II- MODES D'ACQUISITION DE L'ARGENT
Face à la faible proportion de travail et
l'augmentation du taux de chômage, les ivoiriens ont
développé plusieurs modes d'acquisition de l'argent :
1- Identification des modes d'acquisition de l'argent
Pour acquérir de l'argent, les ivoiriens usent de
plusieurs stratégies que nous pouvons classer en deux groupes : les
modes d'acquisitions légaux et les modes d'acquisitions
illégaux :
a. Modes d'acquisitions légaux
Ce sont les stratégies d'acquisitions de l'argent
conforme à la loi, aux normes sociales et morale. Ce sont le travail,
l'héritage, le don ou legs. Cependant, les deux dernier modes
cités peuvent être sources de problèmes, surtout
l'héritage qui engendre des divisions au sein des familles. Ici, le
concept de travail englobe les activités telles que le commerce,
l'agriculture, l'artisanat, les services. En somme, les activités des
secteurs primaire, secondaire et tertiaire.
b. Les modes d'acquisitions illégaux
Ce sont les modes ou matières d'acquisition de
l'argent punis par la loi et banni par la société. Ils s'opposent
à la morale et sont contraire aux différentes conception
religieuses ; on peut citer la prostitution, le vol, le meurtre,
l'escroquerie, la corruption, la guerre, les jeux de hasard,les
détournements de deniers publics, le blanchiment d'argent,les trafics de
biens et personnes.
2- Description des moyens pour acquérir
l'argent
Un grand nombre des populations enquêtées
travail dans l'informel. Le mode d'acquisition de l'argent que ces derniers
utilisent le plus est le travail. Il est selon eux le mode le plus noble pour
avoir de l'argent.
Partant de ce constat, nous pouvons dire que pour les
ivoiriens pour se faire de l'argent investissent dans tous les secteurs
d'activité et plus particulièrement dans l'informel qui occupe
une bonne partie de la population. Notons que la crise socio-politique avec
sont cortège de problèmes d'emploi (chômage, fermeture des
entreprises etc.) a contraint les ivoiriens à mettre en place des
activités génératrices de revenu telles que les tenanciers
de maquis, gérants de cabine cellulaire, vigiles ; aussi, certains
exercent t-ils des activités dite subalternes autrefois
réservées aux non nationaux (burkinabé, malien,
guinéen etc.). Ces activités sont : boutiquier, gardiens,
manoeuvre, cuisiniers, boys, fossoyeurs, jardiniers, charbonniers, cordonniers.
Aujourd'hui, l'ivoirien veut faire tout ce qui lui permet de se procurer de
l'argent chaque jour en vue de se prendre en charge. L'esprit d'entreprise est
de plus en plus de mise et le travail salarial c'est-à-dire la
bureaucratie est de moins en moins sollicitée.
Par ailleurs, l'héritage et le don qui sont aussi des
sources de gain légales qui viennent après le travail. Mais, pour
nos enquêtés ces derniers modes cités sont des modes
d'acquisitions non fiables sur lesquels il ne faut pas compter car ils
sont sources de problèmes au niveau des familles et des relations
sociales. En effet, il existe toujours des dissensions ou palabres entre les
parents, l'épouse et les enfants quant au partage ou à la
distribution de l'héritage d'un parent décédé. La
loi coutumière semble le plus souvent s'opposer à la loi moderne
qui donne plus de chance aux ayants droits légaux c'est-à-dire
ceux qui selon la loi moderne doivent bénéficier de
l'héritage.
Au regard de la rareté de ce que possède
l'individu, pour les population ivoiriennes toute tendance confondue
(fonctionnaires, ouvriers, sans emploi), le désire du gain pousse
à faire usage des modes d'acquisitions frauduleuses, illégales et
illégitimes. En effet, les ivoiriens, en dépit de leurs
appartenances et du regard que porte leur religion sur l'argent (pour les
différentes religions, l'argent est une nécessité, les
choses matérielles ne doivent pas entraver la relation avec Dieu.)
utilisent des moyens punis par la loi pour se faire de l'argent. Pourtant, bon
nombre de nos enquêté pensent qu'un bien mal acquis ne profite
jamais et concours au malheur.
Les ivoiriens, malgré les conséquences qu'ils
peuvent encourir pensent que tous les moyens seraient bons pour se faire de
l'argent car la guerre a affaibli et déstructuré l'ordre normal
des choses. Certains ont perdu leur emploi, d'autre ont vu leur salaire
réduit et on été vidé de leur maison. Aussi, avec
le phénomène des maisons de placement d'argent bons nombres
d'ivoiriens ont été grugés car ceux-ci espéraient
gagner 100% à 200% d'intérêt du capital investi. Ceci a
créé un malaise social.
Sous cet angle, le désire du gain facile,
l'enrichissement rapide et les stratégies d'acquisitions de l'argent au
regard de la rareté de ce que possède l'ivoirien a conduit
à un malaise social où l'argent concours à la division des
familles, rend immorale et pousse à commettre des actes que la loi
punis, l'homme est près à tout pour se faire de l'argent en
sacrifiant même son prochain. L'ivoirien dans sa quête
perpétuelle et effrénée de l'argent n'observe plus aucune
valeur morale. Certes, la plupart de ceux qui courent après la richesse
n'en meurent pas. Mais dans leur course effrénée, il risque de
passer à coté de leur vie car ils ont pour seul but la course
à l'argent au détriment des rapports sociaux.
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