République du
Sénégal ******************** Ministère de
l'Education **************************
Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA)-
Thiès ********************************************************************* Département
Economie et Sociologie
rurales ********************************************************
|
Typologie des exploitations et étude de
la rentabilité des cultures fourragères dans les systèmes
de production du Bassin arachidier du
Sénégal.
Par Alexandre DIOUF
Mémoire de fin d'études pour l'obtention du grade
d'Ingénieur agronome.
Spécialisation : Economie et Sociologie
rurales
Directeur de stage : M. Roger PONTANIER, Coordonnateur de
l'US Jachère
Maîtres de Stage : M. Georges RIPPSTEIN, Chercheur
au CIRAD
Laurence BOUTINOT, Chercheur au
CIRAD
Membres du jury
Pr. Papa Ibra SAMB
|
Directeur de l'ENSA
|
Président
|
Dr. Abdoulaye DRAME
|
Directeur des études de l'ENSA
|
Membre
|
M. Boubacar NDIAYE
|
Chef du département Economie et Sociologie rurales
|
Membre
|
M. Georges RIPPSTEIN
|
Chercheur CIRAD
|
Rapporteur
|
M. Gilbert BOSSA
|
Enseignant au CESAG
|
Membre
|
M. Amadou Tamsir DIOP
|
Chercheur ISRA
|
Membre
|
Novembre 2002
RESUME
Le Bassin arachidier du Sénégal, longtemps
marqué par une monoculture d'arachide, subit actuellement une
dégradation avancée des potentiels de production de ses terres.
Plusieurs programmes qui tentent d'améliorer les conditions de vie de
ses populations ont été lancés dans le cadre du
développement de l'élevage qui est une activité largement
pratiquée dans la zone.
Dès lors, il convenait, pour rester dans la dynamique
d'amélioration des conditions de vie des populations, de trouver des
technologies qui seraient des solutions à la fertilité
dégradée des terres cultivées, et à l'alimentation
du bétail présent.
C'est pourquoi, les cultures fourragères introduites
dans la zone dans le cadre du projet Jachère, ont été
adoptées par une diversité de producteurs.
La typologie des exploitations ayant adopté la
technologie fourragère a montré qu'il s'agissait de trois grands
groupes de producteurs dont l'âge semblait être un critère
déterminant dans l'appartenance à l'un ou à l'autre des
groupes.
Toutefois, l'analyse de rentabilité
réalisée sur ces cultures a montré qu'en dehors du
niébé (Vigna unguiculata), aucune d'entre elles
(A.hypogea; Sorghum bicolor) ne
présentaient un intérêt financier immédiat pour
l'exploitation. Mais la conversion en lait et en viande de ces cultures
paraissait intéressante, particulièrement dans cette zone
à traditions d'éleveurs.
En outre l'augmentation des rendements sur les cultures
succédant aux fourrages pourrait justifier une immobilisation de la
terre pour la production fourragère.
Mots -clés : jachère, fourrages,
typologie, rentabilité
SUMMARY
The groundnut (Arachis hypogea) Basin of
Senegal, marked a long time by a monoculture with groundnut, currently
undergoes an advanced degradation of the potentials of production of its
grounds. Several programs which try to improve the living conditions of its
populations are launched within the framework of a development of the breeding
which is an activity largely practised in the zone.
Consequently, it was appropriate, to remain in the dynamics of
improvement of the living conditions of the populations, to find technologies
which would be solutions with the degraded fertility of the cultivated grounds,
and with the animal feed present. The fodder crops introduced into the zone
with the project «Jachère», were adopted by a diversity of
producers.
The typology of the exploitations having adopted fodder
technology showed that they were three great groups of producers whose age
seemed to be a criterion determining with the membership of one or with the
other of the groups. However, the analysis of profitability carried out on
these cultures showed that apart from niébé (Vigna
unguiculata) , none of them (A.hypogea;
Sorghum bicolor) were of immediate financial interest for the
exploitation. But conversion into milk and meat of these cultures appeared
interesting, particularly in this zone with traditions of stockbreeders.
Moreover the increase in the outputs on the cultures succeeding it, could
justify an immobilization of the ground for fodder production.
Key words: Fallow, fodders, typology,
profitability
RESUMEN
La Cuenca de cacahuete (Arachis hypogea)
del Senegal mucho tiempo caracterizado por un monocultivo al cacahuete, sufre
actualmente una degradación avanzada de los potenciales de
producción de sus tierras. Varios programas que intentan mejorar las
condiciones de vida de sus poblaciones se lanzaron en el marco de un desarrollo
de la ganadería que es una actividad ampliamente practicada en la
zona.
Por lo tanto, convenía, para permanecer en la
dinámica de mejora de las condiciones de vida de las poblaciones,
encontrar tecnologías que serían soluciones a la fertilidad
deteriorada de las tierras cultivadas, y a la alimentación del ganado
presente.
Los cultivos forrajeros introducidos en la zona con el
proyecto «Jachere», fueron adoptados por una diversidad de
productores.
La tipología de las explotaciones que adoptaban la
tecnología forrajera puso de manifiesto que se trataba de tres grandes
grupos de productores cuya edad parecía ser un criterio determinante a
la pertenencia al una o al otros de los grupos. No obstante, el análisis
de rentabilidad realizado sobre estos cultivos puso de manifiesto que fuera de
Vigna unguiculata, ninguna de entre ellos (A.
Hypogea ; Sorghum bicolor) no presentaban un
interés financiero inmediato por la explotación. Pero la
conversión en leche y en carne de estos cultivos parecía
interesante, especialmente en esta zona a tradiciones de ganaderos.
Por otro lado el aumento de los rendimientos sobre los
cultivos que sucedían a ella, puede alinear una inmovilización de
la tierra para la produccion de los forrajes..
Palabras clave: barbecho, forrajes, typologia,
rentabilidad,
DEDICACES
Au terme de ce travail, j'ai une pensée
particulière pour mon ami, Michel WABO.
Puisse la terre du Cameroun où tu reposes
désormais, t'être légère.
AVANT PROPOS
Ce travail est l'aboutissement d'un long cheminement scolaire,
qui a nécessité de la part de plusieurs personnes, des sacrifices
pour moi. Qu'elles trouvent ici un objet de ma reconnaissance envers elles.
-A mes parents, frères et soeurs,
-Au Directeur de l'ENSA, Monsieur Pape Ibrahima Samb, à
son prédécesseur Monsieur Fall
-Au Directeur des Etudes Monsieur Abdoulaye Dramé.
-Au Chef du Département d'Economie et de Sociologie
rurales, Monsieur Boubacar Ndiaye,
- A Messieurs Saliou Ndiaye et Abdoulaye Dieng, et à
travers eux tout les professeurs de l'ENSA.
-A Monsieur Roger Pontanier (pour l'aide scientifique, et le
financement de cette étude)
-A Monsieur Christian Floret, , pour votre accompagnement dans
ce travail
-A mes encadreurs, Madame Laurence Boutinot et Monsieur
Georges Rippstein (reconnaissance infinie),
-A Monsieur Gilbert Bossa (CESAG) pour votre
disponibilité et vos recommandations,
-Au Docteur Amadou Tamsir Diop (ISRA), pour sa
disponibilité.
-A Messieurs Kremer et Malé Sao de PAGERNA (Kaolack),
pour votre collaboration.
-A Monsieur Samba Kanté et à Mme Sarr (Maty
Bocoum), ANCAR Fatick
-A Monsieur Patrice Diatta, World Vision Fatick,
-Au personnel de L'ENSA : Ibrahima Diop, Madame
Dramé, Mme Sy, Mme Sagna, Gueye, à Hann et à Razak Fall,
à Robert, Diouf, Ndiaye, Bâ ;Louis,Hyacinthe,Cissé
Gueye, Mané, Badji et tous les autres.
-A Monsieur Baïdy ly pour le soutien logistique sur le
terrain et les séjours passés ensemble dans les villages,
-A Monsieur Iba Mal, pour ta gentillesse et ta
compréhension,
-Aux Prêtres de la paroisse Saint Jean Baptiste de
Thiès et à la communauté de Peykouk,
-Au Directeur du collège Saint Gabriel et à tous
ses professeurs.
-Aux producteurs des villages de Mbam, Ndiaye Ndiaye, Ndour
Ndour, Mbadaoune, et Diamafara.
-Au Chef de village de Mbam et à sa famille,
- A Cheikh Dieng et à sa famille,
-A Sambou Ndiaye et à sa famille,
-A Omar Dramé et à sa famille.
Ma reconnaissance à la grande famille que forme l'IRD,
-A Youm, Lamine, Ndeye Fatou, Yacinthe, Mahécor,
Matthieu, Sané, Traoré,Marème et à tous les
autres.
-A Venceslass Goudiaby, et à tous les autres camarades
étudiants du laboratoire : Mariama, Saliou, Ndeye Fatou, Farma,
Mahécor, John, Fidèle, Diémé, Marie, Daouda,
Djigal, Chimène, Binta, Oumou.
-A Pierre Tène, Oumar Ndiaye, Bernadette Ndione et
à Awa.
-A Suz et Val de l'ESPT
Merci aussi aux amis Babacar Kébé, Babou
Dramé, Djibril Sarr, Amadou Bâ, Alioune Kaéré, Omar
Mbengue,
Diaw et Sarr, Bamba, Gora, endurance.
A Aloys, Audace et à Richard, et à tous vos
compatriotes bonne continuation
Diop le maire, Clément, Rémy, Jean Michel, bonne
continuation à vous aussi.
Merci à tous mes camarades
Elèves-Ingénieurs de l'ENSA.
LISTE DES
ABREVIATIONS
AFCM
|
Analyse Factorielle des Composantes Multiples
|
Alt.
|
Altitude
|
CESAG
|
Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion
|
CIRAD
|
Centre de coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
|
IEMVT
|
Institut d'Elevage et de Médecine
Vétérinaire des pays Tropicaux
|
ENSA
|
Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture
|
FAO
|
Food and Agricultural Organization
|
FCFA
|
Franc de la Communauté Française d'Afrique
|
GPS
|
Global Positionning System
|
Ha
|
Hectare
|
IRD
|
Institut de Recherche pour le Développement
|
ISRA
|
Institut Sénégalais de Recherches Agricoles
|
MOT
|
Main d'oeuvre temporaire
|
MS
|
Matière Sèche
|
MSU
|
Michigan State University
|
ONCAD
|
Office National de Commercialisation et de l'Assistance au
Développement
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PAGERNA
|
Projet d'Aménagement et de Gestion des Ressources
Naturelles
|
PAPEL
|
Projet d'Appui pour la Promotion de L'Elevage
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
PROCORDEL
|
Projet de Coordination pour le Développement de
l'Elevage
|
SODEVA
|
Société de Développement et de
Vulgarisation
|
UBT
|
Unité de Bétail Tropical
|
UF
|
Unité Fourragère
|
UFL
|
Unité Fourragère Lait
|
UFV
|
Unité Fourragère Viande
|
UTH
|
Unité Travail Homme
|
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1
|
Localisation au GPS des villages
étudiés............................................................................
|
11
|
Tableau 2
|
Proportion des agro éleveurs
enquêtés..........................................................................
|
13
|
Tableau 3
|
Moyennes des variables caractéristiques des
groupes.................................................................
|
28
|
Tableau 4
|
Moyennes des variables des groupes sans
Diamafara.................................................................
|
44
|
Tableau 5
|
Coût du matériel agricole selon les
exploitations.............................................................
|
50
|
Tableau 6
|
Coût du matériel agricole selon la
spéculation et le type
d'exploitation............................................
|
50
|
Tableau 7
|
Coefficients d'occupation des terres selon les
spéculations..................................................
|
51
|
Tableau 8
|
Coût du matériel agricole par hectare de
spéculation et par
an.......................................................
|
51
|
Tableau 9
|
Coût d'entretien annuel des animaux de trait par type
d'exploitation.......................................
|
52
|
Tableau 10
|
Coût d'entretien des animaux de trait par
spéculation par
an.........................................................
|
53
|
Tableau 11
|
Coût d'entretien des animaux de trait par hectare de
spéculation...........................................
|
53
|
Tableau 12
|
Coût de la Main d'oeuvre temporaire par an et par
culture............................................................
|
54
|
Tableau 13
|
Coût de la main d'oeuvre temporaire par hectare de culture
et par an...............................................
|
55
|
Tableau 14
|
Valeur des semences au prix du
marché.................................................................................
|
56
|
Tableau 15
|
Productions des cultures
fourragères............................................................................
|
58
|
Tableau 16
|
Rendements des différentes cultures non
fourragères.................................................................
|
58
|
Tableau 17
|
Comptes d'exploitation des cultures dans les exploitations sans
MOT....................................
|
60
|
Tableau 18
|
Comptes d'exploitation des cultures dans les exploitations avec
MOT....................................
|
62
|
Tableau 19
|
Résultats des simulations sur les chiffres d'affaire
critique..................................................
|
64
|
Tableau 20
|
Valeurs bromatologiques des cultures
fourragères.....................................................................
|
67
|
Tableau 21
|
Disponibilités théoriques en UF et en MAD d'un
hectare de culture fourragère..........................
|
67
|
Tableau 22
|
Besoins en UF et en MAD de l'UBT locale pour l'entretien et la
production.............................
|
68
|
Tableau 23
|
Nombre de jours de production de lait permise chez la vache
laitière par les UF et les MAD par hectare de culture........
|
71
|
Tableau 24
|
Nombre de jours de production de viande permise par les UF et les
MAD par hectare de culture
fourragère............................................................................................................
|
73
|
Tableau 25
|
Valeur monétaire des productions de lait et de viande
permises par hectare de culture fourragère....
|
73
|
Tableau 26
|
Rendement d'un champ de maïs selon l'histoire culturale du
terrain.......................................
|
76
|
Tableau 27
|
Effet de divers itinéraires techniques sur arachide et
sorgho...........................
|
77
|
LISTE DES
FIGURES
Figure 1
|
Situation de la zone d'étude dans le profil
météorologique du Sénégal...............
|
17
|
Figure 2
|
Evénements pluvieux à Ndour Ndour en
2002...............................................
|
18
|
Figure 3
|
Répartition des cultures pluviales selon les
villages.........................................
|
22
|
Figure 4
|
Répartition de la surface des cultures pluviales selon
les villages.........................
|
23
|
Figure 5
|
Cultures fourragères par rapport aux cultures pluviales
selon les villages................
|
24
|
Figure 6
|
Répartition des UBT selon les
villages.........................................................
|
25
|
Figure 7
|
Répartition des Revenus extra agricoles selon les
villages.................................
|
26
|
Figure 8
|
Groupes obtenus par l'Analyse Factorielles des Correspondances
Multiples.............
|
29
|
Figure 9
|
Evolution des différents groupes dans le
temps..............................................
|
34
|
Figure 10
|
Opposition des deux grands pôles du
système..................................................
|
37
|
Figure 11
|
Distribution des classes d'âge à Ndour
Ndour.................................................
|
38
|
Figure 12
|
Distribution des classes d'âge à Ndiaye
Ndiaye..............................................
|
39
|
Figure 13
|
Répartition des classes de revenus de l'élevage
selon les villages.........................
|
40
|
Figure 14
|
Répartition des classes de revenus extra agricoles
selon les villages......................
|
41
|
Figure 15
|
Distribution des classes d'âge à
Mbadaoune..................................................
|
42
|
Figure 16
|
Distribution des classes d'âge à
Diamafara...................................................
|
43
|
SOMMAIRE
RESUME
ii
SUMMARY
iii
RESUMEN
iv
DEDICACES
v
AVANT PROPOS
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
vii
LISTE DES TABLEAUX
viii
LISTE DES FIGURES
ix
INTRODUCTION
5
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DE L' ETUDE
6
CHAPITRE 1 : Présentation de
l'étude
7
1- Problématique
7
2- Objet de L'étude
9
3- Résultats attendus
10
CHAPITRE 2- Méthodologie
11
1- Identification des zones et choix des
villages
11
2 -Les enquêtes exploratoires
12
3- L'échantillonnage
12
4- Les enquêtes systématiques
13
5- Analyse des résultats
14
CHAPITRE 3 - Présentation de la zone
d'étude
15
1- Milieu physique
15
1-1- Géologie
15
1-2- Sols
15
1-3- Climat
17
1-4- Végétation
18
2- Milieu humain
19
2-1- Démographie
19
2-2- Activités socio-économiques
20
DEUXIEME PARTIE - RÉSULTATS ET ANALYSES
21
CHAPITRE 1 -Typologie des exploitations et
réflexions sur les systèmes d'exploitation
22
1- Les activités de production au niveau des
cinq villages.
22
1-1- L'agriculture
22
1-2- L'élevage.
25
2- Typologie des exploitations avec une analyse
multivariée
28
3- Réflexion sur la combinaison des
variables
32
4- Réflexions sur la typologie
réalisée
35
5- Confirmation des hypothèses de la
classification.
38
5-1- Age et revenus issus de l'élevage
38
5-2- Revenus issus des activités extra
agricoles et âge
41
6- Réflexions sur l'évolution des
systèmes d'exploitation
44
CHAPITRE 2 -Analyse de la rentabilité des
cultures fourragères
46
I- Détermination de la rentabilité
46
1- Approche sur la détermination des
coûts de production
47
1-1- Définition des concepts
économiques
47
1-1-1- Coûts fixes
47
1-1-2- Coûts variables
47
1-1-3- Marge sur coûts variables
48
1-1-4- Chiffre d'affaire critique
48
1-2- Détermination des coûts de
production
49
1-2-1- Calcul des amortissements
49
1-2-2- Coût des autres intrants :
semences, engrais et produits phytosanitaires
55
2- Estimation des produits d'exploitation
57
2-1- Estimation des rendements des cultures
fourragères
57
2-2- Estimation des rendements des autres
cultures
58
II- Résultats d'exploitation
60
1- Compte d'exploitation des cultures sans
main d'oeuvre temporaire
60
2- Compte d'exploitation des cultures avec main
d'oeuvre temporaire
62
3- Analyse des résultats d'exploitation
64
CHAPITRE 3- Les cultures fourragères dans
l'alimentation animale
67
1- Généralités sur les valeurs
alimentaires des fourrages
67
2- Valeur bromatologique des fourrages
69
3- Equivalent-ration des cultures
fourragères
70
3-1- Evaluation des besoins d'entretien des
bovins
70
3-2- Utilisation des fourrages pour la production de
lait
71
3-3- Utilisation des fourrages pour la production de
viande
72
CHAPITRE 4- Les cultures fourragères sur
jachères de courte durée, dans la restauration de la
fertilité des sols
75
1- Effets de Stylosanthes
76
2- Effet de l'arachide
77
CHAPITRE 5- Les cultures fourragères dans
l'intensification de la production
78
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
82
BIBLIOGRAPHIE
85
ANNEXES
88
INTRODUCTION
Le Sénégal est le pays situé entre les
latitudes 12°10' et 16°40' Nord et les longitudes 12°10 et
17°30 Ouest totalisant une superficie globale de 197 000
Km2.
L'économie sénégalaise est
essentiellement agricole : 70% de la population totale se concentre dans
le secteur agricole, secteur qui fournit 17 % du PIB (Anonyme, 1994).
Dès l'indépendance, le Sénégal a
adopté une politique de développement axée sur
l'agriculture. L'arachide constituait le moteur de l'économie de traite
héritée du système colonial. Mais cette politique n'a pas
donné les résultats escomptés.
En effet, le non remboursement des dettes a fini par avoir
raison du système de crédit à la production, et l'Etat
s'est désengagé en laissant les producteurs prendre leurs propres
initiatives.
Les grandes surfaces emblavées d'arachide se sont
concentrées essentiellement, pendant longtemps, dans la zone qui couvre
approximativement, les régions administratives de Fatick, de Kaolack, et
des portions de Thiès et Louga : c'est le Bassin arachidier du
Sénégal.
De nos jours, ce bassin connaît une forte pression
démographique sur ses terres, entraînant la disparition des
jachères.
Le manque de pâturages fait que les troupeaux se
déplacent sur de longues distances, alors que les aléas
climatiques, les impacts de la monoculture et la très faible utilisation
des engrais due à leur coût élevé ou à leur
indisponibilité récurrente dans la zone contribuent toujours
à y tempérer la productivité des terres.
Il est apparu alors que l'amélioration de la production
agricole et la fourniture au bétail d'un fourrage de qualité
passe par une introduction de cultures fourragères dans
l'exploitation.
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DE
L' ETUDE
CHAPITRE 1 :
Présentation de l'étude
1-
Problématique
Le Bassin arachidier (près de 30% de la superficie
géographique nationale) produit environ les trois quarts de la
production vivrière (céréales), et de la production
arachidière. Fortement peuplé et cultivé en continu dans
les zones les plus exploitées, il est en voie de dégradation et
de paupérisation.
Le modèle d'exploitation mis en place depuis des
décennies en remplacement de la pratique de la jachère, est
basé sur une culture principale mécanisée et
fertilisée : l'arachide cultivée en rotation avec le mil,
qui n'a pas résisté aux évolutions climatiques.
Dans les années 80, les rigueurs du Programme
d'ajustement structurel, allant de pair avec la pression démographique
croissante, ont définitivement compromis le fragile équilibre
antérieur. Malgré les nombreuses recherches et projets
réalisés dans cette zone au cours de ces derniers temps, peu de
solutions ont été trouvées pour enrayer le processus en
cours, et en particulier freiner la dégradation de l'environnement, et
donc des terres cultivées.
En outre, le nombre croissant du bétail depuis
plusieurs années, conjugué à une démographie
galopante, a aboutit à l'urbanisation poussée et à la mise
en culture des terres jadis laissées pour le pâturage (Calkins,
1990). Cette urbanisation a conduit à une réduction des terres
cultivées et des zones pâturables.
La forte pression exercée sur ces terres s'est par la
suite traduite par une baisse des potentiels de production de cette zone
(Buldgen et al, 1990 ; Guerin et al. 1986 ; Lhoste et al.,
1993 ; Pelissier, 1966).
Par ailleurs, le programme d'insémination artificielle
sur les bovins, initié par le gouvernement dans la zone pour permettre
aux producteurs de mieux intensifier leur élevage appelle certaines
mesures d'accompagnement pour sa bonne marche, notamment du point de vue de
l'alimentation des bovins pour qu'ils puissent conserver et exprimer leurs
capacités de production.
Il s'agit dès lors de trouver des technologies
solutionnant l'un (restauration de la fertilité des sols), l'autre
(alimentation des bovins), ou les deux problèmes à la fois.
Une approche possible aurait été de mettre les
terres dégradées en jachère et de trouver une autre
méthode pour alimenter le bétail.
Mais, Masse et al. (1998) ont montré qu'il
faudrait 19 ans de temps de jachère dans un sol ferrugineux tropical du
Sénégal, pour n'augmenter le stock organique du sol que de 50%.
Floret et al. (2000), vont plus loin et disent que
dans le sud du Bassin arachidier, la mise en jachère des terres ne
permet ni la reconstitution de la fertilité, ni une production
fourragère significative : cette alternative n'est pas rentable.
Les cultures fourragères apparaissent dès lors
comme une alternative à prendre en compte en ce sens qu'elles se
présentent comme solution aux deux problèmes que sont :
l'alimentation du bétail et la restauration de la fertilité
dégradée des sols (Burton, 1976 ; Musa et al.,
1974 ; Oke , 1967 ; Whiteman, 1971).
2- Objet
de L'étude
S'Il existe un consensus qui admet que le développement
du Sénégal peut passer par notre agriculture, il n'en va pas de
même lorsqu'il s'agit d'identifier les voies à suivre avec cette
agriculture pour arriver à ce développement. Et c'est parce
que ce développement peut passer par plusieurs voies, que les cultures
fourragères sont considérées comme importantes.
En effet, l'introduction des cultures fourragères dans
nos systèmes de production a pour principal objectif d'accroître
et d'améliorer la production animale (viande et lait) qui est
liée à la valeur alimentaire du fourrage.
Cette introduction des cultures fourragères, doit
permettre, aussi, à la fois une restauration et une augmentation de la
fertilité des sols par le jeu des transferts d'azote de la
légumineuse vers le sol, azote qui peut être mobilisé pour
les cultures succédant à la légumineuse, et pour les
graminées, l'augmentation des stocks de matière organique et des
éléments nutritifs (Floret et al., 2000).
La présente étude se donne pour objet principal,
de faire la typologie des producteurs qui pratiquent la culture
fourragère dans le bassin arachidier du Sénégal et
d'analyser la rentabilité de ces cultures dans la zone.
La typologie de ces producteurs se fera grâce à
des variables qualitatives et quantitatives des exploitations. Celle-ci
permettra par la suite de pouvoir définir ou circonscrire les
possibilités d'une adoption d'abord puis d'une adaptation de ces types
de cultures dans le contexte des systèmes de production de la zone
étudiée.
L'étude de la rentabilité se propose de faire
une analyse coûts/bénéfices des cultures fourragères
en comparaison avec les autres cultures caractéristiques des
exploitations et en comparaison entre elles-mêmes.
Enfin, cette étude des cultures fourragères se
veut être un préalable à une introduction à grande
échelle de la technologie dans le cadre d'une intensification durable de
l'élevage mais aussi dans le cadre d'une possibilité de
restauration de la fertilité des sols.
3-
Résultats attendus
L'introduction d'une nouvelle technique agraire dans un milieu
est toujours une entreprise qui nécessite une considération de
plusieurs facteurs : sociaux, culturels, économiques, et
écologiques.
Toute nouvelle technique, qui induit des dépenses
substantielles, nécessite, pour être adaptée et
adoptée par les producteurs, une étude qui atteste de sa
rentabilité.
Au terme de cette étude, nous voulons faire une
typologie des catégories de producteurs qui ont adopté dans leurs
systèmes de production les cultures fourragères.
Nous cherchons à savoir si les gains de rendements
permis par les cultures fourragères par rapport à des sols en
jachère peuvent justifier une immobilisation de la terre et du
capital.
De même, nous voulons savoir s'il est rentable, à
des niveaux financiers et sociaux significatifs pour le producteur, de limiter
les surfaces cultivées de mil, d'arachide ou de toute autre culture au
profit des variétés fourragères de niébé, de
sorgho ou d'arachide.
Plusieurs autres questions relèvent aussi de la
préoccupation de cette étude :
- quelle est l'équivalent-ration des cultures
fourragères proposées : est-il plus rentable de faire du
lait ou de la viande avec les cultures fourragères ?
-Quel peut être l'apport des cultures fourragères
dans l'augmentation de la fertilité des sols ?
-Quelle place peuvent occuper ces cultures dans la perspective
d'une intensification de la production ?
L'étude de la rentabilité des cultures
fourragères et la typologie des acteurs de cette filière peuvent
constituer des bases d'une intensification de la production chez les agro
éleveurs en ce sens qu'elles permettent de connaître les
caractéristiques et donc les limites de production de ces producteurs et
les actions à mener pour une amélioration du système.
CHAPITRE
2- Méthodologie
1-
Identification des zones et choix des villages
Pour faire cette étude, ont été
associés à la revue bibliographique, des enquêtes
socio-économiques et des essais de cultures fourragères dans
quatre zones (Diamafara, Mbadaoune, Ndiaye Ndiaye et Ndour Ndour). Un village
avec une très forte proportion d'agro-éleveurs (Mbam) a
été choisi pour compléter les quatre premiers.
Ce choix se justifie par le fait que les agro-éleveurs
de Mbam ne font pas de la culture fourragère bien que disposant de
terres cultivables et un cheptel bovin important. Ce village
complémentaire a servi à déterminer, en comparaison avec
les autres, les raisons qui fondent l'adoption ou non de la culture
fourragère au sein de l'exploitation.
L'appartenance de la zone au programme d'insémination
artificielle des bovins initié par plusieurs programmes (PAPEL,
PROCORDEL), et les nouveaux problèmes d'alimentation des animaux en
général et des métis en particulier, les
possibilités offertes par ces cultures pour la restauration de la
fertilité des sols dégradés sont autant de critères
dont procède l'identification de la zone à étudier.
La localisation au GPS des villages étudiés est
donnée par le tableau 1.
Tableau 1 : Localisation des villages
étudiés
|
Diamafara
|
Mbadaoune
|
Mbam
|
Ndiaye Ndiaye
|
Ndour
Ndour
|
N
|
13°55,939'
|
14°12,081'
|
14°07,106'
|
14°17,80'
|
14°06,429
|
W,O
|
15°36,289'
|
16°01,452'
|
16°25,964'
|
16°25,513'
|
16°18,327'
|
Altitude (m)
|
69
|
22
|
37
|
23
|
40
|
2 -Les
enquêtes exploratoires
Il a été fait deux missions exploratoires sur le
terrain avant de commencer l'étude proprement dite.
La première mission a servi à prendre contact
avec les producteurs pour présenter le programme et s'entretenir avec
eux sur les motivations de l'étude. Cette mission a permis de cerner
dans l'ensemble les caractéristiques de la zone et les systèmes
d'exploitation.
A partir de cela, un questionnaire d'enquête a
été confectionné et testé sur quelques producteurs
lors d'une deuxième mission sur le terrain. Ce questionnaire a
été ensuite corrigé en tenant compte des
disponibilités de réponses des producteurs.
C'est seulement à la fin de cette phase qu'un
questionnaire définitif a été élaboré et a
servi aux enquêtes formelles.
3-
L'échantillonnage
Les enquêtes exploratoires ont montré que les
producteurs de cultures fourragères étaient tous des agro
éleveurs : ils avaient à la fois des animaux et des terres
cultivées.
Partant de cela et des motivations de l'étude
(meilleure alimentation du bétail, restauration de la fertilité
des sols dégradés), nous avons choisi comme unité
statistique l'agro éleveur c'est à dire un producteur
possédant à la fois des animaux et des terres cultivables.
L'échantillonnage aléatoire simple, basé
sur les réflexions de Norman et al. (1988), a été
choisi comme méthode afin de déterminer l'identité des
personnes à enquêter.
Pour ce faire, nous avons recensé dans toutes les zones
d'étude le nom des producteurs. Ensuite, tous les producteurs disposant
de terres et d'un troupeau ont été sélectionnés et
numérotés. Un tirage aléatoire a par la suite permis de
connaître le nom des personnes à soumettre aux enquêtes
systématiques.
Selon les zones d'étude, le taux de sondage a
varié entre 56 et 69% par souci de représentativité. Nous
obtenons :
Tableau 2 : Proportion des
agro-éleveurs enquêtés
|
Diamafara
|
Mbadaoune
|
Mbam
|
Ndiaye Ndiaye
|
Ndour Ndour
|
Total/Moyenne
|
Nombre d'agro-éleveurs
|
15
|
15
|
18
|
13
|
12
|
73
|
Nombre d'enquêtés
|
10
|
10
|
10
|
9
|
7
|
46
|
Taux de sondage (%)
|
67
|
67
|
56
|
69
|
58
|
63
|
4- Les
enquêtes systématiques
Une fois le nombre et l'identité des
agro-éleveurs connus, des enquêtes systématiques ont
été faites au niveau de chaque zone pour déterminer et
évaluer les coûts de production, mais aussi la quantité et
la valeur des produits obtenus.
Ensuite les enquêtes ont porté sur les
caractéristiques économiques et sociodémographiques des
exploitations.
Ce travail a été fait au niveau de 46
exploitations dont 36 alliant agriculture ,élevage et cultures
fourragères, et 10 autres n'incluant pas dans leurs système de
production les cultures fourragères proprement dites bien que disposant
de bétail et de terres cultivables.
5-
Analyse des résultats
Après avoir recueilli toutes ces données, nous
avons procédé à la transformation ou à l'estimation
de certaines valeurs :
*Les revenus issus de l'élevage sont ceux
déclarés par les producteurs eux-mêmes : il s'agit de
leurs productions de lait, des revenus tirés de l'embouche ou de la
location d'animaux de trait.
*Les revenus issus de l'agriculture sont des estimations de
leurs revenus qu'ils tirent des terres cultivées. La superficie de
chaque spéculation est multipliée au rendement escompté de
la culture dans cette zone en année normale. Ces rendements nous sont
fournis par les plans stratégiques d'aménagement et de
développement des régions de Fatick et de Kaolack.
*Les revenus issus des activités extra agricoles sont
une estimation par les producteurs eux-mêmes des revenus qu'ils tirent
des activités qu'ils mènent dans ou hors de l'exploitation et qui
ne concernent ni l'agriculture, ni l'élevage. Il s'agit essentiellement
du commerce, de l'artisanat ou du transport.
Nous avons par la suite, procédé à leur
traitement grâce à différents logiciels :
-Access pour la gestion de la base de données,
-Excel pour les calculs et les constructions des graphiques,
et la statistique descriptive,
-Stat ITCF (Institut Technique des Céréales et
Fourrages), pour faire la typologie avec une Analyse Factorielle des
Correspondances Multiples (AFCM),
-Word et PowerPoint pour le traitement de texte et la
présentation du présent document.
CHAPITRE
3 - Présentation de la zone d'étude
1-
Milieu physique
1-1- Géologie
Deux types de formations coexistent dans le bassin
arachidier : le Primaire et le Précambrien,
représentées par des roches cristallines dures, et des formations
sédimentaires, plus récentes (Secondaire, Tertiaire, et
Quaternaire) d'origine continentale.
Dans le Nord, les marnes et calcaires de l'Eocène sont
couverts de sables au Nord-est, le plateau de Thiès atteint 130 m.
Le reste du bassin est formé de plaines uniformes
traversées par les vallées du Sine, du Saloum et des marigots qui
disparaissent avec la saison sèche. Des mares temporaires soumises
à l'ensablement pendant la saison sèche servent d'abreuvoirs au
bétail.
Les formations sédimentaires présentent des
nappes intercalaires de très grandes dimensions tel que le Maestrichien
du continental intercalaire qui donne des nappes de très grands
débits.
Les roches cristallines imperméables tels que le
granite, donnent rarement des nappes, sauf en cas de faille.
Au centre, la diminution de la pluviométrie compromet
la recharge des eaux souterraines soumises à une forte exploitation.
1-2- Sols
Le Bassin arachidier est caractérisé par une
diversité pédologique propre à la zone tropicale (sols
ferrugineux tropicaux) avec l'existence de sols intrazonaux (sols hydromorphes,
sols halomorphes).
On y distingue :
- Des sols ferrugineux tropicaux lessivés ou
« dior » qui sont des sols meubles et perméables
.Ils subissent une migration en profondeur des éléments
minéraux, ce qui se traduit la plupart du temps par une carence en
azote, phosphore et potasse. Leur dégradation est accentuée par
les effets néfastes de l'érosion éolienne qui soustrait au
sol tout son potentiel en éléments fertilisants.
Ces sols constituent un domaine spécifiquement propice
à la culture du mil et de l'arachide, mais du fait de leur
appauvrissement progressif, ils ne permettent que des rendements
médiocres.
- Des sols ferrugineux tropicaux non
lessivés ou « deck » qui, du fait de leur texture
fine, renferment une forte proportion de limons et une teneur en argile
élevée. Ils sont riches en matières organiques et en
éléments minéraux, ce qui justifie leur aptitude à
une large gamme de culture (arachide, mil, sorgho, manioc,...).
