La perestroika ou réformer l'irreformable( Télécharger le fichier original )par Vincent Geraud Université de Toulon La Garde - Master 1 2006 |
117. La planification : une logique à long termeNous rappelons que la logique de la planification est de considérer que le Marché ne conduit pas systématiquement à des résultats désirables pour ceux qui y participent et que, dans de nombreux cas, une décision collective est plus avantageuse que l'action en ordre dispersé. Néanmoins le projet de planification est un projet à long terme. Cela signifie que l'on souhaite favoriser une croissance future en consacrant une plus grande part des ressources à l'investissement au détriment de la consommation immédiate. Dans ce cadre là l'Etat donne la priorité aux industries lourdes c'est à dire qu'il crée une croissance de la production des moyens de production supérieure à celle de la production des biens de consommation (notion de génération sacrifiée). Néanmoins, la priorité à l'industrie lourde évolue dans le temps. L'économiste américain Albert Hirschman9(*) a défendu la thèse de croissance déséquilibrée, dans laquelle il explique que l'économie progresse par une succession de déséquilibres car la croissance se manifeste d'abord dans certaines régions ou secteurs avant de s'étendre au reste. Il préconise donc de concentrer les efforts d'investissements sur un nombre limité de secteurs, qui auront été sélectionnés pour leurs effets d'entraînement, afin de créer des pôles de croissance. Cette situation provoquera l'émergence de goulets d'étranglement que l'Etat (en l'occurrence la planification) se donnera pour tâche de supprimer au fur et à mesure de leur apparition. C'est ainsi que, successivement, la sidérurgie, la mécanique lourde, le pétrole, la chimie ont pu devenir des secteurs leaders en termes d'efforts consentis. Cette priorité donnée à l'industrie lourde répond à la fois aux objectifs à court terme et à long terme de l'autorité centrale. La planification donne au Centre des décisions politiques une véritable fonction d'entrepreneur. C'est le Centre qui décide de créer ou développer de nouveaux secteurs économiques. Les unités de production soviétiques n'ont aucune initiative à prendre. De même les ministères sectoriels sont en principe soumis à la coordination de l'autorité centrale qui les crée ou les restructure et leur alloue des ressources de fonctionnement ou de développement. L'organisation hiérarchisée est donc liée à un objectif de croissance rapide. Ainsi, le type de développement qui en résulte est une croissance de type extensive, au sens ou elle résulte de la création de nouvelles unités de production et non de la modernisation des unités existantes. On préfère donc utiliser plus de facteurs de production plutôt que d'en utiliser moins, mais de façon plus rationnelle. De plus en plus inefficace, ce mode de fonctionnement était visé aux premiers temps de la planification car il répondait aux objectifs d'extension de l'emploi salarié, d'adoption de techniques de production les plus modernes et d'industrialisation des régions arriérées. Ainsi les notions de croissance rapide, priorités sectorielles, croissance extensive, organisation hiérarchisée de l'économie forment le système économique planifié. Cependant nous allons voir que ce système pose des problèmes importants une fois arrivé à une certaine maturité économique. * 9 A.O. Hirschman: The strategy of economic development, Yale university press, 1958. |
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