V.1.6 - Précautions particulières à
prendre
D'une façon générale, une structure
réparée se trouve de nouveau exposée aux conditions
d'environnement qui ont déjà créés la corrosion. Il
faut donc s'assurer que les surfaces traitées ne vont pas engendrer de
nouveaux désordres notamment sur les zones adjacentes.
Il est malheureusement souvent constaté que des
réparations locales sont responsables de nouvelles pathologies :
- la zone réparée éclate et les armatures
se corrodent de nouveau ;
- les zones avoisinantes se fissurent et se sont les armatures
non réparées qui se corrodent.
Ainsi à proximité d'une réparation
locale, la corrosion se caractérise par l'apparition possible des zones
anodiques (dissolution) à bas potentiel et de zones cathodiques (acier
protégé). Le couplage entre ces surfaces se traduit par le
passage d'un courant de corrosion sortant de la surface anodique. La
préparation de surface et la reconstitution du parement ont pour effet
de modifier les conditions électrochimiques des armatures.
D'une façon générale, les zones
réparées sont protégées d'une future corrosion.
Toutefois :
- leur potentiel croît (l'armature se trouve
progressivement de nouveau dans un état de passivité) ;
- de nouvelles anodes se créent autour de cette
zone.
Des courants de corrosion vont se créer, la
densité de courant qui correspond à la vitesse de corrosion sera
d'autant plus importante que :
- la différence de potentiel est importante ;
- les surfaces anodiques sont plus petites ;
- La résistance électrique est plus faible
(dépendant fortement de l'humidité et de la présence de
sels) ;
- Les polarisations à la fois des zones anodiques et
cathodiques sont plus faibles. Ces polarisations dépendent
essentiellement des conditions électrochimiques régnant à
l'interface acier/béton. Dans la zone anodique, plus le milieu sera
pollué par les chlorures ou rendu voisin de la neutralité par la
carbonatation, plus faible sera cette polarisation et plus grand sera le
courant de corrosion.
L'étendue des surfaces touchées par ces courants
de corrosion dépend principalement de l'état d'humidité du
béton pollué. En général, la surface de cette zone
ne dépasse pas quelques centimètres carrés au-delà,
c'est la corrosion (naturelle) qui est le mécanisme principal de la
dégradation.
En fait, plusieurs cas sont à
considérer :
a) La réparation est effectuée
correctement
Les zones adjacentes sont passivées (absence de
carbonatation, de chlorures). Les risques d'amorçage et
d'évolution de corrosion localisée sont faibles. La corrosion
était due à un défaut local (enrobage ou béton
défaillant)
b) La réparation est effectuée
correctement
Les surfaces adjacentes sont protégées (zone
sans carbonatation ou à faible teneur en chlorures), mais ces deux
agents agressifs atteindront les armatures dans un délai de quelques
années.
c) La réparation est effectuée
correctement
Les armatures sont exemptes de produit de corrosion et elles
sont protégées par l'alcalinité du produit de
réparation (s'il est à base de ciment) ou par la résine
(par l'effet isolant de celle-ci), mais les surfaces adjacentes sont en
état de corrosion (c'est-à-dire que le béton y est
carbonaté ou pollué par les chlorures).
d) La réparation n'est pas effectuée
correctement
L'armature n'a pas été dégagée
puis enrobée de produit de réparation.
Dans les cas b, c et d, les risques de corrosion sont
importants, dans un délai difficile à déterminer mais
pouvant être inférieur à dix ans après la
réparation (voir la partie V.3 : inhibiteurs).
e) La réparation est effectuée à
l'aide d'un mortier de résine
Par principe non conducteur. Les mécanismes
anode/cathode ne peuvent s'appliquer. Toutefois, il apparaît à
l'interface mortier de résine/armature/ancien béton un
interstice, en cas de manque de continuité, dans lequel, la corrosion
s'amorce par aération différentielle, puis des modifications
chimiques se créent, en l'absence d'alcalinité
(béton/carbonate), ou en présence de chlorures. Dans
l'interstice, le milieu devient rapidement acide du fait de l'hydrolyse des
produits de corrosion et l'attaque progresse rapidement.
Ainsi, il ne faut pas négliger plusieurs points
essentiels dans les phases de la réparation :
- le diagnostic (cf. chapitre III) ;
- la préparation de surface de l'armature qui, si des
traces de produits de corrosion subsistent, risque de participer à
l'amorçage de corrosion ;
- la liaison produit de réparation - béton
ancien, qui risque d'engendrer des interstices responsables d'amorçage
de corrosions localisées.
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