CHAPITRE II
LA CORROSION
Le terme corrosion vient du latin "corrodere" qui
signifie ronger, attaquer. La corrosion affecte tous les métaux. Elle
résulte d'interactions physico- chimiques entre le matériau et
son environnent entraînant des modifications de propriétés
du métal souvent accompagnées d'une dégradation
fonctionnelle de ce dernier (altération de ses propriété
mécaniques, électriques, optiques, ex thétiques, etc.)
Evans puis WAGNER et TRAUD
sont les premiers à avoir défini la corrosion, en présence
d'une phase liquide, comme un processus électrochimique.
II.1 - GENERALITES
Il existe plusieurs types de corrosions :
- La corrosion uniforme : C'est une
perte de matière plus ou moins régulière sur toute la
surface. Cette attaque est observée sur les métaux exposés
aux milieux acides.
- La corrosion galvanique ou corrosion
bimétallique : Elle est due à la formation d'une
pile électrochimique entre deux métaux qui diffèrent par
leur potentiel de corrosion. Le métal ayant le potentiel de corrosion le
plus négatif, subit une corrosion accélérée
provoquée par l'autre métal.
- La corrosion caverneuse : Elle est due
à une différence d'accessibilité de l'oxygène entre
deux parties d'une structure, créant ainsi une pile
électrochimique. Cette attaque sélective du métal est
observée dans les fissures et autres endroits peu accessibles à
l'oxygène.
- La corrosion par piqûres : Elle
est produite par certains anions, notamment les halogénures, et plus
particulièrement les chlorures, sur les métaux
protégés par un film d'oxyde mince. Elle induit typiquement des
cavités de quelques dizaines de micromètres de
diamètre.
- La corrosion sous contrainte : C'est
une fissuration du métal qui résulte de l'action commune d'une
contrainte mécanique et d'une réaction électrochimique.
Dans la plupart des cas (corrosion galvanique, caverneuse, par
piqûres, etc.), c'est la formation d'une pile de corrosion qui est
à l'origine de la corrosion.
Une pile de corrosion est une pile électrochimique qui
se forme lorsque deux parties d'une structure possèdent un potentiel
électrique différent. La différence de potentiel
résulte souvent des hétérogénéités du
matériau ou du milieu environnant. La surface de l'acier est alors
constituée d'une multitude de micro-piles, elles-mêmes
constituées de zones dites anodiques où les électrons sont
libérés et de zones cathodiques où les électrons
sont consommés.
En milieu aqueux, le processus de corrosion
électrochimique de l'acier peut être décrit de
manière simplifiée par deux réactions
électrochimiques élémentaires simultanées.
Dans la zone anodique, l'acier se dissout :
Fe Fe2+ + 2e- (2)
Les ions ferreux Fe2+ passent dans la solution et
peuvent s'oxyder ultérieurement en ions ferriques Fe3+. Dans
la zone cathodique, les électrons produits sont consommés afin de
maintenir l'équilibre électronique. Les réactions
cathodiques correspondantes sont la réaction de l'oxygène dissous
dans l'eau (3a) ou la réduction du proton avec dégagement
d'hydrogène (3b) :
O2 + 2H2O + 4e-
4OH- (3a)
2H+ + 2e- H2 (3b)
Les ions hydroxyde OH- formés dans la
solution peuvent ensuite se combiner aux ions ferreux Fe2+ et
précipiter en hydroxyde ferreux à la surface de l'acier, lorsque
les concertations en ions ferreux et hydroxyde le permettent :
Fe2+ + 2OH- Fe (OH)2
(4)
Les réactions chimiques ci-dessus se produisent parce
que avant d'être placée dans le coffrage, une armature en acier
est rouillée puisqu'elle a d'abord été exposée
à l'atmosphère. Lorsque le béton frais est mis en place
autour de cet acier, l'eau de gâchage pénètre à
travers les pores de la rouille, où elle forme progressivement de la
ferrite de calcium hydraté (4 CaO, Fe203,
13H20). Mais surtout, cette eau réagit avec l'acier
métallique et forme sur celui-ci une fine couche d'hydroxyde de fer [Fe
(OH)2] et de calcium (Ca (OH)2].
Tous ces produits au voisinage de l'acier donnent à
la solution interstitielle du béton un PH élevé, de
l'ordre de 13.
L'eau de gâchage du béton permet donc de former
autour de l'acier des produits, qui le protégent par passivation. Plus
exactement, sous la rouille, une armature est recouverte d'une fine couche
protectrice de produits blancs, à base de ferrite et d'hydroxyde de
calcium.
Une telle protection disparaît si des agents agressifs
s'infiltrent dans le béton et provoquent de nouvelles réactions
chimiques qui diminuent le pH du béton.
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