Accès aux Traitements :
De l'engagement des firmes pharmaceutiques
aux revendications des activistes.
Mémoire
Diplôme Universitaire SIDA
Eddy Basset
Sommaire
1 - Introduction 1
2 - Le VIH infection planétaire .3
3 - Les firmes engagées dans le VIH .7
4 - Ce que les laboratoires 13
5 - Histoire chronologique de l'accès aux
antirétroviraux 27
6 - Accès universel : les avancées 39
7 - Obstacles à l'accès universel 48
8 - Des initiatives encourageantes 64
9 - Conclusion 72
10 - Résumé 74
11 - Références bibliographiques 75
12 - Remerciements 76
1 - Introduction
« In AIDS we trust ,> dans le texte « dans le
SIDA nous prospérons ,> est une formule détournée de la
célèbre devise « In God we trust ,> qui figure sur les
fameux billets verts. Je trouve qu'elle illustre parfaitement ce sujet car, il
est évident que c'est le regard négatif que posent la plupart des
gens sur les firmes pharmaceutiques (souvent d'ailleurs entretenu par les
médias) qui selon eux « s'engraissent ,> sur la souffrance du
monde. Je travaille dans l'industrie pharmaceutique depuis 1986. Tout d'abord
chez Wellcome dans le cadre du lancement de l'AZT. Puis chez GlaxoWellcome et
enfin GlaxoSmithKline. J'ai pu ainsi présenter les différents
antirétroviraux de ce grand groupe britannique et côtoyer le
milieu VIH en France. Depuis 2001, je travaille pour la « biotech ,>
californienne Gilead Sciences, toujours dans ce domaine, ce qui me permet
d'avoir suivi une partie de l'histoire du VIH. Mais avant d'être un
représentant d'une compagnie pharmaceutique, je suis avant tout un
citoyen du Monde. Dans mon cercle d'amis le VIH aussi s'est invité. De
ce fait, je ne suis pas indifférent aux critiques qui sont
formulées à l'encontre des laboratoires, surtout en
matière de politique d'accès aux antirétroviraux pour les
pays à faibles revenus. Encore moins, lorsqu'il s'agit du groupe pour
lequel je travaille. Pour autant, mon but n'est pas d'être l'avocat
aveugle et inféodé de l'industrie, mais de tenter d'être
objectif. J'ai souhaité aborder les différents aspects, des
laboratoires qui travaillent dans le VIH et qui annoncent des « access
program ,>, aux critiques des activistes en passant par des exemples de
certains gouvernements qui illustrent malheureusement que les
responsabilités sont partagées. L'Afrique du Sud, l'Inde, mais
aussi des pays comme la Chine ou la Russie démontrent que l'accès
aux traitements ne dépend pas seulement des laboratoires, mais aussi
d'une véritable volonté des gouvernements. 840 millions de
personnes endurent la faim. 300 000 enfants meurent chaque jour de maladies qui
peuvent être évitées. Les raisons ne sont pas seulement
liées à l'absence de traitements. Rappelons que 1 milliard de
personnes n'ont pas accès à l'eau. C'est ce que le Professeur
Fauci disait déjà il y a quelques années en ces termes :
«si prendre une trithérapie consistait à boire un verre
d'eau n'oublions pas qu'actuellement dans le Monde nombreux sont ceux qui n'y
ont pas accès,>. A travers ce mémoire, l'occasion m'est
offerte de faire le point sur ce sujet particulièrement sensible et
néanmoins complexe. « L'activisme ,> dans ce mémoire
n'est vu qu'au travers du prisme : bataille pour les antirétroviraux et
plus particulièrement affrontement avec les laboratoires. Aussi
Dominique Blanc (TRT5) à raison de rappeler que l'activisme est bien
plus grand : bataille pour les droits, soutien, interactions avec les
structures nationales et internationales, information et prévention
auprès des publics vulnérables et des personnes touchées
par le VIH. Un regret : j'aurais aimé rencontrer plus d'acteurs tant au
sein des firmes que des associations de patients pour confronter les positions
des uns et des autres, mais mon éloignement géographique et mon
manque de temps libre ne m'ont pas permis de le faire. Je le regrette, et
à défaut, je propose bien modestement une synthèse sur ce
sujet qui n'en demeure pas moins passionnant et pleinement d'actualité
J'espère que ce travail contribuera à une meilleure connaissance
de ce qui reste un des enjeux majeur du millénaire.
« Quand les historiens étudieront notre
époque,
ils verront que notre civilisation a
dépensé
des millions de dollars pour éduquer les
gens
à propos du fléau du virus VIH et du
SIDA,
qui a déjà emporté 25 millions
de vies
et pourrait infecter encore 100*
millions
de personnes dans les 8 années à
venir.
Mais ils ne trouveront pas
civilisée
notre incapacité à traiter 95
%
des gens touchés par la mala
die.
Alors même que la
médecine
permet de transformer le SIDA
d'une sentence de mort en une maladie chronique
(...),
cette rétention de traitements
apparaîtra
aux historiens futurs aussi
moyenâgeuse
que la saignée ».
* 3 à 4 millions par an feraient 25 à
40 millions dans les 8 prochaines années
Bill Clinton. New York Times 2002
06/06 f
|