Les enjeux de la coopération sino-africaine( Télécharger le fichier original )par Awuve Koffi Afetogbo AZILAN Ecole Nationale d'Administration du Togo - Diplome de Cycle III de l'ENA, Option Diplomatie 2008 |
Paragraphe II : Un soutien politique réciproqueFidèles aux engagements pris à Bandoeng, la Chine a apporté un soutien sans faille à la décolonisation de l'Afrique (A) qui, à son tour, a contribué à la reconnaissance internationale de la Chine continentale (B). A- Le soutien de la Chine à la décolonisation de l'Afrique La Chine a contribué à la décolonisation de l'Afrique par son soutien actif aux Mouvements de Libération Nationale. La conférence de Bandoeng a été pour bon nombre de responsables de ces mouvements de libération, l'occasion de solliciter de Chou En-laï, armes et subsides distribués plus ou moins généreusement. C'est ainsi que la Chine a apporté son soutien financier et logistique à l'Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola (UNITA) et au Mouvement Populaire pour la Libération de l'Angola (MPLA). Elle a également offert son appui au Front de Libération du Mozambique (FRELIMO), la Zimbabwe African Nations Unity (ZANU), l'African National Congress (ANC), etc. La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le Gouvernement provisoire d'Algérie, créé en 1958. Elle a par ailleurs manifesté sa solidarité à l'Egypte nassérienne durant son bras de fer avec la coalition franco-britannique dans la crise du canal de Suez. La Chine utilisera toutes les tribunes internationales pour dénoncer le colonialisme et l'impérialisme. Ayant pendant longtemps lutté elle même pour s'affranchir de la domination, la Chine comprenait le combat des peuples d'Afrique et sa solidarité envers eux ne se justifie que par sa volonté à lutter contre les impérialismes. La Chine est compatissante du drame vécu par « les frères pauvres » d'Afrique. Lin Piao déclarera que « les pays socialistes devraient considérer comme un devoir le soutien aux luttes des peuples révolutionnaires en Afrique, en Asie et en Amérique latine21(*) ... ». Il s'agit là d'une véritable profession de foi d'un tiers-mondisme militant. Le soutien de la Chine à la décolonisation du continent noir a été récompensé par la contribution de l'Afrique à la reconnaissance internationale de la République populaire de Chine. B- Le soutien de l'Afrique à la reconnaissance internationale de la Chine La question taiwanaise est une variable incontournable qu'il convient d'intégrer dans toute démarche visant à comprendre la Chine ou à évaluer ses rapports avec le reste du monde en général et avec l'Afrique en particulier. Le différend qui oppose la République Populaire de Chine à Taiwan remonte à la guerre civile qui a vu s'affronter d'une part les nationalistes dirigés par Chang Kai-check et de l'autre, les communistes conduits par Mao Tse-Toung22(*). Les deux gouvernements (le gouvernement du Kuomintang après sa défaite s'est réfugié sur l'Ile de Taiwan) s'étaient engagés dans un duel pour savoir lequel devrait représenter la Chine à l'ONU. Dans un contexte de guerre froide et surtout avec le soutien de Washington, le gouvernement en exil de Taiwan a toujours occupé la place de la Chine au sein de l'Organisation universelle. Cependant, après plusieurs tentatives infructueuses, Pékin a finalement retrouvé sa place à l'ONU au détriment de Taipeh grâce surtout à l'appui des pays africains. Sur les 76 votes obtenus à l'Assemblée Générale, 26 émanent de ces pays. Reconnaissant, Mao dira : « si maintenant nous sommes rentrés à l'ONU, c'est que les frères pauvres d'Asie et d'Afrique nous ont épaulés23(*) ». Ce soutien précieux des pays africains dans le rétablissement de la Chine Continentale dans ses droits légitimes aux Nations Unies constitue une façon pour eux de renvoyer l'ascenseur à leur alliée qui les avait aidé à accéder à leur souveraineté internationale. Il conforte Pékin dans sa politique africaine. A la fin des années 70, 44 Etats africains ont des relations diplomatiques avec Pékin. Depuis lors, la coopération entre la Chine et l'Afrique qui se structure autour des principes de la coexistence pacifique, n'a cessé de croître. * 21 Lin Piao cité par Adama Gaye dans Chine-Afrique ; Le dragon et l'autruche, op. cit, p. 62 et 63. * 22 Il ne faut pas confondre ce différend avec l'antagonisme qui a opposé le Japon à la Chine jusqu'en1945. En effet, suite à une guerre qui les avait opposé au 19ème siècle, la Chine, après sa défaite, a renoncé à l'Ile de Formose au profit du Japon par le Traité de Shimonoseki. Ce n'est que plus tard, après la guerre de l'Opium que la Chine a retrouvé sa souveraineté sur l'Ile. * 23 www.atlas.com, consulté le 21 février 2008. |
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