- Des sols deck-dior qui sont des sols de
transition entre les deck et les dior ; leur fertilité est variable
et dépend de la proportion de chacun des types de sols.
- Des sols halomorphes : ils sont le
plus souvent salins acidifiés : ce sont les
« tannes ». Ces sols, à cause de leur
salinité et de leur hydromorphie, sont, du point de vue agricole,
très limités. Ils n'offrent qu'une utilisation agricole
marginale. Toutefois, on y rencontre un développement de quelques
halophytes.
- Des sols hydromorphes : ces sols se
rencontrent le plus souvent dans les vallées. Ce sont des sols bruns,
sans limitations marquées. Leur hydromorphie est due à la
proximité de la nappe et à l'accumulation des eaux de pluies.
En saison sèche, ces sols argileux ou argilo sableux
fortement exposés à l'insolation se craquellent.
1-3- Climat
La zone de l'étude est localisée entre les
isoyèthes 300 et 600 mm. Le profil météorologique du
Sénégal présenté dans la figure 1 nous donne une
vision plus précise du climat au niveau de la zone
étudiée.
*Diamafara
*Mbam
*Mbadaoune
*Ndour Ndour
*Ndiaye Ndiaye
Figure 1 : Situation de la zone
d'étude dans les diagrammes ombrothermiques du Sénégal
La température moyenne est de 28 °C, elle atteint
par moment plus de 34°C. Mais cette température fluctue beaucoup au
cours de l'année.
Les relevés
pluviométriques de la station de Ndour Ndour nous donne une idée
plus précise de la situation au cours de cette année
2002 :
Figure 2 : Evénements pluvieux de
la station de Ndour Ndour en 2002
La pluviométrie cette
année a atteint un cumul de 543 mm dans la zone. Cependant elle a
été inégalement répartie dans le temps, il y a eu
deux pause pluviométriques assez longues , ce qui a conduit presque
partout où les expériences ont été menées
à un re-semis des cultures et à un stress hydrique très
sévère des plantes. Ceci d'ailleurs va se répercuter sur
le rendement des cultures à tous les niveaux.
1-4-
Végétation
La zone d'étude présente une diversité
dans ses formations végétales. Toutefois la transition entre ces
formations est insensible.
Au sud du bassin on peut noter deux grands ensembles :
-le domaine sahélo soudanien
-et le domaine soudanien
Le premier est le domaine des associations entre
Faidherbia albida et des taillis de
combrétacées (Combretum micranthum, C.
glutinosum,...). On y retrouve des peuplements d'Acacia
seyal et de Adansonia digitata sur sols
calcaires.
Le second est constitué de savanes et de grands arbres
tels Khaya senegalensis, Pterocarpus ericinaceus, et
Parkia biglobosa. Il est tapissé d'un couvert herbacé
dense. On y rencontre dans ses dépressions des espèces du genre
Cynodon sp. Vetiveria nigritana ou
Eragrostis sp.
La production des pâturages du bassin est jugée
satisfaisante dès que la pluviométrie dépasse 400 mm,
cependant, on note une certaine dégradation liée à une
surcharge (vers les forages et les points d'eau) ou à une avancée
de l'arachide (CIRAD, IEMVT, 1986). « Cette dégradation se
manifeste par la disparition des espèces de graminées
pérennes à la faveur d'autres espèces annuelles de valeur
moindre : Tephrosia sp. Zornia glochidiata,
Alysicarpus ovalifolius ». (Dieng, 1985).
Ces dernières ont une faible productivité et
disparaissent rapidement en cours de saison sèche, laissant le sol
exposé, à l'érosion éolienne.
2-
Milieu humain
2-1- Démographie
La région de Fatick couvre une superficie de 7735
Km2, soit 4,4% du territoire national et compte, d'après le
recensement de la population datant de 1997, 580 000 habitants soit 7,3%
de la population nationale pour une densité de 64 habitants au
Km2. Cette population de Fatick, d'après le même
recensement a un taux de croissance de 1,8% par an.
La région de Kaolack couvre pour sa part, une
superficie de 16010 Km2, soit 8,15% du territoire national.
D'après le recensement de la population datant de 1997, elle renferme
11,5% de la population nationale, soit 980 000 habitants à la
densité de 50 habitants au Km2. cette population a un taux de
croissance plus élevée que celle de Fatick : 2,5% par an.
2-2- Activités
socio-économiques
Les activités socioéconomiques sont
principalement marquées dans les deux régions par l'agriculture
et l'élevage.
De part et d'autre, on note aussi un développement
progressif du commerce occasionnel surtout pendant la saison sèche, et
plus à Kaolack qu'à Fatick un développement du secteur
informel sur toute l'année et des industries de transformation des
produits agricoles, principalement.
La région de Kaolack, spécialisée dans la
production des céréales et des oléagineux dont l'arachide
constitue la principale spéculation (Mbengue, 2002), totalise une
superficie emblavée de 760904 hectares et dispose de 11,8% du cheptel
bovin national (Anonyme, 1997).
La région de Fatick a une superficie cultivée
de 248394 hectares et dispose de 7,8% du cheptel bovin national, soient 210190
animaux (Anonyme, 1997).
C'est une région qui s'est aussi
spécialisée dans la production arachidière et de
céréales vivrières comme le mil et le sorgho.
L'exploitation du sel est une nouvelle activité qui y
prend forme et rapporte beaucoup de revenus, depuis l'avancée des terres
salées, il y a de cela quelques années.
DEUXIEME
PARTIE - RÉSULTATS ET ANALYSES
CHAPITRE
1 -Typologie des exploitations et réflexions sur les systèmes
d'exploitation
1- Les activités de
production au niveau des cinq villages.
1-1-
L'agriculture
Les villages étudiés sont
différents tant dans leurs systèmes de production que dans leurs
compositions sociales.
La figure 3 donne une répartition de la surface
cultivée selon les cultures :
Figure 3 : Répartition des
cultures pluviales selon les villages
La tendance générale est à l'exploitation
de grandes surfaces de céréales, particulièrement
vivrières. Le mil occupe les plus grandes surfaces emblavées avec
55% de la surface totale cultivée.
Ensuite l'arachide vient en deuxième position avec 31 %
de la superficie totale. Ceci est l'illustration de la volonté des
producteurs à assurer d'abord les besoins alimentaires de l'exploitation
ensuite, d'assurer les autres besoins des membres de l'exploitation par la
vente des cultures de rente.
Figure 4 : Répartition de la surface
des cultures pluviales selon les villages
Il apparaît que les villages de Ndour Ndour et de Ndiaye
Ndiaye occupent le moins d'espace pour les cultures pluviales.
Par contre Diamafara, Mbam et Mbadaoune emblavent de
manière sensiblement égale les mêmes superficies qui sont
presque deux fois plus grandes que celles mises en culture par les deux
précédents villages.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'il y a eu moins de
producteurs sondés à Ndour Ndour et à Ndiaye Ndiaye que
dans les autres villages, mais la différence entre nombre de
sondés entre ces villages n'est pas si significative pour pouvoir
expliquer une différence aussi grande (le double) dans les superficies
cultivées : la réponse à cet état de fait doit
être recherchée ailleurs.
L'importance des surfaces cultivées en arachide est une
caractéristique du milieu d'étude qui appartient au bassin
arachidier.
Figure 5 : Cultures fourragères
par rapport aux cultures pluviales selon les villages
En règle générale les surfaces
emblavées en cultures pluviales vivrières ou de rente sont 10
à 20 fois plus grandes que celles des cultures fourragères.
Ces proportions de surfaces emblavées pourraient faire
penser que les besoins en cultures fourragères sont totalement
satisfaits au niveau de la zone d'étude, mais la majorité des
producteurs sondés, affirment avoir besoin de plus du double de la
superficie fourragère dont ils disposent.
La superficie des cultures fourragères est donc bien
réduite par rapport aux cultures pluviales. A Mbadaoune, à Ndour
Ndour, à Diamafara et à Ndiaye Ndiaye, les interventions du
projet PAGERNA et JACHERE dans le domaine des cultures fourragères
justifient que ces villages aient adoptés cette technologie.
1-2-
L'élevage.
En règle générale, l'ensemble des
sondés possède des animaux. Toutefois la répartition des
animaux selon les individus appartenant au même village ou non, est
très inégale. La répartition des UBT selon les villages
est donnée par la figure 6 :
Figure 6 : Répartition des UBT
selon les villages
Le village de Mbam dispose de beaucoup plus d'animaux que les
autres villages. Il est suivi en cela de Ndiaye Ndiaye puis de Mbadaoune.
Diamafara et Ndour Ndour se révèlent être ceux qui
disposent de moins d'animaux.
Ici encore la différence de sondage est trop
négligeable entre les villages pour expliquer des différences
aussi grandes dans la répartition des animaux.
L'explication de cet état de fait est, une fois encore,
à trouver ailleurs.
2- Les activités extra agricoles
Les producteurs du Bassin arachidier, comme d'ailleurs la
majorité des producteurs évoluant sous des conditions climatiques
aléatoires, cherchent à sécuriser leurs revenus en
investissant dans les activités extra agricoles, moins soumis au risque
climatique, qui est très grand dans la zone.
Ce nouveau type de comportement, qu'imposent les lois de la
nature, est diversement suivi par les producteurs. La répartition des
revenus extra agricoles en fonction des villages nous en donne une
idée.
Figure 7 : Répartition des revenus
extra agricoles selon les villages
La figure montre que les revenus extra agricoles sont presque
également répartis au sein de l'échantillon pour les
quatre villages que sont Diamafara, Ndour Ndour, Mbam et Mbadaoune.
Par contre, le village de Mbam gagne plus du double que les
autres villages pour ce type de revenus, l'explication à cette situation
ne saurait se trouver dans la différence du nombre de sondés au
sein des villages, cette différence étant négligeable.
Elle se trouve certainement dans d'autres facteurs que nous
tentons de trouver à l'aide d'une typologie des exploitations.
2- Typologie des exploitations avec
une analyse multivariée
Trente quatre variables de l'enquête correspondant au
total à cent quinze modalités, ont été choisies
pour faire cette typologie grâce à la technique de l'analyse
factorielle des correspondances multiples.
Ces variables ont été retenues parce qu'elles
reflètent les aspects socio-économiques des systèmes
d'exploitation largement étudiés par plusieurs auteurs (Pelissier
1966 ; Bulgen et al 1994 ; Lericollais 1980 ; Diouf 1990).
Pour mieux cerner et caractériser les groupes
définis, une classification des individus a été
réalisée en fonction de leur proximité au centre d'inertie
des différents agrégats qui se formaient, les
caractéristiques des individus appartenant au même groupe
étant les caractéristiques englobés par l'agrégat
sur le plan qui rassemblait le maximum d'information.
Cette analyse a permis de discerner quatre principaux groupes,
pour lesquels sont présentés au tableau 3, les moyennes de
quelques variables fortement discriminantes :
Tableau 3 : Moyennes des variables
caractéristiques des groupes
|
V
|
I
|
J
|
V-
|
Proportion (%)
|
37
|
17
|
33
|
13
|
Age de l'exploitant (ans)
|
59
|
47,3
|
45,9
|
59,8
|
Revenus issus de l'élevage (FCFA/an)
|
92,1
|
114
|
45,6
|
285
|
Revenus issus de l'agriculture (FCFA/an)
|
542
|
576
|
651
|
718
|
Revenus issus des activités extra agricoles (FCFA/an)
|
113
|
155
|
169
|
250
|
Nombre de houes (houes/exploitation)
|
2,5
|
1,9
|
1,6
|
2,5
|
Nombre de semoirs (semoirs/exploitation)
|
1,58
|
1,6
|
1,2
|
2
|
Nombre de charrettes (charrettes/exploitation)
|
1,47
|
1
|
0,86
|
0,66
|
Nombre d'UTH (UTH/exploitation)
|
6,54
|
6,57
|
5,48
|
11,42
|
Nombre d'UBT (UBT/exploitation)
|
10,82
|
15,72
|
4,37
|
44,13
|
La contribution combinée de ces 9 (sur 35) variables
à l'inertie totale expliquée par les axes factorielles 1,2 et 3
est de 31,4 ; 34,3 ; et 28,5% respectivement (Voir annexes).
Ceci veut dire que ces variables peuvent aussi refléter,
à elles seules, la typologie réalisée en raison de leur
importance dans l'analyse.
Une typologie qui ne prendrait pas en compte l'âge, par
exemple ferait perdre 7,7% de l'information totale sur ces trois axes. Il s'en
suivrait une modification des groupes suite à la modification des
paramètres ayant servi à faire la classification
déjà obtenue. La figure 8 fait une
présentation des résultats de l'AFCM en localisant la position
des centres d'inertie des différents groupes obtenus :
Groupe I
Axe 1
Groupe J
Groupe V
Axe 2
« Grandes valeurs »
« Faibles valeurs »
Groupe V-
Figure 8 : Groupes obtenus par L'Analyse
Factorielle des correspondances multiples
-Le groupe « J » est
le deuxième en importance, il comprend quinze producteurs soit 32,6% de
l'échantillon global. La moyenne d'âge dans ce groupe est de 45,9
ans. C'est par observation le groupe des «valeurs faibles » pour
toutes les variables à l'exception des revenus issus de l'agriculture et
des revenus issus des activités extra agricoles où il conserve
les « hautes valeurs ».
Du point de vue équipement, c'est aussi le groupe le
moins fourni, avec en moyenne 1,2 semoirs par exploitation, 1,6 et 0,86 houes
et charrette respectivement pour ses exploitations.
En moyenne nous rencontrons 5,48 UTH et 4,37 UBT dans les
exploitations du groupe. Ce groupe est formé en majorité des
jeunes exploitants : 33% des exploitants appartenant à ce groupe
soient 10 % de l'échantillon globale ont moins de 39 ans.
-Le groupe « V » :
C'est le groupe qui renferme le plus d'individus, il regroupe 17 producteurs,
soient 37% de l'échantillon total. La moyenne d'âge de ce groupe
est de 59 ans. C'est le groupe des producteurs les plus âgés, il
est aussi par observation celui des « grandes valeurs »
pour la majorité des variables de la typologie. On compte en moyenne
dans ce groupe 2,5 ; 1,58, et 1,47 de houes de semoirs et de charrettes,
respectivement.
Les producteurs appartenant à ce groupe ont en moyenne
10,82 UBT, l'exploitation renfermant 6,54 UTH.
A titre de comparaison, 90% des producteurs de Ndiaye Ndiaye
appartiennent à ce groupe contre 12,5 % pour Ndour Ndour, 45% pour
Mbadaoune, 52% pour Mbam ; on ne retrouve aucun producteur appartenant
à ce groupe dans le village de Diamafara.
-le groupe « I » C'est
celui des valeurs intermédiaires pour beaucoup de variables. La moyenne
d'âge dans ce groupe est de 47,3 ans. On y retrouve 8 producteurs soient
seulement 17% de l'échantillon total.
C'est le groupe qui tire le plus de revenus de
l'élevage en moyenne 114 000 F par exploitation par année contre
92 000 et 45 000 pour les groupes V et I respectivement.
Ses revenus issus de l'agriculture et des activités
extra agricoles sont intermédiaires entre ceux des groupes V et I.
Dans ce groupe, les exploitations ont en moyenne 1,9 houes,
1,6 semoirs et une charrette. Elles renferment 6,57 UTH et disposent de 15,72
UBT.
-Le groupe « V- »
ressemble à plus d'un titre au groupe « V » en cela
que la moyenne d'âge dans les deux groupes tourne autour de 59 ans en
plus du fait que ces deux groupes renferment les exploitations les plus
équipées.
Les exploitations de ce groupe ont les plus grandes moyennes
en ce qui concerne le nombre d'UBT : 44,13 contre 4,37 pour le groupe
« J », 15,72 et 10,82 pour les groupes I et V
respectivement.
En outre, il faut noter que les exploitations de ce groupe
renferment le plus grand nombre d'UTH.
Ces caractéristiques du groupe V- font que, c'est celui
qui tirent le plus de revenus de l'agriculture 718 000 F en moyenne par
exploitation contre 651, 576, et 542 pour respectivement les groupes J, I, et
V.
Ce qu'il faut en plus noter, c'est que ce groupe renferme bien
peu d'individus seulement 13% de l'échantillon globale, mais tous les
individus appartenant à ce groupe sont du village de Mbam, seulement 3
producteurs appartenant au village de Mbam ne sont pas localisés dans ce
groupe.
3- Réflexion sur la
combinaison des variables
Les structures des exploitations et les clés de
répartition dans les différents groupes laissent croire que
l'âge des exploitants est un paramètre déterminant dans la
répartition des individus.
L'âge est un critère important dans la
classification réalisée, Il faut à ce propos remarquer que
les modalités de plusieurs variables sont corrélées
à l'âge de l'exploitant : plus l'âge augmente, plus
l'exploitation s'équipe, et plus les revenus issus de l'élevage
s'augmentent. Mais, plus l'âge augmente, moins les revenus issus des
activités extra agricoles deviennent importants.
On peut donc supposer qu'il y aura une augmentation du cheptel
des petites exploitations au fur et à mesure du temps, lorsque
l'âge des exploitants augmente. Donc les exploitations commencent par
appartenir au Groupe J au début de leur existence, avant de terminer
dans le groupe V en passant au préalable par le groupe
intermédiaire.
Cette dynamique, schématisée avec le
schéma précédent peut être formulée comme
suit : Tout exploitant, au fil du temps, essaie d'améliorer ses
revenus par l'augmentation de ses facteurs de production : il augmente son
cheptel et s'équipe de plus en plus, il a recours à la main
d'oeuvre temporaire et utilise les engrais de manière à tirer le
maximum de revenus de la production.
Les revenus issus des activités extra agricoles lui
servent de base pour le réinvestissement dans les activités de
production. Pour mieux soutenir cette thèse, on remarque que c'est dans
les groupes d'âge les plus avancés que l'on rencontre le plus
grand nombre de producteurs qui font de la jachère et c'est dans ce
même groupe de producteurs que se rencontre la majorité des
producteurs qui ont de grands pâturages (parce qu'il ont plus d'animaux)
L'évolution de l'exploitation connaît une
dynamique semblable notamment par l'acquisition de valeurs basses, pour les
variables au départ (groupe J) , qui vont s'accroître (groupe I)
vers les grandes valeurs (Groupe V) jusqu'à la division de
l'exploitation par le jeu des mariages d'un de ses membres ou par le jeu de
l'héritage dans la famille des terres qui, divisées renferment
les faibles valeurs caractéristiques du groupe J (superficie,
matériels, élevage...).
Les enfants qui héritent devraient pouvoir suivre la
même évolution au moment de la prise en charge d'autres terres
qu'il louent ou reçoivent comme don.
Cette dynamique des exploitations conduit à la mise en
place de piliers de plus en plus solides en faveur de l'agriculture de
subsistance avec comme cadre l'exploitation agricole traditionnelle.
Groupe V
Groupe J
Groupe I
Axe 2
Axe 1
« Grandes valeurs »
des variables
« Faibles valeurs »
des variables
Dislocation par héritage ou par mariages
Acquisition de nouvelles terres par prêt, location ou
achat
Acquisition de nouvelles terres par prêt ou par don
Figure 9 : Evolution des
différents groupes dans le temps
4- Réflexions sur la
typologie réalisée
La distribution des individus en quatre groupes inspire
certaines réflexions.
Le groupe V-, constitué essentiellement de producteurs
du village de Mbam est en fait une fraction du groupe V avec lequel il
présente beaucoup de caractéristiques en commun. La seule
différence significative entre ces deux grands groupes est le fait que
les exploitations appartenant au groupe V-, et donc au village de Mbam ne font
pas de cultures fourragères alors que ceux du groupe V en font.
Ces deux groupes forment donc une seule et même
entité caractérisée par un âge assez avancé
des exploitants, le plus grand nombre d'UTH et des exploitations bien
équipées.
Cette entité « V V- » à son
tour se rapproche du groupe I par le nombre d'UBT et d'UTH, la proximité
des âges moyennes des groupes, et l'équipement assez bien soutenu
des exploitations. Elles obtiennent les plus grands revenus issus de
l'agriculture et de l'élevage, et les moindres revenus issus des
activités extra agricoles. C'est le pôle des grands
agro-éleveurs, qui se consacrent essentiellement à l'agriculture
avec un troupeau intégré dans l'exploitation. Ils s'adonnent
à des activités extra agricoles par occasion et n'en font
nullement une priorité.
Ces exploitants déclarent dans leur majorité
avoir besoin de plus de terres pour travailler et pour se nourrir, ils font le
plus souvent recours à la main d'oeuvre temporaire soit pour faire
paître leur bétail, soit pour cultiver leurs terres, en plus de la
main d'oeuvre familiale.
A ce pôle de grands agro-éleveurs, fait face un
autre pôle que forme le groupe J.
Zone des exploitations les moins équipées, ce
pôle renferme les exploitants qui tirent l'essentiel de leurs revenus des
activités extra agricoles et de l'agriculture. L'élevage est de
loin le domaine qui procure le moins de ressources à ces exploitants,
d'ailleurs ils n'en font pas une priorité, préférant
détenir peu d'animaux 4,37 UBT seulement par exploitation en moyenne.
Nous disons alors que le groupe J forme le pôle des
« nouveaux agriculteurs » avec pour
stéréotype, l'exploitant disposant de beaucoup de terres,
moyennement équipé avec deux animaux de trait, deux bovins et
moins d'une demi douzaine de petits ruminants.
Ces exploitations ont assez de main d'oeuvre (à la
hauteur de leur équipement) et déclarent presque tous, ne pas
avoir besoin de plus de terre pour travailler, ils sont en
général autosuffisants à 90% sur le plan alimentaire
(provenant de la production), en moyenne, 10% de leur nourriture seulement
provient des activités extra agricoles (commerce, transport,
artisanat...).
Ceci s'explique par le fait que la majorité des
exploitants appartenant au groupe J sont du village de Diamafara, qui est
très éloigné des centres villes (plus d'une
demi-journée de marche pour atteindre le plus proche lieu de
commerce).
Les exploitants de ce groupe ne font
généralement pas recours à la main d'oeuvre temporaire et
utilisent très peu les engrais minéraux.
Il est intéressant, au point de vue économique,
de chercher à mettre en commun les groupes qui présentent des
ressemblances sur le plan du matériel particulièrement.
En effet, dans l'établissement des comptes
d'exploitation, les groupes ayant le même niveau d'équipement
auront les mêmes comptes sans grandes différences.
Les groupes V , V- et I faisant à la fois recours
à la main d'oeuvre temporaire, utilisant des engrais, et ayant
sensiblement le même niveau d'équipement peut être
rassemblé dans le même pôle des agro éleveurs qui
cherchent à intensifier leurs productions.
Le groupe J, quant à lui pourra former un pôle
à lui seul car ses caractéristiques sont bien différentes
des deux autres groupes.
Finalement , ce sont deux grandes entités qui
s'opposent : celle des valeurs hautes, formée des groupes V, I et
V- et celle des valeurs basses, formée du groupe J,
Figure 10 : Opposition des deux grands
pôles du système
Valeurs hautes
des variables
Valeurs basses
des variables
Pôle V I V-
Pôle J
Axe 2
Axe 1
5- Confirmation des
hypothèses de la classification.
Après avoir fait la classification des producteurs, il
parait intéressant de chercher à vérifier si les
hypothèses posées lors de l'interprétation des
données peuvent être vérifiées de manière
effective par une observation plus attentive des résultats.
5-1- Age et revenus issus de
l'élevage
Il apparaît avec l'analyse réalisée, que
les jeunes appartiennent au groupe J avec une moyenne d'âge de 45,9 ans
et de petits revenus issus de l'élevage ; que les plus
âgés appartiennent à l'entité « V I
V- » avec une moyenne d'âge de 55,4 ans et de grands revenus
issus de l'élevage.
La distribution des classes d'âge pour deux villages est
donnée par les graphiques suivants :
Figure 11 : Distribution des classes
d'âge à Ndour Ndour
Figure 12 :
Distribution des classes d'âge à Ndiaye Ndiaye
La distribution des classes d'âge à Ndiaye Ndiaye
et à Ndour Ndour laisse apparaître une prédominance des
producteurs âgés (Groupe V I V-) dans le premier village et dans
le second village une dominance des jeunes producteurs (Groupe J).
Dans la logique de la classification qui a été
opérée, Ndiaye Ndiaye devrait renfermer une grande proportion de
producteurs avec de grands revenus issus de l'élevage et Ndour Ndour une
grande proportion de producteurs avec de petits revenus issus de
l'élevage.
D'après la composition des villages de Ndiaye Ndiaye et
de Ndour Ndour, nous pouvons dire, que le premier appartient au groupe des
villages avec des producteurs âgés tandis que le second village
appartient plutôt au groupe des villages avec des producteurs plus
jeunes.
La figure 13 nous donne la répartition des classes de
revenus issus de l'élevage en fonction des villages :
Figure 13 : Répartition des
classes de revenus de l'élevage selon les villages
En 1000 F
La répartition des classes
de revenus issus de l'élevage fait apparaître que Ndour Ndour
englobe plus de 60% des producteurs ne tirant que des revenus
négligeables de l'élevage, le reste des producteurs de ce village
tire des revenus entre 1000 et 99000 F par an.
Ndiaye Ndiaye, englobe 30% des
producteurs aux grands revenus issus de l'élevage et 13% de ceux ayant
leurs revenus entre 1000 et 99000 F par an. Il n'y a pas à Ndiaye Ndiaye
de producteurs qui ne tirent pas de revenus de l'élevage.
Ceci permet de valider les
hypothèses posées au départ en ce qui concerne la
répartition des
producteurs selon l'âge et
leur liaison avec les revenus : ceux qui sont les plus jeunes sont de
petits éleveurs, tandis que les plus âgés se tournent
davantage vers l'élevage.
5-2- Revenus issus des
activités extra agricoles et âge
Figure 14 : Répartition des classes
de revenus extra agricoles selon les villages
Les villages de Mbadaoune et de Diamafara se
caractérisent par l'absence des exploitants qui n'ont pas de revenus
extra agricoles, tandis que celui de Ndiaye Ndiaye est
caractérisé par une dominance de ce genre de producteurs.
Dans la logique de la typologie réalisée, les
jeunes producteurs tendent à avoir les plus grands revenus extra
agricoles, tandis que les plus âgés tendent à appartenir
aux classes de revenus extra agricoles les plus basses.
Mbadaoune et Diamafara devraient donc être
caractérisés par une dominance des jeunes producteurs tandis que
Ndiaye Ndiaye devrait en principe être caractérisé par une
dominance des producteurs plus âgés, ce qui a été
montré précédemment
Les figures 11 et 12 qui suivent nous donnent les
répartitions des classes d'âge à Mbadaoune et à
Ndiaye Ndiaye.
Figure 15 : Distribution des classes
d'âge à Mbadaoune
Le village de Mbadaoune est en effet bien marqué par
une importance de la classe d'âge 40-49 ans. Plus de la moitié des
producteurs qui appartiennent à cette classe d'âge se retrouve
dans ce village.
Bien que la classe d'âge 32-39 ans ne soit pas
représentée dans le village, les classes d'âge
supérieures sont aussi faiblement représentées.
C'est pourquoi dans la classification qui est faite, le
village de Mbadaoune est un village appartenant à la classe d'âge
intermédiaire. De ce fait, elle doit garder les caractéristiques
de ce groupe.
Figure 16 : Distribution des classes
d'âge à Diamafara
Le village de Diamafara est
marqué par une absence totale des classes d'âge supérieures
allant de 60 à 84 ans. Toutefois, les autres classes d'âge
inférieures sont bien représentées dans ce village,
particulièrement celle allant de 40 à 49 ans.
Les villages de Diamafara et de Mbadaoune sont effectivement
dominés par les jeunes producteurs, ceci milite en faveur d'une
exactitude de la typologie réalisée.
L'importance d'une telle démarche est de s'assurer que
les groupes définis par l'analyse multivariée correspondent bien
à la réalité.
Ceci permet de minimiser les erreurs conséquentes
à une mauvaise classification sur les comptes d'exploitation des groupes
ainsi définis.
6- Réflexions sur l'évolution des
systèmes d'exploitation
La typologie résultante de l'analyse des données
inspire des réflexions qui s'étendent sur plusieurs domaines.
Les producteurs appartenant au groupe J
bénéficient des revenus issus de l'agriculture les plus
élevés, alors que ce ne sont que de nouveaux producteurs. Ceci
peut s'expliquer par le fait que ces jeunes producteurs aient
bénéficié du programme des « terres
neuves », retirés qu'ils sont dans les villages les plus
reculés, ils ont eu accès à de larges surfaces jusqu'alors
non exploitées.
Ces terres, encore fertiles, leur procurent des rendements
supérieurs à ceux obtenus par les autres producteurs, plus
âgés qui ont fait des décennies à exploiter les
mêmes terres.
Pour preuve, 34% des producteurs appartenant à ce
groupe J sont du village de Diamafara (village le plus récemment
crée, il y a 50 ans de cela).
Mais, il convient de noter que cette expansion des terres,
s'est arrêtée depuis quelques années. C'est pourquoi, en
annulant le phénomène « terres neuves » avec
le village de Diamafara ôté de l'échantillon, on peut alors
voir l'évolution des systèmes d'exploitation.
Dans ce cas, les moyennes des variables, fournit par le
tableau 4 deviennent :
Tableau 4 : Moyennes des variables des
groupes sans Diamafara
|
V
|
I
|
J-Diam
|
Effectifs
|
17,00
|
8,00
|
10,00
|
Age exploitant (ans)
|
59,00
|
47,30
|
46,70
|
Nombre actifs (actifs/exploitation)
|
6,54
|
6,57
|
5,25
|
Revenus issus de l'agriculture (F/exploit.)
|
542,00
|
576,00
|
581,00
|
Revenus issus de l'élevage (F/exploit.)
|
92,10
|
114,00
|
52,00
|
Revenus issus d'activités extra agricoles
(F/exploitation)
|
113,00
|
155,00
|
182,00
|
Nombre charrettes (charrettes/exploitation)
|
1,47
|
1,00
|
0,90
|
Nombre houes (houes/exploitation)
|
2,50
|
1,90
|
1,60
|
Nombre semoir (semoirs/exploitation)
|
1,58
|
1,60
|
1,00
|
Nombre UBT (UBT/exploitation)
|
10,82
|
15,72
|
5,70
|
Surface moyenne cultures pluviales (ha/exploitation)
|
7,59
|
9,06
|
8,10
|
Surface cultivée /actif (ha/actif)
|
1,16
|
1,37
|
1,54
|
En règle générale, les valeurs basses des
variables appartiennent au groupe J-Diam, à l'exception des revenus
issus de l'agriculture et des activités extra agricoles.
Les revenus issus de l'agriculture pour ce nouveau groupe sont
les plus élevés simplement à cause d'un individu
affecté au groupe qui gagne près de 1500000 F par an, mis
à part celui ci, 50% des individus appartenant à ce groupe ont
des revenus issus de l'agriculture inférieurs à 540 000 F, c'est
à dire inférieurs aux revenus des deux autres groupes plus
âgés.
La valeur des revenus issus des activités extra
agricoles est la plus élevée de tous les groupes, ceci
dénote une tendance des jeunes à délaisser les
activités de production en général au profit des autres
types d'activités comme le commerce, l'artisanat ou le transport.
Toutefois, on note qu'au fur et à mesure que
l'âge de l'exploitant augmente, il y a aussi l'équipement qui
augmente pour l'exploitation, donc on peut penser que le développement
des activités extra agricoles est en quelque sorte,
bénéfique aux activités de production en ce sens que les
revenus issus des premières servent à l'investissement dans les
secondes activités.
Le groupe I obtient les grandes valeurs parce que c'est le
pôle des exploitations qui intensifient la production, ils font recours
à la main d'oeuvre temporaire, louent et achètent de nouvelles
terres, utilisent les engrais augmentent leurs animaux et donc la fertilisation
organique qui en résultent et obtiennent par la suite de bons
résultats d'exploitation.
Il ressort de cette analyse, que la tendance qui
prévaut actuellement dans cette partie du Bassin arachidier est celle
qui voit au début de petites exploitations où le chef s'adonne
à des activités extra agricoles, gagne de l'argent qu'il investit
par la suite dans les activités de production de l'exploitation (par
achat de matériel, et d'animaux,...).
L'exploitation qui en résulte s'agrandit au fil du
temps, se développe, perd de sa productivité sous l'effet de la
mise en culture prolongée et se disloque à la suite des mariages
et des héritages, donnant naissance à d'autres petites
exploitations qui suivent le même trajet.
CHAPITRE
2 -Analyse de la rentabilité des cultures fourragères
I-
Détermination de la rentabilité
Les exploitations de la zone étudiée
présentent des diversités autant dans leur appartenance
géographique, que dans leurs systèmes d'exploitation.
Une approche possible dans la détermination de la
rentabilité des cultures fourragères dans un tel contexte serait
de l'étudier par type d'exploitation afin de mieux cerner la
variabilité.
Simplement, la technologie des cultures fourragères est
une pratique très récente dans cette zone, les investissements
pour ces cultures ne diffèrent pas de manière significative entre
les exploitations : les semences proviennent dans la majorité des
cas des projets, et le niveau de fertilisation négligeable car les
producteurs préfèrent mettre le peu d'engrais dont ils disposent
sur les autres cultures de rente ou vivrières.
En outre, la non disponibilité des semences pour tous
les paysans limite partout la surface fourragère exploitée. Ces
surfaces se situent entre 0,25 et 2 ha pour toutes les exploitations, quelque
soit leur groupe auquel ils appartiennent.
C'est pourquoi, dans l'établissement des comptes
d'exploitation de ces cultures, nous uniformisons les contenus de
manière à tirer un compte modèle qui prévaut pour
les deux grands ensembles d'exploitation que constituent les groupes J et
« VI ».
Gregerson et al. , (1980), cités par Bâ
(1998) et par Garba (2002), notent que les étapes de l'analyse
financière sont, entre autres :
-la détermination des facteurs de production
-la détermination des prix du marché des
facteurs de production et des produits
-le calcul de la rentabilité.
Gittinger (1982), Bridier et al. (1987), pour leur
part affirment que les objectifs assignés à cette tâche
sont en partie :
-la définition des incidences financières :
il s'agit de déterminer les incidences financières de
l'activité sur les agents qui participent à son
exécution,
-le jugement de l'efficacité de l'utilisation des
ressources
1-
Approche sur la détermination des coûts de production
Les coûts de productions sont représentés
par l'ensemble des frais occasionnés par l'exploitation d'une
culture.
Dans le cas présent, nous calculerons, pour toutes les
spéculations, les coûts d'exploitation de l'hectare de culture
pour pouvoir aboutir à des comptes homogènes.
1-1- Définition des concepts
économiques
Le montant des diverses charges peut dépendre du niveau
ou du volume d'activité de l'exploitation, comme il peut ne pas en
dépendre. On est ainsi amené à distinguer des coûts
fixes et des coûts variables.
1-1-1- Coûts fixes
Les coûts fixes sont représentés par
l'ensemble des charges dont le montant reste stable, quelque soit le niveau de
production de l'exploitation.
En fait, cette fixité n'est prise en compte que si,
dans l'intervalle de variation de l'activité, la structure et
l'organisation de l'entreprise ne changent pas ou changent peu, d'où le
nom de coûts de structure qui leur est donné.
1-1-2- Coûts variables
Les coûts variables, au contraire des
précédents, sont un ensemble de charges qui voient leur montant
directement influencés par le niveau d'activité de
l'exploitation. Ils sont fréquemment considérés comme
approximativement proportionnels à ce niveau d'activité.
Ces coûts variables trouvent naissance dans les
opérations d'exploitation, ils correspondent à des consommations
de facteurs de production liés directement au volume des
opérations de production, d'où le nom de coûts
opérationnels qui leur est aussi donné.
1-1-3- Marge sur coûts variables
La marge sur coûts variables correspond à la
différence entre le produit monétaire d'une culture donnée
et ses coûts variables. Cette marge est souvent confondue avec le
bénéfice engendré par la culture car les paysans, ne
procèdent pas dans leurs calculs des coûts de production, à
l'amortissement de leur matériel.
Pour obtenir le bénéfice net
généré par la culture, il faut soustraire de cette marge
sur coûts variables, le montant des coûts fixes.
1-1-4- Chiffre d'affaire critique
Le chiffre d'affaire critique pour une culture, est la valeur
minimale du produit monétaire à partir de laquelle la marge sur
coûts variables couvre entièrement les coûts fixes.
Pour cette valeur caractéristique, la culture
n'occasionne dans l'exploitation ni pertes, ni bénéfices ;
le chiffre d'affaire est donc égal au total des charges
correspondantes.
Le seuil de rentabilité correspond à
l'équilibre qui découle de la couverture des coûts fixes
par cette marge sur coûts variables.
1-2- Détermination des
coûts de production
Les coûts de productions pour nos cultures sont
représentés par les amortissements du matériel de
l'exploitation, l'entretien des animaux de trait et le coût des autres
intrants comme les engrais, la main d'oeuvre temporaire, ...
1-2-1- Calcul des amortissements
Les amortissements du matériel se font au prorata des
superficies cultivées.
1-2-1-1 -Coût de l'équipement agricole
Ce calcul des amortissements se fait en deux
étapes :
-d'abord il y a le calcul du coût annuel,
-ensuite le calcul du coût par hectare de culture.
L'amortissement annuel d'un facteur de production pour une
culture est le produit du coût annuel du facteur par la surface relative
occupée par la culture dans l'exploitation.
Le calcul du coût annuel est fait en prenant la valeur
d'origine du matériel, divisée par sa durée de vie.
Dans la zone étudiée, la majorité du
matériel agricole utilisée est déjà amortie car
datant de la période de l'ONCAD et de la SODEVA.
Ceci fait que l'amortissement est nul. Toutefois, les paysans
paient beaucoup de frais de réparation de ce matériel.
La difficulté d'estimation de ces frais de
réparation à cause de leur variabilité dans l'espace et
dans le temps, nous a amené à faire le calcul des amortissements
sur la base du prix de l'élément neuf.
Le petit matériel quant à lui est
renouvelé presque à chaque campagne. C'est pourquoi, au lieu de
parler d'amortissement pour ce matériel, nous parlerons plutôt de
renouvellement. Les frais inhérents à ce matériel sont
donc des frais d'achat.
Le calcul du coût du matériel se fera selon le
type d'exploitation. Nous avons d'après la typologie deux grands
ensembles : les exploitations appartenant au
pôle « J » et les exploitations du
pôle « V I ».
Les premières sont relativement bien
équipées mais le sont moins que les secondes, par
conséquent, elles supportent des amortissements plus légers.
Nous obtenons ainsi :
Tableau 5 : Coût annuel du
matériel agricole selon les exploitations
|
Valeur
(FCFA)
|
Durée de vie (ans)
|
Type V I
|
Type J
|
Matériel
|
|
|
Nombre/ha
|
Coût annuel (F)
|
Nombre/ha
|
Coût annuel (F)
|
Charrette
|
60000
|
10
|
1,23
|
7380
|
0,86
|
5160
|
Semoir
|
25000
|
10
|
2,20
|
5500
|
1,60
|
4000
|
Houe
|
25000
|
10
|
1,59
|
3975
|
1,2
|
3000
|
Coupe-coupe
|
2000
|
3
|
3
|
2000
|
2
|
1333,33
|
Ngossi
|
750
|
2
|
3
|
1125
|
2
|
750
|
Ngobane
|
150
|
1
|
3
|
450
|
2
|
300
|
Total (FCFA/an)
|
|
|
|
20430
|
|
14543,33
|
Nous obtenons la charge en matériel supportée
par spéculation en multipliant le coût annuel de chaque
matériel par le taux d'occupation du terrain par la spéculation.
Le tableau ci-dessous, nous donne ces valeurs :
Tableau 6 : Coût du matériel
agricole (F) selon la spéculation et le type d'exploitation
Culture/type
|
%
|
Type V I (FCFA)
|
Type J (FCFA)
|
Arachide
|
0,32
|
6538
|
4654
|
Niébé
|
0,01
|
143
|
102
|
Sorgho
|
0,07
|
1430
|
1018
|
Mil
|
0,51
|
10419
|
7417
|
Maïs
|
0,03
|
613
|
436
|
Total
|
|
19143
|
13627
|
Pour les deux types d'exploitations ici mises en cause, la
moyenne des superficies emblavées par spéculation est
donnée par le tableau suivant :
Tableau 7 : Coefficients d'occupation des
terres selon les spéculations
|
Arachide
|
Mil
|
Sorgho
|
Mais
|
Niébé
|
V I
|
1,5
|
4
|
1
|
1
|
1
|
J
|
2,9
|
3,4
|
1
|
1,27
|
1
|
Pour calculer le coût de l'amortissement du
matériel par hectare de culture, nous prendrons le coût annuel du
matériel par culture que nous diviserons par le nombre moyen d'hectares
de culture par groupe.
Par convention, nous avons pris égale à 1
hectare de superficie emblavée toute culture dont la moyenne est
inférieure à l'unité.
Ceci se justifie par le fait que, en deçà de 1
hectare, les charges inhérentes à une culture peuvent être
confondues, dans leur majorité , à des charges fixes, c'est
à dire que l'augmentation de la superficie à cultiver
jusqu'à 1 hectare, n'entraîne pas d'augmentation significative de
charges.
Finalement, le coût par hectare de culture par
spéculation et par groupe est de :
Tableau 8 : Coût du matériel
agricole par hectare de spéculation et par an (F/ha/an).
|
Type V I (F/ha)
|
Type J (F/ha)
|
Arachide
|
4358,4
|
1604,78
|
Niébé
|
143,01
|
101,8
|
Sorgho
|
1430,1
|
1018,03
|
Mil
|
2604,83
|
2181,5
|
Maïs
|
612,9
|
343,54
|
Total
|
9149,24
|
5249,66
|
1-2-1-2- Coût de la traction animale
Le coût de la traction animale est
représenté par la somme des coûts d'alimentation et de
soins pour les animaux travaillant.
A l'instar du calcul du coût du matériel, ce
calcul du coût d'entretien des animaux se fera en deux
étapes :
-nous calculerons d'abord le coût annuel par type
d'exploitation,
-ensuite nous calculerons le coût que doit supporter
chaque spéculation.
Ce coût par spéculation est donné en
tenant compte de l'occupation du terrain par culture.
Dans la zone étudiée, « le prix de
revente des animaux est supérieur au prix d'achat » (Martin,
1991).
C'est pourquoi, l'amortissement des animaux de trait n'est en
réalité qu'un coût d'entretien des animaux, le producteur
récupérant la somme investie pour son achat lors de la vente.
La plus-value générée par cette revente
des animaux étant très variable selon le temps et le lieu, nous
simplifierons les calculs en adoptant par convention que le producteur revend
ses animaux au même prix qu'il les avait achetés.
Le coût annuel de la traction animale par hectare et par
type d'exploitation est donné par le tableau 9 :
Tableau 9 : Coût d'entretien annuel
des animaux de trait par type d'exploitation
|
|
Type "V I"
|
Type J
|
|
Coût d'entretien (FCFA)
|
Nombre/ha
(Anim./ha)
|
Coût annuel
(FCFA/an)
|
Nombre/ha
(Anim./ha)
|
Coût annuel
(FCFA/ha)
|
Cheval
|
26500
|
1,2
|
31800
|
0,6
|
13020
|
Ane
|
21700
|
0,7
|
15190
|
0,5
|
10850
|
Paire de boeufs
|
67400
|
0,2
|
13480
|
0,1
|
6740
|
Total (F/ha)
|
|
|
60470
|
|
30610
|
Le coût d'entretien des animaux de trait supporté
par type de spéculation est donné par le tableau 10 :
Tableau 10 : Coût d'entretien des
animaux de trait par spéculation par an
|
%
|
Type V I (FCFA)
|
Type J (FCFA)
|
Arachide
|
0,32
|
19350
|
9795
|
Niébé
|
0,01
|
423
|
214
|
Sorgho
|
0,07
|
4233
|
2143
|
Mil
|
0,51
|
30840
|
15611
|
Maïs
|
0,03
|
1814
|
918
|
Total
|
|
56660
|
2682
|
Nous obtenons le coût de la traction animale par hectare
de culture en divisant ce coût annuel par le nombre moyen d'hectares
emblavé par type d'exploitation et par spéculation. Nous
obtenons :
Tableau 11 : Coût d'entretien des
animaux de trait par hectare de spéculation
|
Type V I (F/ha)
|
Type J (F/ha)
|
Arachide
|
12900,27
|
3377,66
|
Niébé
|
423,29
|
214
|
Sorgho
|
4232,9
|
2142
|
mil
|
7709,93
|
4591,50
|
Mais
|
1814,1
|
723,07
|
Total
|
27080,48
|
19297,29
|
1-2-1-3- Coût de la main d'oeuvre
La main d'oeuvre rémunérée en valeur (en
argent ou en nature) est en général engagée par les
exploitations « V I », les exploitations du type J ne
faisant pas recours à cette main-d'oeuvre rémunéré
dans la majorité des cas.
Nous ne comptabiliserons pas le coût de la main d'oeuvre
familiale comme étant une charge à supporter par le producteur
(la rémunération à cette main d'oeuvre encore dite
supplétive peut être considérée comme étant
la nourriture, les soins, et le logement que le chef d'exploitation fournit
à tout membre de son entité).
Toutefois, nous calculerons dans les comptes d'exploitation
qui résulteront de nos estimations la valorisation de cette main
d'oeuvre pour mieux en apprécier l'efficience selon le type de
producteur et selon la spéculation.
Pour ces exploitations qui font recours à la
main-d'oeuvre rémunérée, nous avons noté en moyenne
la présence de deux (2) temporaires auxquels l'exploitant donnent en fin
de campagne la somme globale approximative de 70 000 F.
Cette somme est forfaitaire et varie selon les producteurs,
certains parmi eux ont aussi un mode de recours par nature : le temporaire
consacre une partie de son temps à travailler dans les terres du chef
d'exploitation, et une autre partie de son temps à travailler dans une
parcelle qui lui a été allouée en compensation de ses
services.
Le produit de cette terre revient en intégralité
au temporaire.
Nous estimons le produit de cette terre
« marginale » égale à la valeur en argent
perçu par les temporaires rémunérées en argent.
Tableau 12 : Coût de la main
d'oeuvre temporaire annuel par culture
|
%
|
Type V I (FCFA)
|
Type J (FCFA)
|
Arachide
|
0,32
|
22400
|
0
|
Niébé
|
0,01
|
490
|
0
|
Sorgho
|
0,07
|
4900
|
0
|
Mil
|
0,51
|
35700
|
0
|
Maïs
|
0,03
|
2100
|
0
|
Total
|
|
65590
|
0
|
Nous obtenons le coût de la main d'oeuvre temporaire par
hectare de culture en divisant ce coût annuel de la main d'oeuvre par le
nombre moyen d'hectares emblavés par type de d'exploitation par
spéculation. Nous obtenons ainsi :
Tableau 13 : Coût de la main
d'oeuvre temporaire par hectare de culture
|
Type V I (F/ha)
|
Type J (F/ha)
|
Arachide
|
14933,33
|
0
|
Niébé
|
490
|
0
|
Sorgho
|
4900
|
0
|
Mil
|
8925
|
0
|
Maïs
|
2100
|
0
|
Total
|
31348,33
|
0
|
1-2-2- Coût des autres intrants : semences, engrais
et produits phytosanitaires
Le coût des semences fourragères est l'un des
postes de dépense les plus importants. Pour le producteur quelque soit
son groupe d'appartenance, ce coût des semences consomme en moyenne le
tiers (1/3) du montant que constitue les charges variables.
Le prix des semences des autres spéculations non
fourragères est le même que le prix de vente du même produit
à la récolte, car c'est à ce moment que les meilleures
semences sont sélectionnées et gardées pour la saison
à venir.
Le tableau 14 donne la valeur des semences au prix du
marché, donc à leur prix d'acquisition par tout producteur dans
la zone d'étude.
Tableau 14 : Valeur des semences au prix
du marché
|
FCFA/Kg
|
FCFA/ha
|
Arachide fourragère (Fleur 11)
|
1500
|
90000
|
Niébé fourrager (TN 88-63)
|
1000
|
15000
|
Sorgho fourrager (CE 145)
|
500
|
5000
|
Arachide non fourragère
|
125
|
15000
|
Sorgho/Mil non fourragers
|
100
|
1500
|
Maïs
|
120
|
25000
|
Niébé non fourrager
|
160
|
32000
|
Les engrais minéraux ne sont pas d'habitude
utilisés et lorsqu'ils le sont, c'est à des doses très
faibles par rapport à celles recommandées par la recherche.
En général, les engrais utilisés sont
l'urée (46% d'azote), et le ternaire 10-10-20 sur les champs d'arachide
et parfois de mil et de sorgho.
Les doses utilisées de ces engrais varient largement
d'un producteur à un autre, cette dose n'est visiblement pas fonction du
groupe d'appartenance des individus car dans l'un comme dans l'autre des
groupes, on rencontre des paysans qui utilisent les engrais à grande
échelle comme on n'en rencontre aussi qui ne font de l'engrais qu'une
utilisation marginale, préférant se servir du fumier produit par
les animaux de l'exploitation.
La valeur de ce fumier peut être comptabilisée
comme charge dans la production agricole, mais pour notre cas, nous la
supposons compensée par les résidus de récolte que les
animaux prélèvent dans tous les champs en culture, à la
fin de la récolte.
Donc, si la culture a pour but principale la production de
graine, la valeur des fanes issus de cette production sera
considérée comme nulle car consommée par les animaux de
l'exploitation qui en retour donnent aux cultures du fumier servant à
leur production, la valeur de ce fumier est lui aussi considéré
comme nulle.
Si la culture à pour but la production de fourrages,
nous comptabilisons alors la valeur de ces fourrages à raison de 40 F le
kilogramme de fanes d'arachide et de niébé et de 30 F le
kilogramme de feuilles de sorgho.
Ces prix sont ainsi fixés en raison de
l'appétibilité des fourrages par les animaux, et de la
disposition sur le marché de ce produit.
Pour pouvoir le vendre à ces prix, nous avons
supposé un stockage de quatre (4) mois après la récolte
où les pâturages n'ont plus assez de fourrages pour nourrir tout
le bétail. Ce temps correspond aussi à la période
où la majorité des propriétaires de bétail font
recours à l'achat de produits industriels ou de fanes pour nourrir leurs
animaux.
2- Estimation des produits
d'exploitation
2-1- Estimation des rendements des cultures
fourragères
L'estimation des produits d'exploitation est faite de
manière différente selon que l'on soit en présence d'une
spéculation fourragère ou de son corollaire non fourrager.
Pour ce qui est des cultures fourragères, nous avons
fait le suivi des parcelles des semis et avons nous-mêmes estimé
les rendements.
Pour le sorgho et le niébé fourrager, deux
coupes ont été réalisées en général,
alors que pour l'arachide une seule coupe a été faite.
Dans tous les cas, le cumul des produits des
différentes coupes opérées est donné par le tableau
15 :
Tableau 15 : Productions des cultures
fourragères
|
Production de fanes/paille (Kg/ha)
|
Production de graines (Kg/ha)
|
CE 145 (Sorgho)
|
515
|
25
|
Fleur 11 (Arachide)
|
918
|
100
|
TN 88-63 (Niébé)
|
837
|
25
|
2-2- Estimation des rendements des autres cultures
Les autres cultures de l'exploitation n'ont pas fait l'objet
du même suivi que celles fourragères.
Toutefois il a été tenu compte dans l'estimation
de leurs rendements des chiffres fournis par le Plan d'aménagement de la
région de Fatick qui estime en moyenne les rendements des
différentes cultures dans la zone.
Ces chiffres sont valables pour toutes les années sans
calamités (pluies suffisantes et régulières,
températures moyennes, pas de feux, ni d'inondation,...).
Tableau 16 : Rendements des
différentes cultures non fourragères
|
Rendements moyens avec MOT kg/ha
|
Rendements moyens sans MOT kg/ha
|
Arachide
|
1200
|
900
|
Mil
|
700
|
600
|
Niébé
|
450
|
450
|
Maïs
|
900
|
750
|
Sorgho
|
800
|
500
|
Les différences dans les rendements obtenus au niveau
des cultures non fourragères peuvent s'expliquer à la fois par
l'augmentation de la main d'oeuvre occasionnée par les travailleurs
temporaires. Ceci permet d'exécuter les tâches au niveau du champ
avec une qualité supérieure.
