La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale( Télécharger le fichier original )par Barnabé Milala Lungala Katshiela Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009 |
3.1.3. L'application du cadre théorique à la création de la réalité socialeJohn Searle définit la réalité sociale de plusieurs manières ; nous nous proposons de partir de la première définition qu'il nous donne dans son livre intitulé La construction de la réalité sociale. La réalité sociale est faite, « des portions du monde réel, des faits objectifs dans le monde, qui ne sont des faits que par l'accord des hommes. En ce sens, il y a des choses qui n'existent que parce que nous y croyons. Je pense, dit-il, à des choses comme l'argent, les propriétés foncières, les gouvernements, et les mariages. J'ai donné, ajoute-t-il, à certains des faits qui dépendent de l'accord des hommes le nom de « faits institutionnels », par contraste avec les faits non institutionnels ou « bruts » ».437(*) Le fait institutionnel est un terme qui est déjà utilisé plus de trois décennies avant par lui-même dans son livre Les actes de langage. Commençons par la question principale de la théorie sociale de Searle, celle qui consiste à savoir comment nous créons la réalité sociale à partir des actes de langage en tant qu'ils forment les structures élémentaires de la réalité. Ici,nous effleurons déjà son structuralisme. Il s'agit justement des réalités sociales telles que l'argent, le mariage, la propriété, l'activité de recrutement, de renvoi, la guerre, les révolutions, les soirées mondaines, les gouvernements, les réunions, les syndicats, les parlements, les corporations, les lois, les restaurants, les congés, le fait qu'il y a des avocats, des professeurs, des médecins, des chevaliers médiévaux et des impôts, etc.438(*) La réponse c'est que, selon John Searle, nous imposons des fonctions -statuts à des actes de langage. Qu'est-ce qu'imposer une fonction -statut à un acte de langage? En ce qui concerne le mariage par exemple, schématiquement « le fait d'effectuer tel ou tel acte de langage (le terme X) devant une autorité officielle qui préside la cérémonie (le terme C) est compté à présent comme le fait d'être marié (le terme Y). Enoncer les mêmes mots exactement dans un contexte différent (...) ne constituera pas le fait d'être marié. Le terme Y assigne à présent un nouveau statut à ces actes de langage. Les promesses faites durant la cérémonie nuptiale créent un nouveau fait institutionnel, un mariage, parce que, dans ce contexte, faire ces promesses est compté comme être marié ».439(*) * 437 John SEARLE, La construction de la réalité sociale, p.13. * 438 Ibidem, p.107. * 439 Ibidem, p.111. |
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