INTRODUCTION / PROBLEMATIQUE
Les pouvoirs publics ont pour ambition de hisser le
Sénégal au rang des pays émergeants et de faire de
l'agriculture, le moteur de la croissance. Une telle orientation politique se
justifie pour un pays dont 70% de la population travaille dans le monde rural
et pourrait ainsi bénéficier des fruits de la croissance.
Le sous-secteur de l'élevage est une composante
essentielle de l'agriculture au sens large. Il contribue significativement au
revenu agricole des producteurs ruraux d'une manière directe par la
valorisation des produits animaux mais aussi indirectement par la traction
animale, la fertilisation des terres destinées aux productions
végétales et par l'utilisation des résidus de
récolte et de sous produits agro industriels.
Les différentes politiques de développement de
l'élevage dont la dernière date de juillet 2001, ont ainsi
permis d'améliorer la part de l'élevage dans la formation du PIB
primaire jusqu'à concurrence de 123,9 milliards de francs CFA, soit une
augmentation de 50% par rapport à 1992, année
précédent la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994
(anonyme, 2001).
L'estimation de cette contribution du sous-secteur dans le PIB
est surtout basée sur les résultats de l'élevage de type
traditionnel mené en milieu rural mais également sur ceux de
l'élevage intensif pratiqué en zone périurbaine.
Cependant, il faut noter que malgré les contraintes d'espace en milieu
urbain, l'homme a toujours eu une forte affinité avec l'animal et
particulièrement le mouton, avec qui il continue à
cohabiter ; l'élevage du mouton de case est en
réalité un fait social. L'élevage urbain, encore
pratiqué de manière informelle, ne suscite que très peu
d'interrogations de la part des chercheurs, planificateurs, développeurs
et mêmes décideurs politiques. Pour autant, il constitue une
activité génératrice de revenus et contribue ainsi
à la lutte contre la pauvreté en milieu urbain. Il serait donc
intéressant de pouvoir estimer la part de cet élevage urbain dans
la formation du PIB agricole. La connaissance de l'importance économique
de cette activité en milieu urbain, passerait d'abord par la
réponse à un certain nombre de questionnements à savoir :
comment est pratiqué cet élevage ? Qui pratique cet
élevage urbain ? Pourquoi un tel engouement envers cet
élevage, malgré les contraintes spatiales, sanitaires et
alimentaires ?
Notre travail de mémoire qui porte sur
« une étude diagnostique de l'élevage ovin dans
la commune de Saint-Louis », vise à apporter quelques
éléments de réponses à toutes ces questions.
Ce travail, réalisé au Centre de Recherches
Agricoles (CRA) de l'Institut Sénégalais Recherches Agricoles
(ISRA) de Saint-Louis, a comme objectif général de
déterminer les caractéristiques structurelles et d'analyser la
fonctionnalité de l'élevage ovin dans la commune de
Saint-Louis.
Trois objectifs spécifiques sont déclinés
à partir de cet objectif général :
- Identifier et caractériser les composantes
structurelles de l'élevage ovin dans la commune de Saint-Louis ;
- Décrire les différentes pratiques
d'élevage ovin dans la commune de Saint-Louis ;
- Identifier les atouts et les contraintes de
l'élevage ovin dans la commune et proposer des solutions
d'amélioration.
Le travail est structuré en trois chapitres : le
premier porte sur une synthèse bibliographique qui décrit
l'élevage ovin au Sénégal, le second chapitre
présente le matériel et la méthodologie utilisés,
le site d'étude et les méthodes d'analyse des
données ; en fin, le troisième chapitre expose et discute
les résultats pour pouvoir formuler des recommandations et tirer une
conclusion générale.
Chapitre I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1 Cadre de l'étude
1.1.1 Localisation de l'étude
Notre étude est localisée dans la commune de
Saint-Louis du Sénégal. Cette étude a porté sur
l'ensemble du territoire communal, comportant une zone urbaine et une zone
périurbaine. Pour réaliser cette étude, nous avons choisi
de subdiviser la ville de Saint-Louis en quatre zones qui sont ainsi
numérotées de 1 à 4 :
- Zone 1 : langue de barbarie
(Guet-Ndar, Ndar- Toute, Goxu-Mbac) ;
- Zone 2 : l'Ile de Saint-Louis (Nord,
Sud) ;
- Zone 3 : Sor centre
(Diameguène, Corniche, Balacosse, Darou, Khor, Léona,
Eaux- Claires, HLM, Djoloffène, Cité Niakh,
Diawling, Bayal) ;
- Zone 4 : Sor banlieue (Pikine,
Diaminar, Guinaw Rail, Sor Daga, Sor Diagne, Bango, Ngallèle).
CARTE DE LA VILLE DE SAINT-LOUIS
Source : Commune de
Saint-Louis
1.1.2 Milieu physique
La ville de Saint-Louis est située dans la
région du même nom, qui occupe le nord du Sénégal et
constitue une zone tampon entre l'Afrique arabo-berbère et l'Afrique
noire. La région est au carrefour de l'océan (Atlantique), du
désert (Sahara) et des régions soudano-sahéliennes et est
traversée par le fleuve Sénégal sur toute sa longueur.
La ville de Saint-Louis est située dans un site
amphibie du Delta du fleuve Sénégal et dans une zone de formation
quaternaire particulièrement basse et plate. La forme du site
résulte d'un alignement dunaire peu élevé, orienté
du nord-est au sud-ouest sur la partie continentale. A l'ouest, nous avons un
cordon littoral constituant la Langue de Barbarie, qui donne une forme
générale au relief et à l'hydrographie.
Seules les terres situées à l'est du site se
trouve dans des zones exondées. Le site de la ville de Saint-Louis a une
structure tripolaire composée de ; i) la Langue de Barbarie sur le
littoral ;
ii) l'Ile de Saint-louis au centre ; iii) le quartier
Sor Saint-Louis, qui est une cuvette avec de fréquentes inondations en
saison des pluies.
Le climat est du type sahélien avec une saison des
pluies, une saison sèche froide et une saison sèche chaude ;
la ville est néanmoins constamment balayée par les alizés
maritimes, ce qui lui confère une température moyenne annuelle
relativement douce de 25°C. La pluviométrie est faible, mal
répartie dans le temps et est de l'ordre de 250 mm en moyenne, avec une
saison des pluies courte de trois mois (mi-juillet à mi-octobre).
Deux types de sols existent dans le territoire
communal :
· les sols du « Waalo » plus ou moins argileux
d'origine alluvionnaire, ce sont des sols allomorphes, contenant des sels
solubles ;
· les sols dunaires dans la zone des
« Niayes ».
La végétation est composée
d'espèces diverses et variées qui sont toutes résistantes
à la forte salinité des terres, avec le filao comme espèce
dominante sur le littoral.
Le réseau hydrographique est déterminant dans
l'architecture de la cité. Le plan d'eau naturel du fleuve est soumis
aux fluctuations saisonnières ; les crues peuvent atteindre une
côte de 1,8m en saison des pluies. Pendant la saison sèche, le
débit du fleuve est presque nul et son niveau moyen correspond à
celui de la mer. Un canal de délestage du trop plein fluvial est
creusé depuis 2002 sur la Langue de Barbarie pour parer aux inondations
constatées au niveau de certains quartiers de la ville pendant
l'hivernage.
1.1.3 Milieu humain
Selon le recensement général de la population et
de l'habitat (décembre 2002), la commune de Saint-Louis compte 154 555
habitants dont 76 271 hommes et 78 284 femmes. La commune compte ainsi 14 496
concessions pour 17 670 ménages, soit une moyenne de 8,8 personnes par
ménage et moins de deux ménages par concession.
La population de la commune se caractérise par ailleurs
par sa jeunesse. En effet, 58% des habitants ont moins de 20 ans, avec une
légère prédominance de filles. Toutes les ethnies du
Sénégal sont pratiquement représentées dans la
commune avec cependant, une prédominance des Wolofs et des Halpulars. La
population est composée en grande majorité de musulmans (98,6%),
de chrétiens (0,4%) et d'autres (1%).
1.1.4 Milieu socio-économique
Les principaux secteurs de l'économie de la commune de
Saint-Louis sont : la pêche, le tourisme et le commerce.
La pêche est le secteur le plus important, elle est
pratiquée par la quasi totalité des habitants des quartiers de la
Langue de Barbarie. Elle représente dans ces quartiers, plus qu'une
activité professionnelle, mais constitue plutôt pour ces
populations un mode de vie.
La place prépondérante qu'occupe la ville de
Saint-Louis dans l'environnement touristique du Sénégal
s'explique par la conjonction de plusieurs facteurs d'ordre naturel, culturel,
historique etc. qui sont :
· une frange maritime avec des plages de sable fin et un
fleuve navigable ;
· une chaîne hôtelière
fonctionnelle ;
· deux parcs nationaux que sont le Parc National des
Oiseaux du Djoudj (PNOD), classé patrimoine mondial de
l'humanité, le Parc National de la Langue de Barbarie et la
réserve de Gueumbeul ;
· un aéroport international fonctionnel ;
· un patrimoine historique, architectural, traditionnel
et colonial attrayant ;
· une température moyenne annuelle de
25°C.
Le commerce quant à lui est pratiqué
généralement par une frange de la population originaire des
autres régions ou zones du Sénégal (Baol, Saloum...) et
d'autres pays tels que la Mauritanie, le Mali, la Guinée, le Liban, la
Syrie...
1.2 Généralités sur
l'élevage des ovins au Sénégal
1.2.1 Données statistiques
Le sous-secteur de l'élevage occupe 350 000 familles
sénégalaises, soit environ 3 000 000 d'individus issus pour
la plupart, des couches les plus vulnérables du monde rural. Les femmes
et les jeunes sont fortement impliqués dans l'élevage des
espèces à cycle court (anonyme, 2001). Ces espèces sont en
effet facilement manipulables et leur coût d'acquisition est relativement
bas.
Le tableau 1 met en évidence l'importance des effectifs
des ruminants et de la volaille traditionnelle dans notre système
d'élevage. Cependant, les équidés (chevaux et ânes),
ne sont pas à négliger car, ils constituent la principale force
de traction en agriculture traditionnelle, mais aussi le moyen de transport le
plus accessible en milieu rural.
L'exploitation de ce cheptel qui se fait dans des
systèmes de production diversifiés, a permis de donner une place
importante au sous-secteur de l'élevage dans l'économie
nationale, soit 36% pour la formation du PIB primaire et 7,5% pour la formation
du PIB national, avec un taux de croissance de 8% en 2000 (anonyme, 2003).
Tableau 1 : Effectif d'animaux domestiques
élevés au Sénégal
Espèces
|
Effectifs (têtes)
|
bovins
|
3 017 513
|
ovins
|
4 613 508
|
caprins
|
3 968 736
|
chevaux
|
500 225
|
ânes
|
399 447
|
dromadaires
|
4 008
|
Volaille traditionnelle
|
20 549 498
|
Volaille industrielle
|
5 000 000
|
Source :
Direction de l'élevage, 2003.
Les effectifs d'animaux de la région de Saint-Louis,
comme indiqués dans le tableau 2, représentent en
général des taux inférieurs au dixième des
effectifs nationaux pour chaque espèce considérée sauf
pour les dromadaires qui représentent 36,25%. De tels effectifs font que
la région dispose d'un bon potentiel d'animaux dont l'exploitation
permettrait de générer des ressources favorables à une
bonne croissance économique.
Tableau 2 :
Effectifs d'animaux domestiques élevés dans la
région de Saint-Louis
Espèces
|
Effectifs région (têtes)
|
% par rapport à l'effectif national
|
bovins
|
275 483
|
9,13%
|
ovins
|
289 697
|
6,28%
|
caprins
|
266 858
|
6,72%
|
chevaux
|
11 601
|
2,31%
|
ânes
|
38 298
|
9,58%
|
dromadaires
|
1 453
|
36,25%
|
Volaille traditionnelle
|
1 503 209
|
7,31%
|
Source :
Direction de l'élevage, 2003.
1.2.2 « races » de moutons
élevés au Sénégal
Les races ovines élevées au
Sénégal, appartiennent au mouton à poils que DOUTRESSOULE
cité par LO (1989) a classé en :
- Mouton du Sahel ou mouton à poils ras ;
- Mouton du Sud ou Djallonké ;
- Métisse ou Waralé.
Le degré de métissage est aujourd'hui tel qu'il
est souvent hasardeux de parler de races pures ; il serait donc plus
judicieux de considérer le mouton sénégalais avec des
degrés de sang variés.
Il faut cependant, noter que depuis un certain temps, il se
développe dans les grands centres urbains un élevage de moutons
de types génétiques qui seraient différents de ce que nous
connaissons habituellement. Ces « races » sont
appelées Bali-Bali, Ladoum, Azawack et mériteraient
d'être étudiées pour une meilleure connaissance par tous
les usagers.
1.2.2.1 Mouton du Sahel ou mouton
à poils ras
· Mouton maure à poils ras ou
TOUABIRE
Son aire géographique est le Nord du
Sénégal à partir du 15EME parallèle,
mais actuellement il se retrouve vers le centre sud du pays (bassin arachidier)
où il est élevé comme mouton de case. C'est un animal
hypermètrique, longiligne et convexiligne. Sa taille varie de 0,75
à 0,90 mètre chez le mâle et de 0,65 à 0,80
mètre chez la femelle. Son poids moyen se situe entre 30 et 50
Kilogrammes. Sa robe est variable, souvent blanche ou à fond blanc plus
ou moins taché de noir ou de roux. La couleur foncée occupe en
général l'avant-train. Son rendement carcasse atteint en
général 40 à 45 %, la femelle est bonne
laitière.
· Mouton Peul
Il est très répandu dans la zone sylvopastorale
et dans la vallée du fleuve Sénégal. C'est un mouton
eumètrique, convexiligne, longiligne qui mesure entre 0,65 à 0,75
mètre au garrot. Son poids moyen varie de 30 à 50 Kilogrammes.
Son poil est ras, sa robe est claire tachetée de noir ou de roux, soit
bicolore avec un avant-train noir et un arrière-train blanc.
1.2.2.2 Mouton nain du Sud ou
Djallonké
Son aire géographique est le Sud du
Sénégal (Ziguinchor, Kolda, Kédougou). C'est un animal
hypomètrique, rectiligne et médioligne. La hauteur au garrot est
de 0,40 à 0,60 mètre avec un poids moyen de 20 à 30
Kilogrammes. La robe est blanche mais le plus souvent pie noire ou pie rousse.
Le pelage est ras mais le mâle porte une crinière et un camail
important. Le mouton djallonké est une race prolifique et
trypanotolérante, ce qui lui permet de survivre dans son aire
géographique, infesté de mouches tsé-tsé, vecteurs
des trypanosomes. Il s'engraisse facilement et sa viande est de bonne
qualité.
1.2.2.3 Mouton waralé (Métisse Touabire
x peul- peul)
Le Waralé est fréquemment rencontré dans
le bassin arachidier. La hauteur au garrot varie de 0,65 à 0,85
mètre. La robe est généralement nuancée entre
le blanc, le noir et le roux. Le poids moyen se situe entre 40 et 50
kilogrammes et le rendement boucher est de 55%. Ces paramètres varient
cependant fortement en fonction du degré de métissage.
1.3 Caractéristiques zootechniques des races
élevées au Sénégal
1.3.1 Paramètres de reproduction
- Puberté :Elle survient chez
l'agnelle entre six et douze mois, elle est influencée par des
facteurs génétiques et des facteurs environnementaux tels que la
nutrition (GARBA, 1986).
- Cycle sexuel et cycle oestral :Les
ovins sont soumis à un cycle continu de reproduction. La durée du
cycle sexuel varie entre seize et dix neuf jours alors que celle du cycle
oestral est de trente six heures. Les chaleurs ont lieu vers le
neuvième jour et durent trente six heures (FALL, 1986).
- Durée de gestation : La
durée de gestation est en moyenne de cent cinquante quatre plus ou moins
un jour avec de légères variations en fonction de la race et de
la taille de la portée (CRZ Dahra, 1986).
- Age au premier agnelage : L'âge
moyen calculé sur quatre vingt cinq données est de 739,5 #177; 50
jours chez la brebis peul-peul (SOW et al., 1985).
- Intervalle entre agnelage : Il est de
341,9 jours chez la brebis peul-peul mais il s'allonge à partir du
cinquième agnelage (SOW et al., 1985) ; néanmoins,
l'amélioration de l'alimentation réduit cet intervalle entre
agnelage (HAUMESSER, 1980).
- Taux de fertilité : C'est le
rapport entre le nombre de femelles ayant mis bas et le nombre
de femelles mises à la reproduction. Le taux moyen est de 77,2% et
80,5%, respectivement chez les femelles Peul-Peul et chez les Touabire (LO,
1989).
- Taux de fécondité :
C'est le nombre de nouveaux nés sur le nombre de femelles mises
à la reproduction. Le taux moyen est de 86,7% et 95% respectivement chez
les femelles Peul-Peul et chez les Touabire (LO, 1989).
- Taux de prolificité : Ce taux
correspond au rapport du nombre de nouveaux nés sur le nombre de
femelles ayant mis bas. Les taux moyen sont de 112,2% et 115,1% respectivement
chez les femelles Peul et chez les Touabires (LO, 1989).
- Taux de mortalité : Le tableau
3 montre que quelque soit la période et le mode de naissance
considérés, la mortalité chez les Touabires est
supérieure à celle des Peul- Peul et la période la plus
défavorable à la viabilité des agneaux est celle de la
saison sèche froide qui va de décembre à février
(LO, 1989).
Tableau 3: Taux de mortalité des
agneaux
Age
|
Agneaux nés simples (%)
|
Agneaux nés multiples (%)
|
Peul
|
Touabire
|
peul
|
Touabire
|
0à 30 jrs
|
6,9
|
10,4
|
23
|
25
|
30 à 120 jrs
|
4,6
|
6,7
|
6,5
|
19,1
|
Source : TCHAMITCHIAN et
al. (1987)
1.3.2 Paramètres de production
· Poids à la naissance :
Le poids à la naissance varie selon plusieurs
facteurs :
- Type génétique : Les
agneaux Touabire pèsent en moyenne 4,1 Kg contre 3,6 Kg pour les
Peul-Peul (SOW et al., 1985) ;
- Sexe : Chez le mouton Touabire, le
mâle pèse 4,4 Kg contre 4,3 Kg chez la femelle alors que chez le
mouton Peul-peul, nous avons respectivement un poids de 3,8 Kg pour le
mâle et 3,5 Kg pour la femelle (SOW et al., 1985) ;
- Mode de naissance : Les agneaux
à naissance simple pèsent 4,2 Kg contre 3,5Kg pour les agneaux
à naissance multiple pour le mouton Touabire (SOW et al.,
1985) ;
- Saison de naissance : Les agneaux
nés pendant l'hivernage sont plus légers que ceux nés en
période de récolte (d'octobre à novembre); la
période de lutte favorable va donc d'avril à juin (TCHAMITCHIAN
et al., 1987) ;
- Alimentation : Les agneaux issus de
brebis ayant subi une alimentation intensive sont plus lourds à la
naissance (SOW et al., 1985).
· Poids au sevrage :
Le poids moyen à quatre mois est de 21,7 Kg pour le
mâle contre 21,1 Kg pour la femelle chez le Touabire alors qu'il est de
21,2 Kg pour le mâle conte 20 Kg pour la femelle chez le Peul- Peul. Le
poids à la lutte est respectivement de 39,5 Kg et 41,5 Kg chez le Peul-
Peul et le Touabire (SOW et al., 1985).
1.4 Modes d'élevage des ovins au
Sénégal
1.4.1 Système traditionnel
C'est le système prépondérant au
Sénégal. Il est pratiqué par des éleveurs ou des
agro pasteurs pour la plupart analphabètes et souvent très
attachés à leurs valeurs socio-culturelles
(LO, 1989). Le système connaît néanmoins
quelques variations en fonction des zones.
1.4.1.1 Zone sylvopastorale
L'élevage constitue l'activité
socio-économique dominante. L'alimentation est assurée
exclusivement par les pâturages naturels pendant l'hivernage ; mais
pendant la saison sèche, le troupeau transhume vers les régions
agricoles pour profiter des résidus de récoltes. L'abreuvement
est quotidien et se fait au niveau des mares temporaires en saison pluvieuse et
au tour des puits et forages pendant la saison sèche.
L'habitat est sommaire et est fait de haies d'épineux
juste pour protéger les animaux des prédateurs, ce qui les
expose aux intempéries. Les animaux bénéficient de peu de
soins médicaux et l'utilisation de méthodes traditionnelles de
traitement est le premier recours (DIOP, 1987)
La gestion de la reproduction est très difficile car,
avec le système de pâturages en commun, la lutte se fait au
gré des animaux en toute saison. Il existe cependant deux
possibilités de contrôle de la lutte (SOW, 1981):
- Soit le bélier est retiré du troupeau pour y
être introduit en période de lutte (avril- mai);
- Soit il est présent en permanence dans le troupeau
femelle mais subi une sorte de déviation du pénis ou une
réduction de la lumière du fourreau en l'attachant à une
bourse pendant la période hors reproduction. Certains éleveurs
font un choix raisonné des animaux à mettre à la
reproduction et les béliers indésirables sont castrés et
gardés dans le troupeau.
1.4.1.2 Zones agricoles
L'élevage est ici de type sédentaire et est
pratiqué par les agro pasteurs. L'alimentation est assurée
essentiellement par les parcours naturels mais les animaux
bénéficient d'une complémentation à base de
sous-produits agricoles et agro-industriels.
L'abreuvement se fait au niveau des mares en saison des pluies
et au niveau des puits et forages en saison sèche. Le troupeau du
village est généralement confié à un berger
recruté pour cet effet. L'habitat est fait soit de haies
d'épineux ou de tiges de céréales, soit de cases
désaffectées souvent males entretenues.
1.4.1.3 Zone urbaine
L'élevage est pratiqué par des éleveurs
non professionnels, mais qui ont souvent un certain niveau d'instruction,
(fonctionnaires à la retraite ou en activité), ils sont donc plus
réceptifs dans l'ensemble aux conseils des techniciens.
Il faut noter cependant, que les animaux sont souvent
laissés en divagation dans les rues à la recherche de nourriture
pendant la journée.
1.4.2 Système encadré
Elle est pratiquée au niveau des stations de recherche
et des projets de développement. Le mode d'entretien du troupeau est
amélioré par une gestion plus rationnelle.
L'alimentation est assurée par les pâturages
naturels ou non et les animaux reçoivent une complémentation
à base de concentrés, de fanes et de pierres à
lécher ; l'eau étant donnée à volonté.
Les animaux sont régulièrement déparasités et
vaccinés contre les dominantes pathologiques.
L'habitat est clôturé, aéré avec
une toiture pour lutter contre les intempéries. Les meilleurs
reproducteurs sont sélectionnés et les périodes de lutte
sont choisies de manière rationnelle pour faire coïncider les
agnelages aux périodes où les pâturages sont les mieux
fournis ; ceci permet de mieux planifier les naissances.
Chapitre II : MATERIEL ET METHODE
2.2 Matériel
Le matériel utilisé pour collecter les
informations a été essentiellement composé d'une fiche
d'enquête destinée aux éleveurs de moutons, d'un guide
d'entretien et d'un ordinateur pour le traitement des données.
2.3 Méthode
2.3.1 Synthèse bibliographique
Une revue bibliographique a permis de faire une situation
générale de l'état des connaissances sur l'élevage
du mouton en zone urbaine et périurbaine.
Elle a aussi permis d'avoir des éléments
permettant de mieux caractériser notre milieu d'étude de par sa
localisation, son milieu physique, sa démographie, sa situation
socio-économique, socio-culturelle et son histoire.
2.3.2 Unité d'étude
Le niveau d'étude retenu est ici la concession
dirigée par un chef qui est en général le père ou
la mère mais qui peut aussi être l'aîné de la
famille. La concession comporte quelque fois, plusieurs chefs de ménages
qui sont souvent des frères, fils ou parents du chef de concession.
Le choix de la concession comme unité d'étude se
justifie par la spécificité du mode de vie des Saint-louisiens
qui résulte de l'histoire et de l'origine du peuplement de la ville.
Les personnes enquêtées sont des éleveurs
de moutons vivant dans la concession quelque soit le statut qu'ils occupent au
niveau de la maison.
2.3.3 Technique d'échantillonnage
Il n'existe pas à ce jour de recensement officiel
permettant de connaître le nombre d'éleveurs résidant dans
la commune de Saint-Louis. Pour déterminer notre échantillon,
nous nous sommes basés sur les données suivantes :
· L'effectif des éleveurs membres de l'association
« cercle des amis et éleveurs des moutons » (CAEM),
soit 300 membres ;
· L'effectif des éleveurs membres de la maison des
éleveurs (MDE) résidant dans la commune, soit 238
membres ;
· L'effectif des ovins vaccinés lors de la
campagne 2005, soit 11 117 ovins pour 2 224 éleveurs selon le rapport
mensuel du cabinet vétérinaire AGRO-VETO titulaire du mandat
sanitaire 2005 pour la commune de Saint-Louis (annexe 4).
· L'effectif des éleveurs non membres d'une
association étant obtenu en déduisant de l'effectif total, celui
des éleveurs membres d'une association soit environ 1716
éleveurs.
Compte tenu de la durée de notre séjour
relativement courte (quatre mois) et des faibles moyens humains dont nous
disposons (un seul enquêteur), nous avons décidé de choisir
une taille de l'échantillon égale à 250 unités
d'enquête soit 11,24% de l'effectif total estimé des
éleveurs de la commun.
En tenant compte du ratio des groupes identifiés, notre
échantillon est ainsi composé :
- 35 éleveurs membres de l'association CAEM
- 25 éleveurs membres de la MDE
- 195 éleveurs non membres d'une association.
Les composantes (les individus) de l'échantillon sont
choisies au hasard dans chacune des quatre zones identifiées de la
commune (Annexe2) mais le nombre de personnes
enquêtées par quartier tient compte de la densité des
élevages au niveau de chaque quartier.
2.3.4 Collecte des données
Pour collecter un maximum d'informations fiables, plusieurs
outils de collecte de données ont été utilisés tout
au long du stage.
· Entretiens formels
Ils reposent sur un questionnaire d'enquête
(Annexe 1) destiné aux éleveurs de moutons. Il
est constitué de questions fermées qui ont permis d'obtenir les
informations sur :
- la localisation et l'identification de
l'éleveur ;
- les caractéristiques socio-démographiques de
l'éleveur ;
- la structure et la composition du troupeau ;
- l'habitat et le matériel d'exploitation ;
- la conduite du troupeau.
· Guide d'entretien et Interview Semi-
Structurés (ISS)
Des interview Semi structurés (ISS) ont
été organisés avec des responsables et agents des
différents services d'encadrement et de formation, tels que :
l'Inspection Régionale des Services Vétérinaires (IRSV),
l'Inspection Départementale des Services Vétérinaires
(IDSV), l'Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural (ANCAR), la Direction
Régionale du Développement Rural (DRDR), le Centre National de
Formation des Techniciens de l'Elevage et des Industries Animales (CNFTEIA).
Ces ISS ont également intéressé les membres des
organisations professionnelles d'éleveurs (MDE, CAEM).
Les ISS ont été menés à l'aide de
guide d'entretien, qui est une fiche sur laquelle sont inscrits les
différents centres d'intérêts qui seront abordés
lors des séances de travail. Pour chaque centre d'intérêt
abordé, des questions ouvertes seront posées et chaque
participant donne son
point de vue. Ces entretiens ont permis de compléter
les informations recueillies sur le questionnaire et de mieux comprendre le
contexte de l'élevage dans la commune.
Les ISS s'adressent également à tous ceux qui
peuvent nous apporter des informations permettant de mieux comprendre
l'élevage du mouton dans la commune.
· Observations
Elles sont effectuées au moment de la
réalisation de l'enquête formelle. Elles nous ont permis de
compléter, de vérifier ou au besoin de rectifier des informations
fournies par l'enquête.
2.3.5 Traitement des données
Les données sont enregistrées et traitées
sur Excel. Le traitement a consisté à faire des calculs de
statistiques descriptives tels que, les fréquences, les moyennes avec
les écarts types. Des graphiques sont aussi réalisés sur
Excel. La saisie et la mise en forme du document ont été
réalisées grâce au logiciel de traitement de texte Word.
2.3.6 Limites méthodologiques
La démarche méthodologique que nous avons
adoptée, bien que nécessaire pour une telle étude, souffre
néanmoins d'un certain nombre de limites à savoir :
· Nous avons choisi de travailler sur une partie de la
population à étudier ; il s'agit du système
d'échantillonnage avec ses forces et ses faiblesses ;
· l'échantillon choisi, qui représente
11,4% environ, soit 250 éleveurs de la commune ne reflète pas
exactement la réalité du terrain. Nous avons cherché
néanmoins à minimiser les erreurs, en prenant en compte tous les
facteurs discriminants observables au sein de la population
étudiée ;
· notre enquête est ponctuelle, c'est-à-dire
qu'elle donne seulement une photographie de la situation de l'élevage
dans la commune au moment de notre passage ; les résultats gagneraient
en fiabilité, si un suivi sur une longue période était
effectué. Ce suivi permettrait de mesurer les paramètres
zootechniques pour mieux apprécier les aptitudes des animaux
élevés dans la commune et peut être de dégager une
étude exhaustive de rentabilité économique.
Notre atout tout au long du stage a été
l'existence de données récentes sur le nombre d'éleveurs
et les effectifs d'ovins de commune (annexe 4).
Chapitre III : RESULTATS ET DISCUSSIONS
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