Ensuite, les exploitations qui utilisent la main d'oeuvre
temporaire sont le plus souvent celles qui intensifient leurs productions en
utilisant des engrais et des produits phytosanitaires, plus que celles qui ne
font pas recours à la main d'oeuvre temporaire.
En effet, les propriétaires des terres faisant
recours à la main d'oeuvre temporaire cherchent à maximiser leurs
rendements par les engrais pour pouvoir payer leurs travailleurs temporaires et
rentabiliser les investissements occasionnés.
II- Résultats
d'exploitation
1- Compte d'exploitation des cultures sans
main d'oeuvre temporaire
|
Unité de quantité
|
Fleur 11
|
TN 88-63
|
CE 145
|
|
Arachide
|
Niébé
|
Sorgho
|
Mil
|
Mais
|
Coûts fixes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Amortissement matériel
|
FCFA/ha
|
1604
|
101
|
1018
|
|
2320
|
60
|
294
|
2182
|
344
|
Amortissement magasin
|
FCFA/ha
|
101
|
1000
|
3500
|
|
0
|
0
|
3500
|
2500
|
2000
|
Entretien animaux de trait
|
FCFA/ha
|
3378
|
214
|
2142
|
|
5120
|
480
|
1120
|
4592
|
723
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total coûts fixes
|
FCFA/ha
|
5083
|
1315
|
6660
|
|
7440
|
540
|
4914
|
9273
|
3067
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coûts variables
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Main d'oeuvre temporaire
|
FCFA/ha
|
0
|
0
|
0
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Semences
|
FCFA/ha
|
90000
|
15000
|
5000
|
|
15000
|
5000
|
1500
|
1500
|
25000
|
Engrais
|
FCFA/ha
|
18500
|
4500
|
15000
|
|
25000
|
0
|
5000
|
10000
|
10000
|
Autres charges
|
FCFA/ha
|
3500
|
5200
|
1250
|
|
5000
|
100
|
500
|
3000
|
2500
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total Coûts variables
|
FCFA/ha
|
112000
|
24700
|
21250
|
|
45000
|
5100
|
7000
|
14500
|
37500
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
COÛT TOTAL
|
FCFA/ha
|
117083
|
26015
|
27910
|
|
52440
|
5640
|
11914
|
23773
|
40567
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rendements moyens
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fanes/paille
|
Kg/ha
|
918
|
837
|
515
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Prix unitaire
|
FCFA/kg
|
40
|
40
|
30
|
|
40
|
40
|
30
|
40
|
40
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Unité de quantité
|
Fleur 11
|
TN 88-63
|
CE 145
|
|
Arachide
|
Niébé
|
Sorgho
|
Mil
|
Mais
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Valeur
|
FCFA/ha
|
36720
|
33480
|
15450
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Graines/Grains
|
Kg/ha
|
100
|
25
|
25
|
|
900
|
450
|
500
|
600
|
750
|
Prix unitaire
|
FCFA/kg
|
750
|
1000
|
500
|
|
110
|
75
|
80
|
110
|
120
|
Valeur
|
FCFA/ha
|
75000
|
25000
|
12500
|
|
99000
|
33750
|
40000
|
66000
|
90000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Produit monétaire
|
FCFA/ha
|
111720
|
58480
|
27950
|
|
99000
|
33750
|
40000
|
66000
|
90000
|
Marge brute
|
FCFA/ha
|
-280
|
33780
|
6700
|
|
54000
|
28650
|
33000
|
51500
|
52500
|
Marge nette
|
FCFA/ha
|
-5363
|
32465
|
40
|
|
46560
|
28110
|
28086
|
42227
|
49433
|
Point mort (graines)
|
Kg/ha
|
156
|
26
|
56
|
|
477
|
75
|
149
|
216
|
338
|
Point mort (fanes)
|
Kg/ha
|
2927
|
650
|
930
|
|
1311
|
141
|
397
|
594
|
1014
|
Main d'oeuvre familiale
|
JT/ha/actif
|
48
|
30
|
35
|
|
34
|
25
|
33
|
48
|
30
|
Productivité MOF
|
F/JT/actif
|
2328
|
1949
|
799
|
|
2912
|
1350
|
1212
|
1375
|
3000
|
2- Compte d'exploitation des
cultures avec main d'oeuvre temporaire
|
Unité de quantité
|
Fleur 11
|
TN 88-63
|
CE 145
|
|
Arachide
|
Niébé
|
Sorgho
|
Mil
|
Maïs
|
Coûts fixes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Amortissement matériel
|
FCFA/ha
|
4358,4
|
143,01
|
1430,10
|
|
4358,40
|
143,01
|
1430,10
|
2605
|
613
|
Amortissement magasin
|
FCFA/ha
|
3200
|
10000
|
10000
|
|
0
|
0
|
0
|
2500
|
2000
|
Entretien animaux de trait
|
FCFA/ha
|
12900
|
423,29
|
4232,90
|
|
12900
|
423,29
|
4232,90
|
7710
|
1814
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total coûts fixes
|
FCFA/ha
|
20458,40
|
10566,30
|
15663,00
|
|
17258,40
|
566,30
|
5663
|
12815
|
4427
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coûts variables
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1-Main d'oeuvre temporaire
|
FCFA/ha
|
14933,33
|
490
|
4900
|
|
10850
|
350
|
2450
|
8925
|
2100
|
2-Location terre
|
FCFA/ha
|
9600
|
600
|
2100
|
|
9600
|
600
|
2100
|
0
|
0
|
3-Semences
|
FCFA/ha
|
90000
|
15000
|
5000
|
|
15000
|
5000
|
1500
|
1500
|
25000
|
4-Engrais
|
FCFA/ha
|
18500
|
4500
|
15000
|
|
25000
|
0
|
5000
|
15000
|
10000
|
5-Autres charges
|
FCFA/ha
|
3500
|
5200
|
1250
|
|
5000
|
100
|
500
|
3500
|
5200
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total Coûts variables
|
FCFA/ha
|
136533,3
|
25790
|
28250
|
|
65450
|
6050
|
11550
|
28925
|
42300
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
COÛT TOTAL
|
FCFA/ha
|
156991,7
|
36356,30
|
43913
|
|
82708,40
|
6616,30
|
17213
|
41740
|
46727
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Unité de quantité
|
Fleur 11
|
TN 88-63
|
CE 145
|
|
Arachide
|
Niébé
|
Sorgho
|
Mil
|
Maïs
|
Fanes/paille
|
Kg/ha
|
918
|
837
|
515
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Prix unitaire
|
FCFA/kg
|
40
|
40
|
30
|
|
40
|
40
|
30
|
40
|
40
|
Valeur
|
FCFA/ha
|
36720
|
33480
|
15450
|
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Graines/Grains
|
Kg/ha
|
100
|
25
|
25
|
|
1200
|
450
|
800
|
700
|
900
|
Prix unitaire
|
FCFA/kg
|
750
|
1000
|
500
|
|
110
|
75
|
80
|
110
|
120
|
Valeur
|
FCFA/ha
|
75000
|
25000
|
12500
|
|
132000
|
33750
|
64000
|
77000
|
108000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Produit monétaire
|
FCFA/ha
|
111720
|
58480
|
27950
|
|
132000
|
33750
|
64000
|
77000
|
108000
|
Marge brute
|
FCFA/ha
|
-24813,33
|
32690
|
-300
|
|
66550
|
27700
|
52450
|
48075
|
65700
|
Marge nette
|
FCFA/ha
|
-45271,73
|
22123,70
|
-15963
|
|
49291,60
|
27133,70
|
46787
|
35260
|
61273
|
Point mort (graines)
|
Kg/ha
|
209,32
|
36,36
|
87,83
|
|
751,89
|
88,22
|
215,16
|
379
|
389
|
Point mort (fanes)
|
Kg/ha
|
3924,79
|
908,91
|
1463,77
|
|
2067,71
|
165,41
|
573,77
|
1043
|
1168
|
Main d'oeuvre familiale
|
JT/ha/actif
|
40
|
20,00
|
15
|
|
34
|
25
|
33
|
48
|
30
|
Productivité MOF
|
F/JT/actif
|
2793
|
2924
|
1863,33
|
|
3882,35
|
1350
|
1939,39
|
1604
|
3600
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3-
Analyse des résultats d'exploitation
Les marges nettes par hectare générées
par les cultures fourragères d'arachide et de sorgho sont
négatives autant pour les exploitations avec main d'oeuvre temporaire
que pour les exploitations sans main d'oeuvre temporaire.
Pour le niébé, les exploitations sans MOT
(exploitations du type J) font un meilleur résultat par hectare que ceux
avec MOT et ceci découle du fait que les premières utilisent
moins d'intrants et en général ont des sols plus fertiles donc
à plus grande productivité que les secondes (exploitations du
type V I).
Pour toutes les autres cultures non fourragères, les
marges nettes par hectare sont positives elles entraînent donc au niveau
de l'exploitation des rentrées d'argent effectives.
Toutefois, dans les exploitations avec MOT, il faut noter
que de toutes ces cultures rentables, le niébé fourrager est
celui qui fait le résultat le moins bon avec une marge nette de 22123
F/ha.
Pour les exploitations avec MOT le niébé
fourrager est la deuxième culture la plus rentable après
l'arachide, mais cet état des faits peut être corrigé avec
un apport plus soutenu en fertilisants chez le niébé.
De manière générale, la non
rentabilité financière des cultures fourragères provient
du prix élevé de leurs semences qui coûtent en moyenne dix
fois plus que les semences non fourragères, mais aussi du stress
hydrique qu'ont connu les cultures avec la pause pluviométrique
enregistrée cette année.
D'ailleurs, ce manque d'eau est le plus souvent la cause
déterminante dans la non rentabilité des cultures
fourragères : « dans le domaine aride, pratiquement
aucune culture fourragère ne s'est révélée rentable
sans irrigation. » (Pagot, 1985).
L'irrégularité de la pluviométrie, le
manquement à observer les normes recommandées par la recherche en
matière d'itinéraire technique (fertilisation, date de semis,
date de récolte,...) et la faible valorisation en argent des fanes
(principale production de nos variétés fourragères) sont
autant de facteurs qui atténuent la rentabilité financière
des cultures fourragères.
Les rendements obtenus avec ces essais sur les cultures
fourragères sont très faibles. En effet, selon Morou (2002)
citant Dugue (1995), dans des conditions similaires au Nord du Cameroun, les
rendements moyens de matière sèche étaient de 1,4 à
1,7 t/ha pour l'arachide, de 1,2 t/ha pour le niébé et de 1,87
t/ha pour le sorgho.
Toutefois, les cultures fourragères participent dans
l'exploitation à nourrir des animaux et à augmenter la
fertilité des sols. C'est pourquoi il convient de comptabiliser dans
leurs effets l'aspect « bénéfice induit » par
ces autres utilisations.
Malgré ces résultats pour les cultures
fourragères, les producteurs affirment dans leur ensemble que les
cultures fourragères leur sont très bénéfiques.
Il faut comprendre dans cette attitude que, comme l'ont
souligné Malassis et al. (1992), et Badouin (1985), les paysans
ne considèrent pas dans le calcul de leurs charges ce qui ne leur
coûtent que du travail familial ou n'entraîne pas de sortie
d'argent : la marge sur les coûts variables est confondue à
la marge nette occasionnée par les cultures.
Pour le Niébé, financièrement, elle peut
être une culture fourragère rentable. Pour l'arachide et le
sorgho, il a été fait des simulations sur la production de
graine dans le but de savoir la production en graine qui doit s'accompagner de
leurs productions obtenues en fanes, afin de recouvrer les coûts
occasionnés par les cultures.
Le tableau 19 nous donne les résultats de ces tests qui
cherchent les productions qui permettraient d'atteindre les chiffres d'affaire
critique.
Tableau 19 : Résultats des
simulations sur les chiffres d'affaire critique
|
AVEC MOT
|
SANS MOT
|
Fleur 11
|
CE 145
|
Fleur 11
|
CE 145
|
Graines/grains
|
160
|
57
|
107
|
25
|
Fanes/Paille
|
918
|
515
|
918
|
515
|
Les rendements en fanes obtenus sont supposés constants
même avec une augmentation du poids des graines. Il s'agira donc de
laisser la fructification continuer jusqu'à obtenir les poids
souhaitables en graines.
Ces productions en graines avec l'arachide ou en grains avec
le sorgho peuvent être obtenues, et même dépassées,
si l'on se réfère aux fiches techniques de ces deux
variétés. En effet, avec la CE 145, il a été obtenu
en milieu contrôlé un rendement moyen 2900 kg avec 13 essais. La
Fleur 11 quant à elle, a un rapport gousse/paille moyen.
CHAPITRE
3- Les cultures fourragères dans l'alimentation animale
1-
Généralités sur les valeurs alimentaires des fourrages
Les fourrages contiennent une proportion importante de fibre
de détergent neutre (FDN). Ils sont nécessaires dans la ration
animale sous forme de longues particules pour maintenir le bon fonctionnement
du rumen.
Ils peuvent être pâturés ou
récoltés et préservés sous forme d'ensilage ou de
foin. La ration des vaches taries peut être composée presque
entièrement de fourrages si la qualité est satisfaisante.
Par contre, chez la vache en début de lactation la
ration doit contenir au moins 35% de fourrages (Soltner, 1996) pour y maintenir
suffisamment de fibres. Les fourrages ont les caractéristiques
principales suivantes :
Ils possèdent un grand volume par unité de poids
(une faible densité). Cette caractéristique est importante parce
que la vache ne peut ingérer un fourrage que jusqu'à la limite
permise par la capacité (le volume) de son rumen.
Ils sont riches en fibre et pauvres en énergie par
comparaison avec les concentrés.
Ils possèdent un contenu variable en protéines.
Les légumineuses contiennent de 15 à 23% de protéines en
fonction du stade de maturité; les graminées par contre varient
en général de 8 à 18% de protéines (en fonction du
stade de maturité et du niveau de fertilisation azotée); et les
résidus de récoltes (pailles) contiennent de 3 à 4% de
protéines.
Donc, la valeur nutritive des fourrages peut varier fortement.
D'un côté, une jeune herbe est riche en protéine et elle
contient une fibre jeune très digestible. D'un autre côté,
la paille, par exemple, est un aliment très pauvre à cause de sa
richesse en fibre indigestible et sa faible teneur en protéines.
Les fourrages de bonne qualité peuvent intervenir pour
deux tiers de la ration d'une vache qui ingère 2,5 à 3% de son
poids vif sous forme de fourrage (Faye, 1986).
Les fourrages de bonne qualité dans une ration
équilibrée fournissent la majorité de l'énergie et
des protéines nécessaires pour la production laitière.
Le type de sol et les conditions climatiques sont les facteurs
principaux qui influencent le type de fourrages produits dans une exploitation.
Les graminées ont besoin d'engrais azoté et de beaucoup
d'humidité.
La valeur nutritive des fourrages est influencée
fortement par le stade de maturité de la récolte.
La croissance végétale peut se résumer
en trois stades successifs :
-stade végétatif,
-stade de floraison,
-stade de formation des semences.
En général, la valeur nutritive d'un fourrage
est la plus élevée pendant le stade végétatif et
elle est la plus faible au stade de formation des semences.
Au cours du vieillissement de la plante, la teneur en
énergie digestible, en protéine, en calcium et en phosphore
diminue alors que la teneur en fibre augmente (ainsi que la quantité de
lignine dans la fibre).
La lignine est indigestible et restreint la
digestibilité de la cellulose et des hémicelluloses par les
microbes du rumen (Pagot, 1985). Donc, les fourrages récoltés
à un stade de maturité précoce sont en
général de bonne qualité mais leur valeur nutritive
diminue au cours de la maturation de la plante.
La quantité maximale de matière sèche
digestible d'une culture fourragère est obtenue :
- au début de l'épiaison chez les
graminées,
- au stade final du bourgeonnement chez les
légumineuses,
- lorsque le grain de sorgho arrive au stade vitreux (Pagot,
1985).
La perte de valeur nutritive avec le vieillissement de la
plante est inévitable. Le potentiel de production laitière
à partir du fourrage diminue chaque jour que le stade optimal de
récolte est dépassé.
2-
Valeur bromatologique des fourrages
Il paraît intéressant de voir quelle est la
meilleure destination de la culture fourragère pour un
agro-éleveur.
Nous prenons pour référence 1 hectare de culture
fourragère.
La valeur bromatologique de ces fourrages varie en fonction de
plusieurs paramètres comme la richesse du sol en éléments
fertiles, le stade végétatif de la plante, le mode de
conservation du fourrage,...
Pour notre cas présent, les rendements obtenus avec les
essais de cultures fourragères sont de 837 Kg MS/ha, 918 et 515 Kg MS/ha
pour, respectivement le Niébé, l'arachide et le sorgho.
Les valeurs alimentaires de ces fourrages en UF et en MAD qui
servent à la production sont données dans le tableau 20 :
Tableau 20 : Valeur bromatologique des
cultures fourragères
|
UF
|
MAD g/Kg MS
|
Arachide
|
0,6
|
80
|
Niébé
|
0,7
|
74
|
Sorgho
|
0,3
|
14
|
Si nous rapportons ces valeurs à l'hectare de culture,
nous obtenons :
Tableau 21 : Disponibilités
théoriques en UF et en MAD d'un hectare de culture fourragère
|
UF/ha
|
g MAD/ha
|
Niébé
|
585
|
61.938
|
Arachide
|
550
|
73.440
|
Sorgho
|
154
|
7.210
|
A ce propos, il convient de tenir un bon itinéraire
pour gagner presque du double de ces disponibilités par une augmentation
des rendements en matière sèche ou en UF et en MAD.
