« Me trompe qui pourra, si est-ce qu'il ne
saurait faire que je ne sois rien, tandis que je penserai être
quelque chose ; ou que quelque jour, il soit vrai que je n'aie jamais
été, étant vrai maintenant que je suis. »
IIIème
Méditation AT IX, page 28
DEDICACE
A mes très chers Parents, Fédor Isantu et Maria
Lamba ;
Ames frères Jules Isantu et Hedda Isantu ;
A mes soeurs Sylvie Isantu et fatou Isantu ;
A mon amie Anthonella Malika ;
Je dédie ce travail.
AVANT- PROPOS
Pour terminer le premier cycle d'études universitaires
en RDC, il est prescrit à chaque étudiant de produire une
réflexion sur un thème de son choix dans un domaine scientifique
de sa filière. Pour ce qui nous concerne, nous avons opté
d'effleurer l'univers du son à travers un sujet intitulé :
La dimension esthétique de la voix du
« chanteur de charme » dans la musique
électroacoustique moderne congolaise.
Pour réaliser ce travail de fin de cycle, nous avons
bénéficié d'un soutien scientifique de premier ordre du
professeur Evariste Kasongo Ibanda. A travers ces mots, nous lui adressons nos
remerciements les plus considérables. Ces mêmes remerciements,
nous les adressons à tous les membres du corps professoral du
Département de la Communication et de la faculté, entre autres
aux professeurs Léonce Bouka Yembi et Charles Mbadu. Nous remercions par
le même fait tous les encadreurs scientifiques du Département,
plus particulièrement l'Assistant Mwepu. Nous avons aussi
bénéficié du soutien technique du Centre Informatique
« Moni Mambu » et des studios d'enregistrement MECO. A
toutes ces instances, nous adressons notre gratitude la plus sincère.
Nous aurons été ingrats si nous taisons la
chaleur de laquelle nous sommes entourés au milieu de tous les amis de
la promotion et de tous les autres étudiants de toutes les promotions du
Département. Avec eux, nous avons formé une famille qui partage
science et savoir et aussi joie et douleur. Avec eux, nous pensons avoir
lutté pour que notre institution [ce Département qui nous est si
cher] se construise une image, image qui à travers ce modeste travail,
ainsi ceux de tous les étudiants devrait être redorée.
Nous ne nous engagerons pas à les citer tous de peur
d'en oublier les plus chers. Mais, nous tous savons fort bien, que nous nous
portons dans les coeurs. De même, nous avouant d'ores et
déjà humain, prions tous nos lecteurs de bien vouloir
considérer cette esquisse comme le commencement d'une oeuvre dont les
imperfections n'attendent que les sages conseils de toutes parts pour tendre
vers l'amélioration.
De toutes les façons, par tous les mots de toute cette
page, nous avions eu l'intention de vous dire à vous tous, simplement
Merci, il se peut que nous ne sachions pas le faire. Que tous ceux qui nous
lirons nous comprennent, nous ne cesserons de les remercier et de vous
remercier pour toute attention que vous nous accorderez. En attendant vos
conseils et suggestions, nous pensons pouvoir très bien vous dire :
Merci ! ! !
IssahJedidiah
OBJECTIFS ET BUT
Le présent travail se situe dans le champ de la
communication esthétique. Elle se donne pour objectif d'explorer la
dimension communicative et esthétique de la voix du « chanteur
de charme » ; Ceci, à travers quelques chansons-types de
la musique électroacoustique 1(*) moderne de la République Démocratique
du Congo.
Le concept de « chanteur de charme »
revêt ici une acception qui s'éloigne de son sens coutumier,
lequel devrait se rapprocher de ce que Fonagy appelle « la voix
caressante » qui berce le partenaire, qui
« l'enchante par une sorte d'hypnose maternelle (...) pour l'amener
vers les profondeurs d'une union complète qui restaure le paradis perdu
que l'enfant retrouve sur le sein de sa mère » 2(*)
Par ailleurs, la dimension polémique des conservations
congolaises, qui a atteint un niveau alarmant, a collé à ce
concept une autre signification. Celle-ci a trait à ce que l'on dit en
chantant. Autrement dit, le contenu des paroles égrenées par le
chanteur, dont le romantisme nous emballerait et nous caresserait l'esprit.
De tout ce qui précède, il se dégage que
les mélomanes congolais sont convaincus que la voix peut revêtir
une dimension esthétique qui produit des affects et (re) suscite des
représentations au niveau des sentiments qui dorment en nous. Ces
affects et ces représentations constituent ce
fameux « charme » qui passe par l'oreille.3(*)
Tentant de répondre à la question de savoir
à quel niveau s'établit cette communication entre un
artiste-musicien et un auditeur, Roland Barthes décrit la jouissance
(qui s'installe pendant l'audition ) comme une de communication
immédiate entre le corps de l'auditeur et le corps interne de
l'interprète présent dans le « grain de la voix du
chanteur »4(*).
Pierre Bourdieu critique cette position de R. Barthes. Pour lui, cette
communication s'établit plus entre le corps interne de
l'interprète et le corps interne de l'auditeur par le jugement social se
fondant sur l'habitus culturel. Nous y reviendrons.
Pour le moment, affirmons que la finalité de ce travail
est de situer le fondement esthétique et objectif de la communication
esthétique quand elle est médiée par la voix
chantée du « chanteur de charme ». Cette
préoccupation devrait permettre d'appréhender scientifiquement
les constituants du charme vocal chez les Congolais, et au besoin, les rendre
reproductibles dans des conditions semblables.
Ce travail ne prétend pas faire une taxinomie des
chanteurs de charme. Mais il tente d'établir les bases identificatoires
du charme dans l'univers culturel congolais. En d'autres mots, il tente de
répondre à la question de savoir si les voix déjà
entendues de la musique congolaise, que l'on qualifie de charmantes, peuvent
être justifiables d'un cadre théorique de perception qui pourrait
les décrire. La question principale demeurant comme nous l'avons dit,
celle de savoir si le charme vocal peut s'objectiver et être
reproductible.
Il convient de noter aussi que ce travail n'est pas celui d'un
musicien. Il n'est qu'un simple regard de communicologue posé sur un
phénomène musical, pour analyser le type de communication qui
s'établit entre un destinateur : le musicien-interprète et
ses auditeurs, communication destinée à produire des effets
esthétiques pouvant être qualifiés de
« charmants ».
Ainsi nous pensons pouvoir atteindre notre objectif si,
à l'issue de ce travail, nous arrivons à déterminer les
éléments qui fondent une voix de charme ; et si ces
éléments peuvent être vérifiés au moyen du
dispositif que nous allons cerner dans ce travail.
DOMAINE DE RECHERCHE
Le thème abordé ici frôle le domaine de
l'acoustique, de la psychosonique et de la psychomusique, tout en restant
axé sur la physiologie et la morphologie vocale. Cependant, notre
principale préoccupation est communicationnelle.
La communication, nous la définissons comme
l'étude des actes socialement élaborés pour transmettre
une information, de créer une relation ou de communiquer un savoir pour
agir ou faire agir. Il s'agit ici, comme évoqué dans les
objectifs, de fixer matériellement dans la voix, les
éléments non-rationnels qui touchent au relationnel, lorsque
s'établit un échange entre un « chanteur de
charme » et son public, échange produisant dans le chef du
public, cette influence que l'on désigne par le
« charme ».
Dans ce travail, nous comptons insister sur la voix, non pas
comme contenant un message dont en tenterait de saisir le contenu ; Mais
comme étant le message lui-même. La voix est un message en tant
que manière de chanter, disant quelque chose. Nous la saisissons donc
comme un média qui est lui-même un message. Par ce travail, nous
allons établir un rapport entre relation et cognition, entendues comme
représentations portées par cette manière de chanter.
En effet, selon notre entendement, la voix humaine, la musique
et les autres éléments qui composent une chanson interagissent
pour constituer un message. Il s'agit ici d'un point de vue systémique.
Etant donné que la musique vise à plaire, elle reste l'apanage
d'une communication centrée sur les effets. Puisque ici la communication
n'est pas perçue comme un échange gratuit d'informations,
« communiquer », c'est « informer ou
s'informer » pour agir ou tenter d'agir sur autrui. Ceci laisse
entendre une modification des représentations de l'état
psychologique pour communier à un même élan sentimental.
PROBLEMATIQUE
Ce travail est relatif à la localisation du
« charme vocal » autrement dit, nous nous
déterminons de situer les éléments pouvant permettre de
reconnaître, du point de vue congolais, le « charme »
que l'on assimile au « beau » dans une voix. De ce fait, ce
travail de recherche touche à la question du jugement d'une voix d'un
chanteur. Cette question appelle plusieurs points de vue. Walter Howard et
Ingrid Auras sont catégoriques : « chacun ne peut aimer
que ce qui correspond à sa propre essence » 1(*) Mais, cette essence, est-elle
individuelle ou sociale ?
Selon un premier point de vue, la reconnaissance du charme
relève des critères individuels, c'est-à-dire, des
éléments d'appréciation liés à la
personnalité profonde, à l'histoire personnelle de chaque
individu dans sa totalité.
Cette lecture serait orientée par le schéma
gestaltiste qui met l'accent sur l'organisation dynamique et synthétique
du champ perceptif, au gré des tensions internes, elles-mêmes
suscitées par des besoins qui déterminent des réactions
adaptatives. Ainsi, chacun ne trouverait une voix charmante que si celle-ci
entrait en résonance avec sa personnalité propre. D'ailleurs, il
est profondément significatif d'admettre que « le concept de
beauté ne cesse de changer, qu'on ne trouve pas deux hommes qui en
fassent une conception semblable » 2(*)
D'un deuxième point de vue, la reconnaissance du
« charme vocal » ne se ferait qu'à travers les
filtres de la culture. Ceux-ci travaillent l'individu avec ses valeurs et
fourniraient les modes de vue et d'appréciation du beau. Le concept
bourdieusien d'« habitus culturel »
3(*) rend compte de ces
éléments. Un autre concept, celui de
« socialisation acquise », est issue
de l' « Ecole culturaliste » (avec les travaux
ethnologiques de Margaret Mead, Bronis Law, Malinowski et Rutle Benedict.) Il
met en avant les influences du milieu social sur les schèmes de
pensée, de perception et de réaction de l'individu.
Ceci conduit à affirmer que la personne n'est pas
seulement le bilan d'une histoire endogène, mais le produit d'une
acculturation, interaction entre le psychotique et le social. C'est cette
acculturation qui fournirait au public « les lunettes »
pour percevoir ou reconnaître le charme dans une voix. Ainsi, la
reconnaissance du « beau », en tant
qu'élément reconnu par le groupe devient ainsi un acte
d'insertion sociale.
Un troisième point de vue, le tout dernier,
déjouant le point de vue gestaltiste et le schéma culturaliste
est celui des psychosociologues américains. Ceux-ci ont voulu articuler
à travers le concept de « norme
sociale »(shérif) et la notion de dynamique des groupes, les
désirs individuels et la pression sociale. Ils affirment que l'individu
ne réagit pas seulement en fonction d'un équilibre
intérieur mais aussi de l'équilibre de l'environnement. Ainsi,
les conduites individuelles se détermineraient dans ce champ dynamique
sous contrôle du groupe et en subissant ses lois. Par ailleurs, ce
débat ne cesse en introduisant la dimension rationnalitaire ou affective
dans cette question. Walter Howard et Imgard Auras l'ont dit :
« [ la beauté ] est une affaire des sentiments et non point
objet de détermination intellectuelle » 4(*).
Mais, au-delà de ces points de vue, ne pouvons-nous pas
trouver des critères pouvant objectivement renvoyer dans le milieu
congolais à une reconnaissance du charme dans la voix d'un
chanteur ? Ces critères pourraient-ils permettre de reproduire
même artificiellement une voix pouvant recevoir le qualificatif de
« charmant » ? sur quels éléments
pourrait-on fonder un telle détermination ?
HYPOTHESE
Selon nous, tel qu'un grand nombre de congolais la
reconnaît, une « voix de charme » a un volume
5(*) et une couleur 6(*) spécifiques. Elle est
petite et claire. Ces caractéristiques la particularisent et la rendent
caressante et hypnotisante 7(*)
Elle va jusqu'à exciter les sensations profondes de
l'intérieur de l'être et place l'auditeur (public) dans un univers
de rêve, celui du « paradis perdu que l'enfant retrouve
sur le sein de sa mère » (Fonagy). Ceci relève plus du
relationnel que du rationnel.
La petitesse et la clarté de ces voix sont les faits de
leur appartenance au deuxième ou au troisième registre
d'après la classification de Raoul Husson 8(*). Les types de voix que les
congolais jugent de charmantes sont soit des voix de fausset, soit des voix de
tête. Elles se déploient toutes sous le couvert de :
contralto (en sol 4), le mezzo (en si4) et le soprano (en
ré5).
A notre avis, le « charme » de ces voix
est le fait d'une capacité individuelle du chanteur, doublée
d'une prédisposition physiologique qui est en fait une
« malformation favorable du dispositif phonatoire »,
triplée d'un charisme qui est une « force propre de
conviction » (Alex Mucchielli) et des « qualités
particulières d'expression » (J. Baechler). Ces
prédispositions rendent ce chanteur capable de chanter dans une double
gamme. Il chante dans une gamme déterminée et exécute des
sorties sporadiques dans la gamme relative à la première.
Rationnellement, le spectre vocal d'une « voix de
charme » s'observe à l'analyseur de fréquence
(disponible avec le logiciel « sound wave ») comme un
« clocher », avec une fréquence avoisinant les trois
mille hertz (3000Hz). Ce même analyseur de fréquence peut
détecter les harmoniques que devrait afficher une voix petite et claire.
On estime ces harmoniques à une bande de 2500-3200 cycles avec une
chronaxie récurrentielle 9(*) varient entre 0,080 et 0,120. Un autre
élément indicateur rationnel serait sans doute la pression.
Etant donnée que ces voix appartiennent au
deuxième ou au troisième registre, la pression (N) de celles-ci
est très grande car elle se calcule par la formule :
N = 2 x 1000
P
|
ou N = 3 x 1000
P
|
(P est la chronaxie récurrentielle et les chiffres
2 ou 3 sont relatifs au deuxième ou au troisième registre).
Enfin, ces voix de ces deux registres ont une pression
d'excitabilité légèrement inférieure ou
légèrement supérieure à 7,5 vibrations par
seconde.
APPROCHE METHODOLOGIQUE
Notre méthode d'investigation est essentiellement
documentaire, mais aussi comparative. Dans ce travail, nous analyserons un
échantillon disquaire préalablement choisi. Cet
échantillon est fait d'un certain nombre d'opus qu'on peut qualifier de
« tubes », quatre(4) au total. Ceux-ci sont choisis sur
base des échos et du succès récolté auprès
des mélomanes.
Ces chansons sont soit monovocales, soit polyvocales. Pour
celles de cette dernière catégorie, nous n'analyserons que les
séquences qui mettent en exergue une voix que le public juge de
« charmante.»
En fait, cette analyse s'opérera à partir d'un
modèle conceptuel et théorique, postulé par nous comme
étant le prototype de la voix de charme. Ce modèle tel qu'il est
donné à la page 28, ressort d'un jugement tiré de
l' « habitus culturel » 10(*). Toutes les voix candidates se
construisent d'après nous autour de ce modèle qu'elles tentent de
rendre concret et de matérialiser. Notre travail consiste à voir
en quels points les voix jugées belles par les congolais se rapprochent
de cette voix théorique qui est à classer parmi les patrimoines
culturels de l'imaginaire.
O. CADRE THEORIQUE : Les
sources de l'influence par la voix
Il est clairement établi que la perception du
« charme vocal » est un fait de la communication
d'influence. Selon Alex Mucchielli, la communication viserait à faire
faire, faire croire ou faire penser. Le charme par la voix est un
« processus d'influence qui repose essentiellement sur la
structuration des relations entre le chanteur et son public », elle
s'applique à travers la fonction dite volitive,
liée à toute communication. Selon P. Giraud (11(*)), le «chanteur de
charme » communiquerait la « ferveur de la passion
... ».
C'est le pourquoi de la communication conceptuelle. Celle qui
s'établit entre un chanteur et son public, à travers laquelle la
parole s'accompagne des gestes, des mimiques, d'inflexions de voix qui
renforcent la parole en exprimant ... les émotions, les désirs et
les intentions pour « faire faire, faire croire ou faire
penser ».
Si le « chanteur de charme » n'arrive pas
à communiquer les sentiments qu'il projets à son public, la
sublimation et l'hypnose de sa voix seraient des simples impressions. Le
même A. Mucchielli pense que l'influence passerait essentiellement par le
para-langage et resterait quelque chose de largement en dehors du champ de la
conscience claire.
Cette perception ne rejoint-elle pas celle de François
Roustang selon laquelle le « `sol 'de la communication humaine est
constituée d'un ensemble d'éléments extralinguistiques
inconscients, perceptibles par l'intermédiaire des diverses formes de la
gestuelle, de la manifestation de la sensibilité et de
l'imagination » 12(*), voire de la manière d'osciller de cette voix
pourvue d'un certain nombre d'ornements « sono-vocaux »
ayant un pouvoir de séduction qu'on peut appeler
« charme ».
Cette manière d'influencer son public, de le faire
pencher dans ses jugements à travers la voix dite de charme, nous oblige
à situer dans le charisme tel que l'évoque J.
Baechler, le fondement de l'influence. J. Baechler, soutenant A. Mucchielli,
pense que : « le charisme est le résultat d'une relation
entre un homme ayant des qualités particulières d'expression et
des représentations et d'autres hommes qui le
« re-connaissent » dans son charisme parce qu'il
représente une synthèse prestigieuse et stylistiquement admirable
à leurs yeux, de l'ensemble des valeurs fondamentales ».
Ces propos de J. Baechler semblent être une suite des
réflexions de Mucchielli qui a abondé dans le même sens
dans son article déjà évoqué ici,
intitulé : « Aux sources de l'influence. » A.
Mucchielli déclare que « la capacité d'influence d'un
chanteur de charme est une ressource qui serait inhérente à la
nature de certaines personnes qui posséderaient une force propre
de conviction et d'entraînement qu'elles feraient passer
à travers leur communication » 13(*) En ce sens, le
charisme Le chanteur de charme référerait
essentiellement à un mystère irréductible
du relève du don magnétique de fascination et de
conviction appartenant à certaines personnes »14(*) Bien évidemment, la
question de base de notre problématique restant celle de savoir si ce
magnétisme peut être objectivé.
Le problème de l'influence à travers la musique
se pose avec autant d'acuité qu'Antoine Henion pouvait dire de la
musique qu'elle « est un art qui a des problèmes pour
définir son objet, impossible à fixer dans la
matière ». Il continue en disant : « La musique
n'est ni seulement un indice des formes de structurations de la
société ou de l'individu, qui réduirait l'art au social,
ni seulement non plus un objet irréductible à d'autres analyses,
comme l'esthétique que celles qui veulent bien ne considérer que
lui. »
D'ailleurs cette influence s'opère
nécessairement à travers la
« reconnaissance » (il s'agit d'un concept de Jules Gritti,
auteur de « Reconnaître l'image, imager la
reconnaissance ») à propos de laquelle Erving Goffmann
distingue trois pôles identitaires :
- L'auto perception ;
- La représentation ;
- La désignation.
En outre, ce même Jules Gritti 15(*) va plus loin pour statuer sur
le charisme et ses correlats comme étant à la
base de l'influence. Le tableau ci-après illustre une classification
partant des définitions que Gritti(J.) propose sur le concept de
charisme. D'après cet auteur, quatre correlats du charisme se combinent
pour catégoriser les charismatiques dans le domaine de la musique. Il
s'agit de (du) :
- Prestige-charisme ;
- Puissance tranquille ;
- Sens pratique ;
- Séduction.
Le tableau suivant répertoriant certains artistes
congolais illustre cette classification.
Prestige-charisme
|
Paternité sur compétence
|
- Koffi Olomide
- J.B. Mpiana
- Werra son
- Papa Wemba
|
- Papa Wemba
- Tabu Ley
|
Cordialité-séduction
|
Sens pratique-savoir faire
|
- Kester Emeneya
- Madilu System
- Mbilia Bel
|
- Fally Ipupa
- Ferre « chair de poule »
- Alain Mpela
|
Enfin, il se dégage de tout ce qui
précède que la communication entre un chanteur et son public est
médiatée. Elle est légitimée par la
« re-connaissance » de l'institution au nom de laquelle
s'exprime le chanteur.
0.1. PERCEPTION AUDITIVE
Généralement, à l'audition d'un signal
sonore qu'il soit musical ou parlé, il y a enclenchement d'un
mécanisme neurologique et physiologique. En ce qui concerne la
cochlée, cet ensemble de vibrations stimule un organe qui est le
récepteur sensoriel de l'ouïe, appelé l'organe de Corti.
Avant que cette excitation n'atteigne le centre cérébro-spinal
(centre nerveux) pour y être traitée, il faut que l'ensemble de
trente mille fibres du nerf auditif soit excité à leur tour.
Cette excitation n'est rien d'autre que le transport de l'influx nerveux vers
le cerveau. Le nerf auditif ayant la capacité d'acheminer trois cents
mille potentiels d'actions unitaires (correspondant au nombre total de
sensations distinctes decryptibles par l'ouïe)
Quand un auditeur ou un mélomane écoute la
musique, la qualité d'agréable (le « charme »
ou le « beau ») ou de désagréable se fait
sentir au niveau des voies cochléo-corticales c'est à ce
« stade que les stimulations auditives sons, voix parlée ou
voix chantée se parent des qualités de charmant ou de
désagréable, ceci, indépendamment de la prétendue
consonance ou dissonance prise à la source » 16(*).
Que l'on ne s'y trompe pas, le « laid »,
de même que la douleur, se transmettent au cerveau
végétatif par l'intermédiaire du sympathique 17(*), « tandis que les
états agréables conséquent à la séduction du
charme y cheminent par voie parasympathique » (il s'agit d'une
catégorie des nerfs qui se distinguent du sympathique).
Quant à la question de savoir, comment traduire en
indicateur la sensation de « bien-être » comme la
fait savoir Raugel (F.) qui laisse entendre que le « chanteur de
charme » est « celui qui procure au mélomane une
joie très pure en lui faisant également éprouver la
sensation de bien-être » 18(*), c'est une dimension qui fait régner beaucoup
de présomptions sans laisser libre voie au risque de se tromper.
« Le rôle du charme de la voix réside
plus dans la demi-teinte que dans l'éclat (couleur) ;
l'éclat d'ailleurs est d'autant mieux produit à l'instar voulu,
qu'il a été plus discrètement ménagé et
qu'il est plus rare » 19(*).
Mais, une chose est vraie, de la Vieville de Fresneuve le
dit : « une voix parfaite serait sonore, étendue, douce,
nette, vive, flexible. Ces six qualités que la nature n'assemble qu'une
fois en un siècle, se trouvent pour l'ordinaire partagé à
moitié. Je réduis donc, poursuit-il, à trois choses le
mérite d'un chanteur de charme : à la justesse, à
l'expression, à la propreté », ce qui se résume
à « chanter sur mesure » ; C'est, affirmait
Mozart, « ce qu'il y a de plus difficile, la chose capitale dans la
musique.»
Celui qui écoute un tel chanteur de talent(qui chante
sur mesure), l'aime parce que ce dernier caresse son inconscience et sa
subconscience par les composantes matérielles de sa voix. Il utilise
pour cela la phénomène de « re-connaissance »
20(*), qui fait que le
tabernacle personnel des représentations entre en ébullition et
ramène à la surface les uns des affects les plus rarement
ressentis en des circonstances ordinaires et à l'écoute d'autres
oeuvres musicales. C'est parce que cette voix sert d'élément de
reconnaissance dans le répertoire de souvenirs. Une « voix de
charme » pratique pour aussi dire une pêche dans les eaux
calmes des souvenirs et en sort parfois des émotions rares.
CHAPITRE PREMIER. LES
CONCEPTS-CLES
0 DEFINITION DES
CONCEPTS
1. La communication
Dans ce travail, nous optons pour une définition de la
communication qui se rapproche d'un échange des messages dont la
finalité est la production des états affectifs donnant lieu
à des représentations. Dans le cas de la chanson, le chanteur
veut communiquer des sentiments à son public réel ou potentiel
(21(*))
A son tour, le public se remémore (réactivation
des états affectifs) à travers la
« re-connaissance » Cette
« re-connaissance » produit des représentations par
métaphorisation ou métonymisation, en rapport avec des situations
vécues antérieures ou présentes.
2. Le charme
Selon le « Micro-Robert de poche », le
charme est un enchantement comme par une action magique. C'est la
qualité de ce qui attire, qui plaît. C'est un agrément
dû à une séduction ou à son mécanisme. Dans
la chanson, le charme réside dans le pouvoir créateur de la voix
et des sonorités qui l'accompagnent, des états affectifs dits
« charmants » Cette capacité d'influence, a dit
Mucchielli (A.), est une ressource qui serait inhérente à la
nature de certaines personnes qui posséderaient une « force
propre de conviction » ou un « charisme »
La voix a ici un rôle relationnel qui amène le
public auditeur dans un monde de rêve ou du romantisme. C'est ce qui fait
entrer le « charmeur » dans
l' « esthétique
psychanalytique », grâce au pouvoir hypnotiseur reconnu
à la voix qui, d'après François Roustang est
constituée d'un ensemble d'éléments extralinguistiques
inconscients.
Cette perception freudienne 22(*) est ramenée dans les sciences de la
communication grâce aux travaux de ce même François
Roustang(Il faut noter que Freud a évacué l'hypnose de la
psychanalyse, François Roustang l'a récupérée.
C'est ce qui fait l'originalité de son travail) Le pouvoir hypnotique
de la voix dite de « charme » rapproche la chanson du
rêve, de l'acte manqué, du symptôme névrotique. La
sublimation de la voix possède le pouvoir de satisfaire par substitution
les désirs pulsionnels de celui qui écoute. Aussi, nous pouvons
dire que le charme nous renvoie directement à la dimension
esthétique, d'où, il faut en situer le rapport dans les lignes
suivantes.
3. L'esthétique
Elle peut être entendue comme la science du beau dans la
nature et dans l'art. Etymologiquement, ce mot provient du verbe grec
« aisthanesthai » qui veut dire : sentir, percevoir.
Ce verbe a produit l'adjectif « aisthêtikos » (qui se
rapporte à la sensibilité). Le Philosophe allemand Gottlieb
Baumgarten, auteur de « Réflexions sur la
poésie », est le premier à avoir utilisé ce
concept en 1758 par un de ses titres : « Aesthetika
acroamatica ».
Mais bien avant lui, Planton s'était aussi
intéressé au « beau ». Il a pu voir dans
l'expérience du « beau », l'envol de
l'âme vers le bien. Ailleurs, d'autres penseurs comme ont vu dans la
beauté un attribut de Dieu.
Pour Saint-Augustin, les choses participent à la
beauté [l'un des attributs de Dieu], et l'homme peut y accéder
par la musique, qui se déploie dans le temps, mais
« imite » un ailleurs hors-temps. La communion de par la
médiation de l'oeuvre esthétique à l'univers du
« beau » a comme rôle l'intermédiation des
« charmes » pour l'accès à cet ailleurs
« hors-temps » dans lequel l'homme retrouve cette communion
d' « être aimé » avec lui-même et
avec les autres qu'il ne peut atteindre dans le monde du temps conflictuel
où il se débat avec les réalités du temps qui le
limite.
Hegel par contre institue déjà une science du
« beau » artistique. Dans son système,
l'Esthétique figure en tant que science du « beau »
Quant à Kant, il assigne à l'art une fonction et
au « beau », une place dans la hiérarchie des
êtres.
4. La communication
esthétique
Elle renvoie à une représentation de
l'idéal de soi, qui s'exprime par l'émotion esthétique et
qui rend possible la conscience de l'appartenance culturelle.
L'appréciation esthétique de la voix serait au croisement des
facteurs sociaux agissant à travers l'habitus culturel,
et des facteurs simplement individuels (l'idéal de soi et la
représentation du « beau »). « Elle fonde
sa médiation à travers un rapport entre le singulier et le
collectif, sur l'appréciation individuelle » 23(*)
Section 1. L A V O I X
Pendant l'émission d'une voix, le larynx
s'élève ou s'abaisse selon que le son émis est aigu ou
grave. Ce même larynx occupe des dispositions différentes par
rapport à la colonne vertébrale. Il est plus élevé
chez l'enfant que chez l'adulte ; Légèrement plus
élevé chez la femme que chez l'homme. Ces positions sont, comme
nous le verrons plus bas, à la base de la classification vocale selon
les registres masculins et féminins (dit aussi infantile). Mais il faut
qu'on dise ici que la voix ne dépend pas du volume du larynx mais
plutôt de l'influx nerveux. C'est ce dernier qui commande la voix. Comme
n'importe quel muscle, les cordes vocales se contractent sous l'effet de
l'influx nerveux et, suivant qu'on chante ou qu'on parle les influx de
stimulation proviennent soit de l'écorce cérébrale, soit
du diencéphale, soit du bulbe.
Les individus doués que nous appelons ici
« chanteur de charme » ont une particularité
cérébrale caractérisée par une asymétrie des
hémisphères du cerveau, qui influe directement sur la
mobilité et l'équilibre des membres. Cette asymétrie a une
prédominance gauche pour les chanteurs de charme droitiers et une
prédominance droite chez les gauchers. Cette asymétrie est
congénitale et irréversible. E. Garde(auteur de La Voix)
l'explique en soulignant qu'il est dangereux de s'opposer à cette
prédominance. Vouloir redresser une gaucherie chez un enfant, c'est
risquer de le rendre bègue.
I.A. Les mues
Avant d'aborder la voix suivant les différentes
classifications, nous avons choisi de cerner à cette étape les
facteurs qui influent sur la nature de la voix. Comme nous le verrons, certains
chanteurs bourrés de talent n'ont fait qu' exploiter un (des) atout(s)
du(s) aux mues des cordes vocales.
I.A. 1. Les mues normales
Sans doute, les mues normales apparaissent à partir de
l'âge de 13 ou 14 ans pour les garçons et 15 ou 16 ans pour les
filles. Ces mues sont naturelles. Elles permettent à certains artistes
de découvrir leurs voix.
I.A. 2. Absence des mues
· Le cas d'infantilisme pubertaire spontané ou
consécutif à la castration :
Dans ce cas ici, la voix reste du second registre. par
contre si l'ablation se fait après la puberté, elle
n'entraînera en aucun cas des modifications laryngées .
· La voix aiguë de l'énuchoide :
Il s'agit ici d'un symptôme révélateur de
l'hypoorchidie spontanée ou acquise. Une telle voix peut séduire
les mélomanes suite à ses matériaux extra
linguistiques.
· La féminisation vocale chez les sujets
traités pour le cancer de la prostate par des hormones femelles
(ostrogènes de synthèse).
· La voix de régime monophasé (voix de
poitrine) :
Est un symptôme de virilisme chez la femme, elle est
d'observation courante chez les malades atteintes de cancer du sein et
traitées par des dose prolongées d'hormones mâles(
androgènes) .
· La voix dite de
« castrat » :
Peut être classée ici. Il faudra la distinguer de
la voix sopraniste actuelle qui est une voix
de « fausset ».
I .A. 3. Mues anormales
Parmi elles, on compte le « syndrome de
Pellizi » ou la macrogénitosomie. Cette anomalie se manifeste
par un accroissement de la taille, et une augmentation du volume des organes
génitaux externes. Léon de Melchissédec, grand baryton
français, doit sa voix imposante à cette mue anormale.
Une autre anomalie pouvant particulariser la voix, est
l'hypercorticosurrénalisme24(*) . Des exemples dans ce cas sont légion :
Amado, Casuro... C'est ainsi qu'Edouard Garde, put dire : « il
n'y a peut être pas de carrière d'exception sans que l'organisme
(et non pas tellement le larynx) du chanteur présente des
particularités physiologiques, elles aussi
exceptionnelles ».
Il existe aussi des mues tardives. Elles sont Observables Chez
les adolescents présentant des dysfonctionnements endocriniens. La
seule conséquence des mues tardives est que la voix va rester
grêle.
I.A. 4. Mues incomplètes
et prolongées.
Il s'agit de la catégorie des mues la plus
rencontrée. Auprès de certains adultes de quarante ans et
plus, on remarque que le larynx a terminé depuis longtemps sa
croissance mais que leurs voix n'ont pas mué.
Ces sujets sont reéducables sauf les amusiques25(*)(des personnes
présentant naturellement une incompétence et une absence de
toutes prédisposition au talent musical) et les invertis sexuels.
La persistance de la « voix infantile » au
delà de la période habituelle chez les adultes dotés des
larynx bien développés est une prédisposition issue d'une
anomalie que beaucoup d'artistes exploitent . Michael Jackson, Papa Wemba, Gato
Beevens... sont autant d'exemples.
I.B. Les Classifications
I.B. 1. Classification en
fonction de la puissance
- voix de grand opéra
|
:
|
120
|
décibels et plus
|
|
|
- voix d'opéra
|
:
|
110
|
décibels et plus
|
|
120 db
|
- voix d'opéra comique
|
:
|
100
|
décibels et plus
|
|
110db
|
- voix d'opérette
|
:
|
90
|
décibels et plus
|
|
100db
|
- voix de salon ou de concert
|
:
|
80
|
décibels et plus
|
|
90db
|
- voix banale (de micro)
|
:
|
moins de 80db
|
|
I.B. 2. Classification en
fonction du timbre vocalique
- Selon la couleur : a. voix claire (Larynx en
position élevée)
b. voix
sombre (Larynx en position abaissée)
- Selon le volume (26(*)) : a. voix petite
b. voix
énorme
- Selon l'épaisseur (27(*)) : a. voix mince
b.
voix épaisse
- Selon le mordant (l'éclat) (28(*)) : a. voix
timbrée (corsée)
b. voix détimbrée.
I.B. 3. Tessitures et
catégories vocales
a. La basse
|
:
|
ut (do)
|
1-miz
|
b. Le baryton
|
:
|
la
|
1-sol3
|
c. Le ténor
|
:
|
do
|
2-do4
|
d. Le contralto
|
:
|
sol
|
2-sol4
|
e. Le mezzo
|
:
|
La
|
2-la4
|
f. Le soprano
|
:
|
do
|
3-do5
|
A. Dan Hauser (29(*)) ressort les catégories
présentées ici sous formes de genre :
- Les voix de femme ou d'enfant
- Les voix d'homme (plus grave d'une octave que les
premières)
Subdivision
|
Catégorie
|
Types
|
Voix de forme ou d'enfant
|
aiguë
|
Soprano ou 1er soprano (1er dessus),
mezzo soprano, second soprano (2nd dessus)
|
grave
|
Contralto ou alto
|
Voix d'homme
|
aiguë
|
1er ténor
2nd ténor
|
grave
|
1er basse (baryton)
2nde basse (basse taille)
|
De toutes les voix répertoriées, les
mélomanes congolais apprécient plus celles des tessitures
féminines. C'est dans les soprani ou premiers soprani et les
mezzo-soprani qu'on classe la plupart des « voix de
charme » congolaises. Il existe aussi des vois dites
intermédiaires parmi lesquelles on classe les voix graves de femme que
chantent aisément les artistes dont les chronaxies recurrentielles vont
de 0, 120 à 1, 70 ; les voix moyennes de femme (chronaxies
récurrentielles : de 0, 090 à 0, 120).
Il y a aussi des vois intermédiaires dont les
chronaxies sont comprises entre 0, 080 et 0, 090. Ces dernières ne
peuvent pas tenir la tessiture de soprano grave sans fatigue (cf. La Tossa,
1er acte), elles se fatiguent aussi dans la tessiture de
mezzo-soprano aigu (Ortrud dans Lohengrin).
De même, il existe des voix intermédiaires
masculines dont les chronaxies sont incluses entre 0, 080 et 0, 095. Celles-ci
ne peuvent pas tenir la tessiture du ténor grave sans fatigue. Elles
sont impuissantes à chanter les rôles de barytons aigus. Ces voix
et celles comprises dans l'intervalle 0, 105 et 0, 120 (c'est-à-dire
entre le baryton grave et la basse chantante aiguë).
Jean Bremond, analyste de l'audition, avance que l'audition
humaine dépend essentiellement de la hauteur du son. Cette hauteur se
mesure en nombre de vibration par seconde ayant comme unité du
système MKSA le Hertz. La voix humaine, dit-il, va de 80 Hz à
1150 Hz. La sensibilité face au son dépend de l'âge des
sujets-auditeurs. A un âge avancé, il existe la prebyacousie
(insensibilité aux sons les plus aigus).
Comme nous allons l'aborder dans le point
suivant, l'appréciation de la voix se fait après l'audition. Jean
Bremond définit l'audition musicale comme l'aptitude à
reconnaître les intervalles musicaux et la hauteur des sons. Il subdivise
cette audition en :
- Audition relative : la reconnaissance des
intervalles ;
- Audition absolue : la reconnaissance des notes
isolées.
Ce même J. Bremond continue pour dire que si nous
entendons mieux avec deux oreilles, le seuil est plus élevé en
audition monaurale qu'en audition binaurale.
Dans le cadre de ce travail, nous retiendrons enfin la
classification de Merlin Coccaix. Il a pu dire bien avant nous (vers la fin du
XVIe S) que les dessus (voir tableau n°2) contentent plus
l'oreille des écoutants et la taille est la plus réductrice des
vois (voir tableau) et le guide des chantres.
La haute-contre (tableau) orne la chanson et la rend plus
mélodieuse. La basse-contre nourrit les voix, les asseure et les
augmente. 30(*)
Les tessitures
1er dessus 2e dessus
Contralto ou haute-contre
2ème taille Concordant
basse-taille basse-contre
Les voix féminine et infantile
Soprano
Les voix d'hommes
1er tenor 2e tenor
baryton basse
Section II. LE CHANT
Tout au long de cette recherche, surtout dans le
deuxième chapitre, nous allons parler du chant, de l'orchestre et
même de la chanson. D'après Bossuet, l'origine du chant remonte
à l'enfance même du monde.
Depuis toujours, l'être humain choisit le chant comme un
autre moyen d'expression de ses intentions. Mais dans le cadre de ce travail,
nous nous sommes investis de rechercher le caractère esthétique
ou charmant du chant selon les congolais.
Le « chanteur de charme » dans
l'entendement des congolais, est cet artiste musicien dont les
caractères esthétiques de la voix crée une communication
esthétique entre le « chanteur de charme » et celui
qui l'écoute. Ceci a été évoqué dans
l'hypothèse.
Hector Berlioz a à travers la citation suivante,
tenté de saisir ce concept. Il dit : « un chanteur
ou une cantatrice capable de chanter seize mesures seulement de bonne musique
avec une voix naturelle, bien posée, sympathique, et de chanter sans
efforts, sans écarteler la phrase, sans exagérer jusqu'à
la charge des accents, sans platitude, sans afféterie, sans
mièvreries, sans faute de français, sans liaisons dangereuses,
sans hiatus, sans insolentes modifications du texte, sans transposition, sans
hoquets, sans aboiements, sans chevrotement, sans intonations fausses, sans
faire boiter le rythme, sans ridicules ornements, sans nauséabondes
appoggiatures, de manière à ce que la période
écrite par le compositeur devienne compréhensible, et reste tout
simplement ce qu'il a faite, est un oiseau rare, très rare,
excessivement rare. » (31(*))
H. Berlioz n'avait pas tort de nommer celui que nous appelons
ici « chanteur de charme », « oiseau très
rare ». Ses propos ont été renchéris par Manuel
Garcia dans son « Traité complet de l'Art du
chant » paru en 1947. Il argumente en ces termes :
« il ne suffit pas de prendre à la hâte quelques notions
de la musique, les artistes ne s'improvisent pas ..., l'éducation du
chanteur se compose de l'étude du solfège, de celle d'un
instrument et enfin, de celle du chant et de l'harmonie... »
Ailleurs, l'auteur du
« Freischütz », avec son autorité de
grand chef et directeur de théâtre l'explicite ainsi:
« la voix est un présent de la nature dont je ne tiens pas
compte, parce que ses qualités excellentes ou moyennes parlent assez
clairement en faveur de chacun et ne suffisent pas à elles seules
à faire le chanteur, quelque merveilleuse qu'elle soit, de même
qu'une belle prestance ne fait pas le bon danseur. »32(*).
