Chapitre 2 : La
libéralisation financière
Introduction
Les travaux sur le rôle du système financier dans
le développement financier ont été dominés par
l'approche néoclassique de la libéralisation financière
initié par Mc kinnon et Show (1973). Ces deux auteurs présentent
la libéralisation du secteur financier comme moyen efficace et simple
pour accélérer la croissance économique des pays en voie
de développement. Cette théorie trouve rapidement un écho
favorable, tant auprès des grands organismes internationaux (F.M.I,
Banque Mondiale) qu'auprès de certains pays en voie de
développement. Elle séduit par la simplicité de sa mise en
oeuvre. Dès la fin des années 70, un certain nombre de pays
d'Amérique Latine (Argentine, Chili, Uruguay) mettent en place une
politique de libéralisation financière. Des pays du Sud-Est
Asiatique (Corée du sud, Taiwan) leur emboîtent le pas au
début des années 80.
Dans ce chapitre nous allons analyser dans une première
section les fondements théoriques de la libéralisation
financière, dans une deuxième section le processus de la
libéralisation financière et dans une troisième section
les conséquences provoquées par cette libéralisation.
Section 1 : Le fondement théorique de la
libéralisation financière
Depuis les années 70, les pays en voie de
développement souffrent de certains déséquilibres et de
certaines difficultés d'ordre économique et sociale dûes
pour certains économistes à l'intervention massive de
l'état.
L'interventionnisme étatique est apparu dans les
économies capitalistes développées à la suite de la
grande crise 1929 lors du grand crash boursier. Tout au long de la
période ayant précédé cette crise, leur
fonctionnement économique était basé sur le principe de
l'autorégulation. L'Etat n'exerce aucun contrôle et aucune
fonction régulatrice sur l'économie.
De ce fait, l'état crise était attribué
à l'incapacité du marché d'assurer une
autorégulation permettant un équilibre de plein emploi. Dans ce
cadre, selon la théorie de Keynes, l'Etat est appelé à
jouer un rôle central dans le processus de régulation et constitue
le stimulant et le moteur du développement et de la croissance
économique.
En revanche, les tenants du libéralisme (les
thèses libérales : Mc kinnon Show et Fry) ont trouvé
dans l'intervention massive de l'état des difficultés et des
déséquilibres majeurs affectant l'économie capitaliste
depuis 1970, d'où la nécessité du désengagement
total de l'Etat et de l'abondant de toutes formes d'institutionnalisme et de
toute structure de réglementation de l'activité
économique. Il s'agit en effet du passage d'une économie
basée sur le contrôle de l'Etat à une économie de
marché. Ce passage s'inscrit dans le cadre d'un processus de
libéralisation.
En effet, le succès de la libéralisation
financière n'est pas surprenant car depuis les années 1960 et les
travaux de Gurley et Shaw (1960) et de Goldsmith (1969), la communauté
économique « attendait » un instrument
théorique solide pour justifier la liaison entre le développement
financier et le développement réel dans les pays en voie de
développement.
1- L'approche théorique de Mc kinnon et Shaw
Mc kinnon et Shaw considèrent un système
économique en déséquilibre avec une abondance
d'opportunité d'investissement. Ils se placent dans le cadre de pays en
retard dans lesquels les politiques financières adaptées ne
permettent pas d'exploiter ces opportunités. En effet, ces derniers se
caractérisent par des taux d'intérêt bas et par une forte
intervention des autorités dans l'allocation des crédits
notamment par le biais des réserves obligatoires.
Dans les économies en voie de développement
oû les auteurs définissent l'inflation comme étant
élevé et stable. La politique de taux d'intérêt bas
rend alors les taux d'intérêt réels négatifs et
pousse les épargnants à préparer les biens refuge à
la monnaie. Cette répression conduit à un ralentissement de la
croissance économique.
Pour Mc kinnon et Shaw, la libéralisation
financière serait la meilleure solution pour promouvoir la croissance
économique. Cette hypothèse repose sur deux arguments :
-D'une part, le plafonnement des taux d'intérêt
à des niveaux artificiellement bas réduit l'épargne,
l'offre des fonds prêtables, ceci conduit à un rationnement de
l'investissement et un ralentissement de la croissance économique.
-D'autres part, la répression financière
entraîne une mauvaise allocation des crédits.
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