L'Appropriation de l'internet par la presse béninoise( Télécharger le fichier original )par Abdel Kader Babatoundé KPADONOU Université d'Abomey-Calavi - Technicien Supérieur en Archivistique 2002 |
B- Une nouvelle approche des relations avec le publicTraditionnellement, les informations diffusées par un organe de presse n'impliquent pas un feed-back de la part de ceux qui les reçoivent. Progressivement certains organes de presse écrite ont inséré dans leur grille "un courrier des lecteurs", tribune sur laquelle ces derniers interviennent pour réagir par rapport à l'actualité ou aux points de vue émis par un rédacteur dans son article. Des émissions radiophoniques et télévisuelles consacrées à l'actualité ont par la suite imité ces organes de presse écrite. Avec l'internet, apparaît l'interactivité de la presse. Le lecteur cesse d'être « un récepteur passif »32(*). Il devient désormais « un acteur qui réagit, complète ou conteste l'émetteur d'une opinion ou d'une information »33(*). L'auditeur et le téléspectateur peuvent à l'instar du lecteur « commenter (une information), interpeller le journaliste ou ajouter un fait complémentaire »34(*). Ces réactions du public seront reçues par les organes de presse sur leur site à travers l'e-mail ou une liste de discussion. Dans la conception de son site web, un organe de presse béninois peut prévoir par exemple une rubrique intitulée "Ecrivez-nous" par laquelle le public présentera ses points de vue par rapport à un sujet donné. Cette rubrique sera dotée d'une adresse électronique à laquelle les réactions seront envoyées. L'instauration d'un forum électronique ou liste de discussion favoriserait également ces échanges entre le public et les journalistes d'un organe de presse. La communication ici s'établit en temps réel et l'avantage primordial réside dans le fait que sur un même sujet, plusieurs personnes peuvent discuter en direct. Ces discussions seront très fructueuses entre le public et les journalistes. Le premier manifeste toujours un intérêt dans le cadre d'un dialogue avec les hommes du quatrième pouvoir, il peut quelques fois afficher ses démarcations par rapport à leurs commentaires et les amener à appliquer d'autres options à leurs analyses. Quant aux journalistes, c'est l'occasion de déceler les limites de leurs réflexions et d'évaluer l'impact de leurs papiers sur le public. Dans la perspective d'un newsgroup entre les journalistes et le public, la nécessité d'un modérateur s'impose. Lorsque cette conférence se tient entre les utilisateurs et les journalistes d'un organe de presse déterminé, le modérateur est choisi parmi l'un des animateurs de cet organe de presse. En ce qui concerne une discussion avec des journalistes de plusieurs organes de presse, le modérateur sera choisi par ses confrères journalistes ou sera désigné parmi les conseillers de la HAAC ou les membres de l'ODEM. En définitive, l'internet constitue pour la presse béninoise une source fertile en informations et un moyen par lequel elle peut diffuser ses informations. Un organe de presse pourrait présenter des synthèses de l'actualité nationale et internationale. L'accent serait beaucoup plus mis sur l'actualité nationale. Le site d'un organe de presse doit présenter en dehors de l'actualité : - l'identité de cet organe de presse à travers ses journalistes, son siège, sa dénomination ; - un tableau indicatif de ses rubriques (cas d'un organe de presse écrite) ou de ces émissions accompagnées de leur horaire et de leur durée (cas des radios et télévisions) ; - une page publicitaire ; - une tribune de dialogue, d'échanges entre journalistes ou entre eux et le public ; - une fenêtre qui ouvre au monde entier la richesse culturelle béninoise. Si cette section ne se borne qu'aux avantages procurés par l'internet à un organe de presse, il n'en demeure pas moins que ce réseau des réseaux peut aussi engendrer des inconvénients à une telle structure. En effet, la non fiabilité des informations et le manque de confiance peuvent entraver les échanges sur l'internet. Au cours d'un forum électronique, de fausses nouvelles peuvent être envoyées par les participants. Nous pourrions citer à titre d'exemple ce cas vécu par M. Hippolyte DJIWAN, rédacteur en chef Ntic et Doc du journal Le Matinal. Lors d'un newsgroup organisé par ce quotidien à l'occasion de la commémoration des 42 ans d'indépendances du Bénin, les internautes béninois de l'intérieur et de l'extérieur étaient invités à faire des commentaires. Parmi les participants à cette rencontre, un internaute béninois, qui résidait à Cotonou, a fait savoir qu'il intervenait depuis le Canada. Pendant la mise en page de cette conférence virtuelle sur son support papier, l'un des animateurs du journal, qui connaissait le "fameux béninois du Canada" a pu éviter que son témoignage soit publié.35(*) Le choix du non approfondissement de ces inconvénients de l'internet dans cette étude s'inscrit dans son objectif primordial : inciter la presse béninoise à utiliser l'internet. Nous nous contentons donc de ce sobre développement des menaces de l'internet pour la presse. Au regard des avantages énumérés que le réseau internet garantit à la presse en générale et aux médias béninois en particulier, il serait inconcevable que la presse béninoise n'apprivoise pas ce moyen de communication. Les organes de presse béninois utilisent-ils l'internet ? Quelles sont les difficultés qu'ils rencontrent dans cette utilisation? * 32 - Serge GUERIN. La cyberpresse : la presse et l'écrit off line, on line. Paris : Hermès, 1996. P.42. * 33 - Ibid. * 34 - Ibid. P.43. * 35 - Entretien avec M. Hippolyte DJIWAN en septembre 2002. |
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