Les enjeux de la coopération sino-africaine( Télécharger le fichier original )par Awuve Koffi Afetogbo AZILAN Ecole Nationale d'Administration du Togo - Diplome de Cycle III de l'ENA, Option Diplomatie 2008 |
Section II : Une coopération grandissante fondée sur des principesPoint n'est besoin d'être un expert pour constater que les relations entre la Chine et l'Afrique sont en pleine évolution (Paragraphe II). S'il y a un tel dynamisme dans la coopération sino-africaine, c'est qu'elle s'est toujours fondée sur des principes (Paragraphe I). Paragraphe I: Les principes fondamentaux de la coopération sino-africaineDepuis 1953, la Chine fonde ses relations extérieures sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence pacifique »24(*) qui sont le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, la non agression mutuelle, la non ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, l'égalité et la réciprocité des avantages et la coexistence pacifique. Parmi ces principes tous aussi importants les uns que les autres, trois (3) sont plus fréquemment évoqués dans les relations sino-africaines : les principes de la non ingérence et le respect mutuel de la souveraineté (A) et le principe de l'égalité et des avantages réciproques (B). A- Les principes de la non ingérence et du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale Ce qui caractérise la coopération sino-africaine et la distingue des autres axes de coopération, c'est que la Chine s'abstient d'intervenir dans les affaires intérieures des pays africains. La Chine n'a jamais tenté d'imposer son système politique, social ou idéologique aux pays africains, contrairement aux pays occidentaux qui posent de multiples conditions dont, entre autres, la bonne gouvernance et la démocratie depuis la disparition du bloc de l'Est. Pour Jiang Zemin, ex-Président de la RPC « aucun pays n'a le droit d'imposer aux autres son système social et son idéologie et encore moins, de les accuser à tord et à travers pour ce qui est de leurs affaires intérieures »25(*). Dans ses relations avec l'Afrique, la Chine respecte la particularité de chaque pays, les aidant à aller vers le développement sans pour autant leur indiquer ou leur imposer une voie à suivre. Elle laisse ainsi à ses partenaires la liberté de définir leurs priorités en fonction de leurs besoins et de leurs réalités sociales26(*). Elle s'est toujours opposée, dans les arènes multilatérales, à toute forme d'ingérence dans les affaires intérieures des pays pauvres. Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et elle n'hésite pas à placer son respect comme l'un des paradigmes dominants de son rapport avec l'Afrique. Les principes de la souveraineté et de la non ingérence sont le prolongement d'un autre principe, celui de l'égalité. B- Le principe de l'égalité et des avantages réciproques Le principe de l'égalité en droit de tous les Etats est posé par la Charte des Nations Unies comme l'une des conditions de la paix dans le monde27(*). L'égalité en droit signifie que les Etats, qu'ils soient grands ou petits, pauvres ou riches, puissants ou faibles, ont tous le droit d'intervenir librement sur les questions internationales et de pouvoir gérer leurs affaires intérieures sans subir l'influence des autres. Si ce principe est souvent proclamé et répété avec complaisance à toutes les tribunes internationales, la réalité est cependant toute autre pour les pays pauvres qui sont souvent victimes de la volonté impérialiste et interventionniste des grandes puissances. C'est pourquoi le respect de ce principe d'égalité par la Chine dans ses rapports avec les pays africains (qui sont faibles dans leur immense majorité), tranche avec l'orthodoxie habituelle des relations internationales. Pour la Chine « le nouvel ordre politique et économique international doit garantir aux divers pays le droit de participer, sur un pied d'égalité, aux affaires internationales »28(*). Le respect par la Chine du principe d'égalité dans sa coopération avec les pays africains donne à ceux-ci le sentiment que la Chine est beaucoup plus sincère. En effet, la Chine s'inscrit dans une approche `'gagnant gagnant'' ou `'win-win'' qui permet à chacun des partenaires d'escompter des avantages mutuels et réciproques. Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine publié par le Gouvernement chinois au mois de Janvier 2006 précise que « la Chine oeuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant ». Cette approche favorise le développement rapide de la coopération sino-africaine. * 24 Il faut signaler que ces principes ont été exprimés pour la première fois par Chou En-lai, alors Premier Ministre de la RPC, lorsqu'il recevait une délégation indienne. Il les a réitérés deux ans plus tard à la conférence de Bandoeng. * 25 Allocution prononcée à la cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération sino-africaine à Beijing, le 10 Octobre 2000. * 26 La non ingérence et l'absence de conditionnalité de l'aide chinoise sont souvent décriées par la communauté internationale et surtout par les pays occidentaux, comme une prime ou un encouragement de la mal gouvernance en Afrique. Cependant, il est permis de se demander si la `'démocratisation à pas forcé'' et l'imposition d'un modèle stéréotypé de gouvernance occidentale à l'Afrique, n'est pas pour quelque chose dans la déstructuration des sociétés africaines. Les conditionnalités de l'aide publique au développement (APD) occidentale ne sont-elles pas un moyen pour l'Europe d'avoir à sa merci les dirigeants des pays africains ? * 27 Voir l'article 1er § 2 de Charte de l'ONU. * 28 Allocution du Président Jiang Zemin, Op. Cit. |
|