Capital public et productivité en zone CEMAC( Télécharger le fichier original )par Jean Patrick Mfoulou Olugu Université de Yaoundé II soa - DEA 2008 |
CHAPITRE IVCAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS :UNE ANALYSE EN ZONE CEMACIntroductionLe débat sur l'aménagement du territoire et ses outils politiques amène à s'interroger, entre autres, sur les effets des investissements en capital public sur la croissance et la productivité. Une telle discussion s'est souvent concentrée sur le rôle des infrastructures de transport et leurs implications en termes de baisse des coûts de transport des biens et d'accessibilité des lieux (Bonnafous, 1993 ; Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005). Or, on assiste actuellement à un renouveau de l'analyse des effets des dépenses publiques sur la productivité, en particulier grâce à la théorie de la croissance endogène (Barro 1990). Le modèle de croissance endogène met en effet l'accent sur les externalités24(*) positives qu'engendrent certains services publics et donc certaines dépenses publiques assimilées au capital public. Les statistiques estiment la contribution du capital public de la CEMAC à 37,2 % de la production entre 85-94 et 31,8% entre 95-30 (données Banque Mondiale 2005)25(*). Malgré cette contribution considérable de capital public, le financement de l'infrastructure a diminué au cours des deux dernières décennies (85-03), donnant naissance à ce que certains qualifient de « déficit d'infrastructure ». Le déficit en infrastructures des pays pauvres est en effet criant et hypothèque leur décollage économique. A titre d'exemple, en Afrique et surtout celle qui s'étend au sud du Sahara, les besoins d'investissements en infrastructures représentent 5% à 6% du PIB (Kuttcha, 2005). Les investissements requis pour éliminer ce déficit sont estimés en milliards de dollars par la Banque Mondiale. Les gouvernements de la sous région CEMAC semble s'engager à affecter plus d'attention aux besoins en infrastructure, les exemples les plus couramment cités sont ceux de la Guinée Equatoriale, du Gabon, du Cameroun et du Tchad. Pour que les répercussions de cet engagement soient mieux orientées et maximisées, il importe que les décideurs compétents soient appuyés par de bonnes recherches sur les répercussions que l'investissement dans le capital public ont sur la productivité des facteurs privées de la sous région. Le présent chapitre se déroule en deux étapes. Dans un premier temps, nous estimons une fonction de production à trois facteurs de forme Cobb-Douglas, en mobilisant les techniques de données de panel et en cherchant à évaluer la présence d'externalités de capital public. Dans une seconde section, la même forme fonctionnelle de production est introduite dans un système d'équations simultanées, où la seconde équation explique le stock de capital public par la production de la sous région et le taux d'imposition locale. Cette seconde série d'estimations permet de préciser le sens de causalité de la relation productivité régionale-infrastructures publiques. I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL PUBLICLes modèles de croissance endogène avec externalités de capital public s'appuient le plus souvent sur des fonctions de production à trois facteurs de production dont deux sont des facteurs privés (travail et capital privé) et le troisième, les infrastructures, est à financement public. La forme fonctionnelle, la plus fréquemment usitée, est la forme Cobb-Douglas. Cette dernière permet une lecture directe des élasticités et des rendements d'échelle et une discussion aisée de la présence ou non d'externalités de capital public. Nous présenterons d'abord la modélisation économétrique de la fonction de production Cobb-Douglas élargie au capital public, ensuite les résultats économétriques obtenus suite aux estimations H. A- Modélisation économétriqueLa fonction de production à trois facteurs utilisée est de la forme : Y = AKáLâKpuãe å (4.1) Où Y est le vecteur des Yit, PIB par habitant de chaque Etat i à chaque période t ; K, L et Kpu représentent respectivement le stock de capital privé, l'emploi (est approché par la population active, contrairement à Kuttcha (2005) qui utilise force de travail à la place du nombre d'heures travaillées) et le stock de capital public associés à chaque Etat i et à chaque période t ; å est un terme d'erreur. Après linéarisation par transformation logarithmique, le modèle prend la forme suivante, qui peut être estimée au moyen des méthodes économétriques de modèles linéaires : yit = ait + ákit + âlit+ ãkpuit + åit (4.2) Comme nous travaillons en productivité, l'équation (4.2) est normalisée par le travail et exprimée de telle sorte à faire apparaître les effets spécifiques associés dans le cadre des données de panel26(*). (yit - l) = ait + á(kit - l) + (á + ã + â -1)lit + ã(kpuit - l) + ui + åit (4.3) Soit : (4.4) Si nous supposons comme Hurlin (1999) qu'il n'existe pas de cointégration au niveau de la production, il apparaît alors nécessaire de stationnariser par différentiation. Une telle hypothèse ayant été de nombreuses fois retenue dans des études antérieures menées par des auteurs comme Tatom (1991), Hulten et Schwab (1991). Mais le problème fondamental de ces études est qu'elles n'estiment que les incidences à court terme, et ne peuvent estimer les incidences à long terme. Autrement dit, les méthodes de calcul des différences premières ne tiennent pas compte des relations à long terme. Or on enregistre souvent de longues périodes entre les investissements dans l'infrastructure et la croissance de la productivité.
a. Identification des rendements d'échelle
* 24 Il y a externalités dans la mesure où le capital public peut affecter la productivité du secteur privé sans que celui-ci n'en supporte directement le coût. Il s'agit alors des infrastructures publics productifs au sens où, à stocks donnés de facteurs de production privés, ils réduisent les coûts de production des entreprises ou augmentent les volumes de production. * 25 Voir tableau annexe 2 * 26 Nous supposons absents, les effets temporels fixes ou aléatoires
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