1.3.1 LES DIFFÉRENTS TYPES DE VITESSE EN
RUGBY :
L'adaptation de cette notion au rugby amène à
distinguer trois types de vitesse qui mettent en oeuvre des
prédominances dans les trois phases du processus moteur, concernant les
domaines neuromusculaire et biomécanique.
Ces trois types sont en interrelation et en
interdépendance. Mais, selon les actions à accomplir, selon les
postes occupés par les joueurs, des dominantes sont à prendre en
compte. Il est bon de les analyser pour élaborer un entraînement
adapté en fonction des postes et en fonction des insuffisances
individuelles.
On distingue la vitesse réactionnelle (explosive), la
vitesse gestuelle (acyclique), la vitesse classique (cyclique),
c'est-à-dire rapport distance/temps, qui s'exprime en Km/h ou en m/s.
- · La vitesse réactionnelle
C'est le temps qui sépare la stimulation efficace de la
réponse par contraction. C'est le temps de réaction à un
signal. La vitesse réactionnelle concerne essentiellement les deux
premières phases du processus. Elle comprend :
- · La vitesse des influx sensitifs = prise
d'information.
- · La vitesse du choix de l'acte et de la commande
d'exécution (dans le cas du départ de vitesse, cette phase est
pratiquement négligeable, car automatisée, elle ne comporte
aucune incertitude).
- · La vitesse des influx moteurs qui aboutissent
à la plaque motrice de chaque fibre et se propagent à
l'intérieur de celle-ci pour déclencher la
contraction.
Mais pour le rugby nous prendrons un exemple où la part
d'incertitude est importante, celui de demi d'ouverture. Au moment où
il reçoit le ballon du demi de mêlée, il a du, avant et
pendant la trajectoire, « prendre des informations »
(vitesse des influx visuels) sur la situation des adversaires et des
partenaires. Pendant la trajectoire ou au moment de la réception, il
« choisit » l'action à effectuer, adaptée
à la situation : passer, progresser, jouer au pied, etc. et
« commander » le déclenchement du geste. Enfin
il exécute le geste avec plus ou moins d'efficacité.
La vitesse réactionnelle s'arrête au moment
où la contraction musculaire commence. Lorsqu'elle devient visible pour
les contractions anisométriques. Il est habituel d'intervenir sur les
facteurs d'exécution qui conditionnent l'efficacité de la
troisième phase, mais le rendement maximal de l'ensemble ne peut
être que par la performance des deux phases initiales.
Naturellement tributaire de la précédente, elle
concerne essentiellement la troisième phase de la motricité.
C'est la vitesse d'exécution qui sépare le but du geste visible
de la fin de sa réalisation. Par exemple, en négligeant
l'attitude préparatoire (placement des appuis, etc....) qui est
très importante, elle commence à la prise de balle du demi de
mêlée et se termine au moment où la balle quitte ses mains
pour une passe à un joueur.
Elle met en jeu, outre la conduction neuromusculaire, les
vitesses angulaires des bras de leviers qui interviennent dans le geste. Elle
est liée à l'amplitude du mouvement et constitue en cela une
composante de la vitesse de déplacement et de la vitesse de course. Elle
s'exprime de façon répétitive pour constituer la
vélocité ou fréquence des appuis ou des gestes.
L'amplitude du mouvement conditionne sa précision en permettant des
modifications de certains paramètres en cours d'exécution
(énergie, direction) grâce aux phénomènes sensitifs
de feed-back.
Vitesse de réaction et vitesse gestuelle interviennent
dans tous les mouvements et constituent des facteurs primordiaux de
l'efficacité de l'action dans les sports collectifs et les sports duels
(combat, tennis, ping-pong, escrime, etc....). Souvent déterminantes (en
incluant l'anticipation) pour le résultat, lorsque les adversaires sont
d'un niveau voisin dans les domaines athlétique, technico-tactiqu et
psychologique, elles doivent être travaillées à chaque
entraînement
- · De façon collective : vitesse de
passe, d'intervention dans les plaquages, les arrachages ; les
percussions...
- · De façon individuelle dans un travail
spécifique, passe du demi mêlée, sauts, coups de
pied...
On peut constater que ce travail est davantage du ressort de
l'entraîneur que du préparateur physique, mais si c'est un
thème prioritaire d'une période d'entraînement, le
préparateur peut proposer des exercices de
« renforcement ».
- · La vitesse de déplacement
Ce rapport intervient dans la vitesse gestuelle (amplitude
temps), mais il s'exprime essentiellement par la vitesse de déplacement.
Cette vitesse, pour la course, est le résultat de la combinaison de
l'amplitude de la foulée (distance séparant deux appuis) et de la
vélocité (fréquence de succession des appuis).il existe
pour chaque sujet une relation optimale entre ces deux facteurs qui lui
permettent de produire sa vitesse maximale.
Cette relation optimale s'obtient par le travail et la
répétition bien conduits. On
« apprend »à courir plus vite, mais c'est un
apprentissage très qualitatif qui exige également
quantité et intensité. On doit comprendre aussi que le
développement de la vitesse de course passe par le relâchement
qui permet l'optimisation du couple fréquence-amplitude.
1.3.2 Méthodes d'évaluation de la
vitesse :
La meilleure façon d'estimer les qualités de
vitesse d'un individu est de mesurer la vitesse maximale qu'il peut atteindre
sur une distance suffisamment courte pour que la fatigue n'ait pas le temps de
se manifester. On utilise habituellement des exercices dont la durée ne
dépasse pas 15 à 20s. On utilise la vitesse atteinte au cours de
ce type d'exercice comme l'indicateur des qualités de vitesse ;
elle est souvent appelée « vitesse absolue ».
Tabl. 2 donne les distances habituellement utilisées dans les
différentes disciplines.
Tab 2
Tests d'évaluation du niveau de vitesse
absolue
Discipline sportive
|
Longueur de la fraction de parcours en m
|
Durée approximative du travail en s
|
Course.........................
Aviron.........................
Natation........................
Cyclisme.......................
Patinage de vitesse............
|
30-100
100-150
15-25
150-200
50-100
|
jusqu'à 11-12
jusqu'à 18-22
jusqu'à 15-16
jusqu'à 10-15
jusqu'à 10-12
|
1.3.3 Méthodes d'amélioration de la vitesse
Plusieurs facteurs intervenant dans la manifestation de la
qualité de vitesse, au niveau du système nerveux, la
rapidité des phénomènes d'inhibition et de stimulation qui
intervienneront dans la coordination, l'élasticité et la force
musculaire, ainsi que l'aptitude du muscle à libérer de
l'énergie rapide, la souplesse articulaire ; la perfection de la
technique sportive et enfin l'aptitude à se concentrer au maximale.
· Les formes élémentaires (temps de latence
de réactions motrices simples ou complexes, la vitesse
d'exécution d'un mouvement contre une résistance nulle, la
fréquence du mouvement répétitif) sont très
spécifiques ainsi les temps de réactions sont indépendants
de la vitesse de mouvement acyclique complexe.
· Les formes élémentaires de la vitesse
sont peu susceptibles d'être perfectionnées, ainsi le temps de
réaction simple qui est de 0,20s à 0,30s chez les sujets non
entraînés, est de 0,10s à 0,20s pour les athlètes
entraînés l'entraînement n'apporte pas donc
d'amélioration supérieures à 0,10s c'est dans
l'application de ces qualités élémentaires à des
mouvements complexes que les progrès les plus importants trouvent leur
accomplissement.
Pour choisir les exercices technio-moteurs et conditionnels
appliqués à l'entraînement, il est important d'analyser et
d'évaluer le niveau de l'influence exercée par les composantes
qui déterminent la performance et sont indépendantes les unes des
autres sur le rendement complexe de la motricité sportive (Kihlow
1977).
· « Entraînement
d'innervation » (appui soudain du talon ou élévation du
genou en trottinant en guise de préparation aux fréquences
gestuelles les plus rapides.
· « Skipping » (course en levant les
genoux) : la vitesse de foulée est augmentée autant que le
permet une exécution décontractée d'un geste à
coordination fine.
· Toutes les courses à « départ
lancé ».
· Course avec changement de cadence maximale, 50m en
« roue libre », (sur 200m à 300m).
· Fartlek avec sprints : changement de direction et
des appuis.
· Courses à cadence uniformément
accélérée.
Comme le montrent les recherches d'Ozolin (1972), les courses
avec changement de cadence n'instruisent pas seulement les capacités
coordinatrices, mais améliorent simultanément les autres
composantes de la vitesse sprint.
· Courses en descente.
La vitesse de course notablement augmentée exige
beaucoup de capacité de coordination ; elles sont donc
éminemment adaptées comme stimuli d'entraînement.
· Course dans les conditions facilitées au moyen
d'appareils spéciaux (suppression de la pesanteur (Ratow 1977) :
dans cette forme d'entraînement qui s'emploie exclusivement dans le
domaine du sport de pointe, et encore avec mesure, il est possible pour le
coureur de découvrir ses capacités potentielles et de
pénétrer à des niveaux de coordination
irréalisables dans des conditions normales.
Pour l'amélioration de la vitesse de course, la
méthode par répétitions avec charge variable dite
également méthode variable s'est avérée
particulièrement efficace. Selon Kuznetsow (cité d'après
Tschiene 1973), la charge variable a de nets avantages par rapport à
l'effet synthétique, c'est-à-dire à l'emploi exclusif de
la charge standard avec intensité maximale. Dans la méthode
variable on exploite l'effet dit retardé qui se produit dans le
système neuro-musculaire qui préside au mécanisme de la
mémoire à court terme.
1.3.4 La vitesse en rugby :
D'après une étude de (Girardi et Lemoine 2000),
il a été montré que durant un match : 91% des sprints
sont inférieur à 30m et 8% courent 30 à 50m et 1%
dépassent 50m, d'ailleurs le sprint le plus long est effectué par
l'ailier est couvre 66m.
Donc il n'est pas nécessaire de travailler les sprints
au delà 80m.
Tab : 3
Les différents sprints réalisés
par un rugbyman
POSTE
|
SPRINT COURT
|
SPRINT LONG
|
Tout poste
|
30m
|
3à 4
|
Pilier
|
16m
|
1
|
Talonneur
|
18m
|
1
|
2eme lignes
|
21m
|
1
|
3eme lignes ailes
|
27m
|
4
|
3eme lignes centre
|
34m
|
2
|
½ mêlées
|
33m
|
3à 4
|
½ ouvertures
|
33m
|
1
|
centres
|
43m
|
5
|
ailiers
|
38m
|
7
|
arrières
|
35m
|
6
|
(Girardi et Lemoine -2000)
1.3.5 L'inter relation Force vitesse
D'après Zonon (1973), la vitesse d'un mouvement est
fonction de la force Maximale. La vitesse et la détente sont donc dans
une large mesure dépendantes des données de la force (Rocker et
autres 1971, Stoboy 1973, Adam- werchoshanskij 1974, Buhrle-Schmidt-bleicher
1978).
L'augmentation de la vitesse de contraction lorsque la force
augmente, résulte de la corrélation myophysiologique suivante:
lors du processus de contraction, les éléments contractiles
établissent entre eux des pontages qui leur permettent de coulisser les
uns sur les autres télescopiquement et de raccourcir le muscle. Plus est
grand le nombre des pontages par unités de temps -ce qui est une des
conditions d'une contraction rapide plus grande est la force musculaire
développée. D'autre part, la vitesse de contraction selon Karl
(1972) dépend également du rattachement et détachement en
rapide alternance des pontages, donc du non synchronisme de ceux-ci. En
déterminant par l'entraînement un accroissement de la section
transversale du muscle on peut grâce au nombre accru de pontages
potentiels, augmenter celui des pontages asynchrones et par là augmenter
la vitesse de contraction
Le degré de corrélation entre la force maximale
et la rapidité gestuelle s'élève quand la charge
s'accroît.
Selon zatsiorski (1972), l'entraînement de force tendant
à améliorer la vitesse gestuelle répond à deux
missions primordiales : la première, l'élévation du
niveau de la force maximale (des groupes musculaires concernés par au
mouvement) ; deuxièmement le développement de la
capacité de produire une grande force lors de mouvements rapides. La
capacité de produire rapidement une force exige avant tout des
méthodes d'effort dynamique.
- · En rugby la force et la vitesse sont
déterminants, l'évolution du gabarit de tous les joueurs confirme
la tendance ; il est plus difficile et plus long d'améliorer force
et vitesse que d'améliorer l'endurance, il est donc évident que
le travail de force vitesse doit augmenter en quantité et
qualité.
D'après (c. Miller 1995) l'effet
spécifique de l'entraînement de type (effort dynamique) sur la
relation force vitesse reste incertain, mais il incite à penser que
l'effet dominant des procédés de puissances pourrait se situer
dans la zone d'expression de la puissance maximale.
La relation force-vitesse (puissance) peut
être mesurée sur un ergomètre isocinétique. On
établit le rapport entre la force que l'on peut produire pour chaque
vitesse de mouvement que l'appareil impose.
On obtient la courbe suivante:
Fig. 12 : la relation force vitesse
On peut voir que la force que l'on peut
développer décroît avec l'augmentation de la vitesse
d'exécution. Cette relation est spécifique à un individu
ou à un groupe de sportifs (les sprinters comparés aux
bodybuilders par exemple).
Cette courbe présente quelques points
remarquables :
- · La force maximale isométrique en 1
- · La charge maximale que l'on ne peut
déplacer qu'une fois en 2 (1 RM)
- · La zone de production de la puissance maximale en
3. Il faut rappeler que la puissance est le produit de la force par la vitesse.
Cette puissance est faible au deux extrémités de la courbe car
dans un cas la vitesse est faible et dans l'autre la force est faible.
- · La zone ou la production de force se fait à
vitesse élevée en 4 (force explosive).
- · La zone de la vitesse gestuelle maximale sans
charge additionnelle.
1-4 la Puissance :
1.4.1 Définition :
Le facteur physique s'analyse en fonction de la puissance
musculaire (P). Celle-ci est égale à la force (F)
multipliée par la vitesse (V), soit :
P (watt) = F (kg) * V (m/s)
Depuis les travaux de Hill (1938), il est connu que la vitesse
de raccourcissement musculaire dépend de la force qui s'oppose au
déplacement et que, réciproquement, la force que peut exercer un
muscle dépend de la vitesse du raccourcissement.
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