II - NOTION D'ORGANISATION
DE MARCHÉ
La nécessite de comprendre l'organisation des
marchés est liée au fait que tous les types de chaînes de
distribution qui existent s'articulent au tour d'un marché (Koffi-Tessio
et al, 2000) et de plus, les circuits de distribution qui, se réalisent
à travers des opérations techniques, sont aussi le lieu d'une
rencontre entre les vendeurs et les acheteurs. Ils remplissent ainsi une
fonction économique importante qu'exprime le mot de marché (Viau,
1969). Donc mieux comprendre le jeu du marché (son organisation), selon
ces auteurs, permettra une meilleure connaissance du fonctionnement des
circuits de distribution.
Pour Badjaré (2004), l'organisation des marchés
est la coordination des activités de production, de commerce, de
consommation et de l'ensemble des services nécessaires à
l'échange à savoir le transport, la transformation, le stockage
le tri et le crédit. Elle concerne la coordination dans l'espace des
zones de production, de collecte, de distribution et de consommation et la
coordination socio-économique des décisions des différents
acteurs dont les intérêts parfois contradictoires sont toujours
interdépendants. Il faut tout de même reconnaître qu'il
existe des relations entre l'organisation comme coordination et
l'efficacité de l'échange.
En effet, l'organisation comme coordination est
nécessaire à la rencontre entre production vivrière et
consommation de plus en plus localisée dans les centres urbains. De ce
fait, une bonne organisation des marchés faciliterait les transactions.
Par contre l'inorganisation est source de nombreuses conséquences que
sont : la faible rétribution des producteurs, le coût
élevé du produit pour les consommateurs et le manque de
compétitivité de la production locale par rapport aux
importations.
Selon les analystes du secteur, seraient organisées,
les transactions qui passeraient, par des entreprises avec un certain
contrôle sur les prix par opposition à l'intervention
d'intermédiaires nombreux dispersés et non officiels.
L'inorganisation fait parfois référence au manque de
centralisation des transactions. Ce défaut conduisait au manque
d'économie d'échelle et de transparence qui sont deux
imperfections génératrices de surcoût. Yamdjeu (2003)
montrait que l'atomisation apparente dans l'espace et le temps des circuits
commerciaux africains sont souvent dus à la dispersion des zones de
production et aux difficultés de transport. Dans un tel contexte, la
centralisation des points de vente peut engendrer des coûts de transport
supplémentaires.
L'organisation des marchés prend en compte deux
éléments essentiels : Les dimensions de l'organisation, les
formes de l'organisation
2.1. Dimensions de l'organisation
Il s'agit essentiellement de l'organisation spatiale,
fonctionnelle et socio-économique
å L'organisation spatiale
Elle constitue la rencontre entre production et consommation
et exige donc une circulation dans l'espace des produits (Fonctionnalité
des infrastructures et moyens de transports)
å L'organisation fonctionnelle
Elle prend en compte toutes les fonctions nécessaires
pour assurer la rencontre entre production et consommation. Ces fonctions ont
trait au transport du produit dans l'espace, la forme et le temps. Il s'agit du
commerce de gros, du commerce de détail, du transport, stockage bref
toutes les opérations physiques des circuits de distribution. Aucune
fonction n'est inutile ou parasitaire. Chacune d'entre elles exige un savoir
faire spécialisé. C'est pourquoi, il faut se garder d'une
condamnation systématique des intermédiaires.
å Organisation socio-économique
Les acteurs de la production et de l'intermédiation ont
des comportements interdépendants, car tous poursuivent l'objectif
d'acheminer le produit jusqu'aux consommateurs pour satisfaire la demande en
terme de qualité, quantité et disponibilité
régulière. Les opérateurs de l'échange sont
liés par une finalité commune : obtenir un revenu
monétaire à travers des opérations d'achat et revente.
Leurs revenus dépendent étroitement des prix d'achat et la
revente des produits pour une quantité donnée.
Certes il y a contradiction entre les intérêts
des agents aux différents maillons ; un prix élevé
à la revente résultant en un coût d'achat supérieur
pour le maillon suivant. Cependant aucun agent n'a intérêt
à ce que l'activité de son fournisseur ou de son distributeur
perde tout intérêt économique et que celui-ci se retire du
secteur. Les interdépendances et contradictions entre les
intérêts des différents acteurs rendent nécessaire
la coordination ou confrontation des décisions des différents
acteurs pour parvenir à leur comptabilité (Ménard,
1990 ; Badjaré, 2004)
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