Les jeux Nintendo
Les jeux Nintendo doivent leur immense
succès à la capacité du géant japonais à
pouvoir revendiquer une certaine tradition de jeux, puisqu'il fait partie des
premiers constructeurs, a avoir créé la plupart des
différents styles de jeux et leurs codes,( ex : la plate forme avec
le best-seller Mario Bros qui instaura les principes qui seront
réutilisés par des dizaines de jeux et toujours
aujourd'hui : le défilement horizontal de l'écran, la
course, le saut, l'inertie, les transformations, les niveaux bonus... ).
Certaines sagas de la marque ont maintenant 25 ans, et celle-ci parvient avec
brio à se placer dans la très fructueuse mode
« rétro » actuelle, tout en conservant un aspect
profondément novateur puisque Nintendo a été l'instigateur
de la plupart des grandes étapes innovatrices du jeu vidéo :
la multiplication des fonctionnalités des manettes (nombres de boutons,
stick analogique pour le passage à la 3D, gâchettes pour les
indexes , possibilité de brancher 4 manettes simultanément et
ergonomie globale), la plupart des genres les plus répandus (la
plateforme 2D puis 3D avec Mario, l'action avec Metroid, l'aventure avec
Zelda, la course futuriste avec F-zéro, la réflexion avec
Tétris...), l'écran tactile avec la DS (Dual Screen, la
dernière console portable de la marque), le détecteur de
mouvement avec la Wii (prochaine console de salon Nintendo qui sortira le 8
décembre)...
Dès les débuts (1980) les jeux Nintendo se
démarquent par leur univers imaginaire pensé dans les moindres
détails (codes, objets, bestiaire, symboles...).
Et cela est tout particulièrement perceptible du point
de vue du son. Malgré les moyens techniques dérisoires de
l'époque, des compositeurs de talent ont réussi à
créer de véritables chefs d'oeuvres comme Konji Kondo dès
Mario Bros 1 et dans tous les autres épisodes de la saga.
Le principe du Leitmotiv en fonction des différents
niveaux traversés est déjà présent : une
mélodie « orientalisante » se fait entendre dans les
niveaux désertiques, la musique accélère à la fin
du temps imparti, un thème haletant se fait entendre lorsque Mario prend
une étoile et devient provisoirement invincible, lorsqu'il entre dans un
tuyau (il est plombier de profession) et se retrouve dans un souterrain, un
thème de basse angoissant retentit avec un simulacre de
réverbération, pourtant bien efficace.
Le design sonore apparaît lui aussi sous une forme
nouvelle.
C'est l'une des premières fois que des sons sont
créés de toute pièce pour illustrer les actions,
même simplistes.
Et tout est soigneusement pensé et
justifié : un « boïng » pour chaque saut,
un autre son pour le rebond sur les ennemis (moyen le plus courant de les
éliminer), plus précis encore, un son pour chacun des objets
symboliques de l'univers de mario (fleur, champignon, étoile,
pièce de monnaie...) .
Quelques notes montantes lorsque Mario prend un champignon et
grandit (et devient Super Mario), et ces mêmes notes descendent lorsqu'il
le perd. Plus emblématique encore, le son qui retentit lorsque le
personnage attrape une pièce, deux notes, une grave et une note beaucoup
plus aiguë enchaînées très rapidement. C'est un son
excessivement récurrent car l'accumulation de ces pièces est
nécessaire pour récupérer des vies.
C'est un son absolument surréaliste, et sans doute le
son de jeu vidéo le plus connu au monde.
Chantez-le dans la rue, et n'importe quelle personne de moins
de 35 ans identifiera immédiatement Mario Bros.
Nintendo est l'inventeur du « son
icône », tout du moins dans le domaine des jeux
vidéo.
Koji Kondo a également écrit la musique de tous
les épisodes de The Legend of Zelda sortis à ce jour (une
douzaine) et a marqué l'histoire du jeu vidéo d'une pierre
blanche avec l'épisode « Ocarina of Time »,sur
Nintedo64, l'un des plus vendus dans le monde avec plus de deux millions
d'exemplaires.
Ce jeu d'aventure mémorable ne se contente pas de
propulser en 1998 la saga en trois dimension, ni de sublimer les thèmes
qui font sa richesse (la différence de l'enfant elfe dans son village,
son obligation de faire ses preuves pour se faire accepter, la magie, la
princesse à délivrer, le courage, la multiplicité des
communautés et la nécessité pour le héros de les
allier...), mais il instaure également un tout nouveau principe de
jeu.
Vers le début de l'aventure, le héros (Link)
trouve un ocarina, objet central de sa quête, et le joueur doit apprendre
à se servir de la manette comme de l'instrument pour interpréter
les différents thèmes. Il appelle grâce à ça
lui sa jument, il ouvre des passages secrets, inverse le jour et la nuit, mais
plus fort encore, une fois devenu adulte il apprendra les mélodies
associées aux fameux « donjons » qu'il doit
parcourir pour s'y téléporter.
C'est donc grâce à une subtile association de
thèmes musicaux, élémentaires et de valeurs que va
progresser notre personnage, procédé symbolique
hyper-récurrent dans le jeu et la fiction japonaise en
générale, où les héros portent des couleurs
différentes et possèdent des pouvoirs complémentaires, et
à mon avis en grande partie responsable de leur succès.
Dans le manga Les Chevaliers du Zodiaque, par
exemple, les héros, chevaliers de bronze incarnent les constellations
mineures de pégase, Andromède, le cygne (la glace), le dragon et
le phénix (le feu). Ils doivent affronter leurs supérieurs, les
douze chevaliers d'or qui possèdent les pouvoirs des constellations les
plus puissantes (sagittaire, verseau, bélier, taureau...)
Dans Zelda, Link jouera le menuet des bois par nostalgie pour
son enfance et se retrouvera au temple de la foret, il jouera le nocturne de
l'ombre pour se rendre au temple de l'ombre et apprendre le courage, le requiem
des esprits pour le temple des esprits et la sagesse, le boléro du feu,
la sérénade de l'eau, etc. Ce symbolisme renforce notre
sentiment de participer à quelque chose de plus grand, à une
aventure qui nous dépasse. Je dois ajouter qu'en plus de cette
idée pleine de poésie, les compositions en elles-mêmes sont
magnifiques ! Bien que toutes ces musiques aient été
composées en midi, du fait du support cartouche du jeu, leur emphase a
touché de nombreux musiciens et on peut aujourd'hui entendre de
nombreuses reprises des musiques de Zelda par des quatuors à cordes, des
groupes de punk ou même par des orchestres symphoniques entiers !!
n'ont décidément pas
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