Comme nous pouvons le voir, « bien
chanter » est un art difficile dont l'exercice suppose non seulement
des dons naturels, mais encore une éducation rationnelle de l'oreille,
de la voix et de la musicalité. Il est indispensable de prendre
très au sérieux cette dernière et elle exige un long et
patient effort.
Le bon chanteur procure à l'auditeur une joie
très pure en lui faisant également éprouver la sensation
physique de la justesse, de joie durable (Félix Raugel). Pour ce faire,
il doit tenir compte de l'observation exacte des valeurs rythmiques et des
silences. Ce qui se résume en un mot, d'après F. Raugel:
« chanter en mesure ». C'est, affirmait Mozart:
« ce qu'il y a de plus difficile, la chose capitale dans la
musique ».
En résumé, « savoir
chanter » c'est chanter juste, chanter en mesure, bien faire entendre
le texte littéraire inspirateur de la chanson. « Savoir
chanter » c'est savoir phraser, c'est-à-dire, ponctuer la
phrase musicale. Cela ne veut pas dire respirer partout, à chaque
virgule, mais plutôt dégager la mélodie avant toute autre
préoccupation extra-musicale.
Au niveau du chapitre deux de ce travail, nous avons
établi un échantillonnage des chansons. Mais ce concept de
« chanteur de charme », doit à notre avis être
cerné et précise. Des éléments de lumière
peuvent à cet effet être empruntés à Denis Laborde
33(*). Il propose une
définition de la chanson à la page 77 de l'ouvrage
référencé en ces termes: « une chanson
égale paroles plus musique ». Pour lui;
« une chanson c'est toujours un texte et une
mélodie ». Il poursuit: « un
poème sans musique n'est pas une chanson, de même, une
mélodie sans paroles n'est pas une chanson ».
Plus loin dans le même ouvrage, il évoque Hugo
Reimann pour qui la « chanson s'applique aux différentes
formes polyphoniques artistiques, dont il fait remonter l'origine aux
« chants strophiques à une voix » (mais pourvus d'un
accompagnement instrumental improvisé) des trouvères et des
troubadours du XI ème au XIII ème
siècle ».
Cette façon de voir s'oppose à celle de J.J.
Rousseau qui, deux siècles avant Reimann a défini la chanson
(dans son Encyclopédie) comme « une espèce de
petit poème fort court auquel on joint un air, pour être
chanté dans des occasions familières ».
Vers les années 76, Marc Honegger 34(*) a repris le point de vue de
Reimann avec sans doute un ajout. Il dit: « jusqu'à G. de
Machault, la chanson est une composition pour voix seule,
constituée d'une mélodie originale par principe
inséparable d'un texte poétique de caractère lyrique,
suscité par le même sentiment ».
Saint Augustin, dans Les Confessions, au chapitre
XXXIIIème s'interroge pour savoir si l'émotion qu'il
trouve provient du chant qu'il écoute ou de ce que l'on chante ? Ce
débat a encore son sens aujourd'hui d'autant plus qu'il est difficile
pour nous de savoir si le charme de la voix réside dans la
mélodie, dans le texte chanté ou dans la
matérialité même de la voix.
Les phrases musicales qui composent la chanson doivent
être chantées sans respirer. Les virgules ou les menues
ponctuations du texte littéraire ne seront pas prises en
considération, si elles ne correspondent pas avec le contour de la
phrase musicale. On peut marquer de césures mais sans prendre de
respiration profonde ou même sans respirer du tout. Un bon
chanteur-musicien doit savoir utiliser au maximum la quantité d'air
inspiré.
A propos, Cinthie-Damoreau (1801-1863) qui fut une des
étoiles de l'Opéra et titulaire d'une classe de chant au
Conservatoire de Paris, recommandait à ses élèves de
« ménager la respiration assez habilement pour arriver
à la fin d'une phrase ou d'un trait vocal sans fatigue
apparente ».
En définitive, nous anticipons ce conseil:
« chaque fois qu'une voix chante, elle doit d'adoucir d'autant plus
qu'elle monte davantage; et chanter avec plus de plénitude à
mesure qu'elle descend afin que les sons graves qui sont plus sourds, soient
égaux en force aux sons aigus. En montant et en descendant, les notes
doivent être unies de telle sorte qu'on n'entende pas les degrés
intermédiaires.
Section III. LA MUSIQUE
Dans cette section, nous tenons à faire ressortir la
différence qui existe entre la musique et le langage ou la parole. Le
langage et la musique peuvent tous les deux être considérés
comme du son organisé. Pour une telle analyse, Springer (35(*)) propose les deux
paramètres suivants:
· L'ordre de succession de l'énoncé ou
l'axe syntagmatique;
· L'ordre abstrait de substitution ou l'axe
paradigmatique.
Sur l'axe syntagmatique, Springer classe les traits
distinctifs, les phonèmes, les morphèmes, les mots, les
propositions, les phrases, les énoncés pour le langage, les
notes, les thèmes, les phrases, les sections, les mouvements et les
morceaux pour la musique. Ces traits sont séparés par des
jonctures (linguistiques) ou des cadences.
Sur l'axe paradigmatique, il classe les faisceaux des traits
distinctifs et les phonèmes segmentaux au plan linguistique, un complexe
harmonique ou structure de l'accord au plan musical. L'accent, les rythmiques
et le rythme, ainsi que les autres éléments prosodiques qui
appartiennent à la fois aux deux domaines et aux deux axes36(*).
Par ailleurs, Françoise Escale stipule: « la
parole et la musique sont deux systèmes sémiotiques, deux
langages, fondamentalement étrangers l'un à l'autre. Or deux
langages différents ne peuvent signifier la même chose. La musique
ne saurait par conséquent dire ou redire ce que dit le texte. Elle ne
peut que reproduire des correspondances relevant des conventions et des
pratiques codées ».
III. 1. Les gammes
La gamme universellement connue s'appelle la « gamme
chromatique bien tempérée » 37(*) Il existe par contre plusieurs
autres gammes telles que: la gamme de Pythagore, la gamme d'Aristote ou de
Zarlin. Les musiciens utilisent dix gammes successives, soit cent vingt et une
notes (qui couvrent l'ensemble des sons: de l'extrême grave à
l'extrême aigu). La note la plus grave de la « gamme
chromatique bien tempérée » est le do ou ut1
(16 per/s) alors que la note la plus élevée est l'ut9
(16700 per/s).
Cette gamme dite chromatique s'est imposée sous
l'influence d'une oeuvre magistrale de Jean Sébastien Bach:
« Le clavecin bien
tempéré ».
« Les notes dont les fréquences fondamentales
sont précises, rigoureusement égales à l'une des
fréquences harmoniques d'une note donnée, possèdent avec
cette dernière une affinité particulière »
38(*)
On conçoit également que cette affinité,
cette parenté, soit d'autant plus étroite que les deux notes ont
le plus grand nombre d'harmoniques communs. L'expérience a
démontré depuis des millénaires que deux notes dont les
fréquences fondamentales sont dans le rapport 2, « se
marient » dans les meilleures conditions possibles.
Les sons dont les fréquences sont les suivants sont
consonants:
2 et 3
|
définissent l'intervalle quinte
|
......... 3/2
|
3 et 4
|
définissent l'intervalle quarte
|
......... 4/3
|
4 et 5
|
définissent l'intervalle tierce
|
......... 5/4
|
3 et 5
|
définissent l'intervalle sixte
|
......... 5/3
|
5 et 6
|
définissent l'intervalle tierce min.
|
......... 6/5
|
5 et 8
|
définissent l'intervalle sixte min.
|
......... 8/5
|
Tous les sons consonants donnent à l'oreille une
impression de calme, de repos.
Selon l'acoustique physiologique, le caractère
consonant ou dissonant d'une association des sons persiste lorsque ces rapports
de fréquence de sons correspondants sont non pas égaux, mais
voisins d'une simple fraction ou relativement simple. Plus la fraction est
simple, plus le son est consonant.
III. 2. Le contenu
A la question: en quoi consiste le contenu de la musique
?Teplov (B.M) 39(*)
répond: « ce contenu consiste en sentiments, en
émotion, en états d'âme ».
Dans une tout autre circonstance, Romain Rolland
déclare: « vos oeuvres ne seraient point
écoutées si le tissu de leurs combinaisons rythmiques et sonore
ne suggérait au coeur de celui qui les écoute un ordre
d'émotions successives et liées ».
Mais Teplov reste sceptique quant à la
désignation de la musique comme la langue des sentiments. Ne serait-ce
pas une prétention risible dit-il, que d'appeler la musique
« la langue des sentiments ? », s'il n'en existait en
tout que deux et que par la suite, on ne put dire en tout que deux mots dans
cette langue ? 40(*)
Un autre chercheur, Hanslick 41(*) s'interroge lui en ces termes: « si la
musique, comme on veut bien l'accorder, ne peut traduire des idées parce
qu'elle est une « langue indéfinie », n'est-il pas
incontestable, dès lors qu'elle soit incapable d'exprimer des sentiments
définis, puisque ce caractère de détermination dans les
sentiments définis, puisque ce caractère de détermination
dans les sentiments réside précisément dans un principe
intellectuel.
Eugène Ounèguine de Tchaïkovski saisit
autrement ce problème. Il se pose la question de savoir si
« la musique ne doit-elle pas exprimer tout ce pourquoi les mots
manquent, mais qui cherche à sortie de l'âme pour dit ? si
les mots manquent, poursuit-il, ce n'est pas pour décrire la musique
elle-même, mais pour exprimer ce qu'elle exprime ».
Comme on peut bien le voir, « les états
d'âmes auront beau rester l'élément capital, essentiel des
impressions musicales, ils sont remplis aussi des pensées et des
images » 42(*)
Ceci nous introduit à la signification de la musique. La musique ne
signifie pas ce qu'on entend par elle, mais bien ce qu'elle exprime.
CHAPITRE DEUX. LE TALENT
MUSICAL
Le caractéristique principale qui rend remarquable un
artiste musicien que nous appelons ici « chanteur de
charme » se résume dans ce que Teplov 43(*)appelle : le
talent musical. Il le définit comme la combinaison qualitative
originale d'aptitudes dont dépend la possibilité de pratiquer
avec succès l'activité musicale, qui se déploie selon lui
travers :
· l'audition ;
· l'exécution ;
· la composition d'oeuvres musicales.
Pour Teplov, tout grand musicien doit être un homme
d'âme et d'esprit vastes, affectivement et intellectuellement. Or, pour
« ressentir affectivement »44(*) la musique, il faut d'abord
percevoir le tissu sonore proprement dit. Une personne peut bien réagir
affectivement à la musique si elle ne distingue, n'entend que
très peu de choses du tissu sonore. Elle n'atteindra évidemment
qu'une part insignifiante du contenu expressif de cette musique.
Un autre concept très proche du « talent
musical » est celui que le musicologue allemand REVESZ a introduit.
Il s'agit du sens musical. Ce concept inclut l'aptitude
à tirer de la musique un plaisir esthétique. De plus, c'est sur
lui que repose la compréhension intime de formes musicales et de la
structure de la phrase musicale. Avoir le « sens musical »,
c'est être profondément sensible au style ; Sentir les
contrastes, la portée des oppositions, tout en saisissant de
l'intérieur celle de l'équilibre. Mais c'est aussi se mettre dans
l'ambiance de la musique, et instituer avec celle-ci un commerce interne
agissant sur toute l'organisation de l'âme.
Mais ce concept de « sens musical
global » est combattu. Mainwaring 45(*) dit sèchement qu'
« il sera manifestement erroné de considérer le sens
musical comme une aptitude fonctionnant à la façon d'un
tout »
Dans un article collectif Lamp et Keys 46(*) fustigent :
« on ne peut exprimer le talent musical en termes de don
spécifique pour un instrument donné et non dans le sens d'une
hypothétique aptitude générale à la
musique. »
Quelques autres auteurs ont eu un discours un peu
modéré face à cette situation. C'est le cas de König
. Ce dernier dit : « pour reconnaître l'existence du
sens musical, il faut que se manifeste tout un
ensemble d'aptitudes. Le sens musical n'est pas une aptitude simple
mais une aptitude complexe » (lire à ce sujet : Etude
expérimentale du sens musical, traduit de l'allemand :
« Zur experimentellem untersuchung der musikalität »).
König poursuit que ce terme est « tout juste bon à
désigner la somme des aptitudes musicales
particulières »
II.1. Le point de vue de
Seashore
Après avoir dégagé la point de vue commun
issu de la discussion du point précédent sur le talent musical,
nous tirons sagement notre équilibre avec ces propos de Seashore
47(*) :
« le talent musical n'est pas quelque chose d'unique ; c'est une
hiérarchie de talents ... ». Bien que traité
d'atomistique, le point de vue de Seashore est arrivé à
disséquer le « talent musical » en vingt-cinq
talents. Dans son ouvrage de 1938 48(*) Seashore a réajusté son tir en
disant : « Le talent musical n'est pas une somme de talents
spécifiques, il forme un tout organique » C'est alors que son
point de vue est devenu systémique.
