CHAPITRE III : LES CONTRAINTES DES
T.V ET DE LA R.S.F.G
Malgré la multitude, et l'importance, de ses ressources
naturelles, la Réserve de Gueumbeul et sa périphérie sont
confrontés à de nombreuses contraintes. Mais, il faut remarquer
que les contraintes ne sont pas les mêmes car les T.V souffrent de
l'implantation du barrage de Diama, de la sécheresse et de la
proximité de la réserve ; tandis que la R.S.F.G souffre,
plutôt, de problèmes techniques pour sa gestion.
I/ LES CONTRAINTES DES T.V
Les terroirs villageois de la périphérie de la
R.S.F.G sont une zone très défavorisée. Cette situation
trouve ses origines, au début des années 1980, avec la mise en
place du barrage de Diama, l'érection dans leur terroir de la
réserve (1983) et des effets de la sécheresse. La combinaison de
ces trois facteurs a inéluctablement conduit à
l'exiguïté des terres, à la réduction des revenus des
populations tirés des activités économiques, puis à
l'exode rural. Ceux-ci ont comme conséquences les conflits agriculteurs
éleveurs pour la conquête d'espace et l'appauvrissement des
populations dû à la réduction de leurs revenus. Les T.V
sont aussi très affectés par le manque d'infrastructures
scolaires, sanitaires de loisirs, pour l'épanouissement de ses
populations.
1.1 Les contraintes liées au
barrage de Diama
Le fonctionnement hydrologique au niveau de l'estuaire, en
aval de Saint-Louis, est fortement affecté par les aménagements
hydrauliques sur le fleuve Sénégal. Actuellement il est
régi par la gestion du barrage de Diama, à travers ses phases de
lâchers et de rétention des eaux. On a ainsi deux
périodes : une des hautes eaux durant laquelle l'estuaire est
inondé par les eaux de crues. Cette période est courte et dure,
au maximum, trois (3) mois. La seconde, quant à elle, est longue (7 mois
environ) et dans cette période ce sont les eaux issues des
marées, de l'Océan Atlantique, qui occupent l'estuaire.
Le barrage de Diama entraîne, ainsi trois situations
dans l'estuaire dans la première, l'estuaire et ses dépressions
(Gueumbeul, Ngaye-Ngaye...) sont envahis par une crue artificielle qui
dépend des conditions, pluviométrique et hydrologique, en amont
de Diama. Sa durée est tributaire de l'option retenue à Diama. La
seconde est dite de salinisation, car la zone est soumise aux marées de
l'Océan Atlantique. La dernière dite d'évaporation,
s'opère dans le milieu qui est sous la seule influence de
l'océan.
Ces effets de Diama conduisent directement à des
conséquences désastreuses sur la zone. Celles -ci vont de
l'inondation des terres, à la salinisation des eaux des sols, à
la diminution de l'approvisionnement de la mangrove en eau douce et à la
disparition de certaines espèces de poissons.
- L'inondation des terres :
Les multiples lâchers, des vannes du barrage de Diama,
à la fin de l'hivernage, conduisent aux inondations des terres de la
zone. Ces lâchers se font au moment où les dépressions, de
la zone estuarienne, sont remplies d'eau. Cette situation entraîne
directement un débordement du lit mineur de ces cuvettes et
entraîne l'inondation des terres voisines composées des terres de
culture et de pâture.
Les villages de Dieule Mbame et de Mbambara sont les plus
touchés par ce phénomène, car étant très
proche du bras principal du fleuve Sénégal. Cependant d'autres
parties de la zone, qui sont proches des cuvettes, sont aussi
affectées.
- La salinisation des eaux et des
sols :
La longue période sans lâchers d'eau, au niveau
de Diama, contribue fortement à l'occupation de la zone, durant cette
période, par les marées dans l'Océan Atlantique. L'eau
étant salée, étalée dans toutes les cuvettes,
arrive aisément a contaminé la nappe phréatique qui est
peu profonde (1,5m parfois) ; durant sept (7) mois c'est ce processus qui
prévaut et transforme le fonctionnement écologique normal du
milieu. Si les lâchers étaient plus importants, ils conduiraient
à une alternance entre les phases de hautes marées
océaniques, où les eaux océaniques occupent les cuvettes,
et les phases durant lesquelles ce sont les eaux fluviales, amenées par
les grandes ondes de crues, qui dominent pour dessaler le milieu. Le processus
de salinisation se déroule de la façon suivante : Les eaux
de marines occupent les cuvettes, une partie s'infiltre et atteint la
nappe ; tandis que l'autre s'évapore et laisse les cristaux de sel
en surface. Cette invasion océanique cause deux problèmes :
la salinisation des eaux souterraines et la salinisation des sols ; ces
derniers deviennent impropres à l'agriculture. Ce
phénomène est plus désastreux pour le maraîchage,
car en plus des sols les nappes principales sources d'approvisionnement en
eau, sont aussi contaminées par le sel. Ce caractère
saumâtre des eaux a conduit à l'absence d'eau potable dans la
zone. Exceptés les villages de Ndiakher, Ngaye-Ngaye, Diama
Toubé, et Békhar, qui sont alimentés en eau potable par un
forage implanté à Ndiakher, tous les autres villages sont
alimentés à partir de Saint-Louis ou consomment directement ces
eaux saumâtres. Les villages qui souffrent le plus sont Dieule Mbame,
Doune Baba Dièye, Mbambara... La R.S.F.G et les villages de Gueumbeul et
Ngaïna sont alimentés par des citernes d'eau venant de
Saint-Louis. Le bidon de vingt (20) litres coûte à 60 francs
C.F.A.
- La diminution de l'approvisionnement en eau
douce de la mangrove :
Durant sept (7) mois, environ, la mangrove est totalement sous
les eaux salées. Cette situation conduit à une forte
mortalité de la mangrove, qui est la zone de frayère des
huîtres, des langoustes et des crevettes. L'espèce menacée
est le rhizophora.
- La diminution de certaines espèces
de poissons :
La fermeture du barrage cause un problème majeur pour
les populations de l'estuaire. Elle a entraîné la rareté et
la disparition de certaines espèces de poisson. Pendant sept (7) mois
les poissons sont retenus à l'amont du barrage et ne peuvent pas
accéder à la zone. Ce qui conduit à la rareté de
certaines espèces poissons qui n'apparaissent plus maintenant que durant
les courtes phases d'ouverture du barrage.
Seulement il faut dire que les populations ne souffrent pas
seulement de l'implantation du barrage mais, aussi et surtout, de
l'érection de la R.S.F.G qui leur cause beaucoup de
désagréments.
|