1.3. JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE
Comme dit plus haut,la RDC a souscrit à la
déclaration d'Abuja depuis février 2001,mais jusqu'à ce
jour, elle n'a pas encore connu de progrès comme on
l'espérait .Les chiffres donnant des estimations fiables et
comparables sur l'utilisation de la MII en témoignent, par exemple, le
rapport d'enquête réalisé par EDS-RDC montre qu'il n'y a
que moins de 13 % d'enfants de moins de 5 ans qui dorment sous la MII
à Kinshasa4.
D'autres indicateurs comme ceux visant à
réduire le taux de mortalité des enfants, sont loin
d'évoluer favorablement. Plusieurs stratégies sont encore mises
au point pour cet effet, parmi lesquelles on cite celles visant les OMD, la
nouvelle politique de l'OMS « santé pour tous au 21ème
siècle » , et plus récemment celles définies
dans le document de stratégie de croissance et de réduction de la
pauvreté en RDC.
Malgré tous les programmes mis en place ,
La RDC enregistre d'une part un taux élevé de mortalité
infantile, pour la période des cinq dernières années avant
l'enquête EDS( période 2003-2007) ; la mortalité
infantile est estimée à 92%o dont 42%o pour la
mortalité néonatale et 50%o pour la mortalité
post-néonatale; la mortalité juvénile
s'établit,quant à elle,à 62%o4.Aussi au cours
des deux semaines précédent l'enquête,31% des enfants de
moins de 5 ans ont eu de la fièvre2. En plus, le taux
d'utilisation de la MII reste faible.
Plusieurs réflexions profondes menées à
ce sujet ont justifié la nécessité de mener une
étude approfondie sur les facteurs pouvant déterminer
l'utilisation de la MII chez les enfants de moins de cinq ans
Notre étude, vise donc à identifier les
facteurs qui expliquent l'utilisation de la MII chez les enfants de moins de
cinq ans afin de dégager les stratégies permettant
d'améliorer l'utilisation de la MII dans cette tranche d'âge dans
la ville de Kinshasa et, particulièrement, dans la ZS de Lemba et de
contribuer ainsi à la réduction de la mortalité infantile
en RDC.
1.4. REVUE DE LA
LITTERATURE
Le poids du paludisme est énorme du point de vue
socio-économique. Les pays les plus touchés par le paludisme tel
le Cameroun se classent parmi les plus pauvres du monde et se
caractérisent par un taux de croissance économique faible. Le
paludisme joue un rôle significatif dans les piètres performances
économiques de ces pays.
Selon une étude menée au Cameroun, la perte
annuelle de croissance liée au paludisme atteint jusqu'à
1,3 % du PIB par an. De ce fait, le Cameroun aurait perdu 4227 millions de
dollars entre 1980 et 1995 du seul fait du paludisme10.
D'autres études menées ces dernières
années, dont les résultats furent présentés lors du
Sommet d'Abuja sur Roll Back Malaria le 25 Avril 2000, montrent que le
poids socio-économique du paludisme est plus grand qu'on ne l'imaginait
: Le PIB des pays africains du Sud du Sahara serait de 32% supérieur
à son niveau de l'an 2000, si le paludisme avait été
éradiqué 35 ans plus tôt. Cela représenterait
environ 100 milliards de dollar américains qui s'ajouteraient au PIB
courant des pays africains du sud du Sahara qui étaient de 300 milliards
USD en 2000. Cette somme supplémentaire de 100 milliards de dollar
américains serait près de neuf fois supérieure au volume
de l'aide au développement accordée à l'Afrique en
199910.
A court terme, le bénéfice du contrôle du
paludisme dans les pays africains du sud du Sahara peut s'estimer entre 3
milliards USD et 12 milliards USD par an.
Les programmes de soins de santé primaire dans la
plupart des pays où sévit le paludisme ont adopté des
stratégies de lutte contre cette maladie. Ainsi, l'efficacité de
l'utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide est
particulièrement établie dans ce domaine par la médecine
moderne. Certains facteurs limitent leur utilisation,à
savoir11 : les pesanteurs sociologiques et principalement
le niveau d'instruction( l'analphabétisme et le niveau
d'instruction très bas des paysans expliquent leur degré de
compréhension des messages de promotion de la moustiquaire
imprégnée d'insecticide mais aussi beaucoup ignorent encore que
le paludisme est causé par la piqûre des moustiques et lui
associent d'autres origines comme le soleil, l'huile, la sorcellerie ou
l'envoûtement..) ; les types de logement ; le Mode de vie et
loisirs(l'alcool et le tabac, crainte de
l'étouffement ...) ;les Pesanteurs anthropologiques(la
croyance à des rites particuliers, la présence des
médecines traditionnelles,...) ; les Pesanteurs
économiques(le niveau très bas du revenu de la plupart des
paysans). C'est suite à ces pesanteurs économiques, que certains
ménages préfèrent employer les serpentins qui
nécessitent peu d'investissements sur le champ, mais à long
terme, reviennent plus chers. Et enfin les Pesanteurs liés au
système de soins (accessibilité et équipement des centres
de santé ; insuffisance en approvisionnement en moustiquaire
imprégnée d'insecticide, ce qui par moment engendre des ruptures
de stocks de longue durée ou l'indisponibilité totale de
celle-ci).
Par ailleurs, l'utilisation des services, comme de beaucoup
d'intrants, dépend des plusieurs facteurs dont la perception de la
maladie et des services (intrants) ; de l'accessibilité (physique,
culturel et financier) et de la décision d'utiliser ces services,
laquelle décision dépend de la perception du
bénéfice, du coût, des alternatives à l'intrant ou
au service et de l'urgence ou du danger (priorité)12.
En effet le paludisme est une maladie,qui, dans la conception
de beaucoup des communautés, est causée par une exposition
prolongée à une chaleur excessive, soit celle du soleil, soit
celle d'un feu dont on est trop proche. Sur la côte du Kenya, par
exemple, on reconnaît que la forme bénigne du paludisme est
liée aux moustiques, mais la forme cérébrale, qui est une
forme grave du paludisme, est clairement perçue comme une maladie
spirituelle contre laquelle aucun traitement ou mesure de prévention
biomédicale occidentale ne peut être efficace. Les gens croient
qu'il n'y a pas grand-chose à faire pour prévenir la maladie
puisqu'il est impossible d'éviter la chaleur dans nos pays à
climat équatorial. Ainsi, dans une situation comme celle-ci, les
responsables des programmes de lutte antipaludique ne doivent s'attendre, au
mieux, qu'à une observation passive des activités de lutte et
qu'une lutte permanente n'est possible qu'avec une sensibilisation bien
structurée et intense.
En outre ,selon l'information provenant de plusieurs
enquêtes, il est difficile d'établir une corrélation entre
l'utilisation d'une moustiquaire et la perception du rôle des moustiques
dans la transmission du paludisme, Le manque de connaissances entourant le
rôle des moustiques dans la transmission du paludisme soulève des
inquiétudes qui ont amené certaines personnes à penser
qu'il faudrait peut-être insister davantage sur la réduction de la
nuisance liée aux piqûres pour motiver l'utilisation des MII.
Cette proposition se trouve renforcée par le fait que l'utilisation des
moustiquaires est associée à une densité
élevée de moustiques à l'intérieur en Afrique de
l'Ouest13, Lorsqu'on demande aux habitants de parler des avantages
des MII, ils parlent bien plus de la diminution de la nuisance due aux
moustiques que de la réduction du paludisme.
La réduction de l'inconfort est, sans conteste, le
résultat le plus immédiat, le plus fréquent et le mieux
perçu de l'utilisation d'une MII. Cependant, ce désir
d'éviter la nuisance n'est pas un motif suffisant pour utiliser une MII
toute l'année. Il est assez courant dans ce contexte de ne pas utiliser
les MII durant la saison où les moustiques sont moins nombreux, les
conséquences logiques qui en découlent sont:
Ø d'abord, ce motif peut être insuffisant pour
amener les habitants à dépenser de l'argent sur des moustiquaires
ou un traitement à l'insecticide lorsqu'ils sont à court
d'argent. S'ils perçoivent la MII uniquement comme un article de
confort, celui-ci risque d'être classé non seulement après
la nourriture mais après d'autres articles qui procurent du plaisir,
comme le tabac.
Ø Deuxièmement, si l'utilisation d'une MII est
perçue uniquement comme un moyen d'avoir une bonne nuit de sommeil, les
adultes, surtout les hommes, auront vraisemblablement la
préférence. Dans certaines collectivités, les habitants
croient que les enfants dorment plus profondément que les adultes et
sont moins dérangés par les moustiques
Une autre dimension importante de cette question, du moins
dans un premier temps, est le nombre de moustiquaires dont un ménage a
besoin. En Tanzanie, par exemple, le nombre de moustiquaires requis par
ménage a été l'un des principaux obstacles pratiques parce
que les habitants refusaient d'acheter une seule moustiquaire et de laisser les
autres membres du ménage sans protection. Le nombre de moustiquaires
qu'il faudra se procurer dépendait entre autres de la taille de la
famille et des habitudes de coucher14.
Et enfin les coûts et le revenu des ménages
constituent aussi des facteurs limitant l'utilisation de la MII. Dans toutes
les études qui ont explicité les motifs de non-possession d'une
MII, le motif le plus fréquemment avancé était la
dépense : 76 % au Malawi 15 et 58 % à Savalou,
au Bénin16 et à Brazzaville, au Congo 17
ont constaté que, dans l'ensemble, 49 % des non utilisateurs ont
donné la dépense comme motif, réponse variant de 87%
parmi les personnes pauvres à 36 % parmi les personnes riches.
A la lumière de ce qui précède, les
questions auxquelles la présente étude s'efforce de
répondre sont les suivantes :
§ Quelle est la prévalence de l'utilisation des
MII ?
§ quels sont les facteurs associés à la
faible utilisation des MII ?
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