3.1. Caractéristiques de l'élevage ovin
dans la commune de Saint- louis
3.1.1 Données
socio-démographiques
3.1.1.1 Identité des
éleveurs
· Sexe et âge
L'analyse du tableau 4 montre que les éleveurs
enquêtés sont pour l'essentiel (82,8%) des hommes, contre
seulement 17,2% de femmes ; ceci est à l'inverse de ce que l'on
observe généralement en milieu rural où l'élevage
du mouton (des espèces à cycle court en général)
est surtout pratiqué par les femmes et les enfants.
Les femmes qui pratiquent l'élevage du mouton ont
toujours un certain degré de responsabilité. Elles sont en
majorité des mariés (58,1%), des veuves (32,6%) et des
divorcées (9, 3%). Aucune femme célibataire n'a
été recensée dans notre échantillon.
L'âge des éleveurs enquêtés est
compris entre 25 et 60 ans pour 86,4% des cas. Cet âge correspond
à la période active de la vie d'un individu. Les jeunes de moins
de 25 ans sont tous des garçons et représentent 4,4% de
l'échantillon. Les personnes du troisième âge quant
à elles, sont de l'ordre de 9,2% et sont à 93% des hommes.
Cet engouement des hommes vers l'élevage du mouton,
s'expliquerait par l'étroitesse de l'habitat urbain non propice à
l'entretien d'autres espèces plus grandes ou plus contraignantes
à élever, mais aussi et surtout par le soucis de régler le
problème d'approvisionnement en moutons de tabaski, qui constitue un
véritable casse-tête pour les responsables de famille.
Tableau 4 : Répartition des
éleveurs par âge et par sexe
age
|
hommes
|
femmes
|
totaux
|
0 à 25 ans
|
9
|
|
11
|
25 à 60 ans
|
176
|
40
|
216
|
plus de 60 ans
|
21
|
2
|
23
|
Totaux
|
201
|
43
|
250
|
Figure 1 : Répartition de la
population par âge et par sexe
· Activités
professionnelles
Plus de la moitié des éleveurs
enquêtés soit 57,6% ont une activité professionnelle
libérale. Ce sont soit des commerçants, des marchands, des
transporteurs, ou des ouvriers prestataires de service (maçons,
mécaniciens, menuisiers...).
Les salariés représentent 34,4%,
c'est-à-dire le tiers environ et sont en majorité des
enseignants. Les éleveurs restants (8%) n'ont pas de revenus, ils sont
surtout constitués par les personnes du troisième âge
entièrement pris en charge par leurs proches.
Ainsi donc, toutes les catégories de profession et
même les sans profession pratiquent à des degré divers,
l'élevage du mouton en milieu urbain. L'activité d'élevage
est considérée comme un moyen d'épargne et de valorisation
des sous-produits agricoles, de meneurie et des restes de repas de la
maison.
· Origine des éleveurs
Les éleveurs enquêtés sont en
général d'origine citadine (64,4%) ; ils sont nés et
ont grandi en milieu urbain. Ceux qui sont originaires du monde rural,
représentent quand même 36,5%. Cette observation montre que la
pratique de l'élevage du mouton ne dépend pas de la provenance,
mais constitue plutôt une longue tradition dans la commune de
Saint-Louis.
· Appartenance à une Organisation de
Producteurs (OP)
Les éleveurs de moutons de la commune de Saint-Louis
sont à 76% non membres d'une organisation professionnelle. Seul 24%,
soit le quart, est membre d'une association d'éleveurs. Parmi ceux-ci,
plus de la moitié ont adhéré au CAEM, soit 58,3% et le
reste à la MDE, soit 41,7%.
Par conséquent, le niveau d'organisation des
éleveurs de moutons dans la ville de Saint-Louis, reste encore assez
faible pour une meilleure prise en charge de leurs problèmes
spécifiques.
· Niveau d'instruction
Les éleveurs de moutons ayant fréquenté
le système éducatif formel représentent 71,6%. Parmi
eux, 14,6% a atteint le niveau universitaire, 39,6% le niveau secondaire et
près de la moitié (45,8%) des éleveurs instruits s'est
arrêtée au niveau primaire. Les éleveurs restants (28,4%)
ont reçu un enseignement coranique poussé. Aussi, parmi les
éleveurs qui ont été scolarisés, près de la
moitié (47,5%) a, en plus, reçu un enseignement coranique
poussé, ce qui est caractéristique des saint-louisiens.
Tous les éleveurs enquêtés sont donc
instruits avec des niveaux d'études variables. Ils seraient
à priori plus réceptifs aux innovations, si une bonne politique
d'organisation, de formation et de professionnalisation est entreprise par les
pouvoirs publics à leur endroit.
3.1.1.2 Statut d'occupation de la
concession
Les éleveurs de moutons enquêtés logent
à 50,8%, soit la moitié, dans des concessions dont la superficie
est comprise entre 150 et 300 m2. Un quart des éleveurs
(24,6%) loge dans des concessions dont la superficie est inférieure
à 150 m2 et le quart restant (24,6%) occupe des concessions
dont la superficie est supérieure à 300 m2. C'est
donc une distribution équitable avec l'allure d'une courbe en cloche,
qui obéit à la loi de Gauss.
