DEDICACE
A mes parents :
Joséphine MENGBWA, icône de dignité et
de justice dont l'amour de prédilection pour moi me veut aussi parfait
malgré mes faiblesses.
Jeanne et Luc NDONGO qui durant leur vie terrestre ont
considéré qu'il était de leur devoir de m'éduquer
plus que de s'attendrir sur ma sensibilité.
REMERCIEMENTS
Au terme de l'élaboration de ce travail, je tiens
à exprimer mon immense action de grâce au Tout Puissant, de qui je
tiens l'être et le mouvement.
J'adresse toute ma reconnaissance à Mgr Roger PIRENNE,
archevêque de Bertoua qui m'a fait confiance en m'accueillant comme
séminariste de son diocèse.
Je remercie aussi très vivement l'Abbé Igor
KUATE pour les soins qu'il m'a apportés si généreusement
pour l'exactitude scientifique de ce travail.
Avec le même empressement, je veux dire ma gratitude
spéciale à Joséphine MENGBWA, ma "Petite Maman" pour sa
confiance enthousiaste et ses innombrables sacrifices.
Je dis merci au Père Louis NDJANA et à mes
formateurs du grand séminaire de Bertoua.
Ma reconnaissance émue se tourne vers l'Abbé
Grégoire ATANGANA, Ignace BIKOULA et les moniales de Sainte Claire qui
ont nourri et encouragé mon choix.
J'ai une pensée reconnaissante pour le Père Paul
NDE, les Abbés Albert ANYA et Hilary OGOCHUKWU pour leurs conseils
d'aînés.
J'associe à cette gratitude mes frangines Madeleine
AVOTO et Francine ATANGANA pour leur chaleureuse tendresse.
J'exprime ma reconnaissance à Franck MBIDA, Serge
ONDOBO, Germain MANGA, Louis NGONO et Laurent MFOUMOU mes confrères dans
le cheminement.
J'adresse des remerciements à mes amis Louise ZEMENGUE,
Godefroy NDZANA, Michèle METANGMO, Annette ENDALLE et Valentin EWONDO
pour leur attachement.
EPIGRAPHE
Je dormais et je
rêvais...
que la vie n'était que joie,
Je m'éveillais et je
vis...
que la vie n'était que service ;
Je servis et je vis...
que le service était la joie.
Rabindranath TAGORE
INTRODUCTION
GENERALE
Aborder le problème des
conflits apparaît comme un écheveau particulièrement
complexe à démêler. Depuis des lustres, l'Afrique vit dans
l'effervescence des événements horribles qui s'enchevêtrent
au quotidien et au fil des ans. « Meurtri par l'esclavage,
spolié par la colonisation et fragilisé par des
indépendances mal négociées »1(*), le continent africain
écrit son histoire en termes de sang. Du Caire au Cap, de Freetown
à Mogadiscio, les conflits s'accumulent et s'amplifient avec la
même intensité. Sous tous les cieux dans le continent, c'est la
même horreur : coulée de sang, traînées de
drames, montées des périls, pluie de feu et de plomb. Cette
situation hallucinante donne à l'Afrique la place d'un continent maudit
voué à un sort funeste. Comme dans une tragédie classique,
l'on peut s'exclamer : quelle sinistre destinée !
Nous intitulons notre étude : « Quel
questionnement sur les conflits en Afrique ? Réflexion sur la
tragédie des Etats africains ». Elle analyse cette situation sombre
que vit le continent africain. Notre hypothèse de travail est un
ensemble de réflexions qui situent l'Afrique dans un contexte
précis. Si les Africains pouvaient s'étonner et s'interroger sur
le tableau triste qu'offre le « berceau de
l'humanité », notre continent pourrait savourer les
délices qu'offre la paix qui doit exister entre les différents
peuples. Or la montée des égoïsmes et la haine de l'autre
s'avèrent paradoxales à la paix qui est le profond désir
et défi majeur du XXIème siècle.
Cette réflexion comme toutes les autres recherchent la
stabilité de l'Afrique par la révision des rapports
intersubjectifs. Le problème est non seulement de
pacifier le continent africain, mais de se demander, quels sont les
facteurs ou sources identifiables d'antagonismes en Afrique ? La
réponse, à cette question va inéluctablement engendrer
une autre interrogation : Comment faire pour que les Africains cessent de
se poser en consciences conflictuelles pour exister ; et que la paix, qui
est un état positif soit non plus une utopie mais une
réalité et un quotidien vécus? Des possibles
réponses à ces préoccupations, nous découvrirons
que la paix, fruit d'un comportement vertueux et non belliqueux est une marche
vers la plénitude de l'homme.
Notre réflexion se fera à travers une
méthode analytico-critique. Elle est analytique dans la mesure où
elle décompose et dissèque l'existence et les causes des luttes
en Afrique, afin de mettre en lumière les faits et
événements conflictuels de notre continent. Notre méthode
se veut aussi critique car par une activité réflexive, les
résultats de l'analyse nous permettrons de circonscrire le champ de la
vérité et de l'erreur pour parvenir à proposer une autre
voie différente de celle de la violence.
Pour atteindre cet objectif, ceci à travers plusieurs
étapes, nous avons accordé à notre démarche
réflexive la forme d'un triptyque. Chaque tableau s'articule autour de
trois pôles réflexifs importants. Le premier grand tableau nous
plonge dans l'effectivité même des conflits, leurs effets sur les
Africains. Le deuxième tableau s'intéresse à la racine des
conflits et leurs sources. Le dernier suggère une lumière
philosophique pour guérir un tant soit peu le « grand
malade » qu'est l'Afrique.
Notre travail a pour ambition de poser le problème des
conflits sur le continent africain. Loin de nous la prétention de
résoudre définitivement tous les différends que
connaît l'Afrique. OEuvre d'un débutant en philosophie, notre
honnêteté nous contraint d'admettre que la présente
réflexion pourrait souffrir de quelques insuffisances. Il faut
reconnaître que la question des conflits a déjà
été explorée par d'autres disciplines ; les cas de
guerres que nous évoquons ici peuvent déjà être
dépassés par l'actualité. Enfin nous voulons dire que nous
nous sommes heurtés à l'écueil de la carence d'ouvrages.
Cependant, la fin poursuivie est de jeter une lumière aussi partielle
soit-elle sur le drame que l'Afrique vit du fait des conflits.
PREMIERE PARTIE
DE L'EXISTENCE DES
CONFLITS EN AFRIQUE
PRESENTATION DU PROBLEME
Parler des conflits en Afrique ne relève pas d'une
sinécure. Dans cette portion du globe « peu de pays
jouissent de la paix »2(*). Un panorama du continent africain laisse entrevoir
l'existence de plusieurs différends internes ou externes aux Etats
africains.
La région des Grands Lacs nous offre
« l'exemple le plus tragique de cette Afrique du drame
permanent »3(*) avec le génocide rwandais qui a fait plus de
800 000 morts. A côté, c'est la République
Démocratique du Congo qui voit se multiplier des massacres à
grande échelle.
Au septentrion du continent, le Soudan est toujours en
quête d'une paix qui tarde à s'installer depuis trente ans. Le
Maroc et la Mauritanie s'opposent sur la question du Sahara occidental. Ce
dernier pays vient d'être ulcéré par un coup d'Etat qui l'a
mis dans un chaos politique.
En Afrique centrale et occidentale, le Cameroun et le Nigeria
se regardent en chiens de faïence au sujet de la péninsule de
Bakassi. La Côte d'Ivoire après le coup de force de 1999, a fait
de l'instabilité et de l'anarchie son quotidien. A côté
c'est le Togo et le Libéria qui sortent peu à peu des guerres
civiles qui ont secoué ces deux Etats.
La corne de l'Afrique est déchirée par le
différend frontalier qui crée une vive hostilité entre
l'Ethiopie et l'Erythrée. Cela dit, nous constatons qu'aucune
région du continent africain n'est exempte de la guerre. L'Afrique
apparaît ainsi comme un pandémonium.
Dans cette première partie de notre réflexion,
nous voulons jeter une lumière sur la typologie et les
caractéristiques des conflits sur le continent africain. Puis, nous
verrons les conséquences et l'ampleur de ces conflits sur la
société africaine.
CHAPITRE 1
TYPOLOGIE DES CONFLITS
EN AFRIQUE
Pour parvenir à une analyse des conflits africains, il
convient d'établir une typologie de cette réalité. Afin
d'y arriver, nous pouvons recourir à plusieurs critères. Dans le
cadre de notre travail, nous allons en retenir trois.
I.1.1. En fonction des
auteurs des conflits
A partir de ce critère nous pouvons classer d'une
part « les conflits internes au départ mais qui par
la suite deviennent internationaux en raison des circonstances
particulières qui les entourent »4(*), c'est le cas des guerres
civiles qui dévastèrent le Nigeria de 1967 à 1997. La
guerre civile de l'ex-Zaïre qui depuis la chute du régime du
président Mobutu a pris un caractère régional avec
l'ingérence des pays voisins tels que le Rwanda, l'Ouganda et même
la Tanzanie. Dans ce même registre nous pouvons d'autre part classer les
conflits qui opposent « deux ou plusieurs Etats
africains »5(*), comme ce fut le cas de la Namibie qui a dû
passer par une guerre sanglante pour se libérer du « joug
sud-africain »6(*).
I.1.2. En fonction de leur
objet
Ce deuxième critère nous introduit dans un vaste
champ de conflits qui comprend : Des conflits frontaliers
visant la révision des frontières héritées de la
colonisation. La dispute frontalière entre le Cameroun et le Nigeria au
sujet de la péninsule de Bakassi l'illustre suffisamment.
Ensuite, nous pouvons avoir à partir de ce
critère des conflits politico-économiques
« destinés à assurer par exemple la propagation
d'une idéologie, la défense d'une position stratégique ou
de sources de richesses économiques »7(*). Les multiples guerres civiles
du Libéria, du Togo et du Soudan rentrent bien dans cet ordre.
I.1.3. En fonction du
degré d'intensité des conflits africains
A partir de ce critère, nous pouvons construire une
échelle des conflits en Afrique. Il faut noter que certains conflits
partent souvent de la simple crise politique à la véritable
guerre en passant par « des situations d'antagonisme
affirmé et des actes d'agression »8(*) dont l'ampleur est très
souvent démentielle de par les effets. La situation qu'a vécu
l'Etat du Togo en février 2005 suite au décès du
président Gnassingbé Eyadema est venue confirmer
l'actualité de ce type de conflits.
La nature des conflits ayant été cernée
par la connaissance de leur typologie, il convient maintenant de voir ce qui
peut faire la particularité et la spécificité des
antagonismes africains.
CHAPITRE 2
CARACTERISTIQUES
DES CONFLITS AFRICAINS
Cette étude des types de conflits qui menacent les
Etats du continent africain et leur existence, nous a fait remarquer que les
différends africains même s'ils sont politiques ont aussi une
nature personnelle. Il convient de voir comment ils se caractérisent
dans la réalité.
I.2.1. Les conflits
africains sont politiques
Les Etats africains dans l'ensemble sont de création
relativement récente. La plupart de ceux-ci ont moins d'un
demi-siècle d'existence. Cette jeunesse les conduit
inéluctablement à « une quête
d'équilibre et d'harmonie »9(*). Cela étant, les Etats Africains sont
exposés à une instabilité infernale. Celle-ci se manifeste
par une remise en cause des règles juridiques qui ont servi à
leur fondement et ont débouché sur leur constitution.
C'est ainsi que certains Etats africains manifestent leur
antagonisme frontalier par le désir de la modification d'une
frontière connue ou la délimitation d'une frontière
inexistante et imprécise. Tel fut le cas des conflits algero-marocain et
camerouno-gabonais.
D'autres conflits peuvent revêtir un caractère
territorial lorsque le différend se manifeste par la revendication d'une
fraction plus ou moins grande du territoire d'un autre Etat. Les litiges
somalo-ethiopien et tchado-lybien se sont manifestés de la sorte.
Les conflits africains au plan politique sont
caractérisés par la contestation des autorités politiques
établies à la tête de certains Etats. Cette situation se
manifeste par les nombreuses guerres civiles que connaît le continent
africain : le départ de Konan Bédié en
décembre 1999 et la chute du régime d'Ange Félix
Patassé en République centrafricaine en 2003. Cette action
pernicieuse peut aussi venir d'un Etat tiers qui nie toute valeur à un
système établi dans un autre Etat. Ainsi, le conflit dans ce cas
est caractérisé par la recherche de l'affaiblissement et
même la disparition du gouvernement contesté.
I.2.2. Les conflits
africains sont personnalisés
Le caractère personnalisé des conflits en
Afrique tient au fait que dans cette partie du globe, un seul individu
concentre dans ses mains le pouvoir qu'il ne partage avec personne lorsqu'il ne
l'incarne pas tout simplement. Aussi les litiges africains sont-ils
personnalisés aussi bien dans leur survenance que dans leur
développement.
Dans leur survenance, les conflits opposent les chefs d'Etat.
Ils ne touchent pas l'Etat voire la Nation comme personnes morales distinctes
des personnes physiques. Ils touchent plutôt le chef d'Etat qui est la
personnification de l'Etat et de la Nation. C'est ainsi qu'entre deux chefs
d'Etat aux orientations politiques et idéologiques divergentes, peut
naître un embrasement. Et une fois la tension créée, le
conflit va rester « au sommet » puisque opposant
essentiellement deux autorités politiques suprêmes et
nationalités différentes ; et surtout en raison des corps
intermédiaires. Ces conflits resteront davantage au sommet et
atteindront rarement le niveau national car « de part et d'autre
des frontières, vivent souvent les mêmes tribus parlant les
mêmes langues et vivant en parfaite harmonie, confrontés aux
mêmes problèmes quotidiens et ne se sentant nullement
concernées par les conflits opposant les
"sommets" »10(*).
Même si dans sa survenance le conflit africain
dépend de la volonté des chefs d'Etat, il faut aussi dire que son
amplification est liée à cette même volonté.
La personnalisation des différends africains dans leur
aggravation ou leur atténuation tient au fait que ceux-ci
n'obéissent qu'aux adversités des personnalités en
présence. C'est ainsi que les conflits liés aux options
idéologiques différentes de quelques chefs d'Etat suivent la
courbe ascendante ou descendante de leurs humeurs. De même un changement
de régime politique et donc de chef d'Etat peut faire disparaître
le conflit existant. Ceci s'est illustré par les litiges qui, dans les
années 60 envenimèrent fréquemment les relations entre le
Ghana de NKrumah et le groupe de conseil de l'Entente (Côte d'Ivoire,
Haute-Volta, Niger, Bénin, Togo). Ceux-ci cessèrent brusquement
avec l'éviction du leader ghanéen du pouvoir. Et de l'autre
côté, nous pouvons mentionner la dégradation brutale des
relations entre l'Ouganda du président Amin et la Tanzanie du
président Nyéréré suite au départ brutal du
président Milton Oboté.
I.2.3. Les conflits
africains sont identitaires
Loin des aspects politiques, la dimension identitaire est
rarement absente des situations qui agitent le continent africain.
Des ethnies, des tribus et même des religions en Afrique
s'affrontent férocement à l'effet d'imposer leurs façons
de faire et leurs convictions aux autres. Même s'ils ne se
déploient pas sur le même spectre que les conflits à
caractère politique, ils ont des objectifs comparables. C'est ainsi
qu'ils recherchent le contrôle du pouvoir par leur tribu ou les membres
de la même religion. Certains au niveau ethnique vont rechercher la
réunification des ethnies de même origine. Dans l'aspect religieux
ou confessionnel, on cherche à répandre ses croyances sur toute
la nation.
Les conflits africains ayant été ainsi
caractérisés de politiques, de personnalisés et
d'identitaires aussi bien dans leur survenance que dans leur
développement, il est maintenant opportun de voir les
conséquences que ces situations tristes entraînent dans la vie du
continent africain.
CHAPITRE 3
LES CONSEQUENCES DES
CONFLITS
SUR LES PEUPLES
AFRICAINS
L'âpreté des conflits qui se déroulent sur
le continent ne va pas sans une incidence sur la vie des peuples africains que
sur le continent tout entier. Les effets de ces affrontements qui sèment
la destruction et une terreur inouïes touche la vie politique et
économique ainsi que la vie sociale et anthropologique.
I.3.1. Les
conséquences politico-économiques
Les conséquences des conflits en Afrique touchent
à l'essence même de l'Etat. En effet, la situation de crise de
plusieurs Etats africains prive ceux-ci de leur souveraineté. Les Etats
en guerre à cause de cette situation triste vivent dans une certaine
anarchie politique. Les conflits font qu'ils puissent exister sans doctrine ou
idéologie politique qui promeuve une bonne organisation interne.
Dépourvus de cette indépendance ou de cette autonomie du fait des
conflits, les Etats africains sont contraints de se tourner vers
l'extérieure d'où leur seront dictés les voies et autres
programmes de gouvernance concernant leurs pays.
L'état de guerre dans lequel les Africains vivent a
aussi pour conséquence une forte instabilité politique et une
crise institutionnelle profonde qui empêche l'Etat de fonctionner ou
à des administrations de se mettre en place. Sur le plan
matériel, ces dernières sont victimes de la
déprédation qui, inéluctablement conduit à une
sclérose de tout un régime politique.
Dans le contexte qui est celui de notre époque
où l'homme éprouve le désir de s'exprimer, de se
reconnaître dans la vie politique de son pays et de prendre part à
la gestion des affaires publiques, les guerres civiles et autres affrontements
créent un déficit démocratique. Dans cette situation, le
peuple est littéralement muselé et regarde le jeu politique en
spectateur passif et silencieux de la gestion de la cité. Ainsi la
société se constitue de sujets plutôt que de citoyens.
Les affres de la guerre et des conflits en Afrique ont une
grande incidence sur les économies du continent. Vivant
déjà dans une pauvreté abjecte les guerres plongent
l'Afrique dans « une crise économique aveugle, insatiable,
implacable, lâchée comme une meute de chiens sur nos
peuples »11(*). L'univers de la pauvreté étant
déjà celui de l'Afrique, les conflits viennent en ajouter par le
pillage et l'érosion des ressources et autres richesses naturelles. Car
il est fort opportun de remarquer que les régions aux multiples
richesses et ayant un sous-sol bien garni sont les cadres de
prédilection pour le déploiement des conflits.
Tout ceci conduit les économies africaines à
stagner au meilleur des cas et à régresser
irréversiblement. C'est ainsi que les Etats sont obligés de
recourir à l'écrasante solution de l'endettement auprès
des pays riches. La dette augmentant de jour en jour, les pays africains
deviennent « chaque jour plus pauvres, plus asservis, plus
accablés et pratiquement plus insolvables »12(*). Ainsi obérés,
les peuples africains sont réduits à un esclavage
économique qui les fait travailler à perpétuité
pour rembourser des dettes usurières.
I.3.2. Les
conséquences sociales
La société est sans doute l'une des plus grandes
victimes des conflits qui ravagent l'Afrique. Ces affrontements sèment
dans le tissu social « l'anarchie, la haine, la
délinquance, la criminalité et la désagrégation des
familles et des communautés »13(*). Déjà
déchirée depuis la colonisation, la société
africaine du fait des guerres, connaît une autre fissure qui
hérisse des frères entre eux. Ceci entraîne de facto le
dépeuplement de certaines régions du continent. Fuyant la guerre,
plus de 2 millions de personnes ont dû quitter la région des
Grands Lacs lors du début des hostilités en 1994 pour aller
s'entasser dans les pays limitrophes14(*). Cet état des choses conduit à
l'effondrement du vouloir vivre ensemble qui devrait animer les membres d'une
société. Ceci justifie d'ailleurs l'inconfort dans lequel sont
plongés les peuples d'Afrique.
Les effets ravageurs des guerres touchent aussi les instances
essentielles de socialisation que sont la famille et l'école. La
première est vidée de sa substance, car ses membres sont
littéralement amputés. L'institution elle-même est
bafouée et les liens entre parents et enfants étiolés.
L'école aussi subit les secousses des conflits
africains. Les systèmes éducatifs sont inexistants, les
structures pillées et saccagées par des belligérants qui
les transforment en bases militaires. Les enfants africains pourtant
éprouvent une grande soif d'étudier et d'être instruits.
C'est ce désespoir d'une jeunesse africaine involontairement aux abois
que Yaguine Koïta et Fodé Tounkara ont voulu exprimer.
Découverts en juillet 1999 dans la loge du train d'atterrissage d'un
Airbus de la compagnie belge Sabena assurant la liaison Conakry-Bruxelles, ces
deux jeunes guinéens âgés respectivement de 14 et 15 ans
ont tenté comme beaucoup d'autres africains de rejoindre l'Europe par
une voie radicale et impossible. Afin que nul n'ignore la tragédie que
vit la jeunesse en terre africaine, ils ont laissé à la
postérité un testament, « une lettre, une simple
empreinte de la candeur maladroite de l'adolescence »15(*). Dans ce testament
découvert sur la poitrine glacée de Yaguine, les deux jeunes
écrivent :
« Nous avons (...) un grand manque
d'éducation (...), si vous voyez que nous nous sacrifions et exposons
notre vie, c'est parce qu'on souffre trop en Afrique et qu'on a besoin de vous
pour lutter contre la pauvreté et mettre fin à la guerre en
Afrique. Néanmoins, nous voulons étudier et nous vous demandons
de nous aider à étudier pour être comme vous, en
Afrique »16(*).
Le diagnostic de ces jeunes africains frappe par son
acuité et sa profondeur. Dans le continent, la guerre ruine tout sur son
passage. Elle nous met mal à l'aise sur notre propre terre.
I.3.3. Les
conséquences anthropologiques et psychologiques
L'homme est indubitablement le plus affecté par les
différents affrontements qui sèment désolation et mort
dans les coeurs et la vie des hommes. A ce propos, les chiffres sont
très éloquents : l' «automne de
sang » du Burundi et «l'été
meurtrier » du Rwanda ont fait plus d'un million de morts. Les
massacres à grande échelle dans l'ex-Zaïre devenu
République Démocratique du Congo ont coûté la vie
à 3 millions de personnes17(*) ; au Soudan, la spirale de violence que
connaît ce pays depuis un demi-siècle a
déjà causé la tuerie de plus de 2 millions d'êtres
humains18(*) ; la
guerre civile au Tchad a fait périr plus de 300 000 personnes.
Au-delà de ce funeste constat, il faut dire que les
conflits africains ont une autre incidence. Ils sont à l'origine d'une
annihilation anthropologique. Celle-ci dépouille l'homme de
« ses attributs humains, pour le réduire à
l'état de bête de somme, pour l'instrumentaliser, le
chosifier »19(*). Dans ce registre de l'instrumentalisation, les
enfants sont les premières victimes. Enrôlés dans des
factions armées, de nombreux enfants africains deviennent soldats et
hypothèquent leur avenir car considérés comme des
instruments pour une fin militaire.
Leurs mamans connaissent aussi un sort similaire. Elles sont
« victimes de violence et d'humiliation de toutes
sortes »20(*) et constituent des armes de guerre, un butin pour les
vainqueurs et des objets soumis au bon vouloir des belligérants. Les
conflits font du viol des femmes une arme de guerre, les corps de celles-ci
sont devenus des champs d'armés lorsqu'ils ne sont tout simplement pas
mis à prix.
Ce qui précède témoigne du triste destin
de l'Homme dans l'Afrique des conflits. Cette situation « affecte
la condition humaine dans ses racines les plus profondes et dans ses droits
fondamentaux »21(*). C'est donc toute la condition humaine que les
conflits sapent. L'homme ici est dénié de son humanité,
blessé dans son être, vidé de sa substance humaine et de
sa sève anthropologique.
Cet état de chose pousse notre réflexion
à examiner les causes qui ont conduit l'Afrique dans cette situation.
Tel sera l'objet de la prochaine partie de notre travail.
DEUXIEME PARTIE
LES CAUSES DES
CONFLITS
PRESENTATION DU PROBLEME
La partie précédente nous a permis de nous
rendre à l'évidence de l'effectivité des conflits sur le
continent africain. Cela était nécessaire dans la mesure
où pour parler d'une réalité, il faut être certain
de son existence. Ainsi nous avons pu prendre connaissance des types de
conflits qui agitent l'Afrique, de leur spécificité et des
conséquences que ceux-ci ont sur l'ensemble du continent africain.
La réflexion que nous conduisons veut à ce stade
mettre en lumière la réalité que constituent les conflits.
Pour y arriver, il nous faut cerner l'ensemble des conditions des violences.
Nous voulons comprendre et élucider ce qui fait que la vie des
communautés humaines en Afrique soit une source d'agression et de
luttes. Ceci va nous conduire à une analyse des facteurs qui rendent
hostile la cohabitation des hommes sur le continent africain. Dans le cadre de
notre travail, nous allons arrêter une trilogie de facteurs qui mettent
la paix en péril sur le continent. Pour ce faire, nous distinguerons des
causes qui vont de la gestion des hommes, de leur vie dans la communauté
jusqu'à leur identité.
CHAPITRE 4
LES CAUSES POLITIQUES
Nous allons ici nous intéresser aux facteurs se
rapportant à l'organisation de la vie collective et à l'exercice
du pouvoir. Nous voulons comprendre comment ils arrivent à être
à l'origine d'antagonismes. Notre analyse à ce niveau va
s'articuler autour de la convoitise des grandes puissances pour l'Afrique et de
la gestion du pouvoir.
II. 4.1 Le
dépeçage et la balkanisation de l'Afrique
Fait historique, la colonisation a légué
à l'Afrique des frontières artificielles. Exclusivement
réalisé sur la carte et non sur le terrain, un tel
découpage ne pouvait être que vague et approximatif. Ayant
rassemblé sur une même aire géographique des peuples
épars et hostiles, un tel découpage a formé non pas des
sociétés mais des agrégations. Les hommes ainsi mis
ensemble ont formé des groupes où « la conscience
nationale et le vouloir le vivre-ensemble sont inexistants »22(*). Et puisque les hommes
lorsqu'ils sont arrachés à leurs racines sont enclins à
s'attaquer et à se détruire, l'on comprend aisément la
naissance des antagonismes au sein des sociétés africaines.
Usant soit du procédé astronomique qui fixe la
frontière suivant un degré de méridien ou de
parallèle, soit du procédé géométrique qui
se contente de suivre des lignes rectilignes, soit à un degré
moindre des limites naturelles.23(*) Ce partage a donc exacerbé les particularismes
qui habitent la nature humaine. Et en l'absence d'une forme
«d'association qui défende et protège de toute la force
commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle
chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui
même, et reste aussi libre qu'auparavant »24(*), l'on a eu droit
à une forme de division pour mieux gouverner et exploiter.
C'est alors que les peuples ne pouvaient que sombrer dans les querelles
entretenues par la méfiance et la rivalité qui
caractérisent la nature humaine. Il faut admettre que chaque peuple est
foncièrement enclin à prendre l'offensive en vue de son profit,
de sa sécurité et de sa réputation.
Arbitrairement façonnée, cette
délimitation du continent ne pouvait que préparer le lit à
l'impérialisme occidental. La logique de celui-ci était de semer
la discorde afin de s'installer et de régner.
II.4.2. L'ingérence
des grandes puissances
Les soubresauts qui agitent l'Afrique, s'expliquent aussi par
la tendance des grandes puissances à dominer les Etats pauvres du
continent africain. L'Afrique se trouve alors happée par plusieurs
puissances aux volontés expansionnistes avouées et à
l'hégémonie établie. Avec des appétits
aiguisés, ces grandes puissances s'affrontent très farouchement
sur le sol africain avec pour seul objectif, contrôler leurs positions et
satisfaire leur instinct de conservation.
Cette insidieuse immixtion des grandes puissances se manifeste
aussi par des politiques dangereuses que sont l'impérialisme, le
colonialisme et le néo-colonialisme. Toutes ces politiques visent
à réaliser la dépendance des Etats africains, à les
contrôler et à transformer les dirigeants « en
marionnettes ou en toupies entre les mains des
manipulateurs »25(*) occidentaux. Retrouvant en face des Etats
africains qui se refusent à être des nations saprophytes, la
situation ne peut que se tuméfier. Conscients aussi que
« la souveraineté est inaliénable, et
indivisible »26(*), les Etats d'Afrique seront contraints de
défendre leur autonomie arrachée à l'envahisseur Blanc au
prix du sang. Ceci va dégénérer en tensions violentes car
d'un côté il y a cette volonté des grandes puissances
d'asservir les jeunes Etats africains ; et de l'autre les pays africains
qui jaloux de leur indépendance veulent plutôt fonder leurs
relations avec les nations occidentales sur le principe de la
souveraineté qui est le fondement de tout Etat.
Si cette menace à la stabilité du continent
africain est externe à celui-ci, il faut dire qu'il existe aussi au sein
même du continent une autre menace tout aussi grave. Celle-ci est
liée à l'organisation du pouvoir.
II.4.3. Le déficit
démocratique et la régionalisation du pouvoir
Une autre source de conflit en Afrique apparaît dans
l'exclusion du peuple de la gestion des affaires de la société et
la confiscation du pouvoir par un clan ou une région. Dans de nombreux
Etats africains, les dirigeants règnent sans partage et en usurpateurs
de l'autorité souveraine. Leurs Etats sont régis par des
régimes où la volonté du chef vaut la loi,
« c'est le règne de la subjectivité, de
l'arbitraire d'une conscience qui agit dans son seul intérêt, au
mépris du bien commun »27(*), et celui de la cité.
En l'absence de toute volonté générale,
les dirigeants africains ne rendent les comptes de leur gestion du pouvoir
à personne. Les hommes dont le gouvernement leur revient sont
considérés comme des esclaves. Ces chefs concentrent entre leurs
mains tous les pouvoirs. L'apparente distinction de ceux-ci est superficielle
et de l'ordre du simulacre. Avec des leaders « exigeant une
obéissance extrême, sans négociation ni
accordement »28(*), les Etats africains sont des lieux
d'oppressions, de bestialité, du déni d'humanité et du
refus de toute liberté.
Il y a peut-être lieux de se rebeller en Afrique lorsque
ceux qui tiennent les rênes du pouvoir ne garantissent pas les
libertés liées à la personne humaine et lui refusent la
dignité relative à tout homme. Dans ces conditions, les
dirigeants s'approprient le pouvoir non pour le bonheur des citoyens mais pour
les avantages qu'il leur confère (honneurs et richesses). Et en
l'absence de toute vertu, les leaders africains gouvernent sans amour de la
patrie, de la justice et de la frugalité. C'est alors que les hommes
assoiffés de justice et se reconnaissant égaux quant aux
facultés du corps et de l'esprit, et désireux d'exprimer leur
opinion vont prendre d'assaut les régimes liberticides.
Quand ce n'est pas un seul individu qui confisque le pouvoir,
c'est une minorité d'individus qui dirige. Or dans une
société, pour que règne l'harmonie, il est
nécessaire « que toutes les voix soient
comptées ; toute exclusion formelle rompt la
généralité »29(*). Une large proportion de l'Etat est ainsi mise
en marge du pouvoir puisque réduite à obéir à une
infime minorité qui « tient tous les autres sous sa
dépendance et veut garder le pouvoir absolu, qu'il a déjà
acquis et sans restriction de l'utiliser. Il régente les autres, les
exploite, les pille »30(*). Cette minorité détient la
réalité et l'exclusivité du pouvoir.
Récupérée par un leader charismatique, cette injustice
dégénère très vite en des antagonismes
épouvantables.
Ce schéma des causes politiques des violences en
Afrique influe inéluctablement sur la vie en société dans
le continent. Là aussi d'autres facteurs sont à l'origine des
différends.
CHAPITRE 5
LES CAUSES SOCIALES
La société africaine est divisée. Lieu de
l'épanouissement de l'homme et de son accomplissement, la vie sociale en
Afrique est hostile à l'homme. Régie par la loi des fauves, la
société africaine dévalorise l'homme. Les facteurs de ce
paradoxe vont du mauvais partage des biens de la communauté, des
ressources et l'inaptitude à gérer les nouveaux enjeux
démographiques.
II.5.1. La
répartition disproportionnée du bien commun
Dans un Etat, la fin du pouvoir établi est la poursuite
du bien commun des membres de la société pour leur procurer le
bonheur. Le bien commun est la fin recherchée par tous les membres d'une
société. Les efforts des détenteurs du pouvoir doivent
tendre vers ce bien. Car le gouvernement des hommes par d'autres hommes ne se
justifie que par la recherche du bien des gouvernés. Le bien commun se
présente donc comme la première exigence de la
société et une propriété de la vie publique.
Mais il se trouve que sur le continent africain, la notion du
bien commun est évacuée de la plupart des sociétés.
Bien de tous et de chacun, le bien commun est mis en péril par le
nombrilisme et l'égoïsme qui habitent les Africains. Ne se souciant
pas de l'autre, une minorité s'approprie les privilèges dus
à tous les membres de la communauté. Ceci est favorisé par
l'attitude des dirigeants qui accèdent au pouvoir dépourvus de
vertu communautaire. Nous assistons à une situation où l'individu
a la primauté sur la communauté. La valeur de celle-ci et le sens
du bien commun perdent prise et reculent car la société est
devenue le lieu où une « forme d'individualisme
égocentrique et antisocial fait prévaloir les
intérêts particuliers sur le bien commun »31(*). Cette situation
crée des déséquilibres et fait des marginalisés qui
pour vivre vont revendiquer leur droit au bien commun.
Cette recherche du bien individuel au détriment du bien
commun trouve son corollaire dans la distribution des ressources issues des
efforts communs.
II.5.2. L'inégal
partage des ressources
L'essor du particularisme en Afrique a son prolongement dans
le partage des ressources issues des sacrifices communs. Pour assurer des
conditions de vie décentes, les peuples partageant une même aire
géographique doivent vivre une unité qui les conduit à
construire l'histoire. Au-delà d'une unité territoriale et
biologique, ces peuples doivent refléter une unité supra
individuelle. Cette unité en Afrique semble inexistante lorsqu'il s'agit
d'établir des équilibres pour partager les ressources, fruit de
l'effort de tous.
En effet, comme dans la danse des forts, les individualismes
se font jour. Les plus puissants sur le continent soumettent les petits et les
faibles pour tirer parti des richesses communes à leur propre fin.
Comment ne pas s'étonner que cette injustice et cette partialité
deviennent une règle sur le continent africain ? Des régions
entières et des peuples nombreux sont exclus et mis à
l'écart lors de la redistribution des retombées des sacrifices
collectifs. Entre deux parties d'une même nation, le fossé est
grand et béant : l'une prospère et se développe
rapidement, tandis que l'autre s'enfonce dans les profondeurs de la
misère. Où est passé le sens de la communauté et de
la solidarité, valeurs traditionnelles de l'Afrique ? Ce serait
juste de dire que l'Africain veut rentrer à son état primitif
où le sens du partage, de l'égalité n'était valable
que dans le groupe dont il était issu. Ce rejet de l'autre se manifeste
aujourd'hui en Afrique par l'abandon dont souffrent certains peuples de la part
de leurs gouvernants.
La justification de cette partialité cache un autre
facteur de conflit qui trouve son origine au sein de la société.
Il s'agit de nouveaux enjeux démographiques.
II.5.3. La mauvaise
maîtrise du boom démographique
L'évolution de chaque société est
liée à des profondes mutations. L'une des faces visibles de cette
métamorphose c'est la croissance de la population. Dans de nombreux
Etats du continent africain, le nombre d'habitants a presque doublé.
Ceci fait naître de nouvelles nécessités et des
défis majeurs : satisfaction des besoins physiques, affectifs,
intellectuels et culturels.
De par sa nature, l'homme aspire à un état
supérieur. Sa lutte constante consiste à effectuer
« le passage des conditions de vie moins humaines aux conditions
de vie plus humaines »32(*). Dans sa singularité et son dynamisme, la
personne humaine est tendue vers la plénitude. L'atteinte de cette fin
est conditionnée par la mise en place des structures favorables à
l'achèvement de l'homme et donc de la société tout
entière. Lorsque ces structures font défaut, l'avenir devient
incertain et la vie précaire. Ceci est le cas du continent africain
où la personne humaine n'arrive pas à satisfaire ses besoins
fondamentaux et à s'assurer un minimum de bien-être. Il n'a plus
de dignité et vit dans une peur et une inquiétude permanentes.
Afin de se munir d'une assurance et de pouvoir survivre, il fait la guerre
à l'autre.
Ce tableau des disparités sociales qui
génèrent les conflits est comme l'arbre qui cache la forêt.
Si les antagonismes existent bien à l'intérieur du tissu social,
cela est révélateur d'une source de conflit qui se cache en
l'homme et partout dans sa culture.
CHAPITRE 6
LES CAUSES
IDENTITAIRES ET
CULTURELLES
Souvent négligée ou même ignorée,
la question de l'identité et de la culture se révèle
aujourd'hui comme le berceau des conflits en Afrique. La considération
que l'Africain a de lui-même et le regard qu'il pose sur son frère
caressent des éruptions de violence. Celles-ci se situent au niveau
intersubjectif, ethnique et religieux.
II.6.1. le repli sur soi et
le rejet de l'altérité
L'Africain est soumis dans la relation qu'il entretient avec
l'autre à des égoïsmes. Les échanges qu'il a avec son
semblable sont marqués et teintés d'individualisme et du rejet de
l'autre. Pour l'homme africain, l'autre est un ennemi et non une source
d'enrichissement et d'épanouissement. C'est pourquoi, il cherche
à assimiler son frère, à l'absorber et même à
l'annihiler. L'Africain cherche au quotidien par tous les moyens
nécessaires à se conserver, il « trouve son compte
dans le malheur d'autrui »33(*), la disparition de celui-ci fait sa
prospérité.
A l'égard de l'autre, l'Africain entretient des
préjugés dévalorisants et dégradants qui, loin
d'élever son frère, le rabaissent et le diminuent. Tout ceci
vise à ravaler le mérite que l'autre peut avoir. Chacun se croit
au-dessus de l'autre et entretient un complexe de supériorité et
une grande outrecuidance34(*).
Ceci est une attitude réciproque que les hommes
africains ont entre eux. Les différences et les divergences sont
plutôt des fonds de commerce pour des oppositions et des luttes
violentes. Ainsi, naissent des rivalités incessantes qui se justifient
par le fait que l'Africain n'admet pas que l'homme dans sa constitution
métaphysique est limité et imparfait. Il est nécessaire
pour lui de s'ouvrir à l'altérité pour être
finalisé et atteindre son accomplissement.
L'homme africain refuse d'admettre l'autre, de le
reconnaître comme son semblable et son alter ego. Il se replie et se
referme sur lui-même. Il ne reconnaît pas l'autre comme personne
humaine et le regarde à travers le prisme déformant d'un
subjectivisme déshumanisant et diabolisant35(*). Chacun voulant valoriser son
humanité et exprimer son instinct de conservation, l'Afrique ne peut que
se transformer en pugilat géant.
II.6.2. Le mythe de la
culture et de la tribu
A la suite de l'enfermement sur soi qui caractérise
l'Africain, la question tribale et culturelle, manifeste de façon
retentissante les égoïsmes de l'homme africain. L'allégorie
et l'amplification que l'Africain cultive autour de sa tribu et de sa culture
est une donnée essentielle dans la compréhension des facteurs qui
agitent l'Afrique36(*).
En effet, l'Africain tient à sa culture, à sa
tribu et ne s'en cache point. Il voue à celle-ci un véritable
culte. Faisant d'elle un mythe, l'Africain pense que la culture à
laquelle il appartient est supérieure à toutes les autres et ne
peut rien recevoir d'elles. Convaincu de la pureté et du
caractère immaculé de sa culture, l'homme africain s'enferme dans
celle-ci et s'oppose à toute ouverture. Il pense que c'est sa culture
qui devrait être imposée aux autres. Ce refus de
l'interculturalité enferme l'Africain dans un isolement culturel ;
réalité qui ne peut que renforcer les clivages entre les peuples
et accroître le sectarisme, le népotisme et le tribalisme.
Cette exacerbation de la conscience culturelle nourrit chez
l'Africain le préjugé ombilical. Celui-ci fait croire que les
autres cultures relèvent simplement du barbarisme. C'est pourquoi au
niveau social, chacun « se sent une responsabilité
extrême pour sa région [culturelle] et s'emploie à
la développer de façon
préférentielle »37(*) au détriment des autres.
Même le partage d'une aire géographique par des
tribus de cultures différentes n'est pas sans oppositions. Ressemblant
davantage à un dîner avec le diable, ces ethnies ne partagent ni
les valeurs, ni les émotions encore moins des productions spirituelles.
La réticence très vivace à donner sa fille en mariage dans
une entité culturelle autre que la sienne illustre cette
hostilité ad libitum. C'est cette animosité que le poète a
entrevue quand il écrit :
« Le kota n'aime pas le
téké
Qui n'aime pas le vili
Qui ignore le Kassaï
Ils ont la chrétienté
Qui les rattache à Rome »38(*)
mais point à l'Afrique leur mère.
Cette coloration ethnique et culturelle des relations entre
africains « dresse des barrières de préjugés
qui renforcent l'isolement social »39(*) et qui entretiennent les antagonismes dans les
rapports quotidiens. La diversité et la différence culturelles
qui doivent être des sources d'enrichissement humain sont plutôt
des armes d'opposition.
II.6.3. La fielleuse
cohabitation interreligieuse
Réalité sous estimée ou fait
occulté, la dimension religieuse est rarement absente de nombre de
situations qui alimentent les conflits en Afrique. S'enracinant au sein d'une
tradition, la religion s'épanouit dans la communauté. Dans ce
contexte, la religion est appelée à servir l'intégration
dans une société en favorisant la convivialité sociale.
Elle doit aussi véhiculer l'accueil de la différence autant
culturelle qu'éthique.
Mais à l'intérieur des frontières
africaines, la coexistence des religions différentes rencontre des
difficultés dues à des graves hostilités
réciproques.40(*)
Et puisque la religion est véhiculée par une culture, il ne peut
en être autrement dans le cas de la coexistence interreligieuse. Avec des
enjeux culturels et même politiques, la diversité religieuse est
la tumeur privilégiée de l'enflement des antagonismes africains
du fait de « l'héritage du passé mal
intégré, à cause d'une connaissance et d'une
compréhension superficielle de la religion de l'autre et à cause
de l'intolérance religieuse, du fanatisme religieux, de la
méfiance et de la suspicion à
l'égard »41(*) des autres confessions religieuses.
Nous le voyons, le fondamentalisme intrépide et
militant de chaque religion, rejette les différences et la
fraternité inter religieuses.
Dans ces conditions, comment l'échange des
idées, la tolérance, l'ouverture spirituelle et la
réciprocité peuvent-ils s'épanouir ? Aussi, l'Afrique
sombre-t-elle dans l'opiniâtreté des spasmes qui agitent sa
stabilité.
Nous venons de faire un examen des facteurs
générateurs des conflits et des violences en Afrique. Des sources
politiques, sociales et culturelles, notre analyse nous a permis de nous rendre
à l'évidence que les égoïsmes, l'instinct de
conservation et l'individualisme sont la racine pivotante des luttes
africaines. Eu égard à cela, comment faire comprendre à
l'homme africain que de part sa nature limitée, il doit accepter l'autre
malgré sa différence pour atteindre son accomplissement ?
TROISIEME PARTIE
ALTERNATIVES PHILOSOPHIQUES
FACE AU DRAME DES CONFLITS
EN AFRIQUE
PRESENTATION DU PROBLEME
Dans la partie antérieure, nous avons pu identifier
les différentes sources des affrontements. Ceci nous a permis de
comprendre les origines des conflits africains. Cette étape était
nécessaire dans la mesure où nous avons pu poser le diagnostic de
la tragédie africaine afin de pouvoir en proposer une cure. Nous le
savons, nous ne pouvons prétendre guérir un malade si nous nous
trompons sur le diagnostic de son mal.
A ce niveau de notre réflexion, nous voulons
suggérer les voies idoines que les Africains devraient emprunter pour
juguler cette avalanche de déchirements que connaît le continent.
C'est grâce à cela que les relations entre africains loin
d'être hostiles, pourraient être empreintes d'aménité
et de tolérance. Aussi est-il opportun de souligner que dans le cadre de
la réflexion que nous menons, nous exclurons toute alternative qui vise
la destruction, la soumission de l'homme, et qui cherche à imposer la
paix par la force.
Nous ne nous intéresserons qu'aux alternatives qui
façonnent l'homme, l'élèvent, le respectent, le
valorisent, le conduisent à la vertu et à un dépassement
de son ego. A cet égard, l'éducation apparaît comme
l'antidote efficace pour réduire au maximum les désordres
existants en Afrique.
CHAPITRE 7
VERS UNE TRANSCENDANCE
DE L'INDIVIDU
L'individualisme et le rejet de l'altérité,
semblent être à n'en point douter les sources des conflits en
Afrique. Dépasser l'individu apparaît alors nécessaire pour
que les relations intersubjectives soient moins conflictuelles.
III.7.1. S'éduquer
à la réciprocité
L'éducation est le chemin que doivent emprunter les
Africains pour mettre fin aux individualismes. Elle est la voie par laquelle
l'individu meurt en lui et sort de ses cercles égoïstes. Pour ce
faire, l'Africain doit s'éduquer à la réciprocité.
Par celle-ci, l'individu cesse de se renfermer sur lui-même et s'ouvre
à l'autre malgré la différence qui les caractérise.
A cet égard, la société humaine cesse d'être un
champ de luttes des intérêts subjectifs pour devenir un lieu de
partage et d'échange.
Cette éducation à la réciprocité
doit amener les Africains à accéder à la valeur humaine
qu'est la solidarité. Si l'Africain s'approprie cette valeur, il pourra
désormais se dépasser et « s'ouvrir à tous
et oeuvrer pour tous dans un engagement personnalisé et
communautaire »42(*). Ainsi tout en gardant son individualité,
l'homme africain deviendra un être communautaire qui tait les
intérêts particuliers, générateur de luttes ;
pour faire prévaloir l'intérêt de tous. En
s'éduquant à la solidarité, l'Africain fera naître
en lui les qualités que sont : L'amour, la charité,
l'assistance et la parenté humaine. C'est alors que les individus
peuvent vivre ensemble, s'ouvrir mutuellement et s'engager à
édifier une Afrique plus humanisée. A ce titre,
l'éducation à la solidarité fonde la paix et appelle
à l'altérité.
Il faut que l'Africain s'éduque à
l'altérité pour dédramatiser le continent. Celle-ci convie
à une ouverture qui attribue à l'autre une place dans mon
être. Avec elle, l'homme africain reconnaîtra que le bien
être de l'Afrique passe par la contribution de tous et l'acceptation de
l'autre. Ainsi tous les Africains peuvent s'accueillir et s'unir sur l'unique
base universelle de leur identique nature et de leur égale
dignité. Et c'est au nom de cette altérité que les
Africains « sont appelés à dépasser les
différences qui les séparent qu'elles soient naturelles
(familles, tribus, ethnies, race...) ou conventionnelles (associations,
religions, nations) »43(*) pour rejoindre l'autre dans sa divergence, sa
particularité et construire une société universelle.
III.7.2. S'éduquer
à une conscience de la paix
L'analyse des causes des conflits nous a fait constater que
l'Afrique s'est bâtie une nouvelle culture : celle de la guerre et
de la violence. A l'origine de celle-ci, les appétits
démesurés, les passions non maîtrisées des
africains. Il faut donc transformer cette culture de l'agression en une culture
de la non violence et de la concorde.
Pour y arriver, l'homme africain doit s'éduquer
à la conscience de la paix. Dans son agir et dans son être, il
doit en faire son option fondamentale au quotidien. La paix est donc une
construction permanente. Plus que la corvée de Sisyphe dans la
mythologie grecque, elle est le travail de l'araignée
tissant sa toile. Ceci se fait dans un effort constant que l'Africain aura, de
se rapprocher de l'autre dans la vérité, la liberté, la
justice, la fraternité et le pardon.
