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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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119. Le rôle passif de la monnaie

Prisonnière de la planification centralisée, la monnaie soviétique n'est jamais parvenue spontanément à engendrer des transformations économiques et sociales, à cause des structures de l'économie de pénurie.

Il convient de différencier les deux dimensions de la monnaie pour montrer le rôle passif que joue la monnaie au sein du secteur d'Etat. Il est donc important de mentionner les deux secteurs dans lequel la monnaie joue un rôle actif c'est à dire le marché du travail et le marché des biens de consommation. Brus11(*) considère à ce propos que la monnaie dans le modèle centraliste joue un rôle actif sur le marché du travail et sur le marché des biens de consommation. En effet Brus souligne que concernant le marché du travail, à la différence de bien d'autres décisions centralisées, la politique des salaires doit tenir compte du marché du travail pour éviter toute rupture d'équilibre (surtout dans les secteurs considérés comme clefs comme le bâtiment ou l'industrie lourde) qui pourrait se répercuter fâcheusement sur l'ensemble du plan.

Concernant le marché des biens de consommation, on rencontre un problème analogue. Le principe de la liberté de leur choix entraîne la nécessité d'accepter à la fois le mécanisme de marché et l'équilibre entre l'offre et la demande. Comme nous l'avons vu, dans ce type d'économie, le montant global et la structure de l'offre des biens de consommation sont fixés par les décisions détaillées du plan. Sont également fixés le montant global et la structure des revenus de la population avec ceci que, comme nous l'avons vu, cette structure doit tenir compte de l'équilibre sur le marché du travail. (ce qui à son tour influe sur la structure planifiée de l'offre des biens de consommations)

La monnaie joue donc un rôle actif sur le marché du travail et sur celui des biens de consommation en ce sens que pour Brus «les grandeurs économiques exprimées en unité monétaires (salaires, prix) influent sur les choix effectués par les auteurs des décisions» (travailleurs, consommateur) et que par conséquent, «le centre réalise ses préférences au niveau de la structure de l'emploi et de la structure de la consommation par l'intermédiaire de ces grandeurs».

En revanche, le rôle de la monnaie se présente différemment en ce qui concerne les rapports entre l'échelon central et les entreprises et entre les entreprises elles-mêmes. Le modèle centraliste induit une individualisation économique des entreprises ce qui consiste à leur attribuer une certaine somme de moyens, à organiser leurs liaisons extérieures sous une forme marchande et monétaire. Le principe à adopter ici est de compenser des dépenses par les recettes obtenues avec gestion éventuelle du surplus. D'un coté, l'entreprise doit établir une comptabilité individualisée des dépenses et recettes exprimée en unités monétaires, et de l'autre l'organisme central de planification doit répartir les ressources tant sous leur forme naturelle (physique) que sous leur forme monétaire. Les décisions économiques de l'échelon central définissent : le volume et la structure de sa production, les méthodes de fabrication, les sources d'approvisionnement et les voies d'écoulement. De ce fait, pour Brus «la monnaie n'est pas un instrument actif, réagissant sur le mouvement des facteurs réels. Elle n'en est que le reflet passif». Cela signifie qu'elle ne renvoie pas à la véritable valeur des biens. L'entreprise effectue ses calculs seulement après avoir reçu les décisions. Elle met seulement en évidence les dépenses indispensables pour des objectifs de production donnés à l'avance. Ainsi nous voyons donc qu'elle n'influe pas sur les choix des entreprises. Le résultat financier planifié est ainsi le reflet passif de la structure des indices et des prix obligatoires.

Ainsi A.Gorodetskii 12(*) constate que la structure du système des prix à un niveau qui ne correspondent pas à la réalité. Il considère au contraire qu'elle reflète et reproduit la tendance à la baisse de l'efficacité de l'économie soviétique. Il explique que, le rôle actif de la monnaie dans l'économie s'est réduit (à la suite d'injections financières de l'Etat) et que les prix sont devenus un moyen de redistribution des revenus de la population, ainsi qu'un facteur pour «l'élimination des disproportions financières». Il estime que l'aspect négatif pour l'économie de ce système des prix s'exprime à travers le décalage entre le niveau et la structure des prix de détail d'un coté et des prix de gros de l'autre. En effet, concernant le prix de gros d'entreprise il est constitué par le coût moyen de la branche plus un profit (variable selon les branches), alors que le prix de détail comprend quant à lui (en plus du coût moyen et du profit) un impôt sur le chiffre d'affaire qui s'apparente donc à un impôt indirect payé par le consommateur final.

De plus les fixations des prix de gros et de détails ne se font pas suivant la même logique. Les premiers sont fixés selon la méthode coût plus profit moyen, les seconds en revanche sont fixés et orientés pour pousser le consommateur à consommer tel produit plutôt qu'un autre. (Selon sa volonté et ses objectifs, le gouvernement peut, par exemple, appliquer des taxes très élevées afin de limiter la demande de biens de luxe et inversement, dans le but d'éduquer les masses ou de leur transmettre la ''bonne parole'', le gouvernement subventionne fortement le prix des téléviseurs, des livres, des places de concert, d'opéra ou de théâtre). Ainsi, l'écart entre prix de gros et de détail varie selon les produits. Le prix de détail peut donc varier sans avoir d'effets sur le prix de gros, la différence sera comblée en conséquence par une évolution du taux de l'impôt sur le chiffre d'affaire. Nous avons donc un système de double prix ou les prix à la consommation sont déconnectés des prix à la distribution étant donné que les écarts sont comblés par des subventions ou une évolution de l'impôt sur le chiffre d'affaire.

Ainsi Gorodetskii explique que «l'Etat monopole se trouve au milieu de plusieurs circuits monétaires normalement cloisonnés, mais qui communiquent par plusieurs canaux. La banque d'Etat qui cumule plusieurs fonctions (cf. le système bancaire), émet les diverses monnaies et les convertit entre elles. La monnaie fiduciaire utilisée par les ménages et la monnaie scripturale utilisée par les entreprises sont à parité, mais les excédents en roubles devises (la monnaie utilisée par les exportations) sont convertis. Le budget de l'Etat enregistre ainsi des flux homogènes qui doivent normalement s'équilibrer en dépenses et recettes». L'analyse du budget pourrait donc donner une indication sur la contrainte monétaire pesant sur l'ensemble de l'Etat. Malheureusement les données économiques officielles de l'URSS ne sont pas fiables, notamment en raison du maquillage volontaire des dépenses militaires.

12. Le salariat et l'organisation du système

* 11 Brus :  Problèmes généraux du fonctionnement de l'économie socialiste, Maspero, 1970.

* 12 Gorodetskii : Les fondements théoriques de la restructuration systématique des prix

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore