B- Une relation privilégiée avec les
grands-parents
Comme nous l'avons déjà évoqué,
les immigrés italiens ont été souvent très durs
avec leurs enfants, leur interdisant de parler italien ou dialecte à la
maison, et exigeant une tenue exemplaire et de bons résultats à
l'école. Ils donnaient parfois leur approbation aux châtiments
corporels affligés par les maîtres. Ils ne voulaient naturellement
que le bien de leurs enfants, rêvant pour eux d'un avenir meilleur que
la vie qu'ils menaient. Toutefois, leur intransigeance a parfois
été mal comprise par leurs enfants.
En revanche, la relation avec les petits-enfants est exempte
de pressions, leurs parents ayant réussi à s'intégrer dans
la société française, il n'y a plus de risques qu'ils
traversent les mêmes épreuves qu'eux. Les souffrances de l'exil
étant un souvenir plus lointain, l'avenir de la famille étant
assuré, il est plus facile pour les grands-parents de transmettre leur
histoire à leurs petits-enfants.
Par ailleurs, les petits-enfants représentent la
dernière occasion de transmettre une mémoire oubliée.
À de rares exceptions près, les grands-parents ne transmettent
qu'une image positive de leur expérience : ils évoquent leur
enfance au pays natal, leur départ pour la France, mais taisent les
difficultés et les sacrifices.
C- Désir de retrouver ses racines et d'apprendre
la langue de ses grands-parents.
Les jeunes de la 3ème
génération connaissent très peu de choses de l'Italie. Ils
en ont souvent une image positive, véhiculée par les livres ou
les reportages télévisés qui montrent des villes et des
oeuvres d'art.
À la question, « qu'est-ce que vos grands-parents
vous ont transmis de l'Italie ? » beaucoup répondent
« rien ».
Et pourtant, 53 % d'entre eux disent qu'ils connaissent
quelques mots d'italien et 18 % que leurs grands-parents leur parlaient souvent
en italien. Ces jeunes n'auraientils pas conscience que transmettre sa langue
maternelle, c'est transmettre un peu de sa culture ?
L'héritage culturel se limite pour eux à quelques
objets, des recettes de cuisine, des chansons et quelques récits.
C'est peut-être justement ce mystère autour de leurs
origines, qui suscite leur curiosité et leur désir d'en savoir
plus.
La passion pour le football et les succès de
l'équipe nationale italienne, pour les voitures de courses, pour la
mode, jouent un rôle considérable dans l'image qu'ont les
adolescents de l'Italie. L'Italie étant devenue la destination
touristique privilégiée des Français, ils y passent leurs
vacances avec leurs parents et en gardent une image idéalisée et
plutôt réductrice : le soleil, la mer, les pâtes, les pizzas
sont les termes qui reviennent le plus souvent lorsqu'on leur demande ce que
leur évoque l'Italie !
Aujourd'hui, les jeunes sont fiers d'avoir des origines
italiennes et les affichent en portant des pendentifs représentant la
péninsule, tee-shirt de l'équipe nationale de football par
exemple. Ce n'est pas pour communiquer avec leurs grands-parents qu'ils
choisissent d'étudier l'italien, puisque ceux-ci ne parlent
généralement que leur dialecte, mais peut-être pour leur
faire plaisir et surtout pour revendiquer leur italianité.
De nos jours, la double appartenance est un enrichissement et la
connaissance de plusieurs langues presque indispensable pour trouver du
travail.
Le lien affectif très fort qui les unit à leurs
grands-parents est probablement à l'origine de la survalorisation de
leur italianité. Ils sont également à l'âge
où ils cherchent à affirmer leur personnalité et où
ils veulent exprimer leur différence. Ils souhaitent concilier les
différentes facettes de leur identité et être reconnus en
tant que Français d'origine italienne.
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