B : Les différents rôles iraniens :
tricheur, contestataire et révisionniste :
1 : L'Iran est-il un pays
révisionniste ? :
Après
avoir présenté les faits, éclairci un peu la situation
quant au problème nucléaire iranien nous allons maintenant
présenter les résultats de la première analyse quant
à la croyance des acteurs iraniens dans le régime de
non-prolifération. Nous avons après traitement pu dégager
les points de vue de chacun sur les éléments de la
définition de Krasner (cf.cadre théorique), à savoir
principe, norme, règles, procédure de prise de décision et
organe de décision. Quant au choix d'inclure les documents de l'IRNA
comme indicateur du point de vue de l'Iran, on peut rajouter un autre aspect
que le désir d'avoir un point de vue global. L'IRNA est un acteur de la
stratégie de communication iranienne (cf.deuxième partie) et l'on
peut voir dans les textes et décision de l'AIEA que l'influence des
« sources librement accessibles » est importante. En guise
d'exemple, nous citerons le rapport de l'AIEA d'Avril 2006124(*) : « A la
mi-avril 2006, la presse a rapporté plusieurs informations faisant
état de déclarations de responsables iraniens de haut rang
concernant des travaux de R-D et des essais de centrifugeuses P2 de l'Iran.
L'Agence a demandé à l'Iran de clarifier ces
déclarations » et sa conclusion en Août
2006. : « Comme indiqué dans le dernier rapport du
Directeur général, suite aux déclarations publiques faites
par de hauts responsables iraniens selon lesquelles l'Iran menait des
recherches sur de nouveaux types de centrifugeuses, l'Agence a écrit
à l'Iran, le 24 avril 2006, pour demander des éclaircissements
sur l'ampleur et la teneur de ces recherches (GOV/2006/38, par. 6). Le 16 juin
2006, elle a reçu de l'Iran une lettre dans laquelle celui-ci
déclarait notamment qu'il étudiait différents types de
centrifugeuses et qu'il s'agissait d'une activité de R-D en cours ne
mettant pas en jeu des matières nucléaires ».
Tout d'abord
les communications iraniennes quand au principe de
non-prolifération.
a. Communication de l'Iran sur
l'état actuel du régime de non-prolifération :
1.
Principe de non-prolifération,rôle du nucléaire civil
:
L'analyse a
permis de dégager différents sous-thèmes que nous avons
classé en fonction de leur répétition. Ce choix n'est pas
figé dans le sens où une déclaration de l'Ayatollah
Khamenei peut avoir beaucoup plus d'impact qu'une déclaration des
représentants de l'Iran à l'AIEA. La source a donc aussi
été prise en compte :
·
L'utilité de la lutte contre la prolifération :
La course aux
armements met le monde en danger, il faut mettre en place une zone de
non-prolifération. L'Iran a donc un intérêt fort à
promouvoir l'autorité du TNP et si le système était juste,
toutes les armes de destruction seraient détruites. Les Iraniens veulent
résoudre le problème nucléaire Israélien par l'AIEA
·
L'utilité du nucléaire :
Pour les
iraniens, le nucléaire est inutile dans la recherche de la
sécurité.
Le
nucléaire civil est bénéfique, c'est la base du
progrès la technologie Iranienne sert à la paix
·
L'utilité d'une bombe atomique :
L'ayatollah
Khamenei a interdit par un décret la production et l'utilisation du
nucléaire militaire, la bombe est idéologiquement non acceptable
et inutile et de plus la dissuasion nucléaire est inefficace.
Sur la base
de leurs communications, on peut dire que l'Iran adhère au principe de
non-prolifération,ils sont en adéquation avec les principes du
traité de non prolifération.
2.
Normes : Obligation de ne pas disséminer les armes
nucléaires, aide technique entre les pays membres pour la promotion du
nucléaire civil, désarmement :
·
Partage du savoir entre les pays :
L'Iran pense
qu'il a l'obligation d'aider les autres membres et pays pour transmettre son
savoir avec peu d'efforts. Pour l'Iran le programme nucléaire appartient
à toute l'humanité.
·
Désarmement :
L'Iran veut
discuter de désarmement global. Outre les informations contenues dans la
partie précédente sur l'utilité de la lutte contre la
prolifération, l'Iran communique positivement sur les autres normes du
régime de non-prolifération, il pense que la technologie
nucléaire doit être partagée et qu'il faut mettre en oeuvre
un désarmement des puissances nucléaires. Quand au partage de la
technologie nucléaire un doute subsiste et il sera discuté dans
la deuxième partie. En effet si l'Iran parle de partage civil il reste
dans les normes mais s'il parle de partage militaire, il rejette alors une des
normes du régime de non-prolifération.
3.
Règles : Relatif aux incitations ou
sanctions :
·
L'efficacité des sanctions :
Pour l'Iran
les sanctions ne résolvent pas les problèmes, elles sont
inefficaces. De plus elles violent le droit international. L'Iran pense qu'un
pays peut développer l'énergie nucléaire sans l'aide du
régime de non-prolifération et même contre lui.
·
L'impartialité des sanctions :
L'Iran pense
que les sanctions du régime de non-prolifération sont
politisées et injustes, basées sur des animosités et des
haines culturelles ou des volontés de domination.
· Les
procédures de contrôle :
L'Iran croit
dans les règles et les procédures de contrôle de l'AIEA et
à dépenser des sommes importantes pour des contrôles
volontaires. L'Iran juge les sanctions injustes et inefficaces, cependant
l'Iran croit à l'utilité et l'efficacité des
procédures de contrôle de l'AIEA. Il y a un désaveu du mode
de sanction mais pas du mode de contrôle. On peut présumer que
c'est l'écart entre les sanctions prévues et les sanctions
appliquées qui génèrent ce point de vue
(cf.deuxième partie).
4.
Procédure de prise de décision : Avis relatifs au
système international, à la légitimité des
institutions :
· La
justice du système international et son efficacité :
L'Iran pense
que les instances internationales issues de la domination des États-Unis
après la seconde guerre mondiale sont en échec. Pour l'Iran,
aucune nation ne peut compter sur elle, le monde est basé sur la force,
l'intimidation et la discrimination. Pour l'Iran les droits de veto
empêchent la paix, les organismes internationaux sont injustes et
impuissants du fait qu'ils ne sont que des outils privés.
· Les
crises internationales :
Pour l'Iran
la crise du nucléaire est avant tout politique, les sanctions et les
conditions de la négociation sont imposées par les
États-Unis
· Le
multilatéralisme :
L'Iran pense
que l'unilatéralisme est dangereux pour tous, le multilatéralisme
est la seule option durable.
· Mode
de gouvernance :
On retrouve
dans les dépêches de l'IRNA des demandes pour un gouvernement
global.
L'Iran pense
que le monde devrait être gouverné par un gouvernement juste et
respectant des valeurs morales, religieuses et humaines.
L'Iran pense
que le système international est injuste, il dénonce la
domination et l'hégémonie américaine. L'Iran pense que la
crise du nucléaire est une expression de la main mise des puissances
dominantes sur les instances multilatérales internationales et
prône pour leur réforme. L'Iran critique la situation actuelle,
mais ne revient pas sur le principe du multilatéralisme.
5.
Organe de décision : Le statut et le rôle de l'AIEA :
· La
juridiction de l'AIEA :
L'Iran pense
que l'AIEA devrait être la seule à investir et à
résoudre le problème nucléaire. L'AIEA est la seule
juridiction compétente pour juger la crise du nucléaire
iranien.
L'Iran pense
que le Conseil de sécurité ne devrait pas s'ingérer dans
les problèmes relevant de la compétence d'autres organisations
internationales qualifiées d'indépendantes. L'Iran pense que la
question nucléaire est indépendante des autres aspects
internationaux.
·
L'indépendance de l'AIEA :
L'Iran pense
que l'AIEA est soumise aux occidentaux. L'Iran se déclare contre les
instances internationales car les pouvoirs essayent de l'opprimer. L'AIEA
devient un organe politisé.
·
Attitude face à l'AIEA :
L'Iran pense
qu'il faut renforcer l'AIEA, selon l'Iran la réaction du monde face
à l'AIEA n'est pas appropriée.
L'Iran pense
que l'AIEA n'est pas indépendante et que sa soumission aux
volontés des grandes puissances nuit à son efficacité et
à sa crédibilité. Malgré ce constat l'Iran
prône pour un renforcement du pouvoir et de l'indépendance de
l'AIEA.
* 124 Tout au long de ce
travail les rapports fait au conseil des gouverneurs de l'AIEA par le directeur
général, appelés « board report »,
seront cités avec la date et l'année de leur parution. Cela
permettra de les identifier facilement sur le site officiel de l'AIEA,
http://www.iaea.org/NewsCenter/Focus/IaeaIran/index.shtml
Tous sont disponibles en différentes langues. Les autres
textes comme les résolutions ou les circulaires d'information seront
citées avec leur numéro d'enregistrement et sont disponibles
à la même adresse.
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