Agriculture et croissance économique au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Hervé BELLA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2009 |
2.1.3 La commercialisation des produits agricolesLa politique commerciale du Cameroun au cours des vingt années qui ont suivi l'indépendance a été marquée par un souci de protéger l'industrie naissante. Ainsi, « d'importantes barrières tarifaires et de Restrictions Quantitatives (RQs) prévalaient alors dans le Programme Général des Échanges (PGE) »25(*). Le secteur agricole a été relativement moins protégé. Toutefois, des barrières tarifaires étaient dressées pour limiter la compétitivité de certains produits alimentaires importés. Durant la période de planification, les prix étaient pour la plupart administrés ; l'État veillait à la stabilité de leurs fluctuations. Des organismes publics ou parapublics achetaient aux petits et moyens agriculteurs, leur production à des prix fixés par l'État en début de campagne; l'on parlait alors de "prix au producteur". Pour le cacao, le café et le coton, l'Office National de Commercialisation des Produits de Base (ONCPB) constituait une interface entre les producteurs et les exportateurs. Cet office opérait avec une caisse de stabilisation. Il contrôlait ainsi le commerce des produits de base sus cités en assurant aux agriculteurs un prix de vente rémunérateur des coûts de production. L'ONCPB a constitué un intermédiaire entre les producteurs du cacao, du café et du coton, et le marché mondial. Tout en offrant des circuits de commercialisation aux producteurs, il a également joué un rôle de tampon face aux fluctuations des prix sur le marché mondial. En cas de baisse des prix mondiaux, les prix aux producteurs devaient être subventionnés, dans le but d'encourager les agriculteurs à continuer la production des cultures d'exportation jugées stratégiques. Mais cette politique n'a pu être mise en oeuvre au cours de la crise et la baisse drastique des cours des produits de base. La tendance était la même pour toutes les autres cultures de rente ; l'État ou encore des sociétés privées assuraient aux producteurs des circuits de commercialisation. Plusieurs autres organismes ont joué un rôle similaire dans la commercialisation des produits agricoles. Pour les céréales, l'office céréalier devaient constituer des stocks de sécurité et régulateur afin de lutter contre la famine et la pauvreté et de stabiliser les prix des céréales. Les sociétés de développement avaient en leur charge des paysans généralement regroupés en organisations auxquelles elles constituaient l'acheteur exclusif de la production en fin de campagne. C'est le cas de la SODECOTON, qui joue d'ailleurs encore ce rôle auprès de nombreuses associations paysannes du Nord-Cameroun. Tableau 3: Différence entre prix au producteur et prix FOB pour le cacao (en F CFA/kg)
Source : UNCTAD (2006) Pour les cultures vivrières, la MIDEVIV a joué le rôle d'office de commercialisation. Cet organisme public s'occupait de la commercialisation et de l'assistance à la production des cultures vivrières. La MIDEVIV rachetait les produits vivriers aux agriculteurs et assuraient le transport vers les centres urbains pour la commercialisation. * 25 BAMOU E., NJINKEU D., DOUYA E. (2001), «Agriculture et nouveau programme des négociations de L'OMC des années 2000: analyse économique des intérêts et options politiques du Cameroun», Contribution au projet conjoint Banque Mondiale et Consortium de la Recherche Economique en Afrique (CREA). |
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