Les sites internet des radios - L'arrivée de l'internet dans l'organisation du média radio : mutation du média, complémentarité ? Quelles conséquences et apports pour les auditeurs et le média radio ?( Télécharger le fichier original )par Clémentine Mervelet Université de Metz - Paul Verlaine - Master 2 Conception de Produits Médiatiques, spécialité infographie 2006 |
3.3. Diversification de la radio : des horizons nouveaux pour les activités annexes3.3.1. De nouveaux usages grâce au développement de la technologieAinsi, Internet permet de mieux appréhender l'auditeur qui se connecte sur le web, tant par les caractéristiques qualitatives que ce dernier dégage via son parcours sur la toile, que par le dialogue qu'il peut entretenir avec la radio. D'une part, en prenant connaissance des internautes, on peut adapter le site et son contenu ainsi que la radio en conséquence, même si l'internaute reste quand même opaque puisqu'il reste derrière une masse de chiffres et données informatiques. D'autre part, la radio est un média immatériel, dans le sens où, comparé à la presse ou à la télévision par lesquels on perçoit des images, il n'envoie « que » des sons. Internet apporte un complément car il permet à la radio de donner, d'elle-même, un aperçu visuel de son identité, un soutien imagé. Grâce à cet aperçu visuel et à la meilleure définition de ce que désirent les internautes et auditeurs, de nouveaux services sont créés sur le site : inscriptions à des tirages au sort, invitations à des spectacles, retransmission de concerts privés, forum de discussions entre internautes (hors cadre d'une émission), etc. On arrive à une diversification des activités annexes, avec des horizons nouveaux dans la gestion des services. La radio ne s'occupe plus seulement de gérer ce qui est transmis par les ondes, elle développe ses compétences autour de pôles différents comme l'événementiel par exemple, en passant par le contenu du site. Autre exemple, cette fois en terme de communication : un site internet permet, dans le cadre d'une stratégie de communication, de faire parler les auditeurs et internautes entre eux sur un événement important qui est diffusé, comme un concert par exemple, mais tout en s'assurant de la primauté de la radio sur le média qu'est Internet par le choix de ne pas, ensuite, le mettre en téléchargement sur le site. L'unique retransmission du concert en exclusivité sur les récepteurs radio ou en streaming assure au média d'avoir une forte audience à un moment donné. Le concert garde l'exclusivité de la seule diffusion en direct. Dans ce cas, la diversification des activités ne concerne qu'en partie les services proposés aux auditeurs, elle fait aussi partie de la stratégie de communication mise en oeuvre par la radio. La diversification est par conséquent utilisée à tous les niveaux. Jean Cluzel20(*) cite cette multiplication des utilisations possibles : « Internet est porteur d'usages multiples susceptibles de faire concurrence à beaucoup d'autres moyens de communication. On n'est pas encore en mesure d'apprécier l'ampleur du phénomène, pas davantage que son impact sur les services traditionnels. ». Or dans cet exemple, nous voyons qu'internet sert aussi bien à développer l'offre pour les internautes que participer à la stratégie marketing mise en place. Il est un support et un moyen au service de la radio. Dans l'exemple où le concert est uniquement retransmis sur les ondes, la radio garde sa « suprématie » et ne craint pas la concurrence d'un média qui, depuis quelques années, se met à son service. Le premier bilan que dresse Bertrand Dupuich, webmaster de France Bleu Sud Lorraine, est d'ailleurs très positif : outre le meilleur ciblage possible, le site permet à la fois d'établir une sorte d'audit sur la façon dont les internautes appréhendent la radio, mais aussi l'inverse, un ressenti des auditeurs sur le site. De plus, celui-ci apporte un complément d'informations qui, annexes à des émissions ou ne rentrant pas dans le programme prévu, auraient pu ne pas être données aux internautes : par exemple la présentation des animateurs, les résultats des courses, etc. Des informations pratiques qui, l'air de rien, se sont révélées être indispensables sur le site, puisque désormais, compte tenu de l'habitude qui a été prise de les diffuser, les internautes les exigent. Nous sommes, dans ce cas, presque dans une situation où c'est l'offre qui a créé la demande... Cependant, l'offre peut ne pas se limiter à la transmission d'informations ou aux forums. France Culture a, sur son site, créé deux webradios, avec leurs propres programmes, indépendants de ceux diffusés par la radio culturelle de service public. France Culture a ainsi triplé son offre, grâce aux technologies numériques et à Internet. Guy Lochard et Henri Boyer21(*) perçoivent cette multiplication des usages de façon sociale mais aussi de façon plus commerciale : « Reconfigurée aujourd'hui autour de ces nouvelles fonctions sociales, la radio apparaît ainsi comme une forme de communication très plastique, disponible pour de nouveaux usages, toujours plus spécialisés. [...] L'apparition de nouvelles technologies (numérisation du son, essor de réseaux) permet aussi d'envisager le développement de véritables "radios à péage" (sous la forme de télédiscothèques à domicile), même si aujourd'hui les limites des ressources publicitaires hypothèquent leur croissance. ». Dans ce sens, il est vrai que la diversification de l'offre fournie aux internautes est aussi source de bénéfices supplémentaires. C'est en achetant les programmations vendues sous forme de podcasting que l'internaute donne à la radio l'opportunité de sortir de la diffusion gratuite...
* 20 Cluzel J., 1998, A l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome XII, Editions LGDJ, page 25 * 21 Lochard G. et Boyer H., 1998, La communication médiatique, collection mémo, éditions du Seuil, Paris, page 65 |
|