6.1.2 Création de
partenariats et ses enjeux
Selon Songhaï les partenariats sont essentiels au
processus de développement des pays pauvres afin de permettre le
financement des infrastructures de base et de combler le besoin en formation
technique. Pourtant, il n'est pas toujours facile d'établir des
partenariats, car les bailleurs de fonds ont leurs critères, mais aussi
leurs redevances à d'autres bailleurs de fonds.
Il y aura toujours des problèmes, c'est comme
ça qu'on commence à tisser des partenariats. Les partenariats
c'est important, on ne peut pas le faire seul. Et c'est ça que
Songhaï fait. Songhaï fait ce qu'il veut aujourd'hui, car il est au
volant. C'est lui qui a le volant (Entrevue Nzamujo, 2004).
La politique de Songhaï c'est d'être maître
de ses décisions et de trouver un terrain d'entente où lui et le
bailleur de fonds ont des idées communes. Il est plus facile pour
Songhaï de choisir ses partenaires et de s'adapter à eux, tout en
exigeant d'être celui qui conçoit et dirige les différents
aspects de développent qui structurent le Centre. Les bailleurs de fonds
ont des programmes ou des critères de sélection en matière
de développement qui les contraignent à choisir certains types de
développement et à travailler avec une masse réduite
d'ONG. De plus, ces bailleurs de fonds sont souvent tributaires de fonds
internationaux, et ces entités (Banque mondiale, FMI, etc.) exercent des
pressions au niveau des orientations et des financements de ces derniers.
6.1.2.1 Les enjeux du financement
Dans le cas d'OXFAM-Québec une partie de ses fonds
provient d'autres organisations, ce qui sous-tend qu'OXFAM-Québec doit
se soumettre aussi à des critères d'octroi de fonds et à
l'atteinte de résultats envers ses bailleurs de fonds.
Oui, pour le programme « Envois de
volontaires », comme le CECI, comme le Cuso, on a un financement de
l'ACDI qui correspond actuellement, je crois, à 45 % du financement
d'OXFAM-Québec. Les autres financements viennent de la Banque Mondiale
et des grands bailleurs de fonds internationaux, et de la levée de fonds
d'OXFAM-Québec. Donc, OXFAM international nous permet de faire des
études et d'être présent sur la scène internationale
dans toutes les grandes réunions de l'OMC et tout ça, on envoie
toujours un membre de OXFAM international. OXFAM-Québec a un lien direct
avec OXFAM international (Entrevue OXFAM-Québec, 2004).
De plus, OXFAM-Québec doit s'inscrire dans la vision de
ses bailleurs de fonds et de l'organisation OXFAM International afin de remplir
sa mission. Il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu dans la
création d'un partenariat. Les contraintes relatives aux critères
de financement d'OXFAM-Québec n'ont pas eu d'impact dans la
création du partenariat avec Songhaï, parce que ce dernier avait
développé antérieurement un projet d'accompagnement des
fermiers dans la région des Collines qui s'inscrivait déjà
dans un des volets d'OXFAM-Québec. Pourtant, OXFAM-Québec aurait
pu exiger de Songhaï différents critères primordiaux pour la
mission d'OXFAM auxquels il n'aurait pas voulu se conformer et le partenariat
aurait échoué.
Le Centre, quand il va vers les bailleurs de fonds pour
proposer son plan ou des projets qui entrent à l'intérieur du
mouvement de Songhaï, ne va pas accepter de nouer un partenariat au
détriment de ses objectifs. Les administrateurs du Centre refuseront de
s'engager dans le processus de financement qui ne répond pas aux besoins
du Centre, des fermiers ou des localités, car ils veulent garder leur
pleine gouvernance.
Dans la discussion avec notre partenaire américain
on dit « Voilà mon programme et voici comment vous pouvez
participer à ce programme ». C'est ainsi que Songhaï
travaille et qu'il a bénéficié de beaucoup d'argent. Des
gens ont voulu nous aider. On leur dit c'est gentil, mais on n'a pas besoin de
ça. Mais des gens comme USAID et OXFAM Québec ils comprennent
notre plan, mais si on n'a pas compris on n'avance pas. Il faut qu'ils
comprennent que nous sommes au volant, qu'ils sont nos partenaires financiers
et techniques et c'est à nous de décider qu'est ce qu'on veut. Ce
n'est pas eux qui vont nous le dire (Entrevue Nzamujo, 2004).
Le grand défi de cette approche se retrouve dans la
négociation et dans la compréhension mutuelle des partenaires.
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