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le niveau d'équilibre des réserves internationales: cas de la CEMAC( Télécharger le fichier original )par André Bertrand MINE OKON Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée - ingénieur d'application de la statistique 2008 |
II-2 Approche par les fonctions optimalesPlusieurs raisons peuvent expliquer l'attitude des pays d'Asie de l'Est prônant l'accumulation excessive des réserves. Nous avons parmi ces raisons, la crise de 1997-1998 en Asie de l'Est qui a entraîné avec elle l'accélération des fuites de capitaux suite à la bulle spéculative22(*). La bulle spéculative est l'auto-entretien des anticipations des opérateurs. La dépendance du taux de change vis-à-vis des anticipations des opérateurs engendra des déséquilibres du marché de change. Il s'ensuit une demande excessive de la monnaie. La surévaluation du taux de change au-dessus du taux d'équilibre fera en sorte que les anticipations ne dépendront plus des fondamentaux (par exemple dans le cas de la bourse, les opérateurs ne se baseront plus sur l'évolution des activités des entreprises cotées en bourse) mais sur les rumeurs. Ce qui fait qu'à court terme, la bulle va finir par éclater (à la suite d'une rumeur) générant ainsi des fuites des capitaux, par ricochet l'instabilité du système et la survenance des crises financières. Les exportations vont considérablement diminuées, provoquant la chute des réserves internationales, d'autant plus que la monnaie aura perdue de sa crédibilité A cet effet, les pays d'Asie de l'est ont vu les réserves comme un moyen de se protéger contre des crises à venir et comme une mesure d'assurance contre l'exposition aux effets des bulles spéculatives. En effet, en accumulant les réserves, les pays d'Asie de l'est maintiennent la crédibilité du système et assurent le paiement effectif en devises de leurs engagements. Cependant cette vue des réserves comme moyen de précaution fait face au principe d'accumulation des réserves internationales issues de la compétitivité des exportations. Cette explication a été avancée par Dooley, Folkerts-Landau et Garber (2003), particulièrement dans le contexte de la Chine. Ils interprètent l'accumulation de réserves comme sous-produit de la favorisation des exportations, qui est nécessaire pour créer de meilleurs emplois, travail abondant de ce fait le secteur traditionnel, la plupart du temps dans l'agriculture. Sous cette optique, l'accumulation de réserves peut faciliter la croissance d'exportation en empêchant ou en ralentissant l'appréciation du taux de change dans un régime flexible. La littérature traite beaucoup le problème de l'accumulation des réserves comme moyen de précaution contre des crises futures. Cependant, certains auteurs comme Joshua AIZENMAN et JAEWOO LEE se sont beaucoup plus attardés sur le problème lié à la stérilisation des réserves internationales. Ils proposent ainsi une autre vision des réserves en termes de bénéfices et coûts. En effet, selon eux la détention des réserves est liée à un coût d'opportunité qui est le coût à supporter lorsqu'on préserve les réserves au lieu de les rendre rentables. Dans cette section de notre travail, il sera question pour nous de vous présenter l'approche du niveau optimal des réserves basée sur la rentabilité que l'on pourrait tirer en les plaçant dans des comptes rémunérés. L'approche est développée sur les banques commerciales et peut par la suite être étendue sur un pays en considérant la banque centrale comme point de cumul des réserves. Nous supposerons par la suite que l'intermédiation financière est faite uniquement par les banques commerciales. II-2-1 Principe d'optimisation23(*)Le bénéfice se définit ici comme le gain
net issu des opérations des banques. Nous supposerons qu'il n'y a pas de
séparation entre l'entrepreneur et la banque. L'entrepreneur est la
banque emprunteuse. La dette servira au financement d'un projet à long
terme (K). A la période 1, les agents économiques constitueront
des dépôts D dont le risque de dépôts en banque est
neutre. La banque utilisera D pour financer le capital K à la
période 1. A la suite d'un choc (Z), la liquidité disponible pour
financer le capital sera de Z-R (R étant les réserves
constituées avant le choc). A la suite du choc, la banque ne pourra plus
financer le même montant de capital qu'à la période 2. Elle
ne financera que r% en moins de la liquidité disponible. Elle supportera
ainsi des coûts d'ajustement de
Ainsi, à la période 1 on a D'où en période 2, le capital net est : Or, les chocs n'ont pas tari les ressources de la banque (en occurrence le dépôt D des agents car la banque ne peut que financer une partie de ces dépôts). Ainsi, D'où Soit b le taux de retour du capital, Le surplus24(*) ou gain net sera de :
En remplaçant Z par z*D et R par La résolution de l'équation ci-dessus conduit à un dépôt optimum permettant de couvrir les chocs et également d'atteindre le niveau optimum de réserves internationales. Joshua Aizenman et Jaewoo Lee proposent un dépôt optimum de :
L'approche ainsi étayée peut être
étendue au niveau d'un pays. Les dépôts (D) seront
assimilés à la somme entre le solde des transactions courantes,
et le solde du compte des capitaux. Le capital d'investissement (K) ne sera
rien d'autre que les réserves placées dans des comptes
rémunérés, * 22F.ÜLGEN, Monnaie et finances internationales p 103-105 * 23 Pour plus de détails sur les calculs voir Joshua Aizenman et Jaewoo Lee dans leur document intitulé « International Reserves: Precautionary vs.Mercantilist Views, Theory and Evidence », Octobre 2005 * 24 Voir annexe 1 pour plus de détail |
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