Les éleveurs sont propriétaires de leurs lieux
d'habitations dans les 69,6% des cas enquêtés, moins du quart des
éleveurs est logé gratuitement dans une maison familiale soit
21,2% des cas, ils occupent un logement de fonction pour 3,6% des cas et ils
sont locataires pour 5,6% des effectifs enquêtés. Il
apparaît donc que ceux qui sont propriétaires de leur maison ou
qui sont logés dans des maisons familiales (90,8%), sont plus à
l'aise pour pratiquer cet élevage.
Néanmoins, quelque soit le statut d'occupation de la
concession et la superficie de celle-ci, les Saint-Louisiens ont la
volonté de pratiquer l'élevage des ovins. Il faut cependant noter
que les éleveurs de moutons habitent en grande majorité dans des
concessions leur appartenant et dont la superficie est supérieure
à 150m2. Les locataires quant à eux, s'adonnent moins
à la pratique de l'élevage car ils ne sont pas seuls
responsables des concessions qu'ils occupent, c'est également le
même constat pour ceux qui occupent des logements de fonction.
3.1.1.3 Motivation à pratiquer
l'élevage
Très peu d'éleveurs enquêtés (7,6%)
déclarent avoir pratiqué l'élevage des ovins dans un but
purement économique. Ces éleveurs considèrent que cette
activité permet de mieux valoriser les sous- produits de la maison et de
faire ainsi de la valeur ajoutée.
Le reste (92,4%) des éleveurs, déclare l'avoir
pratiqué pour des raisons d'ordre religieux, culturel ou social. En
effet, dans la religion musulmane, le mouton est l'animal qui a permis de
sauver la vie d'Ismaël (fils du Prophète Ibrahima), quand le
Seigneur ordonna à celui-ci, de sacrifier son fils en guise
d'obéissance : c'est ce qui est perpétué sous
l'appellation d'Aïd el Kabîr, ou Tabaski et
explique tout le sens qui lui est accordé aujourd'hui.
Sur le plan culturel, l'élevage de mouton constitue
selon des enquêtés, une tradition qu'ils se doivent de
perpétuer quelque soit les conditions de vie. Au plan social, les
Saint-Louisiens considèrent le mouton comme un être
vulnérable, que l'homme doit élever et entretenir pour que son
acte soit valorisé comme une bienfaisance. Aussi, un bélier bien
entretenu dans une famille n'est-il pas un signe de bien être social et
de prestige ?
3.1.1.4 Mode d'acquisition des animaux en début
d'activité
Seul le dixième des enquêtés (10,4%) a
commencé à élever des moutons il y a moins de cinq
ans ; plus de la moitié (51,1%) a plus de cinq ans
d'expérience et le reste (38,4%) a commencé à pratiquer
l'élevage des moutons depuis le bas- âge. Ces résultats
montrent que les éleveurs de moutons de la commune de Saint-Louis ont
acquis une grande expérience dans les pratiques d'élevage.
Pour démarrer leurs activités, les
éleveurs ont utilisé des fonds propres acquis par épargne
pour 74,7% des enquêtés, par héritage pour 12% et par don
pour 9,7% d'entre eux. Un faible taux d'éleveurs (3,6%) a dû
recourir à un emprunt pour acquérir ses premiers lots d'animaux.
Par conséquent, il faut noter que pour la quasi-totalité des
éleveurs (96,4%), les animaux sont acquis sur fonds propres. Ceci
pourrait s'expliquer soit par le but non lucratif de l'activité pour
certains éleveurs, soit par la modicité des investissements de
départ souvent supportables par l'éleveur, ou bien encore, par le
manque de structures de financement pour ce type d'activité.
3.1.2 Données techniques
3.1.2.1 Composition et structure du cheptel ovin de la
commune
Comme le montre le tableau 5, les
élevages enquêtés sont composés d'ovins (48,4%), de
caprins (13,7%), de bovins (1,2%) et de volaille (36,7%).
La prédominance des ovins et de la volaille dans les
élevage s'explique entre autre par le fait que ces espèces
semblent être plus facile à garder, à entretenir et sont
moins exigeants en espace, élément qui constitue le principal
facteur limitant de la pratique de l'élevage dans les zones urbaines.
Les bovins sont très peu élevés car leur
entretien demande beaucoup plus d'espaces et d'intrants alimentaires grossiers
souvent difficiles à acquérir en ville.
La chèvre quant à elle s'accommode peu à
la stabulation et l'espace urbain n'est pas propice à la divagation
d'où sa faible représentativité au sein des
élevages enquêtés.
Tableau 5 : Composition et structure du
troupeau des élevages enquêtés
ovins
|
caprins
|
bovins
|
volailles
|
mâles
|
femelles
|
total
|
644
|
715
|
1359
|
385
|
33
|
1032
|
Le tableau 6 montre que les ovins qui font
l'objet de notre étude, sont élevés au niveau des
concessions en troupeaux moyens de 5,43 #177; 2,04 têtes. Les effectifs
par troupeau varient ainsi de 1 à 18 têtes avec un mode de 5
têtes par élevage.
Les effectifs constatés sont relativement faibles
comparés à ceux des élevages en milieu traditionnel rural,
constitués en général de plusieurs dizaines de
têtes. Le sex-ratio est de 0,9 mâle pour 1 femelle alors que les
normes techniques préconisent 1 pour 40. Ce sex-ratio trop favorable au
sexe masculin s'expliquerait par le fait que les éleveurs
privilégient l'élevage des mâles car, il s'agit du sexe le
plus convoité aussi bien pour l'autoconsommation que pour la vente
pendant les cérémonies familiales et la Tabaski.
Tableau 6 : Structure des
troupeaux ovins de l'échantillon
|
mâles
|
femelles
|
totaux
|
Effectifs enquêtés
|
644
|
715
|
1359
|
Effectifs moyens par concession
|
2,57
|
2,86
|
5,43
|
écarts types
|
1,31
|
1,32
|
2,04
|
mode
|
2
|
3
|
5
|
Figure 2 : Composition et structure du
troupeau des élevages enquêtés
Les animaux qui composent notre échantillon
proviennent, d'après le tableau 7, à 60,6% du troupeau du
propriétaire concerné. Ils proviennent aussi d'autres troupeaux
dont le propriétaire réside dans la commune pour 29% et seul le
dixième environ (10,4%) provient hors de la commune de Saint-Louis.
Tableau 7 : Origine des animaux des
troupeaux de l'échantillon
Origines
prononcées
|
né dans le troupeau
|
achat dans commune
|
achat hors commune
|
don dans commune
|
don hors commune
|
fréquence absolue
(fois)
|
198
|
88
|
32
|
7
|
2
|
fréquence relative
(%)
|
60,6
|
26,9
|
9,8
|
2,1
|
0,6
|
Cette manière de renouveler les effectifs permet aux
éleveurs de fixer, de confirmer et même d'améliorer le sang
existant dans leurs troupeaux respectifs, grâce au
phénomène de la consanguinité avec néanmoins le
risque de faire apparaître certaines tares.
A long terme, en effet, si aucune précaution n'est
prise, avec le faible niveau d'introduction de sangs nouveaux dans la ville,
certains gênes récessifs peuvent apparaître au niveau des
élevages trop fermés sur eux-mêmes, au risque de faire
émerger les effets pervers de la consanguinité.
3.1.2.2 Répartition des élevages dans la
commune
Les résultats de la campagne de vaccination 2005 ont
montré que les plus grands effectifs du cheptel de la commune se
rencontre par ordre décroissant dans le Sor centre (45,7%), la banlieue
(25,7%), la Langue de Barbarie (19,3%) et en fin le centre ville (9,3%). Mais,
ces résultats sont à prendre avec beaucoup de précaution,
car, en prenant en compte l'étendu des zones et le nombre de concessions
existant au niveau de chaque zone, la densité des élevages serait
peu variable d'un endroit à un autre. Ceci montre que quelque soit la
localisation et la nature du quartier, le Saint-Louisien reste toujours
attaché à la pratique de l'élevage du mouton.
3.1.2.3 « Races »
élevées
Les résultats de l'enquête ont
révélé que les races Peul et Touabire dont la
région naturelle correspond à notre zone d'étude,
sont élevées respectivement à 13,5% et à 31% dans
les élevages de la commune de Saint-Louis. Les Bali- bali se
rencontrent à 23,1%, les Ladoum à 14,9%, les croisés
à 16,4% et les autres races telles que l' Azawack à 1,1%.
Cependant, il est difficile d'affirmer la pureté de ces races.
Les statistiques révèlent ainsi que les
éleveurs de la commune de Saint-Louis, s'intéressent d'abord aux
races locales mais, il existe une forte tendance d'amélioration
génétique, au regard de la fréquence des races
jugées plus performantes et provenant d'autres régions
africaines, rencontrées dans les élevages enquêtés.
Il faut cependant prendre ces résultats avec beaucoup
de précaution, en effet, s'agit- il réellement de races ou
simplement des souches d'ovins ? Une étude approfondie devrait
permettre de mieux caractériser ces types génétiques
identifiés pour confirmer ou infirmer leur existence.
Les éleveurs ont déclaré avoir choisi ces
races pour la morphologie des animaux à 63,4%, pour un souci de
rentabilité économique à 14,9%, pour la rusticité
des animaux à 11, 3%, pour le prix d'acquisition ou de vente des
animaux jugé intéressent à 3,3% et pour un simple fait du
hasard donc sans raison spécifique pour 6,1% des enquêtés.
C'est donc la conformation, l'esthétique de l'animal et dans une moindre
mesure le souci de rentabilité économique qui orientent le choix
du type génétique à élever. La quasi
totalité des éleveurs enquêtés,
préfère les animaux de robe conjuguée (pie) ou les animaux
de robe unicolore blanche soit respectivement 48,3% et 47,6%. Les
éleveurs qui ont porté leur choix sur les animaux de robe
composée telles que le gris et l'aubère, représentent 2,5%
alors que le reste des éleveurs (1,6%) préfère les animaux
multicolores. Ces résultats confirment le penchant des éleveurs
du côté esthétique quand ils doivent choisir des animaux
à élever. Les animaux à cornes courtes et les animaux sans
cornes sont largement préférés par rapport aux animaux
à cornes longues qui ne sont souhaités qu'à 17%. Les
éleveurs ont justifié leur choix par des raisons de
sécurité car selon eux, aussi bien les enfants que les femmes
manipulent les animaux et que les risques d'accidents sont plus importants si
le cornage de l'animal est long.
3.1.2.4 Mode de garde et type de logement
Contrairement à ce qui se pratique en élevage
traditionnel, les animaux de la commune de Saint-Louis sont gardés en
stabulation dans 98,1% des élevages enquêtés et seul
1,9% des animaux est laissé en divagation. Les animaux en stabulation
sont entravés à 61,2% et sont laissés libres dans l'enclos
à 38,8%. Il faut cependant, noter qu'aucun éleveur ne pratique
exclusivement un seul mode de garde. Si la divagation est pratiquée, les
animaux vont seuls aux pâturages, dans les rues ou dans les places
publiques pendant une partie de la journée à la recherche de
nourriture et le soir, ils sont gardés dans un enclos tantôt
libres, tantôt entravés.
Pour les animaux en stabulation, les mâles sont en
général attachés à des piquets dans une partie de
l'enclos et les femelles sont laissées libres dans l'autre partie. Ce
mode de garde permet aux éleveurs de mieux maîtriser la
reproduction car, aucune saillie ne pourra se faire sans la volonté de
l'éleveur.
L'habitat des animaux est localisé à
l'intérieur des concessions dans 81,3% des élevages
enquêtés. Il est situé hors des concessions dans 12,4% des
cas et pour les élevages restant (6,3%), il existe deux locaux dont l'un
est situé dans la concession et l'autre hors de la concession.
Même si l'habitat se situe hors de la concession, il n'abrite les animaux
que pendant le jour ; le soir en effet, les animaux passent la nuit
à l'intérieur de la concession et très souvent dans la
cour.
Cette manière d'abriter les animaux, permet ainsi aux
éleveurs de minimiser les risques de vol de bétail,
phénomène le plus redouté dans nos systèmes
d'élevage traditionnels.
L'habitat des animaux est le plus souvent constitué de
hangars ou d'enclos construits avec des matériaux locaux ou du
matériel de récupération (tôle, zinc, grillage) ou
encore de débarras ou de maisons non occupées faisant office de
bergerie. Cet habitat bien que non conforme aux normes de logement requises,
est fondamental pour la protection des animaux contre les intempéries.
Lors des pluies hors saison de janvier 2002, en effet, il a été
constaté moins de mortalités d'animaux en ville que dans les
campagnes.
Le matériel d'élevage, aussi sobre soit-il,
existe dans 98,4% des élevages qui ont fait l'objet de notre
échantillon et est constitué principalement de râteau, de
pelle, de seau et de bassine.
3.1.2.5 Mode d'alimentation
Les animaux de la commune de Saint-Louis sont alimentés
sur place dans 94,8% des élevages enquêtés. Pour le reste,
les éleveurs pratiquent tantôt la divagation, tantôt la
conduite aux pâturages avec une complémentation le soir.
La fane d'arachide est utilisée comme ration de base
dans 89,2% des élevages, le reste (10,8%) utilise la paille de brousse,
la paille de riz ou le carton selon les périodes et la
disponibilité de ces produits.
Tous les élevages enquêtés utilisent une
ration concentrée qui peut être à base de concentrés
usinés (Jarga, Sénal...), de tourteaux d'arachide, de
grains de céréales, de Niébé, de mélasse, de
son de céréales, mais contient presque toujours des restes de
repas. La composition de la ration renferme globalement tous les
éléments nutritifs nécessaires pour couvrir les besoins
des animaux et pour réaliser de bonnes performances zootechniques ce qui
n'est pas toujours le cas dans les systèmes traditionnels. Dans certains
cas, ont peut même craindre une ration alimentaire trop riche et
très onéreuse, que des études bromatologiques
poussées devraient permettre d'évaluer la valeur nutritive.
La ration de base ainsi que la ration complémentaire,
sont généralement distribuées deux fois par jour (le matin
et le soir), l'abreuvement quant à lui se fait à la
mi-journée pour profiter de l'eau qui a servi au rinçage du riz
utilisé pour préparer le repas de midi. Ces heures de
distribution de la ration sont choisies en fonction de la disponibilité
des éleveurs. La distribution de la ration alimentaire est
assurée par le propriétaire lui-même dans 88% des
élevages, le premier service est fait le matin avant d'aller au travail,
le second se faisant le soir au retour du travail ; l'abreuvement à
midi étant effectué par les femmes, les enfants ou par tout autre
membre de la famille disponible.
Ce mode de gestion de l'alimentation, montre que la pratique
de l'élevage du mouton est d'abord pour le Saint-Louisien une
question d'amour et de tradition à
perpétuer ; c'est le propriétaire lui-même qui prend
en charge l'entretien de ses animaux. En milieu rural par contre,
l'alimentation des moutons est très souvent à la charge des
femmes et des enfants car, les hommes sont préoccupés entre autre
par la recherche de pâturages pour les grands animaux, la recherche de
marché pour l'écoulement du bétail etc.
3.1.2.6 Mode de reproduction
La saillie des femelles est assistée dans 47,2% des
élevages enquêtés. Les élevages qui pratiquent la
saillie libre représentent 44% et le reste (8,8%) pratique
simultanément les deux selon la disponibilité et la
qualité du géniteur qui provient dans 66,4% des cas du même
élevage que la femelle. En milieu rural par contre, la saillie se fait
au niveau des pâturages ou dans les enclos de manière libre et le
géniteur est rarement connu par l'éleveur.
Cette gestion de la reproduction permet aux éleveurs de
la commune de Saint-Louis de mieux planifier les naissances. Elle permet par
ailleurs à certains éleveurs de devenir des prestataires de
service par la location de leurs géniteurs jugés plus
performants.
3.1.2.7 Hygiène et santé des
animaux
Tous les éleveurs enquêtés
déparasitent leurs animaux. La moitié (50,8%) le fait deux fois
par an et près du quart (21,6%) le fait plus de deux fois dans
l'année ; ce qui n'est pas le cas en milieu rural où seuls
les animaux destinés à l'embouche sont quelque fois
déparasités. La vaccination est faite dans 87,6% des
élevages contre la pasteurellose ovine et dans 47,2% des cas contre la
peste de petits ruminants.
Les causes de mortalité sont assez variées
(tableau 8). Elles ne sont pas connues par l'éleveur
dans 17,8% des cas. Les affections digestives et génitales sont les plus
fréquentes et sont respectivement de 36,6% et 16,3%. Cette situation
serait la conséquent d'une mauvaise pratique alimentaire et d'une erreur
dans la gestion de la reproduction.
Tableau 8: Causes de mortalité des
animaux en fonction des effectifs
Causes de mortalités des animaux (nombre de
cas)
|
Inconnue
(ne sait pas)
|
Diarrhée
|
Fièvre
|
Toux
|
Gale
|
Maigreur
|
Constipation
|
Dystocie
|
Autres
|
36
|
63
|
17
|
3
|
2
|
14
|
11
|
33
|
23
|
Les mortalités sont constatées à toutes
les périodes de l'année, mais elles sont plus fréquentes
pendant la saison sèche froide et la saison des pluies et sont
respectivement de 45,5% et 36,9%. Cet état des faits est dû, en
effet, à la fréquence des agnelages pendant la saison
sèche froide et à celle des maladies diarrhéiques pendant
la saison des pluies.
En milieu rural, les mortalités sont surtout
observées pendant la saison sèche froide à cause de la
peste des petits ruminants et de la pasteurellose ovine et pendant la saison
sèche chaude à cause de la malnutrition.
Pour les différentes pathologies rencontrées,
les éleveurs se sont adressés aux techniciens de l'élevage
dans 86,9% des cas, notamment aux vétérinaires privés
installés dans la commune pour 76,7%, aux services traditionnels de
l'élevage et aux auxiliaires vétérinaires. Les
éleveurs ont tenté eux-mêmes de traiter dans 12% des cas et
ont fait recourt au tradipraticien (guérisseur traditionnel) pour
seulement 1%.
Ces résultats montrent que dans la commune, les
éleveurs s'adressent principalement aux techniciens par opposition au
milieu rural où les éleveurs privilégient
l'automédication avec les risques d'une mauvaise utilisation des
produits pharmaceutiques, du non respect des délais d'attente et d'une
mauvaise interprétation de la pharmacopée traditionnelle.
Les éleveurs de la commune de Saint-Louis pratiquent
des actions zootechniques dans 84,5% des élevages qui ont fait l'objet
de notre étude : il s'agit du parage des onglons et de
l'écornage dans 92,6% des cas. La castration et le marquage des animaux
se font dans une moindre mesure, contrairement au milieu rural où ces
deux opérations sont les plus fréquemment réalisées
pour un souci d'une meilleure gestion de la reproduction et de la lutte contre
le vol du bétail qui ne constituent pas de contraintes majeurs en milieu
urbain. D'autre part, la recherche d'un bélier apte pour la Tabaski,
explique la tendance à garder le mâle entier. Ces actions
zootechniques sont réalisées dans 60% des élevages par le
propriétaire lui-même et pour le reste (40%), les éleveurs
font appel tantôt au technicien tantôt au tradipraticien.
3.1.3 Données
socio-économiques
3.1.3.1 Destination des animaux
élevés
Les animaux qui sont sortis des troupeaux
enquêtés sont destinés à 46,8% des cas à
l'autoconsommation et à d'autres usages familiaux. Les animaux vendus
représentent 39,9% et le reste (13,3%) est sorti sous forme de don. A
ces effectifs, il faut ajouter les mortalités qui sont au nombre de 202
sujets recensés pendant les douze derniers mois soit un taux de
mortalité de 1,8%.
Ces statistiques montrent encore, le caractère socio-
culturel de l'élevage des ovins dans la commune de Saint-Louis.
3.1.3.2 Estimation des coûts de
production
Une étude réalisée par la direction
régionale de l'ANCAR de Saint-Louis sur la rentabilité des
élevages des membres du CAEM, a montré que le résultat
d'exploitation est peu intéressant quelque soit les effectifs
élevés. Il est en effet de + 36 110 FCFA pour les élevages
dont l'effectif est supérieur à 10 têtes, il est de - 99
100 FCFA pour les élevages à effectif compris entre 5 et 10
têtes ; il est en fin de + 63 091 FCFA pour les élevages dont
l'effectif est inférieur à 5 têtes (annexe
5).
Ces résultats sont plus ou moins conformes à
ceux obtenus à l'issus des enquêtes menées au niveau des
exploitations qui ont fait l'objet de notre échantillon. Nous avons
considéré dans notre analyse, que le mâle qui est né
et entretenu dans le troupeau jusqu'en début d'embouche reviendrait en
moyenne à 25 000FCFA à l'éleveur. La durée
d'embouche d'un mâle destiné à la consommation est
fixée à quatre mois en moyenne. Le tableau 9 montre ainsi, que le
gain réalisé sur la vente d'un ovin embouché est en
moyenne de 49 200 FCFA. Ces résultats sont cependant à
considérer avec beaucoup de précautions car le prix de vente des
animaux est très variable d'un élevage à un autre (de
25 000 à 400 000 FCFA). Par ailleurs, il faut défalquer
de ce gain estimé, les charges de main d'oeuvre et d'autres frais divers
liés à l'eau, à l'électricité au transport
etc. Tous ces éléments combinés confirment le manque de
rentabilité économique de l'élevage ovin dans la commune
et met en exergue tout le sens social, culturel et religieux que les
éleveurs accordent à cette activité.
