Les problèmes de la paix dans la corne de l'afrique( Télécharger le fichier original )par Sagefils Katumba N'senga Université de Lubumbashi - Licence 2008 |
Section Troisième : LA NOTION DE SECURITEContrairement à la relation de puissance, relation de guerre, la relation de sécurité est une relation de puissance négative. Car, alors que la politique de puissance s'entretient par l'hypothèse toujours permanente de la guerre par laquelle s'obtient la paix, la politique de sécurité, elle, s'efforce de rendre la guerre improbable. C'est la politique de l'ordre international qui poursuit des objectifs du milieu plutôt que ceux égoïstes de conquête ou d'expansion. Dans cette section, nous définirons la sécurité, nous parlerons, ensuite, des stratégies majeures de la sécurité internationale et enfin, des théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective. II.3.1. Définition du conceptLe dictionnaire Larousse définit la sécurité comme « une confiance, tranquillité d'esprit résultant de la pensée qu'il y a pas de péril à redouter »76(*). La sécurité peut socialement signifier « l'ensemble des législations qui ont pour objet de garantir les individus ou les familles contre certains risques sociaux » d'où l'expression « sécurité sociale ». La sécurité est par sa nature, aussi bien que par son caractère, la condition essentielle de l'autonomie des pays, de leurs actions indépendantes sur le plan international, de leur existence en tant que sujets autonomes des Relations Internationales77(*). Pour notre part, la notion de sécurité étant le projet de la naissance de la discipline des Relations Internationales, celle- ci s'explique par la renonciation à la guerre comme instrument de la politique nationale, le désarmement ainsi que la paix par le droit international et l'influence modératrice des opinions publiques. Ainsi, la notion de sécurité s'agira d'une opposition à tout agression et à tout auteur de rupture de la paix, quel qu'il soit. II.3.2. Les stratégies majeures de la sécurité internationaleLes théories de sécurité internationales procèdent ainsi des politiques susceptibles d'annihiler les causes d'insécurité ou de la guerre. Ces causes d'insécurité sont constituées par des menaces à la sécurité de l'Etat. Celles-ci peuvent être 78(*): 1. Nature diplomatique soit l'hostilité (H) qui résulte de la contradiction d'intérêt ; 2. Nature militaire, soit la force (F) par détention des moyens de guerre (armements) ; 3. Nature conjoncturelle, soit l'occasion (O) de mettre en oeuvre sa force. Cette conjoncture favorable se déduit du rapport de forces. Ce faisant, la sécurité s'obtient par la combinaison de l'hostilité (H), avec la force (F) et avec l'occasion (O) : H x F x O. Cette combinaison donne lieu à trois stratégies majeures de sécurité, notamment : la stratégie de sécurité par accommodement, la stratégie de sécurité par le désarmement et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire. La sécurité dans chaque stratégie s'obtient par une action contre l'un des éléments constitutifs de la combinaison. En d'autres termes, puisque la combinaison HXFXO donne lieu à une politique de puissance, la politique de sécurité se construit par la suppression d'un des éléments de l'équation. Concrètement, la stratégie de sécurité par accommodement annule (supprime) l'élément (hostilité) ; Tandis que la stratégie de sécurité par le désarmement annule l'élément (force), et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire, annule l'élément (occasion)79(*). L'élément commun à toutes ces stratégies reste le principe de la dissuasion. Celui-ci consiste à rendre rationnel l'emploi de la force. C'est à ce titre, du reste, que la dissuasion nucléaire est aujourd'hui la stratégie la plus en vue parce qu'elle vise seulement à empêcher qu'il soit fait usage d'une capacité de violence dont l'existence même n'est pas mise en cause. IL s'en suit un équilibre des forces humoristiquement appelé « équilibre de la terreur » et celui-ci en rendant irrationnel l'emploi de la force au regard du rapport coût-efficacité, stabilise les Relation Internationales. De ce trois stratégies de sécurité, deux sont maximales : la stratégie par accommodement et la stratégie par désarmement. La stratégie par accommodement privilégie la négociation. Ici, c'est la décision conjointe qui est l'outil de la sécurité. Le désarmement aussi ne peut être qu'un résultat de la négociation. IL faut dire que ces deux stratégies de sécurité sont marginales et rares. Car, vouloir dissocier la poudre de l'étincelle, soit dissocier l'hostilité de la force peut sembler n'être qu'une vue de l'esprit. Mais en tant qu'aspiration, ces stratégies maximales auraient un avantage diplomatique. Il reste donc une stratégie minimale de sécurité essentielle de la réclamation de sécurité réaliste. De composantes essentiellement militaires, la politique minimale de sécurité vise à neutraliser la force de l'adversaire en lui privant de l'occasion de mettre en oeuvre sa force. La sécurité dans ce cas résulte à la fois du caractère rationnel de l'adversaire et du rapport des forces, parce que, c'est ce rapport de force qui crée la dissuasion. Les stratégies de sécurité des Etats oscillent ainsi entre la dissuasion (fréquente mais non optimale) et l'accommodement (optimal mais rare). Ceci veut dire que si les Etats ne voient pas la possibilité de changer l'intention d'un agresseur potentiel et n'ont pas l'intention de capituler devant cette agression, ils sont réduits à chercher de prévenir celle-ci. Ce qui signifie s'engager dans une politique connue sous le nom de dissuasion. La sécurité par la dissuasion est celle qui prend son parti de la conjoncture opérée entre l'hostilité et la force. En effet, placé devant un fait accompli, l'adversaire n'a plus qu'à jouer sa sécurité sur O en ôtant l'occasion à l'ennemi de recourir rationnellement à ses forces : S=080(*). La dissuasion nucléaire a pour fonction d'effrayer l'adversaire et de le faire hésiter ou douter de son propre calcul en confirmant de mettre en exécution l'intention de combattre. Les intentions de combattre ne changent pas, ni les moyens de passer à l'action encore moins le conflit sous-jacent entre les adversaires. En agissant de la sorte, la préoccupation des Etats dans leurs politiques étrangère ou dans leurs stratégies de paix est de consolider et de stabiliser la paix. La consolidation de la paix requiert de l'accommodement au sens le plus large du terme ; la préservation de la paix quant à elle, s'obtient par la dissuasion. Les fondements psychologiques et matériels de la sécurité par dissuasion, sont donc, respectivement, la rationalité de l'adversaire et l'existence d'un rapport de force propre à dissuader. Le paragraphe suivant fera l'objet des théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective. * 76 Dictionnaire universel Larousse, Op.cit., p.935. * 77 NINGIS, D., « La sécurité dans les conditions actuelles », in Revue de Politique Internationale, n°462-463, 1969, p.22. * 78 BARREA, J., Les Théories des Relations Internationales, éd. la Neuve, Louvain, 1997, p.102. * 79 BIYOYA, M., La Théorie des Relations Internationales ; Science politique de l'international, éd. IPRIS,Kinshasa, 2007, p.132 * 80 BIYOYA, M., Op.cit., p.133. |
|