Teplov 49(*) fait savoir que : « la musique ne peut
faire partie de l'instruction générale. Un art, une science ou
généralement une activité dont la pratique exige une
prédisposition spéciale, innée, n'existant chez tous. Il
ne peut être accessible qu'aux élus » En même
temps, il semble adopter cette définition du sens musical
proposé par Seashore.
Le sens musical est défini par lui comme
« le talent d'une personne pour la musique résultant de la
combinaison qualitativement originale d'aptitudes musicales » Dans
son ouvrage publié en 1938, Seashore souligne que : « Le
talent est par définition un trait héréditaire »
50(*)
II.1.1. Le test de Seashore
Il s'agit d'une batterie de six tests mise sur pied dans le
but de sélectionner les enfants musicalement doués. Ce test peut
nous aider dans notre quête des musiciens « chanteurs de
charme ». Bien évidemment, la hauteur, l'intensité et
la consonance restent cernées comme cela est précisé dans
les parties précédentes de ce travail.
Les six batteries de Seashore
1. Le sens de la hauteur (c'est la sensibilité
différentielle à la hauteur des sons) ;
2. Le sens de l'intensité (la sensibilité
différentielle à leur intensité) ;
3. Le sens du temps (la sensibilité
différentielle à durée des sons) ;
4. Le sens de la consonance (l'aptitude à
apprécier et à préciser les accords selon le degré
de leur consonance) ;
5. L'ampleur de la mémoire (remarquer le changement de
hauteur d'un son après les auditions répétées de
plusieurs sons non liés les uns aux autres) ;
6. le sens du rythme (l'aptitude à remarquer les
altérations successives subies par une figure rythmique
tambourinée à plusieurs reprises).
Sur base de la mesure du sens de la hauteur, du sens de
l'intensité, du sens du temps, on peut établir sans risque de se
tromper que tel artiste-musicien tend vers une carrière de
« chanteur de charme » Le sens de la hauteur est
déterminé à partir du « la » de la
première octave (435 Hz)
Si on obtient :
- un seuil inférieur à 3 Hz
|
|
Peut devenir musicien ;
|
- un seuil de 3 à 8 Hz
|
|
Peut recevoir l'instruction musicale générale
(le chant à l'école doit être obligatoire) ;
|
- un seuil de 9 à 17 Hz
|
|
Peut recevoir une instruction au cas où se
manifesterait un penchant spécial pour une espèce donnée
de musique ;
|
- un seuil de 18 Hz
|
|
Ne doit pas du tout faire la musique.
|
En dehors de toutes les prédispositions à la
musique, le « talent musical » dépend
énormément de l'exercice et de l'entraînement. Cela est
confirmer par beaucoup d'auteurs à l'instar de Marx (A.B) 51(*) Il dit dans la publication
référencée : « si quelqu'un sent l'envie de
faire la musique et y consacre sans crainte autant de temps et de forces que
lui permettront sa vocation personnelle et les circonstances
extérieures ; son désir et son labeur seront
récompensés ».
Dans une tout autre circonstance, Andrews 52(*) dans son article paru dans
l' « The American Journal of psychology »,
déclare que le talent musical dépend pour beaucoup de la
pratique.
Un autre chercheur américain, Copp (1916) soutient lui
que « les aptitudes musicales sont beaucoup plus répandues
qu'on ne l'imagine »
Plus récemment, Schoen 53(*) a soutenu que « l'immense majorité
des enfants perdent leurs aptitudes musicales innées faute d'un
entraînement de l'oreille et de l'esprit à l'âge qui s'y
prête le mieux »
II. 2. Les 25 talents selon
Seashore
I. Sensation &
perception
A. Formes simples de
sensation
1. Le sens de la hauteur ;
2. Le sens de l'intensité ;
3. Le sens du temps ;
4. Le sens de l'étendue.
B. Formes complexes de la
perception
5. Le sens du rythme ;
6. Le sens du timbre ;
7. Le sens de la consonance ;
8. Le sens de du volume du son.
II. Activité
musicale
9. Le contrôle de la hauteur ;
10. Le contrôle de l'intensité ;
11. Le contrôle du rythme ;
12. Le contrôle du timbre ;
13. Le contrôle du volume du son.
III. Mémoire et
imagination musicale
14. Le contrôle de la hauteur ;
15. Images motrices ;
16. Imagination créative ;
17. Le volume de la mémoire ;
18. l'aptitude à l'apprentissage
IV. Intelligence
musicale
19. L'association musicale libre ;
20. L'aptitude à la réflexion musicale ;
21. Le talent intellectuel général.
V. Sensibilité
musicale
22. Le goût musical ;
23. La réaction affective à la musique ;
24. l'aptitude à s'exprimer affectivement en
musique.
II.3. La fréquence
normale du vibrato
Cette fréquence est liée à
l'excitabilité récurrentielle du sujet par la formule :
Nvibr
|
=
|
6,25
10C(chronaxie reccurent.
|
En gros, pour :
- La basse, N =
|
5 vibrations/seconde
|
|
- Le baryton, N =
|
6 vibrations/seconde
|
|
- Le ténor, N =
|
7,5 vibrations/seconde
|
|
Plus cette fréquence diminue, le vibrato prend
différents noms : ondulation, ballonnement, tremolo ou
chevrotement.
II. 4. Classement de la voix
en tessiture
Raoul Husson 54(*) définit le classement d'une voix
chantée en tessiture comme la désignation de la
catégorie à laquelle elle appartient dans le tableau de
classification. Il désigne aussi les opérations
expérimentales par lesquelles on parvient à définir cette
catégorie pour un sujet donné. Il en résulte selon la
premier cité que classement et classification ne sont nullement
synonymes.
Ce classement d'une voix déterminée s'obtient en
effectuant la mesure de la chronaxie récurrentielle du sujet
considéré grâce à l'appareil servant à la
mesure de la chronaxie appelé chronaximètre ou table de
Bourguignon 55(*)
Toutefois il faut faire savoir qu'il existe des voix incultes
56(*) et que la chronaxie
ne varie pas sous l'effet de l'âge ; de l'entraînement
vocal ; des hormones sexuelles ; Hormones
cortico-surrenaliennes ; l'adrénaline ; des stimulations
ordinaires du cortex local ou de la formation réticulée et enfin,
d'un catarrhe local.
II. 4. La pression de la
voix selon les registres
II.4. I. Premier registre de la
voix humaine :
Il s'agit ici de la voix dite de
« poitrine ». Pendant l'émission des sons, les
influx moteurs parvenant aux cordes vocales progressent en
« phase » dans les axones en activité du nerf
récurrent.
N(max)
|
1000
P
|
|
Basse
Baryton
Ténor
|
=
=
=
|
2,5
2,1 avec sol3, si et
ré4
1,7
|
II.4. 2. Le deuxième
registre (régime biphasé)
- Voix de fausset (homme)
|
|
Sol4 (contralto)
|
- Voix de tête (les enfants ou les femmes)
|
Si4 (mezzo)
|
N(max) =
|
1000 x 2
P
|
Ré5 (soprano)
|
II.4. 3. Le troisième
registre (régime triphasé)
N (max.)
|
=
|
1000 x 3
P
|
|
Ré5, la5 et
ré6
|
CHAPITRE III.
OBSERVATIONS
III. 0. Des effets
charmants
La communication esthétique qui s'établit entre
un chanteur de charme et celui qui l'écoute relève du sens
culturel et personnel de chacun des auditeurs. En fait, chacun de nous a
intériorisé le « beau »d'après ses
propres expériences, sa propre histoire et ses souvenirs. Mais ce
jugement individuel rencontre l'entendement collectif ou social sur le
« modèle du beau » et parvient même à
se confondre à lui. En réalité, les appréciations
individuelles se moulent à travers le temps dans les moules sociales.
D'ailleurs Gabrielle Boissier le dit quand elle souligne
que « chaque individu devait avoir une perception auditive
personnelle des sons , cette perception peut être modifiée par des
troubles de personnalité. Les sons agissent d'une façon plus
personnelle sur la sensibilité que ne le font les représentations
visuelles » 57(*)
Cette pensée donne à voir que chacun de nous a
son modèle du « beau » mentalisé en lui et
que ce modèle est proche de celui du collectif, socialisé par
l'habitus culturel. Ce travail se trouve ainsi à cheval
entre l « esthétique populaire »58(*) et
l « esthétique kantienne »59(*).
C'est cela que fait savoir Pierre Bourdieu quand il
dit : « L' esthétique populaire apparaît
comme l'envers négatif de l'esthétique kantienne et que l'ethos
populaire oppose implicitement à chacune des propositions de
l'analytique du beau une thèse qui la contredit. Alors que pour
appréhender ce qui fait la spécificité du jugement
esthétique, Kant s'ingéniait à distinguer ce qui
plaît de ce qui fait plaisir »60(*)
Jacques Dérida61(*) par contre est arrivé à distinguer les
arts agréables (qui séduisent par l'attrait du contenu sensible)
des beaux-arts(qui offrent le plaisir sans la jouissance). Cette pertinence
nous permet de dire sans risque de nous tromper que, la voix ordinaire dans la
musique est comme un art agréable, elle séduit par l'attrait du
contenu sensible tandis que la « voix de charme »est
à classer parmi les beaux-arts qui enchantent, charment, et offrent le
plaisir de par leur forme. Ces voix qualifiées par nous de charmantes
devraient être dotées d'un bagage d'ornements extra-linguistiques
qui font cette qualité de charme.
III.1. Postulat de
recherche
D'une manière générale, les congolais
apprécient les voix du deuxième et du troisième registres
vocaux telles que détaillées à la page 23. La plupart de
ces voix ont un timbre particulier. Elles sont la consonance féminine ou
infantile. Pour certains professionnels du chant choral, les
« chanteurs de charme »chantent dans une double gamme.
C'est-à-dire qu'ils chantent dans la gamme déterminée en
même temps qu'ils le font dans la gamme relative.
Dans ce travail, l'accent est mis plus sur le sujet chantant
que sur l'objet chanté. Nous y tentons de faire « le
tour des liens connus entre la voix et ses attributs (intensité,
hauteur, timbre, localisation...)et l'être humain considéré
dans un paradigme holanthropique comme un organisme à la fois corporel
et psychique. Il s'agit ici d'objectiver les jouissances esthétiques de
la musique offertes par la voix et surtout d'explorer les multiples composantes
du son dans leurs effets ; l'effet le plus palpable étant
l'influence. Ceci pourrait conduire non seulement à l'usage
thérapeutique ou reéducatif de la voix(du son) mais aussi
à la saisie des effets voulus au niveau des émotions les plus
intimes »62(*).
Pour rappel, le « chanteur de charme »
est un sujet chanteur à propos de qui on dit : « il
sait chanter » ou « il chante bien ». Pour nous,
cette « voix de charme » offre un spectre vocal qui
atteint le clocher63(*).
Grâce au programme informatique « sound
wave »64(*),
nous allons tenter de cerner cette donne.
III.2. Modèle-type
d'une voix de charme chez les congolais
III.2.A L'esthétique et
l'art vocal chez les Congolais
Pour arriver à susciter les effets charmants tels que
nous l'entendons, il est supposé acquis que le créateur de
l'oeuvre musicale est motivé par l'amour. En fait, l'art est aussi
amour. Ce créateur crée son oeuvre dans l'amour et il l'expose,
la chante pour rencontrer les autres. Il s'en va faire aux mélomanes
ces expériences fondatrices qui ravissent, qui réjouissent et qui
embellissent les perceptions.
Bien évidemment, cela se réalise par
télescopage avec des expériences similaires du public par l'effet
de reconnaissance. Cet atout l'artiste l'obtient par son charisme et par la
« re-connaissance » qui le font s'associer à une
communauté des sentiments et aux expériences des autres humains
qui se re-connaissent en lui.
Cette esthétique chorale touche là où
c'est sensible, elle contacte plus profondément au niveau de
l'énergétique et du sentiment : « les
vibrations sonores affaiblissent les tensions musculaires défensives
laissant l'harmonie de la mélodie pénétrer au coeur de
l'être. L'esthétique relie et fait sortir l'être de son
tréfonds et le connecte avec l'autre, avec les
autres »65(*).
En fait, par elle l'art, l'art réunit, rapproche,
pacifie. Chez les congolais amoureux de la bonne musique, on sent que
l'esthétique transcende et connecte avec les valeurs fondamentales qui
sont aussi les valeurs communes congolaises. Ces valeurs communes congolaise
sont des goûts classés dans un ordre socioculturel
spécifique, dans une culture où tout est musique, tout est
accompagné de musique.
III.2.B. Le modèle
congolais de la « voix de charme »
Ayant étudié les appréciations des
congolais en matière de musique. Nous avons postulé ce
modèle vocal comme étant celui qui est grave dans l
mémoire collective des congolais comme étant la « voix
de charme »
Désignation
|
Caractéristique de la voix
|
Volume
|
Petite
|
Couleur
|
Claire
|
Epaisseur
|
Mince
|
Timbre
|
Corsée
|
Mordant
|
Caressante
|
Fréquence
|
2400-3000 Hz
|
Harmonies
|
2500-3200 cycles
|
Chronaxie
|
0,080 -0,090 ; 0,090-0,120 ; 0,120-1,7
|
Hauteur
|
De 4 à 7,5 vibrations/seconde
|
Bande de fréquence
|
Octave aiguë
|
Régistre
|
2ème registre ou 3ème
registre
|
Type
|
(biphasé) fausset
|
(triphasé) tête
|
Couverture vocale
|
- contralto (sol4)
- mezzo (si4)
- 1er ténor
- soprano (re5)
|
- mezzo-soprano
- 2nd ténor
- (ré 5, la 5, ré
6, fa 5, ut 6 et fa 6
|
Gamme
|
Do, ré, sol et la ...
|
Fa et mi
|
Tessiture
|
Do2-do4 ; sol
2-sol4, la 2-la 4, do
3-do 5
|
La 2-do 3, la 4-do
5.
|
III.3. Echantillon choisi
Avant d'établir la liste des chansons à travers
lesquelles se déploient les voix que nous allons analyser, il convient
que nous disions en relayant ces propos de Calame et Griaule que « la
mélodie africaine [congolaise] est essentiellement installée dans
la gamme pentatonique qui lui confère puissance, clarté et
harmonie. La polyphonie traditionnelle [africaine] est fondée sur le
parallélisme des tierces, des quartes et des quintes. On y rencontre
l'antiphonie, la forme responsoriale, où l'on peut entendre le canon
à la quinte et à l'unisson ; on trouve aussi des formes des
litanies, des ostinatos, des mouvements contrapuntiques mettant en
évidence deux ou trois types de voix »66(*)
Notre échantillon est fait d'un certain nombre de ces
chansons congolaises ayant connu un certain succès. Il s'agit des titres
suivants :
- « Effervescent »,
interprété par Koffi Olomide et Fally Ipupa dans l'album
« Effrakata » avec l'orchestre « Quartier
Latin »(2002).
- « Vita Imana »,
interprété par Ferré « Chair de
poule » dans l'album « Solola bien » avec
l'orchestre Wenge Musica « Maison mère »(2000)
- « Moto oyo », interprété
par Nathalie Makoma et alii dans l'album « Jesus for
live »(2000).
- « Washington »,
interprété par Koffi Olomide et l'orchestre « Quartier
Latin » dans l'album « Effrakata »(2002).
Nous voulons faire noter qu'à ce niveau de travail de
fin de cycle, nous ne pourrons que nous limiter au niveau de certaines
séquences chorales ou solo-vocales qui mettent en exergue des voix
candidates au qualificatif de « charme ».
III.4. Observations
proprement dites
III.4.0 Introduction
Pour pouvoir observer le comportement vocal du
« chanteur de charme » quand il chante, nous le ferons
grâce à un logiciel approprié
appelé : « sound wave ». Dans l'une de ses
versions les plus récentes « sound wave » affiche
les oscillations de la voix chantée ou parlée en termes de
fréquences et de spectres cycliques. C'est ce logiciel qui
prévoit une zone dite « le clocher »67(*), légèrement
inférieure ou légèrement supérieure à 3000
Hz.
Mais l'oreille ou l'audition reste par dessus tout
l'instrument de mesure par l'excellence, car c'est elle qui peut
déchiffrer les différentes caractéristiques de la voix.
III.4.1 Résultats
1. « Effervescent » avec K.
Olomide et F. Ipupa orchestre : (le Quartier latin).
Auteur/compositeur : Agbepa Antoine alias Koffi
Olomide
Gamme : Sol
Résumé : L'auteur-compositeur parle
d'une femme qu'il prénomme « Ekatchaka » dont
l'amour serait comme un comprimé effervescent. Dieu, chante-t-il, en
créant des merveilles, n'était pas satisfait, jusqu'à ce
qu'il façonna « Ekatshaka ». Le comble, chante
l'auteur, est qu'il a mis cette merveille entre ses mains. Des merveilles
telles que le soleil, la lune, les étoiles...des beautés telles
que les éclipses, la flore, la faune voire, les merveilleuses chutes de
Niagara(Niagara falls) n'ont pas pu satisfaire le créateur, qui se
décida d'en arriver à « Ekatsthaka »
Séquence mise en exergue (version lingala)
:
« Ouh (3fois), nalingi ye, c'est vrai ngai nalingi
ye
« Nzambe ya mbala oyo soki na buki lokuta
« Pesa ngai etumbu mokolo ya liwa na ngai
« moto alela ngai te moto pe te ayoka ngai mawa
« Nakenda ngai moko na nzela ya lilita ah
« Na bolingo na ngai ah eh yeh eh eh eh
eh...Ekatshaka ah...
Traduction :
Ouh (3fois), je l'aime, c'est
vrai je l'aime
Oh Dieu si je mens cette
fois-ci
Punis-moi au jour de ma
mort
Que personne ne me pleure, que
personne n'ait pitié de moi
Que j'aille seul sur le chemin
de ma tombe attristé
Seul avec pour seul compagnon mon amour pour
« Ekatshaka ».
Observations
1.Volume de la voix : à entendre
cette voix, elle a un petit volume et apparaît légère. Elle
est dépouillée de toute lourdeur, elle est étirée,
bref, elle est petite.
2.Couleur : la couleur de la voix de
Fally Ipupa dans cette séquence est « claire ».
Cela se justifie par le fait qu'il s `agit d'un duo dans lequel Fally
Ipupa prend le ton et monte alors qu'une voix moins claire l'accompagne.
3.Epaisseur : cette voix commence par
être moins légère et couverte. Puis , progressivement, elle
s'allège, s'amincit et monte. Elle atteint sa minceur la plus
accusée quand ce chanteur lyrique égrène les intonations
vers la fin de la séquence. Elle monte, descend, remonte et finit dans
l'octave aiguë.
4.Timbre : dans cette séquence la
voix d'Ipupa est « corsée ». Elle tonne et s'affiche
au maximum sur l'écran de l'équalizeur. Elle a une consonance
féminine.
5.Mordant : dans un environnement sonore
dit « surround », on perçoit comment cette voix
caresse et berce l'écoute en montant et en descendant.
6.Fréquence : vue à
l'analyseur des fréquences68(*), cette voix tonale oscille dans le voisinage direct
du « clocher ». Il s'affiche de temps en temps une la
valeur de 2400 Hz le long de la chanson. Dans cette séquence
précise, cette voix lyrique va de 2380 à 2800 Hz.
7.Chonaxie réccurentielle :
étant donné que cette voix oscille entre le deuxième et le
troisième registre vocaux, les seules chronaxies disponibles sont
comprises entre 0,09 et 0.12.
8.Intensité ou hauteur : par sa
manière de clignoter , visible à l'oeil nu avec « sound
wave », on peut voir que cette voix vibre de 5 à 7 fois par
seconde.
9.Harmoniques : nous n'avons pas pu
saisir ce paramètre faute d'instruments appropriés.
10.Bande des fréquences : dans
cette séquence analysée la voix quitte l'octave normale et tend
vers l'octave aiguë.
11.Registre : il est clair que cette
voix appartient à la fois au deuxième et au troisième
registre.
12.Type vocal : cette voix est une voix
de fausset.
13.Couverture vocale : elle se
déploie sous forme de mezzo, de soprano et aussi du premier
ténor.
14.Tessiture : le
sol2-sol4 et le la4(quelques fois).
Conclusion partielle :
cette voix lyrique de Fally Ipupa, qui interprète le
tube« Effervescent » de Koffi Olomide, tiré de
l'album « Effrakata » est une voix qui peut être
considérée comme une voix de charme selon l'entendement des
Congolais.
2. « Vita Imana » avec
Ferré « chair de poule » et l'orchestre Wenge Musica
« Maison Mère »(2000).
a. Auteur/compositeur :
Ferré « Chair de poule ».
b. Gamme :
Ré.
c.
Résumé : L'auteur compare
son amour avec une certaine femme à un derby de football entre le deux
équipes phares de la ville de Kinshasa, à savoir l'As Vita Club
vs Le D.C. Motema Pembe. Il met en exergue une sagesse africaine qui condamne
une femme ayant plusieurs amants.
d. Séquence mise en exergue
(version Lingala).
Chérie na salaki manso
Mpo y'obonga ah
Mwasi mobimba na mibali ebele eh eh...
Traduction
Ma chérie, j'ai tout fait
Pour que tu sois bien(matériellement)
Mais tu es restée la même, inchangée
Tu demeures une femme aux multiples amants.
Observations
1.Volume de la voix : à travers
celle séquence comme d'ailleurs le long de la chanson, aussi lyrique que
l'est le nom de l'interprète de cette chanson qui a fait tabac :
« chair de poule »69(*), cette voix a un petit volume. Elle est vraiment
petite.
2. Couleur : Ferré
« Chair de poule » chante d'une voix
« claire ».
3. Epaisseur : on entend dans cette
séquence une voix de Ferré « mince » mais
couverte d'un certain nombre d'éléments extra-linguistiques et
para vocaux qui ne lui enlève en rien sa minceur et qui peut être,
sont à la base de l'enchantement qui s'en suivit.
4. Timbre : cette voix est maximalement
tonale. Elle est corsée. Mais elle reste toutefois d'une
catégorie féminine.
5. Mordant : la particularité de
cet artiste est qu'avec sa voix, il arrive à exécuter certaines
performances qu'on peut ressentir à l'oreille. La voix de
« chair de poule » est hypnotisante et soporative
grâce à ses effets caressant l'esprit.
6. Fréquence : grâce
à l'analyseur de fréquences du logiciel « sound
wave », nous avons pu déceler que la voix de cet artiste
affiche une fréquence très élevée proche du
« clocher » et varie que rarement. Dés le
début de la séquence, elle affiche 2700 Hz et tend vers les 2860
Hz quand l'artiste solfie les intonations.
7. Chronaxie : cette voix du second
registre a une chronaxie comprise dans la fourchette 0.080 et 0.090.
8. Harmoniques : faute d'instruments
appropriés, nous n'avons pas pu cerner ce paramètre.
9. Hauteur ou intensité : quand
Ferré chante, par une unité de seconde, sa voix vibre de 5
à 6 fois.
10. Bande de fréquence : Ferre
chante près de l'octave aiguë.
11. Régistre : Toute cette
séquence est chantée dans le deuxième registre vocal.
12. Type vocal : La voix de
« Chair de poule » est biphasée. Elle est dite de
fausset.
13. Couverture vocale : premier
ténor et soprano.
14 .Tessiture :
la2-la4.
Conclusion partielle :
La voix de Ferré « chair de
poule » remplit toutes les conditions de notre modèle
théorique pour être qualifiée d'une voix de charme selon
l'entendement des congolais.
3. « Moto oyo » avec Nathalie
Makoma et le groupe « Les Makomas »
a.
Auteur/compositeur :
b. Gamme : la
c.
Résumé : la chanson parle
d'un homme dépourvu de tout, oublié et abandonné à
qui le seigneur Jésus a fait une promesse de bénédiction.
Cet homme voit celle-ci s'accomplir dans sa phase matérielle pendant sa
vie sur terre après ses moments de souffrance.
d. Séquence mise en
exergue
Na tata ah ah (3 fois)
Na nkombo na nkombo ya Tata
Hum na nkombo na nkombo ya Tata
Na nkombo oyo ekozalaka na nguya ya Tata ah ah
Yango bana ba ya bakoganga yahwé eh eh eh
Traduction
Au Dieu Le Père ah(3 fois)
Au Nom du Dieu le Père
Hum au Nom du Dieu le Père
Au Nom pleine de puissance, le Nom du Père
En ce Nom les enfants crient Yahvé eh eh
eh
Observations :
1. Volume de la voix : Nathalie Makoma
chante d'une très petite voix et sa voix est très
particulière. Elle est riche en éléments
extralinguistiques et en ornements extra-vocaux que l'artiste manipule et manie
pour créer les effets charmants.
2. Couleur : avec cette charmante voix
féminine , nous avons l' impression d'être devant une des voix les
plus claires de la musique électroacoustique moderne congolaise.
3. Epaisseur : la minceur de la voix
de Nathalie Makoma est manifeste . Cette jeune artiste congolaise a
doublé son talent de chanteuse -charmeuse d'un art choral bien
assimilé dans une grande école européenne. Elle est la
cheftaine de file d'un groupe dont elle tient le lead suite à sa
voix.
4. Timbre : il ne fait l'ombre d'aucun
doute , la voix de Nathalie Makoma est corsée. Elle a un tonus dont
l'intensité dépasse de loin beaucoup de voix masculines. Cette
artiste chante avec son larynx et ses poumons.
5. Mordant : La voix de Nathalie
Makoma est caressante. Elle emballe et emporte vers un univers de rêve
où le message chanté est perçu comme une suite d'images
sonores que le savoir-faire de cette charmeuse
« performe ».
6. Fréquence : la voix de cette
jeune fille affiche sporadiquement les 2900 Hz. Ce niveau est difficilement
atteint par la majorité des chanteurs sans être fatigué.
7. Chronaxie : Nathalie chante dans
les deuxième registre vocal. Sauf quelques rares fois où elle
orne son chant de quelques intonations égrenées dans le
troisième registre. Un grand arrangeur de studios MECO70(*) a avoué que cette voix
a pu atteindre le la5 dans le troisième registre.
8. Harmoniques : paramètre non
saisi suite au manque d'instrument.
9. Hauteur ou intensité :
Parfois, la voix de Nathalie vibre 7 fois par seconde.
10. Bande de fréquence : Cette
chanteuse chante dans l'octave aiguë.
11 .Type de voix : c'est une voix
biphasée(deuxième registre) . Mais elle devient aussi
triphasée quand elle solfie les intonations au troisième
registre.
12. Couverture vocale : second
ténor et mezzo-soprano.
13. Régistre : deuxième et
troisième registre.
14. Tessiture :
la2-la4/ do3-do5
Conclusion partielle :
Sans doute , la voix de Nathalie Makoma est une voix de
charme conformément au dispositif que nous avons cerné ici.
L'histoire retiendra qu'elle est une des voix les plus extraordinaires que la
RDC ait connu.
4. « Washington » avec Koffi
Olomide et l'orchestre « le Quartier
Latin »(2002)
a.
Auteur/compositeur : Koffi Olomide
b. Gamme : do
c.
Résumé :
« Washington » est le nom que l'auteur donne à une
femme de son amour. Il compare cette femme à « Guillaume le
conquérant » qui a conquis son coeur. Depuis qu'elle l'a
abandonné, il est malade d'amour et aucune thérapie fut-elle
chimiothérapie, ne le guérie. Enfin, il se demande si l'amour
existe. Il écarte de sa question Jésus de Nazareth,
Gandhi le « Mahatma » et la Bienheureuse Mère
Theresa qui pour lui, sont les seuls à avoir manifesté les signes
d'amour .
d. Séquence mise en
exergue
Yo moko olobaki okomemanga na mokongo
Tokatisa ebale kino ngambo esusu
Tokoma na katikati obwakisi ngai
Nakomi kotepa tepa sauvetage te
Faute eza ya yo te mabe ezali ya ngai
Il ne fallait pas nalia dindon na esprit ya soso
Traduction :
Tu m'as promis de me porter à jamais sur ton dos
Pour traverser le fleuve jusqu'à l'autre rive
Mais tu m'as abandonné en plein fleuve sans
sauvetage
Me voici emporté par le courant sans sauvetage
C'est ma faute et non la tienne
J'aurai dû ne pas croire à tes promesses
irréalistes...
Observations
1. Volume de la voix : Koffi Olomide
chante d'une voix qui a un volume considérable à propos duquel on
ne peut pas dire que la voix est petite. Cela n'exclut pas qu'il hausse le ton
pour rendre petite sa voix dans d'autres séquences malheureusement non
retenues.
2. Couleur: dans cette séquence la
voix de Koffi Olomide est moins claire que dans d'autres séquences
où il chante d'une voix claire.
3. Epaisseur : Cette voix est
consistante , on dira imposante qui n'est pas mince mais épaisse.
4. Timbre : la voix de l'artiste est
tonale, constituée et corsée.
5. Mordant : cette voix n'est pas moins
caressante et emballante. On peut ressentir le charisme de l'artiste que
beaucoup de mélomanes considèrent comme charmant.
6. Fréquence : l'analyseur des
fréquences a affiché 3900 Hz. Ce qui est supérieur au
« clocher ». Cela se justifie par le fait que cette est un
duo qui se chante par Koffi Olomide lui-même accompagné de
Bourreau Mpela71(*). Pour
avoir la vraie fréquence de la voix de Koffi Olomide , nous avons
trouvé ailleurs une variation entre les 2200 et 2470 Hz.
7. Chronaxie réccurentielle :
cette catégorie se déploie sous une chronaxie estimée
égale à 0,080.
8. Harmoniques : ce paramètre
exige un dispositif on ne peut plus performant que celui rencontré aux
studios MECO .
9. Hauteur ou intensité : la
manière de clignoter sur l'oscillographe nous permet de saisir
l'intensité de cette voix qui est égale à 5 vibrations.
10. Bande de fréquence : Koffi
Olomide chante ici dans l'octave normale.
11. Typologie : Il chante d'une voix
masculine grave monophasée qu'on peut qualifier de « seconde
basse ». C'est une « voix de poitrine ».
12. Couverture vocale :
« seconde basse » ou « basse
taille ».
13.Régistre : premier registre
monophasé.
14.Tessiture :
do1-mi3
Conclusion partielle :
La voix de Koffi Olomide ne remplit pas les critères de
notre modèle. Elle n'est donc pas une voix de charme, pourtant ,
elle fait l'unanimité d'être dotée d'un pouvoir de
séduction. Cette particularité nous fait rejoindre les propos de
Jacques Derrida72(*)qui a
pu distinguer les arts agréables des beaux-arts. Loin d'être
classée parmi les beaux-arts, la voix d Koffi Olomide fait partie des
arts agréables , qui séduisent par l'attrait du contenu sensible
qu'elle rend. Cela est le cas de certains artistes de renom parmi lesquels on
citerait Julio Iglesias.
CONCLUSION GENERALE
1. Rappel des objectifs
En esquissant ce travail de fin de cycle, nous nous sommes
fixé comme objectif de localiser la demeure du charme vocal dans
l'entendement des congolais et bien entendu de rechercher dans quelles mesure
ce charme peut être objectivé et rendu reproductible.
Le charme est l'objet de beaucoup de discussions sous divers
couverts scientifiques. Il se déploie pour ce travail dans la
communication esthétique.
2. Résultats
Avant d'arriver aux résultats de nos analyses , nous
nous étions fixé un modèle théorique ,
postulé par nous comme le prototype d'une voix de charme . Nous avons
cerné les caractéristiques de cette voix à partir d'une
symbiose des deux modèles vocaux, celle de Husson(R .) et celle de
Teplov(B.M.)73(*). Ce
modèle nous a servi une approche comparative , qui a analysé
scrupuleusement les voix candidates.
Pour rapprocher les résultats du concret nous avons pu
opposer les résultat de cette recherche au concret, à la
réalité physique des sons grâce au dispositif technique des
studios d'enregistrement MECO . Ces mêmes résultats ayant fait
l'objet d'une analyse informatique par le logiciel « sound
wave ».
Après recherches, études, analyses et
confrontations, nous sommes arrivés aux résultats suivants:
a. Les voix du deuxième et troisième registre
ont beaucoup de chances de provoquer des effets de charmants auprès du
public.
b. Dans l'entendement des congolais, les voix féminines
et infantiles sont dotées d'un pouvoir hypnotiseur et ont des effets
somatothérapeutiques74(*) qui peuvent être qualifiés de
« charmants ».
c. Le charme vocal renvoie à une conception
esthétique et dépend étroitement de la culture du lieu
où il faut le définir.
d. Les « effets charmants » par
l'écoute d'une voix dite de charme sont l'aboutissement d'un processus
d'influence.
e. Pour ce qui est de la voix , ce charme réside plus
dans la manière de chanter que dans ce qui est chanté. Il est
l'apanage d'un certain nombre d'éléments extra-linguistiques.
f. Pour ce même charme, on prend aussi en compte le
« charisme »75(*) de l'artiste qui devra être
« re-connu » par le public. Cette distinction lui attribue
un pouvoir de convaincre. L'avantage qu'il a d'être aimé le
prédispose au charme et en plus il bénéficie d'un
crédit qui préjuge de la valeur de son travail.
g. Les paroles de la chanson n'influent pas toujours sur le
charme de la voix, mais il est des paroles qui charment en étant les
échos des situations qui rappellent des souvenirs vécus par
l'auditeur.76(*)
h. Le charme vocal est lié à la morphologie du
système phonatoire de chaque artiste ; puis , il a quelque à
avoir avec les mues vocales.
A ce sujet, nous appuyons la pensée d'Edouard Garde qui
a pu dire en son temps qu' « il n'y a peut-être pas de
carrière d'exception sans que l'organisme(et non pas tellement le
larynx) du chanteur présente des particularités physiologiques,
elles aussi exceptionnelles ».
A l'issu de ce travail, nous pensons croire que la chanson
congolaise , depuis environ un demi-siècle, s'est construite autour des
quelques gammes, le quatuor :
« do-re-sol-la ». Nous avons pu constater
que toutes les chansons de charme et peut-être aussi les voix qui les
chantent, sont composées et exécutées dans ces seules
gammes. Cela étant, nous nous demandons si ces gammes ne peuvent pas
être considérées parmi les éléments
fondateurs de cette influence due à la voix.
Le quatuor
« do-ré-sol-la », une petite voix
claire, corsée et intense sont pour ainsi dire les
éléments militant pour l'établissement des effets
charmants.
Grâce au « sound wave » , nous avons
pu analyser le comportement de certaines voix pendant le chant. Bien que le
dispositif technique n'a a pas permettre la saisie de tous les
paramètres de l'influence vocale et de ses effets charmants, nous avons
tiré nos conclusions avec ce que nous avons pu trouvé. Nous
parlons en ces termes pour laisser entrevoir la marge dans laquelle nous avons
approché nos résultats, même si les paramètres
disponibles sont quasiment majoritaires .
En définitive, après avoir brossé
succinctement les constats tirés de nos analyses, nous
référant aux objectifs fixés, nous concluons que le charme
vocal chez les congolais serait le fruit d'une malformation physiologique
favorable. Cette malformation est favorable d'autant plus qu'elle est la base
de la petitesse de la voix, de sa clarté, de sa hauteur, de son
intensité. A ceci s'ajoutent la fréquence vocale qui doit
atteindre les 3000 Hz et la pression se traduit en termes de vibrations par
seconde.
3.Application des résultats
Les résultats de ce travail ouvrent sur une perspective
en communication sonore et esthétique dont le néologisme pourrait
être
l' « acousthétique 77(*)». La saisie des
effets charmants en musique peut être utilisée dans
différents domaines scientifiques. Notre approche penche vers la
thérapie par la musique.
En effet, selon le nouveau paradigme holanthropique, l'art en
général et la musique en particulier, peut servir à
guérir certains maux. Ce paradigme qui est un pas en avant provenant de
la psychomusique et de la psychosonique, considère chaque être
comme étant particulier donc, devant bénéficier d'une
thérapie individualisée.
La thérapie par la musique a beaucoup d'avantages. Le
plus direct étant de contourner les nombreux effets secondaires
déjà trop nocifs des médicaments. Pour être la seule
drogue autorisée, la musique peut aussi être utilisée pour
la relaxation à la place de certains dépressifs et des
anti-stress reconnus par leurs effets nocifs à la longue. C'est pourquoi
la possibilité de reproductibilité se révèle
essentielle et constructive pour l'avancement de cette recherche.
Déjà avec la saisie des paramètres de ce charme, nous
pensons croire qu'elle est possible.
En dehors de tout cela, il est vrai qu'un paramètre
comme le charme de la voix , une fois cernée et saisie, peut rendre
possible la définition de l'habitus culturel congolais
que d'aucuns ne réalisent pluriel et multiculturel. Donc cette donne est
pourvue des potentialités sociales et socialisantes très
utiles.
REPERES BIBLIOGRAPHIQUES
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côté public. Le jeu de la réception, Ed.
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enquêter,, analyser, conserver...Tout un monde de musiques, Ed.
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musique. Des origines à Sébastien Bach, Paris,
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2. Bruno, N., Some linguistic approaches to music analysis in
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l'étude de la musique africaine in La revue musicale n°238,
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divergencies in Musique en jeu, n°02, Paris,1971
5. Lamp,C.L., & Keys,W., Can aptitude for specific musical
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Psychology, n°26, 1935
6. Gritti,J.,Reconnaître l'image ,imager la
reconnaissance in Recherches en
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7. Gryspeerdt,A., La reconnaissance in Recherches en
communication,n°6,Bruxelles,UCL,1996.
8. Bougnoux,D.,De la pragmatique à la médiologie
in Recherches en communication,n°4,Bxlles,UCL,1994,p.40
9. Meunier,J.P., Y a-t-il de l'image dans le verbe ? Pour
une formulation des rapports entre l'analogique et le digital in
Médiation et information, n°6, pp.113-134
INEDITS ET NOTES DES COURS
01. Kasongo Ibanda, E., Notes du cours de
Théories de la communication, Unikin, 2000-2001
02. Kasongo Ibanda, E., Notes du cours d'Introduction
à l'information et à la communication, Unikin,
2000-2001
03. Kasongo Ibanda, E., Notes du cours de commentaires
de documents,Unikin,2000-2001
04. Kasongo Ibanda, E., Notes du cours de Théories et
analyse du langage audio-scripto-visuel et paralangage,Unikin,2002
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
II
AVANT- PROPOS
III
OBJECTIFS ET BUT
1
DOMAINE DE RECHERCHE
2
PROBLEMATIQUE
3
HYPOTHESE
5
APPROCHE METHODOLOGIQUE
6
O. CADRE THEORIQUE : LES SOURCES DE L'INFLUENCE
PAR LA VOIX
7
0.1. PERCEPTION AUDITIVE
10
CHAPITRE PREMIER. LES CONCEPTS-CLES
12
0 DEFINITION DES CONCEPTS
12
1. La communication
12
2. Le charme
12
3. L'esthétique
13
4. La communication esthétique
14
SECTION 1. L A V O I X
14
I.A. Les mues
14
I.A. 1. Les mues normales
15
I.A. 2. Absence des mues
15
I .A. 3. Mues anormales
15
I.A. 4. Mues incomplètes et
prolongées.
16
I.B. LES CLASSIFICATIONS
17
I.B. 1. Classification en fonction de la
puissance
17
I.B. 2. Classification en fonction du timbre
vocalique
17
I.B. 3. Tessitures et catégories
vocales
17
SECTION II. LE CHANT
20
Section III. LA MUSIQUE
23
III. 1. Les gammes
24
III. 2. Le contenu
25
CHAPITRE DEUX. LE TALENT MUSICAL
27
II.1. Le point de vue de Seashore
28
II.1.1. Le test de Seashore
29
II. 2. LES 25 TALENTS SELON SEASHORE
30
I. Sensation & perception
30
A. Formes simples de sensation
30
B. Formes complexes de la perception
30
II. Activité musicale
31
III. Mémoire et imagination musicale
31
IV. Intelligence musicale
31
V. Sensibilité musicale
31
II.3. LA FRÉQUENCE NORMALE DU VIBRATO
31
II. 4. CLASSEMENT DE LA VOIX EN TESSITURE
32
II. 4. LA PRESSION DE LA VOIX SELON LES
REGISTRES
33
II.4. I. Premier registre de la voix
humaine :
33
II.4. 2. Le deuxième registre
(régime biphasé)
33
II.4. 3. Le troisième registre
(régime triphasé)
33
CHAPITRE III. OBSERVATIONS
34
III. 0. DES EFFETS CHARMANTS
34
III.1. POSTULAT DE RECHERCHE
35
III.2. MODÈLE-TYPE D'UNE VOIX DE CHARME CHEZ
LES CONGOLAIS
35
III.2.A L'esthétique et l'art vocal chez
les Congolais
35
III.2.B. Le modèle congolais de la
« voix de charme »
36
III.3. Echantillon choisi
37
III.4. OBSERVATIONS PROPREMENT DITES
38
III.4.0 Introduction
38
III.4.1 Résultats
38
CONCLUSION GENERALE
46
REPERES BIBLIOGRAPHIQUES
50
TABLE DES MATIERES
52
* 1 Lire à ce sujet
La musique électroacoustique du Michel CHION, parue aux presses
universitaires de France (Paris ) en 1982. Pour lui, le concept de musique
électroacoustique date de la fin des années 50. Il évoque
la musique sur la bande où désormais les sons
« concrets » captés par micro et les sons
« électro » daignent cohabiter.
Pour M.Chion, la musique électroacoustique
évoque aujourd'hui la musique sur disque, réalisée en
studio, sur des magnétophones, à partir des sons d'origine
acoustique (captés par micro) ou « électro »,
qui sont manipulés ou non, et combinés puis montés de
façon à aboutir à des opus fixés sur des supports
tels que les bandes magnétiques ou les disques. Ces sons peuvent
être interprétés en concert dans une certaine mesure par
l'emploi des haut-parleurs.
Jérôme Peignot et Pierre Schaeffer ont
désigné par ce terme une situation d'écoute où la
source du son n'est pas visible et présente. Cette perception est
renchérie par François Bayle qui l'a confondue au concept de
« acousmatique ».
* 2 Fonagy, cité par E.,
Kasongo Ibanda, Notes du cours de théories et analyse du langage
audio-scripto-visuel et paralangage, Université de Kinshasa,
2001-2002, p. 77
* 3 Par opposition au charme
visuel qui prévaut dans les beaux-arts. Seule la musique et certains
domaines de l'art bien précis exploitent soit le canal auditif soit le
canal olfactif.
* 4 R. Barthes, cité par
P. Bourdieu dans La distinction. Critique sociale du jugement,
éd. de minuit, Paris, 1979,
* 1 Walter Howard et Imgard
Auras, Musique et culture, PUF, Paris, 1963, p.38.
* 2W. Howard et I. Auras, op.
cit., p. 137.
* 3 Dans son livre
« La distinction », le sociologue
français Pierre Bourdieu fonde la critique sociale du jugement par cet
« habitus culturel » que peut être compris comme
l'ensemble des éléments socialisés, acceptés et
pratiqués par un groupe d'individus ou une société. C'est
le fondement de tout jugement social d'un membre d'un groupe
déterminé qui est une sorte de patrimoine social sur les
jugements.
* 4 op. cit., p. 137
* 5 Lire les explications
à la page 17 (notes).
* 6 Lire les explications
à la page 17 (notes).
* 7 Cette particularité
re-introduite en communication par François Roustang participe dans le
processus d'influence et emballe le public comme par un coup de baguette
magique. Le « charme » a ici un aspect magique et
mystique.
* 8 Raoul Husson, Le
chant, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris,1962, pp. 11 et 12
* 9 La durée que doit
avoir une excitation électrique (dont l'intensité est le double
de celle de rhéobase) pour provoquer une réaction d'un nerf ou
d'un muscle. On appelle rhéobase : l'intensité minimale du
courant électrique continu nécessaire pour obtenir une
réponse d'une structure organique.
* 10 Pierre Bourdieu
évoque ce concept en parlant du fondement du jugement et de la critique
sociale. Tout jugement émis par un membre d'une société
déterminée est fonction d'un certain nombre critères
empilés dans la mémoire collective ou individuelle. C'est cette
conception qui justifie l'existence de culture dans chaque
société.
* 11 P. Giraud, La
sémantique, Paris, PUF, Coll. que sais-je ?, 1996
* 12 François
Roustang, Influence, Paris, Ed. de minuit, 1990
* 13 Alex Mucchielli, Aux
sources de l'influence in Recherches en communication n° 6, UCL,
Bruxelles, 1996, p. 204
* 14 A. Mucchielli, idem, p.
204.
* 15 Jules Gritti,
Reconnaître l'image, imager la reconnaissance in Recherches en
communication n° 6, UCL, Bruxelles, 1996, pp. 181-182
* 16 Edouard Garde, La
voix, PUF, Paris, 1965, p, 88
* 17 Edouard Garde, op. cit.,
p. 38.
* 18 Félix Raugel, Le
chant choral, PUF, Paris, 1966, p. 132.
* 19 Maurice Emmanuel, La
voix du chant, Ed, Gallimard, Paris, 1958, p. 37.
* 20 La
« re-connaissance » évoquée ici est dite
aussi « re-connaissance médiatée.» Selon Alex
Gryspeerdt, c'est celle qui, par le biais des acteurs, met en jeu des
organisations auxquelles ceux-ci appartiennent et les institutions qu'ils
incarnent.
* 21 En ce qui concerne la
musique électroacoustique, la chanson est gravée sur un support
que le public utilise dans le besoin. Il se peut aussi que le son soit
« enregistré en public » lors d'un spectacle. Mais
ce dernier cas n'est pas retenu par nous dans ce travail.
* 22 Sigmund Freud a introduit
la théorie de l'inconscient à travers deux oeuvres magistrales
« Délire et rêve dans la Gravida Jensen
» (1907) et « un souvenir d'enfance de Léonard de
Vinci » en 1910. Il a après écarté l'hypnose de
la psychanalyse. Ce concept est repris par François Roustang et
introduit en sciences de la communication.
* 23 Kasongo Ibanda, E.,
Notes du cours d'introduction à l'information et à la
communication, Université de Kinshasa, 1998-1998, p. 56.
* 24 Précocité
des manifestations sexuées suite à un hyperfonctionnement de la
surrénale qui se manifeste par une infatigabilité, des brusques
variations d tensions artérielles, des migraines et des accès
d'hypertension paroxystiques
* 25 qui ne peuvent pas
reproduire les sons avec justesse
* 26 Il s'agit selon Edouard
Garde du volume de la cavité pharyngée
* 27 Les
caractéristiques anatomiques du larynx
* 28 Accolement des cordes
vocales
* 29 Danhauser, A.,
Théorie de la musique (revue et augm.), Ed. Henry Lemoine, Paris,
1996
* 30 Felix Rangel, le chant
choral, Que suis-je ?, PUF, Paris, 1966
* 31 Cette pensée de
Berlioz met en exergue le fait que le « chanteur de
charme » est un artiste musicien rare. Cette rareté est due
non seulement à ses prédispositions morpho-physiologiques, mais
aussi à son aptitude musicienne. C'est un « oiseau »
rare.
* 32 On peut donc voir que la
voix seule ne suffit pas pour faire le « chanteur de
charme »
* 33 Denis Laborde (éd),
Repérer, enquêter, analyser, conserver... Tout un monde de
musiques, éd. L'harmattan, Paris, 1996.
* 34 Marc Honegger,
Dictionnaire de la Musique, L'harmattan, Paris, 1976.
* 35 George P. Springer,
Language and music : Parallel and divergencies (traduit en
français) in Musique en jeu, Paris, 1971.
* 36 Nettl, B., Some linguistic
approaches to music analysis in The journal of international folk music
council,1959(traduit par Nettl en 1971),pp 187-205
* 37 Jean-Jacques Matras, Le
son, PUF, Paris, 1967.
* 38 J-J. Matras, Op. cit. p.
50.
* 39 B.M. Teplov,
Psychologie des aptitudes musicales, PUF, Paris, 1966 p 3.
* 40 Teplov(B.M.), Op. cit. p.
3.
* 41 E. Hanslick, Du beau en
art, Moscou, 1932 , pp. 24-25
* 42 N.A. Rimski-Korsakov,
Articles et notes sur la musique, Petersbourg, 1911, p. 216.
* 43 Teplov, B.M, op.cit
* 44 Expression qui revient
à dire non seulement auditionner mais, se laisser entraîner par la
musique dans une de sorte de pérégrination
* 45 J. Mainwaring,
Kinesthétic factors in the recall of musical experience, in the
British journal of psychology, 23, 1933.
* 46 C.L. Lamp & W. Keys,
Can aptitude for specific music instruments be predicted ? in the
journal of education & Psychology, 26, 1935.
* 47 Seashore(C.), The
psychology of musical talent in Psychology & Monog. , 53, 1919.
* 48 Idem, Psychology of
music, N.Y & London, 1938, p. 305.
* 49 Teplov (B.M), Op. cit, p.
49.
* 50 Seaashore (C.), Op. cit.,
p. 330
* 51 A.B. Marx, Manuel
général de musique, Moscou, 1893
* 52 Andrews (BR.), Auditory
test IX : tests of musical capacity in the American Journal of
Psychology, 16, 1905.
* 53 Schoen (M.), Recent
literature on the psychology of the musician in Psychology Bulletin, 18,
1921.
* 54 Raoul Husson, Le
chant, PUF, Paris, 1962, pp 11-12
* 55 Du nom savant
français qui a fait en 1923, une étude sur les
excitabilités nerveuses et musculaires du corps humain.
* 56 Ce terme désigne
l'ensemble des voix qui n'atteignent pas les limites correspondant aux
chronaxies récurrentielles mesurées. C'est que leur sphincter
laryngien est insuffisamment développé.
* 57 Gabrielle Boissier,
Interprétation d'un test sonore, Delachaux&Niestlé,
Neuchatel,1968
* 58 Esthétique relevant
de l'appréciation collective.
* 59 Esthétique relevant
de l'appréciation individuelle.
* 60 Pierre Bourdieu, La
distinction. Critique sociale du jugement, Les éditions de minuit,
paris, 1979, p.42
* 61 Jacques Derrida
cité par Bourdieu(P.) dans La distinction, p.578
* 62 http://
auriol.free.fr/ClefsDesSons/plan.htm
* 63 La valeur de
fréquence légèment supérieure ou
légèment inférieure à 3000 Hz
* 64 Un logiciel de musique et
de sonographie pouvant afficher les variations de fréquence et leurs
valeurs sous forme d'oscillations, des courbes ou des scintillements.
* 65
http://www.psychothérapie-holanthrope.org/pages/voix.htm
* 66 Calame Griaule &
Calame(B.), introduction à l'étude de la musique africaine in
La revue musicale n°238, Paris, 1958, pp.85
* 67 Ce terme évoque une
tour qui héberge la cloche d'une église. Il était le point
le plus élevé. Ici, il évoque une certaine
fréquence intense calculée en hertz.
* 68 Disponible dans le
logiciel « sound wave »
* 69 ce surnom sous-entend des
effets que l'on ressent lorsqu'on entend cet artiste performer ses exploits
vocaux.
* 70 Studios d'enregistrement
installé à Kinshasa dans la commune de Limete à la
1ère rue.
* 71 Un des chanteurs du groupe
« Le Quartier latin » , chanteur de première
voix.
* 72 Lire les observations
à la page 38
* 73 Op.cit
* 74 Thérapie du corps
grâce aux effets thérapeutiques de l'art en
général
* 75 Ce concept prend ici le
sens que lui donne Jules Gritti dans « Reconnaître l'image ,
imager la re-connaissance »,op.cit.
* 76 Il est supposé que
chaque instant de la vie est enregistré dans la mémoire avec un
dispositif équivalant à la bande sonore comme pour les film
à rouleau. D'ailleurs le repérage sonore fait partie des
procédures de souvenance les plus utilisées par l'homme. De la
même façon qu'il y a des fichiers perdus dans la mémoire
d'un ordinateur, qu'on ne peut récupérer que par le nom dû
à l'enregistrement, de même que certains souvenirs sono-visuels
peuvent être remonté de la lointaine mémoire par un indice
sonore similaire à celui entendu au jour de l'enregistrement. Le son
devient donc un élément important de notre vie quotidienne car il
participe à notre industrie intelligente d'une manière que nous
ne l'imaginions avant.
* 77 Ce néologisme
condense l'acoustique et l'esthétique pour évoquer un paradigme
qui ferait sien la saisie du charme et du beau dans le sonore.
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