants en rapport avec leurs aspirations et attentes
socioprofessionnelles est motivé en premier lieu par une
expérience personnelle d'études universitaires dans le domaine
socioculturel (maîtrise et mastère) et ma connaissance profonde
pour ce milieu, mais aussi alimenté par des études de
troisième cycle en sciences sociales.
Cette étude témoigne un
intérêt et un souci scientifique permanent de notre part pour la
question des représentations et des identitées professionnelles,
conscience des jeunes étudiants d'une manière
générale et des étudiants futurs animateurs et cadres dans
le domaine socioculturel en particulier face au futur travail.
Dans notre présent travail nous avons le souci
d'analyser et de comprendre les idées et images qui déterminent
la genèse d un projet professionnel et l émergence d une
identité 'professionnel parmi les évènements, figure le
choix d'une orientation scolaire ou universitaire pour telle ou telle
filière d'enseignement; Orientation qui préfigure en quelque
sorte le choix d'une profession précise ou qui du moins délimite
les éventualités ultérieures de choix.
Le choix se traduit et se concrétise par une
période de préparation scientifique à l'acquisition d'une
identité socioprofessionnelle et en voie de conséquence
l'obtention d'un rôle professionnel.
Pour ces divers raisons et compte tenu de l'objectif
principal, celui d `étudier les représentations des
étudiants futurs animateurs nous avons opté pour le cadre
d'étude, l'espace ou s'acquirent les savoirs et idées de
références de la profession envisagée :
l'université
Décrire le cadre théorique de notre travail
de recherche et l'objectif assigné à la partie qui va
suivre.
L'intitulé de notre mémoire est :
Identité et représentations des étudiants futurs
animateurs a l'égard de l'animation socioculturelle.
1) Essai de définitions
a) Les représentations
On ne peut envisager de parler des représentations
sociales sans faire référence aux travaux de MOSCOVICI(1961) et
chambard de lawe (1963).
En psychologie, la représentation est tout acte
par lequel l'esprit se rend présent de quelque chose (perception,
idée, image...)
Il n'est pas aisé de définir le concept de
représentation en raison de la complexité des aspects qui les
caractérisent.
Dans les points suivants nous abordons les
spécificités et caractéristiques de la
représentation sociale tout en essayant de proposer quelques
définitions sur cette notion qui a suscité des nombreux travaux
et débats en sciences humaines.
Depuis Moscovici, l'étude des
représentations sociales constitue un espace de recherche qui s'est
élargie depuis des décades .Cette avancée théorique
a permis le développement d'un grand nombre d'études aussi
importantes que diversifiées. Ainsi, certains chercheurs travaillent sur
des monographies descriptives des représentations sociales telles
que:
la culture (KAES, 1968)
le corps et la maladie mentale(JODELET, 1984)
Les déplacements et la mobilité (ABRIC et
MORIN,1987)
Ce dernier temps, l `étude des
représentations sociales s'est avérée prometteuse pour
l'interprétation des grands problèmes sociaux comme le
chômage, l'exclusion, les tendances etc....
La communauté scientifique semble d'accord pour
définir la représentation sociale comme une forme de connaissance
courante , dite de sens commun . Celle - ci est caractérisée
par les particularités suivantes :
· Elle est socialement élaborée et
partagée , elle se constitue à partir de nos
expériences et des informations , savoir , modèles de
pensée reçus et transmis par la tradition , l'éducation et
la communication sociale .
· Elle a une visée pratique d'organisation ,
de maîtrise de l'environnement et d'orientation des attitudes et
communications .
· Elle participe à la construction d'une
réalité commune à un ensemble social ou culturel
donné
Moscovici nous enseigne qu'il peut y avoir plusieurs
représentations d'un seul objet. Ces différences sont en
fonctions de l'appartenance sociale et culturelle du groupe de
référence qui marque profondément l'individu dans la
représentation qu'il se fait d'un objet
déterminé.
Selon Jean Claude Arbic les représentations
possèdent quatre fonctions essentielles: une fonction cognitive, une
fonction d'orientation de l'action, une fonction de justification des pratiques
et une fonction identitaire.
