III- UTILITE FONCTIONNELLE DE L'ARGENT
Une fois l'argent acquis, l'homme doit en faire usage. C'est
de cet usage que nous parlerons à travers quatre aspects :
1- Argent - esthétique
Le rapport à l'argent chez les ivoiriens est
influencé par la beauté depuis son acquisition jusqu'à son
utilisation. La beauté chez l'ivoirien est mise en exergue par l'argent
car il sert à acheter des produits et tout autres article contribuant
à la beauté. C'est la raison pour laquelle l'ivoiriens dit
souvent en voyant certaines personnes qui connaissent une ascension
économique et sociale « l'eau lave, mais l'argent rend
propre ». Cette expression vient nous montrer combien de fois
l'argent occupe une place importante dans le processus de le beauté. La
beauté est liée à l'argent car il faut entretenir le corps
et ceci engendre des dépenses qui nécessitent des sorties
d'argent. Les ivoiriens particulièrement ceux de sexe féminin
investissent en moyenne entre dix et quinze milles francs par mois pour leur
entretien corporel.
2- Argent - cellule familiale
La dialectique entre la famille et les systèmes
sociaux fait qu'elle est indéniablement liée à
l'économie. La cellule familiale est l'un des lieux où l'argent
est utilisé. En effet, l'argent utilisé sert à subvenir
aux besoins de la famille. C'est à dire loger, nourrir, vêtir
soigner, scolariser les enfants et les autres membres de la famille. Même
les enfants qui travaillent et qui habitent la maison familiale utilisent aussi
leurs revenus pour ces besoins. Dans les familles des personnes que nous avons
interrogées certains membres, la scolarité des plus jeunes est en
partie soutenue par les enfants aînés qui sont en Europe ou qui
occupent des postes de responsabilité dans les entreprises qui les
emploient. Notons que, le revenu familial est en général,
englouti par les charges scolaires, alimentaires et sanitaires.
3- Argent - culture
L'argent est beaucoup utilisé dans le domaine de la
culture particulièrement pour les cérémonies
traditionnelles et modernes comme, le mariage, les baptêmes, les
funérailles, les fêtes de génération, les
fêtes d'igname.
Les funérailles dans certaines cultures ivoiriennes
ont une dimension économique et sociale, psychologique et
esthétique. La notion de dépense ici est saisi en termes
monétaires et renvoie aux achats (de cercueil, couronne mortuaire etc.),
aux services de conservation du corps, diffusion du communiqué par voie
de presse. Bien que ce soit parfois un fait culturel, les ivoiriens trouvent
inutile le fait qu'on dépense beaucoup d'argent pour les
funérailles.
Concernant les mariages, la dote ou compensation matrimoniale
est l'une des fins à laquelle est utilisé l'argent. En effet, les
ivoirien avant toute vie de couple doivent payer la dote à la famille de
leur conjointe. La dote à aujourd'hui un caractère inflationniste
lié à la monétarisation de la vie sociale. Les mouton, les
barre de sel, la cola sont remplacés par les billets de banques que le
prétendant doit débourser et ce malgré la suppression de
la dote par la loi moderne de 1964.
Les baptêmes sont des occasions d'exhibitions et de
dépense énormes. L'argent est utilisé pour l'achat des
vêtements que l'on met les jours de la cérémonie, pour la
réception des invités et les dons. L'on dépense
énormément dans la nourriture, les boissons et l'habillement.
L'argent est aussi utilisé au niveau des loisirs, on a
pu constaté que dans le milieu scolaire et extra scolaire, les jeunes
toutes tendances confondues (élèves, étudiants,
travailleurs, chômeur) utilisent l'argent pour des activités
socio-culturelles et pour les retrouvailles dans les maquis. C'est par exemple
le cas des bals de fin d'années, les kermès, les anniversaires.
Dans le monde des artistes chanteurs, le concept du
« travaillement » qui consiste à dépenser
énormément pour montrer son pouvoir, qu'on est riche est
copié par la population qui dilapide son argent dans les maquis en les
imitant. L'activité socio-culturelle englobe une bonne partie de
l'argent gagné par les ivoiriens et fait donc parti des fins auxquelles
ils utilisent l'argent.
Sous ce rapport, les ivoiriens utilisent plus ou moins
sainement l'argent et que l'argent opère une dynamique dans sont
utilisation.
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