C. Notion d'accès aux services bancaires et
financiers
Chamberlain et Walker (2005) définissent le mot
accès comme étant « l'habilité d'un individu
à obtenir et, sur une base soutenable, à utiliser des services
bancaires et financiers (abordables et utilisables) qui satisfont ses besoins
financiers ».
II. THEORIES ET TRAVAUX SUR LA BANCARISATION
La littérature sur la faible bancarisation n'est pas
dense car les pays développés ne sont pas confrontés
à ce problème. Néanmoins, il existe essentiellement deux
théories sur l'accès aux services bancaires et quelques
mémoires qui en ont fait cas.
A. Les théories
Deux théories sont importantes dans le domaine de la
bancarisation : la théorie des frontières des possibilités
d'accès et la théorie des barrières à
l'accès.
1. Théorie des frontières des
possibilités d'accès
Développée par Beck et De la Torre (2006), cette
théorie part du principe économique de la loi de l'offre et de la
demande et développe deux aspects à savoir : l'accès au
crédit et l'accès aux services d'épargne et de paiement.
Ici, seul le dernier aspect qui rejoint notre problématique sur la
faible bancarisation sera étudié.
a. L'offre et la demande de services de paiement et
d'épargne
L'offre de services de paiement et d'épargne
dépend des coûts de transactions fixes et des risques
systémiques (qualité des infrastructures de transport et de
communication, technologie disponible) et particuliers (style
managérial, décision d'investissement).
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APPROCHE ANALYTIQUE DE LA FAIBLE BANCARISATION DANS LES PAYS DE
L'U.E.M.O.A : CAS DU BENIN
Quant à la demande, elle est appréciée
par des facteurs économiques (revenu, prix) et non économiques
(l'illettrisme financier, les barrières religieuses et culturelles).
b. Définition
Beck et De la Torre définissent la frontière des
possibilités d'accès des services
de paiement et d'épargne comme « la part
maximale de la population (ménage et entreprise) qui pourrait être
servie par les institutions bancaires et financiers pour un ensemble
donné de variables d'état ».
Pour décrire cette frontière, ils
définissent quatre fonctions :
Offre réelle : S= f {Coûts de
transactions, variables d'état} ;
Offre potentielle : S* qui est meilleure
à S parce que fruit d'un marché
financier efficient ;
Demande réelle : D= f {Revenu, prix,
illettrisme financier, barrières culturelle
et religieuse} ;
Demande potentielle : D* qui est meilleure
à D car ne considère pas les facteurs non économiques.
c. Hypothèses
Les deux auteurs émettent les hypothèses
suivantes:
H1: Le prix est indépendant du volume des
transactions;
H2: Les clients qui utilisent les transactions les plus
chères sont ceux qui consomment plus de transactions;
H3: Dans un intervalle de temps d'observation, la valeur et le
volume de transactions consommées par chaque agent sont fixes et
indépendants du prix.
d. Interprétations
Les points de rencontre entre les différentes courbes
d'offre et de demande
déterminent les frontières des
possibilités d'accès. La projection du point I (offre et demande
efficiente) sur l'axe horizontal donne la part de la population qui est
bancable (A) : c'est la situation optimale pour un pays donné.
Tous les trois points intérieurs illustrent de
problèmes plus ou moins importants dont la résolution permettra
d'accroître l'accessibilité.
· Premier problème d'accès : le point
III caractérise un problème de demande lié à
l'auto-exclusion qui est due à des facteurs non économiques;
· Deuxième problème d'accès
: les points II et IV caractérisent un problème de demande et
d'offre. Ils traduisent une offre peu efficiente (point II) doublée d'un
problème d'auto-exclusion des populations (point IV).
Figure 1 : Frontières de possibilités
d'accès
Source : Beck et De la Torre (2006)
Mais il existe un troisième problème qui
pourrait ressortir de la comparaison des points I de deux pays
différents ayant des niveaux économiques semblables. Ces points
peuvent varier traduisant alors des problèmes spécifiques non
économiques tels que l'insécurité ou le cadre juridique,
etc.
2. Théorie des barrières à
l'accès
La théorie des barrières à l'accès a
été développée par plusieurs auteurs qui ont
procédé à des études comparatives
concernant le niveau de pénétration des services bancaires et
financiers dans différents pays. Certaines de ces études (Caskey
(2004) ;
43
APPROCHE ANALYTIQUE DE LA FAIBLE BANCARISATION DANS LES PAYS DE
L'U.E.M.O.A : CASDUBENIN
Chamberlain et Walker (2005) ; Honohan (2004) ; Ketley, Davis
et Truen (2005) ; Peachey et Roe (2004)) se sont limitées à une
simple analyse statistique tandis que d'autres (Beck, Demirguc-Kunt et Peria
(2005 et 2006) ; Beck et De la Torre (2004)) ont procédé à
une analyse économétrique des phénomènes
observés et en ont déduit les facteurs explicatifs principaux.
a. Définition La notion de
barrière à l'accès fait référence à
un ensemble d'obstacles
susceptibles de gêner, voire bloquer le processus de
démocratisation des services bancaires et financiers au sein des
populations. Plusieurs sortes de barrières ont été
identifiées dans la littérature.
b. Les différentes sortes de
barrières
On distingue :
ü la barrière physique relative
à la proximité d'une agence bancaire et aux
possibilités d'ouvrir un compte en effectuant plus ou
moins de déplacement ;
ü la barrière financière
ayant trait au dépôt initial minimal pour l'ouverture du compte et
aux frais d'entretient dudit compte ;
ü la barrière à
l'éligibilité correspondant aux autres conditions
d'ouverture de compte ;
ü la barrière de la
réglementation liée au cadre juridique ;
ü la barrière des services disponibles et
de leurs caractéristiques relative à
l'adaptabilité et la capacité de satisfaction procurées
par les produits bancaires et financiers ;
ü la barrière de l'information
issue de l'illettrisme financier.
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