II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET
PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC
Dans l'analyse précédente, on a supposé
que les facteurs de production, tant publics que privés, avaient un
effet sur la production, que ces variables expliquaient la productivité
sous régionale. Une des critiques fondamentales adressées aux
études concernant le rôle du capital public dans le
développement régional concerne le sens de causalité de la
relation. En effet, si une région est riche et productive, elle est en
mesure de financer un stock de capital public important. C'est alors la
richesse de la région qui détermine le stock de capital public et
non l'inverse (Herrera, 1996). Les estimations de fonctions de production
telles qu'elles ont été réalisées dans la section
précédente ne peuvent, à elles seules, déterminer
le sens de causalité de la relation entre productivité et capital
public.
Suivant Duffy-Deno et Eberts (1991), nous nous sommes alors
attachés à déterminer le sens de causalité de la
relation entre capital public et productivité en faisant recours
à un modèle à équations simultanées,
c'est-à-dire un système dans lequel les variables
expliquées sont interdépendantes.
A. Le modèle
a- Formalisation
Le taux d'imposition locale de chaque Etat est introduit pour
expliquer la capacité à investir en capital public. Le
système d'équations simultanées estimé prend la
forme :
(4.3)
Où tximpit est le taux d'imposition31(*) locale moyen de chaque Etat i
à la période t.
Ce modèle revient donc à estimer une fonction
de production de forme Cobb-Douglas à trois facteurs, dans laquelle le
stock de capital public est expliqué par le niveau de richesse de l'Etat
et du taux d'imposition moyen appliqué localement, afin de tenir compte
du rôle de la fiscalité locale dans les investissements publics
effectués dans un Etat donné.
b-Test d'exogénéité
Préalablement aux estimations, nous avons
réalisé un test d'exogénéité des variables
endogènes. Celui-ci vise à tester l'existence ou l'absence d'une
double causalité entre les variables endogènes du modèle.
Le test mis en oeuvre est un test d'exogénéité par
régression basé sur le test de
spécification d'Hausman. Pour ce faire, on effectue l'estimation de la
forme structurelle du modèle, en introduisant simultanément les
valeurs obtenues par estimation de la forme réduite et les valeurs
observées des variables testées. Si les coefficients des
variables calculées sont significativement différents de
zéro, on rejette alors l'hypothèse d'une
exogénéité de ces variables.
Tableau 4.3 : Test
d'exogénéité du PIB et du capital public
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Modèle de base
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Modèle à effets fixes
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Test de hausman
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PIB
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10,14**
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(19,879)
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8,015**
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(17,456)
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Capital public
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3,264*
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(9,456)
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2,143*
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(7,456)
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** : valeur significative à 1 % ; * : valeur
significative à 5 %.
Sources : estimations de l'auteur.
Dans notre cas, et lorsque les variables ne sont pas
transformées en vue de tenir compte de la nature des données, les
résultats de tels tests (tableau4.3) conduisent à conclure
à l'endogénéité du PIB (au seuil
de 1 %) et à celle du capital public (au seuil de 10 %). Il est donc
nécessaire de faire appel aux triples moindres carrés pour
estimer ce système. Mais lorsque l'on transforme les variables pour
obtenir un modèle à effets fixes, il y a absence
d'endogénéité des variables expliquées. Et le
modèle s'estime alors en within.
* 31 Obtenu dans la base des
données du FMI.
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