CHAPITRE V
LES METHODES DE REHABILITATION
V.1 - RECONSTITUTION DE L'ENROBAGE
De nombreuses méthodes existent pour réparer
durablement un parement en béton, arrêter la progression des
dégradations et éviter de nouveaux désordres. Leur
utilisation suppose une mise en oeuvre attentive, un contrôle des
résultats et une surveillance adaptée.
V.1.1 - Principes et définitions
L'objectif de la reconstitution du parement est non seulement
de restaurer l'apparence du béton mais aussi d'arrêter le
processus de corrosion tout en rendant à la structure son
intégrité. Il s'agit de réparations à
caractère discontinu, ponctuel et superficiel pour lesquelles plusieurs
précautions doivent être prises :
- si les zones dégradées sont visuellement
identifiables (béton décollé, fissures, épaufrures,
etc.), l'état des zones adjacentes (avoisinantes) n'est en
général connu qu'après un diagnostic
généralisé. Ainsi, les surfaces à dégarnir
sont en général sous estimées lors de leur première
évaluation ;
- si des zones présentent un risque de corrosion
(béton carbonaté ou pollué par les chlorures), celles-ci
peuvent se déclarer après un délai de quelques
années, à côté de la réparation, par
l'apparition d'un couple galvanique entre la surface réparée et
la surface adjacente.
Une attention particulière devra être
apportée aux points suivants :
- l'apport de matériaux en surépaisseur peut
modifier la section des éléments de la structure. Il est donc
nécessaire de prendre en compte les charges qui en
résultent ;
- l'enlèvement du béton dégradé ou
pollué risque d'affaiblir ou de déséquilibrer la
structure. Un phasage précis doit être mis en oeuvre. Le recours
à un étaiement peut s'avérer nécessaire ;
- des remplacements d'armatures seront à envisager
selon des critères de décision (diamètre résiduel,
longueur) décrits plus loin. L'objectif sera de rétablir la
section d'origine.
Des étapes essentielles sont à respecter dont la
préparation de la surface du support.
V.1.2 - Elimination des zones dégradées
Avant de réparer les zones dégradées
(armatures apparentes, éclatements de béton, traces de rouille,
etc.), les revêtements en place doivent être retirés sur
toute la surface par un moyen mécanique ou chimique. Les produits de
démolition doivent être mis en décharge ou recyclés,
en conformité avec les textes réglementaires en vigueur sur la
protection de l'environnement.
Pour traiter les armatures corrodées, il convient de
les dégager par burinage, repiquage ou bouchardage, jet d'eau ou
sablage. Le dégarnissage doit être effectué jusqu'à
ce qu'un acier sain apparaisse (sans trace de rouille) et la longueur de cet
acier doit être dégagé sur toute sa
périphérie, selon la norme NF P95 95.101 (un dégagement
d'un minimum de 2 cm derrière l'armature est conseillé). Lorsque
les armatures qui ne sont pas parallèles au parement sont
corrodées à leurs extrémités, le béton
avoisinant doit être enlevé et ces extrémités
doivent être amputées de 2 cm, pour rétablir un enrobage
suffisant.
La phase d'élimination de la zone sous corrosion
constitue l'une des tâches les plus délicates à
réaliser. La bonne tenue dans le temps des réfections de parement
dépend directement de la qualité d'exécution de ces
travaux. Il est donc impératif d'éliminer
l'intégralité de cette altération, qu'elle soit
foisonnante ou de surface et ceci sur toute la périphérie de
l'acier par décapage et brossage soigné ou par des moyens
mécaniques (sablage, hydrosablage, etc.) Cette opération doit
être plus particulièrement soignée en milieu marin car la
rouille y est chargée de chlorures acides. Les surfaces de bétons
sont ensuite nettoyées afin de faire disparaître toute
poussière ou toute souillure subsistant après élimination
des bétons dégradés. Ce nettoyage peut être
réalisé par voie humide ou sèche (brossage et soufflage),
mais dans le cas du lavage à l'eau, celle-ci doit être
éliminée par soufflage ou par aspiration.
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