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L'impact du travail de la force maximale par la méthode de musculation dynamique sur l'amélioration de la puissance (force-vitesse) chez les rugbymen

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par Rami Chaibi
ISSEP DE TUNIS - Maîtrise 2005
  

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1.3.1 LES DIFFÉRENTS TYPES DE VITESSE EN RUGBY :

L'adaptation de cette notion au rugby amène à distinguer trois types de vitesse qui mettent en oeuvre des prédominances dans les trois phases du processus moteur, concernant les domaines neuromusculaire et biomécanique.

Ces trois types sont en interrelation et en interdépendance. Mais, selon les actions à accomplir, selon les postes occupés par les joueurs, des dominantes sont à prendre en compte. Il est bon de les analyser pour élaborer un entraînement adapté en fonction des postes et en fonction des insuffisances individuelles.

On distingue la vitesse réactionnelle (explosive), la vitesse gestuelle (acyclique), la vitesse classique (cyclique), c'est-à-dire rapport distance/temps, qui s'exprime en Km/h ou en m/s.

  • · La vitesse réactionnelle

C'est le temps qui sépare la stimulation efficace de la réponse par contraction. C'est le temps de réaction à un signal. La vitesse réactionnelle concerne essentiellement les deux premières phases du processus. Elle comprend :

  • · La vitesse des influx sensitifs = prise d'information.
  • · La vitesse du choix de l'acte et de la commande d'exécution (dans le cas du départ de vitesse, cette phase est pratiquement négligeable, car automatisée, elle ne comporte aucune incertitude).
  • · La vitesse des influx moteurs qui aboutissent à la plaque motrice de chaque fibre et se propagent à l'intérieur de celle-ci pour déclencher la contraction.

Mais pour le rugby nous prendrons un exemple où la part d'incertitude est importante, celui de demi d'ouverture. Au moment où il reçoit le ballon du demi de mêlée, il a du, avant et pendant la trajectoire, « prendre des informations » (vitesse des influx visuels) sur la situation des adversaires et des partenaires. Pendant la trajectoire ou au moment de la réception, il « choisit » l'action à effectuer, adaptée à la situation : passer, progresser, jouer au pied, etc. et  « commander » le déclenchement du geste. Enfin il exécute le geste avec plus ou moins d'efficacité.

La vitesse réactionnelle s'arrête au moment où la contraction musculaire commence. Lorsqu'elle devient visible pour les contractions anisométriques. Il est habituel d'intervenir sur les facteurs d'exécution qui conditionnent l'efficacité de la troisième phase, mais le rendement maximal de l'ensemble ne peut être que par la performance des deux phases initiales.

  • · La vitesse gestuelle

Naturellement tributaire de la précédente, elle concerne essentiellement la troisième phase de la motricité. C'est la vitesse d'exécution qui sépare le but du geste visible de la fin de sa réalisation. Par exemple, en négligeant l'attitude préparatoire (placement des appuis, etc....) qui est très importante, elle commence à la prise de balle du demi de mêlée et se termine au moment où la balle quitte ses mains pour une passe à un joueur.

Elle met en jeu, outre la conduction neuromusculaire, les vitesses angulaires des bras de leviers qui interviennent dans le geste. Elle est liée à l'amplitude du mouvement et constitue en cela une composante de la vitesse de déplacement et de la vitesse de course. Elle s'exprime de façon répétitive pour constituer la vélocité ou fréquence des appuis ou des gestes. L'amplitude du mouvement conditionne sa précision en permettant des modifications de certains paramètres en cours d'exécution (énergie, direction) grâce aux phénomènes sensitifs de feed-back.

Vitesse de réaction et vitesse gestuelle interviennent dans tous les mouvements et constituent des facteurs primordiaux de l'efficacité de l'action dans les sports collectifs et les sports duels (combat, tennis, ping-pong, escrime, etc....). Souvent déterminantes (en incluant l'anticipation) pour le résultat, lorsque les adversaires sont d'un niveau voisin dans les domaines athlétique, technico-tactiqu et psychologique, elles doivent être travaillées à chaque entraînement

  • · De façon collective : vitesse de passe, d'intervention dans les plaquages, les arrachages ; les percussions...
  • · De façon individuelle dans un travail spécifique, passe du demi mêlée, sauts, coups de pied...

On peut constater que ce travail est davantage du ressort de l'entraîneur que du préparateur physique, mais si c'est un thème prioritaire d'une période d'entraînement, le préparateur peut proposer des exercices de « renforcement ».

  • · La vitesse de déplacement

Ce rapport intervient dans la vitesse gestuelle (amplitude temps), mais il s'exprime essentiellement par la vitesse de déplacement. Cette vitesse, pour la course, est le résultat de la combinaison de l'amplitude de la foulée (distance séparant deux appuis) et de la vélocité (fréquence de succession des appuis).il existe pour chaque sujet une relation optimale entre ces deux facteurs qui lui permettent de produire sa vitesse maximale.

Cette relation optimale s'obtient par le travail et la répétition bien conduits. On « apprend »à courir plus vite, mais c'est un apprentissage très qualitatif qui exige également quantité et intensité. On doit comprendre aussi que le développement de la vitesse de course passe par le relâchement qui permet l'optimisation du couple fréquence-amplitude.

1.3.2 Méthodes d'évaluation de la vitesse :

La meilleure façon d'estimer les qualités de vitesse d'un individu est de mesurer la vitesse maximale qu'il peut atteindre sur une distance suffisamment courte pour que la fatigue n'ait pas le temps de se manifester. On utilise habituellement des exercices dont la durée ne dépasse pas 15 à 20s. On utilise la vitesse atteinte au cours de ce type d'exercice comme l'indicateur des qualités de vitesse ; elle est souvent appelée « vitesse absolue ». Tabl. 2 donne les distances habituellement utilisées dans les différentes disciplines.

Tab 2

Tests d'évaluation du niveau de vitesse absolue

Discipline sportive

Longueur de la fraction de parcours en m

Durée approximative du travail en s

Course.........................

Aviron.........................

Natation........................

Cyclisme.......................

Patinage de vitesse............

30-100

100-150

15-25

150-200

50-100

jusqu'à 11-12

jusqu'à 18-22

jusqu'à 15-16

jusqu'à 10-15

jusqu'à 10-12

1.3.3 Méthodes d'amélioration de la vitesse

Plusieurs facteurs intervenant dans la manifestation de la qualité de vitesse, au niveau du système nerveux, la rapidité des phénomènes d'inhibition et de stimulation qui intervienneront dans la coordination, l'élasticité et la force musculaire, ainsi que l'aptitude du muscle à libérer de l'énergie rapide, la souplesse articulaire ; la perfection de la technique sportive et enfin l'aptitude à se concentrer au maximale.

· Les formes élémentaires (temps de latence de réactions motrices simples ou complexes, la vitesse d'exécution d'un mouvement contre une résistance nulle, la fréquence du mouvement répétitif) sont très spécifiques ainsi les temps de réactions sont indépendants de la vitesse de mouvement acyclique complexe.

· Les formes élémentaires de la vitesse sont peu susceptibles d'être perfectionnées, ainsi le temps de réaction simple qui est de 0,20s à 0,30s chez les sujets non entraînés, est de 0,10s à 0,20s pour les athlètes entraînés l'entraînement n'apporte pas donc d'amélioration supérieures à 0,10s c'est dans l'application de ces qualités élémentaires à des mouvements complexes que les progrès les plus importants trouvent leur accomplissement.

Pour choisir les exercices technio-moteurs et conditionnels appliqués à l'entraînement, il est important d'analyser et d'évaluer le niveau de l'influence exercée par les composantes qui déterminent la performance et sont indépendantes les unes des autres sur le rendement complexe de la motricité sportive (Kihlow 1977).

· « Entraînement d'innervation » (appui soudain du talon ou élévation du genou en trottinant en guise de préparation aux fréquences gestuelles les plus rapides.

· « Skipping » (course en levant les genoux) : la vitesse de foulée est augmentée autant que le permet une exécution décontractée d'un geste à coordination fine.

· Toutes les courses à «  départ lancé ».

· Course avec changement de cadence maximale, 50m en « roue libre », (sur 200m à 300m).

· Fartlek avec sprints : changement de direction et des appuis.

· Courses à cadence uniformément accélérée.

Comme le montrent les recherches d'Ozolin (1972), les courses avec changement de cadence n'instruisent pas seulement les capacités coordinatrices, mais améliorent simultanément les autres composantes de la vitesse sprint.

· Courses en descente.

La vitesse de course notablement augmentée exige beaucoup de capacité de coordination ; elles sont donc éminemment adaptées comme stimuli d'entraînement.

· Course dans les conditions facilitées au moyen d'appareils spéciaux (suppression de la pesanteur (Ratow 1977) : dans cette forme d'entraînement qui s'emploie exclusivement dans le domaine du sport de pointe, et encore avec mesure, il est possible pour le coureur de découvrir ses capacités potentielles et de pénétrer à des niveaux de coordination irréalisables dans des conditions normales.

Pour l'amélioration de la vitesse de course, la méthode par répétitions avec charge variable dite également méthode variable s'est avérée particulièrement efficace. Selon Kuznetsow (cité d'après Tschiene 1973), la charge variable a de nets avantages par rapport à l'effet synthétique, c'est-à-dire à l'emploi exclusif de la charge standard avec intensité maximale. Dans la méthode variable on exploite l'effet dit retardé qui se produit dans le système neuro-musculaire qui préside au mécanisme de la mémoire à court terme.

1.3.4 La vitesse en rugby :

D'après une étude de (Girardi et Lemoine 2000), il a été montré que durant un match : 91% des sprints sont inférieur à 30m et 8% courent 30 à 50m et 1% dépassent 50m, d'ailleurs le sprint le plus long est effectué par l'ailier est couvre 66m.

Donc il n'est pas nécessaire de travailler les sprints au delà 80m.

Tab : 3 

Les différents sprints réalisés par un rugbyman

POSTE

SPRINT COURT

SPRINT LONG

Tout poste

30m

3à 4

Pilier

16m

1

Talonneur

18m

1

2eme lignes

21m

1

3eme lignes ailes

27m

4

3eme lignes centre

34m

2

½ mêlées

33m

3à 4

½ ouvertures

33m

1

centres

43m

5

ailiers

38m

7

arrières

35m

6

(Girardi et Lemoine -2000)

1.3.5 L'inter relation Force vitesse

D'après Zonon (1973), la vitesse d'un mouvement est fonction de la force Maximale. La vitesse et la détente sont donc dans une large mesure dépendantes des données de la force (Rocker et autres 1971, Stoboy 1973, Adam- werchoshanskij 1974, Buhrle-Schmidt-bleicher 1978).

L'augmentation de la vitesse de contraction lorsque la force augmente, résulte de la corrélation myophysiologique suivante: lors du processus de contraction, les éléments contractiles établissent entre eux des pontages qui leur permettent de coulisser les uns sur les autres télescopiquement et de raccourcir le muscle. Plus est grand le nombre des pontages par unités de temps -ce qui est une des conditions d'une contraction rapide plus grande est la force musculaire développée. D'autre part, la vitesse de contraction selon Karl (1972) dépend également du rattachement et détachement en rapide alternance des pontages, donc du non synchronisme de ceux-ci. En déterminant par l'entraînement un accroissement de la section transversale du muscle on peut grâce au nombre accru de pontages potentiels, augmenter celui des pontages asynchrones et par là augmenter la vitesse de contraction

Le degré de corrélation entre la force maximale et la rapidité gestuelle s'élève quand la charge s'accroît.

Selon zatsiorski (1972), l'entraînement de force tendant à améliorer la vitesse gestuelle répond à deux missions primordiales : la première, l'élévation du niveau de la force maximale (des groupes musculaires concernés par au mouvement) ; deuxièmement le développement de la capacité de produire une grande force lors de mouvements rapides. La capacité de produire rapidement une force exige avant tout des méthodes d'effort dynamique.

  • · En rugby la force et la vitesse sont déterminants, l'évolution du gabarit de tous les joueurs confirme la tendance ; il est plus difficile et plus long d'améliorer force et vitesse que d'améliorer l'endurance, il est donc évident que le travail de force vitesse doit augmenter en quantité et qualité.

D'après (c. Miller 1995) l'effet spécifique de l'entraînement de type (effort dynamique) sur la relation force vitesse reste incertain, mais il incite à penser que l'effet dominant des procédés de puissances pourrait se situer dans la zone d'expression de la puissance maximale.

La relation force-vitesse (puissance) peut être mesurée sur un ergomètre isocinétique. On établit le rapport entre la force que l'on peut produire pour chaque vitesse de mouvement que l'appareil impose.

On obtient la courbe suivante:

 
 

Fig. 12 : la relation force vitesse

On peut voir que la force que l'on peut développer décroît avec l'augmentation de la vitesse d'exécution. Cette relation est spécifique à un individu ou à un groupe de sportifs (les sprinters comparés aux bodybuilders par exemple).

Cette courbe présente quelques points remarquables :

  • · La force maximale isométrique en 1
  • · La charge maximale que l'on ne peut déplacer qu'une fois en 2 (1 RM)
  • · La zone de production de la puissance maximale en 3. Il faut rappeler que la puissance est le produit de la force par la vitesse. Cette puissance est faible au deux extrémités de la courbe car dans un cas la vitesse est faible et dans l'autre la force est faible.
  • · La zone ou la production de force se fait à vitesse élevée en 4 (force explosive).
  • · La zone de la vitesse gestuelle maximale sans charge additionnelle.

1-4 la Puissance :

1.4.1 Définition :

Le facteur physique s'analyse en fonction de la puissance musculaire (P). Celle-ci est égale à la force (F) multipliée par la vitesse (V), soit :

P (watt) = F (kg) * V (m/s)

Depuis les travaux de Hill (1938), il est connu que la vitesse de raccourcissement musculaire dépend de la force qui s'oppose au déplacement et que, réciproquement, la force que peut exercer un muscle dépend de la vitesse du raccourcissement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault