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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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6.1.2 Création de partenariats et ses enjeux

Selon Songhaï les partenariats sont essentiels au processus de développement des pays pauvres afin de permettre le financement des infrastructures de base et de combler le besoin en formation technique. Pourtant, il n'est pas toujours facile d'établir des partenariats, car les bailleurs de fonds ont leurs critères, mais aussi leurs redevances à d'autres bailleurs de fonds.

Il y aura toujours des problèmes, c'est comme ça qu'on commence à tisser des partenariats. Les partenariats c'est important, on ne peut pas le faire seul. Et c'est ça que Songhaï fait. Songhaï fait ce qu'il veut aujourd'hui, car il est au volant. C'est lui qui a le volant (Entrevue Nzamujo, 2004).

La politique de Songhaï c'est d'être maître de ses décisions et de trouver un terrain d'entente où lui et le bailleur de fonds ont des idées communes. Il est plus facile pour Songhaï de choisir ses partenaires et de s'adapter à eux, tout en exigeant d'être celui qui conçoit et dirige les différents aspects de développent qui structurent le Centre. Les bailleurs de fonds ont des programmes ou des critères de sélection en matière de développement qui les contraignent à choisir certains types de développement et à travailler avec une masse réduite d'ONG. De plus, ces bailleurs de fonds sont souvent tributaires de fonds internationaux, et ces entités (Banque mondiale, FMI, etc.) exercent des pressions au niveau des orientations et des financements de ces derniers.

6.1.2.1 Les enjeux du financement

Dans le cas d'OXFAM-Québec une partie de ses fonds provient d'autres organisations, ce qui sous-tend qu'OXFAM-Québec doit se soumettre aussi à des critères d'octroi de fonds et à l'atteinte de résultats envers ses bailleurs de fonds.

Oui, pour le programme « Envois de volontaires », comme le CECI, comme le Cuso, on a un financement de l'ACDI qui correspond actuellement, je crois, à 45 % du financement d'OXFAM-Québec. Les autres financements viennent de la Banque Mondiale et des grands bailleurs de fonds internationaux, et de la levée de fonds d'OXFAM-Québec. Donc, OXFAM international nous permet de faire des études et d'être présent sur la scène internationale dans toutes les grandes réunions de l'OMC et tout ça, on envoie toujours un membre de OXFAM international. OXFAM-Québec a un lien direct avec OXFAM international (Entrevue OXFAM-Québec, 2004).

De plus, OXFAM-Québec doit s'inscrire dans la vision de ses bailleurs de fonds et de l'organisation OXFAM International afin de remplir sa mission. Il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu dans la création d'un partenariat. Les contraintes relatives aux critères de financement d'OXFAM-Québec n'ont pas eu d'impact dans la création du partenariat avec Songhaï, parce que ce dernier avait développé antérieurement un projet d'accompagnement des fermiers dans la région des Collines qui s'inscrivait déjà dans un des volets d'OXFAM-Québec. Pourtant, OXFAM-Québec aurait pu exiger de Songhaï différents critères primordiaux pour la mission d'OXFAM auxquels il n'aurait pas voulu se conformer et le partenariat aurait échoué.

Le Centre, quand il va vers les bailleurs de fonds pour proposer son plan ou des projets qui entrent à l'intérieur du mouvement de Songhaï, ne va pas accepter de nouer un partenariat au détriment de ses objectifs. Les administrateurs du Centre refuseront de s'engager dans le processus de financement qui ne répond pas aux besoins du Centre, des fermiers ou des localités, car ils veulent garder leur pleine gouvernance.

Dans la discussion avec notre partenaire américain on dit « Voilà mon programme et voici comment vous pouvez participer à ce programme ». C'est ainsi que Songhaï travaille et qu'il a bénéficié de beaucoup d'argent. Des gens ont voulu nous aider. On leur dit c'est gentil, mais on n'a pas besoin de ça. Mais des gens comme USAID et OXFAM Québec ils comprennent notre plan, mais si on n'a pas compris on n'avance pas. Il faut qu'ils comprennent que nous sommes au volant, qu'ils sont nos partenaires financiers et techniques et c'est à nous de décider qu'est ce qu'on veut. Ce n'est pas eux qui vont nous le dire (Entrevue Nzamujo, 2004).

Le grand défi de cette approche se retrouve dans la négociation et dans la compréhension mutuelle des partenaires.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault