3.3. STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE PALUDISME
La lutte contre le paludisme n'est pas une lutte
évidente. Elle passe au préalable par la lutte contre le
moustique, agent vecteur du paludisme.
3.3.1. Lutte
antivectorielle
Dans le cadre de la lutte contre les vecteurs du paludisme et
autres maladies transmises par des moustiques, le Groupe d'étude de
l'OMS (OMS, 2005) définit la lutte antivectorielle sélective
comme la mise en oeuvre de mesures ciblées, appropriées au site
et d'un bon rapport coût-efficacité. L'objectif principal de la
lutte antivectorielle est la diminution de la morbidité et de la
mortalité palustres grâce à l'abaissement des taux de
transmission.
La lutte antivectorielle est incontestablement
nécessaire pour prévenir une épidémie lorsque les
conditions qui mènent à une augmentation soudaine de la
transmission ou de l'exposition humaine ont été
détectées dans une zone à risque
d'épidémies. Néanmoins, pour toute tentative visant
à réduire le potentiel de l'agent de vecteur dans une zone
d'endémie, il est nécessaire de prendre en considération
la durabilité du changement d'endémicité obtenu. La
plupart des opérations de lutte antivectorielle ont un impact
considérable et évident sur la prévalence du paludisme
dans la population concernée. Pour donc prévenir la diffusion du
paludisme, il faut agir dans deux directions :
ü réduire le nombre de moustiques ;
ü limiter le nombre de piqûres.
Pour que cela soit possible, il est conseillé de se
conformer aux prescriptions (L. PALOMBI et al, 2004) suivantes :
- garder toujours propres les abords de la maison ;
- combler les dépressions du terrain autour de la
maison (pour ne pas avoir de trous pouvant devenir des flaques
d'eau) ;
- se débarrasser de tout ce qui, à
l'extérieur, pourrait retenir de l'eau : pneus, boîtes de
conserve et bouteilles vides, troncs d'arbre évidés
etc. ;
- couvrir les citernes et les puits situés à
l'extérieur de la maison ;
- couvrir les récipients d'eau dans la maison ;
- les eaux usées doivent s'écouler hors de la
maison par canalisations adéquates ;
- ne pas construire une maison à côté
d'une source d'eau à l'air libre ;
- encourager la présence d'animaux insectivores autour
de la maison : crapauds, libellules etc. ;
- installer devant les fenêtres et les
portes-fenêtres de la maison un tissu (rideau) du genre de celui des
moustiquaires et monter les moustiquaires sur le lit. Penser à
vaporiser régulièrement ces tissus de l'insecticide ou des
produits insectifuges.
De nos jours, l'utilisation des moustiquaires et des
insecticides est devenue courante. Ce qui n'est pas le cas pour les populations
du Bassin Nyong-Sanaga car sur l'ensemble des personnes enquêtées
au cours de l'enquête EPPEIv, il ressort que seulement 39.9 % dorment
sous une moustiquaire (figure 5).
Figure 5 :
Répartition des enquêtés selon l'utilisation d'une
moustiquaire
Source : Nos travaux à partir
d'EPPEIv, YIF
Nous constatons tout de même que le pourcentage des
personnes n'utilisant pas de moustiquaires est assez élevé (60.1
%). Une analyse un peu plus poussée de la base de données nous
permet d'obtenir les raisons de la non utilisation de la moustiquaire par ces
derniers. Il ressort de la figure 6 ci-dessous qu'environ 62.5 % des personnes
n'utilisant pas la moustiquaire la trouve coûteuse. Nous sommes sans
ignorer que la notion de prix est relative à celle de revenu. Cela
pourrait donc s'expliquer par le fait que la majorité des habitants du
Bassin Nyong-Sanaga exerce dans l'agro-pastorale.
Figure 6 :
Répartition des enquêtés selon la raison de la non
utilisation de la moustiquaire
Source : Nos travaux à partir
d'EPPEIv, YIF
Sur le marché, on constate la vente d'une nouvelle
gamme de moustiquaire : c'est la moustiquaire imprégnée. Il
ressort du tableau A.8 (cf. annexe A) que cette nouvelle gamme de moustiquaire
est très peu connue par les habitants du Bassin Nyong-Sanaga (22.2
%).
Notons que la lutte antivectorielle est d'autant plus
indiquée que la chimiothérapie de masse est utilisée,
puisqu'une réduction de la transmission ralentira la propagation des
parasites résistants sélectionnés à l'occasion de
l'utilisation massive des médicaments.
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