Tableau 9: Estimation du gain moyen
réalisé sur la vente d'un ovin
désignation
|
Coût (FCFA)
|
Valeur de l'animal en début d'embouche
|
25 000
|
aliment
|
18 827,66
|
produits vétérinaires
|
1993,4
|
amortissement
|
1344,4
|
total charges
|
42 165
|
prix de vente moyen
|
96 383
|
Gain réalisé
|
49 217
|
Ces résultats sont purement indicatifs car nous avons
utilisé pour chaque rubrique des moyennes pondérées dont
les écarts types sont souvent assez importants.
3.1.3.3 Marché du mouton dans la commune de
Saint-Louis
L'enquête a révélé que seul une
partie des éleveurs de la commune de Saint-Louis (67,6%) a
procédé à la vente d'animaux durant les douze derniers
mois alors qu'en milieu rural, la vente concernerait la quasi totalité
des éleveurs. Les ventes ont été effectuées
à 47,5% à l'occasion de la Tabaski, le reste a été
réalisé de manière assez disparate dans le temps, selon
les opportunités qui se sont présentées aux
éleveurs : il s'agit notamment, des cérémonies
familiales (baptême, mariage, deuil) et des éleveurs qui
souhaitent renforcer l'effectif de leur cheptel. Ces résultats montrent
que les ovins, à l'instar des autres espèces à cycle
court, sont considérés par l'éleveur comme un
porte-monnaie et sont fréquemment vendus pour régler les petits
problèmes financiers quotidiens.
La vente des animaux a lieu dans 92,7% des cas au niveau de
l'exploitation, le reste (7,3%) étant effectué dans les foirails
ou en des lieux non précisés par les éleveurs. Plus de la
moitié des animaux vendus l'ont été directement aux
consommateurs soit 64,5% ; le reste des clients étant des
éleveurs résidant dans la commune pour la plupart et qui sont
membres d'une organisation dans 44% des cas. En milieu rural par contre, les
ventes se font essentiellement au niveau des marchés hebdomadaires et le
plus souvent par l'intermédiaire d'un TEFANKE (ou intermédiaire).
La majorité des éleveurs (70,4%) a déclaré n'avoir
rencontré aucun problème pour commercialiser ses animaux ;
cependant, certains d'entre eux, ont évoqué des problèmes
liés au manque de clients pour 6,4% des cas, au prix peu
intéressant pour 19,7% et au manque de foirail dans 3,5% des cas, ce qui
montre qu'un marché potentiel existe pour absorber la production locale.
Les prix de vente sont très variables d'un
élevage à un autre, mais aussi selon les périodes et les
occasions de vente. En tout état de cause, la race, même si elle
n'est pas définie de manière nette, influence fortement le prix
de vente. Le prix de vente moyen d'un mâle adulte est ainsi estimé
à 96 383 FCFA avec un écart type de 65 359 FCFA, les prix
extrêmes étant 25 000 et 400 000 FCFA. Cet écart des prix
est dû au fait qu'il existe une catégorie d'éleveurs
fortement versée dans l'élevage de moutons dits de
« races » et s'adresse à une clientèle assez
particulière. Il y'a aussi les relations (amicales ou parentales) entre
le vendeur et l'acheteur qui peuvent avoir une influence sur le prix de
vente.
3.2 Typologie des élevages de la
commune
3.2.1 Choix des critères de
typologie
Nous avons choisi deux critères de typologie qui
semblent, d'après les enquêtes, avoir le plus d'influence sur les
différentes composantes et la fonctionnalité du système
d'élevage des ovins dans la commune de Saint-Louis. Ces critères
sont :
· La motivation qui permet d'identifier deux types
d'élevages :
- les élevages à motivation
socioculturelle ;
- les élevages à motivation
économique.
· La superficie de la concession qui permet de dissocier
deux types d'habitation :
- les grandes concessions dont la superficie est
supérieure à 300 m2 ;
- les petites et moyennes concessions dont la superficie est
inférieure ou égale à 300 m2.
En combinant ces deux critères de départ, nous
sommes arrivés à identifier trois types d'élevage dont les
caractéristiques sont définies en prenant en compte : la
structure du troupeau, les races élevées, l'habitat, la conduite
du troupeau (alimentation, suivi vétérinaire, reproduction) et
les données économiques.
3.2.2 Types d'élevages
identifiés
· Type 1 : Ce sont des
élevages à motivation socioculturelle dont la taille de la
concession est variable
Ce type concerne 37,2% des éleveurs
enquêtés de la commune. Peu d'éleveurs de ce type (8,6%)
sont membres d'une organisation professionnelle, le troupeau est composé
à 71,7% de races locales avec 52% de mâles. L'habitat est
installé dans la concession dans 75% des cas environ, et la saillie est
assistée à 58%. Le coût moyen annuel de l'alimentation d'un
animale est de 54 385 F CFA et moins de la moitié des
éleveurs de ce type (36,5%) vend ses animaux avec un prix moyen de 73
500 FCFA.
· Type 2 : Ce sont des
élevages à motivation économique pratiqués dans de
grandes concessions.
Ce type concerne 16,8% des éleveurs
enquêtés de la commune. La moitié des éleveurs de ce
type (50%) est membre d'une organisation professionnelle. Le troupeau est
composé à 56% de races locales avec 48% de mâles. L'habitat
est installé dans la concession dans 90,5% des cas environ, et la
saillie est également assistée à 58%. Le coût moyen
annuel de l'alimentation d'un animale est de 51 830 F CFA et
une grande partie des éleveurs (85,5%) vend ses animaux avec un prix
moyen de 78 825 FCFA.
· Type 3 : Ce sont des
élevages à motivation économique pratiqués dans de
petites et moyennes concessions.
Ce type concerne 46% des éleveurs
enquêtés. Le tiers des éleveurs de ce type (33%) est
membre d'une organisation professionnelle : le troupeau est composé
à 48% de races locales avec 46,4% de mâles. L'habitat est
installé dans la concession dans 80,6% des cas environ, et la saillie
est assistée à 47%. Le coût moyen annuel de l'alimentation
d'un animale est de 59 860 F CFA et un grand nombre
d'éleveurs (86%) vend ses animaux avec un prix moyen de 105 000 FCFA.
Le tableau 10 résume l'ensemble des
éléments rentrant dans la caractérisation de
l'élevage des ovins dans la commune avec les spécificités
de chaque type identifié.
Tableau 10: Caractéristiques des
différents types d'élevage identifiés
Caractéristiques
|
ensemble
|
Type 1
|
Type 2
|
Type3
|
Nombre d'éleveurs
|
250
|
93
|
42
|
115
|
Appartenance
à une OP
|
oui
|
24%
|
8,6%
|
50%
|
33%
|
|
76%
|
91,4%
|
50%
|
67%
|
Composition et
Structure du
troupeau
|
mâles
|
47,3%
|
48%
|
48%
|
46,4%
|
|
52,7%
|
52%
|
52%
|
53,6%
|
|
1359
|
481
|
240
|
638
|
Races élevées
|
peul et touabir
|
44,4%
|
71,7%
|
56%
|
48%
|
|
55,6%
|
28,3%
|
44%
|
52%
|
Habitat
|
dans conc.
|
81,3%
|
74,2%
|
90,5%
|
80,6%
|
|
12 ,4%
|
20,4%
|
4,75%
|
13,9%
|
|
6,3%
|
5,3%
|
4,75%
|
5,5%
|
|
38 765 F
|
38 267 F
|
39 146 F
|
39 018 F
|
Coût alimentation / anim. / an
|
56 483 F
|
54 385 F
|
51 830 F
|
59 860 F
|
Coût vétérinaire / animal /
an
|
1993 F
|
1870 F
|
2024 F
|
2079 F
|
Reproduction
|
assistée
|
47,2%
|
58%
|
50%
|
47%
|
|
44%
|
30%
|
47,6%
|
45,2%
|
|
8,8%
|
5%
|
2,4%
|
7,8%
|
Vente
|
oui
|
67,6%
|
36,5%
|
85,7%
|
86%
|
|
32,4%
|
63 ,5%
|
14,3%
|
14%
|
|
96 383 F
|
73 548 F
|
78 825 F
|
105 000 F
|
|
(*) : Bali Bali, Ladoum, Azawack
3.3 Analyse des contraintes et propositions
d'amélioration
3.3.1 Sur le plan
sociodémographique
L'enquête a révélé que
l'élevage des moutons est pratiqué dans la commune de
Saint-Louis, pour la plupart, par les hommes comme une activité
secondaire. Eu égard à la facilité de manipulation de ces
animaux et à la faiblesse du niveau d'investissement en début
d'activité, l'élevage des moutons pourrait contribuer largement
à la création d'emplois et à la lutte contre la
pauvreté chez les jeunes et les femmes qui constituent les couches les
plus vulnérables de la population.
Les éleveurs ayant adhéré à une
structure professionnelle ne représentent que 24%, soit le quart de
l'effectif total des enquêtés ; ceci met en évidence
la nécessité de créer des organisations de producteurs
fonctionnelles et dynamiques pour une meilleure prise en charge des
intérêts des membres.
Les éleveurs qui composent notre échantillon,
ont pour la plupart été instruits, avec des niveaux qui vont du
primaire à l'enseignement universitaire ou ont suivi une
éducation coranique assez poussée, mais rares sont ceux d'entre-
eux qui ont été formés dans le domaine de
l'élevage. L'organisation de sessions de formations sur des
thèmes techniques et sur la gestion d'une exploitation agricole, devrait
permettre d'améliorer leur savoir faire et de contribuer à
l'amélioration de la productivité et de la rentabilité de
leurs élevages.
Les animaux sont généralement
élevés à l'intérieur des concessions
caractérisées par une superficie assez petite pour la plupart.
Cette cohabitation entre l'homme et l'animal dans un espace assez réduit
met encore en évidence le problème de l'étroitesse des
grandes agglomérations et crée de mauvaises conditions
d'hygiènes et de salubrité. Pour lever cette contrainte et
assurer l'approvisionnement correct des populations citadines en moutons, la
zone périurbaine devrait être aménagée par les
pouvoirs publics afin de pouvoir accueillir les éleveurs
organisés en groupements de producteurs.
La plupart des enquêtés élèvent les
moutons pour des motivations d'ordre religieux, social ou culturel.
L'activité gagnerait en performances si des considérations
économiques étaient d'avantage prises en charge dans la pratique
quotidienne des éleveurs.
3.3.2 Sur le plan technique
· Structure du troupeau
La structure et la composition du troupeau de la commune
montre que le sex-ratio est légèrement favorable aux femelles
(une femelle pour 0,9 mâle) mais reste largement en dessous des
normes et pourrait même dans ce cas, être qualifié de
« favorable aux mâles ». Cependant, en raison des
motivations d'élevage, il serait même souhaitable qu'il y aie plus
de mâles que de femelles. En effet, eu égard à la vocation
de l'élevage en milieu urbain qui vise principalement la production
d'animaux pour les fêtes religieuses et familiales, le mâle reste
l'animale le plus convoité. Pour ce faire, les éleveurs devront
s'approvisionner en animaux d'embouche en fonction des périodes de forte
demande, à l'image des opérations Tabaski.
· Reproduction
Les éleveurs ont, pour la grande majorité,
tendance à utiliser un géniteur provenant de leur exploitation.
Cette pratique augmente ainsi les risques d'apparition des effets pervers de la
consanguinité. Pour pallier à ce problème, les
éleveurs devraient d'avantage faire appel au services d'un mâle
provenant d'une autre exploitation d'où l'opportunité pour
certains d'entre eux de se spécialiser dans l'élevage et la
location de géniteurs, pratique courante dans certains pays
développés.
Beaucoup de spéculations ont été faites
tout au long de notre collaboration avec les éleveurs sur les races de
mouton. Les éleveurs nous ont ainsi fait part
de « races » comme le Bali Bali, le Ladoum et
l'Azawack. Mais tous ces types génétiques mériteraient
d'être caractérisés et standardisés par la
recherche, pour pouvoir être retenus comme de vraies races ou simplement
comme des souches de moutons.
La saillie des femelles bien que assistée dans certains
élevages, se fait souvent avec des béliers dont le potentiel
génétique est peu connu ; avec la précaution d'une
sélection rigoureuse des géniteurs, cette pratique devra
être généralisée au niveau de tous les
élevages de la commune.
· Habitat
L'habitat des animaux est, en général,
constitué de débarras, de vieux bâtiments non
habités ou simplement fait avec des matériaux locaux ou du
matériel de récupération ; mais, ne répond
jamais aux normes techniques recommandées. Les services techniques en
collaboration avec la recherche et l'encadrement, devraient travailler dans le
sens de vulgariser un modèle de logement adapté en milieu urbain.
Ce modèle doit intégrer toutes les normes de densité et
d'aération requises.
· Alimentation
Les animaux de la commune de Saint-Louis sont nourris
à base de produits et sous produits tels que la fane d'arachide, les
granulés etc. qui proviennent généralement d'autres
régions du Sénégal. Ceci induit des difficultés
d'accessibilité et d'acquisition qui affectent la qualité de
l'alimentation des animaux, avec comme corollaire, des retards de croissance
pendant les périodes difficiles. Les éleveurs gagneraient
à s'orienter d'avantage vers les produits et sous produits agricoles et
agroindustriels locaux. Dans ce sens, la paille de riz traitée à
la mélasse ou à l'urée, la drêche de tomate,
devraient être des composantes non négligeables d'une ration qui
serait proposée aux éleveurs.
L'analyse a aussi révélé que l'achat des
aliments se fait dans la plus part des élevages, de manière
quotidienne d'où une forte dépendance aux fluctuations du
marché. La constitution de stocks pendant les périodes favorables
de l'année permettrait une alimentation en quantité et en
qualité suffisantes, dans la régularité et à
moindre coût.
· Santé
La vaccination contre les principales maladies du mouton
réputées légalement contagieuses comme la peste de petits
ruminants et la pasteurellose ovine, bien que pratiquée dans certains
élevages doit être systématisée grâce à
une bonne campagne de sensibilisation. La commune a en effet, l'avantage
d'avoir une bonne couverture en matière de services techniques
vétérinaires grâce à la présence de trois
cabinets vétérinaires privés, de deux cabinets d'agents
techniques de l'élevage, du CNFTEIA, de l'IRSV et de l'IDSV.
Pour lutter contre les maladies diarrhéiques,
principales causes de mortalité des animaux dans la commune, toutes les
mesures d'hygiène et de salubrité du logement doivent être
mise en oeuvre ; il s'agit notamment du nettoiement et de la
désinfection réguliers des locaux. L'hygiène de
l'alimentation et de l'abreuvement est un facteur important qu'il ne faudrait
pas négliger. Les animaux doivent aussi être
déparasités au moins deux fois par an pour une meilleure
valorisation des aliments.
3.3.3 Sur le plan économique
L'analyse des exploitations de la commune a
révélé que quelque soit le type d'élevage en
question, la gestion économique est très mal faite et les
résultats sont faibles, voire même négatifs. Pour une bonne
maîtrise de la rentabilité de leurs activités, les
éleveurs devraient enregistrer régulièrement les
opérations de dépenses et de recettes, élaborer des
budgets prévisionnels et établir des comptes d'exploitations.
Pour améliorer les coûts de production, les
éleveurs doivent s'organiser pour faire des achats groupés ;
ceci permettrait de réduire les charges d'alimentation, principale poste
de dépense des élevages.
|