En fait, les représentations constituent une
vision collective sur un même objet. C'est ainsi que les
représentations engendrent des cohésions et en un autre lieu
génèrent des généralisations tendant à
devenir des idées arrêtées images figées
stéréotypées et colportées. Les
représentations ne sont donc pas uniquement le reflet de la simple
relation du sujet à l'objet, mais elles cristallisent les idées,
les normes, les valeurs du groupe social dans lequel elles se
produisent.
Dès lors on considère la
représentation comme construction mentale qui s'effectue dans un espace
social.
Déjà DURKHEIM considérait la
représentation sociale comme une production collective, comme une forme
de pensée sociale.
La représentation revêt une triple
dimension: le sujet pensant, l'objet pensé ( objet de
représentation ) et le contexte social dans lequel s'instaurant les
rapports sujet - objet le sujet joue un rôle actif et reproduit ou
reconstruit les données, les idées dans une sphère
cognitive qui lui est propre, à partir des procédures et
positions données.
Mais s'il est certain que la représentation
dépend de mécanismes cognitifs individuels ( ancrage de
l'information, transformation en opinion et concrétisation dans
l'attitude )certainement, les représentations forment l'essence
même de l identité et de la conscience individuelle
Il est également certain que l'individu
isolé n'existe pas.
L'individu s'inscrit inévitablement dans un
contexte social et culturel qui lui est propre, ce qui permet de qualifier de
sociales et cognitives les représentations. Reste a dire que c'est
à travers des conduites verbales que l'on peut approcher les
représentations.
C'est ce qui justifie le recourt à des techniques
tel que les entretiens et très souvent aux questionnaires.
L'identité et ses rapports avec la pratique
professionnelle
Depuis des
décades, la philosophie, la psychosociologie, l anthropologie
s'attardent à analyser les multiples facettes du concept
d'identité. De nombreuses analyses des enjeux identitaires
associés aux appartenances sexuées, aux appartenances culturelles
ou professionnelles sont venues élargir le débat sur la
problématique de l'appartenance de longtemps au centre de la
réflexion de beaucoup de chercheurs en sciences humaines. Divers
courants d'analyse des identités sont venus élargir les
perspectives sur les phénomènes qui structurent le présent
et le devenir de nos sociétés, au point où il demeure
difficile de contester le fait que les identités et le processus de
formation d'identités sont maintenant au coeur de nos rapports sociaux
(Maheu, 1990).
Pour les fins de
notre analyse, nous devrons en définir précisément les
contours pour éviter de se perdre dans les dédales conceptuels
qu'offre la littérature à ce sujet. Certains postulats seront
bien établis pour saisir la notion d'identité et
particulièrement celle d'identité professionnelle.
L'identité est
un construit psychologique et social qui est indissociablement un rapport au
temps et à l'espace (Camilleri, 1986) s élabore à la base
par des représentations faites sur un sujet ou objet donne. La notion
d'identité professionnelle des animateurs n'échappe pas à
cette règle. Cette dernière est construite d'un rapport à
l'espace, parce que c'est une pratique et une histoire de vie et un rapport au
temps, parce que cette histoire de vie est inscrite dans une conjoncture
particulière, un espace social et culturel précis.
L'identité est à la fois individuelle et sociale et les liens
entre les deux sont constants.
« L'identité est affirmation,
reconnaissance, par lui-même et par d'autres, d'un sujet en même
temps qu'elle met en oeuvre des composantes plus collectives, des rapports
sociaux constitutifs d'autonomie, de pouvoir, de projets communs, de luttes
sociales. » (Maheu, L., Robitaille, M., 1991,p 106)
L'identité est
donc un construit humain basé sur des représentations et des
rapports sociaux - qu'ils soient institutionnels, structurels ou humains -
situés dans le temps et qui met en relief une pratique professionnelle
tant individuelle que sociale. Cette conception de l'identité fait en
sorte d'associer l'identité individuelle et l'identité collective
au sein d'un seul processus.
D'ailleurs, des
auteurs comme Dubar (1991) et Sainsaulieu (1985) engloberont ces deux aspects
sous le concept d'identité sociale. Concept qui demeure ni plus ni moins
que l'articulation ou la synthèse entre une transaction interne
psychologique, à l'individu et une transaction externe,sociale entre les
individus et les institutions avec lesquels ils entrent en interaction.
Ainsi,
l'identité repose sur deux processus identitaires
hétérogènes. Elle repose d'abord sur un acte d'attribution
associé à l'identité pour autrui, «ce que l'on dit
que nous sommes », et ensuite sur un acte d'appartenance lié
à l'identité pour soi, «ce que nous sommes »
(Dubar, 1991). De cette interrelation entre les deux processus provient
l'éternelle incertitude qui fait que l'identité est toujours
à construire et à reconstruire. L'identité se
perçoit alors comme «le résultat stable et provisoire,
individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des
divers processus de socialisation qui construisent les individus et
définissent les institutions » (Dubar, 1991, p.113).
L'articulation entre les deux transactions serait le point central du processus
de construction des identités sociales.
Dans le cas qui nous
préoccupe, l institution universitaire représente l espace,
où se joue la construction de l'identité sociale et
professionnelle tout d'abord .l espace de formation est donc un
lieu important de transaction objective pour la construction des
identités pour autrui, puisqu'il représente un espace où
les individus peuvent se sentir reconnus et valorisés et où
peuvent se négocier et se gérer des appartenances identitaires.
Le milieu
universitaire constitue aussi un lieu d'entraînement à la
rationalité et c'est lui qui met en oeuvre divers types de processus
d'accès à l'identité. C'est un lieu de constitution
différentielle des identités individuelles. L'identité
doit donc être associée à ses composantes plus collectives
des rapports interpersonnels liés aux images conceptions faites de ce
domaine, mais aussi à ses dimensions individuelles de reconnaissance du
sujet, et la formation en est la source. Reconnaître ainsi
l'identité permet de clarifier le processus de constitution de logique
d'acteur dans ses dimensions de reconnaissance sociale, de reconnaissance de
soi dans le travail et celles de remise en cause des identités
individuelles par les contraintes sociales. Le milieu de la formation demeure
particulièrement sensible à ces dimensions et il importera d'en
saisir les impacts possibles sur la constitution des
identités.
La mise en relief de
ce double processus, du social et de l'individu, a l'avantage de faire
ressortir la capacité des acteurs à intervenir sur leur propre
milieu d enseignement, mais plus encore de montrer l'influence des
échanges humains sur le développement de cette identité
individuelle. Bref, ce double processus permet de parler d'une remise en cause
des identités par l'expérience sociale des relations humaines et
non pas seulement par les modifications structurelles du milieu de formation
ou de travail par exemple.
« Le concept d'identité désigne
donc à la fois la permanence des moyens sociaux de la reconnaissance et
la capacité pour le sujet de conférer un sens durable à
son action. » (Sainsaulieu, 1985, p.333)
De même, il
sera nécessaire d'utiliser la notion d'identité de manière
à montrer qu'elle est un construit social qui s'inscrit dans des
rapports sociaux situés dans le temps et liés à une
formation scientifique et une pratique professionnelle aussi bien individuelle
que sociale.
L'identité,
pour l'étudiant futur animateur, est un rapport au temps individuel,
constitué de son cursus universitaire et de son histoire de vie. Elle
est aussi un rapport au temps social qui est représenté par la
conjoncture institutionnelle et sociale au sein de laquelle prend forme la
trajectoire professionnelle des animateurs.
L'identité
professionnelle est aussi, chez le futur l'animateur, une construction
individuelle situé au sein même de ses propres
représentations sur sa formation et ses pratiques professionnelles plus
large, le cas échéant.
Il importe aussi de
considérer que cette construction individuelle s'insère dans
l'espace social d'une pratique professionnelle partagée avec d'autres,
ceux qui exercent déjà la profession sur le terrain. Ce faisant,
ce milieu social permet de situer l'identité professionnelle au niveau
de l'institution ou de l'établissement particulier où une
pratique s'actualise.
Enfin, s'il y a bien construction identitaire, il peut
aussi y avoir crise d'identité. Pour plusieurs les rapports sociaux de
communication sont constitutifs du processus de construction de
l'identité, au point où on peut se permettre d'affirmer qu'il y a
crise d'identité quand il y a perte de rapports d'intimité ou de
communication avec les autres (Dubar, 1991).
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