Dans la vérité, l'Africain doit apprendre
à écouter l'autre et avoir le souci d'intégrer la part de
vérité dont il est porteur.
Dans la liberté, l'Africain doit se débarrasser
de ce désir et de cette volonté de tout ramener à lui,
à accumuler les avantages, l'argent, les richesses et le pouvoir. Ceci
doit le libérer de la peur qui diabolise l'autre et
« engendre les mécanismes de défenses que sont les
préjugés, les procès d'intention, les caricatures de
l'autre, les jugements dévalorisants, les discours xénophobes ou
racistes »44(*).
Dans la justice, l'Africain doit s'astreindre au respect de
certains droits et devoirs : Droit à l'éducation, à
la santé, au travail et au respect de la dignité humaine.
Dans la fraternité, l'Africain doit détruire les
murs qui le séparent des autres et les accueillir dans la grande famille
humaine qui est au dessus des liens naturels et conventionnels.
Dans le pardon, l'homme d'Afrique refusera de réduire
l'autre au seul acte qu'il a posé et acceptera de renouer une relation
avec lui. C'est grâce à cela qu'ils pourront ouvrir un horizon
nouveau et préparer de façon édifiante l'avenir.
Cette éducation à une conscience de la paix
devra amener l'Africain à avoir un respect aigu de « la
vie conçue, naissante, croissante et vieillissante (...) car l'avenir de
l'humanité dépend nécessairement »45(*) du prix accordé
à celle-ci.
La conscience de la paix à laquelle l'Africain doit se
former ne fait pas table rase du passé. Elle garde plutôt
éveillé la mémoire de ce dernier et le souvenir de
celui-ci « l'empêche de reproduire des tragédies qui
ont eu lieu dans le monde et l'aide à bien organiser la vie
sociale »46(*). Sans exclure les divisions et les rivalités,
mais seulement leur expression violente ; la conscience de la paix doit
dépasser la simple absence de troubles pour établir entre les
Africains une confiance réciproque et pérenne. C'est dans cet
état que ceux-ci peuvent tisser des liens sociaux et
« faire éclore les potentialités de chaque personne
qui peut alors se développer, s'affirmer et se
réaliser »47(*) pour le bonheur de tous.
III.7.3. S'éduquer
à la vertu et aux valeurs
Le déficit de vertu est observable chez
l'Africain48(*). Aussi
est-il porté à agir de façon excessive et
passionnée. Cette carence convie à une éducation à
la vertu prise ici dans le sens d'une disposition habituelle à
réaliser des actes moraux, à vouloir le bien et à le
faire.
Humainement, l'Africain doit s'éduquer à
pratiquer les quatre vertus cardinales que sont : La tempérance, la
prudence, la force et la justice49(*).
Il devra davantage s'approprier la prudence qui consiste dans
la force de l'esprit et dans la connaissance de la vérité.
Celle-ci lui permettra d'acquérir la prévoyance par laquelle il
peut éviter les dangers de la vie.
La justice, première vertu sociale devra aussi
être pratiquée. Elle permettra à l'Africain de se
décentrer de lui-même. Elle implique en fait toutes les autres
vertus sur lesquelles elle exerce une fonction ordonnatrice. Celle-ci aidera
l'Africain à reconnaître jusqu'à quel point il est
légitime de respecter autrui dans ses idées, ses sentiments, sa
liberté et sa propriété. Par l'exercice de la justice,
l'homme d'Afrique saura apprécier les mesures générales
qui s'impose à tous et permettent de bien attribuer les avantages
communautaires.
Au niveau politique, l'éducation à la vertu doit
cultiver en l'Africain « cet amour demandant une
préférence continuelle de l'intérêt public au sien
propre »50(*). Cet amour est le principe de la république et
de la démocratie. Cela exige de l'Africain une prédilection pour
l'Etat et non pour son propre salut. Ceci n'est pas facile car il est question
de renoncer à soi-même pour faire des actions utiles aux
autres.
En outre, l'homme africain devrait s'éduquer à
la valeur suprême et sacrée qu'est la vie. Celle-ci est ce par
quoi la personne humaine arrive dans le monde et existe. Par elle l'homme se
réalise et s'accomplit dans l'histoire de façon
singulière. A ce titre, il faudrait savoir que la vie est
précieuse et revêt un caractère inviolable. Il s'agit de
prendre conscience que « la vie est une caractéristique
fondamentale de la condition sociale de la personne humaine. Sans elle, la
famille, la société (...) n'existeraient pas (...). Elle est tout
et sans elle rien n'est »51(*). Il est dès lors question de cultiver la vie,
de la faire épanouir en évitant de l'agresser et de l'annihiler.
La nature ayant horreur du vide, la vie apparaît comme cette
« victoire de l'être sur le
néant »52(*). Loin de la supprimer, il faut pour l'Africain
apprendre à perpétuer la vie.
L'Africain est convié à sortir de
lui-même. Se transcender revient pour lui à dépasser cet
amour exclusif et excessif qu'il a de sa personne. C'est la voie pour ne plus
subordonner l'intérêt de l'autre au sien propre et de juger tout
de ce seul point de vue. Cette tâche est individuelle mais fait aussi
appel à une oeuvre communautaire et collective au niveau identitaire.
CHAPITRE
8
DEPASSER LES DIVERGENCES
IDENTITAIRES
En plus du renoncement à soi qui s'impose à
l'Africain, les différences identitaires exigent un surpassement.
L'oeuvre d'éducation doit s'opérer au triple plan des
identités culturelles, ethnico tribales et religieuses.
III.8.1.
S'éduquer à la transculturalité
La fermeture mutuelle des identités culturelles nous
l'avons dit est à l'origine de l'écartèlement dont souffre
l'Afrique. Tout l'enjeu est là : comment faire converger ces
divergences pour une existence harmonieuse sur le continent ?
L'éducation à la transculturalité doit
consister à dépasser la dimension conflictuelle des cultures
actuelles qui est liée à leur nature nationale. Cette
éducation doit aussi oeuvrer pour une ouverture de chaque culture
à « d'autres identités culturelles dans la
quête commune des idées universellement valides et
transculturelles »53(*). Cette ouverture des identités culturelles
particulières devrait se comprendre au sens du rapport que
l'universel entretient avec le particulier. Il est donc question d'aller
au-delà des bornes géographiques et des liens
génétiques ; car la vocation de la culture est d'aller
« au-delà de l'unité territoriale et biologique qui
définit la nation »54(*) pour valoriser l'homme et le mettre au centre de
tout. Le défi majeur de cette transculturalité est de
considérer l'homme africain blessé pour le restaurer dans sa
dignité.
L'éducation à cette supra culture répond
à cette « aspiration plus profonde et plus
universelle : les personnes et les groupes ont soif d'une vie pleine et
libre, d'une vie digne de l'homme »55(*). Or nous l'avons relevé
dans notre réflexion, la blessure systématique des droits de
l'homme en Afrique est une réalité, les systèmes
tyranniques et les structures injustes sont existants. La tâche de cette
transculturalité est d'inculquer à l'Africain
l' « idée de l'homme comme icône à la
fois de l'humanité et d'une réalité
surnaturelle »56(*). Il s'agit de faire connaître à
l'Africain que son frère est porteur et représentant
« d'une humanité supra-culturelle conçue comme
transcendantal des idéaux
d'universalité »57(*).
Cette conscience d'une humanité supra-culturelle
appelle une interculturalité par laquelle les cultures peuvent dialoguer
et échanger. Dans ce dialogue, chaque culture est vivifiée parce
qu'elle reçoit des moments et des impulsions d'autres cultures qu'elle
doit s'approprier. C'est cet échange qui participe du processus
d'individuation dans lequel les individus cherchent à atteindre leur
individualité spirituelle ou leur liberté de
création58(*).
Seulement, la supra-culture à bâtir serait
parcellaire si elle ignorait l'assise spirituelle de l'homme. Le danger est de
construire une transculturalité de l'homme de manière
unidimensionnelle. Il ne faudrait pas perdre de vue que la
spécificité de l'homme tient aussi à sa dimension
spirituelle. Celle-ci relie l'homme à « une valeur phare
qui le guide et qu'il suit, qui le mobilise tout entier, habite en lui et
donne raison et sens à toute activité et à tout
être »59(*). Ce fondement spirituel sur lequel la supra culture
devrait reposer donnera toute sa plénitude et une splendeur originale
à cette entreprise. C'est ainsi que l'homme parviendra à son
développement intégral.
III.8.2. Surpasser la
conscience ethnico-tribale
Nos analyses précédentes nous ont rendu à
l'évidence de l'hostilité que se vouent les ethnies africaines.
L'attachement à la tribu et au lien de sang s'est exacerbé.
Chaque culture croit à sa suprématie. Ceci crée
l'isolement et l'exclusion que nous dénonçons60(*).
L'homme d'Afrique devrait s'éduquer à un
échange et à l'accueil interethnique. Ceci est un
« facteur de rapprochement entre les êtres, en visée
d'égalité, de fraternité, de compréhension mutuelle
et donc comme instrument de lutte contre le repli sur soi, le rejet de
l'autre »61(*). Cette atténuation de la conscience tribale
chez l'Africain brise l'autarcie et fait tomber les murs de l'enfermement
ethnique. Ce rapprochement valorise l'homme indépendamment de son
extraction tribale. C'est à cela que l'Afrique est conviée pour
apparaître indivise, massifiée, « solidaire
dans l'égalité des chances et où les communications
interpersonnelles et inter sociétales auront une place de
choix »62(*).
L'exaspération de la conscience ethnico tribale a
conduit le tissu social africain dans les lacunes que sont «
le régionalisme et le népotisme dans lesquelles
l'individu à cause de la pression sociale et mû par
l'intérêt individualiste régional, se sent une
responsabilité extrême pour sa région et s'emploie à
la développer de façon
préférentielle »63(*). Ces tares conduisent au rejet des autres, à
la négation de l'humanité qui est en eux et portent un coup dur
au lien social avec des conséquences désastreuses. Sans
déconseiller l'attachement à sa tribu qui d'ailleurs est
légitime, le surpassement de la conscience ethnique et tribale devrait
permettre à l'Africain de s'appuyer sur sa communauté d'origine
pour le développement de la nation entière. Ceci pourrait faire
régresser cette outrecuidance qui existe entre les ethnies africaines
pour les établir dans une crédibilité
réciproque.
III.8.3. Se soumettre
à la tolérance religieuse
L'homme nous l'avons dit a une dimension matérielle et
spirituelle. Comme esprit, il fait de la religion en déployant une
activité intérieure qui le met en communion avec la
transcendance. Comme telle, la religion est un fait individuel mais aussi
communautaire car se vivant dans un groupe. Ceci crée donc un pluralisme
religieux qui en Afrique est une réalité.
Seulement, la coexistence de plusieurs religions est cause
d'affrontements et de luttes. D'où la nécessité
d'apprendre et de se soumettre à la tolérance religieuse.
Celle-ci favorise la cohabitation pacifique de plusieurs religions et suscite
le respect de l'autre.
Cet apprentissage de la tolérance religieuse met un
frein à des attitudes subversives, telles que le fanatisme, les guerres
de religions et l'extrémisme pour faire prévaloir la
liberté religieuse qui « consiste en ce que tous les
hommes doivent être soustrait à toute contrainte de la part soit
des individus, soit des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce
soit »64(*). C'est dire que chaque religion doit exister sans
crainte ou sans chercher la répression quelconque d'une autre religion.
Cette absence de contrainte devrait se faire dans le respect et la
responsabilité eu égard à la personne humaine. Car comme
valeur et liberté, l'homme a ses convictions religieuses et ne devrait
pas être persécuté au non de celles-ci. Rejeter la
différence religieuse est l'expression d'une volonté
hégémonique.
Cette tolérance religieuse qui est à construire
devrait se faire dans le dialogue entre les religions. Ce dialogue implique
une connaissance mutuelle entre religions et une promotion globale de l'homme.
Celui-ci lorsqu'il est bien mené fait parvenir à une
« compréhension mutuelle (...) à cette ouverture
entre croyants et religions différentes, en vue de la
paix »65(*). Sans vouloir assimiler l'autre, la tolérance
religieuse harmonise et rend fructueuses les différences et les
similitudes religieuses, qui lorsqu'elles sont mises ensemble, favorisent la
consolidation de la société et l'intégration des
différents membres.
Revoir la relation avec l'autre, ce qu'il est pour moi,
voilà les enjeux qui interpellent l'Afrique. L'acceptation de l'autre,
le retrouver dans sa divergence est une nécessité pour que
l'exister sur le continent soit moins conflictuel.
CONCLUSION
GENERALE
La réflexion que nous menons est
arrivée à son terme. Que pouvons nous dire à la fin de ce
travail? Il était question au cours de nos investigations de voir
comment le quotidien en Afrique peut être exempt de tout
déchirement, de toute lutte, mieux comment faire pour que les Africains
cessent de se poser en consciences conflictuelles dans leur existence sur leur
continent. A travers la méthode analytico-critique, nous nous sommes
attelés à montrer l'existence des conflits en terre africaine.
Ils sont de plusieurs types, revêtent des spécificités
différentes selon qu'ils sont politiques, personnalisés et
identitaires. Leurs conséquences sur le continent africain sont diverses
mais se font plus ressentir par la négation de l'humanité qui est
en l'homme. A l'origine de ce sombre visage que présente notre
continent, l'intolérance politique, les disproportionalités
sociales et davantage le refus de la différence.
En effet, notre réflexion nous a permis de savoir que
le désir immodéré du bien et le penser à l'autre
sont des sources de tensions. La crispation des différences
identitaires en Afrique charrie des antagonismes énormes. Il n'y a pas
cependant à désespérer. D'où l'urgence de
construire une Afrique dédramatisée. Ceci passe par la
révision du rapport avec autrui et la transcendance des
particularismes. Cela invite l'Africain à dépasser les liens de
sang pour aller vers les liens spirituels afin de rencontrer l'homme en tant
qu'Homme. Sans nier les appartenances ethniques66(*), l'Africain doit courir vers l'essentiel qui est
l'Homme indépendamment des extractions tribales. Pour cela, l'Africain
devrait accepter l'autre comme présence inaliénable et comme
alter ego. En tant que tel il est à la fois semblable et
différent de moi. Comme mon semblable, il est une personne humaine et
un être raisonnable au même titre que moi. Différent de moi,
l'autre est une subjectivité qui a sa vision du monde. Cette
différence avons-nous dit devrait être acceptée pour un
vivre-ensemble harmonieux en Afrique. Il faut dès lors considérer
la différence comme une voie d'enrichissement et
d'épanouissement. L'homme comme animal social a besoin des autres pour
se réaliser et pour être reconnu comme personne humaine. Cette
reconnaissance passe par la négation de l'individu qui est enfermement
et repli sur soi pour parvenir à la personne qui est ouverture.
Notre réflexion nous a permis de savoir que la paix
est un bien précieux et fondamental pour l'Afrique. Il est alors urgent
de la réaliser.
Beaucoup de compétences diplomatiques, politiques et
économiques oeuvrent pour la bâtir. Cela est observable à
travers les nombreux congrès, sommets et colloques. Mais ceci ressemble
davantage à la corvée de Sisyphe dans la mythologie grecque.
C'est pourquoi, une lumière philosophique sur les conflits est un nouvel
apport pour donner à l'Afrique un visage gai. S'appuyant sur le fait que
l'homme est fondamentalement un être d'ouverture, tension vers
l'autre67(*), nos analyses
nous ont donné de constater que l'interculturalité doit
être effective. Celle-ci doit dépasser le simple cadre des voeux
pieux pour se concrétiser. Il faudrait donc construire une culture de la
tolérance et de la non violence comme force de l'âme et de
l'esprit pour combattre toute oppression.
BIBLIOGRAPHIE
I - OUVRAGES PHILOSOPHIQUES ET GENERAUX
? BERE Z. « Quelle culture pour le devenir de
l'homme aujourd'hui en Afrique ? »
in NDINGA G., Relecture critique des origines de la philosophie et
ses enjeux pour l'Afrique, MENAIBUC, Bonneuil, 2005,
pp.238- 258.
? BIYITI BI ESSAM J.P., « Le défi de la
vie » in MENDO ZE G., 20 défis pour le
millénaire, François-Xavier de
Guibert, Paris, 2000,
pp.361-388.
? KAPUMBA AKENDA J.C., « La philosophie et les
identités culturelles
africaines » in NDINGA G., Relecture critique
des origines de la
philosophie et ses enjeux
pour l'Afrique, MENAIBUC, Bonneuil, 2005,
pp.280-303.
? MBARGA J, Valeurs humaines, valeurs morales, Groupe
éthique, Yaoundé, 2002, 176 p.
? MENDO ZE G.- MBARGA G., « Le défi de
l'école » in MENDO ZE G., 20
défis pour le
millénaire, François-Xavier de
Guibert, Paris, 2000, pp.67-86.
? MENDO ZE G., « Le défi des
mentalités » in MENDO ZE G., 20 défis pour le
millénaire,
François-Xavier de Guibert, Paris, 2000 pp.35-56.
? MONTESQUIEU C., De l'esprit des lois, Classiques
Larousse, Paris, 1933, 210 p.
? MVENG E., « paupérisation et
développement » in Terroirs, n°001, Gerdes,
Yaoundé, mai 1992, pp.11-119.
? NDONGO C., « Le défi de la paix »
in MENDO ZE G., 20 défis pour le
millénaire, François-Xavier de Guibert, Paris, 2000,
pp.361-388.
? OTO J., Le drame d'un pays, CLE, Yaoundé,
1979, 136 p.
? ROUSSEAU J.-J., Du contrat social, classiques
Larousse, Paris, 1953,115 p.
Discours sur l'origine
et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes, Nathan, Paris, 1981,159 p.
? SINDAYIGAYA J.-M., Mondialisation, le nouvel esclavage
de l'Afrique,
l'Harmattan, Paris, 2000, 268 p.
? SPECTOR C., le pouvoir, GF Flammarion, Paris, 1997,
229 p.
? ZANGA A., L'OUA et le règlement des
différends, ABC, Paris, 1987, 214 p.
II - DOCUMENTS DU MAGISTERE
?VATICAN II, « Constitution
Dignitatis Humanae » in Les seize documents
conciliaires, Fides, Montréal, 1967, pp.
555-572.
« Constitution Gaudium et spes » in Les seize
documents conciliaires, Fides,
Montréal, 1967, pp. 176-272.
? JEAN PAUL II, Exhortation Apostolique Ecclesia in
Africa, AMA, Yaoundé, 1995,
156 p.
? PAUL VI, Lettre encyclique Populorum Progressio,
Fides, Montréal, 1967, 32 p.
