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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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123. Organisation de l'économie

L'organisation des entreprises industrielles soviétiques repose sur une forte division du travail et une structure hiérarchique dans laquelle les travailleurs ne disposent d'aucun contre pouvoir matérialisé notamment par le rôle ambivalent des syndicats (p30). La coupure entre travail manuel et intellectuel, entre travail de direction et d'exécution, y est profonde.

Concernant l'organisation de l'entreprise soviétique on peut noter qu'elle s'articule de la façon suivante13(*) :

- Le directeur : Il se situe au sommet de l'organigramme. Celui-ci est nommé par le ministère dont dépend l'unité de production. Il n'est responsable de sa gestion que devant cette autorité supérieure et non par rapport aux travailleurs écartant de fait l'idée de cogestion. L'état impose en effet à l'entreprise une tutelle rigide matérialisée par la planification centralisée dans laquelle la centralisation du pouvoir est la règle.

Le directeur est un personnage appartenant forcément à la nomenklatura créant ainsi une forme d'hostilité de la part des salariés.

Le directeur est assisté dans le système par :

- L'ingénieur en chef : Il a un rôle d'expertise et de conseil auprès du directeur

- Les directeurs adjoints : Leur rôle consiste à assister le directeur pour le service financier, le service du personnel et pour les questions matérielles et techniques (approvisionnement, transport), ils sont relativement nombreux en raison d'une forte bureaucratisation liée à la planification. Le travail administratif constitue pour certains d'entre eux la totalité de leurs tâches.

A un niveau plus opérationnel on retrouve :

Les contremaîtres : Ils exercent leur autorité dans l'atelier et jouent un rôle clé dans l'organisation du travail en répartissant les taches et en affectant les travailleurs aux différents postes (ce qui a un effet direct sur les salaires. Nommé par le directeur, il est l'intermédiaire entre la direction avec ses services et les travailleurs.

124. Organisation de l'agriculture, des formes de propriété inadaptées

L'agriculture peut véritablement être considérée comme le point faible de l'économie soviétique. Alors que dans la plupart des pays industriels les agriculteurs représentent une minorité de la population active et que les récoltes sont supérieures aux besoins, on trouve une situation inverse en URSS. L'application du principe de « la propriété du peuple tout entier » conduit à une situation ou l'Etat possède la quasi-totalité des moyens de production, hormis la propriété individuelle. Cette propriété individuelle qui peut prendre des formes diverses (petit commerce, lopin de terre) peut être remise en cause à tout moment par l'état.

Les moyens de production prennent essentiellement trois formes :

- La propriété d'état: Ici l'état est le propriétaire exclusif des moyens de production. C'est le cas notamment des industries extractives et manufacturières, les transports et la plus grande partie de la distribution ainsi qu'une partie de la terre (les sovkhozes)

- La propriété coopérative : Les membres des coopératives agricoles ou industrielles sont propriétaires de leurs biens. Les coopérateurs sont rassemblés volontairement ou par la force dans ces structures collectives. En fait cette forme de propriété, à mi-chemin entre la propriété privée et de la propriété collective est plus proche de la seconde pour deux raisons : tout d'abord il est quasi impossible de quitter la coopérative et de récupérer son bien et en second lieu, le secteur coopératif (les kolkhozes) est soumis au contrôle du Centre souvent au même titre que les entreprises du secteur d'état.

- La propriété privée est limitée aux biens personnels et à certaines activités fortement contrôlées (notamment les services) et à une partie de l'agriculture.

Les deux premières formes de propriété constituent le secteur socialiste, la troisième, le secteur privé qui occupe une place tout à fait marginale dans le PIB du pays. C'est seulement avant l'implosion du système socialiste que ce secteur a connu une forte extension.

Cette distribution des droits de propriété et la centralisation qui en résulte vont engendrer des conséquences négatives sur le plan de la gestion des entreprises socialistes, la confusion entre possession et gestion. Les firmes socialistes sont gérées par le centre en l'absence de concurrence et d'instruments d'incitation. Ces entreprises remplissent de nombreux objectifs, certains économiques (réaliser les objectifs du plan), d'autres sociaux (fonction de redistribution) et politiques (conformité aux objectifs du parti). De manière générale, on peut dire que cette multiplicité d'objectifs explique l'infériorité en termes d'efficience du système socialiste. Véritable talon d'Achille des économies soviétiques l'agriculture soviétique a été victime des choix prioritaires de l'industrialisation rapide, d'un mode d'organisation inadapté et d'un statut social mal considéré. Elle a connu d'importantes mutations notamment par le biais de la perestroïka qui l'a conduit vers une quasi-privatisation généralisée

* 13 Pierre Georges : L'économie de l'URSS, presses universitaires de France, 1985.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus