Ministère de l'Enseignement Supérieur
République de Côte
d'Ivoire et de la Recherche Scientifique
Union - Discipline - Travail
ECOLE NORMALE SUPERIEURE - UNIVERSITE DE BOUAKE
Département des Sciences de
l'Education
MÉMOIRE DE D.E.A
Option : Psychologie de l'éducation
MOTIVATION ET REUSSITE DES APPRENTISSAGES
SCOLAIRES.
Cas des élèves de la 4ème,
Ecole Normale Primaire
du système éducatif rwandais.
présenté et soutenu par
NDAGIJIMANA Jean-Baptiste
Le: 03/09/2008
Sous la direction du Professeur Koudou OPADOU
Devant un jury composé de:
- Professeur Koudou OPADOU,
- Professeur Ani-Jules SEMITI,
- Dr François Joseph AZOH.
|
REMERCIEMENTS
Tout travail de recherche scientifique exige la contribution
de plusieurs personnes. Elle bénéficie de l'aide tant
matérielle, financière, intellectuelle que morale des personnes
auxquelles nous voulons exprimer notre profonde reconnaissance.
Nos remerciements s'adressent d'abord:
- Au Professeur Koudou OPADOU qui, par son accompagnement, sa
disponibilité, son expérience et sa rigueur scientifique, nous a
permis de mener à bien notre recherche.
- A Madame Christine UWIMBABAZI pour son soutien affectif et
son consentement au niveau des dépenses financières de ces
études.
Nos remerciements s'adressent ensuite à ceux qui ont
participé aux entretiens et répondu au questionnaire de
recherche :
- Les deux directeurs des ENP de Kirambo et de Zaza
- Des enseignants de 4ème NP de ces ENP
- Les élèves de 4ème
année de ces ENP
Enfin, nous tenons également à remercier:
- L'administration académique et tous les professeurs
de l'Ecole Normale Supérieure d'Abidjan pour leur encadrement
pédagogique. Nous remercions en particulier, les Professeurs de
l'année de DEA 2007-2008
- L'administration de l'Université de Kibungo dans
laquelle nous travaillons.
- Toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une
autre, ont permis la réalisation de cette recherche.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
5
CHAPITRE 1 : Problématique de
l'étude
7
1.1. Intérêt personnel pour le
sujet
8
1.2. Pertinence scientifique du sujet
9
1.3. Pertinence sociale du sujet
12
1.4. Enonce du problème
13
1.5. Question de recherche
13
1.6. Objectifs de la recherche
14
1.6.1.Objectif général
14
1.6.2. Objectifs spécifiques
14
1.7. Hypothèses de recherche
14
1.7.1. Hypothèse principale
14
1.7.2. Hypothèses secondaires
14
Chapitre 2: Motivation dans la
littérature
Erreur ! Signet non
défini.
2.1. Approche définitionnelle
16
2.1.1. Notions générales sur la
motivation.
16
2.1.2. Motivation scolaire
19
2.2. Principales théories sur la
motivation.
21
2.2.1. Approche biologique
22
2.2. 2. Approche de l'apprentissage
23
2.2.3. Approche humaniste
23
2.2.4. Approche psychodynamique
23
2.3. Principales théories sur la motivation
scolaire
24
2.3.1. Motivation d'accomplissement (Achievement
motivation)
24
2.3.2. Approche du béhaviorisme
25
2.3.3. L'approche d'autodétermination
25
2.3.4. Approche socio-cognitive
26
2.3.5. Théorie du but, motivation et
réussite scolaire
27
2.4.Théories d'explication de la motivation
scolaire
31
2.4.1. Modèle des attentes et de la
valeur
31
2.4.2. Attribution causale
32
2.5. Modèles de motivation
38
2.5.1. Motivation-compétence.
38
2.5.2.Motivation - vecteur
38
2.5.3.Motivation extrinsèque et
intrinsèque
38
2.6. Définition opératoire
39
CHAPITRE 3 : Grandes théories
de l'apprentissage
42
3.1. Approche générale
43
3.2. Béhaviorisme
44
3.3. Constructivisme
47
3.4. Socioconstructivisme
49
3.5.Théories interactionnistes
55
CHAPITRE 4 : Motivation et
apprentissage scolaire
59
4.1 Nécessaire motivation
60
4.2 Motivation scolaire et tutorat
60
4.3. Profils d'apprentissage
64
4.4. Cadre de référence
67
4.4.1. Modèle d'approche sociocognitive.
68
4.4.2. Les concepts de base de cette recherche
72
CHAPITRE 5 : Approche
méthodologique
74
5.1. Contexte d'étude, population et
échantillon.
75
5.1.1. Présentation du contexte de
l'étude
75
5.1.2. Population d'étude.
76
5.1.2. 1. Organisation, structure et population des
Ecoles Normales Primaires
77
5.1.2. 2. Programme
78
5.1.3. Echantillon.
78
5.2. Techniques et méthodes de collecte et
d'analyse des données
79
5.2.1. Techniques de collecte des
données.
79
5.2.1.1. Observation directe
79
5.2.1.2. Entretien
80
5.2.1.3. Questionnaire
82
5.2.2. Méthodes d'analyse des
données
83
5.2.2.1. Méthode comparative
83
5.2.2. 2. Approche
phénoménologique
84
CHAPITRE 6 : Présentation des
résultats
85
6.1. Résultats issus du temps
d'observation
87
6.2. Résultats issus de l'entretien
individuel
88
6.2.1. Les éléments qui engendrent la
motivation
88
6.2.2. Le type de motivation le plus efficace
89
6.2.3. Les principales causes du manque de
motivation et leurs conséquences
90
6.2.4. Contribution à l'apprentissage
motivé
91
6.3. Tendances dégagées par le
questionnaire adressé aux enseignants
92
6.3. 1. La valeur accordée aux
activités de l'apprentissage par l'apprenant
92
6.3. 2. La compétence possible de
l'élève à la réussite
93
6.3. 3. Le contrôle sur le déroulement
de l'activité d'apprentissage
95
6.3. 4. Les stratégies
préconisées pour aider l'apprenant
95
6.3. 5. L'amélioration de la motivation chez
les apprenants
97
6.4. Tendances dégagées par le
questionnaire adressé aux élèves
98
6.4.1. Choix des élèves.
98
6.4.2. Motif de choix et satisfaction.
99
6.4.3. Sentiments actuels des
élèves.
101
6.4.4. Appréciations actuelles des
élèves.
102
6.4.5. L'amélioration de la motivation chez
les apprenants.
103
CHAPITRE 7 : Interprétation des
résultats
104
7.1. Synthèse des résultats
105
7.2. Discussion - interprétation
106
7.2.1. De l'orientation scolaire à
l'orientation professionnelle
106
7.2.2. Du modèle de l'enseignant à la
motivation de l'élève
107
7.2.3. De la motivation extrinsèque à
la motivation intrinsèque
108
7.2.4. Principales causes du manque de motivation
et ses conséquences.
109
7.3. Interprétation d'ensemble des
résultats.
110
Conclusion
112
Références
bibliographiques
115
Annexes
118
INTRODUCTION
Ce mémoire présente la première partie
d'un projet de recherche doctorale portant sur « Motivation et
réussite des apprentissages scolaires ». La motivation est un
des facteurs déterminants de l'apprentissage, car l'apprentissage n'est
possible que si l'on est motivé. Les enseignants savent que l'acte
pédagogique est difficile devant un groupe d'élèves sans
aucun objectif. L'apprentissage est agréable quand un enseignant est
devant un groupe d'élèves motivés ayant des buts et
d'intérêts bien précis. Dans le contexte scolaire, la
motivation joue un rôle primordial dans la réussite des
apprentissages.
C'est dans ce cadre que de nombreuses recherches ont
été faites dans le domaine de la psychopédagogie pour
rendre l'enseignement actif et motivé. Sans parler directement de la
motivation, Piaget dans sa théorie d'équilibration et
modèle de pratiques éducatives, insiste sur les pratiques
éducatives souples réunissant à la fois deux implications
du processus d'équilibration : être source de perturbation et
offrir les conditions nécessaires aux rééquilibrations.
L'enseignant suscite les perturbations et aide l'apprenant à les
surmonter, à construire des connaissances et à exercer ses
schèmes. Autrement dit, c'est un type de pratique pédagogique
éducative favorable au développement de l'intelligence. Cela a
été confirmé aussi par les recherches de Lautrey (1980) et
TAPE G. (1994) et d'autres chercheurs sociocognitives comme Rolland Viau
(1994), Shunk(1990a), Zimmerman (1999a), Pintrich et Schrauben (1992).
Que représente alors la motivation dans le contexte
scolaire ?
En général, comme les béhavioristes ont
défini la motivation, c'est un ensemble des mécanismes
biologiques et psychologiques qui permettent le déclenchement de
l'action dans son orientation, intensité et persistance. Dans le
contexte scolaire, elle est un état dynamique basée sur la
perception qu'un élève peut avoir de lui-même et de son
environnement qui le pousse à un choix d'activité, à s'y
engager et à persévérer dans l'accomplissement afin
d'arriver aux buts (Cf. R.Viau).
La question simple qui pourrait déclencher la
motivation est celle-ci : « ai-je la motivation ; suis-je
intéressé ?» Dans le contexte scolaire qui nous
intéresse dans ce travail, cette question est râlement
posée à la première personne du singulier. Elle est
plutôt, habituellement posée à la troisième ou
à la deuxième personne et adressée souvent aux enseignants
en ces termes : « tes élèves sont-ils
motivés ? » Les enseignants répondent souvent par
un « oui » ou un « non ».
Derrière ces réponses se cache parfois la motivation de
l'enseignant lui-même et de ses élèves. Ce que nous avons
observé dans les deux classes de 4ème Normale
Primaire, plusieurs enseignants ne pensent pas à se poser la question si
leurs élèves sont motivés. Ils exposent leurs
matières de façon dogmatique, leur préoccupation, c'est de
terminer le programme. Ils sont plus centrés sur le contenu que sur
l'apprenant ; c'est à l'élève de prendre les notes et
de les mémoriser.
Certains enseignants ignorent l'aspect de motivation pendant
l'acte pédagogique, ils n'y pensent même pas. La question qu'ils
se posent souvent est « pourquoi nos élèves ne
réussissent pas ? » Leur réponse est rapide :
« ils sont faibles, sans niveau.» La question qu'on peut se
poser encore ; « l'enseignement motivé
améliore-t-il la compréhension des apprentissages et augmente le
désir d'apprendre ? »
Ce travail de mémoire de DEA en psychologie de
l'éducation tente d'y apporter quelques éléments de
réponse. Mais, il se limite à la présentation des aspects
théoriques et méthodologiques de l'étude ainsi que les
grandes tendances dégagées par les résultats aux
premières enquêtes.
Il est organisé en sept chapitres :
Le premier chapitre est consacré à la
spécification de la problématique. Le deuxième chapitre
fait l'état de la motivation en général et de la
motivation en contexte scolaire à travers la littérature de
psychologie et de pédagogie. Le troisième chapitre dresse les
grandes théories de l'apprentissage scolaire. Le quatrième est
centré sur le rôle de la motivation dans l'apprentissage scolaire.
Il fait le lien entre la motivation et l'apprentissage. Le cinquième
chapitre développe la méthodologie utilisée pour mener
cette étude. Le sixième chapitre rapporte et fait l'analyse des
résultats issus des premières enquêtes. Le septième
chapitre est consacré à une tentative d'interprétation
provisoire des résultats d'autres études. En conclusion, nous
dressons un bilan de cette étude réalisée sur une
période courte en vue de poursuivre la recherche à une plus
grande période.
CHAPITRE 1
Problématique de
l'étude
Nous abordons la formulation de notre problématique.
Celle-ci nous permet d'entrer dans la phase de théorisation de notre
étude. La problématique va découler de la motivation de
départ qui se situe dans notre expérience pédagogique
à l'École Normale Primaire. Cette motivation sera exprimée
à travers trois catégories d'intérêts :
l'intérêt personnel pour le sujet, la pertinence scientifique du
sujet et la pertinence sociale du sujet
1.1. Intérêt
personnel pour le sujet
Dans le domaine de l'enseignement - apprentissage, un sujet de
recherche n'est jamais choisi au hasard sans être à la recherche
d'une solution pour un problème réel dans le domaine de
l'apprentissage.
Le choix du sujet de notre travail de recherche a pour but de
trouver la réponse à une question qui prend ses racines dans les
méthodes et procédés utilisés dans la
réalisation des apprentissages scolaires en rapport avec notre
expérience pédagogique. Une expérience d'abord en tant
qu'enseignant à l'Ecole Normale Primaire1(*). En effet, notre intérêt pour la
motivation et la réussite des apprentissages scolaires est
né au moment où j'enseignais les élèves
orientés2(*) en
majorité dans les sections (filières) qu'ils n'avaient pas
choisies3(*). Ces
élèves n'avaient aucune motivation. Cela entraîne des
échecs et manque d'excellence. Dans le cours de psychologie, nous avons
eu à parler de la « motivation », ce qui nous a
permis d'aider les élèves à retrouver la motivation et le
sens de leurs apprentissages. Ainsi, nous avons commencé à nous
intéresser de la motivation au cours des apprentissages scolaires.
Nous nous demandions pourquoi la motivation n'est pas souvent
prise en compte au cours de l'orientation des élèves et pendant
l'acte pédagogique. Autrement dit, la motivation ne contribuerait-il pas
à la réussite des apprentissages scolaires ? Pour mieux
comprendre, nous voulons approfondir le concept
« motivation » d'une manière scientifique et
psychopédagogique.
1.2. Pertinence scientifique
du sujet
La motivation est un sujet qui préoccupe des
psychopédagogues et beaucoup de chercheurs en sciences de
l'éducation. La motivation a fait l'objet de nombreux travaux (articles
scientifiques, conférences, thèses et mémoires). Tous sont
d'accord pour dire qu' « on apprend mieux quand on est
motivé. » On ne peut pas espérer la réussite
sans motivation des apprenants. Beaucoup de chercheurs en sciences de
l'éducation comme en psychologie ainsi que des enseignants
s'intéressent à la motivation scolaire tant en langue
française qu'en langue anglaise.
La motivation est très importante dans le choix des
études. Les motivations varient d'une année d'étude
à l'autre. En France, les recherches ont été faites (mars
2007) sur les étudiants en médecine au cours de leurs
études à base des textes rédigés chaque
année par les candidats sur leurs motivations à faire des
études médicales4(*). A partir de cette étude, nous pouvons
identifier quelques grands courants de la motivation : l'altruisme et la
curiosité scientifique sont les motivations les plus fréquemment
avancées pour s'engager dans les études de médecine.
Par l'altruisme, le candidat veut être
utile, aider, soigner et guérir. Il s'agit donc d'une vocation, d'un
appel intérieur pour la carrière médicale. Avoir des
parents dans le domaine de la santé, avoir eu un approche malade ou
avoir été soi-même malade, jouent souvent un rôle
décisif dans ce besoin.
Quant à la curiosité
scientifique, cette deuxième grande motivation, isolée
ou accompagnant l'altruisme, il a été constaté que cette
motivation vient de la curiosité pour les sciences naturelles, la
physiologie, la biologie cellulaire.
Pour les autres motivations qui ont
été mises évidence, les raisons sont diverses, on peut
citer les exemples suivants: désir d'avoir un métier assurant une
sécurité d'emploi et des ressources financières ;
l'intérêt pour un métier qui suscite l'estime ou
l'admiration ; l'agrément d'un travail qui laisse une
liberté d'action ; prouver sa valeur à soi-même et
à des proches ou des parents sceptiques sur leurs
capacités ; absence d'attrait pour d'autres études.
Au cours de la première année, la
réussite au concours d'entrée a été
considérée aussi comme motivation essentielle et les motivations
initiales passent au second plan. Le constant est qu'après avoir
commencé les études, les difficultés qui surgissent
peuvent être un obstacle (frein), voir même un blocage qui peut
conduire à l'abandon ou un stimulant donnant le sentiment valorisant
qu'on est capable de se dépasser.
De la deuxième année à la
quatrième année, les motivations sont concrétisées
et rationalisées par le contact avec la vie hospitalière
et les diverses expériences. En fonction de ce qu'on
perçoit possible dans le futur, de l'intérêt ressenti pour
les stages, les disciplines, l'enseignement, les motivations incitent à
travailler seulement pour des objectifs à court terme, réussir
des examens, ou aussi avec une perspective à long terme à
laquelle on s'attache fortement (devenir généraliste,
pédiatre, urgentiste,...)
Au cours du troisième cycle de médecine,
les motivations sont de plus en plus concrètes et mobilisent
l'énergie vers ce qu'on tient absolument à maîtriser pour
son exercice futur. A partir de cette étude réalisée dans
ce genre d'étude professionnelle, il est possible de mener une
même étude dans les études de profession
d'enseignement ; une raison pour laquelle, nous voulons scientifiquement
mener une étude sur la motivation au cours des études de l'Ecole
Normale Primaire.
Parmi d'autres études récentes dans les pays
francophones, nous pouvons citer aussi CHESNAIS, M..F (1998). Elle insiste sur
l'autonomie. Pour elle, motiver un apprenant c'est l'accompagner dans ses
apprentissages. Le but principal de l'accompagnement des apprentissages est
d'amener l'accompagné à être autonome, c'est-à-dire
à agir efficacement seul, ce qui suppose qu'il ait
intériorisé les éléments de remédiation mis
en lumière avec l'accompagnateur. Dans sa recherche, elle admet que face
à une personne non-motivée, on peut se sentir démuni, mais
il y a moyen de construire la motivation comme une recherche de sens qui se
construit peu à peu.
Dans ce cas, le rôle de l'accompagnateur au niveau de la
motivation est d'aider l'accompagné (apprenant) à trouver un sens
à l'action demandée. Ensuite, il le guide pour préparer la
réalisation de cette action, dans la recherche de l'objectif, de
l'analyse des moyens pour y parvenir, dans l'élaboration des
priorités et de la progression.
Ce que nous pouvons constater comme limites de ce
travail; l'accompagnement est global dans cette recherche, il n'est
pas situé essentiellement à l'école. D'après
l'auteur, toute personne peut accompagner dans la situation d'apprentissage et
toute personne peut être accompagnée par tout individu. En ce sens
l'orientation scolaire n'est pas prise en compte dans sa recherche et pourtant,
elle joue un grand rôle au niveau de la motivation scolaire ;
autrement dit une bonne orientation est une condition sine qua non pour la
réussite scolaire.
Quant à DELANNOY, C. (1997), elle prouve que le chemin
de motivation est sinueux et mystérieux, mais certains traits qu'en
dessinent les contours sont identifiables et les repères permettent de
mieux ajuster les remèdes là où il y a carence. Son
étude s'est limitée à l'enseignement primaire et au second
cycle d'enseignement général et technique. L'enseignement
professionnel et la formation par alternance n'ont pas été
étudiés, de même que les dispositifs
préconisés ne trouveront pas nécessairement un écho
auprès des populations déscolarisées ou fortement
marginalisées.
Il affirme que si le désir de savoir est
étroitement lié au sens (on ne peut pas désirer apprendre
que, ce que l'on peut désirer savoir, et qui a sens pour nous), la
décision d'apprendre est étroitement liée à la
réussite. Enseigner, c'est accompagner efficacement l'enfant dans son
désir de donner sens au monde, à sa présence au monde, et
dans sa quête de réalisation de soi.
On voit donc tout l'intérêt scientifique à
ce sujet, c'est encore un travail à poursuivre. Rolland Viau dans sa
conférence à l'université de Sherbrooke (Québec,
Canada) sur « la motivation des élèves en
difficulté d'apprentissage : une problématique
particulière pour des modes d'intervention adaptés »
reconnaît que les enseignants doivent continuer à se
préoccuper de la motivation de leurs élèves car ils sont
de plus en plus les seuls modèles que les enfants et les adolescents
peuvent observer en train d'apprendre et d'aimer l'apprentissage.
L'étude réalisée par Marie-Louise
ZIMMERMANN à l'Ecole Jean-Piaget, LDES, Université de
Genève sur les difficultés d'apprentissage (1995), fait remarquer
que plus de 50% des étudiants, leurs réussites sont liées
à la motivation et l'intérêt porté à la
matière. Donc les étudiants accordent une plus grande importance
à la motivation et au fait d'aime la matière. Dans ce contexte,
l'orientation scolaire trouve son importance.
Mais il semble que rien n'ait été écrit
en ce qui concerne l'orientation scolaire comme moteur de motivation scolaire
et réussite des apprentissages scolaires dans l'enseignement secondaire
professionnel. Plus précisément, l'orientation scolaire bien
faite et acceptée par l'élève conduit à la
motivation et à la réussite des apprentissages. Comment
l'apprenant, n'ayant pas participé à son orientation et celui qui
a participé réagissent-ils quand ils sont invités à
faire un projet personnel d'apprentissage ? Comment sont-ils
motivés dans le processus de l'apprentissage ? C'est dans ce sens
que la motivation nous intéresse en posant la question de savoir si
l'apprentissage motivé et orienté conduit nécessairement
à la réussite des apprentissages.
Une telle recherche menée avec exigence et rigueur
scientifique peut contribuer à l'avancement des connaissances actuelles
sur la motivation d'apprendre. C'est un sujet d'actualité où on
se pose des questions sur les méthodes et procédés des
enseignants. Devront-ils motiver les apprenants et donner le sens aux
apprentissages ? Ou doivent-ils leur apprendre à être
motivés ? En d'autres termes, ne doivent-ils pas leur apprendre
à concevoir un projet personnel et susciter en eux le désir de
savoir et les aider à prendre une décision d'apprendre ?
1.3. Pertinence sociale du
sujet
Ce sujet présente un intérêt social dans
toute société en général, spécialement pour
les enseignants et les parents. S'il s'avère que la motivation conduit
l'apprenant à plus de dynamisme dans l'apprentissage, et donc à
plus de succès, il va sans dire que les enseignants devront être
formés et sensibilisés à une pédagogie
motivationnelle et plus dynamique qui évite tout échec
causé par la démotivation. Parce qu'aujourd'hui, à tout
niveau du système éducatif, on cherche à améliorer
et à éteindre la réussite des apprentissages. Il s'agit de
faire tout pour que plus d'apprenants réalisent à l'école
des apprentissages plus significatifs, efficaces et plus durables.
C'est dans ce sens qu'on peut montrer l'importance de la
motivation scolaire. C'est toute la société qui en tire profit
par une bonne formation des élèves motivés. Des
élèves bien formés et dynamiques, capables de s'engager
pour leur société en général, spécialement
participer au développement de leur nation et la formation des futures
générations.
1.4. Enonce du
problème
« Motiver est l'un des grands défis de
l'enseignement actuel devant lequel il est possible de réagir sans
désabusement, repli ou agression face aux
élèves » disait Bernard André. Beaucoup de
raisons sont évoquées pour expliquer l'échec scolaire et
la performance des élèves : le niveau faible ou les
enseignants non formés, la mauvaise organisation pédagogique des
écoles, le manque de suivi des parents, etc. Cependant, on
n'évoque jamais les causes relatives à la démotivation
liées à l'orientation scolaire des élèves. Comme le
souligne MORISSETTE R (2002) dans son livre « accompagner la
construction des savoirs » les gestes et attitudes nuisibles de
l'enseignant comme par exemple: laisser croire aux élèves
qu'ils n'ont aucun pouvoir sur leur intelligence, classer les
élèves dans les faibles ou dans les forts, ne pas se
préoccuper du sens et de la valeur attribuée à
l'apprentissage, valoriser l'évaluation plutôt que
l'apprentissage, ridiculiser une réponse ou le vécu d'un
élève., (p 205 ). Parfois des élèves
adoptent aussi certains gestes et attitudes nuisibles à
l'apprentissage dans ces termes: « on n'aura jamais le
temps ; c'est bien trop long !, moi, j'arrête ! De toute
façon, je n'y comprends jamais rien ! Je n'ai même pas choisi
ces genres d'études..... » ( Idem ).
Tous ces facteurs ne sont pas pris en compte dans la recherche de causes de
l'échec scolaire et du manque de performance des élèves et
pourtant la motivation est un facteur non négligeable pour la
réussite des apprentissages.
1.5. Question de
recherche
La question à laquelle ce travail va chercher à
répondre est la suivante :
Quel est l'impact de la motivation dans le processus de
l'apprentissage sur la réussite des apprentissages scolaires ? En
d'autres termes, la motivation scolaire conduit-elle réellement
à la réussite des apprentissages ?
1.6. Objectifs de la
recherche
1.6.1. Objectif général
L'objectif général de cette recherche est
d'examiner l'impact de la motivation sur le processus des apprentissages
scolaires.
1.6.2. Objectifs spécifiques
Pour être plus précis dans cette étude, nous
nous sommes fixé des objectifs spécifiques qui découlent
de l'objectif général tels que :
- Identifier les principaux éléments qui engendrent
la motivation des apprenants
- identifier le type de motivation le plus efficace dans l'acte
pédagogique
- Identifier les principales causes du manque de motivation dans
un processus d'apprentissages scolaires et ses conséquences
- Contribuer à l'amélioration des apprentissages
motivés.
1.7. Hypothèses de recherche
Pour atteindre l'objectif de la recherche, nous devons faire une
supposition qui va nous servir pour mener logiquement notre étude. Notre
hypothèse est la suivante :
1.7.1. Hypothèse
principale
La prise en compte de la motivation pendant l'orientation et
dans le processus des apprentissages influence favorablement la réussite
scolaire et la performance des apprenants.
1.7.2. Hypothèses
secondaires
- Une bonne orientation influence grandement la motivation de
l'élève dans l'apprentissage scolaire. Autrement dit, la
motivation scolaire se construit au tour d'une bonne orientation scolaire et
professionnelle.
- La motivation de l'élève influence
favorablement la réussite et la performance scolaire.
CHAPITRE 2
Motivation dans la littérature
Le deuxième chapitre vise à faire l'état
de la motivation dans la littérature. Pour ce faire, nous commencerons
par une approche définitionnelle dans laquelle se trouvent des
différentes définitions du concept de motivation et celui de la
motivation en apprentissage scolaire; nous développerons les principales
théories de la motivation et de la motivation scolaire en particulier.
Enfin, nous présenterons la théorie d'explication de la
motivation scolaire et des modèles de motivation scolaire
utilisés dans les communautés d'apprentissage avant de proposer
une définition opératoire du concept.
2.1. Approche
définitionnelle
2.1.1. Notions
générales sur la motivation.
Les théories sur la motivation sont abondantes et la
multitude de définition du concept «motivation» est loin
d'être épuisée. La littérature montre que les
fondateurs et premiers utilisateurs du concept ont eu des difficultés de
synthétiser et définir la motivation. Il y a eu aussi de vifs
désaccords sur certains aspects du concept, désaccords qui
continuent aujourd'hui comme nous le verrons plus loin. Cependant, dans le
langage courant, la motivation correspond à la force qui nous pousse
à faire ou à réaliser quelque chose, au fait c'est ce que
nous voulons faire, conditionné par une récompense ou une
sanction.
Pour C. Prévost, « la motivation s'inscrit
dans la fonction de relation du comportement : grâce à elle,
les besoins se transforment en but, plans et projets » (cité
dans le Dictionnaire de psychologie, 1991, p467). Il continue en disant que
pour que la motivation se développe, il faut impliquer quatre
éléments suivants du processus :
1. la canalisation des besoins (apprentissages)
2. l'élaboration cognitive (buts et projets)
3. la motivation instrumentale (moyens et fins)
4. la personnalisation (autonomie fonctionnelle)
La motivation a été perçue longtemps
comme l'ensemble de forces qui impulsent notre activité : besoins,
instinct, envie, passion, désir, intérêt, curiosité,
volonté, projet, but, etc.... Ce sont des conceptions qui partaient de
l'instinct déterminé génétiquement à la
volonté où l'homme garde son libre arbitre. Le courant
Béhavioriste a tenté le premier de synthétiser et de
définir la motivation comme : l'ensemble des
mécanismes biologiques et psychologiques qui permettent le
déclenchement de l'action dans son orientation, intensité et
persistance. (LIEURY, A. & FENOUILLET, F.
1997)5(*).
A travers les différentes définitions que nous
allons passer en revue selon les auteurs, bien qu'ils ne s'accordent pas sur
certains aspects, nous pouvons constater qu'ils ont des points communs qui nous
permettront d'avoir une définition opérationnelle dans le domaine
d'apprentissage.
Pour Spencer A. Rathus(1991, p 236-237), les motivations sont
définies comme « des états hypothétiques au sein
de l'organisme qui activent le comportement et poussent l'organisme vers un
but ». Ce sont des états hypothétiques parce que
« les motivations ne sont pas perçues et mesurées
directement, comme de nombreux autres concepts psychologiques, elles sont
déduites du comportement. Les psychologues présument que le
comportement ne se produit pas au hasard et qu'il est provoqué; le
comportement des organismes est censé être en grande partie
engendré par des motivations. Les besoins, les tendances et les
incitateurs sont des concepts étroitement liés ».
Ainsi, la motivation peut être provoquée par un besoin
physiologique (oxygène, nourriture, eau, ..) ou un besoin psychologique
(accomplissement, pouvoir, estime de soi, approbation sociale et appartenance).
Ces besoins donnent lieu aux tendances. Exemples: épanouissement de
nourriture provoque une tendance de la faim. Être poussé à
gravir les échelons professionnels. Par ailleurs, l'incitateur est un
objet, une personne ou une situation en soi. Exemples: l'argent, la nourriture,
une personne sexuellement séduisante, l'approbation sociale et
l'attention peuvent tous servir les incitateurs que motive le comportement.
Norbert SILLAMY considère la motivation comme un
« ensemble des facteurs dynamiques qui déterminent la
conduite d'un individu ». En d'autres termes, il affirme que «
la motivation est le premier élément chronologique de la
conduite ; c'est celle qui met en mouvement l'organisme, mais elle
persiste jusqu'à la réduction de la
tension »(Dictionnaire de psychologie 1999, p173).
Quant à Joseph Nuttin (1996), spécialiste de la
motivation, « la motivation c'est l'aspect dynamique et directionnel du
comportement. » Elle désigne « l'ensemble des
mécanismes biologiques et psychologiques qui permettent le
déclenchement de l'action, l'orientation, l'intensité et la
persistance. » Sa définition est semblable à celle du
courant béhavioriste. Joseph Nuttin cité dans
« Pédagogie : dictionnaire des concepts
clés » affirme aussi que « la motivation prend
naissance lorsque l'individu est en situation de tension. Il perçoit la
situation actuelle comme non satisfaisante et peut imaginer une situation
future dans laquelle serait devenue satisfaisante » (1997, p238).
Nuttin comme d'autres auteurs psychologues d'ailleurs,
distingue deux grands types de motivation :
- La motivation dite intrinsèque
« dépend de l'individu lui-même. L'individu se fixe ses
propres objectifs, construit des attentes, et le renforcement est obtenu par
l'atteinte des objectifs qu'il s'est lui-même fixé. »
- La motivation dite extrinsèque est
« provoquée par une force extérieure à l'apprenant,
c'est-à-dire lorsqu'elle est obtenue par la promesse de
récompenses, ou par la crainte de sanctions venant de
l'extérieur. »
L'apprentissage devrait favoriser la motivation
intrinsèque pour pouvoir donner une formation qui rendra les apprenants
adultes, autonomes et responsables. Cela fait partie de l'ensemble des
finalités de l'éducation. Nuttin continue en disant : pour
qu'une personne apprenne à :
Ø Se créer des systèmes de motivation et de
renforcement ;
Ø Définir ses propres objectifs ;
Ø Construire des stratégies pour les
atteindre ;
Ø Etre satisfaisant lorsqu'il a atteint ses
objectifs ;
Ø A ne pas renoncer à cas d'échec.
Il faut d'abord qu'il fasse impérativement de multiples
expériences de succès soutenues par des motivations
extrinsèques et des renforcements externes.
Pour Gabriel Racle cité par Cécile Delannoy et
al dans l'ouvrage intitulé : la motivation (1997: p10),
« la motivation n'est sans doute pas autre chose qu'une stimulation
limbique qui fait aller vers [...] un apprentissage parce qu'il est
perçu comme bon, désirable, agréable, de nature à
satisfaire des besoins de l'individu. La motivation n'est donc pas un
état inné du récepteur... elle n'est pas non plus une
réaction volontaire, abstraite, au commandement
« motivez-vous ! ». [...] La communication
émotion/raison est à sens unique. Les émotions
déclenchées par des stimuli agissant sur le système
limbique ne sont pas sous le contrôle direct des zones tertiaires du
cortex. La peur, la frayeur, ne disparaissent pas par voie de raisonnement.
[...] Il est donc évident que l'implication positive et
nécessaire du cerveau limbique dans un processus ne s'obtient pas par
des voies rationnelles. On ne saurait motiver un apprenant en lui fournissant
un large éventail d'arguments logiques destinés à lui
faire comprendre l'importance pour lui de la discipline enseignée, par
exemple. [...]. La motivation est un mécanisme du type
action/rétroaction qu'il faut entretenir, voire déclencher de
l'extérieur. » Cette définition invite les motivateurs
à donner essentiellement le sens à l'apprentissage aux
apprenants. L'apprenant a besoin de savoir pourquoi doit-il être
motivé. Le rôle de l'enseignant comme médiateur entre
l'apprenant et le savoir est très important quand il s'agit de la
motivation dans le contexte scolaire.
Vu les différentes définitions données au
concept de motivation, avec tout le débat sur la motivation selon les
approches, Perrenoud, P (1993) préfère le sens que la motivation.
Il trouve le terme de motivation trop chargé de malentendus. Pour lui,
la motivation est « un concept qui s'enracine avant tout en
psychologie. Or les besoins, les désirs, les envies, les
intérêts relèvent tout autant d'une approche
anthropologique et sociologique, en termes d'appartenance à une
communauté, à une culture, à une classe sociale, à
une organisation, en termes aussi de stratégies d'acteurs, de rapports
de pouvoir, de conformisme »6(*). Il propose de parler « du sens du travail,
des savoirs, des situations et des apprentissages scolaires, en esquissant
trois thèses :
1. Le sens se construit ; il n'est pas donné
d'avance
2. Il se construit à partir d'une culture, d'un
ensemble de valeurs et de représentations
3. il se construit en situation, dans une interaction et une
relation »
2.1.2. Motivation scolaire
Les enseignants définissent intuitivement la motivation
scolaire comme « ce qui fait que leurs élèves
écoutent attentivement et travaillent fort » (Viau, 1997, p.
6). Ph.Dessus7(*) trouve
cette définition plus vague pour que l'on puisse étudier ce
phénomène et surtout infléchir sur lui. Que serait une
écoute attentive ou un travail fort ?
Le concept de motivation a fait l'objet de nombreuses
études en contexte d'apprentissage scolaire. Nous allons aussi passer en
revue quelques définitions qui nous semblent significatives pour notre
recherche. Pour Rolland Viau (1994, p. 6) « la motivation en contexte
scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans la perception
qu'un élève a de lui-même et de son environnement et qui
l'incite à choisir une activité, à s'y engager et à
persévérer dans son accomplissement afin d'atteindre un
but ».
Au cours de ces dernières années, la
définition de Rolland Viau a façonné plusieurs recherches
sur la motivation scolaire. A titre d'exemple, Bernard ANDRE (1998) dans son
ouvrage, « Motiver pour enseigner », il reprend cette
même définition (p16). Pour lui cette définition contient
trois dimensions fondamentales de la motivation :
a. C'est un état dynamique, parce que susceptible de
varier dans le temps et au gré des matières
étudiées ;
b. Elle se mesure au choix, à l'engagement et à
la persistance de l'élève dans les activités qui lui sont
proposées ;
c. Elle dépend de la perception de
l'élève, plus précisément de la manière dont
il se perçoit et la manière dont il perçoit son
environnement, plus directement l'école et ses buts.
Dans le même ouvrage Bernard ANDRE donne sa
définition en disant que, motiver, c'est « créer des
conditions de travail permettant à l'élève de passer de
son impuissance apprise à un engagement de qualité dans les
activités qui lui sont proposées. L'élève n'arrive
pas « neutre » devant l'apprentissage. » (p.41) Il nous semble
important de considérer la motivation comme un processus dynamique et
non comme un état figé et permanent, ou encore une
caractéristique individuelle. Pendant l'apprentissage, l'enseignant est
en mesure d'agir, mais il doit savoir comment le faire. Il doit donner le sens
à tout apprentissage car « motiver un élève,
c'est donc donner du sens à ses apprentissages en les finalisant
autrement que par une motivation extrinsèque »
(Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, 1997, p 239)
Pour le cognitiviste Robert Gagné cité par Alain
Moser et all dans l'ouvrage intitulé : l'aide au travail personnel
de l'élève (1992, p 36), la motivation est une attente
créée au point de mettre le sujet en situation pour recevoir un
message. En d'autres termes, la motivation est l'ensemble des forces qui
poussent un individu à agir.
Jean Piaget dira que la motivation qu'il qualifie comme
l'affectivité, « c'est l'énergétique des
conduites ». C'est dans ce sens que la motivation
correspond à ce qu'on veut faire par opposition à
l'habileté ou à la compétence qui correspond à ce
que l'on sait faire. On peut être parfaitement capable de faire quelque
chose, et choisir de ne pas le faire, parce que rien ne nous motive. Etre
motivé, c'est avoir l'envie de faire quelque chose.
Archambault et Chouinard8(*) affirment que la motivation scolaire est
l'ensemble des déterminants internes et externes qui poussent
l'élève à s'engager activement dans le
processus d'apprentissage, à adopter des attitudes et des comportements
susceptibles de conduire à la réalisation des objectifs
d'apprentissage qu'il poursuit et à
persévérer devant les difficultés.
Nous pouvons retenir ces définitions qui semblent
synthétiser tous les points de vue. Cependant, il faut rappeler que dans
le contexte scolaire aussi il existe deux sortes de motivation :
1. La motivation intrinsèque qui prend sa
source dans les désirs de l'apprenant (de réussite, de la
valorisation sociale, etc.).
2. La motivation extrinsèque qui
dépend de facteurs externes à l'apprenant, telles que des
récompenses ou des punitions.
Enfin, si nous cherchons à ce que
l'élève donne du sens à ses apprentissages et s'investisse
dans ceux-ci pour cette raison, il faut que la motivation intrinsèque
soit plus importante que la motivation extrinsèque.
2.2. Principales théories
sur la motivation.
Beaucoup de théories ont été
élaborées sur la motivation et sur la motivation en contexte
scolaire. En contexte scolaire, les cinq théories résumées
par C. Lévy - Leboyer (Dictionnaire de psychologie, 1991, p 467) peuvent
attirer notre attention :
1. Théories des
besoins : elles expliquent la motivation par l'existence des
besoins que l'individu cherche à satisfaire
2. Théories cognitives (ou de
l'instrumentalité): elles analysent le processus
motivationnel à travers l'élaboration, propres à chacun,
d'une représentation des liens entre l'effort et ses
résultats.
3. Théories des buts :
elles soulignent le rôle motivationnel des objectifs
4. Théories de
l'équité, appuyées par le concept de
balance, mettent en évidence la recherche d'un équilibre
équitable entre le travail fourni et la récompense
reçue
5. Théories du
renforcement : elles appliquent aux situations de travail un
schéma skinnérien fondé sur la contingence
récompense - réponse.
D'autres théories aussi sur la motivation ont
été élaborées selon les approches disciplinaires.
C'est une autre façon de les aborder en utilisant quatre approches qui
résument les principales théories de la motivation que nous
allons voir sous forme des tableaux (Source:
http://www.netrover.com/~darveau/th-motiv.htm)
2.2.1. Approche biologique
Tableau N°1 : approche
biologique
THÉORIES
|
AUTEURS
|
IDÉE DE BASE
|
Des instincts
|
W. McDougall(1908)
|
Des comportements suivent un modèle complexe,
inné, biologiquement préétabli et essentiel à la
survie.
|
De l'homéostasie
|
W. Cannon(1932)
|
L'organisme vise à maintenir ses besoins à un
point d'équilibre nul et préétabli.
|
De la réduction des pulsions
|
C. Hull(1943)
|
Une carence physiologique [besoin] provoque une mobilisation
d'énergies psychologiques [pulsion] dirigées vers un acte visant
la satisfaction de la carence.
|
De l'activation
|
E. Duffy (1950) D. Hebb (1955)
|
Le niveau optimal de stimulations qui entraîne la
meilleure performance se trouve au sommet d'une courbe parabolique
inversée.
|
Des processus antagonistes
|
Solomon & Corbit(1974)
|
Les stimuli qui produisent une réaction intense
amènent, une fois ceux-ci passés, une réaction
opposée, tout aussi intense.
|
De la sociobiologie
|
E. Wilson (1975)
|
Des comportements sociaux sont déterminés
biologiquement et se transmettent génétiquement.
|
2.2. 2. Approche de
l'apprentissage
Tableau N°2 : approche de
l'apprentissage
THÉORIES
|
AUTEURS
|
IDÉE DE BASE
|
Des incitateurs
|
C. Hull (1943
|
Des stimuli externes perçus comme pouvant assouvir un
besoin suscitent et dirigent des comportements.
|
Du conditionnement
|
B.F. Skinner (1938)
|
Des comportements sont émis pour obtenir une
récompense ou éviter une punition.
|
2.2.3. Approche humaniste
Tableau N°3 : approche
humaniste
THÉORIES
|
AUTEURS
|
IDÉE DE BASE
|
De la hiérarchie des besoins
|
A. Maslow (1954)
|
Les besoins suivent une hiérarchie de satisfactions
successives débutant avec les besoins physiologiques pour ensuite aller
aux besoins de sécurité, d'amour et d'appartenance, d'estime de
soi, [de connaissance, d'esthétisme] et finalement aux besoins de
réalisation de soi.
|
2.2.4. Approche
psychodynamique
Tableau N°4 : Approche
psychodynamique
THÉORIES
|
AUTEUR
|
IDÉE DE BASE
|
Psychanalyse
|
S. Freud (1920)
|
Des pulsions (de vie et de mort) en provenance de
l'inconscient et répondant au principe de plaisir poussent à
l'action.
|
2.3. Principales théories
sur la motivation scolaire
L'élaboration de la théorie de la motivation
scolaire vient essentiellement des approches suivantes: motivation
d'accomplissement, approche béhaviorale, approche
autodétermination, approche sociocognitive et théorie de
but : motivation et réussite scolaire.
2.3.1. Motivation
d'accomplissement (Achievement motivation)
Cette théorie a été
développée initialement par Murray (1938)9(*). Elle est basée surtout
sur le concept de « need for achievement ». Ce concept peut
être traduit en français comme besoin d'accomplissement ou
motivation pour l'accomplissement. Joseph Nuttin le traduit comme une
motivation de performance ou généralement motivation pour la
réussite. Nous pouvons aussi le traduire aussi dans le contexte scolaire
comme motivation pour la réussite des apprentissages d'autant plus que
le concept de « need for achievement » est défini
comme « le désir de faire les choses rapidement et bien, de
dépasser les obstacles, de réussir des activités
difficiles et d'atteindre de hauts niveaux d'efficacité ».
Cette définition peut être appliquée dans le processus
d'apprentissage scolaire. L'un des buts de l'apprentissage n'est-il pas
« réussir au mieux et éviter
l'échec » ? Nous savons que le processus d'apprentissage
scolaire contient des obstacles et des difficultés que l'apprenant doit
dépasser pour pouvoir réussir.
Atkinson et Raynor définissent la motivation de
l'accomplissement de la même façon en disant qu'elle est
caractérisée par ces deux tendances: « réussir
au mieux et éviter l'échec ». Mc Clelland,
Atkinson, Clark et Lowel disent que « need for
achievement » se caractérise en termes du haut niveau de
compétition et standards d'excellence. Maehr parle de trois
éléments essentiels et trois sortes de « need for
achievement » à savoir :
- les niveaux d'excellence (des standards) peuvent être
évaluer en termes de succès ou d'échecs: c'est une
motivation orientée vers l'habileté ; le
but consiste à maximiser la probabilité subjective de s'attribuer
une haute habilité,
- l'individu se sente responsable des résultats:
c'est une motivation orientée vers la tâche, le
but premier est de résoudre un problème par sa valeur
intrinsèque,
- il y a un certain niveau de défi (challenge) :
c'est une motivation orientée vers l'approbation
sociale.
Nous pouvons expliquer cette théorie de motivation
basée sur le concept « need for achievement » en
s'appuyant sur deux raisons principales à savoir :
- l'individu a besoin de se prouver lui-même qu'il est
compétent,
- l'individu a besoin de prouver aux autres qu'il est
compétent et qu'il fait partie des meilleurs.
Sachant que toute école qui se respecte vise
l'excellence et la réussite maximale de ses apprenants, et que
l'acquisition des compétences est un des objectifs principaux de
l'école, la théorie du concept « need for
achievement » peut nous servir comme approche dans la recherche de la
motivation en contexte scolaire.
2.3.2. Approche du
béhaviorisme
L'approche du béhaviorisme estime que la motivation est
essentiellement extrinsèque (extérieure) à
l'élève. Les comportements qui sont renforcés par
l'environnement sont plus susceptibles de réapparaître que ceux
qui ne le sont pas où que ceux qui ont été punis.
L'élève recherche donc la récompense et il évite la
punition (Skinner, Bandura).
Généralement, il existe un certain nombre de
facteurs de motivation en contexte scolaire. Nous pouvons citer sept facteurs
principaux :
1. Socialisation
2. Éviter de perdre la face
3. Éviter les tâches
trop difficiles
4. Avoir de bonnes notes
5. Recevoir de l'approbation
6. Éviter la critique
7. Apprendre des choses
intéressantes
2.3.3. L'approche
d'autodétermination
L'approche autodétermination postule qu'un
« élève sera plus motivé s'il se
considère comme la source et la cause principale de ses actions et s'il
se sent compétent. De plus, un élève qui aime une
activité s'engagera plus rapidement et plus
intensément » (Deci, Vallerand).
Motivation extrinsèque :
L'élève s'engage dans un comportement
afin d'obtenir quelque chose. Le renforcement vient après.
Exemple: l'élève fait un travail pour obtenir un
diplôme
Motivation intrinsèque:
L'élève s'engage dans une activité pour elle-même.
Pour le plaisir qu'il en retire. Le renforcement vient pendant
l'activité.
Exemple: l'élève fait un devoir de
mathématiques car il aime les mathématiques.
2.3.4. Approche socio-cognitive
L'approche socio-cognitive affirme que les opérations
cognitives de l'élève déterminent son comportement. La
priorité de l'élève est d'organiser et de conserver un
système de croyances cohérent et fonctionnel. Les interactions
avec l'environnement, particulièrement social, agissent sur le
système de valeur. Exemple: Si un élève ne réussit
pas son but, un échec en sciences par exemple, il pourra diminuer
l'intérêt qu'il a pour cette activité pour conserver son
estime de soi.
Comme postulat de l'approche
sociocognitive, Bandura (1986) affirme que, tous les
humains, à des degrés différents, ont les aptitudes
suivantes :
1. La capacité de se représenter et
d'interpréter l'environnement grâce à des intentions.
2. La capacité de se référer
au passé et d'anticiper le futur : Les souvenirs que
l'élève évoque et les aspirations qu'il entretient
à l'égard de l'avenir sont à l'origine de la
dynamique motivationnelle.
3. La capacité d'observer les autres et d'en tirer des
conclusions pour soi-même. Ce postulat implique qu'il est possible
d'apprendre en regardant les autres effectuer une tâche sans avoir
à l'accomplir soi-même. L'observation des autres n'est donc pas un
acte passif, mais actif et peut contribuer à motiver un
élève à s'engager dans des activités qu'il
appréhende.
4. La capacité de s'autoréguler,
c'est-à-dire de contrôler et de modifier éventuellement des
comportements selon l'évaluation que l'on fait de la situation dans
laquelle on se trouve : l'être humain est un agent actif qui ne se limite
pas à répondre à son environnement, mais qui est capable
de se contrôler et de modifier au besoin sa démarche pour parvenir
à atteindre ses buts.
L'approche sociocognitive s'est évoluée au cours
des années à l'intérieur des différentes
théories et des différents auteurs. Le tableau suivant nous fait
une synthèse historique.
Tableau N°5: Approche
sociocognitive
THÉORIES
|
AUTEURS
|
IDÉE DE BASE
|
De l'expectation - valeur
|
E. Tolman (1932) K. Lewin (1936)
|
Les conduites sont déterminées par les attentes
à propos d'une conduite pour atteindre un but et les valeurs que
l'objectif a pour nous.
|
De l'attribution causale
|
F. Heider (1958)
|
Faire reposer sur des causes internes ou externes les faits de
la vie influencent les conduites.
|
De la dissonance cognitive
|
L. Festinger (1957)
|
Lorsque des cognitions ne vont pas bien ensemble, un travail
cognitif de réduction des dissonances se fait pour rétablir une
plus grande harmonie.
|
Des motivations intrinsèques, extrinsèques
et l'amotivation
|
Deci & Ryan (1985)
|
Les comportements qui se manifestent librement, par plaisir et
qui amènent un sentiment de compétence et
d'autodétermination persistent dans le temps alors que les comportements
qui reposent sur des mobiles ou buts externes risquent d'être
délaissés.
|
Source:
http://www.netrover.com/~darveau/th-motiv.htm
2.3.5. Théorie du but,
motivation et réussite scolaire
Pierre Bouchard dans « Annual Review of
psychology » (2000, p.171) souligne que dans cette théorie, il
s'agit tout simplement de la compréhension de la réussite
scolaire. La qualité de l'apprentissage de l'élève, de
même que sa volonté à poursuivre son apprentissage,
dépend de l'interaction entre la nature des :
Ø Buts scolaires et sociaux ;
Ø Propriétés de ces buts ;
Ø Structures de renforcement de la classe.
Dans la théorie des buts, on distingue la motivation
entant que pulsion et la motivation en tant que but. Ces deux tendances se
complètent. La théorie de but n'offre pas de réponse quant
aux raisons pour lesquelles un individu choisit un but plutôt qu'un
autre. Ce problème est au coeur de la théorie dynamique des
tendances.
2.3.5.1. Motivation en tant
que pulsion.
La motivation en tant pulsion suppose un état interne,
un besoin, une condition qui pousse les individus à l'action. Dans cette
tradition de pensée, s'élabore au début des années
soixante une théorie dynamique de la motivation selon laquelle tout
comportement de réalisation résulté d'un conflit
émotionnel entre la poursuite du succès et l'évitement de
l'échec. Ces deux états de motivation obéiraient à
une dynamique conçue surtout en terme d'émotions : d'une
part, l'espoir du succès et l'anticipation de gagner ou de surclasser
les autres encourageraient les individus orientés vers le succès
à viser l'excellence. D'autre part, les émotions associées
à la honte mèneraient les personnes à éviter les
situations dans lesquelles croient avoir des fortes chances d'échouer.
Le déséquilibre entre ces deux facteurs déterminerait la
direction, l'intensité et la qualité des comportements. Les
individus voulant éviter l'échec auraient tendance à
éviter toutes les activités à moins que des agents
d'incitation extrinsèques tels que l'argent ou la menace de punition ne
soient introduits pour surmonter la résistance.
2.3.5.2. Motivation en tant
que but.
La théorie de la motivation en tant que but postule
que : « d'une part, toute action acquiert un sens, une
direction et une intention par les buts visés. D'autre part, la
qualité et l'intensité du comportement changent si ces buts
changent »(Pierre Bouchard :2000). L'avantage de cette
théorie est qu'elle offre un substitut pratique à un concept,
celui de la motivation, dont la nature demeure imprécise. En
renforçant certains buts, les enseignants peuvent changer les raisons
pour lesquelles les élèves apprennent, ce qui équivaut
à changer leur motivation.
2.3.5.2.1. Théorie
des buts scolaires et pro-sociaux
Les buts
scolaires : Selon cette théorie, les buts de
réussite exercent une influence sur le succès scolaire en
agissant sur la qualité des processus d'autorégulation cognitive.
Dans l'apprentissage, il existe deux catégories de buts qui influencent
la motivation et réussite des apprentissages scolaires :
a. Les buts d'apprentissage : augmenter
la compétence, la compréhension et l'appréciation de ce
qui est appris.
b. Les buts de
performance (appelés aussi buts d'ego ou buts de
prestige) : faire mieux que les autres afin d'accroître son statut
d'habilité aux dépens des pairs. La recherche distingue les buts
de performance : 1. Performance en tant qu'approche ;
2. Performance en tant qu'évitement.
Les buts
pro-sociaux : La recherche ne permet pas encore vraiment de
comprendre comment la poursuite de buts sociaux à l'école est
reliée à la réussite scolaire. En revanche, il est
possible d'en tracer certains principes généraux : se faire
des amis ; être responsable pour les autres (ces deux principes
forment une priorité personnelle pour les enfants de tous les
âges) ; être aimé et respecté par ses
pairs ; la coopération, le partage et la conciliation sont
associés au succès scolaire ; les buts
d'apprentissage(explorer, expérimenter et découvrir)
dépendent de l'assentiment et même de la coopération des
autres alors que l'objectif principal des buts de performance est à
l'opposée des valeurs sociales positives puisqu'il implique le sabotage,
la tromperie et la résistance à coopérer.
Cependant, certains buts sociaux et de l'école peuvent
compromettre la réussite de l'école de certains
élèves. Ex. : l'école dite de performance et
d'excellence a comme valeurs : la compétition, l'autonomie et
l'indépendance. Les valeurs sociales dites positives sont à
l'opposée de ces valeurs. Dans tous les cas, la réussite scolaire
dépend d'une composition dynamique de divers buts et les enseignants
constituent un important facteur modérateur de cette dynamique.
2.3.5.2.2. Théorie
d'estime de soi
D'après la théorie de l'estime de soi, les buts
de réussite que l'élève se donne sont « le
reflet d'une lutte afin d'établir et maintenir l'estime de soi et le
sentiment d'appartenance dans une société qui valorise la
compétence et la réussite ». La manière dont les
élèves définissent le succès est un facteur capital
par lequel les mécanismes d'estime de soi agiront sur le niveau de
réussite. Pour certains, le succès est « une
démarche visant à devenir le meilleur possible, sans tenir
comptes des réalisations des autres ». Ces
élèves accordent de l'importance à l'acquisition
d'habilités mais en tant que moyen pour atteindre des objectifs
significatifs sur le plan personnel. Pour d'autres, la compétence
(succès) consiste à être meilleur que les autres sur le
plan scolaire, une fois engagés dans le processus d'apprentissage, ils
se voient forcés d'éviter l'échec et d'éviter ce
qu'il implique (l'incompétence). Ils accordent la valeur aux
habiletés en tant que statut.
2.3.5.2.3. Dynamiques de
développement
La théorie de motivation en tant que pulsion montre les
liens existants entre la façon d'élever les enfants et les
caractéristiques de modes de résolution de conflits en utilisant
le style d'approche/évitement. Les parents d'enfants orientés
vers le succès encouragent l'indépendance et l'exploration
d'options dans un contexte d'aide chaleureuse et orientant. Ces pratiques
parentales accélèrent chez l'enfant le développement des
habiletés requises pour assumer la responsabilité reliée
à ses choix et à l'essai de nouvelles idées. Ces parents
récompensent les réalisations de leur enfant et ignorent les
résultats décevants. Dans le cas des parents de jeunes
orientés vers l'évitement, l'attitude est inversée. Les
mauvais résultats des enfants sont perçus comme un outrage aux
attentes de l'adulte et sont punis sévèrement. La réponse
donnée aux succès se limite à une faible marque
d'appréciation voire à de l'indifférence.
Structures de la motivation de la classe
Toutes les classes ont des règles de
l'évaluation et des récompenses par l'intermédiaire de
félicitation ou des résultats obtenus. Cet arrangement
pédagogique est comparable à un jeu sérieux par lequel les
élèves essaient de gagner le plus de points possible. Dans le
cadre de l'analogie à un jeu, deux systèmes de motivation ont
été l'objet de recherche : jeux d'habilités et jeux
d'équité.
a. Les jeux d'habiletés :
Plusieurs classes adoptent des règles qui font de la
scolarisation un jeu d'habileté orienté vers l'échec,
c'est-à-dire des règles qui encouragent des buts de performance.
Ces buts rehaussent le statut d'habileté de l'élève s'il
s'avère meilleur que les autres, s'il évite l'échec ou
évite ce que l'échec implique, c'est-à-dire
l'incompétence personnelle. Ces buts négatifs sont le
résultat du manque de récompense (de bons résultats). Cet
arrangement se résume en un système à somme zéro.
Si un élève (joueur) gagne (des points), d'autres
élèves doivent perdre (des points). Les bonnes notes scolaires
prennent leur valeur non parce qu'elles indiquent que l'élève a
bien appris les notions à l'étude mais plutôt parce
qu'elles impliquent qu'il est capable. De faibles notes impliquent un manque
d'habiletés et mènent à une dévalorisation de soi.
Les élèves qui vivent des échecs
répétés en viennent à se percevoir comme de plus en
plus dépourvus d'habiletés qui leur apparaissent alors comme le
facteur le plus important dans la compétition pour le succès. Une
telle dynamique s'accompagne d'un niveau croissant d'anxiété.
Pour d'autres on constate, au contraire, un niveau plus faible
d'anxiété accompagné d'un sens accru d'incapacité
menant à un état de résignation et d'indifférence
croissante aux événements.
b. Les jeux d'équité : la
recherche s'inspirant de la théorie du but affirme que
« l'obstacle majeur de l'apprentissage dans une classe est la
restriction des renforçateurs pour motiver les
élèves », ce qui fait que la plupart des
élèves se batte pour éviter l'échec au
détriment de l'orientation vers le succès. Pour résoudre
ce problème, pour eux, il faut établir de nouvelles règles
reconnaissant l'effort de l'élève, son évolution
personnelle, son application à la tâche, ses progrès
réalisés et la correction faite de ses propres erreurs
d'apprentissage par lui-même, autant de marques de réussite
accessibles à tous, peu importe l'habileté, le statut ou les
expériences passées. La théorie du but cherche à
établir des conditions d'équité sur le plan de la
motivation. Pour cela, il faut fixer des standards absolus d'excellence pour
tous les élèves et rendre explicite la relation entre l'atteinte
du but et la conséquence positive. A cela s'ajoute : la
possibilité de choix de tâche, l'établissement de buts
individuels, l'autonomie à l'action des élèves. Les
avantages de ce paradigme d'équité sont, selon les
résultats de recherche : la fixation de buts individuels ; les
élèves du primaire par exemple amenés à
établir leurs propres buts d'apprentissage perçoivent les
expériences d'échecs comme temporaires, alors que des sujets
comparables ayant adoptés un but compétitif interprétaient
l'échec comme l'effet d'une incompétence personnelle. Les
élèves du collège se donnent aussi des buts
d'apprentissage si l'école encourage des bus individuels et leur permet
le choix des travaux.
2.4. Théories d'explication
de la motivation scolaire
Certaines théories ont été
élaborées pour expliquer la motivation, nous pouvons par exemple
s `inspirer du modèle des attentes et de la valeur (Atkinson) et les
attributions causales (Weiner)
2.4.1. Modèle des
attentes et de la valeur
Selon le modèle développé par Atkinson,
la motivation dépend des attentes que l'élève a de
réussir une tâche et de la valeur qu'il lui accorde. Pour que la
motivation soit maximale, la probabilité de succès doit
être moyenne, car sur le plan de l'estime de soi, il est motivant pour un
élève de chercher à faire une activité qui lui
présente un défi et qui a donc un certain niveau de
difficulté.
Exemple: Si une tâche est très facile,
l'élève n'y trouvera pas un moyen pour se prouver sa
compétence, sa motivation sera donc faible.
2.4.2. Attribution causale
Le modèle de l'attribution causale
développé par Weiner affirme que le comportement de
l'élève dépend de ce qu'il fait des éléments
qu'il perçoit pour expliquer ses succès et ses échecs.
Donc, un élève peut attribuer ses succès à sa
grande intelligence ou à la bonté de son enseignant ou aux
efforts qu'il a déployés à étudier. Lorsque les
événements n'ont pas d'influences importantes sur l'image qu'un
élève a de lui-même, ses perceptions attributionnelles ont
peu d'effets sur ces décisions. En revanche, lorsque des
événements importants surviennent, comme des échecs
scolaires, les perceptions attributionnelles prennent une grande importance et
influence la motivation.
Pour dresser une liste des causes invoquées par les
élèves pour expliquer leurs succès ou leurs échecs
scolaires, nous utilisons le résumé des recherches sur la
motivation, en lien avec la théorie de l'attribution (Viau, 1994, p.
68-69, citant Covington, 1984).
A. La plupart des élèves, quel que soit leur
âge, ont tendance à attribuer ses réussites à leurs
capacités intellectuelles, alors qu'ils attribuent leurs échecs
aux efforts qu'ils n'ont pas faits ou à des causes externes à
eux-mêmes.
B. Les élèves de maternelle et primaire
confondent intelligence et effort, ce qu'ils ne font plus dès la fin de
primaire. Ensuite, l'intelligence est perçue comme une cause interne,
stable et incontrôlable.
C. Certains élèves ont tendance à
éviter d'entreprendre des tâches qui comportent un certain risque
d'échec, afin de conserver une image auprès de leurs camarades.
Ils entreprennent donc des tâches très faciles ou très
difficiles (des dernières ne menaçant pas leur image, puisqu'un
échec sera considéré comme normal).
D. Les élèves qui réussissent le mieux
attribuent leurs succès aux efforts qu'ils fournissent et à leurs
capacités intellectuelles, alors qu'ils attribuent leurs échecs
à des causes internes, modifiables et contrôlables, comme
l'effort.
E. Les élèves développant une
incapacité apprise ont tendance à attribuer leur succès
à des causes externes, comme la chance, et leurs échecs à
des causes internes, stables et incontrôlables, comme leurs
capacités intellectuelles. Leurs échecs les conduisent ainsi
à se diminuer, et ils ne s'accordent aucun crédit pour leurs
succès.
F. Lorsque les élèves faibles sentent qu'ils
vont échouer, ils cherchent à préserver une image positive
d'eux-mêmes en ne fournissant pas les efforts nécessaires pour
réussir, afin de pouvoir se dire, en cas d'échec, " si j'avais
voulu, j'aurais pu réussir ".
2.4.2.1. Principales causes
de la motivation chez l'élève.
La tâche principale de l'élève consiste
à s'engager dans un processus d'apprentissage et d'arriver au terme de
son cursus scolaire. Au cours du processus d'apprentissage, certainement,
l'élève rencontre des difficultés d'apprentissage qu'il
doit absolument faire face sans baisser les bras, mais en tirer
l'expérience et progresser sans abandonner. L'école attend que
les élèves soient motivés, mais cela n'est pas le cas pour
tous. Quelles sont les causes principales qui font que certains s'engagent
sérieusement dans les activités d'apprentissage scolaire et
d'autres abandonnent l'idée de suivre et d'autres perdent l'idée
de suivre d'une année à l'autre ?
La motivation de l'élève est
déterminée par l'image qu'il se fait de lui-même et de son
environnement ou la situation dans laquelle il travaille, surtout la
manière que l'élève se présente cette situation. La
réussite est toujours profitable pour un élève, on peut le
motiver s'il croit qu'il est capable de réussir, s'il croit à sa
compétence. S'il ne croit pas à sa compétence, parfois
l'élève aura tendance à baisser les bras10(*) et pourtant quand tous les
élèves de la classe écoutent attentivement et travaillent
fort, des enseignants croient que les élèves sont motivés.
Dans le contexte scolaire, nous pouvons souligner que la
motivation est un phénomène dynamique qui change constamment. Il
est influencé par les perceptions de l'élève, son
comportement, son environnement. Ce phénomène implique l'atteinte
des objectifs. Il ne s'agit pas dans ce cas de parler seulement de la
motivation en fonction des disciplines enseignées mais des conditions
dans lesquelles l'élève apprend et la manière qu'il
perçoit ces conditions. Pour attirer l'attention de l'enseignant, nous
disons que la matière enseignée n'est pas la seule
génératrice de motivation. La perception que
l'élève a de l'intelligence et des buts de l'école vont
intervenir (Cf. Crahay, 1999, p281). Comment l'élève peut
travailler en étant motivé s'il se fait faible, s'il pense que le
but principal de l'école est de sélectionner et l'intelligence
est stable ? En fait, la motivation est influencée par trois
paramètres :
1. L'attribution des causes de réussite ou
d'échec de la situation ;
2. La conception de l'intelligence.
3. La perception des buts poursuivis par l'école ou
l'enseignant.
2.4.2.1.1. L'attribution
des causes de réussite ou de l'échec de la situation
La théorie de l'attribution causale affirme que les
élèves ont tendance à trouver des causes à leurs
réussites ou à leurs échecs. Cette perception des causes
de réussite ou d'échec d'une activité qu'on propose de
faire à l'élève joue un rôle important dans sa
motivation. Les causes sont généralement classées en trois
catégories à savoir (Crahay, 1999, p283) :
a. Le lieu de la cause : la cause est
interne quand l'élève attribue sa
réussite ou son échec à un facteur qui lui est propre
(talent, effort, aptitude intellectuelle, fatigue, méthode de travail,
etc.). La cause est externe dans le cas contraire
(qualité ou lourdeur du programme scolaire compétence des
enseignants, difficulté de l'épreuve,.)
b. La stabilité de la cause :
elle est stable quand la cause est permanente aux
yeux de l'élève, variable ou instable quand elle
lui paraîtra pouvoir varier avec la durée (ex. : humeur
de l'enseignant, divers aléas, etc.)
c. Contrôlabilité de la
cause : la cause est contrôlable lorsque
l'élève considère qu'il est l'acteur principal de ce qui
se produit ou qu'il pense qu'il pourra, dans l'avenir, infléchir sur ce
type d'événement. La cause sera incontrôlable
dans le cas contraire (il pense n'avoir aucun pouvoir sur ce qu'il
advient)
Ces trois paramètres se combinent pour donner huit
causes différentes de réussite ou d'échec ainsi que des
émotions associées (voir le tableau N°6).
Tableau N°6: Combinaison
des trois paramètres de l'attribution causale de la réussite ou
de l'échec de la tâche, et les émotions associées en
cas de réussite ou d'échec
Interne
|
stable
|
Contrôlable
|
Stratégies d'apprentissage
|
Gratitude/colère
|
Interne
|
stable
|
Non contrôlable
|
Aptitudes intellectuelles
|
Fierté/honte, désespoir
|
Interne
|
Instable
|
Contrôlable
|
Effort
|
Fierté culpabilité
|
Interne
|
Instable
|
Non contrôlable
|
Maladie
|
|
Externe
|
stable
|
Contrôlable
|
Cours de rattrapage
|
|
Externe
|
stable
|
Non contrôlable
|
Niveau de difficulté du travail, programmes
|
Désintérêt, colère
|
Externe
|
Instable
|
Contrôlable
|
Perceptions de l'enseignant
|
|
Externe
|
Instable
|
Non contrôlable
|
Chance, humeur de l'enseignant
|
Gratitude, surprise, résignation
|
Source: Crahay, 1999, p. 284; Archambault & Chouinard, 1996,
p. 110
On peut retenir que c'est la perception de cette attribution
causale par l'apprenant qui est important et non pas une causalité
réelle. Par exemple, un élève pense que, quoi qu'il fasse,
son enseignant le considère comme incapable (perception de l'enseignant
non contrôlable), un autre élève pense l'inverse. Cette
perception de causalité est personnelle, même pour des
activités identiques, deux élèves pourront attribuer
à des propriétés différentes. Ces
différentes situations génèrent des émotions
différentes. Par exemple, un élève qui a l'échec
à l'examen pour la première fois a des espoirs, il croit qu'il
n'a pas de capacités requises pour réussir ce genre
d'épreuve (cause interne, stable et non contrôlable). Il sera
déçu s'il attribue son échec à la difficulté
de la tâche (cause externe, instable si la tâche peut être
moins difficile la prochaine fois, non contrôlable).
2.4.2.1.2. La conception de
l'intelligence.
Certaines théories de la psychologie présentent
la mesure de l'intelligence par les tests de Quotient Intellectuel (QI). C'est
une tendance à présenter l'intelligence comme innée et
stable. Certains élèves ont cette conception qui influence leur
manière de travailler et leur motivation (pourquoi travailler si l'on
est né intelligent ou pas ?). D'autres élèves pensent
que l'intelligence a une caractéristique évolutive dans le temps
et selon les matières. Des études expérimentales ont
confirmé que la conception de l'intelligence influe sur la motivation et
le travail scolaire. On peut classer des élèves en deux
catégories (Crahay, 1999, p285):
a. Les élèves d'une conception fixe de
l'intelligence : ils choisissent des activités qui leur
assurent un jugement positif de la part de l'enseignant. Ils font tout pour
éviter les risques d'évaluation négative, donc les
activités plus complexes et pourront en revanche les faire progresser.
Ils se comportent en classe comme s'ils étaient face à un jeu
« quitte ou double » ; en cas de réussite, ils
croient à leur intelligence ; en cas d'échec, ils
l'attribuent à leur non-intelligence, définitive parce que
l'intelligence est stable dans le temps pour eux.
b. Les élèves d'une conception
évolutive de l'intelligence : ils considèrent les
échecs non pas comme un signe d'incompétence définitive
intrinsèque à eux-mêmes, mais le signe d'une
stratégie inappropriée.
2.4.2.1.3. La perception
des buts poursuivis par l'école
Suite aux échanges avec des parents, des enseignants,
des camarades, les élèves se construisent une
représentation du système scolaire : ses normes, ses buts,
la manière de s'y comporter (la discipline). Avec l'évolution de
cette représentation, les élèves du primaire
considèrent l'école comme un lieu d'apprentissage. Quand on les
pose des questions pour savoir ce qu'ils font à l'école, ils
disent : « nous apprenons à lire, écrire,
... ». Cette perception est différente des
élèves du secondaire et du supérieur. Pour eux,
l'école est un lieu d'évaluation et de sélection. Leur
souci est d'éviter l'échec et réussir aux examens.
La conception que l'élève se fait des buts de
l'école influence donc les risques qu'il est prêt à
prendre, le niveau de réussite qu'il se fixe, les émotions qu'il
ressent ainsi que la nature de ses attributions causales (Crahay, 1999,
p287).
2.4.2. 1.4.
Intervention motivationnelle de l'enseignant
Les enseignants peuvent intervenir sur la motivation de leurs
élèves. Tout d'abord en affirmant le caractère
évolutif, non figé, de l'intelligence et la possibilité
pour chacun d'essayer de maîtriser les compétences scolaires. "
Tu es capable de faire cela comme les autres " plutôt que "
Le calcul et toi, cela fait deux ". L'enseignant peut aussi sembler
moins préoccupé par l'évaluation, afin de montrer aux
élèves qu'il n'est pas là uniquement pour les
évaluer (Crahay, 1999, p. 289). L'enseignant peut aussi tenter de
montrer aux élèves que les élèves sont en grande
partie responsables de leurs succès et échecs (attribution
interne)
2.4.2.1.5.
L'Évaluation de la motivation scolaire.
Il est très important d'évaluer la motivation
des élèves à une tâche. Trois questions principales
seront posées, suivent quelques critères permettant d'y
répondre (Viau, 1994, p. 148) :
Quelle valeur l'élève accorde-t-il
à une activité et à la matière qui s'y rattache ?
- Il trouve intéressantes les activités
proposées,
- Poser des questions qui dépassent le programme ou la
matière,
- S'engager dans des activités d'apprentissage non
obligatoires,
- Ne pas s'arrêter facilement quand on a commencé
une activité.
Quelle opinion a-t-il de sa compétence
à la réussite ?
- Persévérer dans l'accomplissement d'une
tâche difficile,
- Travailler de façon autonome,
- Tenter de répondre volontairement aux questions
posées en classe,
- Ne pas abandonner quand on rencontre des difficultés,
- Prendre plaisir à relever des défis dans le
domaine d'apprentissage.
Quel degré de contrôle estime-t-il avoir
sur le déroulement de cette activité ?
- Prêter attention à ce que l'enseignant dit,
- Commencer immédiatement à travailler lorsqu'on
demande d'accomplir une tâche,
- Demeurer attentif jusqu'à ce qu'on ait terminé un
travail, - Respecter les délais.
2.4.2.1.6. Des
stratégies pour motiver.
L'enseignant peut également préconiser quelques
stratégies qui pourront aider l'élève à comprendre
qu'il peut essayer de se motiver lui-même plutôt que d'attendre
qu'on le motive (Viau, 1994, p. 170):
- Se fixer des objectifs afin d'évaluer le travail
accompli,
- Diviser son travail à faire en plusieurs parties,
- Se récompenser après la réalisation d'une
activité longue et difficile, par exemple en écoutant de la
musique,
- Entrecouper les activités difficiles par des
activités plus faciles (par exemple, recopier au propre les exercices
réussis, afin d'en commencer d'autres),
- Prendre le temps d'évaluer le chemin parcouru et les
apprentissages réalisés,
- Dans les moments difficiles s'imaginer en train de
faire le métier auquel on aspire,
- Se rappeler ses réussites antérieures et se dire
qu'elles prouvent que l'on est capable de réussir
2.5. Modèles de motivation
Il existe plusieurs modèles pour aborder la motivation,
quelques uns nous paraissent pertinents à notre problématique.
Nous allons faire un petit résume des modèles :
motivation-compétence, motivation-vecteur et motivation
extrinsèque et intrinsèque. Ces modèles nous serviront
aussi comme cadre de référence de notre sujet de recherche :
« Motivation et réussite des apprentissages
scolaires »
2.5.1. Motivation-compétence.
D'après Viau R. (1994), le modèle de
motivation-compétence dépend de trois facteurs
essentiels :
a. la valeur de la tâche
b. le sentiment de sa compétence à la
réaliser
c. le sentiment de contrôle sur le déroulement
2.5.2. Motivation - vecteur
Myers (1998) élabore le modèle de motivation -
vecteur en considérant la motivation comme « un besoin ou un
désir à orienter vers un but ». Pour lui, la motivation
est l'ensemble des facteurs qui :
Ø Incitent l'action : l'intensité de la
motivation
Ø Dirigent cette action : l'activité vers
laquelle cette envie d'agir est dirigée.
On peut comparer la motivation à un vecteur qui se
définit par une longueur (une norme pour les mathématiciens) et
une direction.
2.5.3. Motivation extrinsèque et
intrinsèque
Nous avons abordé ces deux types de motivation dans les
théories. Beaucoup de psychologues sont d'accord pour dire que ces types
de motivation existent chez tous les individus. Ainsi, nous allons les retenir
comme formant l'ensemble d'un modèle de motivation en contexte
scolaire.
D'après Ryan et Deci (1998), la motivation
extrinsèque et intrinsèque dépend de:
Ø Extrinsèque : elle
dépend de facteurs externes à savoir des récompenses ou
des punitions. Elle est renforcée si la récompense/punition est
accrue. Il doit y avoir proportionnalité entre l'effort et la
récompense/punition.
Ø Intrinsèque : elle prend
sa source dans les désirs de l'apprenant (désirs de
réussite, de valorisation sociale, etc.). Elle se renforce par des
manifestations symboliques de reconnaissance, d'estime et d'honneur.
Comme nous l'avons constaté avec plusieurs chercheurs
de théorie de la motivation, nous pouvons noter que l'apport de
motivation a souvent tendance à éteindre la motivation
intrinsèque, ou à dévaloriser l'activité puisqu'il
faut « payer » les gens pour la faire. Une application
maladroite de récompenses peut avoir un effet inverse à ce qui
est souhaité. Un élève intéressé peut ainsi
se mettre à ne plus travailler « que pour les
notes » (Myrs, D.G. (1998) Psychologie, Flammarion. Extraits intranet
et Ryan & Deci 2000)
2.6. Définition
opératoire
L'ensemble des approches et des modèles ci-dessus
permet de donner une définition plus opératoire de la motivation.
Nous retenons qu'il existe deux types de motivation : Extrinsèque
et intrinsèque. La motivation d'accomplissement est aussi liée
à ces derniers. La motivation est donc un ensemble des mécanismes
de type action/rétroaction qu'il faut entretenir, voire
déclencher de l'extérieur. En d'autres termes, lorsque le sujet
est volontaire, c'est un signe d'une motivation intrinsèque, on peut
atteindre de bonnes performances à long terme compte tenu de
l'auto-déterminisme et de la compétence perçue. Sinon, il
faudrait développer des renforcements pour obtenir une motivation
extrinsèque.
Nous savons maintenant que la motivation possède deux
buts : performance avec jugement (extrinsèque) centré sur
l'ego ; apprentissage avec l'amélioration des compétences
(intrinsèque) centré sur la tâche. Dans la motivation
scolaire, les objectifs ont un rôle important et doivent être
spécifiques et opérationnels.
La motivation dans le cadre scolaire concerne à la fois
l'élève et l'enseignant.
Pour l'élève :
- avoir le désir de savoir et prendre une décision
d'apprendre,
- se fixer des objectifs - planifier (faire un projet
personnel),
- mobiliser ses ressources biologiques et psychologiques,
- réguler ses progrès dans la réalisation de
ses travaux,
- gérer la compréhension,
- employer des stratégies d'organisation,
- participer à la découverte du sens des
apprentissages,
- développer un esprit critique,
- personnaliser la vision, la compréhension et
s'intéresser à celles des autres,
- Découvrir un élément intéressant et
signifiant dans chaque tâche et le communiquer.
Pour l'enseignant :
- expliquer le fonctionnement du cerveau et de la mémoire
(le pouvoir qu'on a sur le développement cognitif),
- expliquer l'origine de la motivation et les causes de la
démotivation,
- discuter du sens des apprentissages scolaires et des
activités proposées,
- varier les contextes de tâches et faire le lien avec le
domaine de la vie,
- donner des défis intéressants aux apprenants,
- faire découvrir les causes des succès et
d'échecs et proposer des stratégies variées,
- développer la capacité
d'auto-évaluation,
- créer les moments de partage sur motivation et
témoignage d'expérience sur le sujet,
- faire participer aux choix des activités
d'apprentissage.
La motivation implique un dynamisme et une application.
L'apprenant se pose un certain nombre de questions dans ce dynamisme :
Avant la tâche :
- Vais-je apprendre ?
- Où cela se situe-t-il ?
- Avec qui ?
- Quelle utilité ?
Pendant la tâche :
- Pourquoi ferais-je cette activité ?
- Suis-je capable de l'accomplir ?
- Ai-je un certain contrôle sur son
déroulement ?
- Cette matière (ou étude) est
intéressante ?
- Cela a un sens ?
- Ai-je envie de continuer et de faire plus ou dois-je abandonner
(c'est ennuyant !)
Après la tâche :
- Suis-je satisfait ? Ou suis je décourager ?
- Ai-je envie de m'engager dans une autre tâche ?
- Quel est l'avenir de tâches accomplies ?
- Les études sont-elles intéressantes pour
moi ?
Bien que Philippe Perrenoud (1996) affirme que le concept de
motivation s'enracine avant tout dans la psychologie, dans le cadre de cette
étude, elle est plus pédagogique que psychologique. Parce que la
motivation ici implique d'avantage les méthodes et
procédés de transmission de savoirs scolaires. Si nous
considérons, d'une part la motivation en tant que pulsion, nous savons
que cette théorie postule que « tout comportement de
réalisation résulte d'un conflit émotionnel entre la
poursuite du succès et évitement d'échec ».
C'est un dynamisme conçu pour faciliter l'apprentissage. D'autre part,
si nous considérons la motivation en tant que but, nous savons aussi le
principe de cette théorie : « toute action acquiert
un sens, une direction ». L'apprentissage scolaire ne vise que le
sens et une direction dans laquelle dirige ses apprenants.
En définitive, enseigner de manière
motivationnelle, c'est donner du sens et la valeur aux
apprentissages scolaires, c'est-à-dire, arriver à dire
à l'apprenant que ce qu'il a appris, a de l'importance pour lui et son
avenir dans la société. Ce qui exige de la part de celui-ci
l'effort de passer de la motivation extrinsèque à la motivation
intrinsèque.
CHAPITRE 3
Grandes théories de
l'apprentissage scolaire
La motivation, dans la perspective de notre étude, est
liée à l'apprentissage scolaire. Après avoir
rappelé les principales données de la littérature dans ce
domaine, nous allons tenter dans ce troisième chapitre de donner
quelques grandes théories sur l'apprentissage scolaire. Ce qui nous
permettra de mettre en relation la motivation et l'apprentissage dans le
quatrième chapitre.
La littérature sur l'apprentissage est très
vaste. Il ne s'agit pas dans notre travail de développer toutes les
théories, mais il s'agira de comprendre des théories qui ont
joué un grand rôle dans l'apprentissage en général
et dans l'apprentissage scolaire en particulier. Ainsi, nous retenons quatre
grandes théories à savoir : le béhaviorisme, le
constructivisme, le socioconstructivisme et les théories
interactionnistes. A chacune de ces théories, nous devons souligner
l'impact qu'elle peut avoir sur les pratiques de l'enseignement. L'insistance
est sur l'articulation entre l'acte d'enseignement et l'acte
d'apprentissage.
3.1. Approche
générale
L'apprentissage est définit comme « un
changement adaptatif observé dans le comportement de l'organisme. Il
résulte de l'interaction de celui-ci avec le milieu. Il est
indissociable de la maturation physiologique et de
l'éducation » (Dictionnaire de Psychologie, 1999).
L'apprentissage est toujours concerné dès qu'un enseignant doit
élaborer, construire, un plan dans lequel les formés ont
nécessairement quelque chose à apprendre.
La littérature sur l'apprentissage nous offre de
nombreux théories et modèles d'apprentissage. A
l'intérieur de chaque théorie ou modèle se distingue
l'importance accordée au sujet et aux situations lors du
« changement de comportement et la construction du nouveau
comportement ». Nous allons présenter ces théories en
mettant en évidence les différences et en soulignant les
simultitudes et les points de débat tout en étant attentif aux
conduites motivationnelles du sujet dans chaque théorie. Ce qui pourra
nous permettre de distinguer les différents théories et
modèles de l'apprentissage; c'est bien la place accordée
à la motivation, à l'assimilation, à l'acquisition des
compétences et à la réussite des apprentissages pour
confirmer le changement ou la modification du comportement.
3.2. Béhaviorisme
Le béhaviorisme est la première grande
théorie de l'apprentissage qui a fortement marqué les domaines de
l'enseignement, de l'éducation et de la formation. Ce courant
théorique exerce encore une forte influence dans les pays anglo-saxons.
Nous devons souligner que le terme « béhaviorisme »
est crée à partir du mot anglais « behavior »
qui signifie « comportement » marqué par une
manifestation observable de la maîtrise d'une connaissance qui permet de
s'assurer l'atteinte des objectifs visés.
Le béhaviorisme (ou comportementalisme) définit
l'apprentissage comme une modification durable du comportement résultant
de la conséquence d'un entraînement particulier. Le concept
« béhavioriste » fut utilisé pour la
première fois par John B. Watson en 1913 dans un article portant sur la
nécessité d'observer des comportements pour pouvoir les
étudier. Cependant, Skinner n'est pas d'accord avec les théories
de Watson et Pavlov qui prétendent que toute réponse
dépend d'un stimulus, même si ce dernier n'est pas identifiable.
Skinner dit que cela force les faits. Avec deux classes de réponses de
Skinner (les répondantes produites, suscitées par les stimuli
connus et les opérantes « événements
spontanés, liaisons innées,... »), Deux points
priment : le taux de réponses et la manière dont l'organisme
réagit au renforcement de l'environnement.
Burrhus .F. Skinner développa le concept de
« conditionnement opérant » (initié au
départ par Edward Thorndike, 1913), qu'il distingue du conditionnement
pavlovien ou classique (Pavlov, 1901). Skinner est le plus convainquant des
représentants que la méthodologie béhaviorale ait eu. Il
est le plus empiriste des théoriciens béhavioristes. Sa
thèse est que « le comportement peut être
structuré par l'utilisation appropriée des conditionnements
appropriés ». Skinner rejette toute explication mentale ou
cognitive. Il accorde l'importance à deux éléments :
le stimulus et la réponse mais en décrivant le lien qui les unit.
Il s'intéresse de façon particulière au
« réflexe » qui est une
« corrélation observée entre le stimulus et la
réponse ». Skinner veut faire du béhaviorisme une
méthode empiriste raffinée. Ses définitions
décrivent les phénomènes sur le plan expérimental.
L'opérationalisme est fondamental pour lui, car les comportements d'un
organisme se modifient en fonction de ses actions et des résultats
obtenus : « nous devons ce que nous faisons ». Pour
Skinner, toute hypothèse ou proposition doit être
vérifiée par l'observation afin de lui donner un sens.
L'opérationalisme pose les « comment » et non les
« pourquoi » des choses. Il préfère les
termes qui décrivent les opérations.
Skinner définit l'apprentissage comme une modification
du comportement provoqué par les stimuli venant de l'environnement.
Skinner développant une théorie de modèle empiriste et en
a tiré une pratique pédagogique. Il affirme que l'apprentissage
peut être obtenu par l'utilisation de récompenses appelées
« renforcements positifs » (ex. : des bonnes notes
chez les élèves) et de punitions appelées
« renforcements négatifs » (ex. : des mauvaises
notes chez l'élève.
C'est dans ce sens que l'individu adopte un comportement lui
permettant d'éviter les renforcements négatifs et d'augmenter la
chance d'obtenir les renforcements positifs. Cette procédure est
appelée « conditionnement opérant ».
Skinner(1971) a critiqué sérieusement l'enseignement traditionnel
fondé essentiellement sur des renforcements négatifs et a
proposé de remplacer ceux-ci par des renforcements positifs. Les travaux
de Skinner sont adaptés aux situations d'apprentissage et le
modèle qui en résulte est celui de l'enseignement
programmé. Ce modèle se base sur les principes suivants :
· la matière à enseigner est
découpée en une série d'éléments courts pour
permettre un renforcement le plus rapide possible,
· le contenu part du niveau le plus simple et le niveau
de difficulté augmente de manière graduelle afin de favoriser un
apprentissage sans erreur,
· le contenu est présenté sous forme d'une
séquence linéaire mais chacun peut la faire à son propre
rythme ce qui va dans le sens d'une individualisation de l'enseignement,
· les renforcements positifs (à travers des
encouragements, etc.) sont favorisés et doivent être donnés
le plus rapidement possible. Des études expérimentales ont
démontré que plus le délai entre la réponse fournie
et le renforcement est bref, meilleure est la performance finale.
Dans le domaine de l'enseignement, soulignons aussi que la
pédagogie de maîtrise et l'évaluation
formative sont également en partie basées sur le
béhaviorisme. L'objectif de ces systèmes d'enseignement consiste
à mettre en place un programme d'apprentissage qui s'assure l'atteinte
des objectifs d'apprentissage par tous les élèves. Toutes les
formes d'enseignement basées sur le béhaviorisme partent de
l'idée que l'apprentissage se fait par le biais d'un enseignement qui
peut être dispensé par un enseignant ou une machine (O'Shea &
Self, 1983) ce qui est différent de la théorie
constructiviste.
Nous devons souligner enfin que la force du
béhaviorisme est de proposer une théorie complète de
l'apprentissage. Il définit l'apprentissage en ce terme :
« apprendre c'est devenir capable de donner la réponse
adéquate, c'est encore construire un comportement adapté à
un environnement ». Cette théorie propose aussi une
méthode d'enseignement - apprentissage : opérationnaliser
des objectifs d'apprentissage, conditionner, apprendre par essais-erreurs,
provoquer des renforcements positifs en cas de formes réponses, et des
renforcements négatifs pour rectifier les erreurs.
Les éléments essentiels d'un enseignement de
type béhavioriste sont les suivants :
- les structures mentales sont constituées par la
boîte noire à laquelle on n'a pas accès. Pour être
plus réaliste et efficace, l'enseignement béhavioriste
s'intéresse aux entrées et aux sorties qu'aux processus
eux-mêmes.
- l'enseignant s'attache à définir les
connaissances à acquérir en termes de comportements observables,
qui sont mis en oeuvre en fin d'apprentissage.
- le comportement attendu au niveau de l'élève
est formulé comme suit : l'élève devra être
capable de....... + verbe d'action (identifier, distinguer, nommer,
reconnaître, classer,...). Il faut éviter les verbes mentalistes
(comprendre, savoir, réfléchir, ...)
- des observations permettent à l'élève
d'identifier ses erreurs et de travailler à les rectifier.
L'enseignement de type béhaviorisme a des aspects
positifs que nous voulons énumérer sans faire de
commentaire :
- le dogmatisme verbal est limité chez l'enseignant.
- L'enseignant est centré sur l'élève et
sur la tâche intellectuelle pour permettre l'élève à
réussir ses apprentissages scolaires.
- Echanger entre enseignants sur leurs gestes
professionnels.
- Efficacité dans les apprentissages techniques et
professionnels.
- Contribution au renouvellement des pratiques en
matières d'évaluation. Une question correspond à
l'objectif fixé au départ.
Quelques remarques critiques sont adressées
à l'enseignement de type béhaviorisme à
savoir :
- L'opérationalisation des objectifs à atteindre
fait que l'enseignement se trouve rapidement face à un grand nombre
d'objectifs à viser au même moment. Ce qui limite ce genre de
pratique chez les enseignants.
- Réduire un apprentissage complexe en une succession
d'apprentissages plus simples, peut avoir comme effet que même si
l'élève est satisfait à toutes les étapes
intermédiaires d'apprentissage, il peut ne pas maîtriser
l'apprentissage complexe visé initialement.
- Vouloir les difficultés inhérentes à un
apprentissage peut finir par les contourner et amener les élèves
à réaliser les tâches au cours desquelles ils n'apprennent
plus suffisamment.
3.3. Constructivisme
Le représentant le plus célèbre du
constructivisme est Jean Piaget (psychologue et pédagogue). Il a
développé les théories dites constructivistes à
partir de 1925. Ses travaux portent essentiellement sur la construction des
connaissances au cours du développement biologique de l'homme. Ses
théories transposent les modèles du développement
biologique à la construction de la connaissance. Pour lui, apprendre
c'est construire des connaissances au cours de son développement. Cette
construction suppose que chaque sujet acquiert des outils conceptuels (mentaux)
qui lui permettent de comprendre le monde dans lequel il est et de s'en
approprier. C'est parce que l'homme est actif qu'il acquiert des connaissances.
Les connaissances se construisent par ceux qui apprennent;
nécessairement, l'acquisition des connaissances suppose
l'activité des apprenants (manipulation d'idées et de
conceptions). Cette activité bouscule et contrarie les manières
de faire et de comprendre de l'apprenant. L'individu devient protagoniste actif
du processus de connaissance. Les constructions mentales sont les produits de
son activité. Pour Jean Piaget, celui qui apprend n'est pas simplement
en relation avec les connaissances qu'il apprend ; il organise son monde
au fur et à mesure qu'il apprend en s'adaptant. Piaget insiste sur la
nature adaptative de l'intelligence et la fonction organisatrice et
structurante. Cela implique deux processus d'interaction de l'individu et son
milieu: l'assimilation et l'accommodation.
Jean Piaget centre ses recherches sur une modélisation
que l'on nomme la psychologie cognitive (c'est, selon l'auteur, la
psychogenèse de la connaissance). Pour Piaget, il ne suffit pas de
voir, de percevoir (théorie empiriste), mais il faut agir et
expérimenter. Apprentissage c'est avoir les outils conceptuels
(modèles théoriques) et expérimenter (situations).
Le modèle constructiviste considère
« l'apprendre » comme le résultat d'une construction
des savoirs. Les étapes de la construction du savoir sont
définies par des paramètres biologiques qui définissent un
développement naturel de l'enfant. Les recherches menées par Jean
Piaget (1947) sur le développement des jeunes enfants ont valu cette
conception de l'apprendre.
Ce courant de pensée présente de multiples
variantes, Gagne (1965, 1976, 1985) et Bruner (1986) mettent l'accent sur les
associations à établir entre les informations externes et la
structure de pensée. Pour eux, toute perception est une
catégorisation. Ausubel (1968) parle de « ponts cognitifs ».
L'école piagétienne de Genève propose les concepts «
d'assimilation » et « d'accommodation ».
Ces premiers modèles ont pu montrer qu'
« apprendre » résulte d'abord de l'activité
d'un sujet. Le modèle de constructivisme se base surtout sur
l'apprentissage des sciences tel qu'il se pratique dans les clubs scientifiques
en situation extra-scolaire ou en classe à l'école primaire.
Le modèle constructivisme a donné naissance
à une pédagogie qui part des besoins spontanés à
des intérêts « naturels » de l'enfant. Sous
l'appellation de constructivisme ou récemment du socioconstructivisme,
cette pédagogie vise l'expression personnelle, la
créativité et le développement de l'autonomie, en
octroyant une place importante aux tâtonnements et à
l'expérimentation individuelle ou en groupe. La construction du savoir
s'opère par une grande place à l'action et à l'expression
de ses représentations. Les méthodes dites actives sont
fondées sous ce modèle éducatif.
Comme toutes les théories, celle de constructivisme a
aussi les limites. On peut citer quelques-uns:
- L'idée d'une simple accumulation du savoir : la
pédagogie constructiviste reste très limitée pour
comprendre les difficultés et les erreurs et à forte raison,
pour apporter les moyens d'y remédier.
- La pédagogie inspirée du modèle
constructiviste ne permet pas de répondre aux questions
suivantes :
· Pourquoi dans certains cas n'apprend-on pas ou
retient-on faux malgré les explications ?
· Pourquoi certains savoirs nouveaux se
désagrègent-ils après quelques semaines ou quelques
années pour être remplacés par les savoirs
élémentaires?
- Les constructivistes ne rendent pas compte du traitement des
situations spécifiques pour les apprenants.
3.4. Socioconstructivisme
Outre la théorie béhavioriste et
constructiviste, nous pouvons aussi évoquer la théorie
socioconstructivisme qui est basée sur le modèle social de
l'apprentissage (Bandura, A, 1986), développé essentiellement par
les psychologues sociaux et les psychologues du développement social.
L'approche socioconstructivisme appelée aussi
sociocognitive par rapport au constructivisme, introduit une dimension des
interactions, des échanges, du travail de verbalisation, de construction
et de co-élaboration (Vygotsky, 1985). On peut constater l'idée
de base de cette théorie dans les titres de plusieurs ouvrages
aujourd'hui. Dans le sens d'interagir et connaître, d'apprentissage
de groupe, de partage d'idée dans l'apprentissage, ...
Dans cette théorie développée
principalement par Vygotsky (1985), l'apprentissage est considéré
comme le résultat des activités sociocognitives liées aux
échanges didactiques entre enseignant-élèves et
élèves - élèves. Le concept d'une construction
sociale de l'intelligence est la continuité d'une auto-socioconstruction
des connaissances par ceux qui apprennent.
Les conditions de mise en activité des apprenants sont
indispensables dans le cadre des socioconstructivistes, parce que
l'acquisition des nouvelles connaissances et la restriction des connaissances
existantes ne sont pas les seuls objectifs de l'apprentissage. L'apprentissage
considère aussi le développement de la capacité à
apprendre, à comprendre, à analyser et la maîtrise d'outils
d'apprentissage. Nous devons souligner que l'apprentissage n'est plus,
seulement ce que l'enseignant transmet et les formes de mise en activité
des élèves, mais l'apprentissage est aussi la mise en
interactivité entre élèves, entre enseignant et
élèves. C'est à partir de cela que le savoir se
construit.
Comme nous l'avons vu au début, cette théorie
socioconstructiviste a été développée
essentiellement par les psychologues sociaux et les psychologues du
développement social. Voyons quelques grands représentants de
cette théorie.
A/Vygotsky
Dans ses recherches, Vygotsky (1985) met en avant le
rôle de la culture dans l'apprentissage. Son hypothèse
centrale est « le fonctionnement fondamentalement social de
l'être humain ». Dans son approche historico-culturelle, il
affirme que l'homme étant un acteur culturel et social se
développe grâce au processus social et historique. Pour
Vygotsky(1985), « la vraie direction du développement ne va
pas de l'individuel au social, mais du social à
l'individuel ». C'est l'apprentissage qui tire le
développement. Vygotsky affirme que « les recherches montrent
incontestablement (...) que ce que l'enfant sait faire aujourd'hui en
collaboration, il saura le faire tout seul demain » et parle alors de
« zone proche de développement » (ZPD) pour
décrire les fonctions en maturation chez l'enfant (Cf. GOUPIL &
LUSIGNAN 1993).
Vygotsky (1985, p45) définit la zone proche de
développement comme la distance entre deux niveaux : celui du
développement actuel, mesuré par la capacité qu'a un
enfant de résoudre seul des problèmes, et le niveau de
développement mesuré par la capacité qu'a l'enfant de
résoudre des problèmes lorsqu'il est aidé par quelqu'un.
Apprendre revient alors à former une zone proche de
développement. Comme chercheur, Vygotsky a étudié le
développement cognitif des enfants. Selon Gredler (1992) Piaget et
Vygotsky ont quatre points en commun :
1. L'établissement d'un cadre théorique pour
l'étude des processus psychologiques ;
2. L'identification de différentes structures
psychologiques durant le développement ;
3. L'analyse des processus psychologiques requis pour
atteindre des niveaux plus élevés de développement ;
4. L'affirmation que le développement psychologique ne
procède pas par des petits changements isolés.
Dans son ouvrage, Pensée et langage. L. S.
Vygotsky (1985) affirme que « le seul apprentissage valable pendant
l'enfance est celui qui anticipe sur le développement et le fait
progresser. » Dans cette perspective, le devoir de l'école est
de proposer à cet enfant des tâches à un niveau
supérieur de ce qu'il sait faire. L'enfant peut imiter de nombreuses
actions qui dépassent de loin les limites de ses capacités.
Grâce à l'imitation, dans une activité collective, sous la
direction d'adultes, l'enfant est en mesure de réaliser beaucoup plus
que ce qu'il réussit à faire de façon autonome. La
théorie de Vygotsky met l'accent sur la coopération
sociale parce qu'elle permet à l'enfant de
développer plusieurs fonctions intellectuelles : l'attention
volontaire, la mémoire logique, l'abstraction, l'habileté
à comparer et différencier.
Au niveau de l'enseignement, Vygotsky n'est pas favorable
à l'enseignement magistral. L'aspect fondamental de l'apprentissage chez
lui consiste à la formation d'une zone proche de développement.
L'apprentissage donne naissance, réveille et anime chez l'enfant toute
une série de processus de développement internes qui, à un
moment donné, ne lui sont accessibles que dans le cadre de la
communication avec l'adulte et de la collaboration avec les camarades, mais
qui, une fois intériorisés, deviendront une conquête propre
de l'enfant. Vygotsky (1985) postule qu'il existe un lien entre la
croissance et l'apprentissage. Il soutien que l'enfant a un certain
contrôle sur son développement en fonction de son apprentissage.
Il exprime son opposition à ceux qui, comme Piaget, pensent que la
croissance précède l'apprentissage. Il s'oppose aussi à
ceux qui prétendent que l'apprentissage se confond avec la croissance et
que les deux se déroulent ensemble.
En résume, l'apprentissage ne coïncide pas avec
le développement, mais active le développement mental de
l'enfant, en réveillant les processus évolutifs qui ne pourraient
être actualisés sans lui, grâce à la médiation
socioculturelle. La zone proche de développement a une
caractéristique spéciale : elle est sociale et
culturelle. Par exemple, le sujet qui apprend à utiliser
l'ordinateur, l'utilisera comme le professeur d'informatique lui a
montré et comme les autres apprenants l'utilisent. Le comportement est
déterminé par le contexte de l'apprentissage. En apprenant, le
sujet imite aussi les autres. Ce qui constitue un processus d'apprentissage
social et culturel. La zone proche de développement est bien une
théorie sociale et culturelle dont l'impact peut être très
important en apprentissage scolaire.
B/Jérôme Seymour Bruner
Bruner affirme que « le processus éducatif
nécessite une structure de connaissances en un tout cohérent,
pour en faciliter l'encodage ». Bruner accorde beaucoup d'importances
au stade du développement intellectuel chez l'enfant : « il
faut respecter les étapes ». Il parle aussi du rôle de
la motivation intrinsèque et de sa
valeur.
Bruner a été inspiré par Piaget et il a
mis sur pied trois modes de représentation des connaissances ( le mode
actif, le mode symbolique et le mode iconique). Pour Bruner, pour qu'il y ait
un réel apprentissage, l'élève doit participer à
celui-ci. Pour lui, il existe deux modes d'enseignement :
1. Le mode fondé sur l'exposition
(l'élève est auditeur) ;
2. Le mode fondé sur
l'hypothétique (coopération entre
l'élève et l'enseignant).
Selon la théorie de Bruner, l'acte d'apprendre comporte
trois processus (LUSIGNAN ET GOUPIL, 1993) :
1. L'acquisition de la nouvelle information ;
2. La transformation de cette information ;
3. L'évaluation.
Bruner (1987) préconise quatre techniques
pédagogiques :
1. L'emploi des contrastes ;
2. La formulation d'hypothèses ;
3. La participation (jeu) ;
4. L'éveil de la conscience de l'élève
quant aux stratégies d'apprentissage.
En bref, les principes de la théorie de Bruner
sont : l'apprentissage par la découverte,
l'exploration ainsi que l'action chez
l'élève.
Bruner et le processus d'étayage
L'oeuvre de Bruner a deux grandes idées
importantes :
a. La culture donne forme à l'esprit
b. L'activité mentale ne se produit jamais
isolement.
Pour Bruner (1987), apprendre est un « processus
interactif dans lequel les gens apprennent les uns des autres ».
C'est dans ce sens qu'il a contribué à développer le
modèle social de l'apprentissage. Bruner affirme que le modèle
transmissif n'est plus à mesure de répondre convenablement aux
exigences de maîtrise de savoir-faire, de cheminement vers l'autonomie,
d'acquisition du jugement, de capacité à s'auto-évaluer.
Bruner voit plus le rôle de l'enseignant à travers la mise en
oeuvre d'un processus d'étayage. Les fonctions de ce processus attestent
que ce qui est bénéfique tient autant aux aspects socio -
affectifs qu'aux aspects cognitifs ou intellectuels.
Les aspects socio- affectifs
Dans ce domaine socio-affectif nous pouvons citer : la
mobilisation, le maintien de l'intérêt et de la
motivation de l'élève dans le champ de
la tâche ainsi que le but à atteindre. En apprentissage,
l'enseignant doit faire en sorte que la tâche soit plus agréable
à réaliser avec son aide, tout en évitant que
l'élève soit très dépendant de lui.
Premier aspect correspond à l'effort
d'enrôlement pour intéresser l'élève
à la tâche, solliciter sa motivation, le
mettre davantage devant les exigences de la tâche.
Deuxième aspect se veut doublement
dynamisant : il s'agit ici de maintenir l'orientation, garder
l'élève dans le champ de résolution du problème
sans oublier le but à atteindre, encourager l'élève,
faire preuve d'entrain et de sympathie pour maintenir sa
motivation.
Les aspects cognitifs
Les bases d'assistance sur le plan cognitif concernent la prise
en charge par l'enseignant (dans son rôle de tuteur) de certains aspects
de la tâche, la signalisation des caractéristiques
spécifiques et la suggestion de modèles de résolution.
Le premier aspect correspond à la
nécessité d'alléger la tâche de certaines
de ses difficultés en la simplifiant un peu afin qu'elle soit
momentanément davantage à la portée de
l'élève.
Le second aspect correspond à la
signalisation des caractéristiques spécifiques de la
tâche pouvant mettre sur la voie de la résolution. C'est une
manière d'apprécier l'écart qui sépare ce que
l'élève vient de faire de ce qui aurait dû être fait.
Le troisième aspect consiste à montrer
ce qui peut être fait sans pour autant donner la solution,
à partir de ce que l'élève a déjà
réalisé, soit parce que c'est une manière de lui faire
voir qu'il est sur la bonne voie, ou au contraire pour le prévenir par
rapport à une procédure de réalisation
inadéquate.
Effets du processus d'étayage
Le processus d'étayage produit souvent deux sortes
d'effets :
- Effets immédiats : celui qui est aidé parvient
à faire des choses qu'il ne réussirait pas à faire
correctement tout seul ;
- Effets d'apprentissage à plus long terme : ils sont
le fruit du travail verbal d'explicitation et de compréhension des
exigences de la tâche à réaliser et des procédures
de résolution.
C/Ausubel et l'apprentissage significatif
Ausubel a élaboré le premier modèle
systématique de l'apprentissage cognitif appliqué à
l'enseignement. Ce qui est important pour ce chercheur à
l'intérieur de ce modèle, ce sont les relations entre la
structure cognitive, les intentions de
l'élève, le matériel à
acquérir et les modes de transmission de la
connaissance ( GOUPIL ET LUSIGNAN, 1993). Ausubel (1968) parle de
« ponts cognitifs ».
Ausubel s'intéresse beaucoup à la
réussite scolaire et affirme que les connaissances
antérieures déterminent la réussite de
l'apprentissage. Cela constitue le plus grand facteur déterminant du
succès dans un apprentissage.
La théorie d'Ausubel contient trois
éléments fondamentaux :
- La clarté ;
- La quantité ;
- L'organisation.
Le concept central de sa théorie est la
structure cognitive, l'organisation
hiérarchique. Pour Ausubel, il existe deux modes
d'apprentissage: la réception et la découverte. Ce qui est
très important dans l'apprentissage, c'est la manière dont
l'élève assimile les connaissances. Il peut y avoir des
apprentissages significatifs (sens, liens avec ce que l'élève
sait déjà) et des apprentissages mécaniques (sans liens,
du «par coeur»)
Ausubel propose qu'on apporte une attention
particulière aux ordonnateurs supérieurs. Ces
ordonnateurs sont les structures de connaissances à l'apprentissage qui
permet d'organiser et d'interpréter les nouvelles notions.
3.5. Théories interactionnistes
Les théories interactionnistes accordent la
prédominance à l'interaction entre facteurs internes et externes.
L'interaction peut s'opère par exemple entre deux théories ;
la théorie cognitive qui prône les activités mentales et la
théorie béhavioriste qui se base sur la relation entre les
comportements et ses conséquences. Intéressons-nous de ces deux
chercheurs psychologues : Robert Gagné et Albert Bandura.
A/Robert Gagné
En apprentissage Gagné affirme qu'il faut partir des
principes du conditionnement, dont celui du renforcement. Il définit
l'apprentissage comme un processus qui résulte d'une interaction entre
l'individu et son environnement. Pour qu'il y ait apprentissage, le changement
dans la performance est très important à observer. Selon la
théorie de Gagné, « l'apprentissage est
influencé par des événements internes (motivation) et
externes (rétroaction donnée par une personne externe,
l'enseignant) ». Autrement, l'apprentissage nécessite les deux
types de motivation : extrinsèque et intrinsèque.
Pour procéder à un apprentissage efficace,
Gagné utilise des hiérarchies qui consistent à
décrire les habiletés et leurs relations dans la
réalisation d'une tâche plus globale. Pour obtenir un
apprentissage signifiant, il faut un ensemble des préalables ;
c'est ainsi qu'apprendre résulte d'une séquence
d'événements où interviennent les récepteurs et le
registre sensoriel, la mémoire à court terme et à moyen
terme et les générateurs de réponses. Pour Gagné
l'acte d'apprendre est constitué de huit phases:
1. la motivation
2. l'appréhension
3. l'acquisition
4. la rétention
5. le rappel
6. la généralisation
7. la performance
8. la rétroaction (feed-back)
Il affirme que les événements externes
favorisent l'apprentissage tels que : l'activation de la motivation de
l'élève, informer des objectifs d'apprentissages, activer
l'attention, stimuler le rappel des connaissances antérieures, guider
l'apprenant. Certains enseignants appliquent cette théorie de
Gagné dans l'acte d'apprentissage scolaire.
B/Albert Bandura
Bien que la théorie de l'apprentissage social de
Bandura ne soit pas admise en milieu scolaire, elle peut servir dans toute
recherche concernant l'apprentissage. Elle a été utilisée
comme cadre de référence par exemple par Rolland Viau (1994) dans
son ouvrage « la motivation en contexte scolaire ». Sa
théorie cognitive social fait parti des théories
interactionnistes de l'apprentissage car elle reconnaît l'importance du
conditionnement classique et opérant et du traitement de l'information.
Dans sa théorie, il met l'accent sur les points suivant :
- les processus vicariants symboliques et
autorégulations dans le fonctionnement psychologique
- le renforcement et l'observation de comportements
- L'aspect cognitif.
Pour expliquer le processus d'apprentissage, Bandura utilise
un modèle de triangle. L'acquisition du nouveau comportement se fait en
interaction entre l'environnement et les caractéristiques de l'individu.
Pour lui, les individus ne réagissent pas tous de la même
manière face à un comportement. Dans la théorie de
Bandura, il insiste sur l'importance de l'observation. Le processus
d'essai/erreur n'est pas toujours important pour l'acquisition de nouvelles
connaissances. Pendant l'apprentissage par observation, les modèles de
pensée et d'action sont importants. Le renforcement est essentiel dans
sa théorie, plus il y a renforcement, la probabilité d'adoption
d'un nouveau comportement augmente. La motivation est très capitale dans
tout apprentissage. Bandura soutient que les médiats jouent un
rôle important dans le processus d'apprentissage car l'imitation
est proposée (soit à la TV, radio, livres, etc.)
Bandura, dans sa recherche, il affirme qu'on peut apprendre
par autorégulation et la perception d'efficacité personnelle.
Pour lui, l'apprentissage est constitué de quatre phases importantes:
a. Phase d'attention
b. Phase de rétention
c. Phase de reproduction
d. Phase de motivation
Au niveau de l'apprentissage, Bandura (1980) parle de
l'influence sociale dans la dynamique des apprentissages. Il propose un
modèle de « théorie sociale de
l'apprentissage » qui s'oppose aux théories
béhavioristes par le fait que le renforcement peut être
anticipé par les représentations mentales dans l'apprentissage.
C'est ce que Bandura appelle le renforcement symbolique qui dépend du
niveau de développement mental.
La première caractéristique de ce modèle
est basée sur l'influence mutuelle. Bandura affirme que
le sujet influence son environnement qui, en retour, l'influencera. Ce
modèle social essai d'expliquer le comportement humain en termes
d'interactions continues entre les déterminants cognitifs,
comportementaux et environnementaux. Le sujet et ses environnements sont tous
des déterminants réciproques l'un de l'autre.
La deuxième caractéristique consiste à
l'apprentissage indirect. Pour apprendre, le sujet peut tout
simplement observer les autres. C'est l'aptitude du sujet de réaliser un
apprentissage social indirect. Quand un élève constate qu'un
autre se fait toujours punir quand il arrive en retard en classe,
décide de ne pas tenter d'arriver en retard ! Donc Bandura affirme,
tout sujet dispose une capacité d'apprentissage par observation des
résultats des actions des autres.
La troisième caractéristique consiste à
la représentation symbolique. Bandura précise
que « l'être humain possède une certaine
flexibilité qui dépend de ce qu'il est, de ce qu'il fait, de ce
qu'il veut faire et de ce qu'il pense qu'il pourrait faire ». Dans ce
sens les pensées et les actions sont organisées par des
représentations que le sujet se donne de tout ce qui se fait dans son
univers.
La quatrième caractéristique consiste à
la perception qu'a un sujet sur son aptitude de réussir
et du rendement de ses interventions. Bandura insiste sur l'importance du
rôle joué par les perceptions d'un sujet sur la performance de ses
actions. L'apprentissage et les actions du sujet dépendent du jugement
qu'il porte sur ses aptitudes. Bandura affirme que la perception qu'a un sujet
sur sa capacité de réaliser une tâche donnée
influencera certainement les résultats de ses futurs comportements.
La cinquième caractéristique consiste à
l'autorégulation du sujet. Bandura montre que le sujet
possède la capacité de s'autoréguler. L'homme ne
dépend pas de son environnement et de ses instincts. Il est capable
d'agir en fonction de ses besoins et modifier ses actions en fonction des
résultats obtenus. L'homme a l'aptitude de réfléchir sur
ce qui se passe ; il est capable de s'observer, s'analyser et même
analyser comment il pense et modifier ses perceptions, ses actions. Bref,
l'homme sujet détient un certain contrôle sur sa propre
destinée. Mais l'apprentissage scolaire est un atout pour arriver
à l'autorégulation.
La sixième caractéristique consiste à
l'utilisation des modèles. Bandura mentionne que le
sujet apprend par mimétisme ou par imitation : il imite les autres.
Parfois, il choisit une personne comme modèle à imiter surtout
dans ses comportements. La différence entre l'apprentissage indirect et
l'apprentissage par modèle est dans la nuance suivante : en
apprentissage indirect, le sujet apprend en observant les résultats des
comportements d'un autre ; en apprentissage par modèle, il apprend
à partir des résultats de ses comportements. Pourquoi
l'apprenant n'imiterait-il pas son enseignant dans la pratique de la
motivation ?
CHAPITRE 4
Motivation et apprentissage scolaire
Dans ce chapitre, nous allons donc préciser le
rôle de la motivation dans le processus d'apprentissage. Donner un sens
à l'apprentissage doit être l'objectif principal de la motivation
en milieu scolaire. Cela implique les profils d'apprentissage et de motivation.
Pour que la motivation soit renforcée en clase, l'enseignant doit
crée un climat de dialogue. Ne faut-il pas que l'enseignant
lui-même soit motivé pour pouvoir motiver ?
4.1 Nécessaire
motivation
La motivation est un concept intégré au cadre de
référence de l'apprentissage. Elle se situe à deux niveaux
: celui de motivation extrinsèque qui est provoquée par
une force extérieure de l'apprenant et celui de motivation
intrinsèque qui dépend de l'individu lui-même. Les
deux sont obligatoire pour s'engager dans un processus d'apprentissage comme
dans toute autre activité d'ailleurs.
Il faudrait souligner davantage que la motivation
extrinsèque met beaucoup d'importance sur le rôle des
renforcements en provenance de l'environnement de l'apprenant. Ses
renforcements (récompenses, sanctions) sont positifs ou négatifs.
Bien que les béhavioristes qui ont travaillé sur ce type de
motivation en apprentissage, ils sont reprochés d'avoir omis
volontairement le mental (le cognitif) qui est pourtant nécessaire dans
l'acte pédagogique, le renforcement reste capital et nécessaire
dans l'apprentissage scolaire. Râles sont de renforcements qui
n'apportent pas la modification du comportement chez l'individu. Les
enseignants disent souvent: « donnez-nous des
élèves motivés et nous les ferons
réussir », comme si les élèves devaient
être motivés avant d'arriver à l'école. La
motivation est une condition importante et nécessaire à
l'apprentissage. Bien qu'elle ne pas suffisante pour réussir les
apprentissages, elle caractérise les dimensions affectives et cognitives
dans l'acte d'apprentissage. Cependant, la connaissance de l'importance de
motivation en classe ne suffit pas pour l'enseignant, il doit choisir un
modèle de motivation dans le but de l'exploiter chez les
élèves en situation d'apprentissage. C'est dans ce sens que le
rôle de l'enseignant -tutelle marque son importance.
4.2 Motivation scolaire et
tutorat
Si la motivation est le moteur du processus
« d'apprentissage », elle n'est peut être
renforcée et maintenue que s'elle est dans certaines conditions de
tutorat. L'évolution de la motivation scolaire nécessite la
présence d'un tuteur expérimenté qui conduit
progressivement l'apprenant vers une motivation intrinsèque voir
même la recherche de sens des apprentissages. Pour passer de la
motivation extrinsèque à la motivation intrinsèque dans la
plus part des cas, la médiation du maître est nécessaire.
La prise de distance par rapport au produit des récompenses et des
sanctions habituelles (bonnes notes ou mauvaises notes) dans l'enseignement ne
peut être faite qu'en collaboration avec le tutelle (le maître). La
question de tutorat devrait être donc au centre de la motivation. Pour
un apprentissage de dynamique motivationnelle, il importe de prendre en compte
le tutorat ou médiation basé sur la théorie de Vygotsky et
Bruner.
Car amener l'apprenant à l'auto déterminisme
d'apprendre exige la diminution des contraintes (la surveillance, limite de
temps, ..) qui est le rôle de l'enseignant. Parfois « la
répétition de l'apprentissage est une forme de
contrainte » disait Lieury A. & Fenouillet F (1997). Plus
l'apprenant doit apprendre et moins se sens autodéterminé et plus
sa motivation intrinsèque diminue. Donc il doit aider à
l'apprennent de tels points que la compétence perçue et l'auto
déterminisme soient réunis pour aboutir à une motivation
intrinsèque forte. Nous observons parfois des élèves ayant
une grande motivation et qui obtiennent des faibles résultats (il existe
peu de répétions de l'apprentissage) ou des élèves
avec faible motivation qui obtiennent des bons résultats (il existe
beaucoup de répétition de l'apprentissage). Dans ce contexte,
l'observation et l'expérience du tutelle (ou enseignant) sont de grande
importance dans un processus d'apprentissage.
Alors quel est le profil idéal du tutelle pour renforcer
la motivation scolaire ?
Le profil du tutelle
Vygotsky et Bruner n'ont pas définit
spécifiquement le profil d'un tutelle ou médiateur. Nous trouvons
la liste de ce profil dans l'ouvrage d'Annie Cardinet (2000) Ecoles et
médiations.
Le tutelle :
- planifie et programme les objectifs et travaux
éducatifs de chaque session avec assiduité ;
- cherche l'information nécessaire pour connaître
les difficultés d'apprentissage des élèves, les causes et
les effets;
- essaie d'identifier les fonctions cognitives
déficientes de ses élèves pour en faire l'objet de son
travail éducatif;
- s'assure que les élèves ont compris clairement
et avec précision l'information donnée, avant de commencer
d'autres travaux;
- suscite la participation de chaque élève, tant
personnelle qu'en groupe, favorisant la coopération et
l'interactivité ;
- sonde les connaissances antérieures des
élèves et le vocabulaire de base connu, au commencement d'un
nouveau thème;
- provoque chez les élèves la
nécessité de la recherche, l'auto-découverte des
stratégies et des solutions aux problèmes qui se
présentent pendant la leçon.
- gradue et adapte les contenus selon les capacités des
élèves;
- sélectionne et combine les stratégies
d'apprentissage au fur et à mesure qu'elles sont connues et
assimilées;
- aide les élèves à découvrir les
objectifs, l'intentionnalité et la transcendance des interactions et
activités pour arriver à une plus grande motivation et
implication dans leurs travaux;
- prête attention à chaque élève
pour qu'il augmente le contrôle de son impulsivité et qu'il arrive
à une plus grande auto-connaissance;
- prévoit et anticipe les difficultés
d'apprentissage que les élèves vont rencontrer dans la
leçon;
- sélectionne les critères de médiation
et son mode d'interaction selon les nécessités des
élèves;
- donne le temps nécessaire pour la recherche et
l'investigation des réponses aux questions posées pour une plus
grande autonomie dans le travail;
- fait attention à l'analyse des questions
posées et à l'élaboration des hypothèses pour
arriver à la connaissance des objectifs, de l'amplitude et de la
flexibilité mentales des élèves;
- cherche des changements de modalité et des
nouveautés dans la présentation des contenus et des
activités;
- analyse avec les élèves leurs processus de
recherche, de planification et de réussite des objectifs pour qu'ils
acquièrent une connaissance de leurs changements et apprennent à
planifier et à programmer ;
- aide les élèves à découvrir de
nouvelles relations et les aspects positifs et optimistes des thèmes
proposés ;
- élève graduellement la complexité des
activités pour arriver à donner plein pouvoir aux
capacités des élèves;
- présente des modèles de comportement et adapte
les difficultés dans l'apprentissage pour assurer le succès
d'apprentissages significatifs, spécialement chez les
élèves les moins doués;
- alterne la méthode inductive-déductive pour
créer intentionnellement "un conflit cognitif" et met en jeu diverses
opérations mentales;
- fait en sorte que les élèves verbalisent les
connaissances pour vérifier qu'ils ont compris ou assimilé;
- les habitue à faire la synthèse de ce qui a
été traité, lorsqu'un thème ou une leçon se
termine;
- propose des activités qui exigent un effort majeur
d'abstraction et d'intériorisation pour vérifier la
capacité de compréhension et d'assimilation des
élèves;
- aide les élèves à ce qu'ils
découvrent les valeurs, élaborent des principes et des
conclusions généralisés à propos de ce qui a
été étudié;
- fait attention à la médiation du sentiment
d'appartenance et à l'estime des élèves pour la culture du
monde environnant dans lequel ils vivent;
- oriente les élèves pour qu'ils trouvent
l'utilité et l'application des apprentissages dans d'autres
matières scolaires et dans leur vie;
- propose avec fréquence aux élèves
qu'ils s'auto-évaluent et s'auto-analysent dans le processus
d'apprentissage;
- aide les élèves à chercher et à
comprendre les causes des réussites et des erreurs, et les pousse
à avoir une connaissance équilibrée d'eux-mêmes;
- suscite chez les élèves l'auto-exigence, la
précision, l'exactitude et le travail bien fait, selon leurs
capacités à faire des efforts;
- suscite la créativité et la diversité
dans leurs travaux pour donner l'opportunité à chacun de
manifester ses potentialités;
- révise et change le système de travail, selon
les résultats de l'évaluation et les objectifs atteints dans les
programmations antérieures.
Dans le but d'améliorer le travail de l'enseignant
comme médiateur qui vise à la réussite des apprentissages,
des chercheurs en psychologie de l'apprentissage, ont élaboré
aussi les profils de l'apprentissage, de motivation et de
compréhension.
4.3. Profils
d'apprentissage
Bien que chacun ait sa propre façon d'apprendre, de
comprendre et d'enregistrer l'information, tout apprentissage scolaire doit
aboutir à la réussite scolaire. En général, les
chercheurs ont identifié les profils d'apprentissage. Comment expliquer
alors ces profils d'apprentissage ?
Pour comprendre ces profils, il est important de savoir que
les apprenants qui ont un mode d'apprentissage correspondant le mieux au
système éducatif et de formation sont plus disposés
à faire une bonne scolarité et réussir leurs
études. Malheureusement, tout le monde n'a pas cette
prédisposition, et il est presque impossible au système scolaire
de s'adapter à chacun. Alors comment faire ? Dans ce cas, il est
très indispensable de découvrir comment on apprend,
c'est-à-dire comprendre le cheminement mental nécessaire pour
intégrer un savoir. Le grand problème est que ce processus est le
plus souvent inconscient pour chacun. Il faut connaître et
maîtriser ce processus à partir des profils d'apprentissage. Les
profils d'apprentissage, c'est un outil développé par
Jean-François Michel (2005) et construit sur la base de recherches
américaines en psychologie comportementale. Ces profils
représentent la carte sur la façon dont chacun apprend. C'est une
carte composée de trois niveaux (J.F. Michel 2005: p37-47):
Le premier niveau correspond aux profils
d'identité : ils concernent l'attitude d'un
élève en situation d'apprentissage. On distingue sept profils
d'identités différents : l'intellectuel, le rebelle, l'aimable,
le dynamique, Le perfectionniste, l'émotionnel, l'enthousiaste.
L'élève considéré comme
« l'intellectuel » aime apprendre. Habituellement,
il pratique la solitude. Il est Introverti et il peut paraître distant
vis-à-vis des autres. Il est souvent un bon élève.
L'élève de type « le
rebelle », de peur d'être blessé, évite
de montrer tout signe de faiblesse. Il n'hésite pas à rentrer en
confrontation. Il est capable de s'emporter dans de grandes colères. Il
peut être un élève assez difficile.
L'élève de tendance
« l'aimable » travaille beaucoup pour faire
plaisir à ses parents et à ses enseignants. Il est
généralement sociable et gentil. C'est un élève
agréable. Cependant il a besoin beaucoup d'attention pour
s'épanouir.
L'élève considéré comme
« le dynamique » aime agir. Il a les
potentialités (don) de vouloir réussir ce qu'il décide
d'entreprendre. Il n'est pas automatiquement un bon élève. Il
compte beaucoup sur son sens de la débrouillardise.
L'élève de type « le
perfectionniste » a horreur d'avoir le sentiment de mal
faire. Il a une grande faculté à voir ce qui pourrait aller de
travers. Soucieux et inquiet, il prend le temps de faire les choses
correctement. C'est un élève qui aime faire un travail
irréprochable (devoir, dissertation, etc.). Dès qu'il
s'aperçoit que ce qu'il entreprend n'est pas parfait (selon lui), il se
décourage. Les symptômes typiques de ce comportement sont les
expressions du type« je suis nul !!! », « je ne sais rien faire
... ». La spirale de l'auto dévalorisation peut se mettre en marche
et conduire à un blocage. L'enseignant, ou les parents doivent
être très vigilants dans leurs critiques face à un
élève de type perfectionniste. Les remarques négatives du
genre « tu es mauvais, ton travail est nul... » ont un grand pouvoir
destructeur chez le perfectionniste. Valoriser ce qui peut être
perçu comme « non-parfait », et changer le vocabulaire : ce
qui est « nul » doit être transformé en « points
qui sont à améliorer»
L'élève de type
« l'émotionnel » agit en fonction de ses
émotions qu'il a du mal à contrôler. Une raison par
laquelle il peut réagir de façon théâtrale. Il a un
esprit très créatif et aime se différencier de ses
camarades. Ne vise pas forcement la perfection, ce qui est important pour lui
c'est la créativité, le beau. Il peut être très
doué dans les matières artistiques. Par contre, c'est quelqu'un
qui peut facilement broyer du noir, sans savoir pourquoi. N'essayez pas de le
rassurer ou de le consoler en demandant ce qui ne va pas. Bien souvent il ne le
sait pas lui-même. Il a des difficultés à maîtriser
ses émotions, ce qui peut le conduire à des réactions
théâtrales lorsqu'il est contrarié.
L'élève de type
« l'enthousiaste » a une forte joie de vivre. Il a
une grande faculté à voir le bon côté des choses.
Cependant l'ordre et la discipline ont tendance à le frustrer.
Le deuxième niveau correspond aux profils de
motivation : ils concernent les
éléments extérieurs qui conditionnent
l'intérêt d'un élève. On distingue quatre profils de
motivation différents : vais-je apprendre ? Où
ça se situe ? Avec qui ? Quelle utilité ?
L'élève sensible au profil
« vais-je apprendre ? » aime apprendre pour
savoir. Il est curieux d'esprit. Sa motivation est d'apprendre quelque
chose.
L'élève de tendance au profil
« où ça se situe ? » a besoin
de situer les choses dans un plan, dans une vision globale, dans un lieu. Dans
ce cas sa motivation dépend aussi de l'environnement.
L'élève sensible au profil
« avec qui ? » a une motivation
d'apprentissage centrée sur l'enseignant et les camarades de classe avec
qui il peut faire des travaux pratiques.
L'élève sensible au profil
« quelle utilité ? », sa motivation
dépend du degré d'utilité perçu de l'enseignement.
Les élèves qui ont cette motivation aiment d'avantage le concret.
Tant que ce profil d'élève ne trouvera pas ce à quoi une
matière peut servir, il ne se sentira pas du tout motivé. Un des
rôles possibles d'un enseignant est de montrer l'intérêt de
la matière à ce type de profil. Par exemple, lorsque un
élève dit « je n'aime pas cette matière, ça me
servira à rien !», on peut être sûr qu'on a à
faire à une personne ayant ce type de profil. A noter qu'une personne
peut combiner deux profils de motivation avec toutefois une dominante.
Le troisième niveau correspond aux profils de
compréhension : ils permettent de savoir par quel sens les
informations sont enregistrées. On distingue trois profils de
compréhension différents : visuel, auditif,
kinesthésique.
Les élèves visuels ont besoin
de voir les choses, d'avoir des graphiques, des couleurs. Ils auront de
difficultés à comprendre un cours où l'enseignant, le
formateur ne fait que parler. Cependant certaines matières (la
philosophie, les langues, ...) ne peuvent pas être enseignées par
des graphiques ou des couleurs. L'expression orale prend plus de place dans ces
matières.
Les élèves auditifs :
contrairement aux visuels, la compréhension s'effectue principalement
par l'écoute, ils ont besoin d'apprendre en écoutant. Ils
enregistrent l'information, principalement par le mode auditif.
Les élèves
kinesthésiques ont besoin d'un ressenti, d'apprendre en
faisant, de comprendre le pourquoi des choses. On trouve beaucoup de personnes
de ce profil dans les métiers manuels. Cette population est plus
exposée au processus d'échec scolaire.
Remarque : ce n'est pas parce qu'une
personne a un profil kinesthésique qu'elle est destinée à
faire un métier manuel. Dans les profils de compréhension il
s'agit d'une dominante, un canal sensoriel privilégié. Tout le
monde a les sens de vue, ouïe, et du ressenti. Mais tout dépend de
canal privilégié pour enregistrer l'information chez l'individu.
Chacun a donc un canal sensoriel dominant combiné aux deux autres
restants qui jouent un rôle moindre.
4.4. Cadre de
référence
La littérature sur la motivation et l'apprentissage
nous a montré des différentes écoles qui sont autant de
philosophies du sujet. Elle nous a aussi révélé que
l'apprentissage nécessite un minimum de motivation, « pas
d'apprentissage sans motivation ». Nous apprenons avec une certaine
motivation certes, mais nous apprenons aussi à apprendre en donnant le
sens à nos apprentissages.
Un constat s'impose au regard de cette littérature. Si
les auteurs ont pris le soin de bien décrire ce qu'est la motivation
dans le processus d'apprentissage de même quel était le rôle
de l'enseignant dans ce processus. Ils insistent très peu sur
l'orientation scolaire comme facteur influant de motivation à la
réussite des apprentissages scolaires.
La visée de la motivation est d'assurer le
déclenchement, la régulation et le maintient du comportement
jusqu'à la réalisation des ententes initiales. Sur ces bases, la
motivation entraîne systématiquement l'apprenant à
comprendre et à réussir ses apprentissages scolaires qui
déterminent d'ailleurs son avenir professionnel.
Mais la grande question est de savoir si réellement
cette visée de la motivation conduit réellement à la
réussite des apprentissages scolaires. La méthodologie de
recherche qui va être exposée en cinquième chapitre nous
aidera à répondre à cette question. Mais avant, il nous
faut indiquer dans quelle perspective particulière se place notre
étude et revenir sur les concepts de base de cette recherche.
Nous allons essentiellement nous référer au
modèle d'une approche sociocognitive. C'est un modèle de
motivation en contexte scolaire utilisé en partie dans une
communauté d'apprentissage11(*), il est présenté dans une approche
sociocognitive à l'intérieur de l'ouvrage de Rolland VIAU (1994).
Dans le cadre de référence, l'ouvrage de Viau s'est
inspiré des travaux sur le postulat d'approche sociocognitive (voir la
théorie de cette approche au chapitre 2) et de définition de la
motivation de Bandura (1986).
4.4.1. Modèle d'approche
sociocognitive.
Ce modèle est composé par dix aspects
suivants :
a. Le premier aspect
correspond à l'environnement comportements et caractéristiques
individuelles : il s'agit de proposer une étude
fondée sur des phénomènes humains. Par exemple, la
motivation sur l'interaction qui existe entre les comportements d'une personne,
ses caractéristiques individuelles et l'environnement dans lequel elle
évolue.
b. Le deuxième
aspect correspond au déterminisme réciproque :
à l'intérieur de ce modèle, l'interaction est
soumise au déterminisme réciproque et propose l'influence des
composantes les unes aux autres. Le concept de déterminisme
réciproque propose l'idée d'une composante pouvant être la
cause d'un phénomène et devenir par la suite un effet de
celui-ci. (Zimmerman, 1990)
c. Le troisième aspect correspond aux choix de
l'approche sociocognitive: le choix de cette approche se situe
à trois niveaux à savoir
1. Son but étant d'étudier la nature de la
motivation, elle n'utilisera pas les approches béhavioriste,
psychanalytique, gestaltiste et humaniste. En accord avec Weiner (1984) et
Dweck (1988), l'approche sociocognitive suppose que ces dernières
n'expliquent pas de façon satisfaisante la dynamique motivationnelle en
milieu scolaire
2. Ne pas s'engager dans le débat qui consiste à
déterminer si la motivation intrinsèque est plus importante que
la motivation extrinsèque dans l'apprentissage (Lepper et Hodell, 1988).
Le concept de déterminisme réciproque lui a en effet permis
d'éviter ce débat, car il inscrit la motivation de
l'élève dans l'interaction constante et réciproque entre
ses caractéristiques individuelles, ses comportements et son
environnement.
3. Étudier la motivation dans le cadre
d'activités d'enseignement et d'apprentissage, plutôt que
d'étudier la motivation à apprendre en général
(Pintrich et Schrauben, 1992). Elle suppose qu'une personne n'est pas en
elle-même motivée à tout faire, en tout temps et en tout
lieu, mais qu'elle est plutôt motivée par une matière et
par les activités d'enseignement et d'apprentissage qui s'y rattachent.
d. Le quatrième
aspect insiste sur la dynamique : avec ce modèle, Rolland
Viau (1994) fonde la dynamique dans une définition de motivation en
milieu scolaire qu'il considère comme un état dynamique qui a ses
origines dans les perceptions qu'un élève a de lui-même et
de son environnement et qui l'incite à choisir une activité,
à s'y engager et à persévérer dans son
accomplissement afin d'atteindre un but. (p.32)
e. Le sixième
aspect détermine les dénominateurs communs des activités
d'enseignement et d'apprentissage dans ce modèle : ils
impliquent un engagement cognitif de la part de l'élève et leur
contenu est une matière scolaire (R. Viau, p.33). Le contenu est
essentiel car la motivation d'un élève est influencée
autant par une activité en soi que par les éléments
d'apprentissage qu'une matière véhicule. Le contexte est aussi un
ensemble diversifié de stimuli qui influencent les perceptions qu'un
élève a de lui-même. Le contexte peut être
formé de stimuli ou d'événements (conflits entre
élèves, tensions à la maison, etc.), qui ont de rapport
avec les activités sociales et d'apprentissage.
f. Le septième
aspect précise les déterminants de ce modèle :
ils sont l'ensemble des composantes de la motivation
influencées directement par le contexte dans lequel
l'élève se trouve. En neurosciences, les perceptions sont
premièrement captées par l'amygdale zone affective qui pousse
à l'action (D. Goleman, 1997). Ces perceptions aussi sont
composées d'un certain nombre des déterminants.
g. Le huitième aspect
consiste à indiquer les déterminants de la perception à
l'intérieur de ce modèle :
Ø Le concept de perception de soi
Ø Les perceptions de soi et les processus mentaux
Ø Le processus d'auto-évaluation donne naissance
à deux types de connaissances : les perceptions générales
et les perceptions spécifiques.
Perceptions générales : Les perceptions
générales sont l'ensemble de perceptions de ses
compétences, de ses valeurs, de ses préférences, de ses
buts, de ses aspirations. Le concept de soi a une fonction dynamique ;
celle de régir les comportements d'une personne. L'estime de soi : cette
perception de soi concerne les jugements d'ordre affectif qu'une personne porte
sur elle-même. Des chercheurs utilisent des instruments destinés
à mesurer l'estime de soi pour mesurer le concept de soi.
Perceptions spécifiques : Les perceptions
spécifiques des perceptions qu'un élève a de
lui-même quant aux différentes matières scolaires et aux
activités d'enseignement et d'apprentissage qui s'y rattachent (Schunk,
1991). Il existe deux types de perceptions spécifiques :
- la perception qu'un élève a de sa
compétence à accomplir une activité
- Sa perception de la contrôlabilité de cette
activité.
h. Types de perception : dans ce
modèle on affirme que les recherches sociocognitives en pédagogie
portent à croire que la motivation en contexte scolaire est surtout
influencée par 3 types de perception : (Mc Combs (1998), Schunk (1991)
et Pintrich et De Groot (1990)
1. La perception de la valeur d'une activité : Pourquoi
ferais-je cette activité ?
2. La perception de sa compétence à l'accomplir :
Est-ce que je suis capable de l'accomplir ?
3. La perception de la contrôlabilité de son
déroulement et de ses conséquences : Ai-je un certain
contrôle sur son déroulement et sur ses conséquences ?
i. Le neuvième
aspect donne l'éclaircissement sur perception de la valeur d'une
activité : L'importance des buts dans la perception de la
valeur d'une activité : représentation cognitive qu'un
élève a de ce qu'il veut accomplir. Les buts dans ce
modèle sont perçues de la manière suivante :
Les buts sociaux :
concernent la relation qu'un élève établit avec les
autres élèves et avec l'enseignant. Les chercheurs qui
étudient la motivation ignorent souvent les buts sociaux. Pourtant, il
s'agit pour certains élèves des seuls buts qui les incitent
à venir à l'école. Mais ils ne suffisent pas à
motiver l'élève à choisir de s'engager cognitivement.
Les buts scolaires : ont
trait à l'apprentissage et à ses conséquences. Les
recherches américaines ont surtout porté sur l'orientation que
peuvent prendre les buts d'un élève ; elles ont amené les
chercheurs à distinguer les buts d'apprentissage des buts de performance
(Dweck 1986, Sweck 1989)
Les buts
d'apprentissage : sont ceux que l'on poursuit lorsqu'on
accomplit une activité pour acquérir des connaissances. Un
élève qui valorise une activité parce qu'elle lui permet
de connaître davantage une matière ou d'acquérir certaines
habiletés poursuit des buts d'apprentissage. Pour certains auteurs, les
buts d'apprentissage sont identifiés à la motivation
intrinsèque (Lepper et Hodell, 1989)
Les buts de
performance : Ceux poursuivis lorsqu'on veut
réussir une activité pour que les autres nous estiment et nous
reconnaissent. Pour Nicholls (1984) et plusieurs auteurs, ce type de but ego
correspond à la motivation extrinsèque (Lens, 1991)
j. Le dixième
aspect établi les indicateurs d'évaluation de la
motivation : dans ce modèle d'approche sociocognitive, il
s'agit de l'ensemble des composantes qui permettent de mesurer le degré
de motivation. Ce modèle utilise trois indicateurs principaux à
savoir :
1. Le choix d'entreprendre une activité ;
2. La persévérance dans l'activité ;
3. L'engagement cognitif à accomplir une activité.
Les relations de la dynamique motivationnelle
laquelle évolue constamment : l'auteur établit une relation
dynamique entre les éléments de ce modèle de la
manière suivante :
Ø Liens entre les déterminants et les
indicateurs.
Ø Liens entre les trois types de perceptions.
Ø Liens entre les indicateurs.
Lorsque l'élève réagit positivement
à un événement, on parle d'une dynamique fonctionnelle:
les perceptions qu'un élève a de lui-même influencent sa
motivation et l'amènent à choisir de s'engager cognitivement dans
une activité et à persévérer. Lorsque
l'élève réagit négativement, dans ce cas on parle
d'une dynamique disfonctionnelle. A ce moment les perceptions influencent
négativement la motivation de l'élève et l'amènent
à choisir de ne pas s'engager dans l'activité.
4.4.2. Les concepts de base de
cette recherche
Renforcement et conditionnement
La motivation est importante dans l'amélioration de la
maintenance des stimuli en gardant l'organisme actif jusqu'à ce que le
but soit atteint. La motivation a des outils essentiellement basés
sur le renforcement et le conditionnement. Ce concept a été
développé par les théoriciens du conditionnement. Cette
théorie nous apporte l'idée que, si on ne
renforce pas régulièrement et si on ne réactive pas ce qui
a été installé, cela va devenir inopérant. Dans les
modèles du behaviorisme, il y a les conditionnements du type
répondant : voir Pavlov et le chien. C'est suite à Pavlov, en
psychologie expérimentale qu'on pose l'idée de réflexes
conditionnés (Cf. LIEURY A., 2000).
Le concept de Renforcement a
été établi scientifiquement en expérimental. Il
peut être un procédé (réactivation des acquis :
rappel des séances précédentes) ou peut être un mode
de valorisation dans un dispositif de formation (renforcement positif). Le
champs d'étude de la psychologie objective pose que l'on observe jamais
que des comportements : « on ne constate jamais la présence
d'un apprentissage, on conclut à son existence à partir de la
comparaison de deux ou plusieurs comportements que l'on a observés dans
des conditions déterminées » écrit l'auteur
comportementaliste (Le Ny, Jean.François, 1980)
Par le renforcement (chez Vygotsky), toutes
les actions (opérations de pensée, de faire) offrent l'occasion
de remobiliser ce qui a été construit ; soit de le renforcer
soit de le reconstruire. Dans toute situation d'apprentissage, il y a la
question du renforcement. Autrement dit, de la réactivation de
l'apprentissage (la remise en contexte, la réactualisation de quelque
chose qui a été acquis ou appris).
Dans la situation d'apprentissage, selon Michèle
Genthon(1993) dans sa thèse de recherche en doctorat sur le transfert
dans le champ de la psychologie cognitive avec des références
piagétienne, il conseille de réutiliser l'existant, ce qui a
été gratifiant et reconstruire une nouvelle organisation ( quand
je réussis c'est que j'ai généralisé, j'ai repris
une même démarche que j'ai su faire ). Selon la théorie
piagétienne, Quand l'action est liée à la
compréhension, il y a conceptualisation (" qu'est ce que je sais de
comment je fonctionne ? ). C'est la compréhension qui va permettre la
généralisation (pour pouvoir généraliser ce que
j'ai appris, il faut que je l'ai compris). Piaget
évoque la conceptualisation dans son ouvrage Réussir et
Comprendre : « ce que la conceptualisation fournit à l'action
c'est un renforcement de ses capacités de révision et la
possibilité, en présence d'une situation donnée, de se
donner un plan d'utilisation immédiate ». C'est une
méthode la plus efficace qui oriente un apprentissage.
Orientation scolaire et professionnelle
L'élève a besoin d'être guidé dans
ses choix scolaires qui préparent son avenir professionnel. C'est avec
un bon choix correspondant à la capacité de l'élève
que la motivation peut donner le sens à ses apprentissages. Une
orientation exige une reconnaissance de certains repères pour se guider
dans sa marche ou pour mener à bien une entreprise. Dans certains pays
de l'Occident comme en France par exemple, l'orientation professionnelle
consistait à diriger un adolescent vers un métier que
correspondait le mieux à ses capacités, à ses goûts
et à sa personnalité tout en tenant compte des
possibilités d'emploi et de sa situation familiale.
Actuellement, selon le Dictionnaire de psychologie (1999),
l'école oriente les adolescents vers une famille de métiers ou un
secteur professionnel afin qu'il puisse recevoir une formation
générale suffisante lui permettant de changer aisément de
filière si cela devient nécessaire. Les élèves
doivent se préparer à leur orientation scolaire et
professionnelle à partir de la première année du
secondaire. Pour cela, ils ont besoin des conseils de leurs enseignants et des
conseillers d'orientation-psychologues. Donc, l'éducation à
l'orientation doit se faire par ces derniers. En générale, elle
se fait sur trois volets : connaissance de soi, formations possibles,
information sur le monde du travail (cf. Dictionnaire de psychologie, 1999).
C'est en réunissant tous ces éléments d'orientation
scolaire et professionnelle que la motivation peut agir avec efficacité
en donnant du sens aux apprentissages scolaires. Une bonne orientation scolaire
et professionnelle influence grandement la motivation de l'élève
dans l'apprentissage. Ce qui, selon notre hypothèse, devrait conduire
à la réussite des apprentissages scolaires.
Les chapitres qui suivent vont nous permettre de le savoir
CHAPITRE 5
Approche
méthodologique
L'objectif de ce chapitre est d'expliquer la
méthodologie adoptée pour évaluer l'engagement des
élèves dans le processus d'apprentissage scolaire, et de l'impact
de la motivation sur la réussite des apprentissages scolaires dans
l'enseignement professionnel à l'occurrence « Ecole Normale
Primaire dans le système éducatif rwandais ».
5.1. Contexte
d'étude, population et échantillon.
5.1.1. Présentation du
contexte de l'étude
Notre étude nous renvoie au milieu éducatif
rwandais. Le Rwanda est un des pays plus pauvres12(*) et les plus endettés de
la planète13(*).
C'est un petit pays enclavé de 26340km2, avec une population
de plus de huit millions d'habitants avec une densité de 306
habitants/km2. Avec un taux de croissance annuelle de 2,9%,
l'espérance de vie y est de 49ans. Ce pays, composé de quatre
Provinces avec la Ville de Kigali, est situé au sud de l'Équateur
et au centre de l'Afrique. Il partage ses frontières avec la
République Démocratique du Congo à l'Ouest, l'Ouganda au
nord, la Tanzanie à l'Est, le Burundi au Sud. Le Rwanda utilise trois
langues officielles : le Kinyarwanda, le Français et l'Anglais.
Toute la population parle le Kinyarwanda comme langue nationale, 52 % de la
population est alphabétisée dans cette langue. Le Rwanda a
très peu de ressources naturelles, il exporte essentiellement du
thé et du café. Pendant la période de redressement, on
constate la réalisation d'une croissance économique et un
programme de libéralisation économique et politique.
Pour faire face aux problèmes économiques, les
actions dans le Document de Stratégies de Réduction de la
Pauvreté sont élaborées dans la Vision Globale de
Développement au Rwanda, Vision 2020, qui montre les objectifs
clés que le Rwanda doit réaliser pour devenir un pays de revenu
moyen d'ici 202014(*):
Ø Bonne gouvernance économique et politique
Ø Transformation économique rurale
Ø Développement des ressources humaines
Ø Développement et promotion du secteur
privé
Ø Intégration économique,
régionale et internationale
Ø Réduction de la pauvreté.
Les structures administratives et politiques
décentralisent le pouvoir jusqu'au niveau local et encouragent la
participation de la population. Les activités du Ministère de
l'éducation sont entreprises au niveau décentralisé. Ceci
ne facilite pas le travail au niveau de la formation continue des enseignants
du primaire pour toute la Province. Les Écoles Normales sont, d'une
part, centralisées au Ministère de l'Éducation et, d'autre
part, à la Province. Les Ecoles Normales Primaires sont difficilement
décentralisées au niveau de District parce que l'espace
géographique et administratif des Ecoles Normales Primaires
dépasse le District. Elles devraient avoir un statut spécial dans
la politique de la décentralisation.
Le Rwanda fait face à une situation
macro-économique qui résulte d'un grand problème
macro-structurel, dû au sous-développement des ressources
humaines, surtout dans l'alphabétisation et le développement des
compétences. Ceci représente une priorité d'action
concernant l'amélioration de l'enseignement de base qui est un facteur
important dans la réduction de la pauvreté. Le secteur de
l'éducation et de la formation a besoin d'une planification
rigoureuse et consistante, d'une orientation et d'un suivi conformément
aux politiques éducatives définies. Les
Écoles Normales Primaires méritent une restructuration et une
réorientation des missions en faveur de l'Education Pour Tous. Autrement
dit, il est important de revoir le système de formation des enseignants
de l'éducation de base (son histoire) au Rwanda.
5.1.2. Population
d'étude.
Notre population d'étude est située dans huit
Écoles Normales Primaires. Ces écoles sont chargées de
donner la formation initiale et la formation continue15(*) aux enseignants du primaire.
Tableau N°7 : Liste des institutions de
formation pédagogique au Primaire
Institutions de formation pédagogique
|
Lieu géographique
|
ENP/TTC BICUMBI
|
KIGALI
|
ENP/TTC SAVE
|
BUTARE
|
ENP/TTC MBUGA
|
GIKONGORO
|
ENP/TTC MURURU
|
CYANGUGU
|
ENP/TTC ZAZA
|
KIBUNGO
|
ENP/TTC RUBENGERA
|
KIBUYE
|
ENP/TTC GACUBA
|
GISENYI
|
ENP/TTC KIRAMBO
|
RUHENGERI
|
Les Ecoles Normales Primaires se situent ainsi dans l'histoire
du Rwanda. La formation des enseignants du primaire a commencé avec les
Congrégations religieuses qui ont créé les Ecoles des
Moniteurs D3 et les Ecoles Normales D4 en 1960. Ces
écoles utilisaient les programmes calqués sur ceux de la
Belgique.
Avec l'indépendance, la formation des enseignants fut
améliorée en créant les Ecoles Normales Terminales
D5 et les Ecoles Normales Moyennes Pédagogiques D7
en 1967. Ces Ecoles Normales fonctionnaient sur le modèle de la
Belgique. Avec la réforme de 1979-1980, nous avons connu la
création des Ecoles Normales Primaires et Ecoles Normales Technique en
1981 : des Ecoles Normales Primaires D6 pour former les
enseignants de l'enseignement général au primaire et les Ecoles
Normales Techniques (D5)16(*) pour former les enseignants de l'enseignement
professionnel (petits métiers) au primaire et au post-primaire.
Après le génocide de 1994, la volonté de réformer
les écoles normales primaires est manifeste, le processus est long car
cela demande la réforme des programmes. Actuellement, l'École
Normale Primaire (ENP) ou Primary Teachers College (PTC) est appelée
aussi Teachers' Training College (TTC) pour signifier qu'elle est un
établissement scolaire de formation pédagogique. Ce modèle
de formation des enseignants confie à l'Ecole Normale une double
mission: la formation initiale et la formation continue des enseignants du
primaire. La formation initiale commence avec le deuxième cycle de
l'enseignement secondaire, technique et professionnel. Elle dure trois ans.
Quant à la formation continue, elle doit se faire en faveur des
enseignants du primaire en fonction sous forme de séminaires ou de
sessions.
5.1.2. 1. Organisation, structure
et population des Ecoles Normales Primaires
Dans les Ecoles Normales Primaires au Rwanda, les
élèves-maîtres vivent en internat pendant leur formation.
C'est une manière d'apprendre à vivre ensemble pour un
« but commun de l'éducation ».
Au Rwanda, les Ecoles Normales Primaires s'organisent
autour d'un programme de formation défini par le ministère de
l'éducation. Normalement, toute formation a des objectifs bien
précis qui déterminent le profil de sortie. L'enseignant du
primaire doit avoir acquis des savoirs, savoir-faire et savoir être lui
permettant de :
Ø donner aux élèves une formation humaine
valable et adaptée aux réalités nationales ;
Ø se perfectionner sans cesse et de se sentir à
la hauteur de sa tâche ;
Ø rendre l'élève capable
d'acquérir un bagage suffisant qui lui permette de s'intégrer
dans la vie du pays et par conséquent d'y être utile ;
Ø exercer certaines fonctions administratives,
notamment celle de responsable ou de Directeur d'un centre scolaire primaire,
tout en respectant leurs exigences
Ø accéder aux études supérieurs
dans certaines facultés : Sciences de l'éducation et
d'autres disciplines appliquées à l'enseignement.
5.1.2. 2. Programme
Le programme des Ecoles Normales Primaires est
constitué de :
1. Cours professionnels:
· psychopédagogie,
· méthodologie : (leçons d'essai,
leçons pratiques)
· didactique spéciale :
- En quatrième
année : Kinyarwanda, français, anglais,
calcul, Sciences et Technologie Elémentaire
-
En cinquième année : histoire,
géographie, éducation politique, religion/morale, dessin,
musique, éducation physique et sportive
-
En sixième année : la pratique
pédagogique et le séminaire
2. Cours généraux :
· la mathématique, la physique,
· la biologie, la chimie,
· le français, l'anglais, le kinyarwanda,
· la géographie, l'histoire, la musique.
La formation initiale des enseignants doit tenir compte de la
société rwandaise. Ainsi « la formation des enseignants
exige une double approche. D'une part, l'élève doit
considérer les notions de base de l'enseignement en pensant à la
relation entre les connaissances, le développement de l'enfant,
l'apprentissage et la société avec ses objectifs et valeurs
multiples. D'autre part, il doit recevoir une formation pour savoir comment
exercer les compétences essentielles de l'apprentissage et de
l'enseignement » ( Farrant :1994)
5.1.3. Echantillon.
Nous avons choisi de porter notre étude dans deux
écoles secondaires ; l'une située à Kirambo(Ecole
Normale Primaire de Kirambo) dans la Province du Nord du Rwanda et l'autre
située à Kibungo(Ecole Normale Primaire de Zaza) dans la Province
de l'Est du Rwanda.
Tous les élèves qui fréquentent ces
écoles sont orientés par le Conseil National des Examens. Pour
notre étude, nous nous intéressons aux classes de
4ème (2nde dans le système éducatif
français), option normale primaire. Nos observations porteront sur les
enseignants et les élèves de ces deux classes. Le choix de ces
deux écoles et de la classe s'est fait de façon raisonnée.
Nous supposons que les écoles ont à peu près le même
niveau.
5.2. Techniques et
méthodes de collecte et d'analyse des données
5.2.1. Techniques de
collecte des données.
Pour collecter les données, nous avons fait
l'observation directe et l'entretien avec les enseignants et nous avons
terminé par le questionnaire adressé aux élèves et
aux enseignants.
5.2.1.1. Observation directe
L'observation directe est décrite comme une observation
où le chercheur est présent sur le terrain. A partir d'une grille
d'observation, il note, décrit les comportements des acteurs au moment
où ils se produisent, tels que les conduites des élèves et
des enseignants en classe. L'observation consiste donc à regarder se
dérouler sur une période de temps donnée des comportements
ou des événements et à les enregistrer (Cf. Paul N'DA,
2002).
L'observation directe est utile dans le sens où elle
permet au chercheur d'identifier la manifestation des comportements. Il
enregistre des comportements directement observables. Il peut alors confronter
les observations avec les « dires » des acteurs. Le fait
d'utiliser un intermédiaire méthodique (la grille) aide à
rendre crédible l'observation; à faire de celle-ci une
observation « objective ». En plus, observer plusieurs
situations avec la même grille d'une manière systématique,
constitue une garantie pour la valeur des faits présentés.
L'intermédiaire technique assure dans ce cas aux données une
fiabilité instrumentale certaine.
Cependant, bien que l'observation directe soit utile, elle
présente un certain nombre de limites, d'inconvénients. Le
rôle de l'observateur peut se limiter à l'enregistrement des seuls
items apparaissant dans la liste des variables prédéfinies.
L'observateur même armé d'une grille, même encadré
par un système d'observation, est toujours un témoin
intentionnel. Il lui sera toujours difficile d'être un « simple
observateur », un chercheur fondamentalement retiré du cadre
de son observation. L'observateur « objectif »
existe-t-il ? L'observateur peut prendre une certaine distance par rapport
à l'observé, pour ne pas l'influencer dans son comportement ou
ses activités ? Nécessairement, il faut prendre en compte le
caractère interactif de la recherche. L'observation change l'objet
observé, et vice-versa. Il n'est pas nécessaire de chercher
à contrôler à tout prix cette relation
observateur-observé ; mais, mieux vaut investir dans la
qualité de l'interaction entre ces derniers. La meilleure posture est
celle qui consiste à avoir une interaction limitée avec les
observés durant l'observation, de s'en tenir à des commentaires
généraux de courte durée. Des avantages certains peuvent
être tirés suite à ces interactions limitées,
à savoir : éclaircissement du contenu de certaines
activités complexes et problématiques, réduction des
effets dus à l'observateur.
Une autre limite à l'observation directe, ce sont les
effets de la présence du chercheur (observateur). Nécessairement,
les méthodes d'observation produisent des effets dus à
l'observateur de différentes façons sur les sujets et
éviter l'influence n'est qu'une invraisemblance. L'idée
préconisée est celle d'avoir une certaine simplicité,
liée à sa non-directivité, faisant de celle-ci la
technique la plus discrète possible. Le chercheur doit se faire accepter
comme une personne, se faire discret et d'éviter de porter des jugements
à l'endroit de l'observé, rechercher la confiance du sujet, bien
faire connaître son rôle, son identité et de bien clarifier
les objectifs de sa recherche. Il doit surtout établir une
« relation de confiance » avec les participants et faire de
manière que l'étude ne soit pas une menace pour eux. Pour
diminuer suffisamment l'influence de la présence du chercheur, il doit
se familiariser de façon discrète et rapide aux participants,
à leurs collaborateurs principaux, aux procédures et
mécanismes d'opération des établissements choisis pour
l'étude.
5.2.1.2. Entretien
L'entretien est une interview au cours de laquelle un
enquêteur interroge une personne sur ses opinions, ses expériences
et ses perceptions. Il s'agit d'un tête-à-tête oral entre
deux personnes ou une personne et un groupe de personnes dont l'une transmet
à l'autre les informations recherchées. C'est un dialogue dans
lequel l'interviewé s'exprime librement, tandis que le chercheur
facilite ce dialogue par ses questions ouvertes et ses réactions. Le
chercheur oriente l'entretien pour éviter que l'interlocuteur
s'éloigne des objectifs de la recherche (Cf. P. N'DA, p. 86).
Il existe plusieurs types d'interviews, mais l'interview la
plus utilisée en sciences sociales est celle de type semi-directif ou
semi-dirigé. Pour Paul N'DA, l'entretien semi-directif est ni
entièrement libre, ni entièrement dirigé par un grand
nombre de questions précises structurées. Il s'agit tout
simplement d'utiliser un guide d'entretien relativement ouvert qui permet au
chercheur d'obtenir les informations nécessaires. Toutes les questions
prévues ne sont pas nécessairement posées, le chercheur
exerce une souplesse pour permettre à l'interviewé de s'exprimer,
il suffit seulement de recentrer parfois l'entretien sur les objectifs de
recherche.
Pour notre travail, nous avons utilisé l'interview de
groupe. L'avantage de ce type d'interview est que les sujets parlent et se
délient la langue les uns aux autres du fait qu'ils sont ensemble :
il y a un effet d'entraînement qui amène tout le monde à
s'exprimer avec le temps. Les propos des uns peuvent provoquer la
réaction et la contradiction des autres et ainsi se compléter, se
préciser. Grâce à la stimulation collective, des critiques,
des propositions, des renseignements peuvent être apportés que
l'interview individuelle pourrait ne pas fournir.
L'interview de groupe poursuit en général deux
objectifs simultanés :
- Réunir des informations factuelles (par exemple,
proposition concernant l'organisation de la vie scolaire),
- Observer les attitudes des participants.
Le chercheur note comment les participants interviennent, la
caractéristique de leur intervention (construction négative, sans
rapport avec le thème, propos conciliateur, synthétique, etc.).
Ces éléments peuvent permettre d'inférer des conclusions
concernant l'intelligence et la personnalité des individus.
Le nombre de participants à une interview de groupe est
généralement compris entre 4 et 12. Le nombre maximum
d'interactions semble enregistré pour des groupes de 5 à 9
participants. Le nombre de participants le plus fréquemment réuni
va de 6 à 8 personnes. L'accord entre observateurs est maximum pour des
groupes de 6 sujets.
Notre entretien avec les enseignants de l'Ecole Normale
Primaire de Kirambo et de l'Ecole Normale Primaire de Zaza a été
préparé par rapport aux objectifs poursuivis et à notre
hypothèse de recherche. Bien que nous ayons choisi des thèmes
abordés dans l'enquête écrite, cette interview nous a
permis de compléter les informations recueillies par le questionnaire.
Nous avons surtout ciblé les thèmes suivants :
1. Les éléments qui engendrent la motivation
2. Le type de motivation le plus efficace dans l'acte
pédagogique
3. Les principales causes de la démotivation et ses
conséquences dans un processus d'apprentissage scolaire.
4. La performance scolaire et la motivation.
5. La motivation face à l'orientation scolaire et
professionnelle.
5.2.1.3. Questionnaire
Dans un travail de recherche, « l'enquête par
questionnaire consiste à poser, par écrit, à des sujets
une série de questions relatives à une situation, à leur
opinion, à leurs attentes ... » (Paul N'DA : 2002, p80).
Cette méthode exige que les réponses soient écrites. En
général, l'enquête par questionnaire vise à
vérifier des hypothèses en faisant l'analyse de
phénomènes sociaux qu'on peut étudier à partir des
informations données par des individus.
Pour notre travail, nous avons procédé en
utilisant deux types de questions : des questions fermées et des
questions ouvertes.
5.2.1.3.1. Questions à réponses fermées.
Une question à réponse fermée donne deux
possibilités de réponse: Oui ou Non. Exemple : As-tu choisi
l'option NP (Normale Primaire)? Oui......Non...... La question à
réponse fermée peut parfois offrir plus de deux
possibilités de réponses.
Bien que la question fermée permette d'orienter le
sujet vers les possibilités des réponses auxquelles les personnes
interrogées ne pouvaient penser, elle ne donne pas assez d'informations
utiles. Ce qui nous a poussé à privilégier des questions
ouvertes pour notre travail.
5.2.1.3.2. Questions à réponses ouvertes.
Les enquêtes basées sur les questions à
réponses ouvertes permettent aux personnes interrogées de
s'exprimer librement et longuement. Exemple : à votre avis, que
faudrait-il faire pour améliorer la motivation des
élèves?
Les questions à réponses ouvertes donnent des
informations riches et diversifiées, et le dépouillement
soulève alors des problèmes de classement et de
catégorisation.
Pour notre recherche, les questions ont été
formulées de façon indirecte de manière qu'elles se
présentent dans les catégories suivantes (Paul N'DA: 2002)
ü Questions de comportement : ces
questions veulent susciter des personnes interrogées à
décrire la place ou le rôle qu'elles occupent pour nous permettre
de connaître leur engagement en faveur de l'apprentissage par motivation.
Ex. : quelle est votre attitude face à un élève qui
n'aime pas suivre votre cours ? Qui est désintéressé
parce qu'il est dans une école qu'il n'a pas choisie ?
ü Questions d'opinion : ces
questions ont pour but de connaître la manière de penser ou de
juger de la personne interrogée face à un problème
précis. Ex. : à votre avis que faudrait-il faire pour
améliorer la motivation en faveur de la réussite des
apprentissages scolaires ?
ü Questions d'intention ou
d'anticipation : ces questions ont pour but de préparer un
projet pour l'avenir. Ex. : quelles sont les stratégies
préconisées qui pourront aider l'élève à
comprendre qu'il peut essayer de se motiver lui-même?
ü Questions de connaissance : ces
questions sont formulées pour permettre au chercheur de savoir ce que
les personnes interrogées savent réellement. Ex. :
savez-vous donner du temps à vos élèves pour expliquer
à leurs camarades, les processus mis en jeu dans une
situation-problème réalisée?
Le choix de nos questions a été fait en fonction
des objectifs poursuivis. Les questions ont donc été construites
à partir de notre problématique et de notre hypothèse, ce
qui nous permet de présenter les résultats de notre recherche
dans le chapitre 6.
5.2.2. Méthodes
d'analyse des données
5.2.2.1. Méthode
comparative
Pour savoir si l'approche motivationnelle améliore la
réussite des apprentissages scolaires, nous voulons utiliser l'approche
comparative. Elle consiste à analyser des expériences pour
déterminer les effets des variables indépendantes (ex. : la
motivation) sur les variables dépendantes (ex. : la réussite
des apprentissages). C'est une étude comparative. Dans notre cas, il
s'agit de comparer un groupe d'élèves ayant reçu un
enseignement d'une approche motivationnelle avec un autre qui ne l'ayant pas
reçu. Nous aurons à comparer surtout un groupe
d'élèves orientés dans les filières choisies et
d'autres dans les filières qu'ils n'ont pas choisies.
La méthodologie pour étudier l'impact de la
motivation sur la réussite des apprentissages scolaires peut s'enraciner
dans les différents paradigmes. Nous savons que le béhaviorisme a
été le premier à tenter de synthétiser et
définir la motivation, sans oublier qu'il s'est beaucoup
intéressé à l'apprentissage.
Nous savons que la psychologie cognitive montre que le
renforcement joue sur la performance, mais pas sur l'apprentissage
lui-même. Il ne s'agit plus d'établir des règles de
fonctionnement extérieur au sujet mais repérer des règles
de fonctionnement propres au sujet. C'est l'observation des comportements qui
permet aux chercheurs d'inférer les structures et les processus
sous-jacents qui constituent l'objet de la psychologie.
5.2.2. 2. Approche
phénoménologique
Pour notre recherche, non seulement, elle prend en compte les
paradigmes béhavioriste, cognitiviste et sociocognitiviste, mais elle
considère aussi le paradigme phénoménologique. En fait,
il s'agit de saisir l'expérience des acteurs (enseignants et
élèves), sujets de l'action sur l'expérience vécue
que nous portons notre observation.
En ce qui concerne notre recherche, il s'agit de saisir
l'expérience vécue des élèves et des enseignants.
C'est sur cette expérience que nous porterons notre observation. Ici les
sujets de la recherche s'y trouvent engagés et contribuent à
identifier et à élaborer une solution au problème
étudié, celui de l'impact de la motivation dans la
réussite des apprentissages scolaires. C'est alors une recherche-action.
Cette recherche devrait aboutir à la modification de conduite des sujets
impliqués (cf. Paul N'DA, 2002).
CHAPITRE 6
Présentation des résultats
Les résultats que nous vous présentons dans ce
chapitre proviennent des faits observés au cours des enquêtes
menées sur le terrain de recherche. Voici les catégories de
personnes ayant répondu aux questionnaires et à l'interview.
Tableau N°8 : nombre des personnes ayant
répondu aux questionnaires
Catégories
|
Questionnaire
|
Interview
|
Total
|
Enseignants
|
16
|
4
|
20
|
Elèves
|
82
|
0
|
82
|
Directeurs d'ENP/TTC
|
0
|
2
|
2
|
Total
|
98
|
6
|
104
|
Les informations collectées nous donnent la
possibilité d'affirmer l'existence d'un lien étroit entre la
motivation en matière scolaire et l'orientation scolaire visant à
une profession (un métier). C'est avec l'apprentissage motivé que
la réussite est possible voir même la performance scolaire. Sans
motivation, les élèves peuvent difficilement réussir (Cf.
Rolland Viau 1994 : p5). Au niveau de l'enseignement secondaire au Rwanda,
la motivation devient forte quand l'élève est orienté dans
une option qui le préparer à un avenir professionnel bien
rémunéré. Bien que dans le système éducatif
rwandais, très peu d'élèves choisissent librement l'option
qui les prépare à devenir enseignants du primaire; le
métier d'enseignant est un bon métier en soi. La recherche nous a
montré que la cause principale est le traitement salarial très
insignifiant par rapport aux autres fonctionnaires de l'État ayant le
même diplôme. Sinon le métier d'enseignant est très
admirable et non à choisir. Nous pouvons approfondir cet aspect dans le
chapitre de discussion des résultats.
Nos résultats sont surtout le fait de la recherche
qualitative fondée sur l'interview d'abord, ensuite sur les questions
ouvertes visant des cas précis(ex. : avis des élèves
sur la motivation). De même avis que Paul N'DA, ne pouvant pas
établir un lien causal entre des variables
opérationnalisées, nous analysons tout simplement les
données collectées et nous en tirons une description riche et
détaillée(Paul N'DA 2002 : p113). Ainsi, nous
présentons en premier lieu des résultats de l'observation, en
second lieu, les résultats de l'interview que nous avons eue avec quatre
enseignants et deux directeurs des Écoles Normales Primaires (ENP Zaza
et ENP Kirambo), et enfin, les résultats de l'enquête
écrite.
6.1. Résultats
issus du temps d'observation
Après six heures d'observation dans chacune de deux
classes concernées (4ème) par l'étude, il nous
a été donné de conclure que des enseignants de
l'enseignement secondaire n'intégraient pas d'une manière
systématique la motivation dans leurs enseignements. La pédagogie
adoptée est celle dite traditionnelle, expositive et explicative avec
questionnement oral de compréhension pendant la séance, la prise
de notes par les élèves et demande d'explication, écriture
des concepts clés, définition et formules au tableau noir,
production de schémas au tableau noir à recopier sur le cahier et
d'un résumé écrit par l'enseignant au tableau noir avec
une participation des élèves. Nous avons pu noter les points
significatifs suivants :
- Il n'y a pas de rappel systématique de la
leçon précédente;
- L'enseignant n'avertit pas de la forme de la tâche;
- Il y a absence de fiche de connaissance et de fiche de
procédure;
- Les enseignants utilisent très peu les situations de
dialogue;
- L'enseignement est centré sur l'objet cognitif que
les démarches, le sens, l'importance et l'intérêt de
l'apprenant;
- Les termes et expressions employés par les
enseignants (c'est bon, ce n'est pas ça, c'est faux, ça nous
prend du temps, faites attention, qui est d'accord? Qui n'est pas d'accord?
Regardez bien, suivez au tableau,) montrent bien qu'ils suscitent
râlement la motivation des élèves;
- Les élèves posent râlement des questions
et sont répondus partiellement.
Par ailleurs, les enseignants ne cherchent pas les origines
des erreurs des élèves. Ils évitent d'interroger ceux qui
ne trouvent pas des bonnes réponses. Ils laissent râlement les
élèves aller jusqu'au bout de leur raisonnement, de leurs
phrases. Et comme nous l'avons observé, ils attendent moins longtemps
pour les élèves faibles et non motivés quand ceux-ci ont
à répondre à une question, ils leurs donnent la
réponse ou font appel à un autre élève plutôt
qu'essayer d'améliorer leur réponse en leur donnant des indices,
en répétant ou en reformulant la question, ils leurs donnent des
renforcements inappropriés, interagissent moins fréquemment avec
eux, demandent moins souvent aux faibles et aux démotivés de
répondre à une question, ou leur posent uniquement des questions
simples à répondre.
Nous avons toutefois observé chez les étudiants
stagiaires de l'université une démarche active. Ils faisaient
travailler des élèves en groupe. Cette démarche utilisait
les situations de dialogue car les élèves pouvaient s'exprimer et
s'expliquer tel ou tel problème en groupe et en séance
plénière. Cette démarche encourage et suscite
l'intérêt de l'élève dans une approche
motivationnelle. C'est qui nous a poussé à poursuivre
l'étude en choisissant ces stagiaires pour proposer l'enseignement
d'approche motivationnelle aux élèves. Mais avant, il fallait
confirmer les conclusions de nos observations par un entretien.
6.2. Résultats
issus de l'entretien individuel
L'observation n'était pas suffisante pour dire que les
enseignants ne pratiquaient pas un enseignement motivé. Pour confirmer
les conclusions obtenues grâce aux observations, nous avons donc
allié à la rigueur de l'observation directe l'entretien
individuel.
Un protocole d'entretien de quatre thèmes nous a servi
de base à l'entretien avec chacun des enseignants. L'objectif de cet
entretien étant de confirmer les conclusions des observations, les
questions posées ont été techniquement axées sur la
motivation scolaire. Il s'agissait de recueillir de la manière la plus
précise possible l'état des connaissances et des pratiques des
enseignants au regard de la motivation scolaire.
L'entretien a confirmé notre hypothèse. Non
seulement, les enseignants n'avaient jamais pensé qu'une orientation
scolaire non acceptée peut conduire à la démotivation ou
au manque d'excellence chez les apprenants, ce facteur était pris en
compte dans leurs enseignements râlement ou presque pas du tout.
L'entretien a révélé que l'exemple de l'enseignant comme
modèle (dans sa condition de vie) peut servir dans le
déclenchement de la motivation des élèves qui n'avaient
pas choisis l'option « Normale Primaire ». L'entretien a
révélé que l'enseignant dont la démarche
était plus active était plus ouvert à intégrer les
éléments de la motivation dans ses interventions
pédagogiques. Nous allons présenter la synthèse de
résultats de cet entretien par thème.
6.2.1. Les
éléments qui engendrent la motivation
Les enseignants interviewés ont
révélé les éléments qui peuvent engendre la
motivation chez les élèves se trouvant à l'École
Normale sans l'avoir choisi. Ces éléments sont les
suivants :
- une bonne orientation scolaire acceptée et
accompagnée,
- faire aimer le métier d'enseignant comme une
vocation, un appel et donner les avantages aux lauréats des
Écoles Normales Primaires par rapport aux autres options;
- une bonne préparation pédagogique de la part
des enseignants (leçons et exercices),
- un renforcement après les activités
d'apprentissage scolaire par un feed-back de chaque activité,
- organisation des activités parascolaires :
service communautaire, clubs d'alphabétisation17(*) (cela donne un statut social
valorisant)
- modèle d'enseignant (son comportement et sa tenue
vestimentaire)
- avantages financiers accordés à l'enseignant
(l'amélioration de condition de vie de l'enseignant est un
élément principal de la motivation pour ceux qui se
préparent à devenir enseignant) et les exemples des pays
étrangers dans lesquels l'enseignant a un salaire correspondant du
marché.
