CHAPITRE III : LES PROPRIETAIRES ET GERANTS DES
TELECENTRES ET CYBERCAFES, ENTRE UNITE ET DIVERSITE
Dans un contexte socio-économique marqué par le
chômage et l'inactivité des jeunes, les télécentres
et cybercafés constituent d'importantes activités
créatrices d'emplois et de richesses. Or, Ouagou Niayes étant un
quartier essentiellement résidentiel qui n'offre aucune activité
à ses habitants, télécentres et cybercafés sont des
moyens efficaces pour remédier au chômage. C'est ainsi qu'ils
occupent un nombre plus ou moins important de personnes dont certaines sont
propriétaires des structures et d'autres des gérantes. Qu'est-ce
qui fonde les particularités de ces gens ? Voilà le domaine de
préoccupation que ce chapitre prend en charge.
I - Profil des propriétaires des
télécentres et cybercafés
1 - Les propriétaires de télécentres,
des commerçants en majorité
Le nombre de propriétaires de télécentres
interrogé lors des enquêtes est de seize (16). L'examen de leurs
caractéristiques socio-démographiques montre diverses situations.
Toutefois, l'élément de l'analyse qui, au regard des objectifs de
l'étude, retient le plus l'attention, est relatif à leur
occupation professionnelle.
En effet, la répartition des propriétaires de
télécentres en fonction du genre révèle la
prépondérance des hommes (97% contre 6,3% de femmes). Cette
disproportion se justifie probablement par le fait que les hommes sont moins
affectés par la pauvreté et disposent ainsi en
général davantage de moyens financiers nécessaires
à la réalisation de ces types d'infrastructures. Ils sont par
ailleurs d'habitude moins passifs que les femmes quant à la recherche de
promotion socio-économique.
Les propriétaires sont d'ethnies diverses mais les
Wolofs sont majoritairement représentés avec un pourcentage de
62,5%. Les Pulaar (18,7%) viennent en seconde position avant les Sereer, les
Bambara et les Diola qui font chacun 6,3%.
Leurs âges sont compris entre 27 et 48 ans avec une moyenne
tournant autour de 37,6 ans. Seuls 31,2% parmi eux ont un âge
inférieur à la moyenne, 68,8% en ont plus.
Le niveau d'instruction est assez élevé
puisqu'un (1) seul propriétaire sur seize (16) a le niveau
élémentaire. 37,5% sont de formation arabe / coranique, 18,7% ont
atteint le niveau secondaire et 37,5% ont mené des études
supérieures. C'est donc probablement cet assez-bon niveau d'instruction
qui leur donne l'esprit d'entreprenariat et le sens des affaires.
Par ailleurs, les propriétaires des
télécentres sont en majorité des personnes mariées
avec un proportion de 68,7%. 31,3% seulement d'entre eux vivent dans le
célibat.
Enfin, ce sont des gens d'un confort financier et d'une
capacité d'investissement avérés. En effet, la
majorité d'entre eux sont des commerçants (50%). Ceux-ci sont
suivis des photographes, informaticiens, peintres et vendeurs de PMU,
regroupés sous l'appellation « autres » et qui
représentent 25% de l'effectif total des propriétaires ; des
fonctionnaires et enseignants avec 6,3% pour chaque catégorie.
Cependant, 12,5% des propriétaires n'ont pas d'autre occupation
professionnelle en dehors de celle que leur offre l'exploitation de leurs
télécentres, c'est-à-dire le statut. (cf. tableau n°
7)
Tableau n° 7 : répartition
des propriétaires de télécentres en fonction de
l'activité professionnelle
principale
|
Effectifs
|
%
|
Activité professionnelle principale
|
sans
|
2
|
12,5
|
fonctionnaire
|
1
|
6,3
|
commerçant
|
8
|
50,0
|
enseignant
|
1
|
6,3
|
autres
|
4
|
25,0
|
TOTAL
|
16
|
100,0
|
Source : enquêtes, juin - août
2004.
Un tel constat fait penser que les propriétaires de
télécentre sont en majorité des gens aisés, qui ont
une situation financière plus ou moins confortable puisque l'ouverture
d'un télécentre nécessite un lourd investissement,
dissuasif pour plus d'un sénégalais.
Deux propriétaires ont refusé de
révéler le montant du bénéfice -- gain obtenu
après le règlement des factures du téléphone,
d'électricité et de la location -- qu'ils tirent mensuellement de
leurs télécentres, alléguant le caractère
confidentiel de cet élément. Néanmoins, les informations
recueillies des autres permettent d'affirmer que ces gens tirent des
bénéfices substantiels de leurs entreprises (cf. tableau n°
8).
Tableau n° 8 : répartition
des propriétaires selon le bénéfice mensuel tiré de
l'exploitation des télécentres
|
Effectifs
|
%
|
Bénéfice mensuel en francs
CFA
|
non réponse
|
2
|
12,5
|
40 000 - 80 000
|
4
|
25,0
|
80 000 -120 000
|
9
|
56,2
|
120 000 - 160 000
|
1
|
6,3
|
TOTAL
|
16
|
100,0
|
Source : enquêtes, juin - août
2004.
Le bénéfice moyen mensuel tiré de
l'exploitation des télécentres par les propriétaires
s'élève à plus de 80 000 francs CFA. 25% des exploitants
gagnent entre 40 000 et 80 000 francs CFA par mois, 56,2% entre 80 000 et 120
000 francs et 6,3% entre 120 000 et 160 000 francs.
De manière générale, 62,5% des exploitants
ont mensuellement un bénéfice supérieur à la
moyenne et 37,5% d'entre eux en ont moins.
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