Quel questionnement philosophique sur les conflits en Afrique ?( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MOUTI NDONGO Grand seminaire - Fin cycle de philosophie 2006 |
DEUXIEME PARTIELES CAUSES DES CONFLITSPRESENTATION DU PROBLEME La partie précédente nous a permis de nous rendre à l'évidence de l'effectivité des conflits sur le continent africain. Cela était nécessaire dans la mesure où pour parler d'une réalité, il faut être certain de son existence. Ainsi nous avons pu prendre connaissance des types de conflits qui agitent l'Afrique, de leur spécificité et des conséquences que ceux-ci ont sur l'ensemble du continent africain. La réflexion que nous conduisons veut à ce stade mettre en lumière la réalité que constituent les conflits. Pour y arriver, il nous faut cerner l'ensemble des conditions des violences. Nous voulons comprendre et élucider ce qui fait que la vie des communautés humaines en Afrique soit une source d'agression et de luttes. Ceci va nous conduire à une analyse des facteurs qui rendent hostile la cohabitation des hommes sur le continent africain. Dans le cadre de notre travail, nous allons arrêter une trilogie de facteurs qui mettent la paix en péril sur le continent. Pour ce faire, nous distinguerons des causes qui vont de la gestion des hommes, de leur vie dans la communauté jusqu'à leur identité. CHAPITRE 4LES CAUSES POLITIQUESNous allons ici nous intéresser aux facteurs se rapportant à l'organisation de la vie collective et à l'exercice du pouvoir. Nous voulons comprendre comment ils arrivent à être à l'origine d'antagonismes. Notre analyse à ce niveau va s'articuler autour de la convoitise des grandes puissances pour l'Afrique et de la gestion du pouvoir. II. 4.1 Le dépeçage et la balkanisation de l'AfriqueFait historique, la colonisation a légué à l'Afrique des frontières artificielles. Exclusivement réalisé sur la carte et non sur le terrain, un tel découpage ne pouvait être que vague et approximatif. Ayant rassemblé sur une même aire géographique des peuples épars et hostiles, un tel découpage a formé non pas des sociétés mais des agrégations. Les hommes ainsi mis ensemble ont formé des groupes où « la conscience nationale et le vouloir le vivre-ensemble sont inexistants »22(*). Et puisque les hommes lorsqu'ils sont arrachés à leurs racines sont enclins à s'attaquer et à se détruire, l'on comprend aisément la naissance des antagonismes au sein des sociétés africaines. Usant soit du procédé astronomique qui fixe la frontière suivant un degré de méridien ou de parallèle, soit du procédé géométrique qui se contente de suivre des lignes rectilignes, soit à un degré moindre des limites naturelles.23(*) Ce partage a donc exacerbé les particularismes qui habitent la nature humaine. Et en l'absence d'une forme «d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui même, et reste aussi libre qu'auparavant »24(*), l'on a eu droit à une forme de division pour mieux gouverner et exploiter. C'est alors que les peuples ne pouvaient que sombrer dans les querelles entretenues par la méfiance et la rivalité qui caractérisent la nature humaine. Il faut admettre que chaque peuple est foncièrement enclin à prendre l'offensive en vue de son profit, de sa sécurité et de sa réputation. Arbitrairement façonnée, cette délimitation du continent ne pouvait que préparer le lit à l'impérialisme occidental. La logique de celui-ci était de semer la discorde afin de s'installer et de régner. * 22 A. ZANGA, Op. cit., p. 26. * 23 A titre
d'illustrations, on peut signaler qu'entre autre cas, le procédé
astronomique servit à démarquer * 24 J.J ROUSSEAU, Du contrat social, Paris, Classiques Larousse, 1953, p. 24. |
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