En effet, le fait de couper les fanes avant arrachage, ou
même avant formation des graines les rend beaucoup plus riches. En outre,
d'autres herbacées comme Stylosanthes sp., peuvent aussi
contenir autant d'UF et de MAD sinon plus que ces taux obtenus.
3-
Equivalent-ration des cultures fourragères
D'après les résultats de nos enquêtes,
dans la zone, les vaches locales qui produisent du lait le font en moyenne 4
mois durant l'année pour une production journalière de 2
litres.
Les vaches issues de l'insémination artificielle qui
produisent du lait, quant à elles le font pendant 5 mois pour une
moyenne de production de 6 litres par jour.
Les besoins en UF et en MAD de l'UBT locale sont donnés
par le tableau 22 :
Tableau 22 : Besoins en UF et en MAD de
l'UBT locale pour l'entretien et la production
Besoins
|
UF
|
MAD
|
Entretien
|
2,3
|
125
|
Entretien+Déplacement
|
2,7
|
151
|
Gain de poids
|
200g/jour
|
3,4
|
186
|
300g/jour
|
3,7
|
204
|
Production laitière
|
1 litre/jour
|
3,1
|
211
|
2 litres/jours
|
3,5
|
271
|
3 litres/jour
|
3,8
|
331
|
3-1- Evaluation des besoins
d'entretien des bovins
Nous prenons comme référence l'UBT (vache de 250
Kg qui ingère 6,25 Kg de MS/jour) produisant 2 litres de lait/jour pour
les vaches locales, et une vache issue de l'insémination artificielle
qui pèse 400 Kg et produit en moyenne 6 litres de lait par jour.
Leurs besoins azotés et énergétiques
sont la somme de leurs besoins d'entretien et de leurs besoins de
production.
Pour l'UBT locale, les besoins d'entretien sont de 2,7 UF et
de 151 g de MAD par jour , y compris l'énergie nécessaire aux
déplacements.
Les Besoins d'entretien en UF de la vache issue de
l'insémination artificielle et qui pèse 400 kg sont
donnés par la formule :
· Besoins d'entretien = 1,4 + 0,6 x Poids Vif/100
(Soltner, 1996),
soient 3,8 UF par jour.
Pour les MAD, les besoins d'entretien sont donnés par
la formule suivante :
· Besoins en MAD= 0,6 x Poids vif
(Soltner, 1996),
soient 240 g de MAD par jour pour cette vache.
Pour ces vaches de l'insémination artificielle, il ne
sera pas pris en compte le déplacement des animaux, car pour pouvoir
conserver ses capacités de production, la vache doit être
stabulée et nourrie entièrement au piquet.
3-2- Utilisation des fourrages pour
la production de lait
Pour l'UBT locale, la production de deux litres de lait
nécessite, si l'on tient compte des besoins d'entretien la somme de 3,5
UF et de 271 g de MAD.
La production d'un litre de lait à 4 % de
matières grasses nécessite 0,4 UF et 60 g de MAD en moyenne
(Pagot, 1985). Donc les besoins de production de 5 litres de lait chez la vache
issue de l'insémination sont de 2 UF et de 300 g de MAD.
Pour cette vache donc les besoins journaliers sont de 5,8 UF
et de 540 g de MAD.
Le tableau 23 nous donne le nombre de jours de production de
lait permis par hectare de culture fourragère chez la vache locale et
celle de l'insémination :
Tableau 23 : Nombre de jours de
production de lait permise chez la vache laitière par les UF et
les MAD par hectare de culture
|
Vache locale
|
Vache de l'insémination
|
Nombre de jour de production de lait permis
par
|
UF
|
MAD
|
UF
|
MAD
|
Niébé
|
167,4
|
228,55
|
101,01
|
114,7
|
Arachide
|
157,37
|
270,99
|
94,96
|
136
|
Sorgho
|
44,14
|
26,60
|
26,63
|
13,35
|
La production de lait permise par hectare de culture est le
produit du nombre de jours de production permis par hectare de culture par le
volume journalier de production.
La production de lait permise par l'hectare de culture est la
plus petite production permise avec les UF et les MAD car ces deux
éléments doivent être simultanément
consommées pour qu'il y ait production du lait.
Finalement, l'hectare de niébé peut permettre la
production de 334 litres de lait, alors que l'hectare d'arachide en permet 314
et celui de sorgho seulement 53 litres chez la vache locale.
Chez la vache issue de l'insémination artificielle par
contre, l'hectare de niébé permet la production de 505 litres de
lait alors que l'hectare d'arachide en permet 475 et l'hectare de sorgho 67
litres.
Ces résultats vont dans le même sens que ceux
trouvés par plusieurs auteurs : en matière de production de
lait, avec des légumineuses fourragères, ce sont les calories
(représentées par les UF) et non les protéines
(représentés par les MAD) qui risquent de limiter la production
(Dirven, 1965 ; Hardison, 1966 ; Hamilton et al., 1970).
3-3- Utilisation des fourrages pour
la production de viande
L'UBT produisant 300 g de viande par jour est ici notre
référence.
Pour autant, il faudrait, pour connaître ses besoins en
UFV et en MAD ajouter aux besoins d'entretien de l'UBT sous les conditions
d'exploitation du bassin arachidier (2,7 UF et 151 g de MAD) ses besoins pour
la production
Pour pouvoir assurer ses besoins d'entretien et assurer une
production de 300 g de viande par jour, il faudrait à l'UBT la valeur de
3,7 UF et de 204 MAD par jour.
Le tableau 24 nous donne le nombre de jours permis de
production de 300 g de viande par l'hectare de culture
fourragère :
Tableau 24 : Nombre de jours de
production de viande permis par les UF et les MAD par hectare de culture
fourragère
Nombre de jours de production permis de 300 g de viande
|
UF
|
MAD
|
Niébé
|
158
|
303,61
|
Arachide
|
148
|
360
|
Sorgho
|
41,75
|
35,34
|
La production totale en viande permise par l'hectare de
culture fourragère est le produit du nombre de jours de production
permis par l'hectare de culture par 300 g qui est la valeur de la production
journalière.
Les productions de viande permises alors par l'hectare de
culture fourragère sont de 47 Kg pour le niébé, 44 Kg pour
l'arachide et seulement 10 kg pour le sorgho.
Le litre de lait est valorisé à 350 F tandis que
le Kg de viande (poids vif) est valorisé à 1000 F, dans ce cas
alors, nous obtenons la valeur des productions permises par l'hectare de
culture :
Tableau 25 : Valeur monétaire des
productions de lait et de viande permises par hectare de culture
fourragère.
Valeur monétaire des productions (FCFA/ha)
|
Lait de la vache locale
|
Lait de la vache inséminée
|
Viande
|
Niébé
|
116900
|
176750
|
47400
|
Arachide
|
109900
|
166250
|
44400
|
Sorgho
|
18550
|
23450
|
10600
|
Le niébé apparaît comme la culture
fourragère la plus rentable lorsqu'il s'agit de produire de la viande ou
de produire du lait. C'est donc la culture fourragère la plus
intéressante pour les emboucheurs et pour les producteurs de lait.
La vache issue de l'insémination apparaît aussi
comme étant l'animal qui transforme avec plus d'efficacité la
culture fourragère en produits finis.
La différence dans les productions permises par le
niébé et l'arachide n'est pas si significative pour permettre de
renoncer à l'une des cultures au profit de l'autre. En effet, la
détection du meilleur moment de coupe chez ces plantes participerait
à annuler cette différence.
Les quantités d'UF contenues dans les fourrages sont
trop basses et limitent fortement les productions. Une meilleure
rentabilité du système pourra être obtenue en
intégrant dans la ration des concentrés à haute teneur
énergétique comme la mélasse.
Il apparaît aussi que le sorgho est la culture
fourragère la moins intéressante lorsqu'il s'agit de produire du
lait ou de produire de la viande, dans les conditions de production du bassin
arachidier.
Toutefois pour pouvoir espérer conserver les rendements
ici obtenus avec les cultures de fourrages, il faudrait intégrer la
culture fourragère d'arachide ou de niébé (qui sont toutes
les deux des légumineuses) dans un système de rotation culturale
légumineuse-graminée, pour éviter les pertes de production
occasionnées par une monoculture à la légumineuse.
Pour ceci il est recommandé d'intégrer la
culture fourragère de niébé ou d'arachide dans la rotation
qui inclut une culture de mil ou de sorgho produisant essentiellement des
grains pour pouvoir mieux rentabiliser le système.
Dans le cadre d'une intensification de l'élevage, il
serait possible de produire beaucoup plus de lait et de viande avec une
économie des fourrages en intégrant dans l'alimentation des
animaux de l'urée (46% N) pour un apport en azote (MAD) et de la
mélasse pour un apport en énergie (UF).
Ces deux éléments peuvent être acquis
à des prix très bas et sont susceptibles d'être introduits
dans l'alimentation des ruminants à des doses recommandées
(l'urée peut s'intégrer dans la ration à hauteur de 1/3
des besoins azotées de l'animal, et la mélasse jusqu'à 30%
des besoins énergétiques) et coûteront moins chère
qu'une alimentation exclusivement fourragère.
CHAPITRE
4- Les cultures fourragères sur jachères de courte durée
dans la restauration de la fertilité des sols
L'étude de la rentabilité des cultures
fourragères, et particulièrement des légumineuses
fourragères dans les systèmes de production ne peut se faire sans
une prise en compte de l'apport de la culture sur la fertilité du sol et
donc sur l'augmentation des rendements des cultures suivantes.
Dans les parcelles où ont été
cultivées le niébé, l'arachide et le sorgho fourragers, il
a aussi été introduit d'autres cultures fourragères dans
l'optique d'une restauration de la fertilité des sols
dégradés. Il s'agissait comme cultures de Stylosanthes
hamata et de Andropogon gayanus
Ces deux cultures n'ont pas fait l'objet d'une
intensification, elles ont été disséminées par
éclats pour A. gayanus ou à la volée pour S.
hamata sans tenir compte des recommandations de la recherche en
matière d'écartement, de fertilisation ou d'irrigation.
Il a été observé un développement
de ces types de plantes partout où elles ont été
disséminées, leur comportement en terme de productivité
semble être à la mesure de l'itinéraire emprunté.
Ceci laisse croire que ces cultures pourraient être
rentables du point de vue financier et au delà, intéressantes
dans un rôle de restauration de la fertilité des terres
dégradées et de raccourcissement des jachères.
Pour pouvoir se prononcer de manière
systématique sur l'apport réel des légumineuses en terme
d'augmentation de l'azote du sol ou de bénéfice de la plante
succédant à la légumineuse sur un sol, il faudrait faire
des études sur de longues années.
Les résultats que nous utilisons ici, nous servent
à illustrer notre point de vue sur une restauration de la
fertilité des sols où a été préalablement
cultivé une légumineuse.
1- Effets de Stylosanthes
L'effet de Stylosanthes sp. a été
étudié par Powel (1984) et les résultats obtenus
étaient à plus d'un titre révélateurs.
Il a été planté du maïs sur sol qui
a été auparavant soumis à une culture fourragère
pour une durée de 1 à 3 ans afin de voir la quantité
d'azote rendue disponible par la légumineuse.
Du maïs a aussi été cultivé sur des
sols parallèles qui ont subi une monoculture de 3 ans de maïs et
sur des sols qui ont été laissées en jachère
pure.
Le rendement en grain du maïs cultivé sur sol
préalablement exploité avec du Stylosanthes était
supérieur de manière significative à celui du maïs
cultivé sur sols soumis à la monoculture.
Les rendements du maïs obtenus sur les sols en
jachère ou préalablement exploités avec
Stylosanthes ont été comparés avec la courbe de
réponse du maïs à la fertilisation azotée sur sol
soumis à une monoculture, ceci, dans le but de quantifier l'azote rendu
disponible par la légumineuse.
Le tableau 26 récapitule les résultats
obtenus :
Tableau 26 : Rendements d'un champ de
maïs selon l'histoire culturale du terrain
Histoire culturale
|
Rendement en grain du maïs à 0 Kg de N/ha
|
Apport en N (Kg/ha) correspondant pour rendement similaire
|
|
|
|
Monoculture maïs 3 ans
|
461
|
|
Jachère nue
|
1275
|
30
|
Stylosanthes hamata (2 ans)
|
1369
|
32
|
Stylosanthes hamata (3 ans)
|
2505
|
90
|
Stylosanthes guianensis (1 an)
|
1643
|
44
|
Stylosanthes guianensis (2 ans)
|
2696
|
100
|
Il apparaît que une jachère, même nue a un
rôle important dans l'augmentation des rendements des sols.
Si sur cette jachère, une légumineuse est
cultivée, l'effet de l'augmentation du rendement se manifeste encore
plus.
2- Effet de l'arachide
L'enrichissement du sol en azote, imputable à la
précédente arachide sur sol où du sorgho est
cultivé a donné lieu à des estimations variant entre 20 et
60 Kg d'azote au Togo et au Botswana (Shilling, 996).
Les résultats du tableau 27 récapitulent les
résultats des expériences qui ont été menés
sur la succession arachide-sorgho.
Tableau 27 : Effet de divers
itinéraires techniques sur arachide et sorgho
Azote (kg/ha)
|
Type de rotation
|
Rendements sorgho (grains kg/ha)
|
0
|
Sorgho- Sorgho
Arachide- Sorgho
|
819
1407
|
40
|
Sorgho- Sorgho
Arachide- Sorgho
|
1365
1806
|
60
|
Sorgho- Sorgho
Arachide- Sorgho
|
1510
1421
|
Il apparaît ici que la fixation rhizobienne de
l'arachide ne permet pas de négliger la fertilisation à l'azote.
Simplement, cet apport d'azote doit être faite dès le début
de la levée qui est un instant où les nodosités ne sont
pas encore bien formées et ne répondent donc pas suffisamment
à la demande de la plante en azote.
Le précédent « arachide » a
des effets très favorables (qui ne tiennent pas tous à la
fixation rhizobienne), car il y a aussi l'enrichissement du sol en
matières organiques par les racines, les tiges et les feuilles des
plantes qui ont été abandonnées sur le sol.
Pour l'arachide, comme pour le Stylosanthes, l'effet
bénéfique de l'apport en azote peut être justifié
par le fait que les nodosités n'ont pas acquis leur plein
développement, elles ne sont donc pas complètement
fonctionnelles.
CHAPITRE 5- Les cultures
fourragères dans l'intensification de la production
L'intensification de la production est le
résultat d'un comportement qui cherche à obtenir d'un facteur sa
capacité maximale de production.
Donc, il n'existe pas de seuil minimal à atteindre pour
pouvoir parler d'intensification. On peut intensifier avec un seul facteur de
production comme on peut aussi le faire en combinant plusieurs facteurs
(matériel de travail, sélection génétique,
engrais,...).
Ce n'est pas par rapport au nombre de facteurs de production
que l'on définit l'intensification mais c'est par rapport au niveau
d'exploitation de chaque facteur.
Dans notre échantillon, nous pouvons dire que tous les
producteurs cherchent à intensifier, mais que aucun parmi eux n'a
atteint un niveau élevé dans l'intensification.
*Les producteurs du pôle J cherchent à
intensifier leur production agricole en essayant d'obtenir le meilleur rapport
surface cultivée/actif. Cette intensification se base sur une meilleure
utilisation de la main d'oeuvre qui intervient par surface cultivée.
*Les producteurs du pôle « VIV-»
cherchent quant à eux à intensifier leurs productions agricoles
en mettant des engrais, et en faisant recours à la main d'oeuvre
temporaire.
En ce qui concerne l'élevage, les villages de Mbam et
de Ndiaye Ndiaye sont sur une voie d'intensification grâce au programme
d'insémination artificielle (intensification de la production de lait)
dont ils ont bénéficié, 18% des producteurs
concernés par nos enquêtes ont des métis.
Dans les villages, l'intensification de l'élevage se
manifeste aussi par la pratique de l'embouche, bovine ou ovine (intensification
de la production de viande).
Les cultures fourragères, à elles seules,
semblent ne pas pouvoir apporter une notable intensification agricole par les
gains de rendements qu'elles permettent sur les cultures qui leur
succèdent : les engrais minéraux en permettent beaucoup
plus.
Pour qu'elles puissent induire, à elles seules, de
manière significative, une intensification agricole, il faudrait les
utiliser comme engrais verts, c'est-à-dire les enfouir dans le sol
après fauche, sauf peut être pour certaines graminées comme
Andropogon sp., Panicum sp.,...
Or, dans cette zone, le bétail est si important et son
alimentation si difficile à obtenir au long de l'année. Les
producteurs tendraient plutôt à utiliser les fourrages pour
nourrir le bétail que pour l'enfouir dans le sol.
Toutefois, ces types de cultures peuvent participer en partie
à une intensification de la production agricole, lorsqu'elles sont
cultivées en association avec d'autres cultures dans le cadre du
transfert d'azote et de matière organique vers les autres cultures et
vers le sol.
L'intensification de l'élevage, elle, ne pourra se
faire sans intégration dans l'exploitation des cultures
fourragères.
En effet, l'insuffisance des ressources fourragères est
le problème majeur empêchant de satisfaire la demande accrue de
lait et de viande (Shelton, 2000).
En outre, de nombreuses études sur ces cultures
fourragères ont recommandé une intensification de la production
eu égard à l'évolution du contexte économique et de
la croissance démographique (Rippstein, 2000).
