La contribution du mouvement olympique dans la lutte contre la discrimination en sport( Télécharger le fichier original )par Alain Clotaire FEZE Universite de Dschang - DESS en droits de l'Homme 2006 |
Section I : L'ACTION DU COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUEEn tant qu'autorité suprême du Mouvement olympique dont le premier objectif est de promouvoir l'olympisme et de développer le sport à travers le monde, le CIO a posé plusieurs actions en faveur de la lutte contre toute forme de discrimination. Nous montrerons d'abord ce qu'il a fait sur le plan de la pratique sportive (paragraphe I) et ensuite sur le plan administratif (paragraphe II). § I : SUR LE PLAN DE LA PRATIQUE SPORTIVETout au long de son histoire, le CIO s'est toujours battu pour organiser des JO de plus en plus justes pour la femme (A) tout en luttant aussi contre la discrimination raciale (B). A- L'organisation des JO de plus en plus justes pour la femmeAfin de faciliter la compréhension de notre argumentation, il serait judicieux de faire d'abord un bref historique de l'évolution de la femme dans le milieu olympique (1) avant de présenter la situation actuelle (2). 1- Historique des athlètes féminins dans les Jeux olympiquesDans la Grèce antique, les femmes étaient considérées comme porteuses de malheur. Elles ne participaient pas aux JO. En 1896, deux femmes revendiquent leur droit de mettre les pas dans ceux de PHEIDIPPIDE, le mythique messager du marathon. En février 1896, MELPOMENE défie les hommes en faisant, elle aussi, son marathon. Elle sera suivie deux mois plus tard par une autre, STAMTHIA ROVITMI. L'ascension des femmes dans le Mouvement olympique n'a pas été facile, et Pierre De COUBERTIN s'y est toujours opposé. Il déclare à cet effet que : Je n'approuve pas personnellement la participation des femmes au concours publics, ce qui ne signifie pas qu'elles doivent s'abstenir de pratiquer un grand nombre de sports, mais sans se donner en spectacle. Aux Jeux olympiques, leur rôle devrait être surtout comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs15(*). Durant toute sa vie, il resta l'opposant inconditionnel de la participation des femmes aux programmes des Jeux. De COUBERTIN était, à l'évidence, si enthousiasmé par les rites des Jeux antiques qui interdisaient l'accès au stade pour les femmes même comme spectatrices, qu'il dût les vivre jusqu'au bout. Cette situation exaspéra les femmes et, en 1912, sous l'impulsion d'une femme, Alice MILLIAT, une association dénommée « Femina sport » vit le jour. Alice MILLIAT, soutenue par son organisation, organisa, en 1921 à Monaco, l'olympiade féminine à laquelle participèrent cinq nations. La même année, elle provoqua la création de la Fédération Sportive Féminine Internationale (FSFI). Cette organisation avait pour objectif principal vaincre la réticence du Baron Pierre De COUBERTIN sur la participation des femmes aux JO. Face à cette pression de plus en plus grandissante, le CIO accepte la participation des femmes à quelques disciplines aux JO en 1908 à Londres. Ce n'est qu'en 1928 que, officiellement, les femmes entrent dans les Jeux avec cinq disciplines : le 400 m, le 800 m, le saut en hauteur, le lancer du disque et le 4x100 m. Malgré cela, De COUBERTIN resta cantonné sur sa position et fera la déclaration suivante sur l'admission des femmes : « Quant à la participation des femmes aux Jeux, je demeure hostile. C'est contre mon gré qu'elles ont été admises à un nombre grandissant d'épreuves »16(*). De COUBERTIN disait du sport au féminin qu'il était inintéressant, inesthétique et inconvenant. L'on est en droit de se demander ce qu'il penserait s'il savait que 90145 personnes ont payé pour voir l'équipe américaine de football remporter la coupe du monde en 199917(*). Malgré cette intégration, plusieurs problèmes se faisaient encore sentir. Les tribunaux ont même eu à rendre des décisions sur la question. C'est ainsi qu'en 1984, dans l'affaire MARTIN c/ CIO, deux organisations de coureurs féminins et 82 femmes de 27 pays assignaient le CIO (et une demi-douzaine d'autres défendeurs dont le CNO des USA, le COJO de Los Angeles) devant une Cour fédérale à Los Angeles, l'accusant de discrimination contre les femmes à cause de l'absence des courses de 5 000 et 10 000 m comme chez les hommes. Elles soutenaient que cette omission constituait une violation des lois californiennes et fédérales ainsi que des dispositions de la constitution américaine et du droit international, et demandaient à la cour d'ordonner que le CIO et ses membres organisent ces courses. Leur cause fut entendue par l'American Civil Liberties Union. Le Tribunal de Première Instance jugea que les demandeurs n'avaient pas établi la preuve d'une quelconque discrimination délibérée. La Cour d'Appel Fédérale pour le Neuvième Circuit, juridiction hautement respectée, confirma cette décision et refusa de modifier la décision du premier Tribunal selon laquelle le CIO s'était conformé à la Charte Olympique et n'avait pas violé le droit américain. (Ar. Martin c/ CIO, Message Olympique, 11 sept. 1989) Heureusement, aujourd'hui, les choses ont bien changé. * 15 De COUBERTIN par BOULONGNE (P.Y.), « Les femmes et le Mouvement olympique » in Revue olympique n°XXVI-3, fév.-mars 2001, p. 24. * 16 De COUBERTIN, Bull. CIO, 3e année, 1928, p. 11. * 17 WOLF LYBERG, La participation des femmes aux Jeux olympiques, Revue olympique n°XXVI-31, fév.-mars 2000, p. 48. |
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