la politique monetaire et la crise immobilière : cas du subprime( Télécharger le fichier original )par TAHER &WIEMBENDHIAF& MRAD NAMJI FSEG Mahdia - Maitrise en science economique: option : economie financière et bancaire 2007 |
II- La crise du subprime:1. Le fonctionnement du marché des subprimes Le marché des "subprimes" est constitué de prêts hypothécaires, cartes de crédits, location de voitures et autres prêts à risques accordés à une clientèle peu solvable ou à l'histoire de crédits difficile. Ce marché s'est largement développé aux Etats-Unis à partir de 2001, passant d'un montant de 200 milliards USD pour les prêts hypothécaires en 2002 à 640 milliards USD en 2006.Ce montant représentait 23% du total des prêts immobilier souscrits22(*). Les emprunteurs à risques peuvent contracter un emprunt immobilier sur ce marché, moyennant un taux d'intérêt révisable (indexé sur la base de taux directeur de la FED), majoré d'une "prime de risque" (subprime) pouvant être très élevée. Les premières années du prêt (1,3ou 5 en général) sont couvertes par un taux d'intérêt fixe promotionnel qui devient ensuite variable. Les emprunteurs hypothécaire américains ont la possibilité d'emprunté jusqu'à 110% de la valeur de l'immeuble objet de prêt, d'avoir la possibilité de ne rembourser que la partie de leur mensualité, un intérêt d'ailleurs entièrement déductible d'impôt. Le marché aurait aussi été encouragé par une législation de 1977 (Community Reinvestment Act), qui oblige les établissements de crédits à prêter à des personnes à revenus modestes auxquelles de tels prêts ne seraient sans cela pas accordés23(*). Ces prêts à des personnes aux scorings de crédit insuffisants ont fait gonfler la bulle immobilière et aggravé les conséquences de son éclatement. Certains établissements financiers américains ont fait de la subprime leur spécialité en trouvant appui auprès du système bancaire traditionnel. Quand la conjoncture est favorable, ce système fonctionne bien : l'emprunteur met sa maison en hypothèque, qui sert donc de garantie, et les établissements peuvent obtenir de confortables marges de profits grâce à ces clients à risque. Pour l'emprunteur à risque, ce mécanisme permet d'accéder à la propriété, ce qu'il ne pourrait pas faire par ailleurs. 2. Le déclenchement de la crise subprime Le système dépend de deux conditions pour sa pérennité : d'une part, des taux d'intérêt relativement stables, et d'autre part d'une appréciation régulière de l'immobilier. Or, -La Fédéral Réserve a progressivement relevé son taux directeur de 1%à 5,25% entre 2004 et 200624(*). -Les prix de l'immobilier ont commencé à chuter dans plusieurs régions des Etats-Unis à partir de 2006. Le marché immobilier américain a perdu aux alentours de 20% les 18 derniers mois précédents la crise. Ces fluctuations immobilières sont toutefois très différentes selon les Etats, villes et quartiers. Par conséquent, les emprunteurs se retrouvent confrontés à une hausse de leurs mensualités alors que la valeur de leur bien diminuait, et les plus fragiles furent alors incapables de faire face à leur remboursement. Le défaut de paiement, lorsqu'il est limité à des cas isolés, est couvert par les créanciers, grâce à une politique de gestion du risque, les organismes sont censés pouvoir supporter les délais nécessaires au recouvrement des créances des débiteurs. Mais, dans le cas d'un phénomène de défauts de paiement en masse, l'organisme créancier peut se retrouver en situation très difficile. Or, en 2007, le taux de non- remboursement sur ce crédit s'est élevé aux alentours de 15 %. Avec, la baisse de marché immobilier américain, la valeur des habitations est devenue inférieure à la valeur des crédits qu'elles étaient censée garantir. Ainsi, les établissements de crédit, censés pouvoir récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées, se retrouvaient sans moyen rapide de redresser leur bilan, puisque vendre ces biens ne suffisait plus à couvrir leurs pertes. L'afflux de biens saisis, mis en vente sur les marchés a même aggravé le déséquilibre du marché immobilier où les prix se sont effondrés. Le 24 août 2007, un site spécialisé faisait état de 1 268 525 défauts de paiement constatés25(*), mais chaque constat de défaillance ne mène pas à la faillite de l'emprunteur. Les banques essayant généralement de retrouver des solutions de rééchelonnement des prêts lorsqu'elles pensent que les débiteurs ne traversent qu'une difficulté passagère. Le président de la commission bancaire du Senat des Etats _Unis, Christopher Dodd, estime qu'entre un à trois millions d'Américains pourraient perdre leur logement suite à cette crise26(*). 3. L'effet de contagion sur le système bancaire américain L'insolvabilité des débiteurs et la chute des prix de l'immobilier ont provoqué la chute ou la faillite de plusieurs entreprises de prêts hypothécaires à risque (subprime Mortgage Lender), tels la New Century Financial Corporation, dont le titre en bourse à chuté de 90%, conduisant a l'effondrement du prix des actions de l'industrie du crédit. Les grandes banques, qui financent ces établissements financiers spécialisés, pâtissent également de ces faillites et leurs demandes de remboursements anticipés auxquels ils ne peuvent faire face, accélérant les faillites. D'autres grandes banques sont actionnaires de ces sociétés de crédits spécialisés. Le mardi 21 août 2007, les sociétés financières américaines auraient annoncé prés de 21000 suppressions d'emplois depuis le début du mois, dont 11 040 depuis vendredi 17 aout, selon le cabinet Challenger, Gray and Christmas. Selon la FED, les pertes pour les banques pourraient s'élever à hauteur de 100 à150 milliards USD pour un marché de 8 400 milliards d'encours de crédits. 4. Gestion de la crise Le vendredi 31 août 2007, le président américain George W. Bush a annoncé une série de mesures destinées à empêcher que les ménages qui font face à des taux d'intérêts particulièrement élevés ne se retrouvent en situation de défaut de paiement et ne soit contraints de vendre leur maison. Il a notamment proposé que la Fédéral Housing Administration modifie ses règles de manière à assouplir les conditions de refinancement exigées des emprunteurs, ainsi que modifié le régime fiscal pour faire en sorte que des sommes radiées de la valeur d'une maison par des institutions financières ne soient taxées par le gouvernement fédéral. Il estime tout de même que le rôle du gouvernement américain dans ce dossier est limité, et qu'il n'est pas de sont ressort de se porter à la rescousse de spéculateurs ou d'investisseurs ayant pris de mauvaises décisions. Par ailleurs, les agences de notation (Standart &Poor's, Moody's, Fitch) sont accusées d'avoir mal évalué le risque de produits et, partant, la notation associée à ces produits. En outre, avec la baisse importante des émissions de produits structurés qui représentaient la moitié de leur revenus, ces agences ont du lancer des plans de licenciement : Standart & Poor's a annoncé le 8 décembre un plan pour réduire ses effectifs de 3%27(*). Les représentants du G7 ont appelé à plus de transparence dans le travail des agences de notation. La ministre française de l'économie Christine Lagarde a développé cette position en indiquant préférer à de nouvelles lois28(*) une régulation du système bancaire par lui- même. * 22 Le Figaro Economie, 9 octobre 2007, page 18 * 23 Sub-prime politicians, Thomas Sowell, The Washington Times, 10 août 2007 * 26 Les agences de notation dans la tourmente de la crise des subprimes, La Tribune, 10 janvier 2008 * 27 Marchés financiers : le G7 réclame plus de transparence, Challenges, 9 octobre 2007 * 28 Interview au Financial Times, 8 octobre 2007 |
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