- La structure des Écoles Normales (bâtiments et
équipements) peut être aussi un élément motivant,
- Les disciplines variées des Écoles Normales
Primaires (elles permettent aux lauréats d'aborder n'importe quelle
faculté à l'université)
6.2.2. Le type de motivation
le plus efficace
L'entretien a révélé que les deux types
de motivation (motivation intrinsèque et motivation extrinsèque)
sont complémentaires. Mais cela n'empêche pas que un peut
être plus efficace que l'autre selon le cas. C'est ainsi que l'entretien
a révélé que la motivation extrinsèque est plus
apte dans notre étude car les élèves enquêtés
pensent surtout à leur avenir professionnel. C'est dans ce sens que les
enseignants pensent à organiser souvent des concours pour
déclancher ou stimuler la motivation. Le bon salaire et primes
d'encouragement accordés aux enseignants du primaire seraient aussi des
renforcements chez les élèves qui se préparer à
devenir enseignants du primaire.
Toutefois, ce type de motivation devrait préparer
l'élève maître à acquérir la motivation
intrinsèque. L'entretien a affirmé que la motivation
intrinsèque perme de prendre conscience de quoi on est capable ;
notre compétence (d'enseigner telle ou telle discipline). L'entretien
nous révéré aussi que les éléments suivants
constituent la motivation extrinsèque des élèves
maîtres : modèle des enseignants dans leurs
préparations, matériel didactique, manuels scolaires, tenue
vestimentaire et comportements de l'enseignant, condition de recrutement des
élèves et des enseignants, organisation scolaire (type
d'activités et son agencement ainsi que la coordination et la discipline
de l'école). L'interview nous affirme que le manque de motivation
résulte de causes réelles et ses conséquences sont
néfastes dans l'enseignement.
6.2.3. Les principales causes
du manque de motivation et leurs conséquences
L'entretien avec des enseignants et deux chefs
d'établissements nous a démontré que les
éléments suivants sont les principales causes du manque de
motivation :
- mauvaise orientation scolaire (absence de la vocation
d'enseignant);
- manque de confiance en soi;
- absence de manuels scolaire et de matériel
didactique
- incompétence de l'enseignant
- enseignants non formés pédagogiquement
- méthode dogmatique et livresque
- manque d'encadrement et condition de vie non acceptable
à l'école
- surpopulation des élèves en classe
- surcharge des activités (manque de temps pour le
repos, la révision des cours et recherche à la
bibliothèque)
- indiscipline (manque d'organisation de
l'établissement)
- programme vaste des écoles normales primaires
à cause de son double objectif : former un futur enseignant du
primaire et capable de poursuivre les études universitaires (contrainte
de terminer le programme)
- accès difficile à l'enseignement
supérieur,
- salaire insignifiant de l'enseignant
- manque de motivation de la part des enseignants
- la non participation à la conception des
programmes
- charge horaire hebdomadaire (26 heures à 30 heures)
Néanmoins, ces éléments qui engendrent la
démotivation conduisent à des conséquences néfastes
comme le désintéressement, l'échec, l'abandon scolaire,
le manque d'excellence et de performance sans oublier la délinquance
juvénile.
6.2.4. Contribution
à l'apprentissage motivé
Pour savoir dans quelle mesure l'apprentissage peut être
motivé, en rappelant l'adage : « il n'existe pas un
mauvais métier », des enseignants interviewés ont
demandé la contribution de chacun acteur impliqué dans
l'enseignement de la manière suivante :
a. Pour l'apprenant :
- développer la confiance en soi
- avoir la connaissance réelle sur l'avenir
professionnel
- accepter l'orientation scolaire faite par le Centre National
des Examens
b. Pour l'enseignant :
- apprentissage vicariat : être un modèle
aux élèves qui se préparent à devenir enseignants
(donner le modèle d'un enseignant heureux)
- avoir une formation pédagogique suffisante
- faire des préparations de chaque leçon et
appliquer la méthode active (mettre l'apprenant au centre de
l'apprentissage)
- mettre à jours les préparations chaque
année
c. Pour l'établissement :
- organiser les concours et les prix d'excellence chaque
année
- prévoir les primes d'encouragement pour les
enseignants qui font réussir beaucoup d'élèves à
l'examen d'état de fin du secondaire
- faire un suivi pédagogique et de réussite dans
chaque matière.
d. Pour le Ministère de
l'éducation :
- améliorer la grille salariale de l'enseignant au
même titre que des autres fonctionnaires de l'État ayant le
même diplôme
- mettre en place une Institution de guidance et d'orientation
qui pourra réaliser un test d'inventaire d'intérêt. Le
Centre National des Examens ne devrait pas faire l'orientation selon les points
obtenus.
- Équiper suffisamment les ENP pour préparer les
élèves maîtres à la vie professionnelle
- Différencier les établissements d'enseignement
professionnel à ceux d'enseignement général
- Moderniser l'enseignement en instaurant la technologie de
l'éducation dans les écoles normales primaires
- Rendre l'enseignant universel et non national
- Faciliter l'accès à l'université pour
les lauréats des ENP (exiger une note raisonnable)
- Instaurer un service d'orientation scolaire dans chaque
établissement d'enseignement secondaire.
e. Pour le Centre National des Examens (s'il
garde la mission d'orienter) :
- respecter le choix des élèves
- donner les catégories de choix selon la note obtenue
et la section (option) correspondante.
f. Pour le Centre National de Développement des
Programmes :
- concevoir un programme qui prépare réellement
un élève maître à devenir un enseignant du primaire
(matières appliquées au programme du primaire)
- impliquer les enseignants des ENP dans la conception des
programmes
- prévoir les manuels scolaires accompagnants ces
programmes.
6.3. Tendances
dégagées par le questionnaire adressé aux enseignants
Nous allons présenter les tendances
dégagées par les résultats du questionnaire
d'enquête adressé aux enseignants pour évaluer la
motivation des élèves en fonction des variables mises en relation
avec les hypothèses avancées :
- La valeur accordée aux activités de
l'apprentissage
- La compétence possible pour la réussite des
apprentissages
- Le contrôle sur le déroulement de
l'apprentissage
- Les stratégies de l'apprenant
- L'amélioration de la motivation chez les
apprenants
6.3. 1. La valeur
accordée aux activités de l'apprentissage par l'apprenant
La première question de notre enquête vise
à savoir l'importance accordée aux activités de
l'apprentissage. Pour permettre aux enseignants d'être plus
précis, nous avions posé notre question en ces termes :
quelle valeur l'élève accorde-t-il à une
activité et à la matière qui s'y rattache?
Tableau n°9 : valeur accordée aux
activités par l'apprenant
réponses
|
ENP ZAZA
N=6
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=10
|
Fréquence %
|
Intéressantes les activités proposées
|
4
|
66,66
|
7
|
70
|
Pose des questions qui dépassent le programme ou la
matière.
|
-
|
-
|
3
|
30
|
S'engage dans des activités d'apprentissage non
obligatoires
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Ne s'arrête pas facilement quand on a commencé
une activité.
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Pour la valeur accordée aux activités
d'apprentissage par l'apprenant, les enseignants nous affirment que les
élèves des Ecoles Normales Primaires sont d'accord et
s'intéressent à des activités proposées. Cependant,
ceux de l'ENP Kirambo posent des questions qui dépassent le programme et
la matière. Fort est de constater qu'ils ne s'engagent pas dans des
activités d'apprentissage non obligatoire et ils peuvent s'arrêter
facilement, même quand ils commencent une activité. Cela peut
être un indice de manque de motivation ou d'intérêt pour
l'activité.
6.3. 2. La compétence
possible de l'élève à la réussite
La deuxième question de notre enquête vise
à connaître l'opinion de la compétence que
l'élève peut avoir sur sa réussite, nous avons posé
une question en ces termes : Quelle opinion a-t-il de sa
compétence à la réussir ?
Tableau n°10 : compétence de
l'élève à la réussite
réponses
|
ENP ZAZA
N=6
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=10
|
Fréquence %
|
Persévérer dans l'accomplissement d'une tâche
difficile
|
1
|
16,66
|
1
|
10
|
Travailler de façon autonome
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Tenter de répondre volontairement aux questions
posées en classe
|
2
|
33,33
|
6
|
60
|
N'abandonne pas quand il rencontre des difficultés
|
1
|
16,66
|
3
|
30
|
Prendre plaisir à relever des défis dans le
domaine d'apprentissage
|
1
|
16,66
|
-
|
-
|
Faire des recherches après le cours
|
1
|
16,66
|
-
|
-
|
Dans ce tableau n°10, les enseignants
enquêtés (60% de ENP Kirambo et 33,3% de ENP Zaza) nous affirment
que les élèves ont la volonté de répondre aux
questions posées en classe. C'est un indicateur de motivation et de
réussite, mais aucun élève ne travaille pas de
façon autonome d'après ce que des enseignants nous affirment.
Cependant, les enseignants de l'ENP Kirambo(10%) et de l'ENP Zaza(16,6%) nous
affirment que leurs élèves manifestent une
persévérance dans l'accomplissement d'une tâche difficile.
Cette persévérance est soutenue par la non abandon quand ils
rencontrent des activités difficiles comme cela nous est confirmé
par les enseignants de l'ENP Kirambo (30%) et ceux de l'ENP Zaza (16,6).
Cependant, seuls les élèves de ENP Zaza prennent le temps de
relever les défis dans le domaine d'apprentissage et font de recherche
après les cours comme cela nous est signalé par 16,6% des
enseignants interrogés. Cela peut être un des indicateurs d'une
certaine démotivation chez les élèves de l'ENP Kirambo,
contrairement à ceux de l'ENP Zaza. Ces résultats nous montrent
beaucoup d'indices qui sous estiment la compétence de ces
élèves.
6.3. 3. Le contrôle sur
le déroulement de l'activité d'apprentissage
Pour savoir si l'apprenant exerce un contrôle sur les
activités de son apprentissage, nous avons formulé la question
suivante : quel degré de contrôle estime-t-il avoir
sur le déroulement de cette activité?
Tableau n°11 : le contrôle de
l'apprenant sur le déroulement de l'apprentissage
réponses
|
ENP ZAZA
N=6
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=10
|
Fréquence %
|
Prêter l'attention à ce que l'enseignant dit
|
2
|
33,33
|
5
|
50
|
Commencer immédiatement à travailler lorsqu'on
demande d'accomplir une tâche
|
1
|
16,66
|
2
|
20
|
Demeurer attentif jusqu'à ce qu'on ait terminé un
travail
|
2
|
33,33
|
3
|
30
|
Respecter les délais
|
|
|
-
|
-
|
Non exprimé
|
1
|
16,66
|
-
|
-
|
Dans ce tableau n°11, des enseignants
enquêtés à l'ENP Zaza (33,3%) et à l'ENP Kirambo
(50%) nous affirment que les élèves prêtent attention
à ce que l'enseignant dit et demeurent attentifs jusqu'à ce
qu'on ait terminé un travail (ENP Zaza 33% et ENP Kirambo 30%). Les
enseignants de l'ENP ZAZA (16,6%) et ceux de l'ENP Kirambo (20%) nous ont
confirmé aussi que les élèves commencent
immédiatement à travailler lorsqu'on leur demande d'accomplir
une tâche. Ce qui est paradoxal, les enseignants enquêtés
trouvent que leurs élèves ne respectent pas les délais qui
leurs sont accordés pour accomplir une tâche.
6.3. 4. Les stratégies
préconisées pour aider l'apprenant
Pour savoir quelles stratégies qui peuvent aider
l'élève à se motiver, nous avons posé notre
question en ces termes : quelles sont les stratégies
préconisées qui pourront aider l'élève à
comprendre qu'il peut essayer de se motiver lui-même?
Tableau n°12 : les stratégies pour
aider l'apprenant
réponses
|
ENP ZAZA
N=6
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=10
|
Fréquence %
|
Se fixer des objectifs afin d'évaluer le travail
accompli
|
2
|
33,33
|
5
|
50
|
Diviser son travail en plusieurs parties
|
|
|
2
|
20
|
Se récompenser après la réalisation d'une
activité longue et difficile, par exemple en écoutant de la
musique
|
-
|
-
|
1
|
10
|
Entrecouper les activités difficiles par des
activités plus faciles (par exemple, recopier au propre les exercices
réussis, afin d'en commencer d'autres)
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Prendre le temps d'évaluer le chemin parcouru et les
apprentissages réalisés
|
2
|
33,33
|
-
|
-
|
Dans les moments difficiles s'imaginer en train de faire le
métier auquel on aspire
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Se rappeler ses réussites antérieures et se dire
qu'elles prouvent que l'on est capable de réussir.
|
2
|
33,33
|
2
|
20
|
Dans ce tableau n°12, 50% des enseignants
enquêtés à l'ENP Kirambo et 33,3% à l'ENP Zaza nous
affirment que leurs élèves se fixent des objectifs afin
d'évaluer un travail accompli. Les enseignants enquêtés
à l'ENP Zaza estiment que leurs élèves ne divisent pas le
travail en plusieurs parties et ne se récompensent pas après la
réalisation d'une activité longue et difficile (par exemple en
écoutant la musique), tandis que des enseignants de l'ENP Kirambo(20%)
nous affirment que leurs élèves le font. Des enseignants de ces
deux écoles nous affirment que leurs élèves n'entrecoupent
les activités difficiles par des activités plus faciles (par
exemple, recopier au propre les exercices réussis, afin d'en commencer
d'autres) et ne s'imaginent pas en train de faire le métier auquel ils
aspirent. Des enseignants de l'ENP Zaza(33,3%) nous affirment que leurs
élèves prennent le temps d'évaluer le chemin parcouru et
les apprentissages réalisés. Deux enseignants de chacune de ces
écoles cibles estiment que leurs élèves se rappellent
leurs réussites antérieurs et disent qu'elles prouvent que l'on
est capable de réussir. Aucun enseignant de l'ENP Kirambo ne peut nous
affirme que leurs élèves prennent le temps d'évaluer le
chemin parcouru et les apprentissages.
6.3. 5. L'amélioration
de la motivation chez les apprenants
Pour permettre aux enseignants enquêtés de
s'exprimer librement et longuement, nous avons formulé la question en
ces termes : à votre avis, que faudrait-il faire pour
améliorer la motivation des élèves en faveur de la
réussite des apprentissages scolaires? Ils ont pu s'exprimer en
prenant en quelque sorte certaines stratégies pour pouvoir arriver
à l'amélioration ou à l'augmentation de la motivation chez
les élèves maîtres des ENP.
Énumérons-les :
- Initier les élèves à élaborer le
projet de leur formation;
- Minimiser l'habitude d'étudier pour réussir
l'examen mais plutôt promouvoir l'approche intégrative des savoirs
dans le milieu;
- Abandonner l'enseignement livresque en aidant les
apprenants à trouver la matière à apprendre dans la
réalité de tous les jours : ceci est très importante
pour la réussite des apprentissages scolaires car les apprenants ne vont
faire face à la matière imposée dont ils ne comprennent ni
leur but, ni leur sens. Au lieu de mémoriser la matière qui va
s'oublier au bout de quelques minutes (après l'examen), ils vont
intégrer les savoirs acquis qui vont les aider à
développer des compétences dans les différents domaines de
la vie quotidienne ou professionnelle. Ainsi la réussite des
apprentissages ne va pas s'évaluer seulement à la réussite
des examens classiques mais à la vie de tous les jours.
- Prévoir le matériel didactique suffisant
approprié et adapté aux options des
élèves ;
- Améliorer les conditions vitales et de travail, sans
oublier leur suivi et leur adaptation ;
- Ecouter les élèves d'abord, et leur donner des
facilités après
Après les avis des enseignants sur l'évaluation
de la motivation de leurs élèves, analysons ce que les
élèves eux-mêmes expriment.
6.4. Tendances
dégagées par le questionnaire adressé aux
élèves
Nous allons présenter les tendances
dégagées par les résultats du questionnaire
d'enquête adressé aux élèves en fonction des
variables mises en relation avec les hypothèses
avancées :
- Le choix des élèves
- Le motif de choix et leur satisfaction
- Les sentiments actuels
- Les appréciations actuelles
- L'amélioration de la motivation chez les
apprenants
6.4.1. Choix des
élèves.
Pour savoir si réellement les élèves qui se
préparent à devenir les enseignants du primaire ont choisie cette
option, nous leurs avons posé cette question :
avez-vous choisi l'option ENP oui ou non ? Voici
les résultats de cette question :
Tableau n°13 : choix des
élèves
Réponses
|
ENP ZAZA
N=37
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=45
|
Fréquence %
|
Oui
|
12
|
32,43
|
9
|
20
|
Non
|
25
|
67,57
|
36
|
80
|
Ces données nous montrent réellement que la
majorité des élèves qui fréquentent les
écoles normales primaires n'ont pas choisi cette option. Ils sont
orientés par le Centre National de Examens contrairement à leurs
choix. Nous essayerons dans le chapitre de discussion des résultats de
voir les conséquences de cette orientation. Cependant la minorité
qui a choisi cette option avait un motif valable.
6.4.2. Motif de choix et
satisfaction.
Pour savoir ce qui a motivé leur choix, nous leur avons
posé la question suivante : « Qu'est-ce qui t'a
poussé à choisir l'option Normale Primaire et pas autre
option? Quelle est ta satisfaction actuelle ? Comment la manifestes-tu
dans ton processus d'apprentissage ? ». La réponse
à ces questions se résume à des éléments
suivants :
- amour de transmettre des connaissances aux enfants ;
- l'amour du métier d'enseignant et
d'éducateur;
- enseigner à mon tour comme on m'a
enseigné ; devenir un guide ;
- avoir accès rapide à une profession pour aider
la famille et soi-même;
- avoir facilement le travail parce qu'il existe encore dans
certains endroits du pays la carence des enseignants;
- option facile à étudier et donne accès
facile au travail même avec une note moyenne ;
- on peut choisir facilement n'importe quelle faculté
à l'université à cause de la formation
générale plus riche dispense dans les écoles normales,
l'adaptation est facile;
- amour de la psychologie et l'étude des comportements
des enfants et le cours de méthodologie des enseignements ;
- choix influencé par des élèves
fréquentant l'option Normale Primaire ;
- amour de l'établissement qui est proche du milieu
familial (son endroit et son organisation) ;
- formation polyvalente pour le savoir-vivre et le
développement des connaissances dans le domaine de
l'éducation ;
- bonne formation pour les futurs parents : capables
d'aider leurs enfants plus que les autres;
- choisir différemment des parents et des frères
et soeurs ;
- même choix que nos parents, nos frères et
soeurs.
Bien que leur satisfaction soit basée actuellement sur
la réussite et les cours professionnels qu'ils trouvent plus
intéressants, elle se justifie de la manière suivante :
Tableau n°14 : satisfaction actuelle des
élèves ayant choisis l'option ENP
Justification
|
ENP ZAZA
N=37
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=45
|
Fréquence %
|
Bonne orientation professionnelle (bon métier après
les études, c'est ma vocation)
|
7
|
18,91
|
3
|
6,66
|
Bonne orientation scolaire (la poursuite de l'enseignement
supérieur est possible)
|
1
|
2,7
|
4
|
8,88
|
Cette option est dans une école proche de mes parents
|
2
|
5,4
|
2
|
4,44
|
J'ai des capacités intellectuelles pour cette option
|
1
|
2,7
|
-
|
-
|
Sans justification
|
1
|
2,7
|
-
|
-
|
Aucune satisfaction (ceux qui n'ont pas choisi l'option)
|
25
|
67,57
|
36
|
80
|
Ce tableau n°14 nous montre que les justifications se
différent selon les intérêts sociaux culturels. Cependant,
les élèves n'ayant pas choisi de se préparent à
devenir enseignants et pourtant qui y sont déjà par obligation du
Centre National des Examens chargé d'orienter les élèves
avaient des motifs sur leur choix qui n'ont pas été
respecté (voir le tableau n°15).
Tableau n°15 : Justification des
élèves ayant choisis autres options que ENP
Justification de leur choix non respecté par le CNE
|
ENP ZAZA
N=37
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=45
|
Fréquence %
|
Bonne orientation professionnelle (bon métier après
les études, c'est ma vocation)
|
3
|
8,1
|
3
|
6,66
|
Bonne orientation professionnelle (bon salaire et bonne position
sociale après les études)
|
8
|
21,62
|
5
|
11,11
|
Bonne orientation scolaire (la poursuite de l'enseignement
supérieur est possible)
|
2
|
5,4
|
11
|
24
|
Cette option est dans une école proche de mes parents
|
1
|
2,7
|
2
|
44
|
J'ai des capacités intellectuelles pour cette option
|
11
|
2,7
|
14
|
4,44
|
Autres : devenir entrepreneur
|
-
|
-
|
1
|
2,22
|
Ceux qui ont choisi ENP
|
12
|
32,43
|
9
|
20
|
6.4.3. Sentiments actuels des
élèves.
Pour connaître leurs sentiments actuels dans la
poursuite de leur formation pour devenir enseignants du primaire, bien que
certains ont choisie cette option et les autres ne l'ont pas choisi, nous leurs
avons posé cette question : Quels sont tes sentiments
aujourd'hui ? Voici les résultats de cette
question :
Tableau n°16 : les sentiments des
élèves
Réponses
|
ENP ZAZA
N=37
|
Fréquence %
|
ENP KIRAMBO
N=45
|
Fréquence %
|
Très motivé, j'accepte cette orientation
|
12
|
32,43
|
9
|
20
|
Espoir
|
14
|
37,83
|
15
|
33,33
|
Peu de motivation
|
4
|
10,81
|
7
|
15,55
|
Sentiment d'abandon
|
3
|
8,10
|
4
|
8,88
|
Découragement
|
2
|
5,40
|
3
|
6,66
|
Sans motivation
|
2
|
5,40
|
6
|
13,33
|
J'accepte avec courage
|
-
|
-
|
1
|
2,22
|
Bien que ces résultats nous montrent que un grand
pourcentage présente l'espoir d'un avenir meilleur des
élèves, ceux qui restent motivés sont des
élèves ayant choisis réellement l'option Normale Primaire.
Néanmoins, si les enseignants adoptent des stratégies
adéquates, il y a lieu de croître la motivation de ceux qui ont de
l'espoir et ceux qui ont peu de motivation. Le reste des élèves
mérité une aide spéciale de la part des enseignants et de
l'école. Ce qu'il faut souligner, tous ces élèves
analysent le système, ils ont les aspects positifs à
apprécier dans la formation des futurs enseignants du primaire.
6.4.4. Appréciations
actuelles des élèves.
Pour connaître leurs appréciations actuelles du
système, nous leurs avons posé cette question :
Quelles sont tes appréciations aujourd'hui ?
Les élèves nous ont donné les aspects
positifs à apprécier dans leur formation et les aspects
négatifs à améliorer.
Aspects positifs de la formation :
- Les cours professionnels qui préparent les
élèves maîtres à devenir enseignants sont bien
enseignés.
- Le cours de psychologie qui permet d'étudier les
comportements humains permet de savoir comment se comporter devant tel ou tel
comportement d'un individu ; sans oublier le développement de
l'enfant jusqu'à l'âge adulte.
- Bonne documentation (bibliothèque
équipée).
- Préparation à une profession et accès
facile à cette dernière.
- Les cours importants pour la vie de tous les jours.
- Etudier toutes les matières, même celles des
autres options.
Aspects négatifs de la formation et du
métier d'enseignant:
- Salaire minime pour les enseignants.
- Programme surchargé (beaucoup des cours).
- Ne donne pas suffisamment le temps de se reposer, on est
toujours préoccupé.
- Manque de bourse d'études universitaires ; on
exige une note très supérieure aux autres options
- Diminution de la performance en langues
étrangères parce que la langue nationale est plus utilisée
à l'école. L'amélioration de la motivation chez les
apprenants
6.4.5. L'amélioration
de la motivation chez les apprenants.
Pour permettre aux élèves enquêtés
de donner leurs opinions sur l'amélioration de leur motivation, nous
avons formulé la dernière question en ces termes :
à votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer votre
motivation? Comme les enseignants, les élèves ont pu
exprimer leurs désirs en énumérant les
éléments qu'il faut réunir pour pouvoir arriver à
l'amélioration ou à l'augmentation de la motivation chez les
élèves maîtres des ENP. Nous allons nous contenter de les
citer :
- créer un climat d'amour au sein de l'Ecole
Normale ;
- habituer les élèves-maîtres à
l'enseignement ;
- favoriser le dialogue au sein de
l'établissement ;
- avoir les enseignants qualifiés et
motivés ;
- faciliter l'accès à l'enseignement
supérieur aux lauréats des ENP en exigeant la même note
qu'aux lauréats des autres options ;
- avoir une bibliothèque riche ;
- amélioration du salaire de l'enseignant ;
- respecter le choix des élèves dans
l'orientation scolaire ;
- étudier avec intérêt de
réussir ;
- favoriser l'apprentissage mutuel au sein des
établissements des ENP.
Chacun de ces éléments mérite un
commentaire, mais nous n'allons pas le faire car le chapitre suivant va
interpréter tous les résultats de cette recherche.
CHAPITRE 7
Interprétation des résultats
Après avoir analysé des résultats
d'enquête sur la motivation et la réussite des apprentissages dans
les Ecoles Normales Primaires, nous voulons apporter des tentatives
d'interprétation des résultats. Elle reprend les
hypothèses de recherche pour voir si l'orientation de données les
confirme ou les infirme dans le cadre théorique choisi. Nous passerons
en revue les résultats des travaux réalisés sur le
même sujet ou le sujet orienté dans le même sens. Cependant,
faisons d'abord la synthèse des résultats.
7.1. Synthèse des
résultats
Le dépouillement et l'analyse des productions des
personnes interrogées nous amènent à faire les
constatations suivantes :
- L'orientation scolaire non acceptée peut conduire
à la démotivation et aux manques d'excellence chez les
apprenants ;
- Le modèle de l'enseignant est un
élément important de déclenchement de la motivation ou de
démotivation chez les élèves de l'ENP qui se
préparent à devenir enseignants. Le métier d'enseignant,
c'est une vocation, un appel personnel bien qu'il soit influencé par les
facteurs environnementaux.
- Les deux types de motivation sont complémentaires. Il
est presque impossible qu'un apprenant soit conduit seulement par un de ces
types. Mais il est à constater que la motivation extrinsèque
prend plus de place que la motivation intrinsèque chez les adolescents
et les adultes qui souhaitent s'orienter vers un métier ou une
profession (avoir un diplôme, un bon salaire, amélioration des
conditions de vie).
- Les principales causes du manque de motivation chez les
élèves-maîtres sont liées à l'orientation
scolaire, au manque de confiance en soi, aux méthodes et
procédés utilisés dans l'enseignement et la valeur que la
société accorde à l'enseignant.
- Les conséquences de démotivation conduisent
à l'échec, à l'abandon, à la délinquance
juvénile, aux manques d'excellence et de performance. Pour s'en sortir,
la contribution de tous les intervenants du domaine éducatif (apprenant,
enseignant, parent, établissement, centres des programmes et des
examens, ministère de l'éducation) est indispensable ou sine qua
non.
- Selon notre cadre de référence choisi, nos
résultats corroborent les principes d'apprentissage tel qu'ils ont
été définis par Roland Viau (1994 ; p109) :
a. une personne est toujours motivée à agir,
sinon pour apprendre, du moins pour faire quelque chose ;
b. une personne est responsable de sa motivation ;
c. l'apprentissage est impossible sans motivation ;
d. il n'existe pas de stratégie d'intervention
idéale et universelle pour faciliter l'apprentissage ;
l'efficacité d'une stratégie est toujours fonctions de plusieurs
variables, par exemple les caractéristiques personnelles de l'adulte,
les particularités d'une matière, etc.
e. chaque intervention auprès d'adultes doit contribuer
à améliorer leur motivation.
7.2. Discussion -
interprétation
7.2.1. De l'orientation
scolaire à l'orientation professionnelle
Pourquoi l'orientation scolaire non acceptée peut
conduire à la démotivation et aux manques d'excellence chez les
élèves - maîtres des ENP ? Pourquoi l'orientation
scolaire acceptée conduit à la motivation scolaire, voire
même à l'excellence ?
Ces résultats corroborent la théorie de Rolland
Viau sur la perception de la valeur d'une activité exprimée en
ces termes : « la perception de la valeur d'une activité
dépend des buts qu'un élève se fixe. Un
élève sans but est un élève qui peut difficilement
valoriser une activité d'enseignement et d'apprentissage ».
Le fait même que l'élève se trouve dans
les études qu'il n'a pas choisies, il lui est difficile de voir
l'utilité de ces études et d'avoir un intérêt
particulier. Dans ce sens, l'élève n'a pas de but. Comment
peut-on envisager vraiment une orientation acceptée par les
élèves au moment où le système éducatif n'a
pas une organisation spécialisée pour ce fait ? Le manque de
choix conduit nécessairement à la démotivation. Dans ce
contexte, la perception de l'apprenant est mise en cause.
Nous pouvons poser autrement notre question ; pourquoi
les résultats de notre recherche des élèves ayant choisis
l'option Normale Primaire confirme la théorie sur les indicateurs
suivants de la motivation scolaire : choix d'entreprendre une
activité, persévérance dans l'exécution de la
tâche, engagement cognitif dans la réalisation d'une tâche,
caractéristiques affectives avec lesquelles on aborde une tâche,
performance ?
Cette théorie tient compte de la théorie de Lens
(1991, p145-159) qui dit que dans le contexte scolaire, l'adolescent n'apprend
pas pour apprendre comme un enfant, il voit l'apprentissage comme un moyen
plutôt qu'une fin en soi. Les apprentissages de l'école sont un
moyen d'accéder à des métiers, à des professions ou
même un meilleur statut social. Le fait de se fixer des buts à
long terme suscite chez plusieurs élèves une plus grande
motivation. C'est dans ce contexte qu'au Rwanda dans les écoles
secondaires, on devrait penser à une réorientation, ce qui
corrobore bien avec la théorie de Rolland Viau qui dit que un enseignant
peut voir dans une même classe des élèves qui, n'ayant
aucun but précis, ne sont aucunement motivés pour accomplir les
activités qu'il leur propose et d'autres qui sont au contraire
très motivés, car ils savent que s'ils réussissent dans ce
cours ils pourront être admis à des programmes d'études
avancées qui leur permettront de pratiquer la profession ou le
métier de leur choix.
7.2.2. Du modèle de
l'enseignant à la motivation de l'élève
Pourquoi le modèle de l'enseignant est un
élément important pour le déclenchement de la motivation
ou de démotivation chez les élèves de l'Ecole Normale
Primaire au Rwanda ? Ces résultats montrent que le choix de telle
option des études pour accéder à un métier ou
à une profession est conditionné par l'exemple de ceux qui
l'exercent ; leurs réussites et satisfactions sont d'une importance
capitale pour le choix de métier ou de profession chez les adolescents.
Les résultats de notre recherche ont montré que les
élèves ayant choisi les études qui les orienter à
un métier d'enseignant au primaire ont été motivé
par leurs parents, leurs frères et soeurs ou les voisins qui sont dans
le domaine de l'enseignement.
Nos résultats corroborent ceux qui ont
été réalisés sur les étudiants de
médecine en France18(*). Le candidat, parce qu'il a vu l'utilité de ce
métier dans son entourage, il veut l'exerce. Nos résultats
corroborent aussi la théorie de Tardif, J. sur la dynamique
motivationnelle et construction de la motivation scolaire. Il affirme que
l'enseignant ne peut évidemment déterminer à lui
seul la motivation scolaire de l'élève, pas plus d'ailleurs qu'il
peut être tenu seul responsable de ses apprentissages. Il peut toutefois,
par ses comportements, ses attitudes, ses stratégies
pédagogiques, avoir une influence sur certains facteurs qui vont
influencer les systèmes de perceptions et d'attributions de
l'élève. Or ceux-ci jouent un rôle déterminant dans
la motivation scolaire.
Le comportement, les attitudes, la condition de vie et statut
social servent comme modèle dans le choix du métier de
l'enseignant. Au fait, dans le contexte du Rwanda, ce n'est pas les
études qui conduisent au métier d'enseignant qui sont mises en
cause, mais le salaire accordé à l'enseignant du primaire. Ceci
fait que l'enseignant adopte râlement ni le bon comportement, ni des
bonnes attitudes, ni des stratégies pédagogiques adéquates
qui incitent beaucoup d'adolescent à aimer ce métier
d'enseigner. Tout cela fait que les élèves orientés dans
ces études n'ont pas de motivation suffisante pour accéder
à la note d'excellence. Avec ces influences, le rôle du tutorat de
Vygotsky doit intervenir ; il faut qu'il y ait une mobilisation, un
maintien de l'intérêt (de l'orientation) et de la
motivation de l'élève dans le champ de
la tâche ainsi que le but à atteindre. Comme nous l'avons vu dans
notre cadre théorique, en apprentissage, l'enseignant doit faire en
sorte que la tâche soit plus agréable à réaliser
avec son aide, tout en évitant que l'élève soit
très dépendant de lui.
7.2.3. De la motivation
extrinsèque à la motivation intrinsèque
Les deux types de motivation sont complémentaires. Il
est presque impossible qu'un apprenant soit guidé dans son apprentissage
par un de ces deux seulement. Mais pourquoi on constate que la motivation
extrinsèque prend plus de place chez les adolescents qui s'orientent
vers un métier ou une profession ? Ils ont besoin d'obtenir un
diplôme qui leur donne la possibilité d'avoir un emploi et un bon
salaire. Il y a tellement les facteurs très puissants externes à
l'élève qui influencent son choix d'études, de
métiers.
Nos résultats corroborent la théorie
d'Archambault et Chouinard qui définit la motivation scolaire comme
l'ensemble des déterminants internes et externes qui poussent
l'élève à s'engager activement dans le processus
d'apprentissage qu'il poursuit et à persévérer devant les
difficultés.
Autrement, ces constats confirment les besoins de satisfaction
définis dans la théorie de Maslow sur la hiérarchisation
des besoins. L'idée de base est que « les besoins suivent une
hiérarchie de satisfactions successives débutant avec les besoins
physiologiques pour ensuite aller aux besoins de sécurité,
d'amour et d'appartenance, d'estime de soi (de connaissance,
d'esthétisme) et finalement aux besoins de réalisation de
soi. » Si on analyse bien, cette théorie montre que la
motivation extrinsèque commence et est achevée par la motivation
intrinsèque, c'est-à-dire que nos résultats corroborent
cette théorie.
Le choix l'orientation scolaire chez l'élève est
dominé par la motivation extrinsèque dès le départ.
Quand le désir de l'orienté est satisfait dans son choix, la
motivation extrinsèque pourra évoluée vers la motivation
intrinsèque de même avis que C. Prévost qui dit que la
motivation s'inscrit dans la fonction de relation du comportement, grâce
à elle, les besoins se transforment en but, plans et projets.
La motivation de l'élève si minime soit elle a
besoin d'être développée ou être
déclenchée. C. Prévost nous donne quatre
éléments pour le processus du développement de la
motivation : la canalisation des besoins (apprentissages),
l'élaboration cognitive (buts et projets), motivation instrumentale
(moyens et fins), la personnalisation (autonomie fonctionnelle). Nos
résultats corroborent aussi la théorie de Myers sur le
modèle de motivation - vecteur. Il considère la motivation comme
« un besoin ou un désir à orienter vers un
but ». Il considère la motivation comme l'ensemble des
facteurs qui :
Ø Incitent l'action : l'intensité de la
motivation
Ø Dirigent cette action : l'activité vers
laquelle cette envie d'agir est dirigée.
7.2.4. Principales causes
du manque de motivation et leurs conséquences.
Pourquoi l'orientation scolaire, le manque de confiance en
soi, méthodes et procédés de l'enseignant, la valeur que
la société accordée à l'enseignant, sont-ils des
causes principales du manque de motivation dans les Ecoles Normales du
système éducatif rwandais ? L'orientation scolaire de ce
système n'a ni de critères objectifs bien définis
d'avance, ni de planification. Les élèves sont orientés
selon les places disponibles dans les écoles, et non selon leur choix.
Sans tenir compte de la capacité de l'élève, le choix de
certains élèves est respecté et non des autres. Le constat
est que le service spécialisé dans l'orientation n'existe pas.
Beaucoup d'élèves choisissent les options d'études qui
conduisent aux métiers les plus valorisées par le
système. Dans l'option Normale Primaire, très peu la choisissent
(exemple de deux écoles cibles : ENP Zaza : 32,43% ; ENP
Kirambo : 20%) car le salaire d'un enseignant du primaire est très
bas (60 dollars par mois) par rapport aux autres fonctionnaires de l'Etat. Une
grande majorité, par le manque de choix, est forcée pour suivre
la formation des futurs enseignants du primaire.
Cette orientation présente des conséquences
néfastes sur le présent et sur l'avenir. Dans le présent,
l'élève présente un manque d'engagement dans le processus
d'apprentissage, à la longue, si rien ne change, il pourra arriver
difficilement au terme de son cursus scolaire. La rencontre d'une seule
difficulté pourra le faire baisser les bras et abandonner. Dans
l'avenir, les lauréats des ENP qui ont été forcés
par la situations quelle serait leur motivation pour pouvoir motiver les
autres ? Cela n'est peut être pas la cause principale de baisse de
la qualité de l'enseignement primaire dans l'enseignement public ?
Cela méritera une étude approfondie dans nos prochaines
recherches doctorales.
Le manque de confiance en soi empêche aussi
l'élève de s'adapter dans une autre option contraire de son
choix. C'est dans ce sens que nos résultats sont en concordance avec la
théorie de Crahay sur les principales causes de la motivation chez
l'élève; comme il le souligne : la conception que
l'élève se fait des buts de l'école influence donc les
risques qu'il est prêt à prendre, le niveau de réussite
qu'il se fixe, les émotions qu'il ressent ainsi que la nature de ses
attributions causales.
Enfin, certains méthodes et les procédés
de l'enseignant peuvent dégoûter s'ils ne sont pas basés
sur la pédagogie active centrée sur l'apprenant. La transmission
des connaissances procédurales (les habiletés, le savoir faire),
déclaratives (théories, les concepts,..) et conditionnelles
(permettant d'identifier à quelle condition on peut réaliser
cette activité) doit utiliser les stratégies motivationnelles.
En résume, toutes les causes de manque de motivation
conduisent nécessairement soit à l'abandon scolaire ainsi
qu'à l'échec scolaire et au manque d'excellence. Tous ces
facteurs peuvent conduire à la délinquance juvénile chez
les adolescents.
7.3. Interprétation
d'ensemble des résultats.
La tentative de compréhension et
l'interprétation des résultats obtenus par rapport au cadre
théorique choisi nous permettent de poser une question décisive
dans le sens de notre hypothèse de recherche pour déterminer si
la prise en compte de la motivation pendant l'orientation scolaire et
dans le processus d'apprentissage peut influence la réussite et la
performance des apprenants. Nous avons dit aussi qu'une bonne
orientation scolaire influence grandement la motivation de
l'élève car la motivation se construit autour d'une bonne
orientation scolaire et professionnelle. Et enfin, la
motivation de l'élève influence favorablement la réussite
et la performance scolaire.
Où en sommes-nous?
Bien que plusieurs facteurs entrent en jeux au niveau de la
réussite des apprentissages scolaires, les résultats obtenus
montrent que la motivation est influencée par l'orientation scolaire
dans le système éducatif rwandais de l'enseignement secondaire
professionnel. Plus l'enseignement secondaire professionnel conduit à
une profession bien rémunérée, plus les
élèves le choisissent. Moins il ne conduit pas à une bonne
rémunération, moins ils le choissent. C'est le cas de l'ENP pour
ce dernier cas.
Nos résultats sont en concordance avec ce que nous
avons vu dans notre cadre de référence; c'est avec un bon choix
correspondant à la capacité de l'élève que la
motivation peut donner le sens à ses apprentissages. C'est une
orientation scolaire qui consiste à diriger un adolescent vers un
métier qui corresponde le mieux à ses capacités, à
ses goûts et à sa personnalité tout en tenant compte des
possibilités d'emploi et de sa situation familiale. Une bonne
orientation scolaire et professionnelle influence grandement la motivation de
l'élève dans l'apprentissage. Donc, notre première
hypothèse secondaire est confirmée.
Quant à notre deuxième hypothèse
secondaire, nous avons dit « la motivation de l'élève
influence favorablement la réussite et la performance scolaire. Les
résultats obtenus montrent la valeur que l'élève de l'ENP
accorde aux activités, la compétence qu'ils ont pour
réussir, le contrôle qu'ils exercent sur le déroulement de
l'activité d'apprentissage. Les résultats obtenus auprès
des enseignants nous prouvent que les élèves motivés sont
ceux qui ont choisi l'option, mais ces résultas restent
hypothétiques car notre étude étalée sur une petite
période ne peut pas évaluer objectivement la réussite et
la performance. A notre avis, l'étude sérieuse prendra une
période de trois ans (tout le cursus) pour pouvoir confirmer cette
hypothèse, parce que les élèves qui ne sont pas
motivés en première année d'orientation pourront
être motivés en deuxième année et avoir des bons
résultats. Donc notre hypothèse n'est ni confirmée et ni
infirmée, elle sera vérifié dans notre prochaine recherche
de thèse.
:
CONCLUSION
L'objectif principal de ce travail était d'examiner
l'impact de la motivation sur le processus de l'apprentissage dans
l'enseignement secondaire professionnel, option Normale Primaire du
système éducatif rwandais.
Pour ce faire, nous avons choisi de mener notre étude
auprès de vingt enseignants formateurs de 4ème Normale
Primaire et de leurs élèves maîtres dans deux écoles
différentes. L'analyse des résultats nous a permis d'atteindre
des objectifs fixés au départ.
Suite à un temps d'observation, nous avons
constaté que des enseignants n'intégraient pas de manières
systématiques la motivation dans leurs enseignements. La
pédagogie favorisée est celle dite traditionnelle. Mais nous
avons observé chez des étudiants stagiaires de
l'Université une démarche active. C'est une démarche de
pédagogie active qui suscite la motivation des élèves.
Cela donne l'espoir de l'avenir.
L'analyse globale des résultats a montré
qu'indépendamment des méthodes utilisées par les
enseignants formateurs, la majorité d'élèves
fréquentant ces écoles n'a pas choisi l'option de l'enseignement
secondaire professionnel (Normale Primaire). Ce qui veut dire que nous
étions devant beaucoup d'élèves qui ne sont pas satisfaits
de là où ils sont et en plus qui ne bénéficient pas
un enseignement de type de pédagogie active centré sur
l'apprenant. Il est à souligner aussi que tous ces enseignants n'ont pas
été préparé à la formation des futurs
enseignants du primaire, excepté quatre enseignants sur vingt des cours
professionnels (psychopédagogie, méthodologie :
Leçons d'essai et Leçons pratiques, et didactique
spéciale des matières enseignées au primaire).
Avec l'entretien que nous avons eu avec les enseignants et les
deux directeurs, nous avons pris conscience que l'enseignant, comme
modèle dans son comportement pédagogique peut être un
élément de déclenchement de la motivation ou de
démotivation. Nous avons pris conscience aussi que les sujets
orientés par la force des choses sont difficiles à motiver, il
faut nécessairement adopter des stratégies appropriées
pour déclencher en eux l'intérêt des études de type
professionnel. Des enseignants ont pris finalement conscience qu'il faut
adopter une pédagogie active centrée sur l'apprenant et par
objectif dans leurs enseignements en considérant les
éléments de la motivation extrinsèque et
intrinsèque. L'observation et l'entretien nous ont permis d'identifier
les principaux éléments qui engendrent la motivation des
apprenants et le type de motivation le plus efficace dans l'acte
pédagogique. Donc, nous avons atteint nos deux premiers objectifs.
Les résultats observés nous ont aussi permis
d'identifier les principales causes du manque de motivation dans le processus
d'apprentissage scolaire et ses conséquences. La mauvaise orientation
scolaire, l'absence de la vocation d'enseignant et les autres
éléments liés à l'acte pédagogique ainsi que
le salaire insignifiant sont des éléments fondamentaux du manque
de motivation. Enfin, nous avons posé quelques jalons pour
évaluer la motivation des apprenants, ce qui nous a permis d'avoir des
résultats hypothétiques de l'influence de la motivation à
la réussite et à la performance scolaire. La petite
période de recherche allouée au DEA ne nous permet pas de
confirmer ou d'infirmer nos résultats. C'est pourquoi nous
précisons que ces constats ne sont que des tendances provisoires
résultant d'un pré-test ; des recherches futures au niveau
de la thèse de doctorat fourniront des explications plus enrichies.
Malgré les limites de cette étude, ces
résultats semblent montrer que l'orientation scolaire est un facteur
déterminant de la motivation dans l'enseignement secondaire
professionnel. Seuls les élèves ayant choisi cet enseignement ont
les buts et l'intérêt pour l'apprentissage. Mais les renforcements
pédagogiques doivent être prévus pour le maintien et
l'augmentation de la motivation pour accéder à l'excellence. Les
sujets n'ayant pas choisi cette option ont plus besoin de l'aide, de
l'intervention de l'enseignant pour redéfinir leurs buts
d'apprentissage, leur projet d'avenir professionnel et la réorientation
de l'intérêt d'études. Il s'agit de comprendre que ces
sujets n'ont aucune motivation dès le départ et envisager des
stratégies d'intervention sur leur motivation.
Au-delà des résultats, notre étude montre
que la motivation peut améliorer les apprentissages à condition
que l'enseignant améliore ses enseignements pour augmenter la motivation
de ses élèves, et intervienne sur les composantes de la
motivation des élèves. L'apprentissage de type motivationnel
fondé sur une pédagogie active ne peut se réaliser sans la
volonté des enseignants.
L'intégration de la motivation dans le processus
d'enseignement - apprentissage nécessitera un nouveau type d'enseignant
- formateur. Nous allons faire quelques recommandations susceptibles d'aider
à former le nouveau type d'enseignant intégrant la motivation
dans l'ensemble de ses interventions pédagogiques :
Ø Former les enseignants à une pédagogie
active d'un enseignement motivé qui suscite et renforce
l'intérêt de l'élève.
Ø Former les enseignants aux stratégies
d'intervention pédagogique.
Ø Former les enseignants à la
réorientation scolaire et professionnelle des élèves.
Au terme de ce travail, nous remarquons donc que de nombreux
points restent inexplorés et d'autres questions surgissent. Les
apprentissages basés sur la motivation aident-ils les
élèves maîtres à faire leur projet personnel
d'apprentissage, surtout ceux qui n'ont pas été orientés
selon leur choix ? Auront-ils plus de chances de réussite et de
persévérance ? Un apprentissage motivé conduit
nécessairement à la réussite des apprentissages ?
L'enseignant parvient-il à déclencher ou à susciter un
désir d'apprendre par son enseignement motivé ? Une
pédagogie active fondée sur la motivation permettrait-elle
d'éviter l'échec ?
Il convient donc de poursuivre la recherche sur une plus
longue période avec une méthodologie plus rigoureuse. Par
exemple, nous devrons nous intéresser à d'autres options
d'enseignement secondaire professionnel (Ex. : comptabilité,
secrétariat, agronomie et vétérinaire) pour comparer les
avantages et les intérêts des élèves les
fréquentant. Nous devrions aussi faire des expériences dans les
classes avec des groupes : un groupe avec la pédagogie active
fondée sur un enseignement motivé et un autre groupe avec la
méthode traditionnelle pour une plus grande fiabilité de
résultats. C'est uniquement après cette étude plus large
que nous pourrons avancer des propositions et des recommandations plus
précises, notamment en ce qui concerne l'impact de la motivation sur la
réussite et la performance scolaire.
Références
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Le document complet est publié par Ménard Louise sur le web site
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http://www.chambery.grenoble.iufm.fr/home/SHS/CAPSAIS/Fichenligne/BiblioAIS-Motiv-GrM.htm#LIEUR
consulté le 18 février 2008
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_18.html#Heading1#Heading1
consulté le 12/01/2008
www.csmb.qc.ca/gesclasse/html/documentation/comprendre/motivation_base.htm
consulté le 30 janvier 2008
http://www.upmf-grenoble.fr/sciedu/pdessus/sapea/motivation.htm
: séminaire d'analyse des pratiques d'enseignement/apprentissage Mise
à jour : octobre 2001, document créé en octobre 2000.
Consulté l0 janvier 2008
http://www.web.ordre.medecin.fr/actualite/enqueteb.
Attentes, projets et motivations des
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http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/LME/lombard/motivation/intranet/myers-
motivation.html de Myers, D.G. (1998). Psychologie : Flammarion.
Entra net.)
http://www.netrover.com/~darveau/th-motiv.htm
consulté le 16 février
Annexes
Annexe N°1 : Grille
d'observation
Etablissement :
...................................................... .....
Classe :
.........................................................date :
................ Heure : ..........
Nombre d'élèves
présents :..........G : ..................F :
..........................................
Nombre d'élèves
présents :..........G : ..................F :
........................................
Objet de la séquence :
.................................................................................
L'observateur :
..........................................................................................
A/Début de la séance
- Rappel de la séance précédente :
Oui :.............Non :..............
- Sollicitation des élèves :
Oui :.............Non :..............
- Présentation de la tâche, de sa nature :
Oui :.... Non :....
- Présentation de la situation :
Oui :......... .Non :.............
- Existence d'une fiche de
connaissance :Oui :.............Non :.........
- Existence d'une fiche de procédure :
Oui :.............Non :..............
B/Déroulement de la séance
· communication pédagogique de l'enseignant
q magistral
q frontal, actif
q situation de dialogue, questionnement d'explication, recherche
de sens
q explication mutuelle (en atelier), engagement personnel
q pause méthodologique
q temps nécessaire aux élèves pour prendre
des initiatives et des risques
q auto évaluer leur démarche
q prendre conscience de leurs erreurs et de les corriger
· centration
q sur l'objet cognitif
q sur l'aspect affectif
q sur les démarches
q sur les trois
· termes et expressions employés par
l'enseignant :
............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
· les questions posées par l'enseignant
...........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
· les questions posées par les
élèves
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
C/Fin de la séance
- Retour sur la démarche de la séance :
Oui :......... Non : .............
- Exercices faisant appel aux stratégies :
Oui :......... Non : ............
D/ Autres observations
comportementales
· pour l'enseignant
..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
· chez les élèves
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Annexe N°2 : Questionnaire pour
évaluer la motivation de l'élève
Etablissement :
Classe :
Effectifs de la classe : F : ...... M :
.........
1. Quelle valeur l'élève accorde-t-il à une
activité et à la matière qui s'y rattache ?
q Il trouve intéressantes les activités
proposées,
q Poser des questions qui dépassent le programme ou la
matière,
q S'engager dans des activités d'apprentissage non
obligatoires,
q Ne pas s'arrêter facilement quand on a commencé
une activité.
q Autre : précisez.
2. Quelle opinion a-t-il de sa compétence à la
réussir ?
q Persévérer dans l'accomplissement d'une
tâche difficile,
q Travailler de façon autonome,
q Tenter de répondre volontairement aux questions
posées en classe,
q Ne pas abandonner quand on rencontre des difficultés,
q Prendre plaisir à relever des défis dans le
domaine d'apprentissage.
q Autre : précisez.
3. Quel degré de contrôle estime-t-il avoir sur le
déroulement de cette activité ?
q Prêter attention à ce que l'enseignant dit,
q Commencer immédiatement à travailler lorsqu'on
demande d'accomplir une tâche,
q Demeurer attentif jusqu'à ce qu'on ait terminé un
travail,
q Respecter les délais.
q Autre : précisez.
4. Quelles sont les stratégies
préconisées qui pourront aider l'élève à
comprendre qu'il peut essayer de se motiver lui-même ?
q Se fixer des objectifs afin d'évaluer le travail
accompli,
q Diviser son travail à faire en plusieurs parties,
q Se récompenser après la réalisation d'une
activité longue et difficile, par exemple en écoutant de la
musique,
q Entrecouper les activités difficiles par des
activités plus faciles (par exemple, recopier au propre les exercices
réussis, afin d'en commencer d'autres),
q Prendre le temps d'évaluer le chemin parcouru et les
apprentissages réalisés,
q Dans les moments difficiles s'imaginer en train de faire le
métier auquel on aspire,
q Se rappeler ses réussites antérieures et se dire
qu'elles prouvent que l'on est capable de réussir.
q Autre : précisez.
5. A votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer la
motivation en faveur de la réussite de apprentissage scolaire ?
Annexe N°3 : Questionnaire adressé
aux élèves
I. Identification :
Noms (facultatif): ..................................
Age..........................
Etablissement :.................................
Classe :...........................
II. Questions :
1. Quelle est la note obtenue à l'examen national de
fin du Tronc commun ?
2. As-tu choisi l'option NP (Normale Primaire)?
Oui : ....... Non : .........
3. Sinon, quelle option as-tu choisi ? 1er
Choix : ...........2ème choix : ...........
3ème choix : ..................... pourquoi l'as-tu
choisie ? Tu te sentais capable ? Comment as-tu accepté de
venir à l'ENP ?
4. Quels sont tes sentiments aujourd'hui ?
q sentiment d'abandonner
q découragement
q sans motivation
q peu de motivation
q très motivé, j'accepte cette orientation
q espoir
5. Si oui, qu'est-ce qui t'a poussé à choisir
l'option Normale Primaire et pas autre option? Quelle est ta satisfaction
actuelle ? Comment la manifestes-tu dans ton processus
d'apprentissage ?
6. Justifiez votre choix : NP : ......... Autres
(précisez)...........
q bonne orientation professionnelle (bon métier
après les études, c'est ma vocation)
q bonne orientation professionnelle (bon salaire et bonne
position sociale après les études)
q bonne orientation scolaire (la poursuite de l'enseignement
supérieur est possible)
q cette option est dans une école proche de mes
parents
q j'ai des capacités intellectuelles pour cette
option
7. Quelles sont tes appréciations aujourd'hui :
Aspects positifs :
..............................................................................
.................................................................................................
Aspects négatifs :
.............................................................................
...................................................................................................
8. A votre avis, que faudrait-il faire pour améliorer
votre motivation ?
..............................................................................................
Annexe N°4: Guide d'entretien avec les
enseignants
1. Intéressez-vous à la motivation ?
Expliquez
2. Pratiquez-vous l'enseignement motivationnel ?
Comment ?
3. Pratiquez-vous l'aide méthodologique ?
Expliquez
4. Organisez-vous des situations de dialogue en classe afin
d'identifier, analyser et discuter des stratégies de motivation et des
processus de résolution de problème mis en oeuvre par les
élèves ?
5. Savez-vous donner du temps à vos
élèves pour expliquer à leurs camarades, les processus mis
en jeu dans une situation problème réalisée ?
comment ?
6. Permettez-vous souvent à l'élève de
réfléchir son action d'apprentissage et d'exerce un
autocontrôle sur son processus d'apprentissage ? Expliquez
7. Accordez-vous aux élèves le temps
nécessaire pour prendre des initiatives et des risques pour auto
évaluer leur démarche, pour prendre conscience de leurs erreurs
et les corriger ? comment ?
8. Avez-vous déjà pris le temps de
réfléchir sur votre propre motivation et sur ce qui vous poussez
à motiver vos élèves ? Faites-vous parfois un retour
réflexif sur vos interventions pédagogiques et vos interactions
avec les élèves ? Expliquez
9. Interrogez-vous sur les stratégies de la motivation
dans une situation d'apprentissage ? Son impact à la
réussite et à la performance ? Expliquez
10. Quelle est votre attitude face à un
élève qui n'aime pas suivre votre cours ? Qui est
désintéressé parce qu'il est dans une école qu'il
n'a pas choisie ?
11. Avez-vous l'habitude de les questionner par exemple sur
leurs perceptions (de l'école, de la réussite scolaire, de leur
capacité,...) ? comment ?
12. Intégrez-vous dans les disciplines une approche
motivationnelle ? Expliquez
13. Privilégiez-vous la méthode active ?
Expliquez
14. Pratiquez-vous aussi l'approche par
compétence ? Expliquez
* 1 Une école
d'enseignement secondaire professionnel qui forme les futurs enseignants du
primaire
* 2 Après le premier
cycle du secondaire (collège)
* 3 Une autre observation est
faite aussi au niveau des matières qui ne font pas partie d'examen
à la fin d'un cycle d'étude.
* 4 Attentes, projets et
motivations des médecins face à leur
exercice professionnel, mars 2007
Voir le Site :
http://www.web.ordre.medecin.fr/actualite/enqueteb
* 5
http://www.chambery.grenoble.iufm.fr/home/SHS/CAPSAIS/Fichenligne/BiblioAIS-Motiv-GrM.htm#LIEUR
* 6
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_1996/1996_18.html#Heading1#Heading1
consulté le 12/01/2008
* 7
http://www.upmf-grenoble.fr/sciedu/pdessus/sapea/motivation.htm
:séminaire d'analyse des pratiques d'enseignement/apprentissage
Mise à jour : octobre 2001, document
créé en octobre 2000. Consulté l0 janvier 2008
* 8
www.csmb.qc.ca/gesclasse/html/documentation/comprendre/motivation_base.htm
* 9 Toutes les informations sur
la motivation d'accomplissement sont tirées de :
Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, p239-240
* 10 L'enseignant doit
chercher des stratégies de motivation appropriées pour cette
catégorie d'élève.
* 11 Le document complet est
publié par Ménard Louise sur le web site en 1997 :
http://www.protic.net/profs/menardl/reflexion/unmodle.htm
consulté le 12 janvier 2008
* 12 60 % de la population vit
en dessous du seuil de la pauvrette
* 13 65% de son PNB
* 14 MINEDUC, Éducation
Pour Tous : Plan d'Action, p.13
* 15 Mission qu'elles ont du
mal à mettre en exécution
* 16 Après quelques
années, les ENT sont supprimées
* 17 Le constat de la
modification comportementale des analphabètes valorise l'activité
de l'enseignant devant les apprenants futurs enseignants.
* 18
http://www.web.ordre.medecin.fr/actualite/enqueteb
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