Agriculture et croissance économique au Cameroun( Télécharger le fichier original )par Hervé BELLA Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur d'Application de la Statistique 2009 |
1.3 Développement de l'agriculture en tant que secteur à part entière de l'économieIl est certes admis que dans une économie en pleine croissance, la part du secteur agricole dans l'économie est vouée à la décroissance. La Banque Mondiale dans son Rapport sur le Développement dans le Monde (RDM) distingue trois catégories de pays : les pays à vocation agricole, les pays en transition et les pays urbanisés. Dans ces groupes de pays, la contribution de l'agriculture au PIB est, en moyenne, respectivement de plus de 40 %, 20 % et 8 %. Tandis que la part moyenne d'actifs occupés dans le secteur agricole est respectivement de 34 à 64 %, 43 % et 22 %20(*). La raison vient des caractéristiques propres de l'agriculture qui est une activité dotée d'une productivité relativement faible. La BM résume mieux cela lorsqu'elle énonce une des hypothèses formulées par les économistes : « la croissance de la productivité agricole est intrinsèquement lente »21(*). Il pourrait ainsi paraître difficile de se baser sur l'agriculture pour réaliser des objectifs de croissance et de développement soutenus. Mais dans un contexte de décollage économique, l'agriculture peut s'avérer un secteur en tête de l'économie. Il existe des exemples où l'agriculture a crû plus rapidement que l'industrie. « Au Chili et au Brésil, l'agriculture s'est développée plus rapidement que l'industrie pendant la décennie 1990 »22(*). Le RDM fait état d'une forte population rurale vivant en dessous du minimum acceptable. L'activité majeure de ces ruraux demeure l'agriculture. Ainsi, « du simple fait de sa taille, le secteur agricole est capital pour le développement, au moins à moyen terme»23(*). La BM note également que dans les pays où la croissance non agricole s'est accélérée, l'écart entre revenus urbains et revenus ruraux s'est accentué. En effet, les mécanismes de redistribution du fruit de cette croissance ne sont pas toujours favorables au monde rural. Le développement du secteur agricole pour lui-même permettrait ainsi d'élever le niveau de vie des personnes vivant en milieu rural. En plus, les politiques qui consisteraient à taxer le secteur agricole ont eu un effet positif pour la croissance de nombreux pays industrialisés d'aujourd'hui. Mais ces politiques peuvent être désastreuses si elles sont mises en application immédiatement après la réalisation des investissements. Le risque est élevé que la poule soit tuée avant d'avoir pondu les oeufs d'or. D'ailleurs, comme le montre une étude menée par KRUEGER, SCHIFF, VALDÈS (1998) et d'autres, il existe une relation négative entre les politiques de taxation et la croissance globale de l'économie. Une croissance plurisectorielle s'impose ainsi pour assurer un développement harmonieux de l'économie. Le secteur agricole doit ainsi être développé pour son plein épanouissement. * 20 Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2008 : L'agriculture au service du développement, p. 34 * 21 Op. cit. p. 47 * 22 NORTON R. D. (2005), p. 7 * 23 Banque Mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 2008 : L'agriculture au service du développement, p. 38 |
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