CONCLUSION
L'exclusion de l'accès aux loisirs est donc la
conséquence du sentiment de culpabilité et de honte
principalement. Ces personnes sont souvent fragilisées, en grande
souffrance tout au long du remboursement d'un plan conventionnel de
redressement.
La loi NEIERTZ a été le premier texte
réglementant le traitement du surendettement. Elle visait principalement
le surendettement passif, mais n'a pas suffi pour aider les débiteurs.
En effet, le surendettement n'est pas seulement lié à un
problème budgétaire, il s'accompagne également de
difficultés personnelles. Un accompagnement est essentiel pour les aider
à résister aux tentations de la société, qui les
incitent continuellement à emprunter et à consommer.
Le dépôt du dossier de surendettement est souvent
le dernier recours des familles. L'image véhiculée par le dossier
de surendettement est négative. Ce dossier va pourtant permettre
à ces familles de retrouver un équilibre financier et personnel,
mais il va également être vécu comme un traumatisme et va
entraîner une dévalorisation de la personne. En effet, nous avons
vu que le dossier de surendettement est souvent vécu comme un
échec, comme une honte. Cette culpabilité va favoriser
l'auto-exclusion de l'accès aux loisirs.
Le dossier de surendettement, bien qu'il soit un outil
efficace, entraîne un paradoxe : d'une part, les personnes sont
soulagées que leur situation financière puisse être
améliorée et, d'autre part, le dispositif entraîne
involontairement leur exclusion sociale et économique. Il est donc
indispensable que ces personnes aient un relais pour être soutenues
pendant la durée du plan. L'accompagnement du conseiller en
économie sociale et familiale et d'un réseau de différents
partenaires sont complémentaires. La mise en place d'actions
individuelles et collectives vont permettre aux personnes de s'exprimer et de
prendre conscience de leurs difficultés, ce qui peut les aider à
ne pas s'exclure de l'accès aux loisirs.
Les personnes utilisent l'argent comme langage à une
souffrance personnelle, montrant la difficulté à communiquer avec
autrui. Comme nous avons pu le voir, la consommation est, pour certains
débiteurs surendettés activement, un moyen d'accéder
à une reconnaissance sociale. Leurs dépenses vont donner
l'illusion passagère qu'ils sont différents de ceux qui ont
position sociale similaire. Pourtant, le plan conventionnel de redressement ne
leur permet plus d'acheter des biens mettant en avant un
« paraître », ainsi leur souffrance ne s'apaise pas.
Lorsqu'elles déposent un dossier de surendettement à la Banque de
France, cette souffrance ne peut être résorbée. En
réduisant leurs dépenses, elles vont se sentir exclues de la
« société de consommation » et plus
particulièrement des loisirs et des vacances, pendant plusieurs
années. Alors comment envisager une réponse à ce besoin
de reconnaissance sociale quand l'accès à la consommation leur
est limité ?
Ce mémoire m'a permis d'appréhender la
problématique de l'exclusion de l'accès aux loisirs et de
développer une des explications possibles pour comprendre ce
phénomène. Ce type d'exclusion est complexe et cache une
véritable souffrance humaine. L'accompagnement du conseiller en
économie sociale et familiale est alors indispensable pour que les
personnes se sentent soutenues dans cette épreuve. Chaque cas est
unique, son intervention sera donc différente selon les
difficultés rencontrées.
Ce travail m'a apporté des connaissances juridiques et
sociologiques, ainsi qu'une approche professionnelle. Par l'enquête de
terrain, j'ai pu échanger sur le positionnement professionnel des
acteurs rencontrés. Cela a donc été enrichissant et m'a
aidé à me préparer à ma future pratique
professionnelle.
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