III - REVUE
? La Documentation catholique, n° 2321, 3
octobre 2004.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
I
REMERCIEMENTS
II
EPIGRAPHE
III
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : DE L' EXISTENCE DES CONFLITS EN
AFRIQUE
4
PRESENTATION DU
PROBLEME...........................................................5
CHAPITRE 1 : TYPOLOGIE DES CONLITS EN AFRIQUE
6
I.1.1. En fonction des auteurs des conflits
6
I.1.2. En fonction de leur objet
6
I.1.3. En fonction du degré d'intensité des
conflits africains
7
CHAPITRE 2 : CARACTERISTIQUES DES CONFLITS AFRICAINS
8
I.2.1. Les conflits africains sont politiques
8
I.2.2. Les conflits africains sont personnalisés
9
I.2.3. Les conflits africains sont identitaires
10
CHAPITRE 3 : LES CONSEQUENCES DES CONFLITS SUR LES
PEUPLES AFRICAINS
11
I.3.1. Les conséquences politico-économiques
11
I.3.2. Les conséquences sociales
12
I.3.3. Les conséquences anthropologiques
14
DEUXIEME PARTIE : LES CAUSES DES CONFLITS
16
PRESENTATION DU
PROBLEME.........................................................17
CHAPITRE 4 : LES CAUSES POLITIQUES
18
II. 4.1 Le dépeçage et la balkanisation de
l'Afrique
18
II. 4. 2. L'ingérence des grandes puissances
19
II. 4. 3. Le déficit démocratique et la
régionalisation du pouvoir
20
CHAPITRE 5 : LES CAUSES SOCIALES
22
II.5.1. La répartition disproportionnée du bien
commun
22
II.5.2. L'inégal partage des ressources
23
II.5.3. La mauvaise maîtrise du boom démographique
24
CHAPITRE 6 : LES CAUSES IDENTITAIRES ET CULTURELLES
25
II.6.1. Le repli sur soi et le rejet de l'altérité
25
II.6.2. Le mythe de la culture et de la tribu
26
II.6.3. La fielleuse cohabitation interreligieuse
28
TROISIEME PARTIE: ALTERNATIVES PHILOSOPHIQUES FACE AU
DRAME DES CONFLITS EN AFRIQUE
29
PRESENTATION DU
PROBLEME.........................................................30
CHAPITRE 7 : VERS UNE TRANSCENDANCE DE L'INDIVIDU
31
III. 7. 1. S'éduquer à la réciprocité
31
III. 7. 2. S'éduquer à une conscience de la paix
32
III.7. 3. S'éduquer à la vertu et aux valeurs
34
CHAPITRE 8 : DEPASSER LES DIVERGENCES IDENTITAIRES
36
III.8.1. S'éduquer à la
transculturalité
36
III.8.2. Surpasser la conscience ethnico-tribale
38
III.8.3. Se soumettre à la tolérance religieuse
39
CONCLUSION GENERALE
42
BIBLIOGRAPHIE
44
TABLE DES MATIERES
46
* 1 C. NDONGO, « Le
défi de la paix », in G. MENDO ZE, 20 défis pour le
millénaire, Paris, François-
Xavier de Guibert, 2000, p. 366.
* 2 Père Vincent CABANAC,
« L'Afrique peut guérir » in La Documentation
catholique, n°2321, 3 octobre 2004, p. 801.
* 3 C. NDONGO, Op.
cit., p. 366.
* 4 A. ZANGA, L'OUA et le
règlement pacifique des différends, Paris, ABC, 1987, p.
82.
* 5 Id.
* 6 C. NDONGO, Op.
cit., p. 367.
* 7 A. ZANGA, Op.
cit., p. 82.
* 8 Id.
* 9 A. ZANGA, Op. cit.,
p. 77.
* 10 Id, p. 81.
* 11 E. MVENG,
« Paupérisation et développement en
Afrique », in Terroirs, n°001, Ydé, Gerdes
publications, mai 1992, p. 111.
* 12 Id., p. 116.
* 13 Ibid., p. 117.
* 14 Cf. J. M. SINDAYIGAYA,
Mondialisation, le nouvel esclavage de l'Afrique, Paris, L'harmattan,
2000, p. 205.
* 15 L'autre Afrique
n°95 cité par G. MENDO ZE - G. MBARGA, « Le défi
de l'école », in 20 défis pour le
millénaire, Paris, François-Xavier de Guibert, 2000, p.
80.
* 16 Cf. G. MENDO ZE - G.
MBARGA, Op. cit, p. 81.
* 17Mgr. Jean-Pierre,
« En revenant de l'Afrique des grands lacs » in La
Documentation catholique, 3 octobre 2004, n° 2321, p. 825.
* 18 Id.
* 19 E. MVENG, Op.
cit., p. 118.
* 20 Message du Cardinal Renato
Raffacle Martino, « A vos côtés dans cette lutte pour la
dignité » in La Documentation catholique, 3 octobre
2004, n° 2321, p. 820.
* 21 E. MVENG, Op.
cit., p. 119.
* 22 A. ZANGA, Op.
cit., p. 26.
* 23 A titre
d'illustrations, on peut signaler qu'entre autre cas, le procédé
astronomique servit à démarquer l'Egypte et le Soudan
grâce au 22e parallèle de latitude Nord, et que le
procédé géométrique délimita le
Niger et la Libye, l'Ethiopie et les Somali française, britannique et
italienne.
* 24 J.J ROUSSEAU, Du
contrat social, Paris, Classiques Larousse, 1953, p. 24.
* 25 E. MVENG, Op.
cit., p. 115.
* 26 J. J. ROUSSEAU, Op.
cit., p. 34.
* 27 C. SPECTOR, Le
pouvoir, Paris, GF Flammarion, 1997, p. 212.
* 28 Id., p. 213.
* 29 J.J ROUSSEAU, Op.
cit., p. 34.
* 30 J. OTO, Le drame d'un
pays, Yaoundé, CLÉ, 1979, p. 104.
* 31 J. MBARGA, Valeurs
humaines, valeurs morales, Groupe éthique, Yaoundé,
2002, p. 125.
* 32 Paul VI, lettre
encyclique Populorum Progressio, 1967, nn. 20-21.
* 33 J.-J. ROUSSEAU,
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes, Paris, Nathan, 1983, p.
107.
* 34 Ceci s'illustre par le
mépris et la condescendance que les uns ont vis-à-vis des autres.
Chacun voulant jouer les premiers rôles fait prévaloir
son ego.
* 35 L'Africain se prend
pour la norme et le nombril du monde à partir de desquels tout devrait
se rapporter. Et le regard qu'il pose sur l'autre le réduit
simplement à un état d'infra humanité ou à un
démon à fuir.
* 36 Chaque Africain
considère la culture et la tribu auxquelles il appartient comme des
acquis hérités d'une révélation des dieux.
A ce titre il considère que sa culture est immaculée et nourrit
à l'égard des autres un complexe de
supériorité.
* 37 Z. BERE,
« Quelle culture pour le devenir de l'homme aujourd'hui en
Afrique ? », in G. Ndinga,
Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour
l'Afrique, Bonneuil, MENAIBUC, 2003, p.
254.
* 38 TCHIKAYA U TAM'SI
cité par J. P BIYITI BI ESSAM, « Le défi de la
vie », in G. MENDO ZE,
20 défis pour le millénaire, Paris,
François-Xavier de Guibert, 2000, p. 20.
* 39 G. MENDO ZE,
« Le défi des mentalités », in G. MENDO ZE,
20 défis pour le millénaire, Paris,
François de Guibert, 2000, p. 54.
* 40 Cf. Jean Paul II,
Exhortation apostolique Ecclesia in Africa, n°49.
* 41 J. MBARGA,
Op.cit., p. 51
* 42 Z. BERE, Op.
cit., p. 249.
* 43 J. MBARGA, Op.
cit., p. 51.
* 44Mgr. Jean-Pierre RICARD,
« Ensemble au chevet de la paix » in La Documentation
catholique, 3 octobre 2004, n° 2321, p. 831.
* 45 J. MBARGA, Op.
cit., p. 36.
* 46 Id.
* 47 Ibid., p. 135.
* 48 Aussi bien de la part
des dirigeants que des citoyens africains, nous constatons qu'il manque cet
habitus à poser des actes bons et orientés vers le bien
tant communautaire qu'individuel. Il y a certes des exceptions. Mais
celles-ci viennent plutôt confirmer notre observation.
* 49 Pour ce qui est de
notre travail, seules la prudence et la justice nous intéressent.
* 50 C. DE MONTESQUIEU, De
l'esprit des lois, Paris, Classiques Larousse, p. 251.
* 51 J. MBARGA, Op.
cit., pp. 33-34.
* 52 Id., p. 34.
* 53 J.C KAPUMBA, Op.
cit., p. 287.
* 54 Id., p. 286.
* 55 Gaudium et Spes,
n° 3.
* 56 J.C. KAPUMBA AKENDA,
Op . cit., p. 295.
* 57 Id., p. 296.
* 58 Cf. Ibid., p.
288.
* 59 Z. BERE, Op.
cit., p. 255.
* 60 Au Cameroun par exemple
que dans les administrations, le service ne profite qu'à ceux qui sont
de la même ethnie que le ministre au grand mépris des exigences de
la compétence et du mérite. La vague de remerciements et de
motions de soutien qui suivent la nomination de ce dernier témoigne de
la reconnaissance exclusive que celui-ci doit à sa tribu. Aussi
s'entend-t-on souvent par quelques compatriotes « nous sommes en
haut ».
* 61 F.X. DAMINBA, Essayer
la folie pour voir. Risque et prudence des Moose, cité par Z. BERE,
Op. cit., p. 254.
* 62 Id.
* 63 Ibid.
* 64 Dignitatis
Humanae, n° 2.
* 65 J. MBARGA,
Op.,cit., p. 166.
* 66 Nous ne rejetons pas les
liens de sang. Ils sont mêmes à considérer dans la mesure
où il faut être soi pour accueillir l'autre. Mais nous
invitons à une purification et à une spiritualisation de ceux-ci.
* 67 Les cinq organes de sens
de l'homme au plan physique, orientés vers l'extérieur
l'illustrent.
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