Cette intensification de l'élevage est une pratique qui
exigera que les métis soient nourris exclusivement en stabulation et que
les autres animaux reçoivent en quantité suffisante leurs besoins
alimentaires d'entretien et de production.
Et même lorsqu'ils ne sont pas en production, ces
animaux devront toujours être nourris convenablement, car l'expression et
la conservation de leurs performances zootechniques dépendent en grande
partie de l'hygiène dans laquelle ils sont élevés, mais
aussi et surtout de leur alimentation.
Pour pouvoir réussir cette intensification de
l'élevage, il faudrait en plus des cultures fourragères,
introduire dans l'exploitation un système de complémentation
alimentaire pour les animaux : sous-produits agro-industriels (comme la
farine de riz, la bagasse, ...), pierres à lécher,
compléments vitaminés,...
Ceci permettra de remédier à certaines carences,
surtout en phosphore se traduisant par une pathologie multiforme depuis le pica
(prédisposant au botulisme) jusqu'à la fièvre vitulaire en
passant par la tétanie de lactation (Valenza, 1981).
Le producteur pourra plus facilement atteindre la couverture
des besoins azotés et énergétiques de ses animaux
(spécialement des ruminants), en intégrant dans leurs rations de
l'urée (46 % N), et de la mélasse.
Ces deux éléments sont digestibles chez les
ruminants et constituent des sources d'éléments azotés et
énergétiques à haute valeur et à prix
compétitifs par rapport à une alimentation exclusivement
fourragère.
Il faut remarquer que, pratiquement, tous les producteurs de
la zone, qui ont bénéficié du programme
d'insémination artificielle ont intégré leurs métis
dans les troupeaux de bovins locaux.
Les rigueurs du soleil, combinées à la fatigue
générée par les longs déplacements dans les
parcours à la recherche de l'herbe (qui d'ailleurs est pauvre et ne peut
à elle seule satisfaire les besoins des animaux) sont autant de facteurs
qui atténuent le potentiel de production escompté avec ces
animaux.
L'introduction des cultures fourragères, qu'elles
soient des légumineuses ou des graminées peut participer à
une lutte contre l'érosion, hydrique ou éolienne. Ces plantes,
quand elles sont des herbacées couvrent ou ombragent le sol de
manière à le protéger de la dessiccation et de
l'exposition directe au soleil (Bayer et al.1999)..
Ceci est de nature à protéger la faune du sol,
responsable en grande partie de la décomposition de la matière
organique dans le sol.
Dans l'ensemble, on note une tentative chez tous les
éleveurs à intensifier leurs productions, mais le manque
d'informations par rapport aux techniques appliquées, de formation, est
une limite sérieuse à l'atteinte des résultats
attendus.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Il apparaît au terme de l'analyse, que les producteurs
de cultures fourragères dans le Sud du Bassin arachidier du
Sénégal, peuvent être classés dans trois grands
groupes dont l'âge semble être le critère
déterminant.
Les producteurs plus âgés sont ceux qui se
tournent vers l'agriculture, font recours à la main d'oeuvre temporaire,
possèdent beaucoup d'animaux, avec un système d'élevage
extensif, et gagnent les plus petits revenus des activités extra
agricoles : Ce sont de vrais agro-pasteurs traditionnels.
Les producteurs les plus jeunes sont ceux là qui
gagnent de grandes sommes de la terre avec l'intensification en utilisant des
produits phytosanitaires, des engrais. Ils ne conservent d'habitude dans leurs
exploitations que peu d'animaux, bien souvent destinés à la
traction animale.
Ces jeunes producteurs sont aussi ceux qui gagnent le maximum
de revenus extra agricoles par le commerce et les autres activités hors
exploitation.
Toutefois, il apparaît aussi que les revenus issus de
ces activités hors exploitation servent au réinvestissement dans
les activités de production en augmentant le nombre d'animaux dans
l'exploitation, et le matériel agricole.
Entre ces deux entités, existe une autre qui peut
être considérée comme intermédiaire. Ce groupe est
celui des agro-éleveurs cherchant à intensifier toutes les
productions : ils utilisent la main d'oeuvre temporaire, les engrais,
possèdent le plus grand nombre d'animaux et ont des exploitations bien
équipées. Leurs revenus extra agricoles sont importants tout de
même, mais leurs principaux revenus leur proviennent de
l'élevage.
L'élevage apparaît donc ici comme étant
« une banque » pour les producteurs : leurs
épargnes sont représentées par les animaux et les revenus
qu'ils en tirent en constituent « les
intérêts ». C'est pourquoi les cultures
fourragères jouent un grand rôle dans ce système car il
permet de sécuriser « l'épargne ».
En dehors du rôle qu'elles jouent pour améliorer
la fertilité des sols, les cultures fourragères n'a de valeur
appréciable, que dans la mesure où elles sont converties en
produits animaux.
Le rendement des investissements pour une telle entreprise
dépend donc de l'aptitude de l'exploitant à la convertir en
produits commercialisables, ainsi que du temps pendant lequel il peut le
maintenir en production.
L'exploitation rationnelle des cultures fourragères est
donc un compromis entre les besoins des plantes et ceux des animaux : il
s'agit de comprendre quand on doit sacrifier la plante au profit de l'animal et
quand on doit accepter un préjudice immédiat pour le
bétail en vue d'avantages ultérieurs pour la plante.
L'amélioration des conditions de vie de cette frange de
producteurs peut être diversement obtenue. Cependant, pour tout projet de
développement, la méthode la moins pénible pourrait
être celle qui part des réalités socioéconomiques du
milieu d'impact.
Dans cette zone, l'élevage est
considérée comme étant le moyen d'épargne le plus
sûr, c'est pourquoi, nous avançons que toute initiative qui
développerait cette activité va dans le sens d'une
amélioration du niveau de vie des populations. Et dans un tel contexte,
les cultures fourragères prennent une autre dimension.
Néanmoins, les difficultés majeures d'adoption
de ces cultures sont de trois ordres : le problème foncier, le
problème de temps dans le calendrier cultural et le problème
lié à la multiplication semencière.
La faible disponibilité des terres cultivables
favorise systématiquement les emblavures
céréalières au détriment des parcelles
fourragères pérennes.
Dans un environnement incertain comme c'est le cas au
Sénégal en général et dans la zone
étudiée en particulier, la stratégie de gestion des
risques commande que le producteur accorde la priorité sinon
l'exclusivité aux cultures vivrières.
Dans ce sens, on observe que les producteurs de cette zone
adoptent plus facilement le niébé et l'arachide à double
fin (production de fanes et production de graines servant à
l'alimentation humaine) que les cultures fourragères strictes (herbes
destinées uniquement à l'alimentation animale).
Le calendrier cultural des espèces fourragères
est pratiquement le même que celui des céréales. Il se pose
alors un problème d'allocation de la main d'oeuvre qui se fait au
détriment de la culture fourragère, le plus souvent.
Enfin, la faible disponibilité en semences constitue
la contrainte majeure au développement des cultures fourragères.
En effet, la demande est largement supérieure à
l'offre et les coûts sont prohibitifs. L'essor de tout programme
fourrager devra donc passer par la maîtrise de la production
semencière, par les paysans eux-mêmes.
Aussi, pensons nous que, pour une adoption à grande
échelle des cultures fourragères dans cette zone, il serait
bon :
· d'y introduire des variétés à
cycle plus court, car le déficit pluviométrique est
particulièrement important dans la zone, et l'irrégularité
des pluies récurrente.
· De mieux former les producteurs aux techniques
d'exploitation de ces types de cultures. Ils pourront ainsi mieux produire (en
qualité et en quantité) en suivant les normes
recommandées.
· De mieux former les producteurs aux techniques de
productions animales (alimentation, hygiène et prophylaxie, embouche,
exploitation du troupeau...).
· D'améliorer les parcours naturels, par
l'introduction de graminées et de légumineuses
fourragères, herbacées ou ligneuses pour mieux combler le
déficit alimentaire des animaux.
· D'aider les producteurs à mettre en place un
système organisationnel pour qu'ils puissent eux-mêmes assurer la
pérennité du système en produisant par leurs propres
moyens les semences pour les plantes annuelles.
· De chercher à étendre les surfaces
fourragères par une introduction de graminées et
légumineuses vivaces, qui ne demandent donc pas un re-semis pour chaque
nouvelle année.
· De mette en place un dispositif qui permettrait de voir
l'apport réel de ces cultures en terme de transfert d'azote sous nos
conditions de culture.
BIBLIOGRAPHIE
1- Anomyme, (1994): Déclaration de
Politique de Développement Agricole (DPDA). Ministère de
l'Agriculture-Sénégal. 39 p. +annexes.
2- Anonyme, (1997) : Plan
stratégique sud bassin arachidier. Troisième partie : besoin
de recherche. ISRA-Sénégal.
3- BA, A., (1998) : Analyse de
rentabilité et possibilité de financement des activités
génératrices de revenus dans le cadre du PGCRN- mémoire de
fin d'étude. ENSA-Sénégal 56 p.
4- BADOUIN, R., (1985) : Le
développement agricole en Afrique tropicale. Ed. Cujas, Paris. 320 p.
5- BAYER, W.,WATERS-BAYER, A., (1999): La
gestion des fourrages. CTA-GTZ. Margraf, 1999. 246 p.
6- BRIDIER, M., et MICHAILEF, S.,
(1987) : Guide pratique d'analyse de projets : évaluation et
choix des projets d'investissements. 302 p.
7- BULDGEN, A., LEMAL, D., STEYAERT, P.,
(1990) : Engraissement de taurillons et de mâles adultes de race
gobra à partir de sous-produits agro-industriels mélassés
au Sénégal. In Tropicultura 83 pp : 107-111.
8- BULGEN, A., PIRAUX, M., COMPERE, R.,
(1994) : Sécheresse dans le Bassin arachidier
sénégalais. Analyse SIG des nouvelles zones agro
écologiques et de certaines productions à risques. In
Sécheresse ; pp : 51-56.
9- BURTON, GW.,(1976): Legume nitrogen for
warm season grasses In : Hoveland CS (ed) . Biological nitrogen fixation
in forage livestock systems. Am. Soc. Agron. Madison, Wisconsin.
10- CALKINS, P.H., (1990) : Dispose t-on
de techniques agricoles adaptées aux défis du Sahel ?-
in : L'avenir de l'agriculture des pays du Sahel : enseignements et
perspectives économiques, Séminaire international, Club
Sahel-CIRAD Montpellier ; 12-14 Septembre 1990, 29 p.
11- DIOUF, M., (1990) : Diagnostic
agronomique en parcelles paysannes : une méthode
d'amélioration des systèmes de culture- in Savane d'Afrique,
terres fertiles. Actes de rencontres internationales.
12- DIRVEN, J.G.P.,(1965): The protein
contentin Surinamroughages, landbouwproefstation in Surinam Bull. 8p.
13- DUGUE, P., (1995) : Utilisation des
légumineuses en vue d'améliorer les productions vivrières
et fourragères et d'entretenir des sols dans la province du nord du
Cameroun. IRAD, projet Garoua. 63 p.
14- FAYE, A., (1986) :
Disponibilités et perspectives pour l'utilisation des sous-produits
agricoles en alimentation animale au Sénégal. In Actes de
l'Atelier, Méthodes pour la recherche sur les systèmes
d'élevage en Afrique intertropicale. Mbour, 2-8 février 1986,
IEMVT/ISRA-Sénégal ;pp :327-345.
15- FAYE, A., (1990) :
Disponibilités et perspectives pour l'utilisation des sous-produits
agricoles en alimentation animale au Sénégal- in : L'avenir
de l'agriculture des pays du Sahel enseignements et perspectives
économiques. Séminaire international Club Sahel-CIRAD
Montpellier ; 12-14 Septembre 1990.
16- FLORET, C. PONTANIER, R., (2000) :
La jachère en Afrique tropicale. Rôle, Aménagement,
Alternatives. Vol I, Actes de séminaire international, Dakar, 13-16
avril 1999. U.E.,CORAF, IRD. EditionJohn Libbey Eurotext, Paris, 777 p.
17- GARBA, I., (2002) : Analyse de
rentabilité et possibilité de financement des activités
génératrices de revenus dans le cadre de PROGEDE : cas de la
région de Kolda et de Tambacounda. Mémoire de fin d'études
ENSA-Sénégal, 84p.
18- GUERIN, H., Sall, C., FRIOT, D., AHOKPE,
D., NDOYE, A.- Ebauche d'une méthodologie de diagnostic de
l'alimentation des ruminants domestiques dans un système
agro-pastoral : l'exemple de Thyssé-Kaymor-Sonkorong au
Sénégal - in : les cahiers de la Recherche
Développement n°9, pp : 60-69.
19- HAMILTON, R.I, DONALDSON, L.E.et
LAMBOURNE, L.J., (1970): Use of leucaena leucocephala as feed for diary
cows : direct effecton reproduction and residual effecton the calf and
lactation. Aust.J.agric.Res.
20- HARDISON, W.A. , (1966):
.Tech.BulletinDairy training Res.Inst.,University of Philippines.
21- LERICOLLAIS, A., (1980) : Le Bassin
de l'arachide - in Sénégal, les atlas Jeune Afrique, J.a. Paris,
pp : 50-53.
22- LHOSTE, P., DOLLE, V., ROUSSEAU, J.,
SOLTNER, D., (1993) : Manuel de zootechnie des régions chaudes, les
systèmes d'élevage. CIRAD, Paris, 288 p.
23- MALASSIS, L., (1992) :
Système de régulation et croissance alimentaire et agricole. In
initiation à l'économie agro-alimentaire, ouvrage collectif,
Hatier-AUPELF, Paris, pp : 220-272.
24- MARTIN, F., (1991) : Budgets de
cultures au Sénégal Vol 4 Unival/ISRA-Sénégal. 55
p.
25-
MASSE,D.,CADET,P.,CHOTTE,J.L.,DIATTA,M.,FLORET,C.,DIAYE-FAYE,N.,PATE,E.,PONTANIER
R.,THIOULOUSE,J.,VILLENAVE,C. (1998) : Exploitation des jachères
naturelles : un facteur compromettant son influence sur la restauration de
la fertilité du milieu semi-aride au Sénégal. Agriculture
et Développement N°18, pp :31-39.
26- MBENGUE, O. (2002) : Etude
socio-économique de la pratique de la jachère fourragère
dans le bassin arachidier du Sénégal. Mémoire
ENSA-Sénégal. 69 p.
27- MOROU, I., (2002) : Introduction des
cultures fourragères dans le Sud bassin arachidier du
Sénégal : Interaction entre systèmes fourragers
(intensification de l'élevage) et systèmes de culture
(jachère). Mémoire ENSA-Sénégal 75 p.
28- MUSA, M., et BURHAM, H.O.,(1974): The
relative performance of forage legumes as rotaional crops in the Gezira. Exp.
Agric. 10. pp: 131-140.
29- OKE, O.L.,(1967): Nitrogen fixing
capacity of calopogonium and Pueraria Trop. Scien. 9 :
pp :131-140.
30- PAGOT, J., (1985) :
L'élevage en pays tropicaux. Ed. G.P Maisonneuve et Larose. 526 p.
31- PELISSIER, P., (1966) : Les paysans
du Sénégal. Les civilisations agraires du Cayor, à la
Casamance- Saint-Yreix : Ministère de l'Education Nationale et
Centre de Recherche Scientifique Fabrèges, 940 p.
32- POWEL, JM., (1984): Cropping system in
the subhumid zone of Nigeria. Paper presented at the ICCA/NAPRI symposium on
livestock production in the subhumid zone of Nigeria 30 octobre-2 Novembre
1984.
33- RIPPSTEIN, G. (2000): Rapport de deux
missions au Sénégal.
ISRA-LNERV/IRD-Jachère/CIRAD-EMVT,Rapport Cirad-Emvt N°50-2000, 19
p.
34- SHELTON,H.M.,(2000) :
Légumineuses fourragères tropicales dans les sytèmes
d'agroforesterie. Unasylva 200. Vol.51,2000. pp : 25-31.
35- SOLTNER, D., (1996): Tables de calcul des
rations pour bovins, ovins-caprins et porcs, Besoins des animaux et valeur des
aliments. 23ième ed. collection Sciences et Techniques
Agricoles. 79 p.
36- SCHILLING, R.,(1996): L'arachide en
Afrique tropicale Ed.Maisonneuve et Larose,CTA 171 p.
37- VALENZA, J. (1981) :
Productivité et valeurs alimentaires des pâturages naturels,
facteurs limitants de l'intensification de l'élevage. LNERV Dakar,1981.
4p.
38- WHITEMAN, P.L.,(1971): Distribution and
weight of nodules in tropical pasture legumes in the field. Exp.Agri. 7 ,
pp: 75-85.
ANNEXES
|
axe 1
|
axe 2
|
axe 3
|
Age
|
2,9
|
1,9
|
2,9
|
Revenus de l'élevage
|
6,6
|
1,9
|
4,9
|
Revenus de l'agriculture
|
3,3
|
5
|
1,2
|
Revenus extra agricoles
|
3,7
|
1,6
|
1,1
|
Nombre de houes
|
0,7
|
5,3
|
0,2
|
Nombre de semoirs
|
2,7
|
5
|
4,3
|
Nombre de charrettes
|
0,4
|
8,2
|
3,1
|
Nombre d'UTH
|
4,3
|
1,9
|
4,6
|
Nombre d'UBT
|
6,8
|
3,5
|
6,2
|
|
|
|
|
Total
|
31,4
|
34,3
|
28,5
|
Contribution de quelques variables à l'inertie
expliquée par les axes factoriels 1, 2 et 3
|